Transcription Transcription des fichiers de la notice - <em>Mythologie</em>, Paris, 1627 - V, 09 : Des Silenes Conti, Natale 1627 chargé d'édition/chercheur Équipe Mythologia Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1627 Fiche : Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Paris (France), BnF, NUMM-117380 - J-1943 (1-2)
Français

Des Silenes.

CHAPITRE IX.

IL faut bien qu’il y ait eu pluſieurs Silenes (comme auſſi Nicandre en ſes Theriaques l’atteſte) puis que Pauſanias en l’hiſtoire Attique dit que les plus auancez en aage d’entre les Satyres, s’appelloient Silenes ; mais on fait principalement mention de l’vn d’iceux, plus ancien que tous les autres : toutefois on ne ſçait de qui il fut fils ; ſinon qu’il naſquit à Malee, ville de la ſeigneurie des Lacedemoniens, ſelon Pauſanias & Pindare. Mais Catulle dit que ce fut en Nyſe, ville d’Indie. Ælian au 3. liure de la diuerſe hiſtoire le faict fils d’vne Nymphe inferieure de condition, quant aux Dieux : mais par-deſſus auſſi celle des mortels, & la mort meſme.Silene pere nourriſier de Bacchus.D’ailleurs on dit Silene auoir eſté pere nourriſſier de Bacchus. Ainſi le teſmoigne Orphee en l’hymne de Silene. Lucian au conſeil des Dieux eſcrit. Que c’eſtoit vn viellard de petite ſtature, gras & ventru au poßible, camus & chauue, auec des longues oreilles, droites & fort pointuës, tremblant de ſes membres, ſe ſouſtenant ſur vn baſton, le plus ſouuent monté ſur vn aſne, courbé contre-bas, veſtu d’vne longue houpelande iaune, à vſage de femme. Au demeurant l’vn des meilleurs Maiſtres de camp & Capitaines de Bacchus, & auquel il auoit le plus de fiance pour aſſeoir ſon oſt, & bien ordonner ſes gens en bataille. Virgile en ſ ſa 6. Eclogue dit qu’il eſtoit preſque touſjours yure, & le dechifre comme s’ensuit :

Et Mnaſyle et Chromis ieunes garçons au fond De ſa grotte ont trouué Silene d’vn profond Sommeil enſepuely, ayant groſſes & plenes, De l’Iacche d’hier, comme touſiours, les venes. Son verd chappeau de fleurs au loing de luy giſant Abbatu de ſa teſte, & ſon hanap peſant Pendu à l’anſe vſee.—

Il eſtoit touſiours accompagné de Satyres, teſmoing Ouide au 2. liure de l’art d’aymer, où il dit que le bon-homme enyuré, eſtant cheut de deſſus ſon Aſne, les Satyres le releuerent & luy ayderent à remonter. Luy-meſme au 4. des Metamorphoſes dit que luy & les Satyres eſtoient ordinairement à la ſuitte de Bacchus :

A ta ſuite tu as les Preſtreſſes Bacchantes Qui ſont à ton diuin Sacrifice vacantes ; Tu és accompagné des Satyres cornus, Et du vieillard griſon enyuré Silenus, Qui ne ſe peut tenir ſur ſon Aſne qu’à peine, Que ſon corps chancellant vn baſton ne ſouſtienne.

On dit que Midas trompa vn iour ce bon vieillard Silene ayant verſé du vin dans vne fontaine, pource qu’il aymoit fort le vin, & ainſi le prit d’aguet, comme eſcrit Pauſanias en l’hiſtoire d’Attique : & Ouide en fait mention en l’onzieſme des Metamorphoſes :

Bacchus alors auoit des Satyrs la cohorte, Les Bacchantes außi qui luy faiſoient eſcorte, Silene eſtoit abſent, car les Phrygiens manans L’auoient tout chancelant charge de vin & d’ans Encheueſtré de fleurs, & mainte belle treſſe, Et mené vers le Roy Midas à grande preſſe.

