Transcription Transcription des fichiers de la notice - A De Moro-Giafferri Leca, Petru Santu 1924-07 chargé d'édition/chercheur Christophe Luzi, laboratoire "Lieux, Identités, eSpaces, Activités" (UMR 6240 LISA) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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<a href="https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34400925f" target="_blank" rel="noopener">https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34400925f</a> 1924-07 Textes et images : domaine public
L'Aloès, n° 17, p. 25-26
Dans le droit fil du courant littéraire corse des années 1920 connu sous le nom de cyrnéisme, naissent parmi la ferveur des millieux intellectuels corses de cette époque, les créations manifestes et abondantes de Petru Santu Leca. Ecrites en langue corse, les principales nous sont parvenues fort heureusement. On les retrouve dans la revue littéraire <em>L'Annu Corsu</em>, pour laquelle il assume le rôle de secrétaire général en 1925 et de directeur en 1931, et aussi dans la revue méditerranéenne <em>L'Aloès</em> parue pour la première fois en mai 1914, où il endosse à la fois la double responsabilité de fondateur et de rédacteur en chef.<br /> <p>Petru Santu Leca est mobilisé durant la Première Guerre Mondiale afin de participer aux combats de la Somme et de Verdun, ainsi qu'à la campagne d'Italie. Reconnu bon pour le service le 3 septembre 1914, il est mobilisé alors qu'il enseigne au lycée de Nice. Par la même occasion, il doit aussi interrompre la publication de <em>L'Aloès</em><a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a><em>, </em>une revue littéraire dont il est le fondateur et le rédacteur en chef. Le premier numéro vient tout juste d'être imprimé quelques mois auparavant, en mai 1914. La revue reprendra en 1918, pour cesser définitivement en 1924, faute de fonds suffisants.</p> <p>À son retour de guerre, Petru Santu Leca évoque la mort au front d'anciens amis comme Maurice Antoni ou Georges Gilly, que « la mitraille n'a point épargnés »,. Au fil d'un <em>In memoriam </em>paru dans <em>L'Aloès,</em> il se remémore « <em>des âmes vibrantes, des cœurs ardents, des esprits généreux, toute une jeunesse magnifique morte pour la France pendant les 5 années qu'a duré la guerre »</em><a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[2]</a>. </p> <p>Le 20 février 1919, Petru Santu Leca est libéré d'une carrière militaire forcée certes, mais vaillamment menée. Mis en congé de démobilisation et rendu ainsi aux travaux de la Paix, il consacre désormais son temps et ses soins à faire renaître sa revue méditerranéenne, <em>L'Aloès</em>, avec l'aide de Jean Wallis-Padovani et aussi de Louis Cappatti qui agrémente les pages de reproductions de gravures sur bois. Ce même Jean Wallis-Padovani qui restera indéfectiblement lié de longues années à son ami d'Arbori : au mois d'avril 1927<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[3]</span></a>, il revient à l'occasion d'une conférence avec les Corses de Nice, sur la création <em>L'Annu Corsu</em> et la beauté atemporelle des poèmes en langue corse de Leca. Le 15 février 1934, quinze ans après la reprise de<em> L'Aloès</em>, une nouvelle conférence se tient toujours sur le même thème, au Théâtre des Arts de Nice.</p> <p>Béatrice Elliott déclare avec justesse que « c'est dans<em> L'Aloès</em> qu'on retrouve les meilleurs vers français de Pierre Leca, et, dans <em>L'Annu Corsu</em>, sa plus typique poésie du terroir »<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[4]</span></a></p> <p></p> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Imprimerie du Sud-Est, Frey et Trincheri, Nice, 1 rue Longchamp.<br /><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[2]</span></a> Béatrice Elliott, « Triptyque corse. Jean-Wallis Padovani, J.-A. Mattei Pierre Leca » in <em>Les Cahiers du cyrnéisme</em>, n°5, Marseille-Nice, Les éditions de l'Annu Corsu, 1935, p. 42.<br /><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[3]</span></a> <em>L'Annu Corsu</em>, 1927, p. 189.<br /><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[4]</span></a> Béatrice Elliott, <em>op. cit.</em>, p. 35.</p> Corse Dans le droit fil du courant littéraire corse des années 1920 connu sous le nom de cyrnéisme, naissent parmi la ferveur des millieux intellectuels corses de cette époque, les créations manifestes et abondantes de Petru Santu Leca. Ecrites en langue corse, les principales nous sont parvenues fort heureusement. On les retrouve dans la revue littéraire <em>L'Annu Corsu</em>, pour laquelle il assume le rôle de secrétaire général en 1925 et de directeur en 1931, et aussi dans la revue méditerranéenne <em>L'Aloès</em> parue pour la première fois en mai 1914, où il endosse à la fois la double responsabilité de fondateur et de rédacteur en chef.<br /> <p>Petru Santu Leca est mobilisé durant la Première Guerre Mondiale afin de participer aux combats de la Somme et de Verdun, ainsi qu'à la campagne d'Italie. Reconnu bon pour le service le 3 septembre 1914, il est mobilisé alors qu'il enseigne au lycée de Nice. Par la même occasion, il doit aussi interrompre la publication de <em>L'Aloès</em><a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a><em>, </em>une revue littéraire dont il est le fondateur et le rédacteur en chef. Le premier numéro vient tout juste d'être imprimé quelques mois auparavant, en mai 1914. La revue reprendra en 1918, pour cesser définitivement en 1924, faute de fonds suffisants.</p> <p>À son retour de guerre, Petru Santu Leca évoque la mort au front d'anciens amis comme Maurice Antoni ou Georges Gilly, que « la mitraille n'a point épargnés »,. Au fil d'un <em>In memoriam </em>paru dans <em>L'Aloès,</em> il se remémore « <em>des âmes vibrantes, des cœurs ardents, des esprits généreux, toute une jeunesse magnifique morte pour la France pendant les 5 années qu'a duré la guerre »</em><a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[2]</a>. </p> <p>Le 20 février 1919, Petru Santu Leca est libéré d'une carrière militaire forcée certes, mais vaillamment menée. Mis en congé de démobilisation et rendu ainsi aux travaux de la Paix, il consacre désormais son temps et ses soins à faire renaître sa revue méditerranéenne, <em>L'Aloès</em>, avec l'aide de Jean Wallis-Padovani et aussi de Louis Cappatti qui agrémente les pages de reproductions de gravures sur bois. Ce même Jean Wallis-Padovani qui restera indéfectiblement lié de longues années à son ami d'Arbori : au mois d'avril 1927<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[3]</span></a>, il revient à l'occasion d'une conférence avec les Corses de Nice, sur la création <em>L'Annu Corsu</em> et la beauté atemporelle des poèmes en langue corse de Leca. Le 15 février 1934, quinze ans après la reprise de<em> L'Aloès</em>, une nouvelle conférence se tient toujours sur le même thème, au Théâtre des Arts de Nice.</p> <p>Béatrice Elliott déclare avec justesse que « c'est dans<em> L'Aloès</em> qu'on retrouve les meilleurs vers français de Pierre Leca, et, dans <em>L'Annu Corsu</em>, sa plus typique poésie du terroir »<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[4]</span></a></p> <p></p> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Imprimerie du Sud-Est, Frey et Trincheri, Nice, 1 rue Longchamp.<br /><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[2]</span></a> Béatrice Elliott, « Triptyque corse. Jean-Wallis Padovani, J.-A. Mattei Pierre Leca » in <em>Les Cahiers du cyrnéisme</em>, n°5, Marseille-Nice, Les éditions de l'Annu Corsu, 1935, p. 42.<br /><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[3]</span></a> <em>L'Annu Corsu</em>, 1927, p. 189.<br /><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[4]</span></a> Béatrice Elliott, <em>op. cit.</em>, p. 35.</p>

