Transcription Transcription des fichiers de la notice - Edmond Bouty. Cours d'électricité et magnétisme. 1. - [Paris]. Bouty, Edmond (1846-1922) 1896/1897 chargé d'édition/chercheur Couturat, Louis (1868-1914) - Copiste PARIS
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Notes de cours prises par Louis Couturat. Français Notes de cours prises par Louis Couturat.

<p rend="center">Faculté des Sciences<lb class="yes lb" break="yes"/> 1896-1897</p> <p rend="center">Cours de <persname> <ref target="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb13474516f"> M. Bouty</ref></persname></p> <p rend="center">Electricité et Magnétisme<lb/> (moins l'Electro-Chimie)</p> Louis Couturat 3, rue Soufflot

Ms 122 cote du manuscrit ajoutée par le bibliothécaire

Première leçon

Notions préliminaires.

L'énergie est la faculté de produire un travail mécanique.

L'énergie revêt des formes très variées. Par exemple, soit un mobile de masse m, animé d'une vitesse v : sa force vive est mv2 . Il peut produire un travail, par ex. soulever un poids p à une hauteur h ; ce travail sera mesuré par ph. On constate d'autre part que ce travail est égal à sa demi-force vive :

T=12mv2

Cette espèce d'énergie, due à la vitesse acquise, s'appelle énergie cinétique.

Un autre mode d'énergie est l'énergie potentielle. Un ressort bandé peut produire du travail en se détendant, par ex. soulever un poids. Tous les corps élastiques possèdent une telle énergie : tel est un gaz comprimé par un piston dans un cylindre : il soulèvera en se détendant les poids dont on charge le piston.

La chaleur peut communiquer à un corps de l'énergie potentielle. Si l'on fixe le piston dans une position

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d'équilibre, et qu'on chauffe le gaz, sa pression augmente (devient supérieure à la pression atmosphérique) ; si l'on dégage le piston, le gaz le soulèvera avec les poids qui le chargent.

On sait qu'il existe une relation entre la chaleur communiquée au corps et le travail qu'il produit. Il faut en préciser les conditions. Soit un phénomène dans lequel un système de corps se trouve isolé : ces corps peuvent recevoir ou donner de la chaleur, produire ou consommer du travail. Quand le système sera revenu à son état initial, il y aura un rapport constant entre le travail produit et la chaleur absorbée.

Exemple : expérience de Joule. Soit Τ le travail produit par les poids en tombant ; soit Q la quantité de chaleur acquise par le calorimètre : le rapport ΤQ est constant : Τ=EQ E est l'équivalent mécanique de la calorie (ou de la chaleur). Dans l’ancien système (kilogrammètre, grande calorie) E=425 . Dans le système CGS, (erg, petite calorie) : E=4,17×107

Le frottement est un moyen de transformer d'une manière continue le travail en chaleur. Expérience de Tyndall.

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Parmi les énergies potentielles se rangent les énergies chimiques, par ex celle de la poudre à canon. Elle est capable d'effectuer un travail en chassant le projectile, et son énergie se transforme en force vive.

Les formes précédentes de l'énergie paraissent localisées dans les corps (ressort bandé, poudre à canon) de telle sorte qu'ils la transportent partout avec eux.

Voici une autre espèce d’énergie potentielle, toute différente. Considérons un rayon de soleil (à la fois lumineux et chaud) qui parcourt 300 000 kilom. par seconde (sa vitesse CGS est de 3,1010 centim.).

La chaleur solaire peut-être emmagasinée par une chaudière à vapeur, par les végétaux, etc. et produire ainsi du travail. La lumière solaire peut effecteur un travail chimique (photographie) équivalent en fin de compte à un travail mécanique. Supposons le soleil anéanti en ce moment ; la terre recevra encore son énergie pendant 8 min. 30 sec. Où est l'énergie solaire pendant ce temps ? Dans le vide. Un cylindre de 3,1010 centim. de hauteur contient l'énergie que recevra sa surface de base pendant 1 seconde. C'est de l'énergie qui voyage.

Pour expliquer ce mystère, ou plutôt pour ramener

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ce phénomène à un fait connu, on a imaginé un fluide qui remplirait le vide : l'éther lumineux, et on lui a attribué précisément l'élasticité nécessaire pour expliquer la transmission de la lumière, comme l'élasticité de l'air explique la transmission du son. L'éther n'est donc rien de réel ; c'est une fiction destinée à assimiler un fait inconnu à un fait connu et à l'expliquer d'une manière analogue.

Principe de la conservation de l'énergie

On a vu que le travail est dans un rapport constant avec la force vive : F=mv2 ΤF=12 et dans un autre rapport constant avec la chaleur : ΤQ=425 .

On a généralisé ces relations entre diverses formes de l'énergie, et posé en principe (hypothétique) que, si une certaine quantité d'énergie disparaît sous une forme, elle doit reparaître sous une autre.

Ce principe n'a rien d'obscur : puisque toute énergie est une puissance de travail et se manifeste par un travail mécanique, elle doit se mesurer par le travail produit. C'est le travail qui assure l'équi- valence des différentes formes de l'énergie. Ainsi

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les transformations du travail en force vive, en chaleur, etc. ne sont que des cas particuliers de ce principe.

Ce principe est une vérité expérimentale, càd c'est-à-direune affirmation à laquelle certains faits ont donné naissance, qu'on a généralisée, et qui n'a été démentie jusqu'ici par aucun autre fait. Mais elle est à la merci d'une expérience contraire, fort peu probable d'ailleurs.

Revue et classification des phénomènes électriques et magnétiques.

1° Il y a d'abord les phénomènes magnétiques bien connus : l'aimant attire la limaille de fer. Il effectue donc un travail mécanique. Mais il ne peut en porter qu'une certaine quantité : quand il est saturé, il n'en attire plus. Il n'est donc capable que d'un travail fini, son énergie potentielle s’épuise comme celle d'un ressort d'étendu. Si l'on dépouille l'aimant de la limaille qui s'y attache, on lui rend son énergie en effectuant un travail contraire comme quand on tend le ressort.

D'autre part, les aimants exercent les uns sur les autres des attractions et des répulsions : aiguille aimantée. C'est une autre espèce de phénomènes magnétiques.

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2° Phéno Il y a d'autres phénomènes magnétiques, bien plus curieux. Si l'on fait tourner un disque de cuivre (corps non magnétique, que l'aimant n'attire pas) entre les pôles d'un aimant (électro-aimant) il s'arrête, et l'on ne peut le faire tourner qu'avec difficulté (expérience de Foucault). Il y a donc destruction de force vive (presque instantanée) et par suite travail. En compensation, on constate un échauffement du disque. Quand le système est revenu à l'état primitif, on doit trouver l'équivalence du travail et de la chaleur. M. Violle fait mouvoir l'appareil par des poids dont il mesure la hauteur de chute, et plonge brusquement le disque de cuivre dans un calorimètre. Il a ainsi trouvé pour l'équivalent mécanique de la chaleur le nombre 435 (trop fort, à cause des pertes de chaleur).

Cette expérience est analogue à celle de Tyndall : l'action de l'aimant est tout à fait semblable au frottement (qui n'est pas moins obscur au fond). Ce n'est pas le frottement de l'air : car le phénomène se produit aussi bien dans le vide. Il semble qu'il y ait un frottement du disque contre le vide, ou du moins les effets sont les mêmes (nous ne connaissons pas plus la nature du frottement dans un cas que dans l'autre).

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Sans doute, l'énergie d'un aimant semble localisée dans ce corps et l'accompagne dans ses déplacements. Mais on peut tout aussi bien se figurer l'attraction de l'aimant sur une molécule comme produite par un ressort qui serait tendu entre les deux.

On localise ainsi l'énergie magnétique dans le milieu ambiant, en le conservant comme déformé par l'aimant à une certaine distance ( Maxwell), et l'on s'explique aussi bien par là que l'aimant transporte partout son énergie. Comme l'énergie lumineuse et calorifique, l'énergie magnétique peut donc être localisée dans le vide, et s'expliquer comme elle par l'élasticité de l'éther.

2° Phénomènes électro-magnétiques

Faisons maintenant tourner entre les pôles d'un aimant, au lieu du disque de cuivre, une bobine enroulée d'une certaine manière et formant un circuit dans lequel est intercalée une lampe à incan- descence. C'est pour ainsi dire le disque de Foucault qu'on a étiré en fil, et dont une partie est éloignée de l'aiment (Machine magnéto-électrique de Gramme).

Dans ce cas la chaleur développée tout le long du fil produit de la lumière en faisant rougir le fil de la lampe.

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Cette chaleur n'est pas produite par conductibilité : la lampe peut être à des kilomètres de l'aimant ; d'ailleurs la chaleur se produit simultanément et également dans toutes les parties du fil ; la lumière apparaît et disparaît instantanément.

On dit que ce fil est parcouru par un courant électrique, et la quantité de chaleur produite est censée mesurer l'intensité de ce courant. Cette expression de courant est une métaphore tirée de l'hydraulique (dans une canalisation d'eau, on peut tirer de l'eau d'un point qque) ; elle vient de l'hypothèse d'un fluide électrique. Pour nous, ce phénomène d'échauffement du fil est un cas particulier de la conservation de l'énergie.

Le courant électrique se manifeste par d'autres propriétés. Le fil doit être un métal (comme le disque de Foucault) càd c'est-à-dire en un corps conducteur, non en un corps isolant au diélectrique, comme le soufre.

Sont conducteurs non seulement les métaux, mais aussi les dissolutions de sels métalliques, que nous appellerons conducteurs électrolytiques. Dans ces conducteurs, il se produit une décomposition : par ex l'eau acidulée du voltamètre se décompose en O

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et H (celui-ci en volume double de celui-là). En général, un conducteur électrolytique est composé d'un métal M (en particulier H), et d'un radical (acide) R ; quand un courant le traverse, il se décompose, le métal d'un côté et le radical de l'autre. Exemple : KCl se décompose en K et en Cl.

L'analogie des effets calorifiques et chimiques du courant semble indiquer que la chaleur est un travail moléculaire, puisque dans un conducteur électrolytique la molécule est décomposée.

Un courant électrique produit d'autres effets en dehors des conducteurs : expérience d' Œrstedt. Le fil de cuivre, sans action sur l'aiguille aimantée, la fait dévier quand le courant y passe. C'est encore un phénomène électro-magnétique.

Si l'on met deux machines magnéto-électriques en communication, et si l'on fait tourner l'une, l'autre se met à tourner : c'est le même effet que dans l'expérience d' Œrstedt, mais plus compliqué. Une lampe intercalée dans le circuit ne rougit pas : mais si l'on arrête la seconde machine, elle rougit aussitôt.

Pour expliquer ce curieux phénomène, il faut remarquer que la cause du courant est le travail

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mécanique dépensé à faire tourner la 1 e machine : on l'appelle (improprement) force électromotrice.

La 2e machine produit du un travail inverse (le courant étant mobile par rapport à l'aimant fixe). Ce travail est une force contre-électromotrice qui tend à affaiblir le courant : c'est pourquoi la lampe ne rougit que quand la 2e machine est au repos. En somme, la dépense de travail effectuée sur le 1 e machine pour produire le courant se retrouve, tantôt sous forme de travail mécanique produit par la 2e machine, tantôt sous forme de chaleur et de lumière dans la lampe.

Soient Q et Q' les quantités de chaleur reçues par la lampe dans les deux cas ; on a tour à tour : T=EQ

donc : Q'=TT'E<Q=TE c'est pourquoi la lampe ne rougit pas.

Phénomènes électriques

Soit un courant ; mettons 2 points alignés A, B du circuit en communication avec deux plateaux métalliques très rapprochés M, M' formant ce qu'on nomme un condensateur. Quand le courant passe, les deux plateaux s'attirent ; si au contraire ils étaient reliés au même point du circuit, ils se repousseraient.

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Ce sont des phénomènes d'un ordre nouveau (électrostatiques).

Exemple : électromètre de Mascart( p.175) : 4 quadrants creux, les deux opposés étant en communication, à l’intérieur desquels peut tourner une aiguille d'aluminium formée de deux secteurs opposés, suspendue à un fil (ou à deux). Si l'on met les deux couples de quadrants en communication avec 2 points d'un circuit, l’aiguille sera attirée par les uns et repoussée par les autres. Si l'on renverse le courant, l'aiguille est déviée en sens inverse.

Dans ces phénomènes se produisent des courants temporaires, presque instantanés, suivant les fils AM, BM' ; ils disparaissent dès que les plateaux sont chargés.

Des 3 ordres de phénomènes que nous venons d'énumérer, les phén. phénomènes électriques sont les plus anciennement connus, et les plus simples au point de vue de la représentation mathématique.

Nous commencerons donc par les étudier.

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2 e leçon Electricité statique

On connaît l'électroscope condensateur inventé par Volta. On peut charger cet instrument au moyen d'une machine magnéto-électrique : on met les deux pôles de la machine en communication avec les 2 plateaux de l'électroscope, puis on enlève le plateau supérieur : on voit les feuilles diverger.

Toutes les fois qu'on pourra ainsi charger l'électroscope, on dira qu'on a une source électrique.

Une autre source est une lame double formée de cuivre et de zinc soudés bout à bout ; on tient le zinc à la main, on touche le plateau inférieur avec le cuivre, et le plateau supérieur avec la main, pour le mettre en communication avec le sol, et par suite avec le zinc. On obtient le même effet, plus ou moins fort, avec d'autres métaux soudés. Ainsi deux métaux en contact constituent une source électrique.

Les corps isolants (diélectriques) ne deviennent source électrique que si l'on assure le contact par le frottement, qui chasse l'air interposé. Mais ces sources sont bien plus fortes que les précédentes : aussi pour les manifester n'a-t-on pas besoin d'un appareil délicat et sensible

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comme l'électroscope : on emploie simplement un double pendule formé par deux boules de moelle de sureau suspendues à des fils de cocon : leur divergence révèle leur électrisation : car les corps électrisés en commun se repoussent.

C'est ce qu'on voit en frottant avec une peau de chat un bâton d'ébonite, et en touchant avec le bâton ainsi électrisé un double pendule : les balles s'écartent, et le bâton les repousse.

Même expérience avec un bâton de verre frotté avec un morceau de drap, et un second double pendule. Mais ces deux mordes d'électrisation sont différents : car le verre électrisé attire le premier pendule, et l'ébonite électrisée attire le second.

On en conclut que les corps électrisés par l'ébonite attirent les corps électrisés par le verre, et inversement ; de plus, les expériences montrent qu'il n'y a pas d'autre mode d'électrisation : aucun corps n'attire ou ne repousse à la fois les deux pendules électrisés respectivement par le verre et par l'ébonite.

Autre expérience : si l'on frotte l'un contre l'autre deux plateaux, l'un de verre, l'autre de drap, et qu'on touche avec chacun d'eux un double pendule, chacun

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d'eux repousse le pendule qu'il a électrisé et attire l'autre. Ainsi deux corps frottés l'un contre l'autre s'électrisent en sens inverse, de sorte qu'on ne peut pas produire l'une des électricités sans produire l'autre. On les distingue par les épithètes de positive (celle du verre) et de négative (celle de l'ébonite). Ces expressions se justifient par ce fait que les deux électricités ont des efforts géométriques opposés contraires ou de signe contraire (attraction, répulsion).

Expérience d'Œpinus : Electrisation par influence (ou par induction, disent les Anglais) d'un cylindre par une sphère électrisée. Les doubles pendules suspendus le long du cylindre divergent ; mais les deux extrémités ont des électricités contraires, car un bâton électrisé attire les pendules de l'une et repousse ceux de l'autre. De plus, l'extrémité voisine de la sphère a une électricité contraire à celle de la sphère : car celle-ci attire le pendule de cette extrémité.

Expérience de Gray : Un fil conducteur très long, suspendu à des fils isolants, est électrisé à un bout ; immédiatement on voit diverger le double pendule suspendu à l'autre bout. Ainsi l'électricité se transmet à grande distance et presque instantanément le long des corps conducteurs.

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Tous ces faits étaient connus dès le siècle dernier. Pour les expliquer, ou plutôt pour les résumer et les coordonner, on a imaginé diverses hypothèses. 1° La première hypothèse qui ait prévalu est la théorie des deux fluides, inventée par Symmer. Tout d'abord, on a imaginé l’électricité comme un fluide qui coulait dans les conducteurs, et comme l'électrisation ne change pas le poids des corps, on concevait ce fluide comme impondérable(1) Note en marge inférieure à insérer après l'appel de note (1) Thalès de Milet expliquait l'attraction électrique par la présence d'une âme dans l'ambre frotté. Nous disons aujourd’hui que le corps possède une énergie. Thalès entendait par âme une puissance motrice, une faculté d'agir, ce que nous appelons une énergie. Nous ne sommes donc pas plus avancés que lui ; les deux expressions ne sont que des moyens, équivalents au fond, de voiler notre ignorance.

Pour expliquer les deux modes d'électrisation contraires, on imagina deux fluides distincts : le fluide vitreux ou positif ; le fluide résineux ou négatif. Et comme on répugnait à concevoir ces deux fluides comme créés ex nihilo par le frottement, on admit que les deux fluides sont mélangés dans les corps à l'état naturel et composent le fluide neutre. Il s'ensuit que les quan- tités des fluides contraires dégagées par le frottement

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doivent être égales : et en fait, les deux plateaux électrisés en sens contraire par leur mutuel frottement neutralisent leurs effets : juxtaposés, ils n'attirent ni ne repoussent aucun corps.

Enfin, comme on peut électriser indéfi- niment le même corps, en faisant chaque fois disparaître l'un des deux fluides (électroscope par ex. exemple), il a fallu admettre que tout corps a une provision indéfinie de fluide neutre, de sorte qu'il soit une source inépuisable de chacun des deux fluides provenant de la décomposition du fluide neutre.

Cette hypothèse a été très utile à l'Electrostatique, et fournit encore un moyen commode d'exprimer et de figurer les faits. Mais elle est invraisemblable : en effet, la séparation des deux fluides, qui une fois séparés pro- duisent des effets mécaniques intenses et parfois violents, n'exige pour ainsi dire aucun travail.

Hypothèse de Franklin ou théorie unitaire

Franklin a remarqué que deux fluides électriques étaient de trop, et qu'il suffisait d'admettre un seul fluide, qui exercerait une action tant sur la matière que sur lui-même. L’électricité positive serait due à un excès ou à une conden- sation du fluide, la négative à un déficit ou à une raréfaction.

L'état neutre correspondrait à la quantité normale de fluide

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que chaque corps contient. Cette hypothèse suffirait à expliquer, non seulement tous les phénomènes électro- statiques, mais encore la gravitation universelle. Elle tient compte en effet de 3 sortes d'actions : Action de la matière sur la matière ; action de la matière sur le fluide électrique (et inversement) ; action du fluide électrique sur lui-même.

Newton a trouvé la loi de l’attraction de la matière ; Coulomb a établi que les attractions et répulsion électriques obéissent à la même loi, à un coefficient numérique près. On peut donc considérer toutes les actions comme propor- tionnelles aux masses gravifiques et électriques des corps.

Considérons deux corps, de masses m et m'. Soient a et a' les quantités de fluide qu'ils sont censés contenir à l'état neutre.En désignant par K le coef- ficient relatif à l'attraction de la matière sur la matière, k le coefficient relatif à l'attraction de la matière et de l'électricité, par κ le coefficient relatif à l'attraction du fluide électrique sur lui-même (c'est une répulsion, par hypothèse), la somme des 3 actions exercées par les deux corps l'un sur l'autre sera :

Kmm'+k(ma'+m'a)κaa'

et cette somme doit être égale à l'attraction newtonienne,

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donc positive (les deux corps étant à l'état naturel).

Supposons maintenant les deux corps électrisés positivement, càd c'est-à-dire ayant un excès de fluide qui est respectivement α et α'. Leur action totale l'un sur l'autre sera :

Kmm'+k[m(a'+α')+m'(a+α)]κ(a+α)(a'+α') et comme il y a répulsion, cette somme doit être plus petite que celle qui exprime la gravitation ; car l'effet sensible apparent est dû à la différence des deux sommes :

k(mα'+m'α)κ(aα'+a'α+αα')<0

Changeons maintenant le signe de α', càd c'est-à-dire supposons le second corps électrisé négativement ; l'action apparente des deux corps (attraction) sera la différence (positive) : k(m'αmα')κ(a'αaα'αα')>0

Comme ces deux actions sont dues à des quantités égales d'électricité contraire, elles se détruisent mutuelle ; donc leur somme doit être nulle :

2km'α2κa'α=0 km'κa'=0

d'où l'on tire : a'=km'κ

On aurait obtenu de même, en changement le signe α :

a=kmκ

Cette relation détermine la quantité de fluide électrique que doit contenir un corps à l'état neutre. Elle

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permet en outre de simplifier l'expression de la gravitation : Kmm'+kmkm'κ+m'kmκκk2mm'κ2=mm'K+k2κ

Or l'on connaît le coefficient de mm' dans le cas de la gravitation (par les expériences de Cavendish, par exemple).

On devra égaler K+k2κ à ce coefficient. On a ainsi une relation entre les 3 coefficients arbitraires.

On peut d'autre part déterminer le coefficient κ par expérience, en mesurant directement l'action de deux corps électrisés, qui est égale à καα'

On peut donc supposer entre K et k telle relation qu'on veut. En particulier on peut supposer, soit K=0 ( càd c'est-à-dire que l'action de la matière sur la matière est nulle), soit k=0 ( càd c'est-à-dire que l'action de la matière sur l'électri- cité, et vice versa, est nulle). Aux Dans tous les cas, on rendra compte de la gravitation. Ainsi l'hypothèse de Franklin laisse encore un coefficient arbitraire, càd c'est-à-dire qu'elle enveloppe une infinité d'hypothèses différentes.

Elle explique très bien le phénomène de la double électrisation en sens contraire : le frottement aurait pour effet de faire passer e la quantité d'électricité α d'un corps dans l'autre, de sorte que les quantités d'électricité contraire développées doivent toujours être égales.

Elle rend compte aussi de l’électrisation par influence :

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supposons la sphère électrisée positivement ; en vertu de la répulsion du fluide sur lui-même, le fluide du cylindre reflue à l'extrémité opposée, qui sera donc électrisée positivement, tandis que l'autre sera électrisée négativement.

Enfin l'hypothèse de Franklin justifie, aussi bien que celle de Symmer, le principe de la conservation de l'électricité (formulé avec précision par M. Lippmann).

Si l'hypothèse des deux fluides est commode pour expliquer les faits électrostatiques, la théorie unitaire est plus simple quand il s'agit des courants : car l'autre oblige à concevoir deux courants de sens opposé.

Les théories élastiques ont été remises en honneur récemment par Maxwell. Du temps de Descartes, on ne pouvait concevoir que l'action au contact : d'où l'hypothèse des tourbillons. Newton expliqua tous les phénomènes astronomiques par l a gravitation'action à distance ; l'hypothèse d'une action à distance parut subversive et fit scandale, mais elle rendait compte si simplement et si facilement des lois astronomiques qu'elle prévalut. Coulomb l'ayant vérifié pour les actions électriques lui apporta une nouvelle confirmation, de sorte qu'elle régna jusque vers le milieu de ce siècle. Mais, vers 1840,

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Faraday, ignorant les mathématiques, émit des théories originales et réussit à expliquer une foule de phénomènes par l'action au contact. Son plus brillant élève, Maxwell, a fait triompher de nos jours cette manière de voir, en montrant que les actions à distance peuvent se ramener à des actions au contact ignorés ou inaperçus.

Soit par exemple un corps de pompe ; on ne sait pas ce qu'il contient ; mais quand on enfonce le piston et qu'on l'abandonne ensuite, on constate qu'il remonte. On peut expliquer ce fait par une répulsion du piston pour le fond du corps de pompe : c'est l'hypothèse la plus simple, et elle sera vérifiée par l'expérience, car tout se passe en effet comme si elle était vraie. Et pourtant, si l'on sait que le corps de pompe contient un gaz, il sera naturel d'expliquer cette répulsion du piston par l'état contraint du gaz comprimé, càd c'est-à-dire par son élasticité, analogue à celle d'un ressort qu'on presserait entre le piston et le fond. Ainsi toute action à distance entre deux corps peut s'expliquer par une modification ou une déformation du milieu qui remplit l'intervalle et sert d'intermédiaire.

Pour résumer en deux mots l'hypothèse de Maxwell, le siège des phénomènes électriques ne serait pas la matière des corps électrisés, mais l'éther luminifère. Lorsqu' un des

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corps est électrisé, l'éther ambiant passe de l'état naturel à l'état contraint. Cet état peut correspondre à un déplacement : si l'on conçoit l'éther comme incom- pressible, on peut imaginer que En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma l'éther se déplace en bloc du corps électrisé négativement vers le corps électrisé positivement. On voit que cette hypothèse concorde au fond avec celle de Franklin, et la précise : le fluide inconnu qui quitte le premier corps pour envahir l'autre, c'est l'éther. Pour expliquer le détail des phénomènes électrostatiques, il suffit de préciser les propriétés élastiques de l'éther, et, puisqu'elles sont arbitraires, de les choisir de telle sorte qu'elles rendent compte des faits observés.

Pour pousser plus loin l'étude de ces phénomènes, il faut procéder à des expériences quantitatives, càd c'est-à-diremesurer les forces électriques qui entrent en jeu.

Nous allons traiter, plus généralement, de la mesure des forces constantes.

Il y a deux méthodes pour mesurer les forces : au moyen de leurs effets statiques (équilibre) ; au moyen de leurs effets dynamiques (mouvement).

Méthode statique. L'instrument le plus commode et le plus employé est la balance. On applique la force à mesurer

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à l'une des extrémités du fléau (verticalement) et on lui fait équilibre avec des poids dans l'autre plateau. Soit m la masse totale de ces poids, g l’accélération de la pesanteur au lieu de l'expérience ; on aura la force F par la formule : F=mg m étant évalué en grammes, g en centimètres, la valeur de F sera exprimé en dynes.

On construit aujourd'hui des balances sensibles au 20 e et même au 50 e de milligramme. Toutefois, pour que la mesure d'une force soit assez précise, il faut que cette force soit au moins d'un ou deux milligrammes.

Le défaut de la balance est la lenteur des opérations. Pour abréger les pesées, au lieu de s'efforcer d'obtenir l'équilibre du fléau dans la position horizontale, on la laisse prendre une position d’équilibre oblique, et l'on mesure l'angle d'écart α. On sait que c'est le poids π du fléau qui fait équilibre à l'excès de poids f de l'un des plateaux. Soit a la distance du centre de gravité du fléau au point de suspension, l la longueur du bras de fléau ; la condition d'équilibre est : πasinα=flcosα d'où l'on tire : f=πaltgα . On ajoutera l'excédent f ainsi obtenu à F.

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Une autre espèce d'appareil, imaginé par Gauss, est le système ou la suspension bifilaire. Deux fils fins, égaux et parallèles, de longueur l, soutiennent un barreau de masse m ; leur distance est 2a. Le barreau est en équilibre quand les deux fils sont parallèles : si on l'écarte de cette position, il y revient en oscillant, sous l'influence de la pesanteur, qui est la force antagoniste : en effet, quand on écarte le barreau, on relève son centre de gravité, parce que les fils deviennent obliques. Soit la hauteur dont le centre de gravité a monté : pesanteur effectue un travail négatif dont la valeur absolue est mgh.

D'autre part, soit α l'angle dont le barreau a tourné en projection horizontale, et β l'angle dont les fils s'écartent de leur position verticale. On suppose que la force F reste perpendiculaire à la position d'équilibre du barreau, AB ; son bras de levier est donc (A'R étant perp. perpendiculaire à MP') : P'R, ou : a sincos α A'R=asinα

Appliquons le principe des vitesses virtuelles, pour trouver la condition d'équilibre. Le travail virtuel de la pesanteur est : mgdh

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Le travail virtuel de la force F est :

Fad(sinα)=Facosαdα

Evaluons h en fonction de α : En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schéma

h=l(1cosβ)

Il y a une relation entre β et α :

A'M=lsinβ=2asinα2.

Comme l est très long par rapport à α, on peut considérer β comme infiniment petit, càd c'est-à-dire rem- placer sin β par β, et (1cosβ) par β22 : il vient : h=lβ22 lβ=2asinα2 β=2alsinα2 d'où : dh=lβdβ dβ=2alcosα2dα2=alcosα2dα

Donc : dh=2a2lsinα2cosα2dα=a2lsinαdα

Egalons les deux travaux virtuels : mga2lsinαdα=Facosαdα d'où l'on tire F en fonction de l'angle α :

F=mgaltanα

Pour que le système bifilaire soit sensible, càd c'est-à-dire pour que à une même force donnée F corresponde un grand angle α, il faut que le facteur constant mgal soit très petit. Le système sera donc d'autant plus sensible que sa masse sera plus petite, et que les fils seront plus longs et plus rapprochés. Il n'y a pas de limite théorique à la sensibilité ; mais prati- quement, on ne peut pas rapprocher trop les fils, car si leur

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diamètre n'était pas négligeable par rapport à leur distance, la formule ne serait plus applicable. [3 e leçon]

Une autre méthode de mesure statique des grandeurs forces est fournie par le pendule.

On suppose la masse du pendule concentrée en son centre de gravité G, de sorte que son poids se réduit à la force unique mg appliquée en G. Soit O le point de suspension : OG=a

Soumettons le pendule à une force En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma horizontale F appliquée en un p. point B de OG : OB=b

Soit α l'angle que OG fait avec la verticale dans la nouvelle position d'équilibre. Le bras de levier de la force F est OP=bcosα BP=bsinα.

Le centre de gravité de G a monté de h=a(1cosα)

Le travail virtuel de la pesanteur est égal à : mgdh=mgasinαdα

Le travail virtuel de la force F est égale à : Fbd(sinα)=Fbcosαdα

Egalons-les : mgasinα=Fbcosα d'où l'on tire F en fonction de l'angle α :

F=mgabtanα.

Même formule que plus haut ; mêmes conditions de sensibilité.

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Il y a encore une autre méthode statique qui a recours à l'élasticité. Toutes les méthodes précédentes consistant à comparer les forces à mesurer à du poids ; celle-ci les compare aux forces élastiques, ou plutôt (comme on le verra plus loin) elle les compare encore aux poids, par l'intermédiaire des forces élastiques : on mesure la déformation élastique produite parla force, puis on mesure le poids qui produit la même déformation.

Les forces élastiques dont on sert généralement sont celles de torsion. Un fil métallique pincé en haut par un support immobile, porte suspendu à une autre pince un barreau horizontal ; ce barreau est en équilibre quand le fil n'est pas tordu (les deux pinces étant parallèles).

La torsion a été étudiée expérimentalement au siècle dernier L'auteur a entouré l'expression pour signifier qu'il faut la déplacer qu'elle est à placer ici par Coulomb, l'inventeur de la balance de torsion. Il a trouvé que l'angle de torsion varie en raison directe de la longueur du fil, en raison inverse de la 4 e puissance du diamètre, et proportionnellement à la force : θ=A.FlR4

Quand on parle d'une force, on sous-entend qu'il s'agit d'un couple appliqué aux 2 extrémités du barreau, car une sur la force ferait dévier le fil de la verticale, la force antagoniste étant une composante de la pesanteur.

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Le coefficient A dépend des constantes élastiques α et μ du corps employé. On pourrait le calculer connaissant ces constantes ; mais comme elles varient nottablement d'un corps à l'autre ; il vaut mieux mesurer la force déterminer A par expérience. Il est plus simple de mesurer F en la rem- plaçant par un poids (agissant horizontalement par une poulie de renvoi) et en cherchant le poids qui produit la même torsion.

La balance de torsion est d'autant plus sensible que le coefficient de F est plus grand, càd c'est-à-dire que le rayon du fil est plus petit et sa longueur plus plus grande. Sa sensibilité est donc presque illimitée. On peut mesurer avec cet instrument des forces de 1200 de milligr. ou de dyne. Aussi est-il précieux pour l'étude de très petites forces, comme sont les forces électriques.

2° Méthode dynamique

Elle consiste à mesurer la force par l'accélération qu'elle produit

C'est ainsi que Newton a déterminé la force de la gravitation d'après les lois du mouvement des astres. De même on mesure la pesanteur au moyen de son accélération, dans que les appareils d' Atwood ou de Morin. Mais la mesure la plus précise de la pesanteur est fournie par le pendule.

La mesure dynamique des forces exige qu'elles soient

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sensiblement constant et dans les limites de l'expérience. Or, comme les forces électriques varient nottablement à de petites distances, on ne peut employer à les mesurer de grands machines comme celle d' Atwood & de Morin : il faut recourir à de petits appareils dans l'étendu desquels les actions électriques varient très peu. On est donc obligé de se servir du pendule.

Supposons d'abord que la force qui meut le pendule soit rigoureusement proportionnelle à l'angle d'écart :

F=kα

L'équation du mouvement sera alors, comme on sait :

d2αdt2mr2=kaα mr2=K s'appelle le moment d'inertie du pendule. La solution de l'équation a la forme suivante : α=Asin(Btφ)

A et φ étant les constantes d'intégration, et B la constante : B=kamr2

Pour calculer la durée de l'oscillation complète, T, il suffit de remarquer que α est périodique, et reprend la même valeur quand l'argument augmente de 2π.

Donc : BT=2π T=2πmr2ka Cette formule permet d'évaluer F en fonction de T : F=4π2mr2T2

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Il suffit pour cela de connaître le moment d'inertie du pendule. Pour la Quand il a une forme géométrique, on peut le calculer par une intégrale. Sinon, on peut l'évaluer par expérience.

Coulomb a appliqué le pendule à l'étude de la force de torsion. Si la force de torsion est proportionnelle à l’angle d'écart, les oscillations devront être rigoureusement isochrones ; c'est ce que l'on vérifie par expérience pour toutes les amplitudes, même supérieure à 2π.

Pour que la pesanteur n'intervienne pas, le pendule est suspendu horizontalement au fil tendu verticalement : il oscille autour de son centre de gravité.

Soit mr2=K son moment d'inertie par rapport à son centre. On peut le déterminer par expérience en accrochant symétriquement au barreau deux masses additionnelles M, à la distance R du centre. Le mouvement d'inertie sera augmenté de 2MR2, quantité connue. La durée d'oscillation se trouvera changée de T en T' : T=2πKka T'=2πK+2MR2ka d'où l'on tire : T2T'2=KK+2MR2 équation du 1 er degré qui fournit la valeur de l'inconnue K.

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Pendule géodésique. Quand la force à mesurer est la pesanteur, la composante efficace est proportionnelle au sinus de l'angle d'écart ; l'équation est alors : d2αdt2mr2=Mgasinα Quand α est très petit, on peut remplacer sin α par α : d2αdt2mr2=Mgaα L'intégrale de cette équation approchée est : α=Asin(Btφ) où : B=Mgamr2 BT=2π La durée d'une oscillation complète est donc : T=2πmr2Mga

Mga est le moment statique de la pesanteur. Cette formule ne vaut que pour les oscillations infiniment petites. En désignant la valeur précédente de T par T o, l'intégrale de l'équation générale est rigoureusement : T=To1+12sin2ω2+1,32,4sin4ω2+... ω étant l'amplitude de l'oscillation (angle d'écart maximum). On voit que pour ω=0, T se réduit à T o. On peut tirer de cette dernière formule des formules appro- ximatives. Si l'on n'est sûr de T qu'à 1200 près, sin(ω2) sera déterminé à 150, ce qui correspond à la valeur ω=16°. Ainsi pour une amplitude de 16° au plus, la formule de T o est exacte à 1200 près. Et comme T entre au carré

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dans l'expression de la force, celle-ci sera évaluée à 1100 près. En général, on peut déterminer d'avance l'amplitude maxima qui correspond à l'approximation qu'on désir atteindre avec la formule de T o.

Nous allons maintenant décrire les expériences par lesquelles Coulomb a déterminé la loi des actions électrostatiques.

Balance de torsion : Elle est constituée par un fil d'argent très fin, auquel est suspendue une aiguille isolante qui porte à une extrémité une balle de moelle de sureau dorée. Sur la circonférence que décrit cette balle, on place en un point fixe une balle semblable supportée par un bâton de cire. Cette circonférence est marquée par une bande de papier graduée en degrés ; le zéro corres- pond à la balle fixe.

D'autre part, la pince qui porte le fil passe à frottement dur dans une virole qui ferme en haut le tube de verre qui contient le fil ; on peut la déplacer la pince au moyen d'un bouton qui porte un index ; cet index parcourt une graduation marquée sur le pourtour de la virole. Celle-ci peut elle-même se déplacer tout d'une pièce sur le tube, en emportant la pince et l'index.

On amène les 2 balles au contact en tournant. La

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virole (l'index correspondant au zéro de la graduation).

Puis on électrise les 2 balles avec un même corps ; elles se repoussent et s'écartent la balle mobile s'écarte d'un angle α (mesuré sur la circonférence en papier). On peut les rapprocher en tournant le bouton supérieur en sens inverse càd c'est-à-dire en augmentant la torsion du fil. Soit α l’angle d'écart définitif : l'angle de torsion T du fil sera la somme de cet angle α et de l'angle dont on aura tourné le bouton (mesuré par l'index sur la virole).

La force de répulsion est dirigée suivant la ligne AB qui joint les 2 balles : soit l la longueur radiale de l'aiguille ; le moment de la force de répulsion sera Flcosα2

D'autre part, le moment de la force de torsion (propor- tionnelle, comme on sait, à l'angle de torsion) est : klT

Puisqu'il y a équilibre, ces deux moments sont égaux : Flcosα2=klT.

Or la distance des deux balles est : AB=2lsinα2.

Si la loi de Coulomb est vraie, F doit être en raison inverse du carré de la distance, càd c'est-à-dire avoir la forme : B4l2sin2α2

Substituons cette formule (hypothétique) dans l'équation :

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Bcosα24l2sin2α2=kT ou, en faisant passer dans le 2 e membre les quantités constantes : Tsin2α2cosα2=B4l2k = constante Telle est la loi (relation entre T et α) qu'il s'agit de vérifier. Or, dans les expériences de Coulomb, α était au plus égal à 36°, donc : α218°.

Dans ces conditions, on peut remplacer sinα2 par α2, et cosα2 par 1. L’erreur commise est de 171000, soit moins de 150. Cette approximation consiste, en somme, à identifier l'arc à la corde et à compter la distance des deux balles sur la circonférence ; et en effet, la loi devient simplement : Tα2=Cte

On constate en effet que l'angle de torsion (et par suite la force de torsion) est inversement proportionnel au carré de l'angle α (distance angulaire des 2 balles). Pour apprécier le degré d'approximation de cette loi, il faut tenir en compte des causes d'erreur. Or, pour obtenir de répulsions nottables, on est obligé d'employer de fortes charges ; mais alors il se produit des déperditions qui atteint les résultats, puisque la charge n'est plus cons- tante. Coulomb observa en effet que Tα2 diminuait

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avec le temps. Il détermina alors la déperdition en mettant les deux balles à une distance donnée, et en les mainte- nant à cette distance en tournant le bouton de manière à détordre le fil. Il tenait compte de cette détorsion dans ses autres expériences, de manière à compenser la diminution de force due à la déperdition.

Une autre cause d'erreur est l'influence mutuelle des deux balles, qui repousse les charges du côté opposé, surtout quand elles sont à petite distance. Les centres de masse électrique se déplacent donc par rapport aux centres de gravité des balles, et leur distance est plus grande que la distance mesurée de ceux-ci. On peut calculer cet effet, et corriger les distances mesurées. Néanmoins, l'inexactitude totale, due à ces diverses causes d'erreur, peut être de 150, ce qui suffit à justifier l'approxima- tion introduite dans les formules.

4 e leçon

Un peu après les expériences de Coulomb, Cavendish appliqua la même méthode à l'étude de la gravitation. Il employait la balance de torsion, suspendait de petites boules aux deux extrémités du levier, et mesurait l'attraction exercée sur elles par de grosses boules fixes.