Mydas ſçachant qu’il appartenoit à Bacchus, comme eſtant ſon pere nourriſſier, luy fit fort bon & honorable accueil, le traittant l’eſpace de dix iours ; puis le rendit à Bacchus ; qui pour contr’eſchange de courtoiſie luy donna le choix de demander ce qu’il deſiroit de luy, auec promeſſe de l’impetrer ; Liure 9. chap. 15.lequel a l’inſtant fit cette mal-auiſee requeſte dont nous traitterons en ſon lieu. Ælian au lieu ſus allegué, dit que Silene & Midas eurent vne fort eſtroitte accointance enſemble, & que Silene luy communiqua tout plein de choſes excellentes & rares, comme, Que l’Europe, l’Asie & l’Aphrique n’eſtoient qu’iſles entourees de tous costez de la mer Oceane, & qu’au-delà de ce globe-cy, y auoit vne terre ferme, de grandeur demeſuree, voire comme infinie ; peuplee d’animaux diuers & grands à merueilles, & d’hommes de plus grande taille deux fois que la noſtre commune, excedans au double le cours de noſtre aage : Qu’ils auoient entre autres deux villes de grandeur eſtrange, n’ayans rien de ſemblable entr’elles. Les habitans de l’vne, nommee Euſebe, ou Debonnaire, eſtoient d’vne humeur douce & benigne, gens de paix, riches au poſſible, puiſſans en biens, que la terre leur produiſoit ſans labourage, ſans ſemence ; exempts de maladies : de ioyeuſe vie obſeruateurs de l’equité, ennemis de noiſes & querelles ; ſi que les Dieux meſmes ne deſdaignoient point de conuerſer parmy eux. Les citadins de l’autre, appellee Machime, c’est à dire, Guerriere, eſtoient belliqueux de faict, touſiours le harnois endoſſé pour faire quelque nouuelle conqueſte ſur leurs voiſins : rarement atteints de maladie, dont ils meurent peu ſouuent, ains ordinairement à la guerre, aſſommez à coups de pierres ou de leuiers : abondans en or & argent, dont ils font moins d’eſtime que nous du fer, & plusieurs autres poincts qu’Ælian recite, leſquels ſont plus fabuleux que verittables. Silenes mortels.Pauſanias dit que les Hebreux & ceux de Pergame auoient des tumbeaux de Silenes : dont on conclud qu’ils estoient mortels. Mais Strabon au 10. liure eſcrit que les Satyres, Silenes, Bacches & Tityres eſtoient Demons, ſeruiteurs & miniſtres des autres Dieux. Aucuns diſent que ce Bacchus laiſſa en Italie les Silenes accablez de vieilleſſe, allant à la guerre contre ceux de Tarſe : & leur donna charge d’y planter des vignes, afin que l’Italie fuſt fertile en vin. Et pourtant leurs deſcendans firent des ſtatuës & des images de Silenes, portans du vin dãs des ouyres, pour eterniſer la memoire deſdits Silenes. Deſroute d’Indiens par l’Aſne de Silene.Or en la premiere bataille que Bacchus liura aux Indiens, l’Aſne de Silene, ſa monture ordinaire, à gueule bee large & ouuerte, ſe prit à braire ie ne ſcay quoy de genereux, horrible & Martial : & les Menades ſecondans cet augure, à grands hurlemens, d’vne impetuoſité merueilleuſe les allerent viuement inueſtir & chocquer, ceintes & retrouſſees, auec de longues couleuures eſpouuenttables, en deſcouurant le fer caché au bout de leurs jauelots, bardez d’hierre & fueillages de vigne. Tellemẽt que les Indiens & leurs Elephans peſle-meſle tournerent tout ſoudain le dos, & ſans garder ordre quelconque, ſe mirent à vauderoute, tant que les iambes les peurent porrer : mais finalement ils furent tous pris & emmenez captifs en triomphe. Aſne de Silene eſtoilé.Et d’autant que cet Aſne auoit eſté comme le premier autheur & la cauſe de cette deſroute, ioint qu’il auoit auſſi faict vn ſemblable office à Iupiter en la guerre des Geans, il fut par le benefice de Iupiter & de Bacchus rengé au nombre des eſtoilles celeſtes, duquel fait mention Arat au liure des ſignes, des eaux, & des vents ; enſeignant qu’il y a vne petite nuee pré le ſigne de Cancre, ſiſe entre ſes eſpaules, inueſtie d’Eſtoilles de coſté & d’autre, nommees Aſnes (l’vn deſquels eſt celuy de Silene) & que pour cette cauſe on l’appelle à bons tiltres Creche. Quand doncques cette nuee paroiſt pure & claire, c’eſt ſigne de beau temps, ce qu’auſſi dit Theophraſte au liure des ſignes du beau temps auenir. Voicy ce qu’en dit Arat, Poëte Grec :