A De Moro-Giafferri

Diputatu di Cirnu

Ministru di Francia.

Tu parli e la to' voce mi ramenta Quella d’i nostri fiumi scatinati D’imbernu quandi l’acqua si trapenta Da l’altu di li monti tafunati. Muga, per castigà, cume una funa, E calà face u fronte à lu furdanu. Quand’arditu e putente à la tribuna Stringhji e tordi li ladri a due manu. Si carca di pietà, di cumpassione, E grave pare un sonu di campana Quand’ella chere, a modu d’orazione. Per chi falli misericordia sana.

Trema d’amore e di stizza dicendu Di Corsica la fiera e dura sorte, L’angoscia d’una razza chi sta fendu Sforzu majô per iscanzà la morte ; La so’ gloria prisente e la passata, Cio chi custô la guerra in vite umane, La fedeltà di Cirnu a Francia amata, E le spiranze certe di dumane ; L’anima schietta e forte d’un paese, Sempre ribellu à lu destinu atroce, Terra di focu e diu passione accese, E chi santa è per no' quante la Croce. E tutti la tinemu cusi cara, Chi ci basta a parlà d’ella a cert’ore, Allora chi la vita pare amara, Per subitu pruvà dulcezza in core. Diventa la to' voce aspra e murdace, O pugne cume vespa sittimbrina, Quand’a l’insultu bassu e senza audace Risponde la malizia la piu fina. Ma per l’amici è dolce cume un cantu A notte in li castagni d’Ortiporiu, E tandu a stall’a sente è un veru incantu Chi scunghiurisce in noi pena e taloriu.

L’Aloès , n° 17, juillet 1924, p. 25-26.