Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1927 Arland, Marcel (1899-1986) 1927 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1927 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
IMEC, fonds PLH, boîte 92, dossier 095001 – 1927
Français
ÉCOLE DU MONTCEL

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE DES GARÇONS

JOUY-EN-JOSAS

[1927]

mon cher ami, je suis content d’avoir votre lettre. Je commençai à penser que Port-Cros vous absorbait beaucoup. Mais qu’est-ce que cette note de J.S. dont vous me parlez ? S'agit-il de Schlumberger et d’une note sur les Ames en p. [Âmes en peine] ? Je croyais que Fernandez la devait faire. D'ailleurs je suis content. Mais qu’est-ce encore que la « question Duhamel » ? Il y a sans doute une question Duhamel. J'en suis énervé. 3 personnes ont écrit que j’avais imité Deux hommes de Duhamel dans Un homme de peu, un M. Loewel, un M. Buenzard et un M. Crémieux. Avez-vous lu la note de Crémieux sur les Ames en P [Âmes en peine]; cet individu est immonde et je le lui dirai – (Et vous-même, je me rappelle fort bien qu’un jour vous m’avez taquiné avec Duhamel : pourquoi ne pas m’avoir adressé nettement le reproche ?) Ecoutez, Paulhan, si Schlumberger a la gentillesse de répond à ce reproche, c’est gentil, mais insuffisant. Un homme de peu a été écrit sous 3 formes. D'abord une nouvelle de 30 pages, en 1923 (donc avant Deux hommes de Duhamel.) Malraux l’a lue à cette époque. Puis ramenée à une nouvelle de 3 ou 4 pages et publiée dans l’Intransigeant vers 1924 (donc en même temps que le livre de Duhamel) et enfin étendue à sa forme actuelle, mais sans changement de personnages ni de situation. – Je ne puis donc admettre qu’on dise que j’aie imité Deux Hommes de Duhamel. Et si Schlumberger pouvait

dire qu’ Un homme de peu ne doit rien à Deux hommes, j’en serais heureux. Qu'on me dise que j’aie été inspiré par Duhamel, d’une façon générale (par exemple par les Hommes abandonnés), je ne le crois pas, mais c’est cela m’est égal. Mais je ne puis admettre qu’on me reproche d’avoir volé à Duhamel une situation et des personnages.

Un homme de peu, je l’ai vécu. La 2ème année que j’ai passée à Paris, je travaillais à la Cie d’Orléans, place Walhubert. J'habitais rue des Ecoles, au coin de la rue de la montagne Ste Geneviève. Je déjeunais et dînais au restaurant de l’Etoile bleue, qui existe toujours et que j’ai décrit dans mon histoire. Mes 2 héros étaient mes voisins de tttables. Est-ce ma faute si Duhamel habite le même quartier. J'y ai passé 3 ans. J'ai bien le droit d’en parler.

Si c’est vraiment Jean Schlumberger qui fait la note sur mon livre, j’en suis très, très content. Vous savez que c’est un des hommes au jugement et à la sympathie de qui je tiens le plus.

Pardonnez-moi de vous parler si longuement de choses, en somme, assez peu importantes. Jacques Rivière me plaisantait jadis sur mon irascibilité ; mais tandis qu’il en plaisantait, lui-même tremblait encore d’énervement à la suite de l’ « affaire » Béraud.

J'ai beaucoup travaillé ces temps-ci. J'élève une salamandre et, trois jeunes corneilles et un hérisson.

J'avais de petites choses à vous donner pour la revue (« Revues », note sur le Jardin de Pivoines). Mais sans doute est-il trop tard.

Votre ami M.A

Vous devriez me téléphoner quand vous serez revenu.