Remarque puis la Creche : on y void vne nuë, Vers le Septentrion, de petite eſtenduë, Ou le Cancre treluit, d’elle non eſcartez Tourne-boulent deux feux ayants tenves clartez. Leurs corps ne ſont pas ioints, ains ſeulement l’eſpace D’vne aulne les deſioint & diſtingue leur place. L’vn tend deuers Nordœſt, & l’autre vers l’Auton. Ces deux corps eſtoillez ont le tilire d’Aſnon. Et la Creche au milieu l’vn & l’autre ſepare Qui des yeux des humains diſparoit & s’egare, Quand le Ciel s’eſclaircit alors que le Soleil Nous rid d’vn frond ſerein & viſage vermeil. Mais ſi toſt que Iupin nebuleux nous menace D’abreuuer d’eau nos champs, ils conioignent leur face Auoiſinans leurs corps, & d’vn baiſer commun De deux differents feux ne ſemblent eſtre qu’vn.

Quand doncques cette nuee, que Theophraſte appelle la Creche de l’Aſne, s’euanoüit, comme il auient, quand l’humeur s’eſpeſſit & s’amaſſe, veu qu’elle eſt tenve & debile, il ſemble que ces deux Eſtoilles s’approchent l’vne de l’autre, & c’est vn preſage de la tempeſte à venir. Or il ſemble qu’elles s’aſſemblent en vn, d’autãt que le corps diaphane & tranſparent des vapeurs deſia preſque conuerties en eau, deſrompt les rais des yeux, & les empeſche de pouuoir au vray diſcerner leur diſtance. Voila ce que les Anciens nous enſeignent de Silene & de ſon Aſne.

Mythologie de Silene.Or le font-ils compagnon de Bacchus, & le deſpeignent en forme d’vn bon homme ; ventru & chancelant en yurognerie, pource que le vin & l’yurognerie rendent les hommes gras & ventrus, appeſantit la teſte, & les fait chanceler voire les fait vieillir pluſtoſt. Quelques-vns ont voulu dire que Silene a eſté vn bon vieillard, & pere nourriſſier de Bacchus, d’autant que le vin de pluſieurs fueilles cauſe & augmente d’autant plus les ſuſdites incommoditez. C’eſt pourquoy l’on dit qu’il eſtoit monté ſur vn Aſne, pource que ceux qui boiuẽt plus que de raiſon, ſont ordinairement peſans, tardifs & hommes de neant, inutiles aux affaires, gens de courte memoire, ſubiets à oubliance, repreſentee par l’Aſne, le plus lourd, hebeté & ignaue animal qui ſoit ; car toutes les voluptez déreglees apportent peu de proffit à la vie humaine ; veu qu’elles ne rendent pas ſeulement l’eſprit, mais auſſi le corps inhabile à toutes bonnes choſes, ſi l’on s’amuſe à le mieux traiter que nature ne requiert, & pour en repreſenter perpetuellement la memoire deuant les yeux des hommes, & les exhorter à s’en deſtourner, les Anciens ont dit que ſon Aſne auoit eſté mis au rang des Eſtoilles. Cecy peut ſuffire quant à Silene : Voyons les Faunes.