Nous avons vu la balance de Coulomb servir

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à la mesure des répulsions électriques ; mais elle se prête mal à la mesure des attractions électriques, car il est difficile d'empêcher les boules chargées d'électricité contraire d'arriver au contact. On peut considérer la vérification de la loi des attractions comme superflue, si l'on admet qu'un corps neutre n'agit pas sur un corps électrisé : car si les deux fluides contraires, dont on le suppose chargé également, neutralisent leurs effets, la répulsion devra obéir aux mêmes lois que l'attraction.

Mais ce n'est là qu'une hypothèse, et le meilleur moyen de la confirmer serait précisément de vérifier directement la loi des attractions. Aussi Coulomb n'a-t-il pas négligé de la vérifier ; pour cela, il a eu recours à la méthode dynamique des oscillations du pendule.

A un fil de cocon il suspendait un petit levier isolant de gomme laque, portant à une extrémité un petit disque de clinquant. Le pendule étant électrisé, il en approchait une grosse sphère métallique électrisée en sens contraire ; le pendule attiré et dévié de sa position d'équilibre exé- cute des oscillations sensiblrigourement isochrones.

En effet, on démontre qu'une sphère agit comme si toute de masse était condensée en son centre. D'autre part, on peut considérer l'action de la sphère sur le pendule comme

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constante en grandeur et en direction, vu les petites dimensions du pendule, qu'on peut regarder comme infiniment petites par rapport à celles de la sphère.

On centre donc dans le cas du pendule géodésique, la sphère jouant le rôle de la terre. On sait que dans ce cas la durée d'une oscillation complète est :

T=2πmr2Fl l étant la longueur du bras de levis qui porte le disque. On en tire la valeur de la force attractive constante :

F=4π2mr2T2l où : 4π2mr2l = Const. ConstanteAinsi la force attractive est en raison inverse du carré de la durée d'une oscillation. D'autre part, selon la loi hypothétique qu'il s'agit de vérifier, F doit être aussi en raison inverse du carré de la distance d du pendule au centre de la sphère. Donc, si la loi est vrai, la durée des oscillations T doit être proportionnelle à la distance d. C'est en effet ce que l'on constate par expérience.

Cette méthode est sujette aux mêmes critiques que celle de la balance de torsion, fondées sur la déperdition de l'électricité et sur l'influence. Ces causes d'erreur sont assez grandes pour que l'on ne puisse pas tenir compte de la variation de T due à la différence des amplitudes. Toute correction de ce chef étant illusoire, on a le droit

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de la négliger.

La loi de Coulomb, tant pour l'attraction que pour la répulsion, n'est donc établie qu'avec une approximation assez faible. Depuis, Harris a essayé de la vérifier avec le système bifilaire, mais sa méthode n'était pas plus précise que celle de Coulomb. Nous trouverons plus tard des preuves plus exactes, mais indirectes, de la vérité de cette loi. Si l'on accepte la loi de Coulomb comme vraie, on en tirera une foule de consé- quences que l'on pourra vérifier ; on choisira celles qui sont susceptibles de la vérification la plus rigoureuse.

On a remarqué l'analogie de la loi de Coulomb et de la loi newtonienne de la gravitation : F=kmm'r2

Pour compléter cette analogie, on est conduit à définir des masses électriques. Seulement, tandis que nous pouvons mesurer les masses de matière par la méthode statique (la balance, par ex.) nous n'avons pas d'autre moyen de mesurer les masses électriques que leurs effets dynamiques (attraction ou répulsion). Un corps aura, par définition, une masse électrique double, triple, etc. s'il exerce une attraction double, triple, etc. sur un même petit corps chargé d'une quantité constante d'électricité. Il serait donc vain de chercher à vérifier la proportionnalité

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des forces électriques aux masses, car cela constituerait un cercle vicieux.

Néanmoins Coulomb, imbu de la matérialité du fluide électrique, a prétendu vérifier cette proportionnalité au moyen de la balance de torsion. Dans une première expérience, la boule mobile était repoussée par le boule fixe : on mesurait l'angle d'écart α et l'angle de torsion T. Puis Coulomb touchait la boule fixe avec une autre boule neutre toute semblable, qu'il retirait ensuite. Il admettait que les deux boules, étant égales, avaient la même charge, et il en concluait que et la boule fixe avait une charge moitié de sa charge primitive. L'écart ayant diminué, il l’augmentait en détordant le fil, et quand l'écart était redevenu α, il constatait que la torsion était T2. C'est ainsi qu'il croyait vérifier par expérience la loi de proportionnalité des forces aux masses.

Nous et concluons, tout au contraire, de cette expérience que lorsque deux boules égales se touchent, une seule étant électrisée, la charge de chacune est la moitié de la charge primitive, puisque la répulsion exercéequ'elle devient moitié moindre. En effet, s'il est évident, par raison de symétrie, que les deux boules prennent la même charge en se touchant, rien ne prouve que leur charge respective soit la moitié de

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la charge primitive : cela suppose que la quantité d'électricité reste constante, et ne fait que se dédoubler au contact, en un mot, que les masses électriques s'additionnent et se partagent comme des masses matérielles. Or c'est ce qui n'est nullement nécessaire a priori, et ce que l'expérience précédente (peut) seule nous apprendre. On vérifie ainsi, dans un cas particulier le principe de la conservation de l'électricité.

De ce que la force est proportionnelle à la masse électrique de chacun des deux corps qui s'attirent ou se repoussent, on conclut qu'elle est proportionnelle à leur produit. Si les deux masses sont de même signe, leur produit est positif, et l'on sait qu'alors la force est répulsive. Si les masses sont de signes contraires, leur produit est négatif, et dans ce cas la force est attractive. On considérera donc les répulsions comme positives et les attractions comme négatives : les unes premières tendent à augmenter la distance, les secondes à la diminuer.

Le coefficient k, qui figure dans la formule, dépend du choix de l'unité de masse électrique, et aussi de la nature du milieu où les corps sont plongés, car la force l'expérience montre que la force qui s'exerce entre deux corps électrisés varie suivant le milieu (d'électrique) à travers lequel elle s'exerce. Nous considérons donc les deux corps

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dans le vide, et nous définirons l'unité de masse comme suit :

Deux masses électriques égales sont égales à l'unité, quand elles exercent l'une sur l'autre, à l'unité de distance, une force répulsive égale à l'unité (dans le vide).

Si l'on évalue la distance r en centimètres et En interligne, en remplacement du texte barré : En vertu de cette définition, les masses forces F en dynes, on aura F=1 pour : m=1, m'=1, et r=1. Par conséquent, avec pourla'unités choisies, r=1.

L'unité que nous venons de définir est l'unité électrostatique d'électricité. Elle dépend d'ailleurs de l'unité de longueur et de l'unité de force. Dans le système CGS, l'unité El[éctro-] St[atique] sera celle qui correspond à une force de 1 dyne et à la distance de 1 centimètre.

Ainsi la formule simple : F=mm'r2 ne convient qu'au système d'unités électrostatiques, et dans le cas du vide. Nous conserverons donc la formule générale avec le coefficient k.

Propriétés des champs électriques

On appelle champ électrique tout espace où s'exercent des forces électriques.

Considérons le champs produit par une seule particule matérielle M chargée de la masse électrique m. Une masse électrique A égale à l'unité, placée dans ce champs à une

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distance r sera soumise à une force centrale égale à kmr2.

Cette loi de force caractérise le champ électrique. Si la particule A obéit à la force, elle subira un déplacement infiniment petit AA' suivant AM. En A', elle sera soumise à une autre force, qui lui imprimera un déplacement infiniment petit A'A'' ; et ainsi de suite. L'enveloppe des déplacements AA', A'A'', etc. s'appelle une ligne de force ( Faraday). Ce serait la trajectoire de la masse électrique sous l'action du champ, si l'on détruisait à chaque instant sa vitesse acquise. Dans le cas d'une seule masse produisant le champ, les lignes de force sont toutes les droites qui rayonnent autour du point occupé par cette masse.

On appelle surface de niveau une surface qui coupe normalement toutes les lignes de force. Dans le cas d'un champ produit par une seule masse, les surfaces de niveau sont toutes les sphères ayant pour centre cette masse. L'expression de surface de niveau est une métaphore tirée de la géodésie.

Ces définitions sont générales, et ne dépendent nullement de la loi de Coulomb ou de telle autre loi particulière de force. Il suffit que la force soit

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une fonction continue de la distance (ou de la position). Les lignes de force seront les enveloppes des directions de la force aux différents points du champ, et les trajectoires orthogonales des surfaces de niveau, celles-ci étant telles que la force qui s'exerce en chacun de leurs points leur est normale.

Définition analytique du flux de force

Soit dans un champ électrique une surface limitée par une courbe fermée. Considérons en chacun de ses points la force F qui s'exercerait sur l'unité de masse placée en ce point, et la normale dirigée vers l'extérieur ; soit α l'angle de leurs directions. Formons le produit : Fds.sin(F,ds)=Fds.cosα

L'intégrale de cette différentielle (ds élément de surface) étendue à toute la surface, est le flux de force qui traverse cette surface : F=Fds.cosα.

Restreignons-nous maintenant au cas particulier où le champ est produit par une seule masse mau point M et où la force est en raison inverse du carré de la distance. Considérons une surface fermée quelconque entourant la masse le point M.

On va démontrer que le flux de force qui la traverse est égal à : 4πkm.

Construisons un cône élémentaire, de sommet M et

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d'ouverture ω : ω est l'angle solide En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma du cône, càd c'est-à-dire la surface qu'il inter- capte sur une sphère de rayon 1 ayant son sommet pour centre. Ce cône traverse la surface A et y découpe un élément ds. Soit r la longueur MA : la force en A est : F=kmr2, et elle est dirigée suivant MA. Evaluons ds. Menons par A une sphère de centre M ; soit dσ la portion de sa surface interceptée par le cône : dσ=r2ω

D'autre part, α, étant l'angle de la force AF et de la normale AN, est aussi l'angle des 2 éléments ds et dσ : donc : dσ=dscosα.

Formons le produit :Fdscosα : kmr2×r2ω=kmω Intégrons : F=km=kmw

Or ω, étendue à toute la surface qui entoure le p pointM, est égale à la surface de la sphère de rayon 1, soit 4π ; donc : F=4πkm

Ce flux de force indépendant de la surface considérée il est proportionnel à la masse m, et peut par conséquent lui servir de mesure.

Considérons maintenant le cas où est le pont électrisé M se trouve à l'extérieur d'une surface fermée. On va prouver que le flux de force qui la traverse est nul.

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Menons du sommet M un cône En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schéma élémentaire, qui perce la surface en A (entrée) et en A' (sortie). La direction de la force, MAA', fait avec la normale à l'entrée un angle α>π2, dont le cosinus est négatif, et avec la normale à la sortie un angle α' < π2, dont le cosinus est positif. Soient ds, ds' les éléments de surface interceptés par le cône en A et A', dσ, dσ' les éléments de surface sphérique aux mêmes points (en valeur absolue) ; on aura : dscosα=dσ ds'cosα'=+dσ' D'ailleurs : dσ=r2ω dσ'=r'2ω Formons les deux produits Fdscosα : kmr2×r2ω +kmr'2×r'2ω ou : kmω +kmω On voit qu'ils se détruisent. Tous les éléments de l'intégrale se détruisant ainsi deux à deux, le flux de force est nul.

Du reste, si l'on intègre séparément l'entrée et la sortie, on aura respectivement : Akmωet +A'kmω, ou : kmAω et +kmA'ω.

Or les deux intégrales ω sont égales, car, si l'on circons- crit à la surface fermée un cône de sommet M, toutes deux sont égales à son angle solide, leur somme algébrique est donc nulle.

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Ainsi une surface fermée qui ne contient aucune masse électrique est traversée par un flux de force nul.

Considérons maintenant une surface fermée qui enveloppe certaines masses électriques m, m', m'', …. en laisse d'autres dehors, mais n'en rencontre aucune. Nous allons démontrer que le flux de force qui la traverse est égal à 4πkm.

Pour le prouver cela, il suffit de rappeler prouver que le flux de force résultant est la somme des flux de forces com- posants. Soit R la force résultante en un point P de la surface, ε l'angle qu'elle fait avec la normale extérieure. Soient d'autre part F, F', F'', …. les forces exercées sur le point P par les masses intérieures et extérieures, α, α', α'', … les angles qu'elles font avec la normale extérieure. En vertu du théorème des projections, on a (en projetant sur la normale) : Rcosε=Fcosα+F'cosα'+F''cosα''+..... Donc : F=Rdscosε=Fdscosα.

Le flux de force total est la somme des flux de forces dus à toutes les masses : mais les flux de forces dus aux masses extérieures sont nuls : il ne reste donc que ceux des masses intérieures ; par conséquent : F=4πkm+4πkm'+4πkm''+....=4πkm

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Ainsi les flux de forces qui traversent une même surface s’additionnent simplement. Supposons que la surface enferme plusieurs masses positives et négatives, telles que leur somme algébrique soit nulle ; le flux de force sera nul.

Dans la pratique des électriciens, on matérialise les lignes de force et les flux de force. On imagine qu'une masse électrique m émet en rayonnant dans l'espace autant de lignes de force qu'il y a d'unités dans m. Le flux de force qui traverse une surface donné est alors mesuré par le nombre des lignes de force qui la traversent. De là vient que le flux de force s'appelle, dans le langage vulgaire des praticiens, nombre de lignes de force, bien que ce ne soit pas un nombre, mais une grandeur essentiellement continue, qui peut-être incommensurable. On verra plus tard que les lignes de force vont toujours d'un corps électrisé à un autre, de sorte qu'on peut les figurer par des fils tendus entre ces deux corps. Cette image grossière fait comprendre la distribution des flux de forces autour des masses, par exemple, les deux plateaux de verre et de drap , « étant » est ajouté au début de la ligne. étant électrisés en sens contraire, toutes les lignes de forces vont de l'un à l'autre, de sorte qu'aucune ne traverse une surface

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quelconque qui enveloppe les deux plateaux : et en effet, leur action sur un corps extérieur quelconque est nulle.

Le travail des forces électriques, et généralement des forces qui en sont fonctions que de la distance, jouit de la propriété suivante :

Etant donnée une courbe fermée dans l'espace un champ, ne

rencontrant aucune masse électrique, si une masse électrique la parcourt tout entière et revient à son point de départ, le travail des forces est nul.

Ce théorème est évident si l'on admet le principe de la conservation de l'énergie : car l'énergie doit être la même après qu'avant le cycle ; ou on pourrait alors décrire le cycle et produire du travail sans dépenser d'énergie, et cela indéfiniment (mouvement perpétuel).

Mais on peut le démontrer directement et d'une manière générale, dans l'hypothèse où les forces sont centrales et fonctions de la distance seule. En effet, soit R la résultante des forces sur chaque point de la courbe : elle sera fonction de sa position seulement.

Le travail élémentaire sera : dT=Rdscosα (α étant l'angle de R avec l'élément de courbe ds), et le travail total : T=Rdscosα intégrale prise le long de la courbe fermée, de A en A.

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L'expression différentielle est fonction des coordonnées du point considéré. L'intégrale prise entre deux points quelconques n'est ne dépend donc fonction que de leurs positions ; c'est une fonction uniforme F (x, y, z). Par suite, elle reprend la même valeur en revenant au même point : l'intégrale, différence des deux valeurs, est nulle.

Les forces qui jouissent de cette propriété sont dite conservatives.

Cela posé, considérons deux En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma surfaces de niveau S et S'. Si l'on déplace une masse électrique sur une surface de niveau, le travail est nul, puisque le déplacement est normal à la direction des forces. Supposons qu'on fasse passer une même masse électrique de A sur S en A' sur S', puis de A' en B' suivant S', puis de B' en B sur S, enfin de B en A suivant S. Le travail effectué doit être nul, puisqu'on a décrit un cycle fermé. D'ailleurs, le travail de A' en B' et de B en A est nul. Soit T le travail de A en A' ; le travail de B' en B est égal au travail T' de B en B', changé de signe ; on a donc pour le travail total : TT'=0 d'où : T=T'

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ce qui prouve que le travail nécessaire pour passer d'une surface de niveau à une autre est indépendant du chemin parcouru (les chemins AA', BB' sont quelconques).

On peut donc caractériser chaque surface de niveau par le travail effectué pour y transporter l'unité de masse électrique par un chemin quelconque à partir d'une même origine (arbitraire). D'ailleurs, le travail nécessaire pour passer d'une surface à une autre ne peut être nul, donc chaque surface correspond à une valeur différente de T, et réciproquement.

Posons : T=V.

Cette fonction V (égale au travail changé de signe) s'appelle le potentiel. Elle a une valeur constante sur chaque surface de niveau, valeur qui caractérise cette surface. C'est pourquoi les surfaces de niveau se nomment aussi : surfaces équipotentielles.

5 e leçon

Entre les variations du travail et du potentiel on a en général la relation : dV=dT ou encore : dV+dT=0 Puisque, d'après la 1 e équation, la fonction V varie en sens inverse du travail, et de la même quantité, on peut la considérer comme une énergie potentielle (c'est même

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de là que lui vient son nom de potentiel), et alors la 2 e équation, qui exprime que la fonction V+T est constante, est une forme du principe de la conservation de l’énergie. Le potentiel en un point représente l'énergie de la masse électrique 1 placée en ce point.

Considérons deux surfaces de niveau très voisines, cor- respondant, l'une, S, à la valeur V du potentiel, l'autre S' à la valeur V+SV (SV fini et constant). Supposons que l'unité de masse électrique se déplace du point A de S au point A' de S' suivant la direction de la force, càd c'est-à-dire normalement aux 2 surfaces : AA' est un segment de normale que nous appellerons δn : δT=δV=F.δn

Or δV est constant, donc le produit Fδn est constant en tous les points des deux surfaces. Par conséquent, la distance normale des deux surfaces de niveau varie en raison inverse de la force au même point.

Pour figurer un champ électrique on peut tracer des surfaces de niveau très voisines, correspondant à des variations égales δV du potentiel. Le diagramme ainsi obtenu représentera le champ exactement comme les courbes de niveau, sur une carte, représentant le relief du sol : seulement la distance des courbes, sera

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en raison inverse, non plus de la pente, mais de la force. On peut calculer la force (comme la pente) par la formule :

F=δVδn.

Si maintenant l'on fait décroître indéfiniment δV et δn (jusqu'ici finies et constantes), on aura à la limite : F=dVdn

Ainsi la force, en chaque point d'une surface de niveau, est la dérivée du potentiel par rapport à la normale, changée de signe. Nous allons calculer ses composantes X, Y, Z suivant les 3 axes rectangulaires de coordonnées : dT=Fdn=Xdx+Ydy+Zdz car le travail de la résultante est égal à la somme des travaux des composantes (en vertu du théorème des projections). Autrement dit :

dV=XdxYdyZdz d'où l'on conclut :

X=δVδx Y=δVδy Z=δVδz

Ainsi les projections de la force sont les 3 dérivées partielles du potentiel, changées de signe. Toutes ces propriétés sont générales, et ne dépendent pas de la loi de Coulomb.

Pour étudier un champ électrique et en tracer le diagramme, la méthode la plus simple consiste à y promener un pendule

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de Coulomb et à le faire osciller en différents points. En chaque point, la direction de la force est donnée par la position d'équilibre du pendule, et son intensité est en raison inverse du carré de la durée d'oscillation. On peut déterminer par tâtonnements les surfaces isodynamiques, càd c'est-à-dire celles où la force est constante (et par suite la durée d'oscillation) ; on déterminera les lignes de force en déplaçant lentement le pendule dans sa direction. On trouvera les surfaces de niveau en cherchant une surface normale aux lignes de force. Quand on connaîtra une surface de niveau et la valeur F de la force en tous ses points, on obtiendra une surface de niveau voisine en portant sur chaque normale une longueur δn inversement proportionnelle à F : car alors : δV=F.δn = const. constante

Nous allons maintenant étudier les propriétés du potentiel pour les forces qui varient en raison inverse du carré de la distance, selon la loi de Coulomb.

Considérons d'abord le cas d'une masse électrique unique, m, située au point A. Soit l'unité de masse placée au point B, à une distance r de A. Elle sera

soumise à la force : F=kmr2.

Supposons qu'elle éprouve un déplacement inf. infiniment petit

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BB' suivant la direction de la force : le travail sera alors : dT=F×BB'=kmr2dr et par suite : dV=kmr2dr Intégrons : V=kmr + C te Constante La constante étant arbitraire, nous la supposerons nulle. Ainsi le potentiel est inversement proportionnel à la distance au point A.

Soient x, y, z, les coordonnées rectangulaires du point B ; ξ, η, ζ celles du point A (fixe)). On aura : r2=(xξ)2+(yη)2+(zζ)2

Calculons les projections de la force sur les 3 axes : X=δVδx=dVdr.δrδx Y=dVdr.δrδy Z=dVdr.δrδz Or, en différentiant l'expression de r 2, on trouve : rdr=(xξ)dx+(yη)dy+(zζ)dz donc : δrδx=xξr δrδy=yηr δrδz=zζr

Par conséquent : X=kmr2xξr Y=kmr2·y-nr Z=kmr2·y-ξr

Considérons maintenant le cas d'un nombre quelconque de masses électriques m, m', m'', … placées aux points A, A', A'', ... Les projections de la résultante des forces qu'elles exercent sur la masse 1 située au point B sont les sommes des projections des composantes ; on a donc :

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X=kmr2.xξr Y=kmr2.yηr Z=kmr2.zζr Or on a d'autre part :

X=dVdr.δrδx Y=dVdr.δrδy Z=dVdr.δrδz On en conclut :

dVdr=kmr2 d'où, en intégrant : V=kmr.

Les mathématiciens suivant la marche inverse : ils posent la formule du potentiel, et en déduisent les propriétés qui pour les physiciens lui servent de définition.

On n'a considéré jusqu'ici que des masses électriques discontinues réduites à des points. Nous allons passer à l'étude du potentiel des corps électrisés. Ne sachant rien sur la nature de l'électricité ni sur la manière dont elle est répartie dans les corps, nous allons poser des définitions a priori, quitte à vérifier si elles sont conformes aux faits d'expérience.

Soit un corps électrisé A. On admet qu'un élément de volume inf. infiniment petit du corps a une charge électrique inf. infiniment petite : soit δV ce volume, δm sa charge : on suppose que δmδV est fini. De plus, on admet que si l'élément de volume décroît indéfiniment et se réduit au point P, ce rapport tend vers une limite finie ρ qui est indé-

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pendante de la forme de l'élément de volume : dmdV=limδmδV=ρ On appelle ρ la densité électrique solide au point P.

Cette définition est calquée sur celle de la densité matérielle ; elle se justifie par l'analogie des forces électriques avec la gravitation (1) (1)L'hypothèse d'une densité électrique solide n'est vrai que pour les corps isolants, comme on le verra plus tard : les corps conducteurs n'ont qu'une densité superficielle.

La densité matérielle d'un corps hétérogène étant une fonction continue des coordonnées du point P, nous admettrons, par analogie, que la densité électrique solide est aussi une fonction continue de ces coordonnées.

Supposons la densité électrique ρ comme en chaque point du corps. Hachons le corps en éléments de volume par des plans parallèles aux axes : le volume d'un élément de dimensions dx, dy, dz, sera : dv=dxdydz et sa masse : dm=ρdv=ρdxdydz

Soit r la distance du point B considéré au centre de gravité de l'élément de masse dm : le potentiel élémentaire correspondant sera : dmr

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et le potentiel total du point A par rapport au corps B sera l'intégrale de ces éléments, càd c'est-à-dire :

V=ρdxdydzr intégrale prise dans les limites du volume du corps.

On peut évaluer le potentiel d'une autre manière, quand on exprime l'élément de volume en coordonnées polaires : R, Θ et Ψ En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma : L'élément de volume qui correspond aux variations dR, dΘ, d Ψ a pour expression : RdΘ.RsinΘdΨ.dR dv=R2sinΘ.dRdΘdΨ

Donc : dm=ρR2sinΘ.dRdΘdΨ et le potentiel a pour expression : V=ρR2sinΘrdRdΘdΨ

Comme application, proposons-nous de calculer le potentiel d'un couche sphérique homogène infiniment mince sur une masse électrique extérieure ou intérieure.

Soit ε l'épaisseur uniforme de la couche, R son rayon. La charge totale M sera la somme des charges élémen- taires. Or, pour un élément de surface ds, le volume

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élémentaire sera εds, la masse élémentaire ρεds ; et comme la densité ρ est supposée constante, la masse totale sera : ρεds=ρεds=ρεs, s étant la surface totale de la sphère : 4πR2. Posons : ρε=μ : c'est une constante. Considérons maintenant l'épaisseur de la couche comme nulle : μ sera la charge par unité de surface,

càd c'est-à-dire la densité superficielle. On aura donc : M=4πμR2 Evaluons le potentiel de la surface de la sphère pour un point extérieur P

En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma

. Décomposons-la en zones infiniment minces par des plans perpendiculaires à OP : Soit MNM'N' une de ces zones, HH' sa hauteur : son aire aura pour valeur : 2πR.HH' Or, si l'on appelle α l'angle MOP : OH=Rcosα , et HH' est la variation de OH : HH'=dRcosα=-Rsinα Donc l'aire de la zone est : -2πR2sinα et sa masse électrique : -2πμR2sinα Le potentiel élémentaire correspondant est : -2πμR2sinαr

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Evaluons r, distance du point P à la zone MN, en fonction de R et de OP=a. Le triangle MOP donne : r2=R2+a22aRcosα Donc le potentiel total a pour expression : V=2πμR2siαR2+α2-2αRcosα Or la dérivée de : R2+a2-2Rcα12 est : aRsinαR2+a2-2aRosα12 Un « 2 » a été effacé avant « a R sin α » Donc : V=2πμαR2+a2-2aRcosα12 intégrale prise entre les limites α=0 et , afin d'avoir toute la sphère. Distinguons les 2 cas : 1 erCas : Le point P est extérieur à la sphère : α>R . On a alors : V=2πμRaR2+a2+2R-R2+a2-2aR = =2πμRaR+a-a-R=4πμR2a

Or on sait que : 4πμR2=M Donc on a simplement : V=Ma .

On voit que le potentiel a la même valeur que si toute la masse de la couche sphérique était condensée au centre.

2 e Cas : Le point P est intérieur à la sphère : a<R. On a alors : V=2πμRa[R+a(Ra)]=4πμR, qui est une constante. Ainsi le potentiel à l'intérieur d'une couche sphérique est constant.

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Le calcul du potentiel a surtout pour but l'évaluation des forces, qui en sont les dérivées. Dans le 1 er cas, la force, dirigée suivant OP (par raison de symétrie) a pour valeur : dVda=Ma2

Cette formule exprime le théorème de Newton : l'attraction d'une couche sphérique sur un point extérieur est en raison inverse du carré de sa distance au centre.

Dans le 2 e cas, le potentiel étant constant, sa dérivée est nulle dans toutes les directions ; donc la force est nulle.

Ainsi une masse placée à l'intérieur d'une couche sphérique homogène n'est soumise à aucune force. Ce théorème est également dû à Newton.

On pourrait aussi le démontrer sans calcul, et sans passer par l'intermédiaire du potentiel. En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma

Considérons une couche sphérique de centre O et un point A quelconque à l'intérieur. Menons du sommet A un cône élémen- taire, d'angle solide ω, qui découpe sur la surface les éléments MN, M'N', d'aire ds, ds'. L'élément MN a une charge μds, dont l'action à la distance AM=r est : μdsr2.

Soit dσ l'élément de surface sphérique ayant pour centre A et pour rayon r, et α l'angle AMO, qui est aussi

l'angle des éléments ds et dσ : dσ=dscosα D'autre part : dσ=r2ω, ds=r2ωcosα. La force exercée par l'élément MN sur A a donc pour valeur : μr2ωr2cosα=μωcosα.

Or la force exercée par M'N' est directement opposée, et égale à la précédente : car l'angle α est le même, puisque : AMO=AM'O. Ainsi les forces exercées par les deux éléments opposés se font équilibre. On pourrait partager la surface sphérique en 2 parties par un plan quelconque mené par A, et balayer chacune de ces parties par l'un des 2 cônes élémentaires : on trouverait que toutes les actions des éléments opposés sont égales et contraires, de sorte que les deux sommes se détruisent, et l'action totale est nulle.

Il faut remarquer que la loi de Coulomb (ou de Newton) est la seule qui donne ce résultat. C'est ce que nous allons démontrer d'après M Bertrand.

Supposons que la force soit une fonction quelconque de la distance : F=mmif(r) ? L'action sur l'unité de masse électrique sera : F=mf(r) Si la loi de Coulomb est vraie, f(r)=kr2, donc : r2f(r)=k = Const[ante]

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Posons donc : r2f(r)=φ(r) Cette fonction n'est constante que dans le cas de la loi de Coulomb. Si elle n'est pas constante, et si elle est continue, on peut toujours trouver un intervalle (r 0, r 1) dans lequel elle varie constamment dans le même sens.

Prenons alors pour diamètre de la sphère la droite PP'=r0+r1, le point A étant respectivement aux distances r 0 et r 1 de P et P' sur cette droite. On va prouver que l'action de la surface sphérique sur le point A n'est pas nulle. Nous supposons que r0<r1, et que φ(r) va en croissant de r 0 et r 1.

Menons le plan QQ' perpendiculaire En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma à PP' en A, et un cône élémentaire, de sommet A , qui traverse QQ'. La charge de l'élément MN=ds est μds, son action sur A : μds.f(r) Or (comme précédemment) : ds=r2ωcosα Donc : F=μωcosαr2f(r)=μωcosαφ(r) L'action de M'N' est de même (α étant le même) : F'=μωcosαφ(r') Or r<r', donc : φ(r)<φ(r') et par conséquent : F<F'.

On verrait de même que l'action de chaque élément

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situé au-dessus du plan QQ' est inférieur à l'action directement opposée de l'élément correspondant, situé au-dessous. Donc la somme des actions des éléments inférieurs l'emporte sur celle des éléments supérieurs, et la résultante ne peut être nulle. Dans le cas où φ(r) va en décroissant de r 0 à r 1, on a au contraire : φ(r)>φ(r') et alors c'est la somme des actions des éléments supérieurs qui l'emporte sur celle des éléments inférieurs.

Toutes ces propriétés des forces électriques, déduites de la loi de Coulomb, sont également vraies de la gravitation, qui obéit à la même loi. Ainsi l'attraction exercée par une couche sphérique homogène sur une masse matérielle située à son intérieur est nulle.

L'attraction exercée sur une masse matérielle située à l'extérieur est la même que si la masse de ma couche était condensée en son centre.

Ces deux théorèmes peuvent s'étendre à une sphère homogène ou du moins composée de couches concentriques homogènes. C'est ce qui nous a permis de considérer, dans l'expérience du pendule de Coulomb, la sphère qui l'attire comme réduite à son centre, bien que nous ne sachions pas comment l'électricité y est distribuée : on admet seulement qu'elle est distribuée également autour du centre (par symétrie).

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6 e leçon

Nous n'avons considéré jusqu'ici que les forces électriques qui s'exercent à l'intérieur des corps électrisés. Il s'agit de savoir si elles s'exercent aussi à l'intérieur, comme la gravitation. C'est ainsi, par exemple, que la pesanteur agit encore à l'intérieur de la terre (dans un puits de mine) sur un corps qui tombe, sur un pendule, etc. On peut se demander si l'action de la pesanteur dépend de la forme et de la grandeur de la cavité.

De même, si l'on perce un trou très petit dans un corps électrisé, et qu'au fond du trou l'on place un point matériel M chargé de l'unité de l'électricité, on se demande quelle est la force qui agit sur lui, et si elle dépend de la grandeur et de la forme du trou. A première vue, l'expression du potentiel : mr paraît devenir infinie dans ce cas, car il y a des points situés à une distance r infiniment petite de M. Mais rappelons-nous que, par hypothèse, la densité électrique ρ est finie ; par suite, l'élément de volume Δv ne contient qu'une masse électrique ρΔv, infiniment petit du même ordre que Δv. Or Δv est un inf. infiniment petit du 3 e ordre par apport aux dimensions

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linéaires ; si donc on divise ρΔv par Δr, inf. infiniment petit du 1 er ordre, le quotient sera encore un inf. infiniment du 2 e ordre. Ainsi les éléments qdu potentiel qui correspondent à des éléments du corps infiniment voisins du point M sont infiniment petits, et non infinis comme il semble d'abord.

Nous allons démontrer rigoureusement que le poten- tiel au point M est fini. Evaluons Exprimons-le en coordonnées polaires (r, θ, ψ), le point M étant pris pour origine : V=ρ.r2sinθ.drdθdψr ou simplement : V=ρrsinθ.drdθdψ

Autour du point M pris comme centre traçons une petite sphère de rayon R. Evaluons séparément le potentiel dû à cette petite sphère, V 2, et le potentiel dû aux autres éléments du corps, V 1 : V=V1+V2. V 2 sera l'intégrale précédente prise dans les limites de la petite sphère : V2=02πdψ0πsinθdθ0Rρrdr

Nous ne savons pas comment ρ varie à l'intérieur de la sphère ; nous savons seulement qu'elle reste finie. Soit ρ 1 une limite supérieure de sa valeur ; on aura : V2<ρ102πdψ0πsinθdθ0Rrdr

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Or : 0Rrdr=R22 0πsinθdθ=cos0cosπ=2 02πdψ=2π Donc : V2<2πR2ρ1.

Si r est infiniment petit, V 2 sera un inf. infiniment petit du 2 e ordre ; on peut donc écrire : V=V1 à un infiniment petit près du 2 e ordre.

Ainsi pour évaluer le potentiel en un point M intérieur au corps, il est indifférent de supprimer la matière d'une sphère inf. infiniment petite entourant ce point, puisque cela revient à négliger V 2. On peut donc conserver la formule générale du potentiel pour un point intérieur, comme s'il était extérieur.

Nous allons évaluer en particulier le potentiel pour un point intérieur à une sphère homogène. Nous simplifie- rons le problème et nous contenterons d'une approximation ; pour une la démonstration rigoureuse, qui serait trop longue, voir le Traité de Riemann.

Soit la sphère 0, de rayon R, et le point intérieur A, à la distance a du centre (a<R). Décomposons la sphère en couches concentriques.

Pour une couche extérieure au point A, le potentiel, étant constant à son intérieur, est le même en A qu'en 0. Soit r la distance de la couche au centre (son rayon) ; son volume est : 4πr2dr,

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sa masse : 4πρr2dr, et son potentiel au centre : 4πρr2drr=4πρrdr (cf. p.59)

Pour avoir le potentiel total des couches extérieures au p. point A, intégrons cet élément entre les limites (a+ε) et R : VE=a+εR4πρrdr=4πρa+εRrdr=2πρ[R2(a+ε)2]

Pour une couche intérieure au point A, le potentiel est le même que si sa masse était condensée au centre. En sommant immédiatement toutes les couches intérieures, on trouve que le potentiel correspondant est celui d'une sphère de rayon (aε) : sa masse est : 43πρ(aε)3, et son potentiel : 43πρ(aε)3a=VI (cf. p. 59). Le potentiel total (VE+VI) est celui qui règne dans une la cavité sphérique comprise entre les 2 surface sphériques de rayons (a+ε) et (aε), et contenant le point A. Si l'on fait tendre vers 0 l'épaisseur 2ε de cette cavité, on aura V E et V I tendront vers des limites finies, dont la somme sera le potentiel de la sphère pour le point A : 2πρ(R2a2)+43πρa2=2πρR223πρa2. Le 1 er terme 2πρR2 est constant pour tous les points intérieurs.

Evaluons maintenant la force qui s'exerce au point A. Tant que ε n'est pas nul, le point A étant en dehors de la masse électrisée, la force sera la dérivée du potentiel prise

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suivant le rayon, car elle doit être dirigée suivant le rayon, par raison de symétrie : F=dVda. Or si l'on fait tendre ε vers 0, cette dérivée aura pour limite la dérivée du potentiel V correspondant à ε=0 ; càd c'est-à-dire qu'il est indifférent de faire ε=0 avant ou après la dérivation. Donc on peut considérer encore la force comme la dérivée du potentiel au p. point A suivant le rayon : F=43πρa=dVda.

Calculons les composantes X, Y, Z suivant les axes : X=dVda.dadx Y=-dVda·dady Z=-dVda·dadz Or on a x, y, z étant les projections de OA=a : dadx=xa dady=ya dadz=za.

Donc : X=43πρx Y=43πpy Z=43πpz Pour le centre de la sphère, a est nul : la force aussi.

En résumé, la force est proportionnelle à la distance du point au centre ; elle est nulle au centre.

On serait arrivé à la même conclusion en considérant le centre comme un point intérieur à toutes les couches : on sait que leur action sur un tel point est nulle.

Calculons la somme des 3 dérivées secondes du potentiel : d2Vdx2+d2Vdy2+d2Vdz2=ΔV. d2Vdx2=dXdx=43πρ dVdy2=dYdy=43πp dVdz2=dZdz=43πp

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Donc : ΔV=4πρ(constante) De ces propriétés du potentiel d'une sphère homogène on peut tirer certaines conséquences touchant le potentiel d'un corps de forme quelconque, électrisé d'une manière quelconque. Soit à trouver la force en un point intérieur A. Cette force F est la résultante de la force F 2 produite par une sphère infiniment petite entourant le point A, et de la force F, produite par le reste du corps. Admettons que l'on puisse considérer la densité ρ comme constante dans cette sphère infiniment petite. En vertu du théorème précédent, la force F 2 qu'elle exerce sur son centre sera nulle. Donc : F=F1 .

On en conclut que la force est finie puisque F, est produite par des éléments situés à distance finie du p. point A ; et qu'elle est égale à la dérivée du potentiel changée de signe, puisqu'on peut supprimer la sphère et considérer le p. point A comme extérieur au corps.

Calculons maintenant la valeur de ΔV au point A : Soit V 1 le potentiel provenant de la sphère inf. infiniment petite, V 2 le potentiel provenant du reste du corps : on aura : ΔV=ΔV1+ΔV2. Or : ΔV1=4πρ. Quant à ΔV 2, on va démontrer qu'il est nul.

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Soient x, y, z les coordonnées d'un point qcque quelconque M du corps ; ξ, η, ζ les coordonnées du point A :

r2=(xξ)2+(yη)2+(zζ)2 Le potentiel dû aux éléments extérieurs est : V2=mr δVδx=mr2.drdx δVδy=mr2.drdy δVδz=mr2.drdz Or : drdx=xξr drdy=yηr drdz=zζr Donc : δVδx=m(xξ)r3 δVδy=m(yη)r3 δVδz=m(zζ)r3 On en tire : δ2Vdx2=3mr5(xξ)2mr3 δ2Vδy2=3mr5(yη)2mr3 δ2Vδz2=3mr5(zζ)2mr3 ΔV2=3mr5(xξ)2+(yη)2+(zζ)23mr3=3mr33mr3=0 Donc :

ΔV=ΔV1=4πρ (constante)

Nous allons maintenant étudier le potentiel d'une surface électrisée : ce problème est très important pour l'électricité statique.

On va prouver que si une masse électrique traverse norma- lement la surface, son potentiel varie d'une manière continue. Considérons en effet 2 points infiniment voisins P et P'

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symétriques par rapport à la surface, et l'élément AB de la surface qui entoure la normale PP'. Comparons les poten- tiels des 2 points. L'élément AB étant sensiblement plan ?, les potentiels relatifs à cet élément sont égaux, puisque dans mr toutes les distances r sont les mêmes.

Quant aux autres éléments de la surface, on peut les considérer comme infiniment éloignés par rapport à la distance PP'. Donc leurs distances respectives à P et à P' différent infiniment peu ; les potentiels correspondants son ne diffèrent que d'une quantité infiniment petite, c. q. f. d.

