[lettre de A. Malraux à Gaston Gallimard]
Paulhan
Je pense que Paulhan a confondu : je n’ai pas le désir d’écrire une vie d’Edgar Poe, car je crois que je l’écrirais mal. Parmi les existences curieuses, il en est une que j’écrirais peut-être assez bien, et c’est la mienne ; mais, étant donné le titre de votre collection, ce serait peut-être prématuré ?
Permettez-moi néanmoins de vous remercier d’avoir pensé à moi, et de me l’avoir dit si Anabase et du Discours sur le peu etc...etc...etc... : c’est le Voyage aux Iles Fortunées qu’a publié Commerce. Je ne demanderais pas cent exemplaires de service de presse ; néanmoins, je ne crois pas que cette publication puisse couvrir d’or les Editions de la N.R.F ; je la ferais avec plaisir ; si vous la faisiez, ce serait par curiosité ou par amusement. La question est donc de savoir si ce conte vous amuse
Je vous prie de recevoir, cher Monsieur, l’assurance de mes sentiments les meilleurs
Vous recevrez cette semaine notre édition de luxe de Loti.