A ta saite tu as les Prestresses Bacchantes Qui sont à ton divin Sacrifice vacantes; Tu es accompagné des Satyres cornus, Et du vieillard grison enyuré Silenus, Qui ne se peut tenir sur son Âne qu'à peine, Que son corps chancelant un baston ne soutienne.

On dit que Midans trompa un jour ce bon vieillard Silène ayant versé  du vin dans une fontaine, parce qu'il aimait fort le vin, & ainsi le  prit d'aguet, comme écrit Pausanias en l'histoire d'Attique: & Ouidé  en fait mention en l'ongiesme des Metamorphoses: 

Bacchus alors avait des Satyrs la cohorte, Les Bacchantes aussi qui lui faisaient escorte, Silène était absent, car les Phrygiens manants L'avaient tout chancelant charge de vin & d'ans Enchevêtré de fleurs, & mainte belle tresse, Et mené vers le Roi Midas à grande presse.

Mydas sachant qu'il appartenait à Bacchus, comme étant son père  nourricier, lui fit fort bon & honorable accueil, le traitant l'espace  de dix jours; puis le rendit à Bacchus ; qui pour contr'eschange de  courtoisie lui donna le choix de demander ce qu'il désirait de lui,  avec promesse de l'impetrer; lequel a l'instant fit cette mal-auisee requête dont nous traiterons en son lieu. AElian au lieu sus-allegué,  dit que Silène & Midas eurent une fort étroite accointance ensemble, & que Silène lui communiqua tout plein de choses excellentes  & rares, comme, Que l'Europe, l'Asie & l’Afrique n'étaient  qu'isses entourées de tous côtés de la mer Oceane, & qu'au delà  de ce globe-ci, y avait une terre ferme, de grandeur démesurée,  voire comme infinie ; peuplée d'animaux divers & grands à merveilles, & d'hommes de plus grande taille deux fois que la notre  commune, excedans au double le cours de notre âge : Qu'ils  avaient entre autres deux villes de grandeur estrange, n'ayant rien  de semblable entre elles. Les habitants de l'une, nommée Eusebe, ou  Debonnaire, étaient d'une humeur douce & benigne, gens de  paix, riches au possible, puissants en biens, que la terre leur produisait sans labourage, sans semence; exempts de maladies : de joyeuse  vie observateurs de l'equité, ennemis de noises & querelles; si  que les Dieux mêmes ne dédaignaient point de converser parmi  eux. Les citadins de l'autre, appellee Machime, c'est à dire, Guerriere, étaient belliqueux de fait, toujours le harnais endossé pour  faire quelque nouvelle conquête sur leurs voisins: rarement atteints de maladie, dont ils meurent peu souvent, ains ordinairement  à la guerre, assommés à coups de pierres ou de leuiers: abondans en or  & argent, dont ils font moins d'estime que nous du fer, & plusieurs

autres points qu'AElian recite, lesquels sont plus fabuleux que véritables. Pausanias dit que les Hébreux & ceux de Pergame avaient des tombeaux de Silenés : dont on conclut qu'ils étaient mortels.  Mais Strabon au io. liure écrit que les Satyres, Silènes, Bacches &  Tityres étaient Demons, serviteurs & ministres des autres Dieux.  Aucuns disent que ce Bacchus laissa en Italie les Silènes accablés de vieillesse, allant à la guerre contre ceux de Tarse: & leur donna charge d'y planter des vignes, afin que l'Italie fut fertile en vin. Et pourtant leurs descendans firent des statues & des images de Silènes, portants du vin dans des ouyres, pour éterniser la mémoire desdits Silènes.  Or en la premiere bataille que Bacchus livra aux Indiens, l'Âne de  Silène, sa monture ordinaire, à gueule bee large & ouverte, se prit à  braire je ne sais quoi de généreux, horrible & Martial: & les Menades secondans cet augure, à grands hurlements, d'une impétuosité merveilleuse les allèrent vivement investir & choquer, ceintes &  retroussées, avec de longues couleurs épouvantables, en découvrant le fer caché au bout de leurs javelots, bardés de lierre & feuillages de vigne. Tellement que les Indiens & leurs Éléphants pesle-mesle  tournèrent tout soudain le dos, & sans garder ordre quelconque, se  mirent à vauderoute, tant que les jambes les purent porrer: mais finalement ils furent tous pris & emmenez captifs en triomphe. Et  d'autant que cet Âne avait esté comme le premier auteur & la cause de cette déroute, ioint qu'il avait aussi fait un semblable office à  Jupiter en la guerre des Géants, il fut par le benefice de Jupiter & de  Bacchus rangé au nombre des étoiles celestes, duquel fait mention  Arat au liure des signes, des eaux, & des vents ; enseignant qu'il y a  une petite nuée pre, le signe de Cancre, sise entre ses épaules, investie d'Étoiles de costé & d'autre, nommées Asnes (l'un desquels est  celui de Silène) & que pour cette cause on l'appelle a bons titres  Creche. Quand donc cette nuée paraît pure & claire, c'est  signe de beau temps, ce qu'aussi dit Theophraste au liure des signes  du beau temps à venir. Voici ce qu'en dit Arat, Poëte Grec: 