Etudions maintenant comment varie la force du entre lepoint P et le point P', et pour cela, distinguons sa compo- sante normale et sa composante tangentielle. Considé- rons d'abord la force exercée par les éléments autres que AB. Comme ils sont infiniment éloignés, leur sa composante tangentielle reste la même, et la composante normale varie infiniment peu. Donc cette force reste continue quand le point mobile traverse la surface.

Considérons la force exercée par l'élément AB : sa composante tangentielle est nulle. Quant à sa composante normale, elle change de signe de P à P', en conservant la même valeur absolue. Par conséquent la force totale varie

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du double de cette composante quand le point traverse la surface ; elle est donc discontinue.

Nous allons évaluer cette composante normale d'une manière approximative par un raisonnement simple employé par Coulomb.

Considérons une couche sphérique uniformément électrisée, et détachons-en une calotte infiniment petite ; prenons 2 points infiniment voisins sur le rayon central de la calotte, l'un en dehors, l'autre en dedans. Nous savons que la différence des forces qu'ils subissent est le double de la force exercée sur chacun d'eux par cette calotte sphérique. Or, sur le point intérieur, la force totale est nulle. Sur le point extérieur, elle est la même que si toute la masse était condensée au centre.

Soit μ la densité électrique superficielle de la couche : sa charge sera : 4πr2μ Le point extérieur étant à la distance r du centre (à un inf. infiniment petit près), la force qu'il subit sera : 4π2μ:r2=4πμ Ainsi la force différence des forces est 4πμ, donc la force exercée par la calotte sur chaque point est 2πμ . (On remarquera que pour sur le point intérieur, cette force fait équilibre à toutes les autres ; ainsi la force exercée

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par l'élément inf. infiniment petit voisin du point est égale à celle qu'exerce le reste de la surface sphérique.)

Revenons à la surface quelconque considérée plus haut. Nous pouvons assimiler l'élément de surface AB à une calotte sphérique infiniment petite. La force normale qu'elle exerce sur chacun des points P, P' est donc 2πμ, et la variation de la composante normale de la force d'un côté à l'autre de la surface est 4πμ.

Nous allons à présent vérifier ces formules par l'expérience, et par là vérifier les principes d'où nous les avons déduites. Les corps se divisent, à l'égard de l'électricité, en deux grandes catégories : les conducteurs et les diélectriques.

Etudions d'abord les conducteurs : on se rappelle l'expérience d'Œpinus, montrant l'électrisation d'un conducteur par influence ( p.14). Dans la théorie des 2 fluides, on explique le phénomène en disant que les deux fluides mêlés dans le conducteur, subissant en sens inverse l'action du corps champ électrique, se séparent ; mais dès qu'ils se séparent, ils exercent l'un sur l'autre une attraction qui est une force antagoniste de l'action du champ ; cette séparation a donc pour effet d'affaiblir le champ à l'intérieur du conducteur. Les deux fluides auront

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atteint l'équilibre quand il se sera décomposé une quantité de fluide neutre suffisante pour que les deux fluides dégagés neutralisent l'action du champ, de telle sorte qu'en tout point du conducteur la force soit nulle. On dit dans ce cas que le champ est nul à l'intérieur du conducteur.

La théorie unitaire fournirait une explication analogue : la distribution du fluide unique devra être telle qu'elle contrebalance l'action du champ à l'intérieur du conducteur. Pour vérifier ces déductions, il faut constater si le champ est vraiment nul à l'intérieur d'un conducteur électrisé.

Pour cela, on emploie un électroscope formé de 2 fils métalliques suspendus à une même boucle et unis en communication avec une machine électrique. Dans l'air (isolant), ils divergent ; plongés dans l'eau (conducteur) ils retombent ; l'eau s'électrise, mais seulement à la surface.

Comment interpréter cette expérience dans l'hypothèse élastique ? On considèrera les diélectriques comme élastiques, et les conducteurs comme nous, càd c'est-à-dire incapables de l'état contraint. Le champ étant nul à l'intérieur des conducteurs, il faut admettre qu'ils sont infiniment mous, càd c'est-à-dire n'opposent aucune résistance aux forces électriques.

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Puisque les forces électriques sont les dérivées du potentiel, et qu'elles sont nulles en tout point d'un conducteur, le potentiel est constant à l'intérieur d'un conducteur.

En général, avons-nous L'auteur indique par des crochets que les termes « avons » et « nous » doivent être inversés vu ( p.70) qu'on a à l'intérieur d'un corps électrisé : ΔV=4πρ. Mais dans un conducteur, ΔV=0, on en conclut que : ρ=0.

La densité électrique solide étant nulle, il n'y a pas d'électricité à l'intérieur d'un conducteur électrisé. On doit donc admettre que l'électricité réside à la surface des conducteurs.

Il ne faut pas concevoir la surface des corps comme une surface géométrique sans épaisseur. Les phénomènes capillaires obligent à concevoir les corps comme se modifiant mutuellement au contact, de sorte qu'au lieu d'être limités par une surface géométriques, ils sont séparés par une couche où il y a transition continue entre les deux matières qui se touchent ; cette couche a une épaisseur très faible, qu'on estime à 1 un 100.000 e de millimètre.

C'est dans l'épaisseur de cette couche qui enveloppe tous les corps que réside probablement la propriété inconnue qu'on nomme électricité. La densité solide ρ de cette couche se traduit par la densité superficielle μ quand on assimile

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la couche à une surface géométrique sur laquelle l'électricité serait répandue.

Pour prouver qu'en effet il n'y a pas d'électricité à l’intérieur d'un conducteur électrisé, ou répète l'expérience due à Coulomb (et non à Biot) : une boule électrisée qu'on enveloppe de 2 hémisphères creux leur cède toute son électricité.

Une expérience plus précise exacte, due à M. Lippmann, est la suivante : Une sphère creuse est percée d'un trou que ferme exactement un couvercle de même métal, auquel est suspendue une boule de métal par un fil isolant. On introduit la boue électrisée, on lui fait toucher la sphère, on la retire : elle n'est plus électrisée, et la sphère l'est.

Cette propriété des conducteurs est très importante, car elle établit la vérité rigoureuse de la loi de Coulomb. C'est en effet de cette loi qu'on a déduit la constance du potentiel à l'intérieur d'une couche électrique, et on a vu qu'aucune autre loi n'est compatible avec cette constance ( p.61). On a vérifié cette propriété avec les instruments les plus précis, et l'on n'a jamais trouvé trace de l'électricité à l'intérieur d'un conducteur. Cela prouve que la loi de Coulomb est exacte, même

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pour les distances extrêmement petites qui figurent dans nos calculs, et qui échappent à l'expérience. Ce fait confirme donc la loi de Coulomb avec bien plus d e exactit précisions que les expériences directes.

D'autres expériences ne la vérifient qu'approximativement. Telle est celle de Coulomblui-même : dans une sphère creuse percée d'un petit trou, il introduisait une petite boule électrisée : elle se déchargeait presque entièrement, avec une approximation bien supérieure à la portion de la surface de la sphère laissée vide. D'ailleurs, M. Robin a calculé exactement la distribution d'électricité sur une telle sphère, et même, en général, sur une surface percée d'une multitude de trous (comme une écumoire). Cette distribution ne diffère sensiblement de la distribution uniforme sur une sphère pleine qu'au bord du trou.

7 e leçon

De ce que le potentiel est constant à l’intérieur d'un conducteur, il résulte que sa surface est une surface équipotentielle. Par conséquent, la force électrique en un point quelconque de la surface lui est normale. Il est facile de calculer sa valeur.

Nous savons que, pour une surface électrisée quelconque,

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μ étant la densité superficielle en chaque point, la variation de la composante normale de la force en ce point est égale à : 4πkμ et que la composante tangentielle ne varie pas. La force étant normale à la surface d'un conducteur en équilibre électrique, elle varie de cette quantité ; et puisqu'elle est nulle à l'intérieur, elle doit avoir à l'extérieur la valeur : 4πkμ.

On peut trouver directement cette valeur sans invoquer les propriétés d'une surface électrisée, en se servant des propriétés du flux de force. On sait que le flux de force qui traverse une surface fermée contenant des masses électriques m est : 4πkm.

Prenons un point P de la surface électrisée : entourons- le d'un cylindre infiniment petit normal à la surface, et par suite parallèle à la direction des forces ; c'est ce qu'on appelle un tube de force. En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma Fermons ce cylindre à l'extérieur par une surface de niveau infi- niment voisine ; à l’intérieur, par une surface quelconque.

Nous allons calculer le flux de force qui traverse cette surface fermée. Pour la portion intérieure AEB, le flux de force est nul ; pour la surface cylindrique latérale,

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AC, BD, il est encore nul, puisqu'elle est parallèle aux forces. Enfin pour l'aire CD, infiniment voisine de l'élément AB, elle lui est égale à un infiniment petit près : ce sera ds. La force qui s'exerce sur l'élément CD est aussi égale à celle qui s'exerce au p. point P extérieure- ment au conducteur : soit F. Le flux de force est donc : Fds(cosα=1). D'autre part, il est égal à la masse électrique contenue dans la surface, mul- tipliée par 4πk : c'est donc 4πkμds.

Egalant ces 2 expressions du flux de force, on trouve : F=4πkμ c. q. f. d.

Considérons maintenant un champ électrique conte- nant plusieurs conducteurs. A l'intérieur de chacun d'eux, le potentiel est constant et la force nulle. Dans chacun d'eux, le potentiel est un maximum ou un minimum.

En effet, si la force à la surface du conducteur. A est positive (répulsive, donc dirigée vers l'extérieur), δVdn est négatif, donc le potentiel décroît tant autour du conducteur. Si au contraire la force était négative, le potentiel croîtrait tout autour du conducteur.

Si l'on découpe sur la surface du conducteur A un élément ds, les lignes de force qui le traversent composent

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un tube de force. Il se peut que ce tube rencontre un autre conducteur B (normalement). Soit ds' l'élément qu'il découpe sur sa surface. On va prouver que les charges des éléments ds et ds' sont égales et de signe contraire.

Considérons en effet la surface En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma formée composée du tube de force et de 2 surfaces quel- conques menées à l’intérieur des 2 conducteurs. Le flux de force qui traverse cette surface est nul : car aucune force ne traverse la surface latérale dule tube, ni les surfaces qui le traînent. D'autre part, les masses électriques que contient la surface fermée sont μds, μ'ds'. on a donc :

μds+μ'ds'=0 c. q. f.d.

Cette propriété est très importante pour l'étude d'un champ électrique entre des conducteurs. Un tube de force ne peut aller q issu d'un conducteur électrisé ne peut aboutir qu'à un conducteur chargé de l'électricité contraire et délimite sur le second une charge égale à celle du pre qu'il délimite sur le premier, de sorte que sa section est en raison inverse de la densité électrique.

On peut prouver, en outre, qu'un tube de force issu d'un conducteur ne peut jamais aboutir au même conducteur (lors même

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que celui-ci serait électrisé en sens contraire suivant ses parties). En effet, le potentiel varie toujours dans le même sens tout le long d'un tube de force. On ne peut donc jamais en suivant un tube de force, revenir à la même valeur du potentiel ni par suite à la même surface électrisée.

Ainsi, dans un milieu diélectrique unique et homogène, ou bien un tube de force s'en va à l'infini, ou bien il rencontre un autre conducteur, de charge contraire à celui dont il part.

L’hypothèse de Maxwell sur la déformation du fluide électrique rend fort bien compte de ces lois : la quantité de fluide qui manque sur un conducteur se retrouve exactement sur un autre, comme si le fluide s'était simplement déplacé suivant le tube de force.

Le problème général de l'Electrostatique est celui-ci : Etant donné un espace contenant divers conducteurs, dont quelques-uns au moins possèdent une chargé totale positive ou négative ; ils déterminent un champ électrique tel que le potentiel est constant à l'intérieur de tous les conducteurs. Trouver la distri- bution de l'électricité à leur surface, càd c'est-à-dire la densité électrique en chaque point de leur surface.

Ainsi posé dans sa généralité, le problème est insoluble

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dans l'état actuel de l'Analyse. On ne peut le résoudre que dans des cas très particuliers et très simples, et encore souvent au moyen d'artifice de calcul.

Dans Le cas le plus simple est centré d'une sphère conductrice seule ; par raison de symétrie, la densité est constante à sa surface, de sorte qu'on a : M=4πR2μ et le potentiel à l’intérieur est : V=MR=4πRμ

Etudions ensuite le cas d'un ellipsoïde conducteur seul. Considérons un ellipsoïde concentrique et homothétique infiniment voisin et à l'intérieur du premier. Imaginons l’intervalle des deux surfaces En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma rempli d'une masse homogène (matérielle ou électrique). On va démontrer que l'action de cette masse couche sur un point intérieur qcque quelconque P est nulle.

Par le point P menons un cône infiniment petit d'angle solide ω. Il découpe dans la couche 2 éléments de volumes ABCD, EFGH. Evaluons leur action respective sur le point P.

Si du point P comme centres on décrit des sphères passant

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par A et C, le cône interceptera sur ces sphères les éléments de surface AB' et CD'. Les 2 éléments de volumes ABCD, AB'CD' seront équivalents. En effet, soit ds l'élément AB, dσ l'élément AB', et α leur angle : on a :

dσ=dscosα

D'autre part, la longueur de la normale commune aux 2 ellipsoïdes est : dn=drcosα Or le volume ABCD a pour mesure : ds.dn ; le volume AB'CD' a pour mesure : dσ.dr ; ils sont donc égaux, et l'on peut exprimer le premier par : dσ.dr=r2ωdr

Or il faut remarquer que les 2 segments AC et FH découpés sur un même rayon vecteur par les 2 ellipsoïdes sont égaux. En effet, les 2 ellipsoïdes étant homothétiques, les 2 cordes parallèles AF et CH ont même diamètre conjugué, et ce diamètre les partage en 2 parties égales. Comme leurs milieux coïncident, AC et FH sont les différences de leurs moitiés, donc égales : dr=dr'.

Cela posé, la masse contenue dans l'élément ABCD est : ρr2ωdr et son action sur le point P sera : ρr2ωdrr2=ρωdr. De même, l'action de l'élément opposé EFGH sera

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dirigée en sens contraire et égale à : ρωdr'=ρωdr

Ainsi Par conséquent les forces exercées par les éléments opposés de la couche se détruisent mutuellement, de sorte que l'action totale est nulle, c. q. f. d.

Ainsi il suffit, pour représenter la distribution de l'électricité à la surface d'un ellipsoïde, d'admettre qu'en chaque point la densité est proportionnelle à la distance normale d'un ellipsoïde concentrique et homothétique infiniment voisin.

En particulier, il est facile de trouver les densités aux extrémités des 3 axes. La normale se confondant en ces points avec les ray axes, la distance normale est prop égale à la différence des axes ; or les axes étant proportionnels, leur différence leur est proportionnelle. La densité électrique à l'extrémité des axes est donc proportionnelle à leurs longueurs : a, b, c.

On sait que plus un axe d'ellipsoïde est long, plus la courbure est prononcée à son extrémité. On en conclut, par une induction, que la densité électrique à la surface d'un conducteur augmente avec la courbure. Par suite, sur les arêtes et sur les pointes (où la courbure est théoriquement infinie) la densité doit être incompa- rablement plus grande qu'ailleurs.

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Par exemple, une surface elliptique peut être considérée comme un cas-limite de l'ellipsoïde. On voit aisément que la densité sur le pourtour doit être infinie par rapport à la densité au centre (qui correspond à un axe nul). Néanmoins, si l'on même trace une ligne intérieure infiniment voisine du contour extérieur, on trouve que la charge de la surface annulaire est infiniment petite par rapporte à la charge totale, ce qui prouve que la densité décroît très vite à l’intérieur. Ces résultats s'appliquent sensiblement à une plaque conductrice très mince, elliptique ou circulaire.

Lorsqu'un conducteur est à un potentiel élevé, il éprouve une déperdition intense, et surtout aux points où la densité est la plus forte. C'est pourquoi l'on donne à de tels conducteurs des formes arrondies (cylin- driques et sphériques). Les conducteurs destinés à de faibles potentiels ne sont pas exposés à la déperdition ; aussi l'on peut négliger pour eux ces précautions et admettre des arêtes vives (par exemple dans l'électromètre absolu).

Si restreintes que soient les ressources de l'Analyse, elle fournit le moyen de calculer la distribution de l'électricité sur une infinité de surfaces qu'on peut concevoir à volonté. Seulement ces surfaces sont en général bien différentes de celles dont on fait usage dans la pratique. Toutefois, elles

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permettent d'évaluer approximativement la distribution sur les surfaces qui s’en rapprochent le plus, au moins par une certaine partie.

On imagine à cet effet un système quelconque de masses électriques, discontinues ou continues ; on calcule kmr et l'on cherche les surfaces sur lesquelles cette somme est constante : ce sont les surfaces équipotentielles du champ produit par les masses considérées. On prend une de ces surfaces et on y distribue les densités électriques suivant la loi : 4πkμ=δVdn.

On supprime alors les masses électriques imaginées seulement pour définir la surface. On va prouver que la charge ainsi distribuée est en équilibre.

La charge exerce sur la surface la même force que les masses électriques imaginaires, donc à savoir4πkμ. Or puisque la force varie de 4πkμ quand on passe de l'extérieur à l'intérieur de la surface, elle est nulle en tout point intérieur infiniment voisin. On démontre que dans ce cas elle est nulle dans tout l'intérieur. La force étant nulle à l'intérieur du conducteur, la charge est en équilibre, c. q. f. d. Exemple : Pour une seule masse intérieure m au point P, les surfaces de niveau sont déterminées par

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l'équation : kmr= C te Constante, càd c'est-à-dire r = Const te Constante

Ce sont les sphères de centre P. La force sur l'une d'elles est : dVdr=kmr2

On en tire la loi de distribution (correspondant à l'équilibre) : μ étant constante, la distribution est uniforme. On voit de plus que la masse totale de la charge superficielle est égale à la masse unique m imaginé au centre : m=4πr2·μ .

Dans le cas où il y a des masses électriques tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de la surface équipotentielle, si l'on détermine toujours la distribution par l'équation : 4πkμ=dVdn, la charge ainsi distribuée sera en équilibre si l'on supprime seulement les masses intérieures et que l'on conserve les masses extérieures.

Ce théorème permet de traiter le problème de la distri- bution de l'électricité dans les phénomènes d'influence.

Exemple : Dans le cas de deux points A et B électrisés en sens contraire, de charges +m et -m', il y a, parmi les surfaces équipotentielles, une sphère qui entoure excen_ triquement la charge la plus petite en valeur absolue : et elle correspond au potentiel nul :

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V=mr=mrm'r'=0 d'où l'on tire : r'r=m'm= C te Constante équation de ladite sphère.

Si l'on calcule la densité de la couche distribuée sur la sphère suivant la loi : 4πkμ=dVdr, on trouve qu'elle est négative, et en raison inverse du cube de la distance à l'un qcque quelconque des 2 points (r ou r').

Ces résultats sont susceptibles d'une application pratique. Une sphère conductrice communiquant avec le sol est au potentiel zéro. Si on la soumet à l'influence d'un point extérieur A portant une charge m, la distri- bution précédente sera en équilibre sous l'influence de cette masse, càd c'est-à-dire que la présence de cette masse produit précisément cette distribution.

Si l'on calcule la charge totale de la sphère, on trouve : μds=m'.

Ainsi cette charge est justement égale à celle du point (imaginaire) B intérieur à la sphère (elle est toujours plus petite que m en valeur absolue, & de signe contraire). Le point B situé à l’intérieur de la sphère, et tel que le rapport des distances d'un point de la surface sphérique aux 2 p points A et B soit constant, s'appelle par conséquent

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l'image électriquede la sphère du point A par rapport à la sphère.

La considération des images électriques, inventée par lord Kelvin, permet de résoudre un grand nombre de problèmes d' Electrostatique.

Nous allons étudier la distribution de l'électricité dans un cas particulier d'influence.

Considérons un conducteur creux complètement fermé ; ses surfaces intérieure et extérieure n'ont aucun point commun. Si dans l'intérieur se trouvent des corps quelconques ayant une charge totale m, il doit exister sur la surface intérieure du conducteur creux une quantité d'électricité égale et de signe contraire, qui lui fasse équilibre. On conçoit en effet que tous les tubes de force issus des corps intérieurs, ou bien vont de l'un à l'autre, et alors correspondent à des charges égales et contraires qui s'accumulent dans m, ou bien aboutissent à la surface intérieure, qui se trouve porter ? des charges égales et contraires aux charges des corps intérieurs. D'ailleurs, on peut le démontrer en imaginant une surface fermée située entièrement dans l'épaisseur du conducteur (entre ses surfaces extérieure et intérieure). Etant à l’intérieur d'un corps conducteur, le flux de force qui la traverse est nul.

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Or, si M est la charge de la surface intérieure du conducteur, ce flux de force total est : 4πk(m+M) On en conclut 4πk0que : m+M=0 ou M=m c. q. f. d.

Si le conducteur creux communique avec le sol, il sera au potentiel zéro, et ne manifestera aucune charge, bien qu'électrisé sur sa face interne.

Si au contraire il est isolé, il pourra y avoir de l'élec- tricité sur sa face externe, car l'influence des corps qu'il contient développe en lui des quantités égales d'électricité contraire (dont la somme algébrique est nulle). La surface extérieure aura donc une charge égale à +m. Ainsi le conducteur aura en apparence la même charge que l'ensemble des corps qu'il contient.

Si l'on met sa surface extérieure en communication avec le sol, il paraîtra déchargé ; mais si l'on en retire les corps, on constate qu'ils ont une certaine charge, positive par exemple, et en même temps le conducteur manifeste une charge négative (expérience avec la boule creuse de M. Lippmann).

Ainsi le champ situé à l’intérieur d'un conducteur est absolument indépendant du champ extérieur (en effet, ils n'ont aucun point commun & aucune communication).

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C'est la propriété utilisée dans la cage de Faraday et en général dans les écrans électriques. Un conducteur fermé isole complètement les corps intérieurs des actions électriques extérieures, et les corps extérieurs des actions électriques intérieures. Pour soustraire un corps à toute action électrique, il suffit de l'envelopper d'une surface conductrice (caisse de métal, feuilles d'étain, etc.).

Quand un conducteur est incomplètement fermé, il ne constitue qu'un écran imparfait, mais très suffisant encore dans la pratique. Tel est le cas de la cage de Faraday.

8 e leçon

Coulomb le premier a étudié expérimentalement la distribution de l'électricité à la surface des conducteurs.

Supposons qu'on recouvre une petite surface AB d'un conducteur avec un petit conducteur qui s'y applique exactement (porté par un manche isolant).

Ce corps d'épreuve se chargera de l'électricité de la surface AB. Si on le détache d'un seul coup, et qu'on le mette dans la balance de Coulomb à la place de la boule fixe, on pourra mesurer sa charge, et par suite celle de la surface AB. On peut opérer de même sur une autre portion MN de la surface du conducteur ( une de même

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aire), au moyen d'un autre corps d'épreuve qu'en épouse la forme. On le portera dans la balance de Coulomb, la boule mobile ayant la même charge qu'auparavant, on amènera l'angle d'écart à être le même ; les deux charges successivement mesurées seront proportionnelles à l'angle de torsion du fil dans les deux expériences. On peut aura ainsi le rapport des densités des deux éléments de surface AB et MN (de même aire).

Seulement cette méthode est impraticable, parce qu'on ne peut avoir autant de corps d'épreuve qu'il y a de courbures de surface. On est obligé de se contenter d'une approximation. Si l'on prend pour corps d'épreuve un petit disque plan, il s'appliquera à peu près sur la surface courbe AB, et sa charge sera à peu près égale à celle de AB ; de même, elle sera à peu près égale à celle de MN.

Le rapport des charges du plan d'épreuve serait égal à celui des charges des surfaces touchées AB et MN, et la méthode serait rigoureuse, si la charge du disque était proportionnelle à celle des surfaces touchées, quelle que soit leur courbure. Or cela est vrai quand tous les rayons de courbure de la surface du conducteur sont suffisamment grands. Au lieu d'un disque plan, on encore employer une sphère ou un hémisphère (la surface plane servant au contact),

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pourvu que leur rayon soit très petit par rapport aux rayons de courbure de la surface.

Coulomb a étudié au moyen du plan d'épreuve la distribution à la surface d'un ellipsoïde. Il a trouvé que les densités à l'extrémité des axes étaient proportionnelles à ces axes, sans connaître la déduction théorique de cette propriété, fondée sur la loi de Coulomb. Il a ainsi vérifié sans s'en douter sa propre loi.

Une difficulté de cette méthode est que, le corps d'épreuve étant très petit (et il le faut pour qu'il n'enlève au conduc- teur qu'une fraction négligeable de sa charge), on doit fortement électriser le conducteur, pour que la charge du corps d'épreuve soit sensible, et alors il se produit une déperdition nottable.

Pour éliminer l'influence de la déperdition, Coulomb employait la méthode des contacts alternés. On touche le point A au temps 0, le point B au temps t, puis de nouveau le point A au temps 2t, en mesurant chaque fois la charge du corps d'épreuve. On prend la moyenne des deux charges prises au point A pour la comparer à la charge du point B. En effet, si la déperdi- tion n'est pas trop rapide, elle est proportionnelle au temps, et alors la moyenne correspond à la charge de A au temps t.

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Coulomb a étudié un cas de distribution beaucoup plus compliqué, celui de 2 sphères qui se touchent. Lord Kelvin a retrouvé par le calcul les résultats expérimentaux obtenus par Coulomb (au moyen des images électriques). C'est encore une belle confirmation de la loi de Coulomb.

Relation entre la charge et le potentiel.

Dans le cas d'un seul conducteur A, soit M sa charge et V son potentiel ; on a : M=CV

On va démontrer que le coefficient C est constant. Soit P un point intérieur ; le potentiel en ce point est : V=μdsr Multiplions toutes les densités μ par un même facteur a : V'=dsr=aμdsr=aV

D'autre part, la charge primitive est : M=μds, et la nouvelle charge : M'=aμds=aμds=aM. Donc la charge est proportionnelle au potentiel, cqfd ; La constante C s'appelle capacité électrique du conducteur. La capacité est la charge qui correspond au potentiel 1.

On peut calculer la capacité d'un conducteur quand on connaît la distribution que prend l'électricité à sa surface quand il est seul.

Dans le cas d'une sphère homogène, le potentiel V en un point intérieur est le même qu'au centre :

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V=μdsR=1Rμds=MR. ou : M=RV.

Ainsi la capacité d'une sphère est égale ( Sy. El. St. Système Electro Statique) ou proportionnelle ( Sy. El. Mg. Système Electro Magnétique) au rayon. (Paradoxe, si l'on assimilait la capacité électrique au vol. volume ou à la surf. surface).

Considérons maintenant un champ électrique conte- nant plusieurs conducteurs A, B, C, … dont les charges sont M, M', M'', … et les potentiels V, V', V'', … Le potentiel V en un point P intérieur de A est la somme des potentiels qui proviennent des actions A, B, C … sur le point P. Soient μ, μ', μ'', … les densités de ces conducteurs, r, r', r'', … les distances du point P à des points pris sur la surface de chacune de ces conducteurs. On aura : V=μdsr+μ'ds'r'+μ''ds''r''+.... Si l'on multiplie toutes les densités μ, μ', μ'', … par un même facteur a, l'équilibre des charges subsiste, et le potentiel prend une nouvelle valeur : V1=aμdsr+aμ'ds'r'+aμ''ds''r''+...=aV

D'autre part, il est évident que toutes les charges sont aussi multipliées par a. Donc la charge et le potentiel sont encore proportionnels (1) (1) Voir addition, p.105 La suite du texte est ajoutée folio 105. .Soit c le coefficient de proportion- nalité relatif à M, c' relatif à M', c'' relatif à M'', … on a : V=cM+c'M'+c''M''+...

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Ainsi le potentiel d'un corps faisant partie d'un système de conducteurs est une fonction linéaire des charges de tous les conducteurs.

On trouve de la même manière l'expression des autres potentiels, de sorte qu'on a le système d'équations : V=cM+c'M'+c''M''+... V'=c1M+c'1M'+c''1M''+... V''=c2M+c'2M'+c''2M''+... (1) Ces trois lignes sont réunies par une accolade à laquelle est ajouté (1)

Si l'on résout ce système par rapport aux charges, on trouve : M=CV+C'V'+C''V''+... M'=C1V+C'1V'+C''1V''+... M''=C2V+C'2V'+C''2V''+... (2) Ces trois lignes sont réunies par une accolade à laquelle est ajouté (2)

Ainsi les charges des différents conducteurs sont à leur tour des fonctions linéaires des potentiels de tous les conducteurs.

On voit que la charge d'un conducteur ne dépend pas seulement de sa capacité propre : un corps qui fait partie d'un système de n conducteurs a n capacités électriques qui dépendent des la dimensions et de la position des autres conducteurs.

Le problème des capacités équivaut au problème de la distribution ; il se résout de la même manière et dans les mêmes cas.

Un cas particulier intéressant est celui où tous les conducteurs sauf un (A) sont au potentiel zéro. On a simplement :

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M=CV

Ainsi la charge du corps est alors proportionnelle à son propre potentiel. Seulement le facteur C dépend des autres conducteurs ; leur présence a pour effet de modifier la capacité électrique du conducteur A.

De même, si tous les conducteurs sauf un (A) ont des charges nulles, on a la relation aussi simple :

V=cM.

Dans la pratique, on emploie surtout le système de 2 conducteurs, qu'on appelle un condensateur.

Le cas le plus remarquable est celui où les 2 conducteurs ont leurs surfaces très voisines. On peut supposer, ou bien que l'un est creux et que l'autre est contenu dans le premier ; ou bien que tous deux sont des lames très rapprochées.

Dans le premier cas, on peut calculer la distribution en considérant les 2 conducteurs comme infiniment voisins. Supposons que le conducteur intérieur A est au potentiel V, et le conducteur extérieur B, qui l'enveloppe entièrement, au potentiel 0 (en communication avec le sol). Les 2 surfaces en regard ( surf. ext. surface extérieure de A, surf. surface interne de B) s'appellent les armatures du condensateur. En consi- dérant les tubes de force qui vont de l'une à l'autre, on a la relation générale : μds+μ'ds'=0

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Mais, comme nous supposons les armatures infiniment rapprochées, on a (à des infiniment petits près) : ds=ds', d'où : μ=μ'.

Ainsi les charges des 2 armatures sont égales et contraires. Reste à trouver leur grandeur absolue. Soit un point P dans l'intervalle des 2 armatures ; il est soumis à une force : (de la part de A) : 4πkμ=dNdn

Les armatures étant infiniment voisines, on peut confondre dN et AV, dn et Δn : or ΔV=V, donc : 4πkμ=VΔn

V étant constant, la densité μ est en raison inverse de Δn, càd c'est-à-dire de la distance normale des 2 armatures. En particulier, si les 2 armatures sont parallèles (Δn=C[onstan]te) la densité μ sera partout la même (quelle que soit la courbure). Ainsi la densité ne dépend plus de la courbure du conduc- teur, mais seulement de la distance des 2 armatures.

Si les armatures sont 2 ellipsoïdes concentriques et homo- thétiques, leur charge sera en raison inverse des longueurs des axes. (cf. p. 84)

Quand les 2 armatures sont parallèles, la charge de l'une d'elles est : M=μds=μds=μS.

Ainsi la charge est proportionnelle à la surface. D'autre part, la constante μ a pour valeur : V4πkΔn

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Appelons d la distance constante Δn des 2 armatures :

μ=V4πkd M=SV4πkd

Ainsi Donc la capacité électrique d'une des armatures est : C=S4πkd, ou, dans le Sy. El. St. Système Electro Statique (où l'on fait k=1) : C=S4πd.

Ainsi la capacité est proportionnelle à la surface et en raison inverse de la distance des armatures.

Supposons maintenant que le conducteur extérieur B est au potentiel V'. On a toujours les relations : μ=μ' F=4πkμ=dVdn.

Seulement, on a alors : ΔV=V'V, d'où : 4πkμ=VV'd. M=μS donc : M=S4πk.VV'd (1) (1) Et par conséquent : C=MV-V'=S4πkd Note en marge inférieure à ajouter après la formule (1)

On voit que dans ce cas la charge est proportionnelle à la différence des potentiels. En particulier, si les 2 conducteurs ont le même potentiel (V=V') la charge est nulle : en effet, ils sont alors identiques à un conducteur unique (potentiel constant à l'intérieur) et toute la charge se porte sur la surface extérieure. Puisque les charges des 2 armatures infiniment voisines sont égales et contraires, leur potentiel sur un point

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quelconque est nul. Aussi le potentiel V' du conducteur extérieur est-il dû uniquement à la charge de sa surface externe. Cette charge, dite libre, est donc égale à celle qui donnerait à ce corps le potentiel V', s'il était seul. Elle n'a aucun intérêt dans l’emploi du condensateur, car une fois les charges des armatures réunies, la charge libre subsiste.

D'ailleurs, elle est absolument négligeable par rapport aux charges condensés sur les armatures.

En effet, soit μ, la densité sur la surface externe. En un point P intérieur au conducteur B, le potentiel dû aux charges condensées est presque nul, car ses distances aux 2 armatures sont presque égales.

Donc son potentiel V' provient uniquement de la charge extérieure de densité μ 1.

D'autre part, le potentiel V du conducteur A (ou la différence des 2 potentiels : VV') est dû à la somme algébrique des actions des armatures sur un point intérieur de A : et comme ses distances aux 2 armatures sont presque égales, il faut que les charges μ et μ' soient infiniment grandes par rapport à la charge μ, qui produit le potentiel V'. En d'autres termes, la charge libre est infiniment petite

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par rapport aux charges condensées. C'est ce qu'on vérifie au moyen de l'électroscope condensateur.

On le vérifie aussi au moyen de condensateur à plateaux mobiles d' Œpinus ; chacun des plateaux est muni d'un pendule qui accuse la charge libre. Si, les plateaux étant rapprochés, on charge le condensateur, puis qu'on écarte les plateaux, les pendules divergent.

Expérience de la décharge alternative. On peut expliquer ce fait par le calcul. Le plateau A est mis en communication avec la machine, le plateau B avec le sol : A est au potentiel V, B au potentiel 0. Soit m la charge (positive) de A, m' la charge (négative) de B. On a les équations linéaires : V=am+a'm' 0=bm+b'm' (1) Ces trois lignes sont réunies par une accolade à laquelle est ajouté (1)

Isolons B, mettons A au sol : sa charge diminue, devient m 1 ; son potentiel devient 0. Une partie de la charge de B devient libre et produit le potentiel V' ; on a donc les éq. équations : 0=am1+a'm' V'=bm1+b'm' (2) Ces trois lignes sont réunies par une accolade à laquelle est ajouté (2)

Connaissant les coefficients constants de ces équations, on tire de m 1 de la 1 e et par suite V' de la seconde. On a en même temps la perte de charge de A : mm1.

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Isolant A et déchargeant B de sa charge libre, sa charge devient m' 1, son potentiel 0, celui de A, V 1 : V1=am1+a'm'1 0=bm1+b'm'1 (3) Ces trois lignes sont réunies par une accolade à laquelle est ajouté (3)

On tire m', de la 2 e éq. équation et V, de la première. On peut continuer ainsi indéfiniment : car l'on trouve que les charges et les potentiels décroissent en progression géométrique.

Nous allons maintenant calculer la distribution dans un condensateur du second genre, càd c'est-à-dire plan.

Nous supposerons les plateaux infinis, afin de n'avoir pas à tenir compte des bords et de pouvoir considérer leur charge comme uniforme. Dans la pratique, on fait des plateaux très grands par rapport à leur distance, et pour éviter l'accumulation de la charge sur les bords, on les découpe circulairement de manière à détacher une bande annulaire qui les entoure.

On a toujours (ici les surfaces correspondants des armatures sont rigoureusement égales) : μ=μ' La force est : F=4πkμ=-dVdn dv=Δv, différence des potentiels V et V' des 2 plateaux : dn=d, distance des 2 plateaux. Donc : 4πkμ=V-V'd.

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Nous avons supposé que les plateaux sont infiniment voisins ; mais on peut démontrer que ce résultat est général, quelle que soit d, et prouver rigoureusement l’égalité : dVdn=VV'd.

Pour cela, considérons d'abord un plateau circulaire revêtu d'une charge uniforme de densité μ, et calcu- lons la force qu'il exerce sur un point A situé à la distance a sur la normale au centre. Du sommet A menons un cône infiniment petit d'ouverture ω, qui intercepte sur le plateau un élément de surface ds.

La charge force que cet élément exerce sur le point A à la distance r est : dF=kμdsr2.

La résultante sera, par raison de symétrie, dirigée suivant la normale. Pour obtenir la composante efficace de chacune des forces, projetons-la sur la normale, avec laquelle elle fait l'angle α : X=kμdscosαr2 d'où : F=kμdscosαr2=kμdscosαr2.

Menons par l'élément ds un élément de surface sphérique dσ de centre A : on a (cf. p. 61) : dσ=r2ω dσ=dscosα Donc : μ=14πk.VV'd

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en appelant Ω l'angle solide du cône ayant pour sommet A et pour base le plateau circulaire. Quand le point A se rapproche du plateau, Ω croît ; et pour un point A infiniment voisin du plateau, Ω a pour limite 2π : on a alors : F=2πkμ

Mais pour un plateau infini, quelle que soit la distance du point A, on a aussi : F=2πkμ

Considérons maintenant le condensateur formé de 2 plateaux infinis, parallèles, à une distance quelconque : leurs densités uniformes sont μ et -μ. La force (attractive) exercée par l'un d'eux sur un point P situé entre eux sera 2πkμ ; la force (répulsive) exercée par l'autre sur le même point sera 2πkμ, et dirigée dans le même sens ; la force totale est donc : 4πkμ, quelle que soit la distance du point P aux deux plateaux.

La force étant constante en grandeur et en direction entre les 2 plateaux, le potentiel varie uniformément. On peut donc écrire en toute rigueur, ΔV et Δn étant des variations finies : dVdn=ΔVΔn=VV'd d'où l'on conclut, comme ci-dessus : μ=14πk.VV'd.

105

Addition à la page 95 :

On a seulement prouvé que le potentiel V du corps A varie proportionnellement à la charge M de ce corps (car les charges des autres corps, M', M'', … ont varié dans le même rapport). Mais pour prouver que V est fonction linéaire de toutes ces charges, et varie propor- tionnellement à chacune indépendamment des autres, il faut invoquer le principe de la superposition des équilibres électriques.

Supposons que, dans un 1 er équilibre, le corps A soit la charge M, et que les autres corps (primitivement à l'état neutre) aient une charge nulle ; et que, dans un 2 e équilibre, le corps B ait la charge M', et que les autres corps aient une charge nulle : que, dans un 3 e équilibre, le corps C ait la charge M'', et que les autres corps aient une charge nulle ; et ainsi de suite.

Dans le 1 er équilibre, tous les potentiels seront proportion- nels à l'unique charge M (désignons-les par l'indice 1) : V1=aM V'1=bM V''1=cM … etc. Dans le 2 e équilibre, on aura de même : V2=a'M' V'2=b'M' V''2=c'M'… etc. Dans le 3 e : V3=a''M'' V'3=b''M'' V''3=C''M''… et ainsi de suite

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Dans le cas où tous les corps ont respectivement les charges M, M', M'', … il y a encore équilibres, en vertu du principe ; et les potentiels sont de chaque corps est la somme des potentiels dus à chaque masse dans chacun des équilibres ; donc : V=aM+a'M'+a''M''+... V'=bm+b'M'+b''M''+... V''=cM+c'M'+c''M''+... etc.

9 e leçon

Nous allons étudier la charge et la capacité de quelques condensateurs d'une forme particulière.

Considérons un condensateur sphérique formé de 2 surfaces sphériques concentriques de rayons quelconques, R et R' ; (soient R'>R) soient V et V' leurs potentiels.

Nous ne savons calculer la densité que dans le cas où les deux armatures sont infiniment voisines ( p.97). Nous supposons maintenant (R'R) fini.

Par raison de symétrie, les surfaces équipotentielles entre les deux armatures sont des sphères. Considérons-en une, de rayon r, et évaluons le flux de force qui la traverse. Comme la force est normale, on a partout : cosα=1

D'autre part, la force est constante, donc le flux est : FdS=FdS=FS

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Or : F=dVdr S=4πr2 Le flux est donc : 4πr2dVdr D'autre part, soit M la charge totale de l'armature interne (contenu dans la surface) : on sait que le flux de force qui la traverse est égal à 4πkM. On a donc l'équation : 4πkM=4πr2dVdr d'où : dV=kMdrr2.

Intégrons entre les limites R et R' : V'V=kM1R'1R.

Cette formule détermine M en fonction de la différence des potentiels : M=VV'k×RR'R'R

La capacité de l'armature interne est : C=1k.RR'R'R

On emploie volontiers des sphères comme mesures de capacité électrique, parce que leur capacité est propor- tionnelle à leur rayon. Mais ces sphères se trouvent toujours dans des salles à parois conductrices, commu- niquant avec le sol, qui composent avec elles un conden- sateur ; et alors la capacité d'une sphère de rayon R (en supposant une salle sphérique de rayon R') n'est plus Rk, mais : Rk.R'R'R (donc plus grande).

C'est pourquoi l'on n'emploie jamais comme étalons de capacité des conducteurs simples, mais des condensa-

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teurs fermés, dont les charges des armatures sont absolument indépendantes des actions extérieures (v. p. 90).

Considérons encore un condensateur cylindrique formé de 2 cylindres concentriques indéfinis, de rayons R et R' ; soient V et V' leurs potentiels. On va calculer la charge de l'armature interne par unité de hauteur, M. Prenons une surface équipotentielle entre les 2 armatures : c'est un cylindre concentrique de rayon r. Le flux de force a qui traverse l'unité de hauteur de cette surface est égale, d'une part, à 4πkM, d'autre part à 2πrdVdr ; donc : 4πkM=2πrdVdr d'où : dV=-2kMdrr

Intégrons entre les limites R et R' : V'V=2kM(logR'logR)=2kMlogR'R. On en tire la valeur de M : M=VV'2klogR'R, et la capacité est : C=12klogR'R. Telles sont les formes les plus simples et les plus employées dans les condensateurs qui servent aux mesures.

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Tension électrique ou pression électrostatique.

Considérons un conducteur chargé, et un élément AB de sa surface ; nous allons déterminer à quelle force cet élément (supposé mobile) est soumis de la part du reste du conducteur ( càd c'est-à-dire de la surface AMB).

On sait que la force, en un point extérieur infi- niment voisin, est 4πkμ sur l'unité de l'électricité, et qu'elle est nulle en un point intérieur. Comme elle est la somme de l'action exercée par AB et de l'action exercée par AMB, on en conclut (avec Coulomb) que ces deux actions sont égales : et puisque leur somme est 4πkμ, chacune d'elles est égale à 2πkμ. Telle est la valeur de la force exercée par sur l'élément fixe par toute la surface AMB sur un point la masse 1 située sur l'élément AB. Sur la charge μ ds de cet élément, la force sera donc : 2πkμ.μds=2πkμ2ds

Le coefficient de ds s'appelle la tension électrique ou la pression électrostatique en AB: t=2πkμ2

C'est l'effort exercé par toute la surface électrisée sur un de ses éléments, effort rapporté à l'unité de surface. La pression électrostatique est ainsi définie d'une manière analogue à la pression hydrostatique.

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On sait que la résultante des pressions hydrostatiques exercées par un liquide sur le vase est précisément égale au poids de ce liquide. De même, la résultante des pressions électrostatiques d'un conducteur est égale à la force qui sollicite ce conducteur.

Pour un seul conducteur seul, cette résultante est nulle, car un tel conducteur n'est soumis à aucune force.

Soit un condensateur à plateaux plans parallèles, A, B. Détachons sur la plateau B la surface S, et calculons la force exercée par sur S par le plateau A. Les forces étant parallèles, leur résultante est égale à leur somme. La densité uniforme à la surface du plateau est : μ=14πk.VV'd (v. p. 104) La tension électrique est : τ=2πkμ2=18πkV-V'd2.

Cette formule est très importante : elle fournit le moyen de mesurer les différences de potentiel. On met les 2 sources de potentiels différents V et V' avec les 2 plateaux, dont l'un est mobile ; et la pression τ étant uniforme, la force totale est τS ; on a donc : F=S8πkVV'd2 ce qui permet de calculer VV', connaissant S, d, et F que l’on peut mesurer.

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Considérons maintenant une sphère uniformément électrisée, partagée en 2 hémisphères AMB, ANB mobiles l'un par rapport à l'autre. Evaluons la force répulsive que chacun d'eux exerce sur l'autre.

Par raison de symétrie, la force est perpendiculaire à la base des hémisphères. Comme la pression est normale à la surface en chaque point, il suffit de calculer sa composante efficace. Sur l'élément de surface ds, la pression est : 2πkμ2ds La composante sera : 2πkμ2dscosα

D'autre part, si l'on projette l'élément ds sur le plan de base des hémisphères, en dσ, on a la relation : dσ=dscosα Donc la composante est : 2πkμ2dσ et la résultante : F=2πkμ2

La somme des projections d'un hémisphère sur le plan de base est un grand cercle πR2; donc : F=2π22R2

D'autre part, le potentiel en un point de la surface sphérique est : V=MR=4πkR2μR=4πkRμ, (v. p. 59) d'où l'on tire : μR=V4πk

Donc : F=2π2kV216π2k2=18k×V2.

Cette formule très simple permet, comme la précédente,

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d'évaluer les potentiels : elle a l'avantage de dispenser de toute mesure linéaire, et de donner le potentiel en fonction de la force seule. C'est le principe d'un électromètre absolu inventé par M. Lippmann (v. p.169).

Définition de l'énergie électrique

Considérons un système de points électrisés, de charges m, m', m'', … Imprimons-lui une déformation infiniment petite, et proposons-nous d’évaluer le travail correspondant.

Envisageons d'abord un couple de point A, B de masses m, m', à la distance r. La force que A exerce sur B (ou B sur A), est : kmm'r2 et le travail élémentaire de cette force : dT=kmm'r2dr dr étant la projection du déplacement infiniment petit sur la direction de la force. On voit que : dT=dkmm'r.

Revenons à notre système d'un nombre quelconque de points. Le travail élémentaire total sera la somme des travaux élémentaires correspondant à chaque couple de points ; on a donc : dT=dkmm'r

La fonction kmm'r s’appelle énergie électrique

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du système et se représente par la lettre W. On écrira : dT=dW ou : dT+dW=0. Ce qui justifie ce nom d’énergieélectriq c'est que cette fonction varie en sens inverse du travail, donc est équivalente à du travail.

Il faut bien distinguer les deux fonctions : potentiel : V=kmr énergie : W=kmm'r, d'autant plus qu'une synonymie fâcheuse expose à les confondre. Autrefois, le potentiel s'appelait fonction potentielle, et l'énergie s'appelait potentiel ; puis, comme ce nom a été employé dans la pratique pour désigner la fonction V, on a dû récemment inventer la locution énergie électrique pour désigner W.

Pour évaluer W, prenons d'abord tous les termes où figure la masse m du point A, et mettons-la en facteur : il vient : mkm'r Or km'r est le potentiel V produit au point A par toutes les autres masses électriques du système. En opérant de même pour tous les autres points, on aura : mV mV étant le produit de la masse de chaque point par le potentiel en ce point. Mais dans cette somme, chacun des termes kmm'r est compté 2 fois, une fois parmi les

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facteurs de m, une autre parmi les facteurs de m'. Elle est donc égale au double de potentiel l'énergie : mV=2W W=12mV. Dans le cas particulier où le système ne comprend que des corps conducteurs A, B, C, … dont les potentiels (constants pour chacun) sont : V, V', V'', …, quand on forme mV, on peut mettre en facteur de V toutes les masses électriques à la surface du conducteur A, m=M, charge totale de ce conducteur ; on a donc : W=12MV MV étant le produit de la charge de chaque conducteur par son potentiel.

Dans le cas où tous les potentiels sauf un (V) sont nuls, on a simplement : W=12MV Dans le cas où toutes les charges électriques sauf une (M) sont nulles, on a également : W=12MV

Ainsi l'énergie du système, dans ces deux cas, ne dépend que de la masse charge et du potentiel du corps où ils ne sont pas nuls. Mais cette charge elle-même dépend, non seulement de la configuration du conducteur, mais de la forme et de la position des autres conducteurs :

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car leur présence accroît la capacité du premier ( càd c'est-à-dire la valeur de M pour un potentiel donné V).

Dans le cas général, si l'on substitue dans mV les volu expressions des potentiels V en fonction linéaire des masses M, on obtient l'énergie sous la forme d'une fonction quadratique des charges : W=12ΣMM'

Si au contraire on y substitue les expressions des masses M en fonction linéaire des potentiels V, l'énergie devient une fonction quadratique des potentiels : W=12VV' Dans le cas d'un condensateur dont les armatures ont les potentiels respectifs V et 0, on a : W=12MV Or on sait que : M=CV Donc : W=12CV2 ou bien : W=12·M2C.

Ainsi, si l'on compare plusieurs condensateurs au même potentiel, leur énergie est proportionnelle à leur capacité ; si au contraire ils ont même charge, leur énergie est en raison inverse de leur capacité.

La définition de l'énergie fournit un nouveau moyen d'évaluer la force exercée sur un corps électrisé. Soit

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en effet F la composante efficace de la force pour un déplacement infiniment petit dx ; on a : dT=Fdx D'où : Fdx+dW=0 F=dWdx

Ainsi la force subie par un corps électrisé est égal à la dérivée de l'énergie électrique par rapport au déplacement, changée de signe. Remarque. La définition de la force par la formule : F=dVdx donne la force qui s'exerce sur l'unité d'électricité placée en un point ; tandis que la nouvelle définition donne la force qui s'exerce en un point d'un conducteur électrisé, de charge connue. De plus on suppose que tous les conducteurs sont isolés, de telle sorte que leurs charges ne puissent varier.

Exemple : Nous allons calculer la force qu'exercent l'une sur l'autre les 2 plateaux d'un condensateur. Soit A au potentiel V, B au potentiel 0. l'énergie électrique au condensateur sera : W=12M2C.

Or : M=μS, et : C=S4πke e étant la distance des 2 plateaux.

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F=dWde=12M2d1Cde=M22C2.dCde Or : M2C2=V2 dCdc=S4πk.1e2 Donc : F=S4πk.V2e2

La force, étant négative, est attractive, comme on sait. Remarque. Si l'on différentie l'énergie en supposant le potentiel constant : W=12CV2, on trouve : dW=12V2dC, de sorte que, si les 2 plateaux se rapprochent (de <0) la capacité augmente (dC>0)et le potentiel aussi. Il semble donc que, lorsque l'un des plateaux se déplace dans le sens de la force qui le sollicite, son énergie augmente, tandis qu'elle devrait diminuer, le travail de la force étant positif.

Ce paradoxe vient de ce qu'on applique à tort la formule de l'énergie à un conducteur système qui n'est pas isolé, car pour maintenir le plateau au même poten- tiel, et faut le mettre en communication avec une source d'électricité qui, elle, consomme du travail et produit de l'énergie. Or il se trouve que la sources produit une somme d’énergie double de celle que gagne le condensateur, et comme elle équivaut à la somme de celle-ci et du travail produit,

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il en résulte qui celui-ci est égal à l'énergie acquise par le condensateur. C'est ce qu'on va démontrer.

La source étant au potentiel V, calculons le travail nécessaire pour qu'elle produise transporter une quantité M d'électricité de la source dans le condensateur.

L'énergie de cette masse M dans la source est le travail nécessaire pour l'amener de l'infini à cette source : pour une charge 1, ce travail est V ; pour la charge M, il est MV. D'autre part, si cette charge se trouve transportée dans le condensateur, son énergie n'est plus que 12MV. Ainsi son énergie a décru de moitié : l'autre moitié s'est dépensée en travail. Ces 2 moitiés étant égales et de même signe, on a : dW=Fdx ou F=dWdx, et voilà pourquoi la force a le même signe que la variation d'énergie du condensateur, quand on le considère comme isolé. Au contraire, quand on considère le système (vraiment isolé cette fois), du condensateur et de la source qui lui fournit l’électricité, la source perd en énergie le double de que le condensateur gagne, et l'on a, en vertu du principe de la conservation de l'énergie : 2dW dW+Fdx=0, au : Fdx=dW F=dWdx

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10 e leçon

Nous avons vu que la formule : F=dWdx et sujette à exception quand le système est en relation avec une source d'électricité, càd c'est-à-dire avec un corps ou ensemble de corps qui ont la propriété de conserver le même potentiel ou la même différence de potentiel quelles que soient leurs pertes d'électricité. Cela ne peut se faire évidemment que grâce à une dépense d'énergie.

Distinguons l'énergie totale du système et de la source, W, l'énergie du système seul W 1, et l'énergie de la source seule W 2. Par définition : W=W1+W2 d'où : dW=dW1+dW2

Or l'énergie de la source, quand elle fournit la charge dM, décroît de VdM : dW2=VdM et l'énergie du système recevant la même charge croît de la moitié seulement : dW1=12VdM car : W1=12MV.

Il vient : dW=12VdMVdM=12VdM. Donc : dW=dW1 Et comme la force est en général : -dWdx , elle est dans ce cas : +dW1dx , et par conséquent le travail : Fdx=dW1 , càd c'est-à-dire de même signe que le gain d'énergie du système. Mais

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aussi la perte d'énergie de la source est double du gain d'énergie du système : dW2=2dW1.

Ainsi, lorsqu'un système en relation avec une source éprouve un déplacement à potentiel constant, su son accroissement d'énergie est égal au travail électrique, et leur somme à la perte d'énergie de la source.

Du partage de l'électricité entre corps conducteurs. Soient deux conducteurs aux potentiels V et V', et de charge M et M'. Si on les met en communication, elles deviennent M 1 et M' 1, et leur potentiel commun est x. En vertu du principe de la conservation de l'électricité, on a l'égalité : M+M'=M1+M'1.

Considérons seulement le cas où les conducteurs sont assez éloignés pour que leur influence réciproque soit négligeable. Dans ce cas, leur capacité n'est pas altérée, et leur distribution électrique conserve la même forme. La capacité du conducteur unique formé par leur réunion est donc la somme de leurs capacités : M=CV M'=C'V' CV+C'V'=C+C'x Cette équation permet de calculer x quand on connaît les capacités. Cherchons ce que devient l'énergie du système.

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Avant la communication, elle est : W=12(MV+M'V')=12(CV2+C'V'2) Après la communication, elle est : 12M1+M'1x=12C+C'x2=W1 La variation de l'énergie est donc : W-W1=12CV2+C'V'2-CV+C'V'2C+C' =12CC'V2+V'2-2VV'C+C'=12·CC'V-V'2C+C' Cette expression est positive quels que soient V et V' (différents ; il y a donc toujours perte d'énergie, à moins que les potentiels soient égaux.

On démontre sans peine pour un système d'un nombre quelconque de conducteurs la formule générale : WW1=12ΣCC'(VV')2ΣC

On peut se demander ce que devient l'énergie perdue. Dans les cas précédents, il y avait un travail mécanique équiva- lent à la perte d'énergie ; mais dans ce cas-ci il n'y en a pas. L'expérience apprend qu'il se produit de la chaleur, et que la quantité de chaleur développée est équivalente à la perte d'énergie calculée.

Les premières expériences sur la chaleur dégagée par la décharge des conducteurs sont dues au savant suisse Riess (vers 1840) ; il a eu la chance de trouver des formules

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empiriques qui ont été depuis déduites par le calcul de la théorie du potentiel.

Il employait une batterie électrique, réunion de conden- sateurs fermés. (Dans les bouteilles de Leyde, le diélectrique est de verre, au lieu de l'air que nous avons considéré dans le condensateur théorique ; mais la nature du diélectrique n’intervient que par une valeur différente de la constante k.)

Soit M la charge de l'armature interne ; celle de l'armature externe sera -M. En réunissant les 2 armatures par un conducteur (excitateur à manches de verre) on produit une décharge, càd c'est-à-dire la réunion des 2 charges égales et contraires ; la charge finale est donc nulle. L'énergie primitive était 12M(VV'), V et V' étant les potentiels des 2 armatures : l'énergie finale est 0. La perte d'énergie est donc égale à l'énergie initiale. Soit C la capacité électrique de l'armature interne : M=C(VV') Donc : W=12CV-V'2=12M2C.

Les lois empiriques découvertes par Riess concordent avec ces formules. Pour les vérifier, il faut connaître : 1° la capacité du conducteur, au moins en valeur relative : on la considère comme proportionnelle au nombre des bouteilles (toutes égales) ; 2° la charge : Riess la mesurait au moyen de la bouteille de Lane

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3° la chaleur dégagée par la décharge ; on la mesure au moyen du thermomètre de Riess.

La bouteille de Lane est une bouteille de Leyde dont l'armature externe communique avec une boule mobile qu'on peut rapprocher plus ou moins (par une vis micrométrique) d'une boule fixe portée par l'armature interne. Quand on la met en relation avec une En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schéma machine électrique, une étincelle éclate entre les 2 boules quand la charge a atteint une certaine valeur, et décharge les 2 armatures. Cette charge maxima de la bouteille servira d'unité de mesure pour la charge de la batterie.

Pour cela, on relie la batterie à la bouteille de Lane de manière qu'elles soient déposées en série ou en cascade par rapport à la source. Si la charge intérieure de la bouteille est m, la charge extérieure sera -m ; elle comme correspond elle provient d'une décomposition par influence, elle corres- pond à une charge +m de l'armature intérieur de la batterie, laquelle engendre à son tour une charge -m dans l'armature extérieure. En un mot, les armatures intérieures de la bouteille et de la batterie se chargent de la même quantité d'électricité. Quand la bouteille se décharge, sa charge devient nulle mais celle de la batterie

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subsiste. Autant de fois l'étincelle aura éclaté, autant de fois la batterie aura reçu la charge m, qui s' ajoute accumule à elle Thermomètre de Riess. C'est un ballon de verre contenant une spirale métallique En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma (qu'on peut changer à volonté) par laquelle on fait passer la décharge de la batterie. Le fil métallique s'échauffe, et échauffe l'air du ballon (d'abord à la pression atmosphérique H). Soit t son élévation de température ; sa pression devient : H(1+αt) ΔH=t.

Le liquide descend de la longueur x dans la branche inclinée de l'angle ε sur l'horizon (il ne monte pas sensiblement dans la branche large ouverte). Supposons H mesurée avec le même liquide : x=ΔHsinε=Hαtsinε.

Ainsi x est proportionnel à t, mais t est proportionnel à la quantité de chaleur dégagée dans la masse d'air, q : donc le déplacement du liquide est proportionnel à q qu'il s'agit de mesurer ; et il est d'autant plus grand, pour une valeur donnée de q, que sin ε ou ε est plus petit.

Seulement, dans la pratique, l'air s'échauffe puis se refroidit brusquement, de sorte que le liquide dépasse la position d'équilibre, en vertu de la vitesse acquise, et

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ne s'y arrête pas plus en remontant qu'en descendant : cette position, qui correspond à x , n'est donc pas observable. Mais si l'on observe le déplacement extrême x , du liquide, on peut le considérer comme proportionnel à x pour un même instrument, et par suite le prendre pour x, puisqu'il ne s'agit que de vérifier des proportionnalités.

Riess a trouvé ainsi que x est proportionnel au carré de la charge ; proportionnel à la capacité pour un même potentiel ; et inversement proportionnel à la capacité pour une même charge.

Ces expériences vérifient seulement la proportionnalité, et non la stricte équivalence de la chaleur et de l'énergie. Toutefois, on constate, en changeant la spirale, que la nature du conducteur est indifférente : la quantité de chaleur dégagée est toujours la même.

On peut intercaler dans le circuit de décharge plusieurs thermomètres de Riess pouvant contenir des spirales différentes. Soient d'abord 2 spirales de même métal et de même section, mais de longueurs différentes l et l' ; on trouve pour les quantités de chaleur dégagées par la même décharge : qq'=ll' ce qui est presque évident. Si l'on met 2 fils de même métal, de même longueur et de sections différentes, s, s',

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on trouve : qq'=s's.

Cette loi permet de négliger la quantité de chaleur produite par la décharge dans l'excitateur et les fils conducteurs, dont la section est très grande par rapport à celle de la spirale. Enfin, si l'on emploie 2 fils de même longueur et section, mais de métaux différents, on aura : qq'=ρρ' ρ étant un coefficient propre à chaque métal. En résumé, la quantité de chaleur produite dans un fil par une même décharge est proportionnelle à ρls. Cette quantité s’appelle la résistancedu conducteur et se désigne par R. Quant à ρ, c'est le coefficient de résistance spécifique donc que les corps conducteurs se comportent différemment à l'égard des décharges électriques.

La décharge d'un condensateur n'est pas instantanée, parce que la différence de potentiel décroissant progressi- vement, la vitesse se ralentit à mesure : c'est donc un phénomène compliqué ; qui dure et fait long feu. Pour avoir un phénomène plus simple, et uniforme, il faudrait réunir par un fil conducteur deux sources, l'une au à des potentiels différents (et constants). On peut concevoir théoriquement la possibilité d'un tel phénomène. Prenons un condensateur A formé de 2 cylindres pouvant

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glisser l'un dans l'autre : portons l'armature interne au potentiel V 1 l'armature externe au potentiel 0.

Prenons un autre condensateur tout semblable B, dont les armatures soient respectivement aux potentiels V' et 0. réunissions les deux armatures internes par un fil conducteur : les potentiels V et V' tendent à s'égaliser. Pour empêcher ce fait, on retire l'armature Sous cette ligne, l'auteur a dessiné un schéma

interne de A, sa capacité diminue, donc la charge peut diminuer, le potentiel restant constant ; inversement, on enfonce l’armature interne de B, sa capacité augmente, et sa charge augmente à potentiel constant. On peut donc maintenir les potentiels constants malgré une décharge continue de l'électricité le long du fil. La vitesse à imprimer aux 2 armatures dépend de la conductibilité du fil.

Des courants continus.

Faisons abstraction du procédé pratique par lequel on obtient des sources d'électricité, et considérons un fil conducteur dont les extrémités sont maintenues aux potentiels constants V et V'. Il n'y a pas d'équilibre possible sur un tel conducteur ; l'électricité s'écoulera

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donc d'une manière continue par le fil : c'est ce qu'on appelle un courant.

L'expérience montre que le potentiel varie linéairement le long du fil. Soit l sa longueur totale, x la distance d'un point quelconque du fil à son origine ; V 1 le potentiel à l’origine, V 2 le potentiel à l'extrémité ; soit V le potentiel au point x ; en le mettant en communication avec un condensateur, on mesure ce potentiel, et l'on vérifie la relation suivante : VV1V2V1=xl V=V1+xl(V2V1)

De même, si l'on met 2 points du fil en communication respectivement avec les 2 paires de quadrants de l'électromètre Mascart, on constate que la déviation de l'aiguille est proportionnelle à la distance des 2 points ; on sait d'autre part qu'elle est proportionnelle à la différence de potentiel des 2 paires de quadrants.

La force électrique a une valeur constante tout le long du fil ; en effet, la dérivée du potentiel en un point est : dVdx=V2V1l= C te Constante Par suite, on a : d2Vdx2=0 et comme les autres dérivées secondes sont également nulles (la force ayant la direction du fil), on trouve :

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ΔV=0 Or, en vertu d'un théorème qui ne dépend pas de la forme des conducteurs ni de l'équilibre de leur charge, on a : ΔV=4πkρ Donc : ρ=0 .

Ainsi, la densité électrique est nulle le long du fil, càd c'est-à-dire qu'il n'a pas de charge libre d'électricité. Une certaine charge disparaît à une extrémité, une charge égale reparaît à l'autre ; l'électricité semble passer le long d'un bout à l'autre du fil, mais elle ne passe pas ; le fil semble transporter de l'électricité, mais il n'en contient pas.

Dans l'hypothèse des deux fluides, on peut rendre compte de ce fait en imaginant 2 courant égaux et contraires des 2 fluides : chaque portion du fil contenant des quantités égales des 2 fluides est comme à l'état neutre. Cette théorie peut se préciser dans l'hypothèse atomique : chaque les atomes d'une molécule binaire prendrai t ent une des charges opposées et les transmettraient de proche en proche, de sorte qu'à chaque instant la charge de chaque molécule serait nulle. C'est ce que semble confirmer la théorie de l'électrolyse, et l'on peut admettre que ce qui est vrai des conducteurs liquides l'est aussi des conducteurs solides.

Si dans un même circuit on intercale plusieurs

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conducteurs différents, le potentiel croît ou décroît linéairement dans chacun d'eux. De plus, l'expé- rience montre que la différence de potentiel de leurs extrémités est proportionnelle à leur résistance, de sorte qu'on a les égalités : VV1R1=V1V2R2=V2V3R3= … La valeur de ces rapports, constante dans tout le circuit, et qui caractérise la grandeur du courant, s'appelle son intensité, et se désigne par I ; on a la formule générale : VV'R=aI, a étant un coefficient constant qui dépend seulement du choix des unités.

Ohm a deviné ces lois en présumant l'analogie de la conductibilité électrique avec la conductibilité calorifique ; il les a ensuite vérifiées par l'expérience. Sa découverte passa inaperçue en Allemagne, et resta inconnue en France, où elle fut refaite par Pouillet. Pour vérifier la loi d'Ohm, il suffit de mesurer les différences de potentiel par la méthode électrostatique. On constate d'ailleurs que la Constante I qui caractérise le courant augmente quand croît ce que l'on appelle vulgairement l'intensité du courant. Loi de Joule. En immergeant dans un calorimètre

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des fils divers traversés par un courant, Joule trouva que la quantité de chaleur dégagée par ces fils était proportionnelle à leur résistance, au carré de l'intensité du courant et au temps pendant lequel le courant avait passé. C'est ce que résume la formule : Q=bRI2t b est un coefficient dépendant du choix des unités.

Ni Ohm ni Joule n'ont songé à vérifier le principe de la conservation de l'énergie au moyen de leurs lois. Soit M la quantité d'électricité qu'un courant donné transporte en 1 seconde (on peut la mesurer au moyen d'un condensateur). En t secondes, la quantité est Mt. Cette charge passant du potentiel V 1 au potentiel V 2, le travail effectué ou l'énergie perdue est : W=Mt(V1V2) et, si l'on admet que cette énergie reparaît sous forme de chaleur, on aura (en désignant par J l'équivalent méca- nique de la chaleur) : Q=WJ=MtJV1-V2

D'autre part, si nous combinons les lois d'Ohm et de Joule, nous trouvons la formule analogue : Q=bIta(V1V2)

Ainsi l'intensité du courant est proportionnelle à la

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quantité d'électricité transportée en 1 seconde. Pour que l'identification des 2 formules soit complète, il suffit de poser : baI=MJ.

En conséquence, on est convenu de prendre pour unités d'intensité et de résistance celles qui rendent a égal à 1, et b égal à 1J. Dans ces conditions, on a : I=M, càd c'est-à-dire que l'intensité d'un courant est égale à la quantité d'électricité qu'il transporte par seconde.

Avec les unités ainsi choisies, les lois d'Ohm et de Joule se traduisent par les formules simples et usuelles : V1V2=RI Q=1jRI2t

11e leçon

On introduit souvent dans la formule de la loi d'Ohm la force électromotriceE, càd c'est-à-dire le travail effectué dans la source pour produire l'unité d'électricité. Les deux extrémités du fil conducteur sont en effet réunies par une source qui a pour effet de produire la différence ou chute de potentiel (V1V2). le travail effectué pour produire la masse 1, càd c'est-à-dire pour l'élever du potentiel V 2 au potentiel V 1, est précisément (V1V2). Donc : E=V1V2

133

Il faut se garder de confondre la force électromotrice et la différence de potentiel. Toute différence de potentiel suppose une force électromotrice, mais quand il y a une force électromotrice, il n'y a pas toujours une différence de potentiel. La notion de force électromotrice est donc plus générale, comme on le verra dans la théorie de l'induction. La loi d'Ohm se traduit alors sous sa forme habituelle : E=RI

On peut également introduire la force électromotrice dans la formule de la loi de Joule : Q=1JEIt=1JE2Rt.

Ces formules s'appliquent à un courant unique tra- versant un circuit simple, càd c'est-à-dire formé de plusieurs conducteurs mis bout à bout (en série).

On peut se poser un problème plus complexe, en consi- dérant un circuit multiple, formé de conducteurs rami- fiés, dans lesquels sont intercalés des forces électromotrices. Dans ce cas, on applique les corollaires de la loi d'Ohm, dus à Kirchhoff.

Considérons un fil circuit ABCDE composé de plusieurs conducteurs et contenant diverses forces électromotrices. Exprimons la différence de potentiel des 2 extrémités en fonction de l'intensité du courant, des diverses résistances

134

et des forces électromotrices, prises positivement ou négativement, suivant qui' elles relèvent ou abaissent le potentiel dans le sens courant : Sous cette ligne, l'auteur a dessiné un schéma

V0V1=IR1 V'1-V2=IR2 V2-V3=IR3 V'3-V=IR4 =ΣIR-E=ΣIR-ΣE=IΣR-ΣE

Considérons maintenant un circuit multiple ABCDEF, dans lequel sont intercalés des En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma forces électromotrices quelconques en des points quelconques.

Prenons un sommet, A par exemple : chacun des fils qui y aboutissent est parcouru par un courant ; on considère comme positifs ceux qui apportent de l'électricité en A, comme négatifs ceux qui en emportent. Comme on suppose le régime permanent établi, le potentiel du point A est constant, donc la quantité d'électricité qu'il reçoit en 1 seconde est nulle. Cette quantité est égale à la somme algébrique des intensités des courants aboutissant à ce sommet : d'où : I=0

135

On aura autant d'équations de cette forme qu'il y a de sommets dans le circuit.

Prenons maintenant un circuit fermé simple, par exemple ABF. On considère comme positifs les courants dans le sens ABF, comme négatifs les courants de sens contraire. Soient V 1 V 2 V 3 les potentiels aux 3 sommets ; on aura pour la portion AB : V1V2=AB(IRE) pour BF : V2-V3=bfIR-E pour FA : et pour le circuit total : ou : ΣIR=ΣE

On obtient autant d'équations de cette forme qu'on peut former de circuits simples fermés avec des portions du circuit multiple.

Seulement toutes ces équations ne sont pas indépen- dantes : en effet, tandis que le nombre des équations est la somme du nombre des sommets et du nombre des circuits simples. Par exemple, dans le un circuit ramifié une fois, il y a 3 fils, 2 sommets et 3 circuits simples, donc 5 équations pour 3 inconnues. Il y en a donc 2 qui sont la conséquence des autres. En effet, les 2 sommets

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donnent lieu à la même équation : En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma I=i+i' De même, l'équation du 3e circuit simple (par ex : ADBE) est la conséquence de celles des 2 premiers (ACBD, ACBE).

Nous avons jusqu'ici considéré les courants continus dans des fils. Mais, chaque fois que la distribution de l'électricité change dans un conducteur, il se produit des courants temporaires. Lorsqu'on met 2 conducteurs en communication par un fil, le courant qui suit le fil n'est que la résultante des courants qui sillonnent les 2 conducteurs.

Nous traiterons seulement le problème des courants continus dans les conducteurs. Pour cela, nous supposons le régime permanent établi, et par cuite le potentiel constant en chaque point.

Imaginons un conducteur creux et fermé, dont la surface interne S 1, est au potentiel V 1, et la surface externe S 2 au poten- tiel V 2. Entre des 2 surfaces, le potentiel varie d'une manière continue ; considérons la surface S de potentiel V (intermé- diaire entre V1 et V2). La force électrique est normale à cette surface en chaque point. Détachons-en autour du point M un élément ds, et construisons sur lui un petit cylindre normal à la

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surface, de hauteur dn, et terminé par une surface équipotentielle infiniment voisine (V+dV). Appliquons la loi d'Ohm à ce petit conducteur : sa résistance est : R=ρls=ρdnds

Donc l'intensité du courant qui le traverse est : I=dVρdnds

Nous définirons l'intensité du courant au point M, rapporté à l'unité de surface, par l'équation : I=Jds

D'où : Jds=dVρdnds J=-1ρ·dVdn.

Or la force au point M, rapportée à l'unité d’électricité, est précisément : F=dVdn Donc : J=Fρ.

Appliquons la loi de Joule au même petit conducteur. La quantité de chaleur qui y est produite est : Q=1J×F2ρ2ds2×ρdnds×t=tJF2ρdnds Or dn ds est le volume du petit cylindre, soit ds : donc : Q=tj·F2ρdv.

La quantité d'énergie dissipée en 1 seconde dans cetpetit élément du conducteur est : dW=F2ρds

Proposons-nous de déterminer la résistance totale R du conducteur, càd c'est-à-dire celle d'un fil qui, ayant la même

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différence de potentiel entre ses extrémités, serait traversé par le même courant (la même quantité d'électricité par seconde). Cette résistance est, en vertu de la loi d'Ohm : R=V1V2I Or I, intensité totale du courant, est l'intégrale de Jds étendu à une surface équipotentielle quelconque S : Or Fds est justement le flux de force F qui traverse la surface équipotentielle S. On a donc finalement : R=ρV1-V2F

Signalons une analogie curieuse qui s'établit, par le moyen des formules, entre ce problème d'Electrodynamique et un problème tout différent d'Electricité statique. Imaginons un condensateur ayant pour armatures les surface S 1 et S 2, l’intervalle étant rempli par de l'air, et cherchons sa capacité C. La charge de l'armature interne étant M, on a l'équation ( v. p. 99) : M=C(V1V2) Or M est l'intégrale de la densité de l'armature : μds.

D'autre part, on sait ( p. 78) que : 4πkμ=F. Donc : M=Fds4πk=14πkFds=F4πk et par suite : C=F4πkV1-V2

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Remarquons que le flux de force est le même que dans le problème précédent : multiplions membre à membre les deux formules, celle de R et celle de C :

RC=ρ4πk= Const. Constante

Ainsi la capacité du condensateur est en raison inverse de la résistance du conducteur conjugue homologue. Si l'on sait calculer la capacité d'un condensateur, on connaîtra par la même la résistance d'un conducteur (de matière déterminée, ayant une résistance spécifique ρ) qui remplirait l'intervalle des deux armatures.

Exemple : On sait que la capacité d'un condensateur sphérique, dont les armatures ont les rayons r 1 et r 2, est : C=1k×r1r2r2r1 ( p. 107)

Pour un conducteur sphérique creux limité par les mêmes surfaces ayant les mêmes potentiels V1 et V2, la résistance totale au courant sera : R=ρ4πkr2r1r1r2

De cette analogie en découle une autre entre le flux de force et le courant. Pour une surface quelconque menée à l'intérieur du conducteur, le flux de force est : F=Fdscosα intégrale prise suivant cette surface. D'autre part, l'intensité

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totale du courant qui traverse le conducteur la même surface est égale à : I=1ρFds=Fρ Si l'on considère une surface qui entoure la surface S 1, l'intensité du courant qui la traverse est celle du courant qui passe de S 1 à S 2 ; elle est constante dans toute l'épaisseur du conducteur. D'autre part, le flux de force F=4πkM, ( p. 46) M étant la charge de l'armature interne du condensateur homologue. Il est également constant quelle que soit la surface considérée.

Si au contraire on prend une surface qui n'entoure pas la cavité du conducteur, le flux de force sera nul, et aussi l'intensité du courant qui la traverse : et en effet, la quantité d'électricité que le courant y apporte est égale à celle qu'il en emporte, de sorte que la somme algébrique des quantités d'électricité qui entrent et sortent est nulle.

Une autre analogie est celle qui a suggéré à Ohm la loi qu'il a découverte et vérifiée ensuite.

Rappelons les lois de la conductibilité calorifique. Soit un corps limité par 2 surfaces S 1 S 2, que l'on maintient respectivement aux températures t 1 et t 2. Si l'on prolonge l'expérience, un régime permanent

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finit par s'établir, de telle sorte qu'en chaque point intérieur la température a une valeur constante et déterminée (intermédiaire entre t 1 et t 2.), ainsi que la quantité de chaleur qui traverse le corps en 1 seconde. Ce régime permanent est l'analogue du courant électrique ; la température, du potentiel; et les surfaces isothermes, des surfaces équipotentielles. Le flux de chaleur en un point est donné par la formule : Q=cdtdn c étant le coefficient de conductibilité, et dtdn la dérivée de la température par rapport à la normale à la surface isotherme. D'autre part, le flux d’électricité dans un conducteur analogue, est au point homologue, est : J=Fρ=-1ρdVdn

Posons 1ρ=γ, coefficient de conductibilité électrique : J=γdVdn.

On voit que les deux formules sont de forme identique. C'est cette identité, supposée par Ohm, qui l'a conduit à rechercher si la conductibilité électrique obéit aux mêmes lois que la conductibilité calorifique.

Ainsi à tout problème de flux de chaleur corres- pond un problème de flux électrique, et par l'intermé- diaire de celui-ci, un problème de condensateur. Par exemple, pour connaître la quantité de chaleur qui traverse

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un conducteur creux sera donnée par la formule du courant électrique, en y remplaçant 1ρ=γ par c, et (V1V2) par (t1t2).

On ne sait pas grand chose des conductibilités spéci- fiques des conducteurs électriques : on n'a pas encore trouvé de loi générale qui les relie aux autres propriétés des divers corps, de manière que, connaissant ces propriétés pour un corps, on puisse prévoir& calculer sa conductibilité.

On a remarqué que les corps conducteurs de l’électricité sont opaques et ont l'éclat métallique. Les corps transparents sont au contraire isolants. Ce fait, purement empirique jusqu’ici, dénote une corrélation cachée entre l'électricité et la lumière.

On a aussi remarqué que les corps bons conducteurs de la chaleur sont aussi bons conducteurs de l'électricité. M. M. Wiedemann et Franz avaient cru pouvoir affirmer la proportionnalité des deux conductibilités ; mais on a reconnu que cette proportionnalité n'est pas exacte. Il n'en est pas moins vrai que les corps se rangent dans le même ordre par rapport àauxla deux conductibilités, de sorte qu'elles croissent en même temps & dans le même sens.

On a constaté que tous les métaux solides purs ont une résistance qui croît quand leur température s'élève,

143

et qui est sensiblement proportionnelle à la tempéra- ture absolue. Cette loi n'est pas rigoureuse : la résistance de chaque métal éprouve pour 1 degré une variation un peu plus ou un peu moins grande que 1273.

Les métaux liquides conduisent moins bien l’électricité, ainsi que la chaleur. Mais le mercure solidifié a une résistance quatre fois moindre, de sorte qu'il se comporte comme les métaux solides.

Des impuretés, même faibles, altèrent nottablement la conductibilité : ainsi les alliages conduisent moins bien l'électricité que les métaux purs.

Toutes ces lois empiriques ne sont pas encore expliquées. Pour cela, il faut attendre les progrès de la Chimie, qui découvrira peut-être la constitution des corps.

Des diélectriques (mot inventé par Faraday.)

La propriété caractéristique des conducteurs est que, dans un conducteur dont la charge est en équilibre, le champ électrique est nul. Au contraire, dans un diélectrique, le champ n'est pas nul en général. Par exemple, un électroscope formé de 2 fils métalliques, plongé dans un liquide diélectrique (pétrole) et él diverge quand il est électrisé ( v. voirexpérience contraire ds dans l'eau, p.74).