Remarque puis la Creche : on y voit une nuë , Vers le Septentrion, de petite étendue, Ou le Cancre treluit, d'elle non escartez Tourne-boulent deux feux ayants tenves clarté. Leurs corps ne sont pas joints, ains seule ment l'espace D'une aulne les desioint & distingue leur place. L'un tend vers Nordoest, & l'autre vers l'Auton. Ces deux corps estoillez ont le tilire d'Asnon. Et la Creche au milieu l'un & l'autre separe Qui des yeux des humains disparaît &t s’égare 24, Quand le Ciel s’éclaircit alors que le Soleil

Nous rid d'un frond serein & visage vermeil. Mais si tôt que lupin nébuleux nous menace D’abreuver d'eau nos champs, ils conioignent leur face Avoisinants leurs corps, & d'un baiser commun De deux différents feux ne semblent être qu'un.

Quand donc cette nuée, que Theophraste appelle Ia Creche de  l'Âne, s’évanouit, comme il auient, quand l'humeur s’épaissit & s’amasse, veu qu'elle est tenve & debile, il semble que ces deux Étoiles  s'approchent l'une de l'autre, & c'est un présage de la tempête à venir.  Or il semble qu'elles s'assemblent en un, d’autant que le corps diaphane  & transparent des vapeurs desia presque converties en eau, desrompt  les rais des yeux, & les empêche de pouvoir au vrai discerner leur  distance. Voila ce que les Anciens nous enseignent de Silène & de  son Âne. 

Or le font-ils compagnon de Bacchus, & le dépeignent en forme d'un bon homme; ventru & chancelant en ivrognerie, parce que le  vin & l'ivrognerie rendent les hommes gras & ventrus, appesantit la  teste, & les fait chanceler voire les fait vieillir plus tôt. Quelques-uns  ont voulu dire que Silène a été un bon vieillard, & père nourricier de  Bacchus, d'autant que le vin de plusieurs feuilles cause & augmente  d'autant plus les susdites incommodités. C'est pourquoi l'on dit qu'il  était monté sur un Âne, parce que ceux qui buvaient plus que de raison, sont ordinairement pesans, tardifs & hommes de néant, inutiles  aux affaires, gens de courte mémoire, sujets à l’oubli, représenté  par l'Âne, le plus lourd, hébété & ignaue animal qui soit ; car toutes  les voluptés déréglées apportent peu de profit à la vie humaine ; veu  qu'elles ne rendent pas seulement l'esprit, mais aussi le corps inhabile  à toutes bonnes choses, si l'on s'amuse à le mieux traiter que nature  ne requiert, & pour en représenter perpétuellement la mémoire devant les yeux des hommes, & les exhorter à s'en détourner, les  Anciens ont dit que son Âne avait été mis au rang des Étoiles.  Ceci peut suffire quant à Silène : Voyons les Faunes.