On sait que dans la formule de Coulomb : F=kmm'r2

144

le coefficient k dépend de la nature du diélectrique. En effet, la répulsion de 2 balles électrisées est plus de 2 fois moindre dans le pétrole que dans l'air. On pourrait mesurer k, pour les liquides, en plongeant la balance de Coulomb dans le liquide à étudier ; mais ce procédé serait incommode. Il vaut mieux employer les formules dérivées de la loi de Coulomb, où figure toujours k ; par exemple, la formule de la capacité d'un condensateur ( v. p. 99) : C=S4πkd

Supposons que cette formule corresponde au cas où le diélectrique est l'air ; si on le remplace par un autre diélectrique, on aura une autre capacité : C'=S4πk'd Donc : C'C=kk' Si k est le coefficient relatif à l'air on pose : kk'=K. Le nombre K est la constante diélectrique du corps employé comme isolant. De même qu'un corps conducteur est caractérisé par sa résistance spécifique un corps isolant est caractérisé par sa constante diélectrique.

On fait l'expérience avec l'électroscope condensateur

125

ne s'y arrête pas plus en remontant qu'en descendant : cette position, qui correspond à x , n'est donc pas observable. Mais si l'on observe le déplacement extrême x , du liquide, on peut le considérer comme proportionnel à x pour un même instrument, et par suite le prendre pour x, puisqu'il ne s'agit que de vérifier des proportionnalités.

Riess a trouvé ainsi que x est proportionnel au carré de la charge ; proportionnel à la capacité pour un même potentiel ; et inversement proportionnel à la capacité pour une même charge.

Ces expériences vérifient seulement la proportionnalité, et non la stricte équivalence de la chaleur et de l'énergie. Toutefois, on constate, en changeant la spirale, que la nature du conducteur est indifférente : la quantité de chaleur dégagée est toujours la même.

On peut intercaler dans le circuit de décharge plusieurs thermomètres de Riess pouvant contenir des spirales différentes. Soient d'abord 2 spirales de même métal et de même section, mais de longueurs différentes l et l' ; on trouve pour les quantités de chaleur dégagées par la même décharge : qq'=ll' ce qui est presque évident. Si l'on met 2 fils de même métal, de même longueur et de sections différentes, s, s',

126

on trouve : qq'=s's.

Cette loi permet de négliger la quantité de chaleur produite par la décharge dans l'excitateur et les fils conducteurs, dont la section est très grande par rapport à celle de la spirale. Enfin, si l'on emploie 2 fils de même longueur et section, mais de métaux différents, on aura : qq'=ρρ' ρ étant un coefficient propre à chaque métal. En résumé, la quantité de chaleur produite dans un fil par une même décharge est proportionnelle à ρls. Cette quantité s’appelle la résistancedu conducteur et se désigne par R. Quant à ρ, c'est le coefficient de résistance spécifique donc que les corps conducteurs se comportent différemment à l'égard des décharges électriques.

La décharge d'un condensateur n'est pas instantanée, parce que la différence de potentiel décroissant progressi- vement, la vitesse se ralentit à mesure : c'est donc un phénomène compliqué ; qui dure et fait long feu. Pour avoir un phénomène plus simple, et uniforme, il faudrait réunir par un fil conducteur deux sources, l'une au à des potentiels différents (et constants). On peut concevoir théoriquement la possibilité d'un tel phénomène. Prenons un condensateur A formé de 2 cylindres pouvant

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glisser l'un dans l'autre : portons l'armature interne au potentiel V 1 l'armature externe au potentiel 0.

Prenons un autre condensateur tout semblable B, dont les armatures soient respectivement aux potentiels V' et 0. réunissions les deux armatures internes par un fil conducteur : les potentiels V et V' tendent à s'égaliser. Pour empêcher ce fait, on retire l'armature Sous cette ligne, l'auteur a dessiné un schéma

interne de A, sa capacité diminue, donc la charge peut diminuer, le potentiel restant constant ; inversement, on enfonce l’armature interne de B, sa capacité augmente, et sa charge augmente à potentiel constant. On peut donc maintenir les potentiels constants malgré une décharge continue de l'électricité le long du fil. La vitesse à imprimer aux 2 armatures dépend de la conductibilité du fil.

Des courants continus.

Faisons abstraction du procédé pratique par lequel on obtient des sources d'électricité, et considérons un fil conducteur dont les extrémités sont maintenues aux potentiels constants V et V'. Il n'y a pas d'équilibre possible sur un tel conducteur ; l'électricité s'écoulera

128

donc d'une manière continue par le fil : c'est ce qu'on appelle un courant.

L'expérience montre que le potentiel varie linéairement le long du fil. Soit l sa longueur totale, x la distance d'un point quelconque du fil à son origine ; V 1 le potentiel à l’origine, V 2 le potentiel à l'extrémité ; soit V le potentiel au point x ; en le mettant en communication avec un condensateur, on mesure ce potentiel, et l'on vérifie la relation suivante : VV1V2V1=xl V=V1+xl(V2V1)

De même, si l'on met 2 points du fil en communication respectivement avec les 2 paires de quadrants de l'électromètre Mascart, on constate que la déviation de l'aiguille est proportionnelle à la distance des 2 points ; on sait d'autre part qu'elle est proportionnelle à la différence de potentiel des 2 paires de quadrants.

La force électrique a une valeur constante tout le long du fil ; en effet, la dérivée du potentiel en un point est : dVdx=V2V1l= C te Constante Par suite, on a : d2Vdx2=0 et comme les autres dérivées secondes sont également nulles (la force ayant la direction du fil), on trouve :

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ΔV=0 Or, en vertu d'un théorème qui ne dépend pas de la forme des conducteurs ni de l'équilibre de leur charge, on a : ΔV=4πkρ Donc : ρ=0 .

Ainsi, la densité électrique est nulle le long du fil, càd c'est-à-dire qu'il n'a pas de charge libre d'électricité. Une certaine charge disparaît à une extrémité, une charge égale reparaît à l'autre ; l'électricité semble passer le long d'un bout à l'autre du fil, mais elle ne passe pas ; le fil semble transporter de l'électricité, mais il n'en contient pas.

Dans l'hypothèse des deux fluides, on peut rendre compte de ce fait en imaginant 2 courant égaux et contraires des 2 fluides : chaque portion du fil contenant des quantités égales des 2 fluides est comme à l'état neutre. Cette théorie peut se préciser dans l'hypothèse atomique : chaque les atomes d'une molécule binaire prendrai t ent une des charges opposées et les transmettraient de proche en proche, de sorte qu'à chaque instant la charge de chaque molécule serait nulle. C'est ce que semble confirmer la théorie de l'électrolyse, et l'on peut admettre que ce qui est vrai des conducteurs liquides l'est aussi des conducteurs solides.

Si dans un même circuit on intercale plusieurs

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conducteurs différents, le potentiel croît ou décroît linéairement dans chacun d'eux. De plus, l'expé- rience montre que la différence de potentiel de leurs extrémités est proportionnelle à leur résistance, de sorte qu'on a les égalités : VV1R1=V1V2R2=V2V3R3= … La valeur de ces rapports, constante dans tout le circuit, et qui caractérise la grandeur du courant, s'appelle son intensité, et se désigne par I ; on a la formule générale : VV'R=aI, a étant un coefficient constant qui dépend seulement du choix des unités.

Ohm a deviné ces lois en présumant l'analogie de la conductibilité électrique avec la conductibilité calorifique ; il les a ensuite vérifiées par l'expérience. Sa découverte passa inaperçue en Allemagne, et resta inconnue en France, où elle fut refaite par Pouillet. Pour vérifier la loi d'Ohm, il suffit de mesurer les différences de potentiel par la méthode électrostatique. On constate d'ailleurs que la Constante I qui caractérise le courant augmente quand croît ce que l'on appelle vulgairement l'intensité du courant. Loi de Joule. En immergeant dans un calorimètre

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des fils divers traversés par un courant, Joule trouva que la quantité de chaleur dégagée par ces fils était proportionnelle à leur résistance, au carré de l'intensité du courant et au temps pendant lequel le courant avait passé. C'est ce que résume la formule : Q=bRI2t b est un coefficient dépendant du choix des unités.

Ni Ohm ni Joule n'ont songé à vérifier le principe de la conservation de l'énergie au moyen de leurs lois. Soit M la quantité d'électricité qu'un courant donné transporte en 1 seconde (on peut la mesurer au moyen d'un condensateur). En t secondes, la quantité est Mt. Cette charge passant du potentiel V 1 au potentiel V 2, le travail effectué ou l'énergie perdue est : W=Mt(V1V2) et, si l'on admet que cette énergie reparaît sous forme de chaleur, on aura (en désignant par J l'équivalent méca- nique de la chaleur) : Q=WJ=MtJV1-V2

D'autre part, si nous combinons les lois d'Ohm et de Joule, nous trouvons la formule analogue : Q=bIta(V1V2)

Ainsi l'intensité du courant est proportionnelle à la

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quantité d'électricité transportée en 1 seconde. Pour que l'identification des 2 formules soit complète, il suffit de poser : baI=MJ.

En conséquence, on est convenu de prendre pour unités d'intensité et de résistance celles qui rendent a égal à 1, et b égal à 1J. Dans ces conditions, on a : I=M, càd c'est-à-dire que l'intensité d'un courant est égale à la quantité d'électricité qu'il transporte par seconde.

Avec les unités ainsi choisies, les lois d'Ohm et de Joule se traduisent par les formules simples et usuelles : V1V2=RI Q=1jRI2t

11e leçon

On introduit souvent dans la formule de la loi d'Ohm la force électromotriceE, càd c'est-à-dire le travail effectué dans la source pour produire l'unité d'électricité. Les deux extrémités du fil conducteur sont en effet réunies par une source qui a pour effet de produire la différence ou chute de potentiel (V1V2). le travail effectué pour produire la masse 1, càd c'est-à-dire pour l'élever du potentiel V 2 au potentiel V 1, est précisément (V1V2). Donc : E=V1V2

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Il faut se garder de confondre la force électromotrice et la différence de potentiel. Toute différence de potentiel suppose une force électromotrice, mais quand il y a une force électromotrice, il n'y a pas toujours une différence de potentiel. La notion de force électromotrice est donc plus générale, comme on le verra dans la théorie de l'induction. La loi d'Ohm se traduit alors sous sa forme habituelle : E=RI

On peut également introduire la force électromotrice dans la formule de la loi de Joule : Q=1JEIt=1JE2Rt.

Ces formules s'appliquent à un courant unique tra- versant un circuit simple, càd c'est-à-dire formé de plusieurs conducteurs mis bout à bout (en série).

On peut se poser un problème plus complexe, en consi- dérant un circuit multiple, formé de conducteurs rami- fiés, dans lesquels sont intercalés des forces électromotrices. Dans ce cas, on applique les corollaires de la loi d'Ohm, dus à Kirchhoff.

Considérons un fil circuit ABCDE composé de plusieurs conducteurs et contenant diverses forces électromotrices. Exprimons la différence de potentiel des 2 extrémités en fonction de l'intensité du courant, des diverses résistances

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et des forces électromotrices, prises positivement ou négativement, suivant qui' elles relèvent ou abaissent le potentiel dans le sens courant : Sous cette ligne, l'auteur a dessiné un schéma

V0V1=IR1 V'1-V2=IR2 V2-V3=IR3 V'3-V=IR4 =ΣIR-E=ΣIR-ΣE=IΣR-ΣE

Considérons maintenant un circuit multiple ABCDEF, dans lequel sont intercalés des En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma forces électromotrices quelconques en des points quelconques.

Prenons un sommet, A par exemple : chacun des fils qui y aboutissent est parcouru par un courant ; on considère comme positifs ceux qui apportent de l'électricité en A, comme négatifs ceux qui en emportent. Comme on suppose le régime permanent établi, le potentiel du point A est constant, donc la quantité d'électricité qu'il reçoit en 1 seconde est nulle. Cette quantité est égale à la somme algébrique des intensités des courants aboutissant à ce sommet : d'où : I=0

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On aura autant d'équations de cette forme qu'il y a de sommets dans le circuit.

Prenons maintenant un circuit fermé simple, par exemple ABF. On considère comme positifs les courants dans le sens ABF, comme négatifs les courants de sens contraire. Soient V 1 V 2 V 3 les potentiels aux 3 sommets ; on aura pour la portion AB : V1V2=AB(IRE) pour BF : V2-V3=bfIR-E pour FA : et pour le circuit total : ou : ΣIR=ΣE

On obtient autant d'équations de cette forme qu'on peut former de circuits simples fermés avec des portions du circuit multiple.

Seulement toutes ces équations ne sont pas indépen- dantes : en effet, tandis que le nombre des équations est la somme du nombre des sommets et du nombre des circuits simples. Par exemple, dans le un circuit ramifié une fois, il y a 3 fils, 2 sommets et 3 circuits simples, donc 5 équations pour 3 inconnues. Il y en a donc 2 qui sont la conséquence des autres. En effet, les 2 sommets

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donnent lieu à la même équation : En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma I=i+i' De même, l'équation du 3e circuit simple (par ex : ADBE) est la conséquence de celles des 2 premiers (ACBD, ACBE).

Nous avons jusqu'ici considéré les courants continus dans des fils. Mais, chaque fois que la distribution de l'électricité change dans un conducteur, il se produit des courants temporaires. Lorsqu'on met 2 conducteurs en communication par un fil, le courant qui suit le fil n'est que la résultante des courants qui sillonnent les 2 conducteurs.

Nous traiterons seulement le problème des courants continus dans les conducteurs. Pour cela, nous supposons le régime permanent établi, et par cuite le potentiel constant en chaque point.

Imaginons un conducteur creux et fermé, dont la surface interne S 1, est au potentiel V 1, et la surface externe S 2 au poten- tiel V 2. Entre des 2 surfaces, le potentiel varie d'une manière continue ; considérons la surface S de potentiel V (intermé- diaire entre V1 et V2). La force électrique est normale à cette surface en chaque point. Détachons-en autour du point M un élément ds, et construisons sur lui un petit cylindre normal à la

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surface, de hauteur dn, et terminé par une surface équipotentielle infiniment voisine (V+dV). Appliquons la loi d'Ohm à ce petit conducteur : sa résistance est : R=ρls=ρdnds

Donc l'intensité du courant qui le traverse est : I=dVρdnds

Nous définirons l'intensité du courant au point M, rapporté à l'unité de surface, par l'équation : I=Jds

D'où : Jds=dVρdnds J=-1ρ·dVdn.

Or la force au point M, rapportée à l'unité d’électricité, est précisément : F=dVdn Donc : J=Fρ.

Appliquons la loi de Joule au même petit conducteur. La quantité de chaleur qui y est produite est : Q=1J×F2ρ2ds2×ρdnds×t=tJF2ρdnds Or dn ds est le volume du petit cylindre, soit ds : donc : Q=tj·F2ρdv.

La quantité d'énergie dissipée en 1 seconde dans cetpetit élément du conducteur est : dW=F2ρds

Proposons-nous de déterminer la résistance totale R du conducteur, càd c'est-à-dire celle d'un fil qui, ayant la même

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différence de potentiel entre ses extrémités, serait traversé par le même courant (la même quantité d'électricité par seconde). Cette résistance est, en vertu de la loi d'Ohm : R=V1V2I Or I, intensité totale du courant, est l'intégrale de Jds étendu à une surface équipotentielle quelconque S : Or Fds est justement le flux de force F qui traverse la surface équipotentielle S. On a donc finalement : R=ρV1-V2F

Signalons une analogie curieuse qui s'établit, par le moyen des formules, entre ce problème d'Electrodynamique et un problème tout différent d'Electricité statique. Imaginons un condensateur ayant pour armatures les surface S 1 et S 2, l’intervalle étant rempli par de l'air, et cherchons sa capacité C. La charge de l'armature interne étant M, on a l'équation ( v. p. 99) : M=C(V1V2) Or M est l'intégrale de la densité de l'armature : μds.

D'autre part, on sait ( p. 78) que : 4πkμ=F. Donc : M=Fds4πk=14πkFds=F4πk et par suite : C=F4πkV1-V2

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Remarquons que le flux de force est le même que dans le problème précédent : multiplions membre à membre les deux formules, celle de R et celle de C :

RC=ρ4πk= Const. Constante

Ainsi la capacité du condensateur est en raison inverse de la résistance du conducteur conjugue homologue. Si l'on sait calculer la capacité d'un condensateur, on connaîtra par la même la résistance d'un conducteur (de matière déterminée, ayant une résistance spécifique ρ) qui remplirait l'intervalle des deux armatures.

Exemple : On sait que la capacité d'un condensateur sphérique, dont les armatures ont les rayons r 1 et r 2, est : C=1k×r1r2r2r1 ( p. 107)

Pour un conducteur sphérique creux limité par les mêmes surfaces ayant les mêmes potentiels V1 et V2, la résistance totale au courant sera : R=ρ4πkr2r1r1r2

De cette analogie en découle une autre entre le flux de force et le courant. Pour une surface quelconque menée à l'intérieur du conducteur, le flux de force est : F=Fdscosα intégrale prise suivant cette surface. D'autre part, l'intensité

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totale du courant qui traverse le conducteur la même surface est égale à : I=1ρFds=Fρ Si l'on considère une surface qui entoure la surface S 1, l'intensité du courant qui la traverse est celle du courant qui passe de S 1 à S 2 ; elle est constante dans toute l'épaisseur du conducteur. D'autre part, le flux de force F=4πkM, ( p. 46) M étant la charge de l'armature interne du condensateur homologue. Il est également constant quelle que soit la surface considérée.

Si au contraire on prend une surface qui n'entoure pas la cavité du conducteur, le flux de force sera nul, et aussi l'intensité du courant qui la traverse : et en effet, la quantité d'électricité que le courant y apporte est égale à celle qu'il en emporte, de sorte que la somme algébrique des quantités d'électricité qui entrent et sortent est nulle.

Une autre analogie est celle qui a suggéré à Ohm la loi qu'il a découverte et vérifiée ensuite.

Rappelons les lois de la conductibilité calorifique. Soit un corps limité par 2 surfaces S 1 S 2, que l'on maintient respectivement aux températures t 1 et t 2. Si l'on prolonge l'expérience, un régime permanent

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finit par s'établir, de telle sorte qu'en chaque point intérieur la température a une valeur constante et déterminée (intermédiaire entre t 1 et t 2.), ainsi que la quantité de chaleur qui traverse le corps en 1 seconde. Ce régime permanent est l'analogue du courant électrique ; la température, du potentiel; et les surfaces isothermes, des surfaces équipotentielles. Le flux de chaleur en un point est donné par la formule : Q=cdtdn c étant le coefficient de conductibilité, et dtdn la dérivée de la température par rapport à la normale à la surface isotherme. D'autre part, le flux d’électricité dans un conducteur analogue, est au point homologue, est : J=Fρ=-1ρdVdn

Posons 1ρ=γ, coefficient de conductibilité électrique : J=γdVdn.

On voit que les deux formules sont de forme identique. C'est cette identité, supposée par Ohm, qui l'a conduit à rechercher si la conductibilité électrique obéit aux mêmes lois que la conductibilité calorifique.

Ainsi à tout problème de flux de chaleur corres- pond un problème de flux électrique, et par l'intermé- diaire de celui-ci, un problème de condensateur. Par exemple, pour connaître la quantité de chaleur qui traverse

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un conducteur creux sera donnée par la formule du courant électrique, en y remplaçant 1ρ=γ par c, et (V1V2) par (t1t2).

On ne sait pas grand chose des conductibilités spéci- fiques des conducteurs électriques : on n'a pas encore trouvé de loi générale qui les relie aux autres propriétés des divers corps, de manière que, connaissant ces propriétés pour un corps, on puisse prévoir& calculer sa conductibilité.

On a remarqué que les corps conducteurs de l’électricité sont opaques et ont l'éclat métallique. Les corps transparents sont au contraire isolants. Ce fait, purement empirique jusqu’ici, dénote une corrélation cachée entre l'électricité et la lumière.

On a aussi remarqué que les corps bons conducteurs de la chaleur sont aussi bons conducteurs de l'électricité. M. M. Wiedemann et Franz avaient cru pouvoir affirmer la proportionnalité des deux conductibilités ; mais on a reconnu que cette proportionnalité n'est pas exacte. Il n'en est pas moins vrai que les corps se rangent dans le même ordre par rapport àauxla deux conductibilités, de sorte qu'elles croissent en même temps & dans le même sens.

On a constaté que tous les métaux solides purs ont une résistance qui croît quand leur température s'élève,

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et qui est sensiblement proportionnelle à la tempéra- ture absolue. Cette loi n'est pas rigoureuse : la résistance de chaque métal éprouve pour 1 degré une variation un peu plus ou un peu moins grande que 1273.

Les métaux liquides conduisent moins bien l’électricité, ainsi que la chaleur. Mais le mercure solidifié a une résistance quatre fois moindre, de sorte qu'il se comporte comme les métaux solides.

Des impuretés, même faibles, altèrent nottablement la conductibilité : ainsi les alliages conduisent moins bien l'électricité que les métaux purs.

Toutes ces lois empiriques ne sont pas encore expliquées. Pour cela, il faut attendre les progrès de la Chimie, qui découvrira peut-être la constitution des corps.

Des diélectriques (mot inventé par Faraday.)

La propriété caractéristique des conducteurs est que, dans un conducteur dont la charge est en équilibre, le champ électrique est nul. Au contraire, dans un diélectrique, le champ n'est pas nul en général. Par exemple, un électroscope formé de 2 fils métalliques, plongé dans un liquide diélectrique (pétrole) et él diverge quand il est électrisé ( v. voirexpérience contraire ds dans l'eau, p.74).

On sait que dans la formule de Coulomb : F=kmm'r2

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le coefficient k dépend de la nature du diélectrique. En effet, la répulsion de 2 balles électrisées est plus de 2 fois moindre dans le pétrole que dans l'air. On pourrait mesurer k, pour les liquides, en plongeant la balance de Coulomb dans le liquide à étudier ; mais ce procédé serait incommode. Il vaut mieux employer les formules dérivées de la loi de Coulomb, où figure toujours k ; par exemple, la formule de la capacité d'un condensateur ( v. p. 99) : C=S4πkd

Supposons que cette formule corresponde au cas où le diélectrique est l'air ; si on le remplace par un autre diélectrique, on aura une autre capacité : C'=S4πk'd Donc : C'C=kk' Si k est le coefficient relatif à l'air on pose : kk'=K. Le nombre K est la constante diélectrique du corps employé comme isolant. De même qu'un corps conducteur est caractérisé par sa résistance spécifique un corps isolant est caractérisé par sa constante diélectrique.

On fait l'expérience avec l'électroscope condensateur

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qu'on charge, et dont on écarte les plateaux d'une quantité fixe : les feuilles divergent. On introduit entre les plateaux une lame de paraffine : les feuilles se rapprochent : donc la capacité du condensateur a augmenté (C'>C, donc k'<k ; K>1).

12 e leçon

Il s'agit de vérifier par expérience l'existence de la constante diélectrique, par exemple, en cherchant si la loi de Coulomb régit les condensateurs à lame diélectrique comme les condensateurs à lame d'air étudiés jusqu'ici. On peut notamment vérifier si les capacités de deux condensateurs identiques, mais de lames différentes, sont dans un rapport constant.

Cavendish a eu le premier la notion des capacités électriques, et l'idée de les comparer de la manière suivante. Soient deux condensateurs identiques AB, A'B' ; on porte les armatures A, A' au potentiel V, et les armatures B, B' au potentiel 0 ; on réunit les armatures en croix (AB', BA') et sur l'un des fils de communication on place sur électroscope. Si les capacités sont égales, les charges s'équilibrent, et il ne passera pas d'électricité : l’électroscope ne diver- gera pas. Ayant ainsi un criterium d'égalité pour

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les capacités, on pourra mesurer la capacité d'un conden- sateur donné en la comparant à des capacités connues et graduées. Cavendish a eu le premier l'idée d'employer un répertoire de capacités analogue à une boîte de poids. Mais cette méthode donnerait dans la pratique de médiocres résultats.

2° Méthode de Faraday. Soient deux conducteurs de capacités C et C', respectivement aux potentiels V et O. Mettons-les en communication ; ils prennent le potentiel commun x. Leur charge étant la même, on a l'équation : CV=(C+C')x x=CVC+C' Si , x=V2.

Inversement, si le potentiel diminue de moitié, c'est que les 2 capacités sont égales. Dans tous les cas, le rapport du nouveau potentiel x à l'ancien V est égal au rapport de C à C+C', et donne par suite le rapport de C à C'.

Pour constater que le potentiel du 1er conducteur a varié dans un certain rapport, il suffit de constater que la densité électrique en un même point de sa surface a varié dans le même rapport. Par exemple, on prendra 2 condensateurs sphériques, l'un A à lame d'air, l'autre B à lame diélectrique ; on charge A, et on le

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touche avec un plan d'épreuve ; on met ensuite A en contact A et avec B (à l'état neutre) et l'on touche A avec un autre plan d'épreuve. On porte les deux plans d'épreuve dans la balance de Coulomb, pour mesurer leurs charges : le rapport de ces charges est celui des densités et par conséquent des potentiels V et x.

Faraday employait des condensateurs sphériques, mais il ne remplissait que la moitié de la cavité avec le diélectrique à étudier (soit une calotte hémisphérique). Il admettait que l'effet du diélectrique était la moitié de celui qu'il aurait produit s'il avait rempli toute la cavité ; hypothèse assez incorrecte. Il constate que tous les diélectriques augmentent la capacité d'un conden- sateur à lame d'air. Leurs constantes diélectriques sont donc supérieures à 1.

3° Pour vérifier la constance de K, évaluons l'attrac- tion exercée par une plateau du condensateur sur l'autre. La tension électrique étant donnée par la formule : τ=2πkμ2 la force qui s'exerce sur la surface S du plateau est : F=2πμ2S.

Soient V 1, V 2 les potentiels des 2 armatures, d leur distance ; la densité a pour expression :

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μ=14πk×V1V2d et par suite la force : F=S8πkV1-V2d2

Si l'on remplace l'air par un autre diélectrique, auquel correspond (par hypothèse) une autre constante k', on aura une autre force : F'=S8πk'V1V2d2 Donc : F'F=kk'=K

On vérifie l’hypothèse en constatant que le rapport des forces est constant, quelles que soient les différences de potentiel et la distance.

Ainsi, si l'on dans un condensateur à plateaux on remplace l'air (ou le vide) par un diélectrique, le rapport de l'attraction nouvelle à l'ancienne est constant, et égal à la constante de ce diélectrique.

C'est là le principe de plusieurs méthodes destinées à mesurer les constantes diélectriques des liquides.

4° On peut recourir à la formule de l'énergie électrique : W=12MV où le coefficient k n’intervient pas directement, mais par la charge. Si dans un condensateur on remplace l'air par un diélectrique, on change sa capacité, donc sa charge ( à potentiel égal), et par suite son énergie :

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W=12CV2 W'=12C'V2 Donc : W'W=C'C=K2

Pour mesurer les énergies ou du moins leur rapport, on peut employer le thermomètre de Riess ( p.124).

En résumé, toutes les formules obtenues pour les condensateurs peuvent servir à mesurer les constantes diélectriques. Elles prouvent en même temps l'existence de ces constantes, et par conséquent l'existence de la d'une constante k propre à chaque diélectrique, càd c'est-à-dire que les diélectriques obéissent à la loi de Coulomb.

Nous avons toujours considéré jusqu’ici le cas d'un seul milieu diélectrique. Et en effet, dans un condensateur fermé, le diélectrique intérieur seul importe, puisque le système est absolument indépendant de l'extérieur.

Dans le cas de plusieurs diélectriques différents, la loi de Coulomb n'est plus applicable, car elle a été établie pour un milieu homogène. Elle ne peut nous apprendre pas ce qui se passe arrive quand on passe d'un diélectrique dans un autre.

Considérons un condensateur à plateaux, dont la distance est d ; interposons une lame diélectrique d'épaisseur e, parallèlement aux plateaux. L'expérience montre que :

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1° L'effet est indépendant de la position du diélectrique (lors même qu'il est en contact avec l'une ou l'autre des armatures) ; 2° L'effet est le même que si l'on rapprochait les plateaux de la distance : eK.

Nous avons trouvé que, dans le cas où la lame d'air est entièrement remplacée par une lame diélectrique, la capacité est multipliée par K, ce qui revient à diviser par K la distance des 2 armatures ( p.144). Ainsi une lame diélectrique interposée entre les plateaux du condensateur produit le même effet, qu'elle remplisse ou non l’intervalle.

Dans le condensateur primitif (à lame homogène) la distribution du potentiel entre les 2 plateaux était linéaire, les surfaces de niveau étaient équidistantes. Dans le nouveau condensateur, les surfaces de niveau sont encore équidistantes dans l'air, d'une part, et dans la lame diélectrique, d'autre part ; mais, comme la lame correspond à une couche d'air d'épaisseur eK, la distance des surfaces équipotentielles à son intérieur est égale à leur distance dans l'air multipliée par K.

Or on sait que : F=dVdn dn étant la distance de 2 surfaces équipotentielles

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dont la différence de potentiel est dV, augmente dans le rapport K ; donc la force exercée à l'intérieur de la lame sur l'unité d'électricité est réduite dans la même rapport K. Elle est d'ailleurs constante dans toute l'épaisseur de la lame.

Ainsi la force varie brusquement d'un côté à l'autre de la surface de séparation de 2 diélectriques. On va la faire rentrer dans le cas d'application de la loi Coulomb au moyen d'un artifice.

Lorsqu'on traverse la surface d'un conducteur, on sait que la composante normale de la force varie brusquement de 4πkμ.

Quand on traverse la surface d'un diélectrique, la force, qui à l'extérieur (dans l'air ou dans le vide) était F, devient FK. L'effet produit est donc le même que si l'on rempla- çait le diélectrique par un conducteur portant une distribution d'électricité dont la densité μ' serait déterminée par l'équation : FFK=4πkμ' μ'=F4πk·K-1K le coefficient k correspondant au milieu extérieur. Seulement, ce n'est là qu'une fiction, car il n'y a pas d'électricité à la surface d'un diélectrique, comme on

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peut s'en assurer avec un plan d'épreuve. Mais cette fiction permet de ramener les problèmes de diélectriques aux problèmes de conducteurs, auxquels s'applique la loi de Coulomb. Ce n'est qu'une traduction analytique des lois expérimentales, destinée à les soumettre au calcul. Grâce à cet artifice, on ramène le cas de plusieurs diélectriques au cas d'un seul.

Par exemple, les théorèmes relatifs au flux de force subsistent encore dans cette hypothèse. Considérons en effet un élément ds de la surface d'un diélectrique : circonscrivons-lui un cylindre normal terminé par deux surfaces équipotentielles infiniment voisines. Le flux de force qui traverse la face externe est Fds, celui qui traverse la face interne est Fκds ; celui qui traverse la surface latérale du cylindre est nul. Le flux de force totale qui pénètre dans le cylindre n'est pas nul : FFκds=κlκFds.

Mais, en vertu de la fiction, on doit supposer que la surface du diélectrique porte une distribution μ', donc la charge fictive de l'élément ds est μ'ds. Or la densité μ' est : F4πk·Κ-1Κ On a donc identiquement : Κ-1ΚFds=4πkμ'ds

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formule du théorème du flux de force ( p. 46).

Les propositions précédentes fournissent une méthode très commode pour déterminer la constante des diélectriques solides : car on n'est pas obligé de remplir tout l'intervalle des armatures avec la lame diélectrique (dont le frottement électriserait les plateaux).

Cherchons maintenant comment varie le champ électrique à l'intérieur d'un diélectrique. En vertu de l'hypothèse précédente, et si elle est bien conforme aux faits, la composante normale de la force doit varier de 4πkμ' en traversant la surface du diélectrique.

Soit F la force dans le champ extérieur, X sa composante tangentielle, Y sa composante normale. On doit supposer que celle-ci varie dans le rapport 1K comme dans le cas du condensateur ; on doit donc avoir : Y-YΚ=4πkμ' Y'=YΚ.

La composante X restant la même, les lignes de force se réfractent en traversant la surface du diélectrique. Calculons leur loi de réfraction ; soit i leur angle d'incidence, r l'angle de réfraction : En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma tgi̲=XY tgr=XY' D'où l'on tire : tgrtgi=YY'=K

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Il est difficile de vérifier directement cette formule. Mais on peut pousser plus loin les déductions fondées sur l'hypothèse, et en tirer des conséquences vérifiables. Par exemple, Boltzmann a calculé l'action d'une grosse sphère conductrice électrisée sur une petite sphère diélectrique (c'est le problème du pendule électrique).

Il a trouvé que le rapport de l'attraction exercée est à celle qui subirait une petite sphère conductrice de même volume et de même position dans le rapport K1K+2 Ainsi l'attraction exercée sur un diélectrique est moindre que celle qui s'exerce sur un conducteur dans les mêmes conditions.

Boltzmann, admettant la vérité de cette formule, a mesuré par ce procédé diverses constantes diélectriques, et a trouvé des résultats conformes à ceux qu'on avait obtenus par d'autres méthodes. C'est donc une vérifica- tion très délicate de l'hypothèse d'où l'on est parti.

Boltzmann a ainsi étudié certains corps qu'on obtient que sous forme de petits cristaux, en taillant de petites sphères dans un cristal de soufre, par ex. Il a trouvé qu'un cristal a 3 constantes diélectriques différentes suivant ses 3 axes principaux. On sait que les cristaux ont aussi 3

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constantes élastiques et 3 indices de réfraction. C'est là une analogie très intéressante.

Jusqu'ici nous avons nettement distingué deux classes de corps : les conducteurs et les diélectriques. Or, en dehors de l'air parfaitement sec, il n'y a pas de corps absolument isolant. Dans un bon diélectrique, comme le pétrole, un condensateur se décharge lente- ment. Si l'on essaie d'électrolyser le un pétrole conducteur, sa conductibilité diminue, ce qui fait supposer qu'elle tient à des impuretés.

On peut mesurer à la fois la constante diélectrique et la conductibilité d'un diélectrique imparfait, qui forme la lame isolante d'un condensateur. Supposons le diélectrique parfait, et remplaçons-le par un fil de grande résistance R qui relie les 2 armatures. Plaçons ce condensateur imparfait en série avec un condensateur parfait (à lame d'air) dans le circuit d'une pile : on ferme le circuit pendant un temps très court t (au moyen d'un commutateur automatique). Soient V et V 1 les potentiels des armatures du condensateur à air, V 1 et V 2 ceux des armatures du mauvais condensateur. La charge du 1 er sera : M=C(VV1)

La charge du 2 e sera égale à celle du 1 er, mais elle

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comprend, outre la charge fixe, la quantité d'électricité qui s'est écoulée par le fil pendant le temps t : M=C'(V1V2)+V1V2Rt. En supposant que la résistance du circuit extérieur est négligeable (fils gros et courts), la force électromotrice est : E=VV1+V1V2=VV2. On décharge le 1 er condensateur, et l'on mesure sa charge M ; connaissant connaissant sa capacité C, on calcule VV1 ;

D'autre part, connaissant E, on en tire V1V2 ; enfin l'on connaît t. Il reste 2 inconnues, C' et R. On les déterminera en faisant 2 expériences de durée différente. Au moyen de C' on calcule K, constante diélectrique de la lame isolante ; au moyen de R, on calcule sa résistance spécifique ρ.

La plupart des expérimentateurs ont disposé les appareils de telle sorte que t soit négligeable, et par suite aussi la quantité d'électricité qui fait par le mauvais diélectrique. Ils obtenaient ainsi C' et par suite K seulement. Mais cette méthode est moins rigoureuse et ne donne pas la conductibilité du diélectrique.

Maxwell a été conduit par des considérations théoriques à énoncer une relation curieuse entre la constante diélectrique K d'un corps et son indice de réfraction

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n : K=n2. Mais cette relation n'est pas vérifiée par l'expérience. Elle est paraît vraie pour les gaz, dont les constantes diélectriques sont toutes très voisines de 1. Mais comme leurs indices de réfraction sont aussi fort voisines de 1, les mesures sont peu exactes et la vérification est peu probante.

Pour les liquides communs, l'indice de réfraction varie entre 1,33 et 1,5. Leurs constantes diélectriques ne varient guère plus, et sont bien de l'ordre de n 2. Seulement, l'ordre des K croissants n'est pas exacte- ment le même que celui des n croissants, de sorte que la loi n'est pas rigoureuse. Enfin, pour les mauvais diélectriques, elle n'est plus du tout vraie : par exemple l'eau a pour indice de réfraction 43=1,33 : et or sa constante diélectrique est environ 80 (de 78 à 82).

En revanche, la loi est plus exacte quand on prend pour n l'indice de réfraction des ondulations élec- triques (et non plus lumineuses). Il semble donc que la relation : K=n2 soit plutôt applicable aux oscillations hertziennes, dont on parlera plus tard.

La constante diélectrique d'un corps varie très peu (comme son indice de réfraction). Ainsi celle du mica

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(qui sert d'isolant dans les condensateurs étalons) est 8. Or il n'a pas de conductibilité sensible à la température ordinaire, tandis qu'à 400° sa conductibilité devient nottable (800 à 1000 fois plus grande). Sa constante diélectrique reste au contraire la même.

De même, la conductibilité de la glace à 0° est déjà beaucoup plus faible que celle de l'eau, et elle diminue énormément avec la température ; mais la glace à -23° a encore la même constante diélectrique que l'eau.

Les sels en dissolution (électrolytes) sont conducteurs. Solides, ils sont bien moins conducteurs, et deviennent diélectriques en se refroidissant.

Dans ce cas, on ne peut plus alléger les impuretés : il faut donc bien admettre que le sel lui-même est à la fois conducteur et diélectrique, à l'état pur.

En résumé, pour une durée suffisamment courte, tous les corps sont diélectriques : pour une durée suffisamment longue, ils sont tous conducteurs. La différence des conducteurs et des diélectriques n'est donc qu'une affaire de temps.

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13 e leçon Machines électriques.

Les machines électriques sont des appareils destinés à produire entre des conducteurs une certaine différence de potentiel.

Si l'on dispose d'une différence de potentiel, si faible qu'elle soit, on peut par un travail mécanique obtenir une différence de potentiel aussi grande qu'on veut.

Soit V1V2 la différence de potentiel dont on dispose. On l'emploie à charger un condensateur à plateaux dont la distance (très petite) est ε. La charge correspondante est : M=S4πkε(V1V2) Puis on sépare les plateaux et on les éloigne à l'infini ( c-à-d c'est-à-dire assez pour que leur influence mutuelle soit négligeable). Soit C la capacité d'un plateau seul ; son potentiel x est déterminé par la relation : Cx=S4πkε(V1V2)x=S4πkεC(V1V2) De même, l'autre plateau prend le potentiel -x ; leur différence de potentiel est donc 2x : 2xV1-V2=S2πkεC On voit que son rapport à l'ancienne différence de potentiel est d'autant plus grand que ε est plus petit. Pour un plateau circulaire, on a :

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C=r÷π2=2ππ S=πr2 SC=π2r2 2x=πr4kε(V1V2)

Le travail mécanique est celui qu'on dépense en éloignant les 2 plateaux malgré leur mutuelle attraction. Mais le travail mécanique ne peut produire d'électricité par lui-même, si l'on n' a pas une différence de potentiel.

Reste à trouver des différences de potentiel données, c-à-d c'est-à-dire des sources naturelles d’électricité.

Expérience de Galvani sur la grenouille. En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma

Où est la source d'électricité dans le circuit ABC formé par les 2 fils de cuivre et de zinc et la grenouille ? Selon Galvani, c'était dans les tissus de la grenouille ; et cette opinion est plausible, car il y a des animaux qui produisent l'électricité (torpille, gymnote). Selon Volta, c'était dans le contact A des 2 métaux : la grenouille jouait le rôle d'un simple conducteur, ou d'un électroscope. Enfin, selon Fabroni, c'était au contact des métaux avec les tissus baignés de liquides organiques (en B et C) ; et en effet, il est possible qu'il s'yse produit une action chimique capable d'engendrer un courant (comme le prouve l'exemple des piles chimiques).

Mais Volta n'avait pas tort non plus, car il parvint

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à produire de l'électricité sans réaction chimique ni tissu organique, en touchant son électroscope condensateur avec le cuivre d'une lame bimétallique dont on tient le zinc à la main. Pourtant, les partisans de Fabroni pouvaient alléger l'action chimique de la main de l'opérateur sur le zinc.

Péclet et Pfaff ont encore simplifié l'expérience : l'arc bimétallique se termine par des plateaux En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schéma des mêmes métaux, placés l'un en face de l'autre et très rapprochés : ils se chargent ; si l'on supprime le contact des plateaux avec l'arc et qu'on les éloigne l'un de l'autre, on les trouve chargés d'électricité contraire. Ici aucune action organique ou chimique n'intervient plus. Mais il y a encore un intermédiaire, l'air. Or M. Pellat a montré que la charge des plateaux et par suite leur différence de potentiel n'est pas tout à fait la même quand on opère dans le vide ou dans un autre gaz que l'air. Il faut donc tenir compte de l'influence du diélectrique.

On a essayé de composer le circuit avec 2 métaux seule- ment, en sondant aux deux bouts un arc de cuivre et un arc de zinc. Mais on n'a ainsi obtenu aucun courant. Volta expliquait simplement ce fait en disant que les

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forces électromotrices produites par les deux soudures, étant égales ou contraires, se neutralisent mutuellement. De même, dans une chaîne formée de plusieurs métaux, chaque métal étant à un potentiel constant, la somme algébrique des différences de potentiel est nécessairement nulle, et par suite la force électromotrice du circuit. C'est ce que Voltaappelait la loi des tensions (Il appelait tension ce que nous nommons potentiel).

On lui a objecté que les forces électromotrices qu'il supposait à chaque contact de métaux différents, ne pouvaient exister, attendu qu'un contact ne peut produire produitfournit pas de travail ; mais c'est abuser du principe de l'équi- valence, qui n'a de valeur qu'en Thermodynamique.

On sait que si, dans une chaîne de plusieurs métaux soudés, on chauffe une des soudures, on produit un courant, ce qui n'arrive pas quand on chauffe un seul métal. Ce fait suffit à prouver que la soudure est le siège d'une force électromotrice. Quand toutes les soudures sont à la même température, Les forces électromotrices se neutralisent, comme on vient de le dire ; mais si l'on chauffe une des soudures, on augmente sa force électromotrice et l'on détruit l'équilibre. Ce fait met donc en évidence la différence de potentiel de deux corps

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hétérogènes en contact.

Il y a aussi des forces électromotrices au contact d'un corps conducteur et d'un diélectrique : car l'expérience de M. Pellat prouve l'influence du diélectrique gazeux sur le courant produit par les 2 métaux soudés.

Le potentiel étant constant dans chaque conducteur homogène, il faut qu'il varie dans la surface de contact ; aussi Helmholz la considère-t-il comme un condensateur. Cette surface est en réalité une couche d'épaisseur molécu- laire où les les 2 métaux sont modifiés et confondus. Le zinc par ex. a une charge positive et un potentiel V 1 ; le cuivre a une charge négative et un potentiel V2<V1. De même que les charges s'accumulent dans les deux plateaux, de même elles s'accumulent dans la couche intermédiaire des 2 métaux. Pour expliquer que les deux charges contraires et si voisines ne se réunissent pas, il faut admettre que chaque métal attire l'électricité dont il est chargé plus que les 2 électricités ne s'attirent entre elles. Cela est conforme à la théorie unitaire, où l'on tient compte de l'attraction de la matière sur l'électricité.

Voilà tout ce qu'on sait sur la force électromotrice due au contact. Elle est néanmoins le principe des machines électriques à frottement, dont la machine de Ramsden est le type.

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Machine de Ramsden. Pour simplifier, imaginons qu'au lieu d'embrasser le plateau de verre avec des peignes le conducteur l'enveloppe et soit en contact avec lui. Le contact du verre et du coussin développe une force électro- motrice ; les contact du plateau avec le conducteur surfaces en contact forment le condensateur : si on les éloigne l'un de l’autre, ils seront portés à un haut potentiel. Mais pour cela, il faut que l'un des corps soit diélectrique : car s'ils étaient tous deux conducteurs, comme on ne peut les séparer instantanément, les électricités contraires s'écoulent et se réunissent par le dernier point de contact. Quand on tourne le plateau de verre, il reste chargé d'électricité à un haut potentiel V, et passe à l'intérieur du conducteur, auquel il cède sa charge, jusqu'à ce que le conducteur arrive lui-même au potentiel Vε (ε étant la différence de potentiel maxima entre le verre et le conducteur).

Le travail mécanique est dépensé à séparer le verre du coussin qui l'attire ; mais il est beaucoup plus faible que celui qui provient du frottement.

Les peignes qui terminent le conducteur sont destinés à permettre l'échange des électricités et la neutralisation du plateau, tout en supprimant le contact et par suite le frottement.

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La théorie des machines électriques à influence est plus simple et plus claire. Nous prendrons pour type le replenisher de lord Kelvin, qui se compose essen- tiellement de 3 organes, tous conducteurs : 1° les porteurs ; 2° les inducteurs ; 3° les récepteurs.

Les porteurs sont des sphères A, B portées En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schéma par un levier qui tourne dans un plan vertical. Quand le levier est horizontal, elles viennent toucher des balais qui les mettent en communication avec le sol.

En face de cette position horizontale se trouvent les inducteurs I, I', qui sont des sphères électrisées au préalable en sens contraire. Un peu plus loin (dans le sens de la rotation) se trouvent les récepteurs R, R', qui communiquent respectivement avec les inducteurs opposés, et qui portent des ressorts que les sphères A, B viennent toucher en tournant. Cela posé, et I étant électrisé positivement, A s'électrise négativement sous l'influence de I en passant auprès (l’électricité positive s'écoule dans le sol), et il se décharge aussitôt sur R. Il augmente ainsi la charge négative de R et par suite de I' ; en même temps B, se déchargeant sur R', augmente la charge positive de I

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A et B étant déchargés, le même phénomène se produit quand ils viennent passer I' et I, et avec plus d'intensité. On peut calculer l'augmentation de potentiel à chaque demi-tour. Soit C la capacité de chacun des systèmes (symétriques) R+I' et R'+I. Soient V 1, V 2 les potentiels primitifs des inducteurs I, I'. Leurs charges primitives seront respectivement : M1=CV1 M2=CV2

Les porteurs, étant au potentiel 0, reçoivent des charges proportionnelles aux potentiels des inducteurs : Q1=aV1 Q2=aV2 puis ils les communiquent aux récepteurs, dont les charges deviennent en conséquence : M'1=M1+Q2=CV1aV2=CV'1 M'2=M2+Q1=CV2aV1=CV'2 V' 1, V' 2 étant les nouveaux potentiels de I, I' ; d'où : C(V'1V'2)=C(V1V2)+a(V1V2) ou : V'1V'2=(V1V2)1+aC

Ainsi la différence de potentiel après un demi-tour est égale à la précédente multipliée par 1+aC>1. Elle croît donc en progression géométrique ; et d'autant plus rapidement que C est plus petit et a plus grand.

Une telle machine est réversible : si on la fait tourner

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en sens inverse, on diminue la différence de potentiel en déchargeant progressivement les récepteurs, de sorte qu'on peut obtenir telle différence de potentiel qu'on veut. En même temps, on recouvre du travail au lieu d'en dépenser, à cause de parce que l'attraction des inducteurs sur les porteurs favorise le mouvement au lieu de le contrarier.

Il en résulte qu'une machine électrique de ce genre peut, grâce à la réversibilité, devenir un moteur électrique. En effet, si l'on accouple les récepteurs de 2 machines semblables, et qu'on fasse tourner l'une dans le sens direct, elle consommera du travail et produira de l'élec- tricité ; l'autre se mettra à tourner en sens inverse, en perdant de l'électricité et en produisant du travail.

Lord Kelvin a imaginé une machine de ce genre qui fonctionne automatiquement, au moyen d'un appareil à écoulement : les inducteurs et les récepteurs En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schéma sont des tubes cylindriques dans lesquels tombent les gouttes d'eau qui jouent le rôle de porteurs. Les gouttes, en communication avec le sol par le robinet, s'électrisent en traversant le tube inducteur, et cèdent leur charge au tube récepteur terminé par un entonnoir. Le travail mécanique est ici effectué par la pesanteur.

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Nous nous dispenserons de faire la théorie de la machine de Holtz, qui est fondée sur le même principe. Les inducteurs sont les deux cartons, les récepteurs sont les conducteurs terminés par des peignes. Les porteurs sont les deux moitiés du disque mobile. Les inducteurs communiquent avec les récepteurs, à travers ce disque, au moyen des peignes qui facilitent l'échange des électricités.

Le travail est mieux utilisé dans les machines à influence que dans les machines à frottement, car les frottements y sont bien moindres (plus de coussins). M. Rossetti a mesuré le travail consommé par une machine de Holz, amorcée et non amorcée, en la faisant mouvoir par des poids. La différence est le travail dépensé à produire l'électricité : il est encore faible relativement au travail mécanique. On trouve qu'il est proportionnel au débit de la machine. Ce débit peut se mesurer par le nombre d'étincelles que donne fournit en un temps donné la bouteille de Lane reliée aux récepteurs de la machine.

Si l'on compare les machines à frottement et les machines à influence (par ex. celle de Ramsden et celle de Holtz), on trouve qu'elles donnent des potentiels à peu près égaux, mais le débit des machines à influence est beaucoup plus grand

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Instruments de mesure électrostatique.

Les électromètres sont des instruments destinés à mesurer les différences de potentiel électrostatique. On les divise en électromètres absolus et él. électromètres relatifs, suivant qu'ils servent à déterminer la valeur absolue des ou relative des différences de potentiel.

L'électromètre sphérique de M. Lippmann est un électromètre absolu. On sait ( p.111) que la répulsion des 2 hémisphères chargés au même potentiel V est : F=18kV2 Pour mesurer avoir la valeur absolue de V, il suffit de connaître k et de mesurer la répulsion F. Pour cela, l'hémisphère mobile est suspendu par 3 fils à l'hémisphère fixe, et forme un pendule En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaélectrique, dont la déviation mesurer la répulsion : F=mgtgα

Il suffit de connaître le poids mg de l'hémisphère mobile, et l'angle α de déviation. Pour le mesurer, on observe un miroir qui est porté par 2 des fils de suspensions, et sur lequel la lumière tombe par un petit trou percé dans l'hémisphère. Cet appareil est surtout propre à la mesure des forts potentiels.

Pour le rendre plus sensible, on l'entoure d'une sphère

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conductrice au potentiel 0, qui forme avec lui un conden- sateur sphérique. Soit R 1 le rayon de cette sphère, R 2 celui de l'électromètre sphérique ; on sait que la capacité de celui-ci augmente dans le rapport : R1R1R2 et que la charge augmente commeforce est proportionnelle le carré de la capacité charge (à potentiel égal) ; donc la force est multipliée par le carré de ce même rapport ( p. 107, 111). Si par exemple R2=910R1, R1R1R2=10 ; la répulsion est donc centuplée.

L'électromètre de M. Lippmann est un condensateur sphérique comme avec un formant un pendule électrique ; l’électromètre de M. M. Bichat et Blondlot est un condensateur cylindrique combiné avec une balance. En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma Un cylindre creux fixe reçoit à son intérieur un cylindre plein mobile verticalement, t porté par un fléau de balance à bras inégaux et équilibré par une tare. Si l'on porte les 2 cylindres respectivement aux potentiels V 1 et V 2, l'attraction sera proportionnelle au carré de (V1V2). On équilibre cette force en mettant des poids dans le plateau suspendu au cylindre mobile. On calcule la différence de potentiel au moyen de la force ainsi mesurée directement.

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On sait que dans un condensateur dont les armatures sont à potentiel constant (en relation avec des sources), la force est exprimée par la formule ( p. 119) : F=+dWdx

Soit C la capacité du condensateur par unité de longueur, et dx la longueur dont le cylindre mobile s'enfonce dans le cylindre fixe. La capacité s'accroît de Cdx, et la charge de C(V1V2)dx ; donc l'énergie s'accroît de : dW=12Cdx(V1V2)2 F=dWdx=12C(V1V2)2=(V1V2)24klogr2r1 (v. p. 108) r 1 et r 2 étant les rayons des 2 armatures cylindriques.

Cet appareil est le plus simple et le plus commode des électromètres absolus. On peut le rendre plus sensible en employant des cylindres fixes de plus en plus étroits.

14 e leçon

L'électromètre de lord Kelvin est essentiellement un condensateur à plateau combiné avec un peson. C'est le plus ancien et le plus parfait des électromètres absolus. Le plateau inférieur B est fixe, le plateau supérieur A, mobile, est porté par un ressort dont la flexion mesure leur attraction. Pour éviter la distribution irrégulière sur les bords, le plateau supérieur est divisé par une rainure

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circulaire très mince qui détache l’anneau de garde A. La partie intérieure S est seule mobile. Pour que les résultats soient exacts, il faut que le disque S soit dans le plan de l'anneau de garde. Aussi est-il relié à un levier qui dont l'autre extrémité se meut sur une règle divisée portant un point de repère correspondant à la position normale du disque. On observe l'extrémité du levier avec une loupe. L'ensemble du levier et de la loupe forme ce que lord Kelvin appelle une jauge.

Le plateau fixe B est porté par une vis micrométrique qui permet d'élever plus ou moins, et de mesurer sa distance au plan de l'anneau de garde A. Pour cela, il suffit de le monter jusqu'à ce qu'il touche l'anneau, puis de l'abaisser en comptant les tours et fractions de tour de la tête de la vis.

Cela fait, on met en communication le plateau S et l'anneau de garde avec une source de potentiel V 1, le plateau B avec une autre source de potentiel V 2. On trouvera toujours (par tâtonnement) une distance e des 2 plateaux telle que le disque S soit en équilibre dans le plan de l'anneau de garde. La différence de potentiel à mesurer sera donnée par la formule : F=S8πkV1V2e2 ( p. 110)

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Pour évaluer F, le ressort qui porte le plateau mobile S est suspendu à une vis micrométrique, et on l'a préala- blement tari pour ses diverses positions en chargeant le plateau S (non électrisé) de poids gradués jusqu’à ce qu'il se trouve dans le plan de l'anneau de garde.

Cet appareil permet ainsi de mesurer un potentiel en valeur absolue, en le comparant au potentiel 0 ( c-à-d c'est-à-dire en mettant B en communication avec le sol). On peut aussi le comparer à un potentiel connu. Pour cela, la boîte qui contient l'électromètre porte un petit replenisher qui permet de porter le plateau B a un potentiel toujours le même (comme on le constate à l'aide d'un petit disque à ressort et d'une jauge). V 0 étant const connu d'avance, on mesure V1V0 et l'on en tire la valeur de V 1.

Pour mesurer une différence de potentiel, on peut mesurer d'abord V1V0, puis V2V0, la différence est V1V2. Cette quantité dépend seulement de la différence (e1e2). Ainsi l'on peut se dispenser d'amener le plateau B au contact de l'année A, comme dans le cas d'une expérience unique : il suffit de mesurer les 2 écarts successifs, et même simplement leur différence.

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Le plus souvent, on n'a qu'à évaluer la grandeur relative des différences de potentiel. Leur mesure n'exige alors que des appareils sensibles. On peut l'effectuer par deux méthodes différentes :

1° On fait la théorie de l'appareil, et l'on obtient une formule qui contient certaines constantes instrumentales. On observe les déviations qu'il subit, à partir de sa position d'équilibre, pour diverses différences de potentiel. Il suffit de comparer ces déviations pour connaître les valeurs relatives des potentiels, sans avoir à évaluer les constantes instrumentales.

2° On s'astreint à observer l'appareil dans une posi- tion fixe, et pour cela, on rétablit l'équilibre au moyen d'une différence de potentiel connue et dont on dispose. On n'a plus alors besoin de connaître la loi des déviations, puisqu'on ramène toujours l'appareil à la même position : il suffit qu'il soit sensible, c-à-d c'est-à-dire que les déviations soient nottables pour une faible inégalité de potentiel.

Le plus simple des électromètres relatifs est l'électromètre à plateau de Hankel : entre 2 plateaux verticaux A, B est suspendue une feuille d'or dont on note la position d'équilibre. Si on l'électrise positivement, elle se déplacera dans le sens de la force électrique (du potentiel le plus élevé au

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moins élevé). On porte les 2 plateaux respectivement aux potentiels V 1 et V 2 qu'il s'agit de comparer. S'ils sont égaux, la feuille d'or prendra sa position d'équilibre (verticale). S'ils sont inégaux, on la ramènera à cette position zéro en neutralisant la différence de potentiel (V1V2) par une différence de potentiel variable et connue : la valeur ce celle-ci sera égale et contraire à celle de (V1V2).

Electromètre à quadrants de lord Kelvin

Cet appareil se compose essentiellement d'une boîte circulaire plate divisée en 4 quadrants, à l'intérieur desquels peut tournée une aiguille d'aluminium formée de 2 quadrants opposés, et suspendu à un fil de torsion : ce fil porte en bas un miroir destiné à manifester les déviations, et une aig se termine par une aiguille aimantée destinée à fixer la direction de l'équilibre.

On porte les secteurs 1 et 3 au potentiel V 1, les secteurs 2 et 4 au potentiel V 2, et l'aiguille mobile au potentiel V 0. L'ensemble forme 2 condensateurs doubles. En effet, chaque qua- drant forme un condensateur avec la partie de l'aiguille qu'il contient ; de même le quadrant opposé, qui complète ce condensateur. Les 2 autres quadrants forment avec le reste de l'aiguille un autre condensateur. Evaluons la force à laquelle l'aiguille est soumise. On sait que, dans un

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condensateur à potentiels constants, la force s'exprime par la formule : F=+dWdx ( p. 119) Evaluons d'abord l'énergie totale du système. Soit C 1 la capacité du condensateur formé par les secteurs 1 et 3, C 2 celle du condensateur formé par les secteurs 2 et 4 : W=12C1V1-V02+C2V2-V02 Pour un déplacement angulaire dα, la variation de l'énergie sera (les potentiels restant constants). dW=12V1-V02dC1+V2-V02dC2 Calculons la variation de la capacité C 1 (celle de la capacité C 2 lui sera égale et contraire). Soit r le rayon de l'aiguille : l'aire du secteur dont s'est accru a tourné le 1 er condensateur l'aiguille est : 12r2 Le 1 er condensateur s'est accru du double de ce secteur, et le 2 e condensateur a diminué d'autant, soit de : r2 La capacité d'un condensateur simple étant donnée par la formule : C=S4πke celle du condensateur double formé par les 2 faces de l'aiguille avec les 2 plaques d opposées équidistantes des quadrants sera : C1=S2πke Les variations des capacités sont par conséquent : dC1=r22πke=-dC2

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Il vient finalement : dW=r2dα4πke[(V1V0)2(V2V0)2] L'expression entre crochets revient simplement à : (V1V0+V2V0)(V1V0V2+V0)=(V1+V22V0)(V1V2) Donc : F=dWrdα=r4πke(V1+V22V0)(V1V2)

D'autre part, on sait qu'avec un fil de torsion la l'angle de déviation est proportionnel à la force ; d'ailleurs, la force ne dépend pas de α, elle reste donc constante pendant la déviation. On doit donc avoir La formule de l'instrument sera : α=P(V1+V22V0)(V1V2) P étant une constante instrumentale qu'il est inutile de connaître pour des mesures relatives.

Cette formule présente 2 cas particuliers remarquables : 1 er cas. Si V 0 est très grand par rapport à V 1 et à V 2, le facteur (V1+V22V0) pourra être regardé comme invariable ; la déviation sera alors proportionnelle à V1V2 C'est dans ce cas que se plaçait sir William Thomson.

2 e cas. Si V1=V2, on aura les relations : V1+V2=0 V1V2=2V1 α=P(2V0)(2V1)=4PV0V1 Si V 1 est fixe, l'angle de déviation sera proportionnel au

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potentiel (inconnu) V 0 de l'aiguille. C'est le cas qu'a choisi M. Mascart dans son perfectionnement de l’électromètre à quadrants.

Pour porter les 2 paires de quadrants à des potentiels égaux et contraires, on emploie une pile de 200 éléments Volta, composés de cuivre, de zinc et eau pure (on peut les faire aussi petits qu'on veut, on a la même force électromotrice, et il n'y a pas d'inconvénient à augmenter leur résistance). On met le milieu de la série en communication avec le sol, et les extrémités avec les 2 couples de quadrants. Enfin on fait communiquer l'aiguille avec la source dont on veut connaître mesurer le potentiel.

L'inconvénient de l'appareil ainsi disposé est que le potentiel d'une pile n'est pas fixe ; on ne peut le considérer comme constant d'un jour à l'autre, de sorte que les mesures relatives prises à différents jours ne sont pas comparables.

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Phénomènes magnétiques

C'est vers 1824 que le savant danois Œrstedt découvrit l'action d'un courant électrique sur une aiguille aimantée. Il se borna à répéter cette expérience en la variant, et n'en tira aucune conséquence.

Ampère supposa que les courants étaient analogues aux aimants, et imagina les expériences qui lui firent découvrir les lois électrodynamiques.

L'étude de l'électricité et celle du magnétisme ont marché parallèlement jusqu'à ce siècle : les anciens connaissaient l'attraction de la pierre magnétique comme celle de l'ambre frotté ; Coulomb a découvert les lois de l'attraction magnétique comme celles de l'attraction électrique, et de l'identité de ces lois découle une parfaite analogie entre les formules des actions électriques et magnétiques : d'où deux points de vue et deux systèmes d'unités (électrostatique, électromagné- tique) qui subsistent encore aujourd'hui. De même qu'on a imaginé 2 fluides électriques, on inventa 2 fluides magnétiques. Depuis Ampère, ces deux études jusqu'alors indépendantes se sont fondues dans l'étude des phénomènes électro-magnétiques. Nous étudierons d'abord les phénomènes purement magnétiques, les plus

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anciennement connus, puis nous les rattacherons aux phénomènes électriques, conformément à la marche historique de la science.

La première propriété connue des aimants est la direction constante qu'ils prennent quand ils sont libres. Si l'on prend une aiguille d'acier, qu'on détermine son centre de gravité, puis qu'on l'aimante et qu'on la suspende par son centre de gravité, elle prendra une direction constante, déterminée par 2 coordonnées angulaires. L'axe 0x étant dirigé vers le Nord, En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma l'axe 0y vers l'Orient, et l'axe 0z au nadir ; 0A étant la direction de l'aiguille, sa projection horizon- tale fait avec l'axe 0x (méridien géographique) l'angle δ, qu'on appelle déclinaison. La déclinaison se compte de 0 à 2π, du côté de l'Ouest ; ou encore de 0 à π des dans les deux côtés sens ( décl. déclinaison occidentale positive, décl. déclinaison orientale négative). Elle est aujourd’hui, à Paris, de 150 à l'Ouest. Le plan vertical où se retrouve l’aiguille est le méridien magnétique du lieu : il fait avec le méridien géographique un angle égal à la déclinaison. L'anglei que fait 0A avec sa projection horizontale se nomme inclinaison. Il se compte 0 à π2 dans les deux

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sens : positif quand le pôle Nord de l'aiguille est au- dessous de l'horizon, négatif quand il est au-dessus. L'inclinaison à Paris est de +65°.

En un même lieu, toutes les aiguilles aimantées ont même déclinaison et même inclinaison. La Physique du globe étudie comment la direction de l'aiguille aimantée varie, soit d'un lieu à l'autre, soit avec le temps.

On peut constater que l'aiguille aimantée est nue et dirigée, non par une force unique, mais par un couple : elle n'a aucune tendance à la translation, même libre.

Le moment du couple directeur, Μ, dépend de 3 éléments : 1° d'un facteur Mmoment magnétique caractéristique de l'aiguille ; 2° d'un facteur F caractéristique du champ ; 3° d'un facteur μ caractéristique du milieu ; suivant la formule : Μ=MFμ

Considérons seulement une des deux forces du couple. Elle peut se décomposer en deux composantes, l'une verticale, l'autre horizontale, V et H, et l'on a : VH=tgi Si l'on équilibre par un contrepoids la composante V de manière à rendre l'aiguille horizontale, elle n'est plus soumise qu'au couple des forces H : le moment du couple est alors : MHμ=MFμcosi

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Théorème. Quand une aiguille aimantée est assujettie à se mouvoir dans un plan vertical, son inclinaison est minima dans le méridien magnétique.

En effet, dans ce un plan vertical quelconque, faisant avec le méridien magnétique l'angle α, agissent : 1° la composante verticale V ; 2° une composante horizontale : X=Hcosα

Soit i' l'inclinaison de l'aiguille ; on a : VX=tgi' au lieu de : VH=tgi Donc : tgi'=VHcosα=tgi÷cosα ? Or cosα1, et atteint son maximum 1 pour α=0.

Donc tgi'tgi, et a pour minimum tg i quand α=0.

Dans le plan vertical perpendiculaire au méridien magnétique, la composante horizontale est nulle, donc l'aiguille est verticale : cosα=0, tgi'=.

Une aiguille ainsi disposée forme une boussole d'inclinaison. On peut s'en servir pour déterminer le méridien magnétique, soit en cherchant le plan d'inclinaison minima, soit (ce qui est plus exact) en cherchant le plan où l'aiguille est verticale, lequel est perpendiculaire au méridien magnétique.

On peut même se contenter d'observer l'inclinaison

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de l'aiguille dans 2 plans rectangulaires quelconques. En effet, on a dans le premier, comme on vient de le voir : cosα=tgitgi' et dans le second, pour la même raison : cos(απ2)=sinα=tgitgi'' Elevons au carré et ajoutons : cos2α+sin2α=1=tg2i1tg2i'+1tg2i'' Cette relation peut s'écrire symétriquement : cotg2i=cotg2i'+cotg2i'' Elle permet de calculer i, connaissant i' et i''.

Actions des aimants les uns sur les autres.

On appelle pôle Nord ou pôle austral d'une aiguille aimantée celui qui se tourne vers le Nord ; pôle Sud ou pôle boréal, celui qui se tourne vers le Sud.

Les pôles de même nom se repoussent, les pôles de nom contraire s'attirent.

Coulomb a étudié les attractions et répulsions magné- tiques avant les actions électriques : mais c'est après avoir inventé la balance de torsion pour mesurer celles-ci qu'il l'employa à la mesure des forces magnétiques.

Avant toute expérience, il fallait mesurer le moment du couple directeur de l'aiguille. Pour cela, Coulomb déterminait l'azimut où le fil se trouve en équilibre, en

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y suspendant (à l'aide d'un étrier) une aiguille cylindrique d'acier non aimantée. Il amenait le zéro de la graduation en face de cette position. Puis il remplaçait l'aiguille par une aiguille aimantée, et faisait tourner tout l'appareil jusqu'à ce que celle-ci fût en face du zéro.

Le plan de torsion nulle coïncidait alors avec le p méridien magnétique. Enfin il amenait l'aiguille aimantée à 90° (de ce plan) en tordant progressivement le fil. La force, mesurée par la torsion du fil, était égale à celle du couple directeur Μ dont la direction était alors perpendiculaire à l'axe de l'aiguille.

Cela fait, Coulomb introduisait, à la place de la boule fixe, une aiguille fixe, verticale, dont le pôle austral était en regard du pôle austral de l'aiguille mobile, et correspondait au zéro de la graduation. L'aiguille mobile était déviée d'un angle α. En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma

Elle est soumise à 3 forces : la répulsion magnétique à mesurer, F dirigée suivant 0A ; la force directrice Μ, parallèle à 0C ; enfin la force de torsion T du fil, suivant la tangente. L'équation qui exprime la condition d'équilibre est donc : Μsinα+T=Flcosα2

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Coulomb trouva ainsi que la répulsion magnétique varie en raison inverse du carré de la distance des deux pôles ( c-à-d c'est-à-dire sensiblement de l'angle α).

Mais ces expériences sont sujettes à plusieurs causes d'erreur ; d'abord parce qu'on réduit fictivement chaque aiguille à ses 2 pôles, où l'on suppose concentrée la force magnétique ; ensuite, parce qu'il y a 4 pôles dans le système des 2 aiguilles, et qu'on ne tient compte que de l'action mutuelle des 2 pôles austraux. On admet que les autres actions sont négligeables, tant à cause de l'éloi- gnement relatif des autres pôles qu'à cause de l'obliquité des lignes d'action. Néanmoins, elles suffisent à troubler les résultats obtenus par Coulomb ; ils n'ont donc plus qu'un intérêt historique.

15 e leçon

Coulomb, poussant plus loin encore le parallélisme des phénomènes électriques et magnétiques, a appliqué à ceux-ci la méthode dynamique, et a mesuré les forces magnétiques au moyen des oscillations du pendule.

Pour déterminer, d'abord, le moment du couple directeur sur une aiguille aimantée (boussole d'inclinai- son dans le plan du méridien magnétique), on écarte l’aiguille de sa position d'équilibre ; dans le cas où les

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oscillations sont infiniment petites, la durée d'une oscillation double est donnée par la formule : T=2πmr2Μ Si, comme Coulomb, on emploie une aiguille suspendue horizontalement (boussole de déclinaison), on a la formule : T'=2πmr2Μ' Μ' étant la composante horizontale du moment Μ.

Coulomb a ensuite appliqué cette méthode à déterminer la loi des actions magnétiques. Dans un champ magnétique on place une aiguille aimantée très courte suspendue à un fil sans torsion, de sorte que la force F qui agit sur elle en ses différentes positions soit sensiblement la même qu'en son centre 0. On s'arrange pour que la force F soit horizontale dans le plan du méridien magnétique. L'aiguille aimantée (de déclinaison) est soumise d'abord au moment du couple directeur : Μ'=MHμ H étant la composante horizontale du couple champ terrestre ; La durée d'une puis, quand on fait agir la force magnétique, égale et de sens contraire pour les 2 pôles au nouveau couple : Μ1=MH+Fμ et la durée d'oscillation devient alors : T1=2πmr2Μ1 En mesurant la durée des oscillations dans les deux cas, on trouve peut calculer le rapport ΗH+F et obtenir la valeur

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de F par rapport à H.

Ces expériences, bien qu'inexactes, suffirent à établir la loi des actions magnétiques aux yeux de Coulomb et de ses contemporains. Nous en trouverons bientôt une vérification indirecte, mais plus précise. Cette loi, que Coulomb appliquait aux pôles des aimants, se traduit par la formule suivante : F=mm'μr2r est la distance des 2 pôles considérés, m et m' sont des coefficients propres à chacun des 2 aimants, et μ une constante caractéristique du milieu (ana- logue à la constante k relative aux diélectriques).

En admettant cette loi, on essayait d'expliquer la direction constante que prennent les aimants par l'hypothèse de l'aimant terrestre. On supposait placé au centre de la terre un aimant dont le pôle austral A serait dirigé vers le Sud, et le pôle boréal B vers le Nord. Les points où la ligne AB percerait la surface de la terre seraient les pôles magnétiques.

Une aiguille A'B', en un point quelconque de la surface, devrait tourner son pôle austral vers le N. Nord, son pôle boréal vers le S. Sud et prendre une inclinaison déterminée par la distance respective de ses pôles à ceux de l'aimant terrestre.

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A l'équateur magnétique, par exemple, l'aiguille aimantée devrait être horizontale, et partout parallèle à l’aimant terrestre.

On croyait ainsi pouvoir expliquer la déclinaison et l'inclinaison. Mais il est établi aujourd'hui qu'un aimant, et même deux aimants placés excentriquement à l'intérieur de la terre ne peuvent rendre compte des variations de la déclinaison et de l'inclinaison à la surface de la terre ; on a été ainsi amené à les expliquer par des courants terrestres. Les pôles austral et boréal des aimants réels n'en ont pas moins conservé leur dénomination, due empruntée à la fiction de l'aimant terrestre, et opposée à leur vérittable direction ( p. 183).

Jusqu'ici, nous avons considéré un barreau aimanté comme réduit à 2 pôles très voisins de ses extrémités. C'est qu'en effet, quand on le plonge dans la limaille de fer, on constate qu'elle ne s'attache qu'aux extrémités. Il semble donc que les pôles seuls de l'aimant soient capables d’attirer.

Mais l'expérience de l'aimant brisé (que connaissait Coulomb) montre que le milieu de l'aiguille (une fois cassée) attire la limaille aussi bien que les extrémités. On peut répéter indéfiniment cette scission, tous les morceaux obtenus auront 2 pôles d'attraction. On est conduit à considérer un aimant comme un ensemble

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d'aimants très petits, de dimensions moléculaires. Dans l'hypothèse des fluides magnétiques, on doit admettre que les fluides ne peuvent pas se séparer dans toute la masse d'un corps (comme les fluides électriques, quand une extrémités du corps est chargée positivement et l'autre négativement), mais seulement au sein des éléments magnétiques. Enfin, pour expliquer le magnétisme réma- nent de l'acier, opposé au fer doux qui ne garde pas l'aimantation, on a inventé le pouvoir coercitif, qui n'est qu'un mot, comme la virtus dormitiva.

En tout cas, puisque tous les aimants (naturels & autres) sont divisibles en aimants plus petits ayant deux pôles, on ne peut plus s'en tenir se contenter de les réduire à leurs pôles. On les considérera comme des agrégats d'aimants infi- niment petits, que l'on pourra réduire, eux, à leurs pôles.

Cherchons donc l'action exercée par un aimant infi- niment petit, conçu comme l'ensemble d'une masse magné- tique +m au point A (pôle austral) et d'une masse magnétique -m au point B (pôle boréal). Soit l la longueur (infiniment petite) AB. On appelle axe magnétique de l'aimant la direction BA (avec son sens). On suppose que son moment magnétique M=ml, et que les forces exercées par les 2 pôles obéissent à la loi

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de Coulomb (On remarquera qu'on admet cette loi, non plus pour les aimants finis, mais pour les aimants infini- ment petits). Cherchons l'action En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma de cet aimant sur l'unité de magnétisme austral placée en un point P, à la distance r du centre 0 de l'aimant, l'angle P0A étant α. La force exercée par le pôle A sur le point P est, conformément à l'hypothèse : F=mμr2 La force exercée par le point pôle B sur le point P est de même : F'=-m'μr'2 Pour calculer leur résultante, formons le potentiel de ces forces, suivant la règle générale : V=Σmμr. V=1μmr-mr'=mμ×r'-rrr' L'angle APB étant infiniment petit, r'-r est égal à BC, qui est égal d'autre part à lcosα (infiniment petit) : on peut donc égaler r et r'. Il vient donc : V=mlcosαμr2=Mcosαμr2

Tel est le potentiel élémentaire d'un aimant infiniment petit sur un point extérieur P de coord.pol. coordonnées polaires r et α. De cette expression on va tirer les composantes de la force suivant le rayon vecteur OPY et une perpendiculaire PX : Y=δVδr=2Mcosαμr3

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X=δVδx=δVδαdαdx dαdx=1r (car dx=rdα) δVδα=Msinαμr2 X=Msinαμr3 Connaissant les composantes, on peut évaluer la force : F=X2+Y2=Mμr34cos2α+sin2α ou : F=Mμr31+3cos2α

Il y a deux cas particulièrement intéressants : 1° : α=0 X0=0, F0=Y0=2Mμr3 (1e position de Gauss) 2° : α=π2 Yπ2=0, Fπ2=Xπ2=Mμr3 (2e position de Gauss)

En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaXπ2 et Y0 étant positifs, on voit que Xπ2 est la moitié de Y0 et dirigée en sens contraire.

Il n'est pas possible de vérifier cette loi et notamment ces 2 résultats sur une seule masse magnétique. Mais si l'on prend une aiguille aimantée très petite et qu'on la mette à une grande distance de l'aimant AB (très petit lui-même), ses 2 pôles seront soumis à des actions sensiblement égales et opposées, qui formeront un couple.

L'aimant AB étant perpendiculaire au méridien magnétique, plaçons la petite aiguille aimantée sur l'axe BA.

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(1 e position de Gauss). Au couple En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma directeur terrestre (m'H) viendra s'ajouter le couple m'Y0 dû à l'aimant fixe AB. L’aiguille sera déviée dans la direction du couple résultant, et elle fera avec le méridien magnétique un angle β tel que : tgβ=Y0H=2Mμr3H Plaçons ensuite (2 e position de Gauss) la petite aiguille aimantée sur En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma la perpendiculaire au milieu du barreau AB.

Le couple m'Xπ2 se composant avec le couple directeur m'H produira une déviation β', et l'on aura : tgβ'=Xπ2H=Mμr3H

On peut vérifier expérimentalement les lois de Gauss : on trouve en effet, dans chaque position, que tgβ varie en raison inverse du cube de la distance (des centres des 2 aimants) et que, à distance égale, tgβ=2tgβ'.

C'est la meilleure vérification de la loi de Coulomb, appliquée aux aimants infiniment petits.

Seulement les formules établies pour les aimants infini- ment petits ne s'appliquent pas rigoureusement aux aimants finis. Les formules exactes sont de la forme : tgβ=2Mμr3(1+Ar2+Br4+...)

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Les coefficients A, B, … sont fonctions des dimensions de l'aimant. On peut les calculer empiriquement et déterminer en même temps le nombre de termes qu'il faut prendre dans la série : on place le barreau AB à plusieurs distances différentes ; et l'on détermine 2, 3 coefficients par 2,3 expériences ; et l'on cherche s'ilssi les valeurs trouvées sont conformes aux autres expériences. Si toutes les expériences ne concordent pas, on prend un terme de plus, et un coefficient de plus.

Ces expériences servent surtout à évaluer les deux facteurs du couple directeur : Μ'=MHμ M étant le moment magnétique de l'aiguille. En effet, on a vu que la durée d'une oscillation double est : T=2πmr2Μ' Pour calculer Μ', il suffit de connaître le moment d'inertie mr2 et de mesurer T. On a ainsi MHμ. D'autre part, si l'on mesure l'angle β ou sa tangente, on a par là : 2Mμr3H

Connaissant r, on peut calculer MμH : le quotient de MHμ par MμH sera H2 ; on connaîtra donc d'une part H, et d'autre part le facteur Mμ. On sépare obtient ainsi en même temps et séparément le facteur qui provient de la nature de l’aimant et du milieu, et le facteur H qui caractérise provient

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du champ terrestre (composante horizontale du couple).

Nous allons maintenant généraliser la loi de Coulomb en cherchant la force exercée par un corps magnétique de forme quelconque, ou encore le potentiel d'un système magnétique sur un point extérieur.

Pour cela, il faut faire des hypothèses sur la nature des aimants.

Si autour d'un point P d'un aimant on détache un élément de volume dv, on admet que son aimantation a une direction déterminée, et que son moment magnétique est un infiniment petit du même ordre que son volume : dM=Idv=Idxdydz

Le facteur I est une grandeur finie dirigée qu'on appelle : l'intensité d'aimantation au point P.

En outre, on admet que cette grandeur I varie d'une manière continue (en grandeur et en direction) d'un point à l'autre : en d'autres termes, qu'elle est une fonction continue des coordonnées du point P.

Le potentiel de l'aimant élémentaire L'auteur a encadré les termes « de l'aimant » et « «élémentaire » pour signifier qu'il faut les inverser infiniment petit est, comme on sait : dV=dMcosαr2 Le potentiel total de l'aimant, sur le même point, sera : V=dMcosαr2=Icosαr2dxydz intégrale triple étendue au volume total de l'aimant.

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Nous allons étudier deux cas particuliers intéressants.Solénoïdes magnétiques. Un solénoïde magnétique est un corps aimanté qui a 2 dimensions infiniment petites ; la 3 e (droite ou courbe) s'appelle son axe. En chaque point l'intensité d'aimantation est dirigée suivant l'axe (tangente à l'axe), et, si la section normale à l'axe est σ, on a la relation : Tσ=P, P étant une constante qu'on nomme la puissance du solénoïde.

Evaluons le potentiel En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma du solénoïde AB par rapport à un point extérieur P, où se trouve placée l'unité de magnétisme. Divisons le solé- noïde en éléments de volume par des plans normaux à l'axe. Le moment magnétique de chaque élément, de longueur dx, sera : dM=Idv=Iσdx=Pdx.

Donc : V=Pcosαr2dx

Or, si l'on projette l'élément d'axe dx sur le rayon vecteur issu du point P, qui fait avec lui l'angle α, on trouve : dr=dxcosα Par suite : V=Pr0r1drr2=P1r11r0

On voit que la valeur du potentiel au point P ne dépend pas

196

de la forme du solénoïde, mais seulement de la position de ses extrémités. On pourrait donc réduire le solénoïde à ses extrémités, en plaçant une masse magnétique +P en B et une masse -P en A ; le potentiel sera encore le même : V=mr=Pr1Pr0 C'est ce qui explique qu'une aiguille aimantée puisse se réduire idéalement à ses 2 pôles, alors que l'expérience de l'aimant brisé montre qu'elle est également aimantée dans toute sa longueur.

Une aiguille aimantée n'est pourtant pas rigoureusement identique à un solénoïde, car ses pôles ne sont pas exacte- ment à ses extrémités. En général, En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma on peut se figurer un barreau aimanté comme un faisceau de solénoïdes qui, en vertu de leur répulsion mutuelle, s'épanouissent aux extrémités. Comme Chacun d'eux peut se remplacer par deux masses ma- gnétiques placées à ses extrémités. Or si la plupart d'entre eux aboutissent aux faces terminales du barreau, quelques- uns aboutissent aux faces latérales ; toutes les masses ma- gnétiques ne se trouvant pas sur la chaque face terminale, le pôle correspondant se trouve en arrière de cette face.

Dans le cas particulier où l'aimantation d'un barreau est solénoïdale, on peut le remplacer par un ensemble de

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masses magnétiques distribuées à sa surface.

Une aiguille très mince (droite ou courbe) aimantée suivant sa longueur représente un solénoïde. Si un solénoïde forme une courbe fermée, les 2 pôles coïncident, donc leur action sur un point extérieur est nulle, quelle que soit l'intensité de l'aimantation. Si on sépare les 2 moitiés du solénoïde, on obtient deux aimants dont la puissance peut-être considérable.

Feuillets magnétiques. Un feuillet magnétique est un corps aimanté qui a une dimension infiniment petite, et par conséquent se réduit à une surface. Son aimantation est normale à cette surface en chaque point ; de plus, si e est l'épaisseur du feuillet en ce point, on a : Ie=P, P étant une constante qu'on nomme la puissance du feuillet.

Evaluons le potentiel d'un En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma feuillet magnétique sur un point extérieur P. Décomposons-le en éléments cylindriques normaux à la surface. Le moment magnétique d'un élément dv (correspondant à l'élément de surface ds) sera : dM=Idv=Ieds=Pds Donc : V=Pdscosαr2

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α étant toujours l'angle du rayon vecteur avec la direction de l'aimantation, ici normale à la surface. Considérons l'angle solide de sommet P et de base ds : soit dω son ouverture. Menons sa section droite par l'élément ds : sa surface sera : dσ=r2dω D'autre part on a : dσ=dscosα Par conséquent : V=Pr2dωr2=Pdω=Pω, ω étant l'angle solide ayant pour sommet P et pour base le feuillet.

On voit que le potentiel du feuillet sur un point extérieur ne dépend que de son contour, et nullement de la forme qu'il peut prendre à l'intérieur du contour. Cette propriété curieuse fait pressentir qu'on pourra remplacer un feuillet magnétique par son contour, parcouru par un courant électrique.

16 e leçon

On a trouvé pour le potentiel d'un feuillet magnétique sur un point extérieur du côté de la face australe l'expression : V=Pωμ ω étant l'angle solide de sommet P ayant pour base la face australe. Si le point P vient toucher cette face, l'angle solide ω devient égal à 2π : V=2πPμ. Si le point P traverse le feuillet et passe du côté de la

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face boréale, l'angle ω doit, par continuité, dépasser la valeur 2π : c'est l'angle solide extérieur au cône de sommet P ayant pour base la face boréale. Si P s'éloigne indéfiniment, l'angle solide intérieur du cône tend vers 0, et l'angle solide extérieur vers 4π. En résumé, quand le point P passe de + à en traversant le feuillet de la face boréale vers la face australe, le poten- tiel varie de 0 à 4πPμ.

On peut maintenant déterminer étudier le champ magné- tique produit par un courant, et déterminer sa valeur par les expériences suivantes : 1 e expérience. Si le fil suivi par le courant est replié étroitement sur lui-même de façon que les deux courants égaux et contraires coïncident sensiblement (soient infiniment rapprochés) dans toute leur longueur, ce fil double n'a pas d'action sur l'aiguille aimantée, quelle que soit sa distance et sa position. Le champ magnétique de ce courant est donc nul.

2 e expérience, variante de l'expérience de Gauss. Les aimants étant dans la 2 e position de Gauss, la déviation de A'B' est donnée par la formule : tgβ'=MμHr3

Remplaçons l'aimant fixe AB par une boucle infini- ment petite dont le plan est perpendiculaire à AB, donc

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parallèle au méridien magnétique, et parcourue par un courant dans un sens tel que'il' observateur d' Ampère ait le pôle austral A à sa gauche. Le reste du circuit est formé par un fil double, sans action magnétique. On trouve que la déviation ol de A'B' obéit à la loi : tgβ'=1v×SiμHr3

S étant la surface de la boucle, et i l'intensité du courant, affectée d'un signe (car la déviation change de sens quand on renverse le courant). La forme de la boucle est indifférente, pourvu que ses dimensions soient infiniment petites par rapport à r. Quant à v, c'est un coefficient numérique.

On voit que le moment magnétique M de l'aimant AB est remplacé dans la formule par Siv. On peut donc identifier la boucle fermée à un aimant dont le moment magnétique serait proportionnel à Si.

3 e expérience, confirmant cette identification, et montrant qu’elle est vraie pour la propriété fondamentale des aimants. Si l'on suspend une boucle fermée suivie par un courant, elle se dirige sous l'influence du magnétisme terrestre comme l'aimant équivalent, de telle sorte que le courant soit ascendant à l'Ouest et descendant à l'Est. Le moment du couple directeur de l'aimant (horizontal) serait : M'=MH

201

Celui du couple directeur de la boucle est : SivH.

4 e expérience, autre variante de l'expérience de Gauss. Substituons maintenant la boucle à l'aimant mobile A'B', placé dans la 2 e position. On trouve que la déviation de la boucle sous l'influence de l'aimant fixe obéit à la loi : tgβ'=MμHr3 M étant toujours le moment magnétique de AB.

5 e expérience. Si enfin on remplace les deux aimants AB, A'B', par deux courants fermés infiniment petits, la déviation se produit dans le même sens, et obéit à la loi : tgβ'=1vSiμHr3 les quantités S, i étant relatives à la boucle fixe.

On a ainsi tous les cas possibles d'actions des aimants sur les courants, des courants sur les aimants et des courants sur les courants, et elles sont soumises aux mêmes lois que les actions des aimants sur les aimants.

Ces lois ont été découvertes par Ampère (1824) qui y est arrivé par une voie toute différentes : de l'expérience d' Œrstedt il a immédiatement conclu l'identité des courants et des aimants, et deviné les lois de leurs actions réciproques en conséquence de cette hypothèse.

Nous allons généraliser ces lois, obtenues pour des boucles infiniment petites, et imaginer des solénoïdes

202

et des feuillets électriques analogues aux magnétiques.

On remplacera chaque élément d'un solénoïde magnétique par un courant fermé infiniment petit, tel que : idSv=dM dM étant le moment magnétique de l'élément ; or on sait que : dm=Idv=Iσdx=Pdx

Toutes les boucles seront normales à l'axe du solénoïde ma- gnétique, et formeront un solénoïde électrique équivalent. Comme elles sont toutes traversées dans le même sens par le même courant, i est constante. Si l'on suppose données i et dx (longueur de chaque élément), on déterminera dS (aire de chaque boucle) par la relation : idSv=Pdx

Mais si dx est arbitraire, à chaque valeur de dx corres- pondra une système valeur de dS, de sorte qu'il y aura une infinité de solénoïdes électriques équivalents au solénoïde magnétique donné. L'aire des boucles sera proportionnelle à l'écartement dx de 2 boucles consécutives. On sait comment on peut former un solénoïde avec un fil continu ; on sait aussi qu'il revient au même de l'enrouler en hélice sur une bobine et de le ramener au point de départ suivant l'axe de la bobine : car les portions infiniment voisines d'un circuit, parcourues

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en sens inverse par le courant, neutralisent leurs effets.

Les solénoïdes électriques peuvent se réduire à leurs pôles comme les solénoïdes magnétiques équivalents.

Ampère a le premier construit des solénoïdes et inventé leur nom. C'est lord Kelvin qui a conçu les solénoïdes magnétiques à leur image.

D'autre part, on peut considérer un courant fermé quelconque comme équivalent à un feuillet magnétique ayant pour contour ce courant.

En effet, si l'on partage l'aire du contour par un quadrillé de fils doubles dont chacun est parcouru par 2 courants inverses d’intensité égale à celle du courant donné, on ne change rien au champ magnétique du courant extérieur, chacun des fils doubles ayant une action magnétique nulle. Mais, d'un autre côté, on peut décomposer tout ce réseau en mailles contiguës parcou- rues par des courants de même sens et de même intensité, et remplacer chacune d'elles (boucle infiniment petite) par un aimant de moment magnétique égale à idSv. On peut donc remplacer le courant extérieur donné (au point de vue de son action magnétique) par l'ensemble de ces aimants élémentaires. Or cet ensemble est un feuillet magnétique. En effet, tous ces petits aimants

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ont leur pôle boréal d'un même côté, et leur pôle austral de l'autre. En outre, la puissance du feuillet est constante : car on a d'une part : dM=PdS et d'autre part, par construction : dM=idSv.

Donc la puissance est : P=iv, et, comme i est constante pour toutes les mailles, elle est constante pour tous les aimants.

C'est la puissance du feuillet. En vertu de ces relations entre les courants et les aimants, des deux hypothèses des fluides électriques et des fluides magnétiques, une au moins est superflue. Ampère a proposé d'expliquer les phénomènes magnétiques en conce- vant chaque aimant comme composé d'aimants infini- ment petits, et chacun de ceux-ci comme formé par un courant fermé infiniment petit.

Qu'y a-t-il au fond dans les molécules d'un aimant ? Est-ce un courant ou un aimant ? Cette question n'a pas de sens, car nous ne connaissons ni la nature de l'aimant ni celle du courant. Dire que chaque molécule est un aimant, ou dire qu'elle est le siège d'un courant, c'est énoncer deux affirmations équivalentes, entre lesquelles l'expérience ne peut décider.

Pourtant, on sait qu'un courant éprouve toujours une certaine résistance et dépense de l'énergie pour la vaincre ;

205

tandis qu'un aimant ne perd rien de son énergie avec le temps, et ne s'échauffe nullement. L'hypothèse des courants moléculaires est donc bien invraisemblable. Toutefois, on peut dire que ce sont des courants qui ne dépensent pas d'énergie et ne produisent pas de chaleur. Seulement, on ne sait pas si tout courant ne suppose pas une dépense d'énergie, ni, pourtant, si l'idée d'un courant qui ne dépense pas d'énergie n'implique pas contradiction : c'est une formule qui ne veut rien dire. En somme, aimants et courants sont de simples images qui nous permettent de prévoir les phénomènes et de calculer leur grandeur ; et nous ne saurons jamais si ces images correspondent à quelque réalité. Peu importe à la science, puisque le résultat pratique est le même.

Systèmes d'unités électriques

Supposons qu'on n'ait d'abord connu que les courants, et qu'en effectuant les expériences de Gauss sur des boucles on ait été amené à déterminer la constante Siv. En appliquant ensuite la même méthode aux aimants, on définira le moment magnétique M comme égal à Siv. Si on contraire on ne connaissait d'abord que les aimants,.

D'autre part, on peut réduire les un aimants à deux masses magnétiques de signe contraire, de grandeur absoluem, reliée au moment M par

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la relation : M=ml d'où : m=Ml=Silv

Ainsi les masses magnétiques peuvent se définir en fonction de l’intensité du courant électrique équivalent à l'aimant, et par suite de la quantité d'électricité transportée par ce courant.

Inversement, si l'on avait d'abord découvert et étudié les aimants, on aurait commencé par définir les masses ma- gnétiques, puis on aurait exprimé, en fonction de celles-ci, l'intensité du courant équivalent et la quantité d'élec- tricité.

En résumé, on peut indifféremment partir de la quantité d'électricité pour aboutir à la quantité de magnétisme, ou inversement, ces 2 quantités étant reliées par une série de formules exprimant autant de lois expérimentales.

Suivant qu'on part d'une extrémité ou de l'autre, on obtient le Système Electro-Statique ou le Système Electro-Magnétique d'unités électriques.

Dans le Syst.El.St. Système Electro-Statique toutes les unités électriques dépendent de l'unité de masse électrique ; dans le Sys.El.Mg. Système Electro-Magnétique, toutes les unités dépendent de l'unité de masse magnétique.

A priori, les deux systèmes se valent ; mais en principe, le Sys.El.St. Système Electro-Statique paraît préférable, car les charges électriques

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sont accessibles à l'observation et à la mesure (on peut obtenir des charges contraires sur les deux moitiés d'un corps, les séparer et les manier) ; tandis que l'on ne peut obtenir une masse magnétique séparée. Il est vrai que du tout solénoïde équivaut à 2 masses magnétiques égales et contraires placées aux 2 pôles ; mais c'est là une fiction. Au fond, la quantité de magnétisme est une extraction insaisissable.

Les deux systèmes d'unités sont indépendants du choix des unités fondamentales de longueur, de temps et de masse ; toutefois, nous on les rapporte habituellement au système CGS. Nous allons exposer d'abord le Système Electro-Statique CGS.

La masse électrique est définie par la loi de Coulomb : f=kmm'r2 Supposons m=m' : m=rfk On adopte un choisit l'unité de masse électrique de telle sorte que, dans le vide : k=1. On a alors : m=rf et par suite la relation entre les unités est la suivante : Q=LF12 Or : F=MLT-2 Donc : Q=M12L32T-1

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Il ne faut attribuer aux formules de dimensions aucune valeur objective. Elles indiquent comment la mesure d'une grandeur varie quand on change d'unités fondamentales. Elles ne servent qu'à transformer les formules numériques, et n'ont rien à voir avec la nature des phénomènes. Aussi n'est-il nullement nécessaire que la même espèce de gran- deurs ait toujours les mêmes dimensions : cela dépend des hypothèses et conventions adoptées, par exemple, de ce qu'on pose k=1 dans le Sys.El.St. Système Electro-Statique. Les formules de dimensions n'auraient un sens réel que si le mécanisme était vrai, et si l'explication mécanique des phénomènes était la seule possible : car alors tous les phénomènes seraient mesurés par des longueurs, des masses et des temps. Mais c'est ce qu'on ne peut affirmer dans l'état actuel de la science : on ne sait pas si toute énergie est réductible à l'énergie mécanique, ou au travail.

17 e leçon

Les formules de dimensions ont cet avantage, qu'elles indiquent quelles grandeurs il faut mesurer pour avoir la valeur de la grandeur considérée, et à quelle puissance elles figurent dans son expression.

Par exemple, si dans la balance de Coulomb les 2 boucles, également chargées, exercent l'une sur l'autre une répulsion

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de 4 dynes à la distance de 10 centimètres, leur charge sera mesurée par le nombre 104=20.

Nous allons évaluer toutes les autres unités électriques et magnétiques en fonction de l'unité de masse électrique ; nous désignons par des minuscules les grandeurs mesu- rées dans le Sys.El.St. Système Electro-Statique, et par des majuscules les mêmes grandeurs mesurées dans le Sys.El.Mg Système Electro-Magnétique.

La densité électrique solide ρ est définie par la formule : ρ=qv Dimensions : QL3=FL2. La densité électrique superficielle μ est définie par : μ=qS Dimensions : QL2=FL Le potentiel électrostatique est défini par la formule : V=mr (k=1) Dimensions : QL=F. Ainsi la mesure du potentiel se ramène essentiellement à la mesure d'une force (il est proportionnel à sa rac. racine q).

La méthode de mesure la plus élégante sera celle qui réduit au minimum le nombre des grandeurs à mesurer. Tel est ici l'électromètre sphérique de M. Lippmann, dont la formule est ( p.169) : F=V28 Dans l'électromètre de lord Kelvin, la formule est plus compliquée : F=S8πV1V2e2 d'où : V1V2=e8πFS

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On a à mesurer, outre F, e et S : seulement, ces deux dernières grandeurs disparaissent de la formule des dimensions, car eS se réduit à un coefficient numérique.

La capacité électrique est définie par la formule : q=cV c=qV Dimensions : QV=LFF=L

Par exemple, la capacité d'une sphère est égale à son rayon ( p.95). Ainsi la méthode la plus élégante pour mesurer les capacités consiste à les comparer à celle d'une sphère. La capacité d'un condensateur à plateau est donnée par la formule : C=S4πe moins simple, car il y entre 2 grandeurs à mesurer S et e, dont le rapport L2L se réduit à la dimension L. Pour passer du vide à un autre milieu, il faut intro- duire la constante diélectriquedu milieu : K=C'C C étant la capacité du conducteur dans le vide, et C' sa capacité dans le milieu considéré. C'est le rapport de 2 grandeurs de même espèce, donc un simple nombre, indépendant des unités fondamentales. On dit qu'il est de dimension 0 (L°M°T°). Ce fait caractérise le Sys. Système El.St. Electro-Statique : il vient en effet de ce qu'on a posé : k=1 (ce qui pour le vide) ce qui réduit tous les autres k à des coefficients numériques.

La pression électrostatique est définie par la formule : τ=2πμ2 Dimensions : FL2

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L'énergie électrostatique s'exprime par la formule : W=mm'r Dimensions : Q2L=LF. On aboutit au même résultat en partant de la formule : W=12ΣmV Dimensions : QV=LF.

On voit que les dimensions de l'énergie sont les mêmes que celles d'un travail, ce qui justifie l'assimilation de l'énergie électrique aux autres formes de l'énergie.

Passons aux grandeurs électriques relatives aux courants.

L'intensité d'un courant est la quantité d'électricité qu'il transporte en l' unité de temps : donc : i=qt Dimensions : QT=LFT

La résistance se définit en fonction de l'énergie électrique par la loi de Joule : W=Ri2t d'où : R=Wi2t Dimensions : LFTL2F=TL

La résistance spécifique ρ est définie par en fonction de la résistance par la formule : R=ρls ρ=Rsl Dimensions : RL2L=RL=T

On passe aux grandeurs magnétiques par la formule qui exprime l'équivalence du moment magnétique d'un aimant et d'un courant : M=Siv

On convient de choisir l'unité de moment magnétique de telle sorte que le coefficient numérique v soit égal à 1. Donc : M=Si Dimensions : L2I=L3FT

div>

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La quantité de magnétisme ou masse magnétique m se détermine en fonction du moment par la relation : M=ml m=Ml Dimensions : ML=L2FT

L'intensité d'aimantation

Le potentiel magnétique se définit par la formule : V=mr Dimensions : mL=LFT

L’intensité d'aimantation est définie par la relation : M=Idv I=Mv Dimensions : ML3=FT

La perméabilité magnétique μ est définie par la loi de Coulomb : f=mm'μr2 ou, si m=m' : f=m2μr2 μ=m2fr2 Dimensions : L4FT2FL2=L2T2 Ce sont les dimensions du carré d'une vitesse.

Nous avons laissé partout F dans ces expériences, en considérant, pour simplifier, la force comme une unité fondamentale. Pour exprimer les dimensions en unités du système CGS, il suffit de faire : F=M12L12T1.

Dans le Système Electro-Magnétique, on part de la loi de Coulomb pour les actions magnétiques, qui détermine la quantité de magnétisme : F=mm'μr2

On convient de prendre choisir l'unité de magnétisme de telle sorte que l'on ait dans le vide : μ=1.

Dès lors, on sait d'avance que toutes les unités auront

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des grandeurs dimensions différentes, puisque les dimensions de μ dans le Sys.El.St. Système Electro-Statique sont L2T2.

La quantité de magnétisme, étant définie par la loi de Coulomb, doit avoir les mêmes dimensions que la quantité d'électricité dans le Sys.El.St. Système Electro-Statique : LF.

Le potentiel magnétique, défini par la même formule que le potentiel électrostatique, aura les mêmes dimensions : V=mr Dimensions : LFL=F

Le moment magnétique est alors défini par la formule : M=ml Dimensions : L2F

L'intensité d'aimantation est définie par la formule : M=Idv Dimensions : L2FL3=FL.

La perméabilité magnétique μ devient une constante numérique, de dimension 0 : car elle se réduit au rapport de 2 nombres.

On passe aux quantités électriques par l'équation de Gauss : M=Siv

Dans le Sys.El.Mg. Système Electro-Magnétique comme dans le Sys.El.St. Système Electro-Statique on con- vient de prendre v=1. La formule précédente détermine alors l’intensité du courant : I=MS Dimensions : L2FL2=F.

La quantité d'électricité est enfin définie par la relation : Q=It Dimensions : TF

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On en déduit aisément les dimensions de la densité électrique solide : TFL3, de la densité électrique superficielle : TFL2, de la pression électrostatique : T2FL4.

La résistance est déterminée par la loi de Joule : W=Ri2t R=Wi2t Dimensions : FLFT=LT Ce sont des dimensions d'une vitesse.

La résistance spécifique est définie par la formule : R=ρls ρ=Rsl Dimensions : RL=L2T

La force électromotrice est déterminée par la loi d'Ohm : E=Ri Dimensions : RI=LFT

La force électromotrice étant égale à une différence de potentiel, le potentiel V a les mêmes dimensions.

La capacité électrique est définie par la formule : Q=CV C=QV Dimensions : T2FLF=T2L

Enfin la constante diélectrique est déterminée par la loi de Coulomb relative aux actions électriques (K=1k) f=kmm'r2 ou, si m=m' : K= f m2fr2. Dimensions : Q2FL2=T2FFL2=T2L2.

Ce sont les dimensions de l'inverse du carré d'une vitesse.

On pouvait s'y attendre, puisque dans le Sys.El.St. Système Electro-Statique l'on part de k=1, on trouve : μ=L2T2, tandis que dans le Sys.El.Mg. Système Electro-Magnétique on fait μ=1.

Quand on compare les formules des dimensions dans les

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deux systèmes, on remarque qu'elles ne différent que par une puissance du rapport LT. Elles ne changent donc pas quand l'unité de masse varie, ou encore quand les unités de longueur et de temps varient dans le même rapport.

Les unités électriques du Sys.El.Mg. Système Electro-Magnétique CGS se trouvent être beaucoup trop petites ou beaucoup trop grandes pour la pratique. Aussi a-t-on essayé d'en déduire un Système d'unités pratiques qui fussent des multiples exacts des unités théoriques CGS.

Pour cela, on conserve les relations suivantes, où l'on a réduit tous les coefficients numériques à l’unité : Q=It=CE Loi d'Ohm : E=RI Loi de Joule : W=RI2t

On choisit arbitrairement les unités pratiques de résistance et de force électromotrice ; les autres s'en déduisent au moyen des relations précédentes, qui déterminent leur rapport aux unités El.Mg. Electro-Magnétiques CGS : L'unité pratique de résistance est l'Ohm = 109. CGS

L'unité pratique de force électrom. électromagnétique est le Volt = 108. CGS

L'unité pratique d'intensité de courant est l'Ampère : et comme : I=ER, l'ampère vaut 101 CGS

216

L'unité pratique de quantité d'électricité est le Coulomb : en vertu de la formule : Q=It, il vaut aussi 101. CGS.

L'unité pratique de capacité électrique est le Farad : et comme on a : C=QE, le farad vaut 109. CGS.

Cette unité étant encore très-grande, on a adopté le microfarad (millionième de farad) qui vaut 1015. CGS.

D'autres unités se sont introduites dans la pratique et l'industrie : par exemple, l'unité usuelle de quantité d'électricité est l'ampère-heure ; et comme le coulomb correspond à la seconde, l'ampère-heure vaut 3600 coulombs.

Quand on a voulu réaliser les unités pratiques de résistance et de capacité pour avoir des étalons de ces grandeurs, on a trouvé diverses déterminations dont a pris les moyennes : par exemple, l'ohm a été représenté par une colonne de mercure de 1 mmq. de section et de 106 cm de longueur à 0°. Mais cette valeur moyenne était trop faible ; on l'a corrigée en donnant à la colonne une longueur de 106,3. cette valeur est encore inexacte ; mais, comme on ne peut corriger indéfiniment l'étalon de résistance, on est convenu de définir l'unité pratique de résistance par cet étalon, sans se soucier de la définition théorique de l'ohm comme 109 unités CGS. Par suite, le système d'unités pratiques a

217

rompu tout lien avec le système CGS, et les unités élec- triques appelées ohm, volt, ampère, coulomb et farad n'ont qu'une existence légale, sans fondement théorique.

18 e leçon

On a souvent besoin de passer d'un système à l'autre, c-à-d c'est-à-dire connaissant la valeur d'une grandeur mesurée dans un système, de trouver sa valeur dans un autre.

Pour cela, il faut d'abord connaître les dimensions de la grandeur considérée dans chacun des systèmes. Par exemple, les dimensions de l’intensité d'un courant et de la force électromotrice sont respectivement:dans le Sys.El.St. Système Electro-Statique:dans le Sys.El.Mg. Système Electro-Magnétiquei=LTFI=Fe=FE=LTF

Pour calculer le rapport des valeurs d'une même grandeur dans les 2 systèmes, on se sert des formules qui expriment les lois fondamentales, qui sont les mêmes dans les 2 systèmes. Par exemple, on a entre Q, I, E, R, C les relations suivantes : q=it=ceQ=It=CEe=riE=RIW=ri2t=eitW=RI2t=EIt

Si l'on connaît par ex. le rapport qQ, on en déduit les

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autres de proche en proche. Dans la 1 e formule, t étant le même nombre, on a : qQ=iI.

Dans la 2 e formule de W (dont la valeur est la même dans les 2 systèmes), on a : iI=Ee. La loi d'Ohm donne : eE=iI×rR d'où : rR=eE2=Ii2

Enfin : qQ=cC×eE=cC×Qq d'où : cC=qQ2

On obtient ainsi une chaîne de proportions entre les valeurs des diverses grandeurs dans les 2 systèmes : qQ=iI=Ee=Rr=cC=v v étant un nombre constant qui a les dimensions d'une vitesse : car : iI=LT.

Pour déterminer ce nombre, il suffit de prendre la mesure absolue d'une même grandeur dans les 2 systèmes ; et de calculer leu on a donc une foule de méthode pour évaluer v. Inversement, une fois v connu, on a immé- diatement le rapport des valeurs d'une grandeur dans les deux systèmes, au moyen des formules précédentes.

On a trouvé, à 1200 près : v=3.1010 Or la vitesse de la lumière est en centimètre, à 11000 près : 3.1010 (300 000 kilomètres). Cette coïncidence curieuse ne peut pas être fortuite : car

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les premières déterminations de v donnèrent 288000 kilomètres ; mais à mesure qu'on obtenait des résultats plus exacts et qu'on employait des méthodes plus précises, les valeurs trouvées pour v se rapprochaient de la vitesse de la lumière. Ce seul fait donne lieu de présumer qu'il y a un lien entre la lumière et l'électricité, et qu'une théorie mécanique pourrait expliquer à la fois l'une et l'autre. La théorie électromagnétique de la lumière de Maxwell, est un essai imparfait de ce genre d'explication.

Instruments de mesure électromagnétiques

Se divisent en 2 classes : boussoles, électrodynamomètres.

Boussoles. Le principe des boussoles est l'expérience de Gauss, qui constitue le lien entre les phénomènes électriques et magnétiques. Si dans la 1 e position de Gauss, on remplace l'aimant fixe AB par une boucle infini- ment petite de surface S parcourue par un courant d'intensité i, la déviation β de l'aimant mobile A'B' est donnée par la formule : tgβ=2SiHr3 (Μ=Siv, mais on prend v=1 dans les 2 systèmes).

Connaissant H et ayant mesuré β, on en déduit : i=Hr32Stgβ Telle est la mesure électromagnétique de l'intensité d'un courant,

220

en fonction de l'intensité horizontale H du champ magnétique terrestre.

Les boussoles sont fondées sur le même principe, en remplaçant la boucle de courant infiniment petite par un circuit fermé de dimensions finies.

La boussole des tangentes, de Pouillet, En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma réalise la 1 e position de Gauss, avec un courant circulaire placé dans le plan du méridien magnétique, et une petite aiguille aimantée. AB dont le centre P est sur l'axe du cercle 0.

Cherchons le potentiel du courant sur le point extérieur P. En vertu de l'assimilation du courant à un feuillet, ce potentiel a pour expression : V=IΩ (v. p.198et 204)

I étant l’intensité du courant, et Ω l'angle solide sous lequel on voit du point P la face australe du feuillet.

Supposons P du côté de la face australe : soit P0=a ; et R le rayon α l'angle OPM. L'angle solide Ω est la surface de la calotte sphérique de rayon 1 circonscrite par le cône P : Ω=2π(1cosα) Or : cosα=OPMP=aR2+a2 Donc : V=2πI1aR2+a2

La force exercée sur une masse magnétique +1 (pôle austral)

221

placée en P sera dirigée suivant 0P prolongée : F=dVda=2πIR2(a2+R2)32

Supposons maintenant que l’aiguille aimantée placée en P ait un pôle austral +m ; un pôle boréal -m : Chaque pôle sera soumis à la force mF de la part du courant, et à la force mH de la part du champ terrestre : ces 2 forces sont perpendiculaires l'une à l'autre, et la position d'équilibre sera déterminée par la formule : tgβ=mFmH=FH=2πIH×R2(a2+R2)32 Connaissant a, R et H, on mesure la déviation β et l'on calcule I (en unités électromagnétiques).

Dans la plupart des boussoles, l'aiguille est placée au centre même du cercle ; alors , et l'on a simplement : tgβ=2πIHR

On a supposé jusqu’ici que l'aiguille était assez courte pour que la force sur chaque pôle fût sensiblement égale, dans n'importe quelle position, à la force au centre P.

Dans la pratique, la longueur de l’aiguille n'est pas négligeable, et l'on en tient compte en introduisant dans la formule un facteur de correction qui est une série de puissances paires de l (formule due à Blanchet). Il suffit d'en prendre le 1 er terme les 2 premiers termes ; on a alors la formule :

222

I=H(a2+R2)322πR2tgβ1316×R24a24(15sin2β)l2

Gauguin a eu l'idée de faire disparaître le terme en l 2 en posant : R24a2=0, R=2a, c-à-d c'est-à-dire en plaçant l'aiguille à une distance R2 du cercle. Mais cette disposition ingénieuse théoriquement n'est pas un perfectionnement pratique : car on sait pas si, en annulant le terme l 2, on ne rend pas très grand le terme l 4, de sorte que l'erreur commise peut être aussi grande, mais inconnue et incorrigible. De plus, il y a une difficulté pratique qui vient de ce que En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma le cadre de la bobine, au lieu d'être plat, doit être conique : et il est plus difficile d'enrouler régu- lièrement le fil, ce qui est une nouvelle cause d'erreur. Les appareils simples sont toujours préférables, parce qu'on peut aisément en découvrir les défauts et y remédier ; de même, il faut employer des formules très simples, pour pouvoir faire les corrections avec sûreté et facilité.

On peut donner à la boussole des tangentes une autre disposition : au lieu d'une bobine large et plate, on emploie une bobine longue et étroite, d'axe perpendiculaire au méridien magnétique, au centre de laquelle se trouve suspendue un

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petite aiguille aimantée. C'est un ensemble de boucles fermées juxtaposées ; soit n le nombre de spires du fil par unité de longueur de l'axe : une tranche de 1 cm. équivaut à n boucles de courant, ou à n feuillets magnétiques. Si n est très grand ( c-à-d c'est-à-dire le fil très fin et les spires très rapprochées), on pourra, pour la commodité du calcul, considérer les spires comme continues, de sorte que dans une tranche inf. infiniment petite de longueur d'axe dx il y en aura ndx. Soit x la distance ( pos. positive ou nég. négative) de la tranche au centre de la bobine, et 2l la longueur totale de celle-ci. Le potentiel élémentaire d'une spire ou boucle sur le centre 0 est : V=Iω=2πI1xR2+x2(1) Appel de note renvoyant en marge inférieure (1) Et par conséquent celui de la tranche dx, contenant ndx spires : dV=2nπI1-xR2+x2dx ( p.220)

Intégrons entre les limites -l et +l, pour avoir le potentiel total de la bobine par apport à son centre (I est constante dans toutes les spires, donc sort du signe ∫) : V=2nπI1+l1xR2+x2dx

La force exercée sur une masse magnétique +1 placée au centre de la bobine sera : F=dVdx dx étant le déplacement de cette masse suivant l'axe.

Or la même variation de potentiel dV peut être obtenue

224

en transportant la une tranche de longueur dx d'un bout à l'autre de la bobine ; il faut donc faire dans la dérivée x=+l, x=l, et prendre la différence : F=2nπI1lR2+l21lR2+l2=4nπIlR2+l2

Dans le cas particulier où la bobine a une longueur infinie, on a : limlR2+l2=1.

La force prend alors une expression très simple : F=4nπI

Cette formule est applicable, par approximation, aux bobines très longues par rapport à la longueur de l’aiguille : 50 cm. par ex. Le facteur lR2+l2 se traduit par un coef- ficient numérique de correction (constante instrumentale).

Cela posé, et en supposant la longueur de l’aiguille négli- geable par rapport au diamètre de la bobine, la déviation β est donnée par la formule (cf. p.221) : tgβ=FH=4nπIH×lR2+l2 d'où l'on tire la valeur de I en fonction de H.

Cette forme de boussole des tangentes a été imaginée par M. Lippmann.

Toutes les boussoles supposent qu'on a la mesure absolue de H, par ex. par l'expérience de Gauss. C'est l'inconvénient de cette méthode, de faire intervenir un facteur météorologique

225

variable. Pour effectuer une mesure exacte précise, il faut mesurer H au moment même où l'on effectue la mesure d'intensité, ce qui demande deux opérateurs : ou bien il faut mesurer H avant et après l'expérience d’intensité, et prendre la moyenne des deux résultats e comme valeur probable de H au moment de l'expérience (en vertu de la continuité des phénomènes naturels ; et de la proportionnalité des variations infiniment petits).

Théoriquement, on ne peut répondre ni de l’exactitude du résultat, ni même du degré d'approximation. Les électrodynamomètres ont l'avantage de se passer du champ terrestre, et de mesurer l’intensité du courant par son action sur lui-même : ces instruments se suffisent donc à eux-mêmes, et fournissent une mesure absolue par une seule expérience.

Les galvanomètres sont des instruments de mesure relative des intensités de courant. Le cadre où est enroulé le fil étant de forme quelconque, on ne sait plus quelle est la grandeur absolue de la force ; on sait seulement qu'elle est perpendiculaire au plan du courant et proportionnelle à l'intensité : F=mgI m étant la masse magnétique d'un pôle de l'aiguille, et g une constante instrumentale. Si la longueur de l’aiguille

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était très petite, on pourrait encore avoir une formule de tangente : tgβ=mgImH=gIH l'intensité à mesurer serait proportionnelle à la tangente. On pourrait déterminer empiriquement le coefficient g par comparaison avec un instrument de mesure absolue.

Mais en général on ne s'astreint pas à employer une aiguille très-courte. Alors la force varie en grandeur et en direction par suite de la déviation, et l'on n'a plus une tangente proportionnelle à l’intensité, ni même une formule de tangente.

Aussi on ne peut employer le galvanomètre qu'avec de faibles déviations, ou encore par une méthode qui ramène toujours au zéro. Avec de faibles déviations, on peut encore obtenir des mesures précises par la méthode de Gauss Poggen- dorf pour la mesure des angles.

La méthode du zéro est employée dans le galvanomètre différentiel, où l'on fait passer en sens inverse 2 courants, l'un constant, à mesurer, l'autre variable à volonté et d'intensité connue. On règle ce dernier de manière à ramener l’aiguille au zéro : les deux courants sont alors égaux et contraires.

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19 e leçon

Un galvanomètre très sensible est celui de Melloni et Nobili, avec son aiguille astatique qui diminue énormé- ment l'action du magnétisme terrestre et par suite aug- mente les déviations de l'aiguille pour une intensité donnée.

Un galvanomètre plus sensible encore a été imaginé En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémapar lord Kelvin : son système astatique est composé non plus de 2 aiguilles longues, mais de 2 fais- ceaux d'aiguilles courtes, parallèles et de même sens dans chacun, les pôles des 2 faisceaux étant contrariés. Chaque faisceau est mobile au centre d'une bobine : les deux bobines sont parcourues en sens inverse par le même courant, de sorte que leurs actions sur le système s'ajoutent.

Lord Kelvin avait cherché la forme la plus favorable à donner aux bobines ; mais il est commode de leur donner simplement la forme circulaire.

M. Weiss a encore perfectionné cet instrument en formant le système astatique de 2 aiguilles aimantées verticales et accolées en sens inverse, ab, b'a'. Chaque aiguille pouvant En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémase réduire à ses pôles, ce système équivaut à l'ensemble de 2 aiguilles horizontales très courtes : ab', ba'. Or des aiguilles longues sont capables

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d'une aimantation bien plus forte que les aiguilles courtes. Par cet ingénieux artifice on obtient des aimants à la fois puissants et très-courts, qui conviennent aux galvanomètres sensibles, car ceux-ci doivent avoir de faibles dimensions.

Electrodynamomètres

Un électrodynamomètre se compose essentiellement d'une grande bobine fixe et d'une petite bobine mobile parcourues par le même courant : l'effet produit est indépendant du magnétisme terrestre et proportionnel au carré de l'intensité du courant, de sorte qu'un tel instrument suffit à lui seul à fournir une mesure absolue de cette intensité.

L'électrodynamomètre absolue de M. Pellat est une balance : la bobine fixe a (théoriquement) une longueur infinie, et son axe est perpendiculaire En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma au méridien magnétique : la bobine mobile, placée à l' son intérieur, a son axe vertical et est portée par un fléau de balance : celui-ci est en équilibre dans la position horizontale quand le courant ne passe pas (Il porte un trait de repère qu'on vise avec un microscope muni d'un micromètre ) oculaire). Quand le courant passe, la bobine est déviée : on rétablit l'équilibre dans la position horizontale au moyen de poids dans le plateau

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Nous allons chercher la relation qui existe entre ces poids et l’intensité du courant I dans les 2 bobines.

L’intensité du champ magnétique produit par le courant à l'intérieur de la grande bobine est la force ( v. p. 224) : F=4nπI (n, nombre de spires par unité de longueur)

Supposons la petite bobine remplacée par l'aimant équivalent, de longueur l et de pôle m : son moment magnétique est : M=ml

La force qui agit sur le pôle austral est +mF, sur le pôle boréal, mF : l'aimant est donc soumis à un couple dont le moment : mlF=MF

Revenons à la bobine : chaque spire, ayant une section S, équivaut à un aimant de moment SI : soit N le nombre total des spires de la petite bobine, son moment magnétique est : M=NSI et elle est soumise à un couple dont le moment est : MF=4nπNSI2

Ce couple est équilibré par les poids P unis dans la balance ; soit L la longueur du bras de fléau ; leur moment est PL, et par conséquent l'équation d'équilibre est : PL=4nπNSI2 d'où : I=PL4nπNS

On voit que I est proportionnelle à P

230

Si, au lieu d'une bobine infiniment longue, on emploie une bobine finie, on n'a qu'à ajouter le facteur correctif lR2+l2( v. p. 224)

On a aussi supposé la bobine mobile infiniment petite;si l'on emploie une bobine finie, on doit intro- duire un autre facteur correctif constant. En somme, on obtient la formule pratique : I=KP

K étant une constante instrumentale. Si on la calcule en fonction des dimensions et conditions de construction de l'appareil, ce sera un instrument de mesure absolue, ce sera un instrument secondaire ou dérivé. L'instrument primitif de M. Pellat a une bobine de 75 cm. de longueur. Les instruments secondaires ont des bobines de 10 à 20 cm. Si l'on ne veut avoir que des mesures relatives, il est évi- demment inutile d'évaluer la constante instrumentale.

Dans tous les cas, le magnétisme terrestre n’intervient pas ; car le couple directeur agissant sur la bobine mobile est annulé par la résistance du couteau de la balance. ?

Un électrodynamomètre relatif est celui de Weber, qui est l'inventeur de ces sortes d'appareils. La bobine fixe a son axe perpendiculaire au méridien magnétique ; la bobine mobile

231

est suspendue de manière que son axe soit horizontal et en équilibre dans le plan du méridien magnétique. Quand le courant passe dans les deux bobines, leurs axes tendent à de venir parallèles : et comme ils sont perpendiculaires, la bobine mobile est soumise à un couple maximum. La disposition est donc la même que dans la boussole des tangentes ; seulement, la suspension est bifilaire (ce qui elle sert en même temps à amener le courant dans la bobine mobile), ce qui produit un couple antagoniste beaucoup plus fort que le couple directeur terrestre.

Cherchons les conditions de l'équilibre de la bobine sous l'action de ces 3 couples. Soit α l'angle dont que son axe fait avec le méridien magnétique ; soit M=gI le moment ma- gnétique de la bobine mobile : le moment du couple terrestre horizontal sur cette bobine sera MH, et sa composante efficace : MHsinα=gHIsinα

Le moment du couple dû à la suspension bifilaire est aussi proportionnel au sinus de l'angle d'écart : Ksinα ?

p.25Le moment du couple exercé par la bobine fixe sur la bobine mobile est proportionn le produit des moments magnétiques des 2 bobines : GI×gI=GgI2 qu'il faut multiplier par pour avoir sa composante efficace. L'équation de l'équilibre sera donc :

232

GgI2cosα=gHIsinα+Ksinα d'où : tgα=GgI2gHI+K

G, g, et K sont des constantes instrumentales ; on mesure H et α, et l'on en déduit l'inconnue I. Si K est très grand par rapport à gHI, la formule se simplifie : tgα=GgKI2 on n'a plus besoin de mesure H. En mesurant Si l'on sait mesurer avec précision une faible déviation, on pourra rendre le moment du bifilaire assez grand pour que H soit négligeable (car cela diminue nécessairement la sensibilité de l'appareil). On peut éliminer H par un autre artifice. Si l'on renverse le sens du courant, I change de signe, mais non I2 : on a une déviation α' différente de α, suivant la formule : tgα'=GgI2KgHI Du rapprochement des 2 formules on conclut : cotgα+cotgα'=2KGgI2 formule indépendante du magnétisme terrestre. Ainsi moyennant 2 expériences, cet instrument se suffit à lui-même et n'a pas besoin d'une mesure auxiliaire.

Nous allons maintenant indiquer les méthodes qui permettent de mesurer les résistances et les forces électromotrices en unités électro-magnétiques.

Pour mesurer une résistance en valeur absolue, on peut

233

combiner une mesure électro-magnétique d'intensité avec une mesure calorimétrique. En effet, l'énergie dépensée dans un fil de résistance R par un courant d'intensité I pendant un temps t est donnée par la loi de Joule : W=RI2t, et la quantité de chaleur équivalente par la formule : Q=1JRI2t

On fait passer le courant pendant le temps connu t ; on mesure I par l'un électrodynamomètre, Q par un calori- mètre ; on en déduit la valeur absolue de R.

Pour mesurer une force électromotrice en valeur absolue, on emploie la loi d'Ohm : E=RI. On mesure I, puis R par la méthode précédente : on en déduit la valeur absolue de E.

Mais les mesures calorimétriques sont longues et relativement peu précises. Aussi la mesure absolue des résistances et des forces électromotrices se fait-elle par d'autres méthodes, fondées sur les lois de l'induction, qui permettent de remplacer le calorimètre par d'autres instruments. Théoriquement, l'électrodynamomètre reste le fondement des mesures électromagnétiques, comme l'électromètre est celui des mesures électrostatiques.

Passons aux procédés de mesure relative.

La comparaison des résistances entre elles est fondée sur une

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application des lois de Kirchhoff : pont de Wheatstone : R et R' connues, fixes ; r inconnue, à mesurer ; r' connue et variable. En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma

On règle r' de manière à amener le galvanomètre au zéro : on a : rr'=RR'.

En effet, la loi de Kirchhoff appliquée aux 2 triangles donne : iri'r'=0 iRi'R'=0 d'où : rr'=i'i=RR'.

Cette méthode suppose qu'on dispose de résistances variables à volonté. Deux espèces d'appareils répondent à ce besoin :Rhéostats : inventés par Pouillet. Le plus simple des rhéostats consiste en 2 fils En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma semblables tendus parallèle- ment sur une règle divisée, sur lesquels peut glisser un pont conducteur EF muni de contacts. Le courant arrivant A, B, on peut faire varier à volonté la longueur du circuit et par suite sa résistance. Si les fils sont bien réguliers, la résistance sera proportionnelle à la longueur : il suffira de connaître la résistance de l'unité de longueur du fil. Les rhéostats ont l'avantage théorique de faire varier la résistance d'une manière continue ; mais cet avantage est illusoire en pratique, car les contacts E et F

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ne sont jamais réguliers ni précis, et l'on ne sait pas exac- tement quelle est leur résistance.

Boîtes de résistances. Ce sont des collections de bobines disposées en série ; seulement, les deux extrémités de chaque bobine communiquent avec deux En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schéma plaques entre lesquelles on peut enfoncer une cheville conductrice, de résistance négligeable (à cause de la grande surface de contact). La pose de cette cheville exclut la bobine du circuit, car le courant se répartit en raison inverse des résistances. Quand toutes les chevilles sont placées, la résistance de la boîte est nulle presque L'auteur indique par des crochets que les termes «nulle » et « presque » doivent être inversés ; quand on en enlève quelques-unes, la résistance est la somme des résistances des bobines correspondantes. Dans La résistance de chaque bobine est graduée en ohms. Dans les boîtes en série linéaire, les résistances sont échelonnées comme les poids (1, 2, 2, 5, 10, 10, 20, 50, 100, etc.)

Dans les boîtes à cadre, une seule cheville commande En face de ce paragraphe,à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaune série de bobines égales (au nombre de 10) ; suivant la si l'on place de la cheville, au numéro 3, le courant passe dans 3 bobines, et si la résis- tance de chacune est 1 ohm, la résistance totale est de 3 ohms. De là il passe dans une série de 10 autres bobines de chacune de résistance égale à 10 ohms :

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si l'on met la cheville au n°5, on lui fait traverser une résistance de 50 ohms. Il y a de même une série de bobines de 100 ohms, et une autre de 1000 ohms, qui permettent d' évaluer produire des résistances de centaines et de milliers d'ohms (jusqu'à 9999 ohms). On voit qu'avec 4 chevilles seulement on peut obtenir tel nombre d'ohms qu'on veut, de 0 à 10000 : on écrit le nombre connu dans un ttableau à colonnes.

Pour des mesures rapides, on emploie aussi des rhéostats avec des bornes disposées en cercle sur lesquelles tourne un contact glissant : mais ce contact étant moins parfait que celui des chevilles, la procédé mesure des résistances est moins exacte.

Toutes les bobines sont formées de 2 fils enroulés en sens inverse, pour éviter les phénomènes d'induction. Les fils sont en un alliage métallique (maillechort) dont la conductibilité varie 7 ou 8 fois moins que celle des métaux purs suivant la température 'pour un métal pur, la résistance varie de 1273 ? par degré). De plus les résistances sont mesurées à une température indiquée, 150, qui est la température moyenne des laboratoires.

On pourrait corriger les mesures de résistances effectuées à une autre température, mais quand on tient à tant de

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précision, on préfère employer d'autres méthodes.

Pour vérifier la graduation des boîtes, on emploie des étalons dont la résistance est connue en valeur absolue. On a des étalons d'ohm constitués par un tube fin plein de mercure, joignant 2 vases pleins de mercure, le tout ayant une résistance de 1 ohm à 0°. On a aussi des étalons secondaires, formés de tubes remplis de mercure, représentant des multiples ou des fractions de l'ohm.

L'usage si fréquent du pont de Wheatstone a amené à fabriquer des boîtes de résistances comprenant les 3 branches connues du pont : les 2 résistances fixes (de 10, 100 ou 1000 ohm, à volonté) et la résistance variable, formée par la boîte de résistances proprement dite.

Mesure relative des forces électromotrices.

En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaOn emploie la méthode d'opposition. Dans un fil bien régulier AB tendu sur une règle divisée, au fait passer le courant d'une pile bien constante P. Par la section variable BC du même fil (au moyen du curseur C), on fait passer en sens inverse le courant produit par une force électromotrice quelconque Q, qui traverse aussi un galvanomètre G. On dispose le curseur C de manière à amener le galvano-

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mètre au zéro, et l'on fait l'expérience en plaçant tour à tour avec en Q la force électromotrice e à mesurer et une force électro- motrice connue e'. Les résistances r, r' des la sections BC au et BC' interceptées sur le fil sont proportionnelles à leur longueur. Appliquons la loi de Kirchhoff au circuit qui contient la force électromotrice et galvanomètre : le courant étant nul, la seule intensité sur BC est celle du courant de la pile P : c-à-d c'est-à-dire la constante i : d'où les 2 équations : eir=0 e'-ir'=0 et on en tire : ee'=rr' ce qui permet d'évaluer e par apport à e' connue.

On prend pour terme de comparaison des piles-talons : par exemple, l'élément Latimer-Clarke (mercure, sulfate de mercure, zinc, sulfate de zinc) dont la force électromotrice est très régulière, pourvu qu'elle ne fournisse pas de courant (1,457 volt). On s'arrange pour placer d'avance le curseur à peu près au point où il doit être pour que le courant produit par Q soit nul. De plus, on remplace le galvanomètre par un électromètre, qui a l'avantage de ne pas fermer le circuit et de ne pas epu faire fonctionner la pile ; de plus en outre, que il est beaucoup plus sensible que le galvanomètre à une différence de potentiel qui se traduit par un courant très faible.

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Un autre étalon est la pile Gouy (zinc, sulfate de zinc, mercure, oxyde de mercure) dont la force électromotrice est 1,43. En général, on peut employer n'importe quelle pile à 2 liquides, pourvu que leur débit soit insensible et que par suite elles ne se polarisent pas (ce qui affaiblit le courant). Pour cela, il suffit de leur donner une résistance énorme qui empêche le courant de passer. Par exemple, on composera un élément Daniell En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémade 2 vases, l'un de sulfate de zinc conte- nant un bâton de zinc, l'autre de sulfate de cuivre contenant un bâton de cuivre, reliés par 2 siphons très fins plongeant dans une cuvette d'eau ordinaire. La résistance intérieure d'une telle pile est immense.

Courants variables

Les lois des courants continus ne sont pas applicables sans restriction aux courants variables : par exemple, on ne peut pas affirmer que l'intensité soit la même un même instant en tous les points du circuit : cela est faux pour les conducteurs très longs ou très résistants (câbles transatlantiques) où la quantité d'électricité mise en jeu à une extrémité met un temps appréciable à se propager à l'autre bout, de sorte que la quantité d'électricité

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qui passe en un point n'est pas égale à celle qui passe en un autre point.

De même, si une partie du circuit possède une grande capacité ; par exemple, si 2 points du conducteur sont reliés à un condensateur : pour porter une armature du potentiel 0 au potentiel V, il faudra lui communiquer une quantité d'électricité CV : or cette quantité d'électricité sera arrêtée là et ne passera pas plus loin, de sorte que l’intensité du courant variable (pendant la charge du condensateur) sera plus forte en-deçà du condensateur qu'au-delà.

Pour exclure ces cas embarrassants, nous admettrons que les conducteurs ont tous une faible résistance et une petite capacité. Dans ce cas, les lois de Joule et d'Ohm s'appliqueront au courant variable pendant un temps infiniment petit dt (où il peut être regardé comme constant) : E=RI dQ=1JRI2dt

C'est ce qu'on vérifie par l'expérience de Riess ( p.126), où la quantité de chaleur dégagée par un courant variable (provenant de la décharge d'un condensateur) est proportionnelle à la résistance.

20 e leçon

Nous étudierons spécialement deux espèces de courants variables : 1° les courants oscillants (dont l'intensité oscille périodiquement autour d'une valeur moyenne) ; 2° les courants instantanés.

Pour un courant oscillant, la quantité d'électricité transportée pendant le temps dt est : dQ=Idt, I étant l'intensité à cet instant, et pendant le temps t : Q=Idt

On appelle intensité moyenneJ d'un courant variable celle d'un courant constant qui transporte dans le même temps t la même quantité d'électricité : Q=Jt J=Qt=1tIdt

De même, le travail effectué par le courant pendant le temps dt étant : dW=RI2dt, le travail effectué pendant le temps t sera : W=RI2dt,

et On appelle énergie moyenne d'un courant variable (W) celle d'un courant constant qui produit le même travail dans le même temps t : Wt=W W=12RI2dt=RtI2dt, R étant constante. Si l'on remplace l'intensité I par son

242

expression tirée de la loi d'Ohm, on a les intégrales : J=1RtEdt W=1RtE2dt.

Dans les applications pratiques, c'est l'intensité moyenne et l'énergie moyenne qu'il importe de connaître. On voit que pour cela il suffit de connaître les 2 intégrales Idt, I2dt ; ou les 2 intégrales équivalentes : Edt, E2dt.

On évaluera l'intensité moyenne et l'énergie moyenne en unités El.St. Electro-Statiques au moyen de l'électromètre et du calorimètre. En effet, le calorimètre reçoit chaque instant une quantité de chaleur : dq=1JRI2dt et dans le temps t : q=RJI2dt

On peut, en mesurant q, évaluer ainsi I2dt ou E2dt.

D'autre part, l’électromètre permet d'évaluer Idt.

En effet, si l'on emploie l'électromètre à quadrants avec la disposition symétrique de M. Mascart, où V1+V2=0, la formule de la déviation est : θ=4AV0V1 ( p. 177).

Supposons d'abord que le 'un courant constant passe dans le fil AB : le point B communique avec le sol (potentiel 0), le point A avec l'aiguille de l'électromètre (potentiel inconnu V 0) : on a : V0=RI, R étant la résistance (connue) du fil AB. On calculera

243

l'intensité (constante) I au moyen de θ par la formule : θ=4AV1RI V 1 étant connue ; on mesure θ.

Supposons maintenant que le même fil soit suivi par un courant oscillant avec une rapidité suffisante pour que l'aiguille n'ait pas le temps de se déplacer pendant une période. Sa déviation fixe θ mesurera alors l’intensité moyenne J du courant, et l'on aura la formule : θ=4AV1RtIdt, d’où l'on tirera Idt, et par suite Edt.

On peut encore évaluer les 2 autres intégrales au moyen de l'électromètre, mais avec une disposition différente : on met un couple de quadrants en communication avec le sol, et l'autre couple en communication avec l'aiguille et le point A du courant. On doit faire : V2=0, V1=V0.

La formule est alors : θ=AV02 ( p.177) Or : V0=RI pour un courant constant ; remplaçons I par l'intensité moyenne J du courant variable : θ=AR21tI2dt

En mesurant la déviation θ (supposée constante), on peut calculer I2dt, ou encore E2dt, et par suite l'énergie moyenne, en mesure Electro-Statique.

244

Pour mesurer l'intensité moyenne et l'énergie moyenne en unités Electro-Magnétiques, on emploie la boussole des tangentes et l'électrodynamomètre.

Pour un courant constant, la déviation de la boussole des tangentes est données par la formule : tgθ=gIH

Si le courant variable oscille assez rapidement pour que l'aiguille ne bouge pas, on aura l'intensité moyenne par la même formule : tgθ=gHtIdt

Dans l'électrodynamomètre de M. Pellat, par exemple, si le courant a l'intensité constante I et si le poids p rétablit l'équilibre, on a la relation : I2=Ap

En supposant toujours la période assez courte pour que l'instrument ne bouge pas, on peut remplacer I 2 par sa valeur moyenne : Ap=1tI2dt

On obtient ainsi I2dt, ou encore E2dt.

On peut aussi évaluer Idt au moyen de l'électro- dynanomètre. Pour cela, il faut faire passer dans la bobine fixe un courant constant d'intensité connue I 1, et dans la bobine mobile le courant variable qu'on étudie. Si ce dernier avait l'intensité constante I, elle serait donnée par la formule : II1=Ap.

L'intensité moyenne est donc donnée par la formule :

245

ApI1=J=1tIdt.

En général, tout phénomène dépendant de l'intensité d'un courant et proportionnel à cette intensité permet de mesurer les intensités moyennes ; tout phénomène proportionnel au carré de l'intensité permet de mesurer les énergies moyennes.

On peut construire le graphique des intensités moyennes

Parmi les courants oscillants, les plus fréquents sont les courants sinusoïdaux, dont l'intensité varie selon la formule : I=Asin2πtTφ

I étant la durée d'une période. On peut représenter cette En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaloi de variation par une courbe sinusoïde. L'intensité moyenne pendant un nombre entier de périodes est nulle en effet, Idt est représentée par l'aire de la courbe, les aires au-dessous de l'axe devant être comptées négativement : dans chaque période, les 2 demi-périodes s'annulent. Au bout de n périodes plus une fraction, l'intensité moyenne n'est pas nulle : car Idt est égale à l'aire qui correspond à cette fraction de temps θ ; mais comme on doit la diviser par t(=nT+θ) pour avoir l'intensité moyenne, celle-ci est très petite, et d'autant

244

Pour mesurer l'intensité moyenne et l'énergie moyenne en unités Electro-Magnétiques, on emploie la boussole des tangentes et l'électrodynamomètre.

Pour un courant constant, la déviation de la boussole des tangentes est données par la formule : tgθ=gIH

Si le courant variable oscille assez rapidement pour que l'aiguille ne bouge pas, on aura l'intensité moyenne par la même formule : tgθ=gHtIdt

Dans l'électrodynamomètre de M. Pellat, par exemple, si le courant a l'intensité constante I et si le poids p rétablit l'équilibre, on a la relation : I2=Ap

En supposant toujours la période assez courte pour que l'instrument ne bouge pas, on peut remplacer I 2 par sa valeur moyenne : Ap=1tI2dt

On obtient ainsi I2dt, ou encore E2dt.

On peut aussi évaluer Idt au moyen de l'électro- dynanomètre. Pour cela, il faut faire passer dans la bobine fixe un courant constant d'intensité connue I 1, et dans la bobine mobile le courant variable qu'on étudie. Si ce dernier avait l'intensité constante I, elle serait donnée par la formule : II1=Ap.

L'intensité moyenne est donc donnée par la formule :

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ApI1=J=1tIdt.

En général, tout phénomène dépendant de l'intensité d'un courant et proportionnel à cette intensité permet de mesurer les intensités moyennes ; tout phénomène proportionnel au carré de l'intensité permet de mesurer les énergies moyennes.

On peut construire le graphique des intensités moyennes

Parmi les courants oscillants, les plus fréquents sont les courants sinusoïdaux, dont l'intensité varie selon la formule : I=Asin2πtTφ

I étant la durée d'une période. On peut représenter cette En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaloi de variation par une courbe sinusoïde. L'intensité moyenne pendant un nombre entier de périodes est nulle en effet, Idt est représentée par l'aire de la courbe, les aires au-dessous de l'axe devant être comptées négativement : dans chaque période, les 2 demi-périodes s'annulent. Au bout de n périodes plus une fraction, l'intensité moyenne n'est pas nulle : car Idt est égale à l'aire qui correspond à cette fraction de temps θ ; mais comme on doit la diviser par t(=nT+θ) pour avoir l'intensité moyenne, celle-ci est très petite, et d'autant

246

plus petite que t, c-à-d c'est-à-diren, est plus grand. Ainsi l'intensité moyenne tend vers 0 quand le nombre des périodes augmente ; et si ce nombre est très grand par seconde, et si l'instrument de mesure des intensités a des oscillations lentes, il marquera l'intensité moyenne d'un grand nombre de périodes, laquelle est nulle.

Au contraire, l'énergie moyenne n'est jamais nulle, car dans l'intégrale I2dt tous les éléments sont positifs (ou nuls) ; cette intégrale est donc toujours positive, et va constamment en croissant avec le temps. Si l'on la prend sur un nombre suffisant de périodes et qu'on la divise par le temps, on aura l'énergie moyenne, et par suite la quantité de chaleur produite par le courant.

Ainsi les courants sinusoïdaux n'ont pas d'action sur la boussole des tangentes, mais ils en ont une sur l'électrodynamomètre.

Si l'on emploie les mêmes instruments à l’étude des courants qui varient lentement, ils indiqueront, non plus l'intensité moyenne, mais l'intensité à chaque instant. On peut alors construire le graphique des intensités, pour calculer l'intensité moyenne et l'énergie moyenne. On peut enregistrer automatiquement ce graphique en faisant tomber un f rayon lumineux, réfléchi par le miroir de

247

l'électromètre ou de la boussole des tangentes, sur un papier photographique qui se déroule avec une vitesse uniforme.

Les courants instantanés sont surtout obtenus par la décharge des condensateurs : leur durée est très courte, de l'ordre du 100.000 e de seconde.

On peut mesurer avec une boussole des tangentes la quan- tité d'électricité transportée par un courant instantané : Q=Idt

Soit l la longueur de l'aiguille aimantée, m la charge magnétique d'un de ses pôles ; la force F qui s'exerce sur l'unité de magnétisme est proportionnelle à l'intensité du courant : F=gI

Supposons que pendant la durée du courant Δt, l'aiguille tourne de l'angle Δα : évaluons le travail effectué par la force F. La force qui s'exerce sur un chaque pôle est mF, le déplacement est 12=lΔα, donc le travail est : Τ=2mF12lΔα=mgIlΔα=MgIΔα, M étant le moment magnétique ml de l'aiguille, et I étant supposée constante. Remplaçons I par l’intensité moyenne J : Τ=MgΔαΔtIdt=MgQΔαΔt

Or ΔαΔt est sensiblement égale à 12dαdt, vitesse angulaire de l'aiguille au moment où le courant passe cesse (1) Appel de note renvoyant en marge inférieure(1) En effet, la vitesse moyenne ΔαΔt peut être considérée comme la moyenne des vitesses initiale (0) et finale dt de l'intervalle Δt. T est égal à la force vive de l'aiguille :

248

Τ=12mv2=12mr2dαdt2=12dαdt2mr2

Posons : mr2=Κ, moment d'inertie de l'aiguille : on a finalement l'équation : 12MgQdαdt=Κ2dαdt2 MgQ=K2×dt (1) d'où l'on tirera Q en fonction de dαdt.

Pour évaluer dαdt, on note la déviation maxima α 1 que l’aiguille atteint en tournant continuant à tourner sous l'impulsion du courant instantané. La force vive due à la vitesse angulaire initiale est détruite à ce moment par le travail du couple directeur terrestre horizontal. Or la force du magnétisme terrestre sur un pôle est mH : le déplacement du pôle dans sa direction est :

12l(1cosα1) ; donc le travail du couple terrestre est : 2mH12l(1cosα1)=MH(1cosα1) En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaOr : 1-cosα1=2sin2α12 Donc : K2dt2=2MHsin2α12 (2) d'où l'on tire : dt=2sinα12MHK

Transportons cette valeur dans la première équation : MgQ=2Κsinα12MHΚ Q=2HKgMsinα12.

On a ainsi la quantité d'électricité en fonction de l'angle d'écart maximum α 1 de l'aiguille aimantée. Il faut en outre connaître son moment magnétique M son moment d'inertie Κ , le moment horizontal terrestre H, enfin la constante instrumentale g.

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Τ=12mv2=12mr2dαdt2=12dαdt2mr2

Posons : mr2=Κ, moment d'inertie de l'aiguille : on a finalement l'équation : 12MgQdαdt=Κ2dαdt2 MgQ=K2×dt (1) d'où l'on tirera Q en fonction de dαdt.

Pour évaluer dαdt, on note la déviation maxima α 1 que l’aiguille atteint en tournant continuant à tourner sous l'impulsion du courant instantané. La force vive due à la vitesse angulaire initiale est détruite à ce moment par le travail du couple directeur terrestre horizontal. Or la force du magnétisme terrestre sur un pôle est mH : le déplacement du pôle dans sa direction est :

12l(1cosα1) ; donc le travail du couple terrestre est : 2mH12l(1cosα1)=MH(1cosα1) En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaOr : 1-cosα1=2sin2α12 Donc : K2dt2=2MHsin2α12 (2) d'où l'on tire : dt=2sinα12MHK

Transportons cette valeur dans la première équation : MgQ=2Κsinα12MHΚ Q=2HKgMsinα12.

On a ainsi la quantité d'électricité en fonction de l'angle d'écart maximum α 1 de l'aiguille aimantée. Il faut en outre connaître son moment magnétique M son moment d'inertie Κ , le moment horizontal terrestre H, enfin la constante instrumentale g.

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Pour simplifier cette formule, on peut y introduire la durée d'oscillation de l'aiguille sous l'influence du magnétisme terrestre ( p.186) : T=2πΚMH d'où : KM=T2πH

La formule devient alors : Q=HT2πgsinα12.

Elle donne la valeur de Q en unités Electro-Magnétiques. Telle est la méthode du galvanomètre balistique(1) Appel de note renvoyant en marge inférieure : (1)ainsi appelé par analogie avec le pendule balistique.

On pourrait employer la même méthode balistique avec un électromètre ou un électrodynamomètre.

L'expérience précédente fournit un moyen de déterminer le rapport des unités Electrostatiques et Electromagnétiques : v=qQ.

On charge un condensateur dans des conditions uniformes, par exemple, au moyen d'une force électromotrice constante et connue ; la charge s'exprime par la formule ( p.99) : q=S4πe(V1V2)

On mesure (V1V2) au moyen de l'électromètre : connaissant S et e, on calcule la valeur absolue de q en unités El.St Electro-Statiques. Puis on décharge le condensateur sur une boussole des tangentes : on détermine par la méthode précédente la valeur absolue de Q en unités El.Mg Electro-Magnétiques.

Au lieu de la méthode balistique, on peut encore employer

250

un autre procédé. Si l'on décharge le même condensateur, uniformément chargé, n fois par seconde sur une boussole des tangentes, l'aiguille subira une déviation permanente, comme sous l'influence d'un courant périodique. La quan- tité d'électricité qui passe par seconde, nQ, est égale à l'intensité I du courant constant qui produirait la même déviation ; donc : tgθ=gnQH.

Pour réaliser cette expérience, on emploie un diapason fai dont on connaît le nombre n de vibrations par seconde, et qui met le condensateur en communication alternativement avec la pile qui le charge et le galvanomètre ou la boussole où il se décharge. Si n est compris En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma entre 200 et 1000, la durée d'une vibration est largement suffisante pour la charge et la décharge du condensateur.

Dans l'industrie, on emploie pour mesurer les forces électromotrices et les intensités les voltmètres et les ampère- mètres. Ces appareils sont des galvanomètres fondés sur une double application de la loi d'Ohm.

Si la résistance d'un galvanomètre est très petite par rapport à celle d'un circuit, son introduction dans le circuit n'affai- blira pas sensiblement l'intensité du courant, et par suite

sa déviation mesurera cette intensité : c'est un ampèremètre.

Si au contraire la résistance R du galvanomètre est énorme par rapport à la résistance r des circuits où on l'intercale, l'intensité du courant qui le traversera sera égale à : ER+r, ou sensiblement à : ER, et comme R est constante, elle sera proportionnelle à E.

La déviation mesurera donc la force électromotrice : ce sera un voltmètre. On gradue empiriquement ces instruments en volts et en ampères, par comparaison avec des instruments de mesures absolues.

Un galvanomètre ordinaire serait trop délicat pour les usages industriels. On rend les galvanomètres transporttables et indépendants du magnétisme terrestre en dirigeant l'aiguille par un fort aimant permanent fixé dans la boîte : la force du champ terrestre est négligeable par rapport à celle de cet aimant, de sorte que l'aiguille prend une qdirection invariable, quelque quelle que soit la position de l'instrument. On diminue nottablement par là sa sensibilité. Pour que la graduation empirique soit exacte, il faut que l'aimant directeur ait une intensité constante.

La définition du travail électromagnétique va nous acheminer directement à l'étude des phénomènes d'induction.

252

Travail électromagnétique

Nous allons évaluer le travail des forces magnétiques dans un cas particulier. Soit une aiguille aimantée de longueur l, de pôle m, dans un champ magnétique uniforme, d'inten- sité constante F perpendiculaire au méridien magnétique.

Elle est déviée d'abord d'un angle α par rapport à la direction des forces magnétiques. Supposons que la déviation augmente de dα, et calculons le travail des forces magné- tiques pour ce déplacement infiniment petit.

La force qui s'exerce sur chaque pôle est : mF. Le chemin parcouru est dans le sens de la force est : l2d(cosα) : donc le travail total des forces sur les 2 pôles sera : dΤ=2mFl2d(cosα)=MFsinαdα travail négatif, car les forces s'opposent à l'accroissement dα.

Remplaçons maintenant l'aimant par un courant fermé équivalent ayant pour axe AB : M=SI.

Il vient : dΤ=SIFsinαdα

Or le champ est uniforme, donc F est constante ; S aussi.

dΤ=Id(FScosα)

Or FScosα est le flux de force magnétique qui traverse la boucle infiniment petite, soit F : on a finalement : dΤ=IdF

Si au lieu d'un courant élémentaire on a affaire à un courant fini, on le décomposera en cour circuits infiniment petits (cf. p. 203)

253

pour chacun desquels le travail élémentaire sera égal à I ddF ; or le flux total est égal à la somme des flux partiels, et le travail élémentaire total à la somme des travaux élémentaires partiels, de sorte qu'on aura encore pour un courant d'étendue finie la relation : dΤ=IdF

Nous admettrons que cette loi est générale, et nous la vérifierons par ses conséquences.

Pour avoir le travail qui correspond à un déplacement fini, il faut intégrer l'équation précédente ; I étant constante sort du signe ∫, et il vient : Τ=IdF=IdF=I(F1F0)

Ainsi le travail total ne dépend que de la position initiale et de la position finale du courant, puisqu'il suffit pour le calculer de connaître le flux de force en ces 2 positions.

21 e leçon

Précisons le sens dans lequel le flux de force est compté par rapport au courant : α est l'angle qui fait la force avec l'axe du courant du côté de la face australe ; donc le flux de force est positif quand il entre par la face boréale (à droite du courant), et négatif quand il entre par la face australe (à gauche du courant).

La formule du travail électromagnétique est analogue à

254

celle du travail électrostatique : dΤ=dW , d'où : T=W0W1.

On voit que la quantité IF joue en Électrodynamique le même rôle que l'énergie W en Electrostatique.

On sait que l'on peut déduire de W la force exercée sur un corps électrisé : sa composante X dans la direction x est : X=dWdx.

De même l'expression du travail en fonction du flux de force permet de trouver la force à laquelle est soumis un courant.

Si le courant est assujetti à se déplacer suivant la direction x, la force qu'il subit est donnée par la formule : X=d(IF)dx

Exemple. Cherchons la force exercée par un aimant infiniment petit AB sur un courant fermé infiniment petit dont l’axe est le prolongement de AB.

Soit r la distance CO, l la En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma longueur AB ; +m le pôle A, -m le pôle B. La force exercée par le pôle A sur l'unité de magnétisme en O est : mrl22. Donc l a forcee flux de force exercée sur qui traverse le courant (équivalent à un feuillet) de surface S est : +mSrl22

De même, le flux dela force exercée envoyée par le pôle B sur à travers le courant est : mSr+l22

255

Le flux de force magnétique total qui traverse le courant est donc : F=mS1rl22lr+l22=mS2rlrl22r+l22

Or : ml=M moment magnétique de l'aimant

F=2MSrrl22r+l22=2MSrr2l242

Si l'on suppose l infiniment petit par rapport à r, le déno- minateur se réduit à r 4 ; on a alors simplement : F=2MSr3 (On aurait pu obtenir ce résultat directement, sachant que la force F exercée par l'aimant inf. infiniment petit AB sur l'unité de magnétisme en O est : 2Mr3 [v. p. 191]).

Supposons maintenant le circuit parcouru par un courant d'intensité constante I positive, c-à-d c'est-à-dire dans un sens tel que le flux de force soit positif (passe de droite à gauche du courant) : le courant est descendant en avant du ttableau. Calculons la force X suivant la direction BA : dx=dr X=d(IF)dr=IdFdr=-6MSIr4

Cette force est attractive, et en raison inverse de la 4 e puissance de la distance. Cela se comprend, car on a vu que le couple déviateur est en raison inverse du cube de la distance ; or la force de translation, est étant la différence des 2 forces du couple, est infiniment petite par rapport à elles, et par conséquent infiniment petite du 4 e ordre.

256

Phénomènes d'induction

Nous venons d'étudier les lois des actions électromagnétiques, découvertes par Ampère. Vingt ans après lui, Faraday découvrit les phénomènes d'induction, qui ont élargi considérablement le champ de l'Electrodynamique.

On a prétendu qu Ces phénomènes sont conformes au principe de la conservation de l'énergie ; mais ce principe ne pouvait suffire à les faire découvrir, comme on l'a prétendu. En effet, ces phénomènes sont caractérisés par la propriété particulière que voici : Quand des circuits parcourus par des courants se déplacent les uns par rapport aux autres, le principe de la conservation de l'énergie s'applique à chacun d'eux, pris isolément.

Or cette propriété ne peut évidemment se déduire du principe de la conservation de l'énergie, car celui-ci s'applique à l'ensemble des circuits en présence, ce qui fournit une équation ; mais on n'a pas le droit, a priori, de l'appliquer séparément à chaque circuit, de manière à obtenir autant d'équations que de circuits. Cette propriété se déduit des lois expérimentales trouvées par Faraday et les résume toutes, de sorte que nous pouvons les en déduire à leur tour.

257

Considérons un circuit comprenant des forces électro- motrices quelconques, constantes ou variables, dont la somme algébrique est E : on suppose que E varie de telle sorte que l'intensité I du courant soit constante. Soit R la résistance du circuit ; dΤ, le travail élémen- taire des forces électromagnétiques pour un déplacement infiniment petit du circuit. Supposons qu'il n'y ait pas d'autre énergie mise en jeu que la chaleur de Joule : RI2dt et le travail des forces électromagnétiques dΤ. Or : dΤ=IdF

L'énergie dépensée est donc : RI2dt+IdF=RI2+IdFdtdt

D'autre part, la force électromotrice E, pour produire par seconde l'unité d'électricité, consomme un travail égal à E ; pour produire la quantité d'électricité I, le travail est EI ; pendant le temps dt, le travail est EIdt. Appliquons le principe de la conservation de l'énergie au circuit en écrivant que ce travail est égal à l'énergie produite : EIdt=RI2+IdFdtdt

E=RI+dFdt ou I=EdFdtR

On voit qu'un courant ou mouvement n'obéit plus à la loi d'Ohm : la force électromotrice est diminuée de dFdt

258

autrement dit, le déplacement du circuit semble créer une force électromotrice égale à dFdt. En réalité, c'est là une apparence : car c'est la force électromotrice réelle E qui fournit, outre le courant I, le travail dΤ ; c'est pourquoi l'intensité du courant baisse comme si la force électromotrice E était diminuée de dFdt.

La relation précédente est vraie quelle que soit la valeur de E : en particulier, pour E=0, on a simplement : I=1RdFdt c-à-d c'est-à-dire que tout se passe comme s'il y avait dans le circuit la force électromotrice dFdt. Ainsi le mouvement suffit à créer un courant dans un circuit ne contenant aucune force électromotrice. C'est là un fait d'expérience que rien ne pouvait faire prévoir : un courant circuit conducteur, se déplaçant dans un champ magnétique, est parcouru par un courant, donc s'échauffe et dépense de l'énergie.

Considérons d'abord un circuit fermé, d'aire S, placé dans le champ magnétique terrestre perpendiculai- rement à l'aiguille d'inclinaison : soit F la force magnétique terrestre, le flux de force qui traverse le circuit est : F=FS

Transportons le circuit parallèlement à lui-même, le flux de force ne change pas, donc aucun courant ne se produit.

259

Faisons au contraire tourner le circuit d'un angle <90°, le flux de force diminue, donc il se produit un courant de sens positif (tel que le flux passe de droite à gauche) : car si : dFdt<0 I>0.

dFdt s'appelle la force électromotrice d'induction. Il est facile de trouver la quantité d'électricité produite quand le circuit a tourné de 90° : car le flux de force est devenu nul, donc sa variation est FS. Or : Q=Idt=1REdt=1RdFdtdt

L'intégrale de dF, prise entre les limites SF et O, est SF ; donc : Q=FSR

La quantité d'électricité est en raison inverse de la résis- tance du circuit, proportionnelle à son aire et à l’intensité du magnétisme terrestre.

Si l'on continue à faire tourner le circuit de 90°, la quan- tité d'électricité produite dans le 2 e quart de tour sera égale à celle produite dans le 1 er : car le flux, devenant négatif (SF) varie dans le même sens et de la même quantité SF.

Si l'on fait tourner le circuit autour d'un axe horizontal vertical, la force composante efficace de la force sera H, donc le flux utile sera SH. La quantité d'électricité produite pendant 1 demi-tour (le flux étant nul au début et à la fin) sera :

260

Q=2SHR.

Si l'on fait tourner le circuit autour d'un axe horizontal perpendiculaire parallèle au méridien magnétique, la composante efficace sera la force verticale V : le flux utile sera SV, et la quantité d’électricité produite en 1 demi-tour sera : Q'=2SVR.

On a ainsi un procédé pour mesurer l'inclinaison : en effet : tgi=VH=Q'Q ( p.181)

Inversement, Quand on connaît l'intensité du magnétisme terrestre, on peut calculer a priori la quantité d'électricité fournie en 1 demi-tour (et par suite en un nombre connu de tours) par un circuit de surface et de résistance connus. On aura sa valeur en unités El.Mg Electro-Magnétiques.

Les courants induits par la terre ne sont pas les premiers qu'ait découverts Faraday : ce sont les courants induits par les aimants.

Considérons le cas particulier En face de ce paragraphe, à droite, l'auteur a dessiné un schéma d'un aimant infiniment petit AB et d'un circuit O dont l'axe est dans le prolongement de BA. Si l'on l'éloigne de l'aimant, le flux magnétique qui le traverse varie, donc il y a production d'un courant : cherchons-en le sens.

Le flux de force qui traverse le courant est (v. p. 254) : F=2MSr3

261

Si r augmente, F diminue : dFdt<0, donc I>0 : le courant est positif par rapport au flux, c-à-d c'est-à-dire que le flux passe de la force boréale à la face australe.

Le courant a donc le même sens que celui qui équivaut à l'aimant AB.

Si donc on remplace l'aimant AB par le courant fermé équivalent (M=SI), le flux de force étant le même, les mêmes phénomènes se produiront ; le courant induit dans le circuit O sera de même sens, si O s'éloigne : de sens contraire, s'il se rapproche.

Or deux courants de même sens s'attirent, de sens contraire se repoussent ; ainsi le courant induit gêne le mouvement. Cette propriété est générale, quelle que soit la cause de l'induction ; le sens du courant induit est donc déterminé par la loi de Lenz.

Tout courant induit résultant d'un déplacement s'opp est de sens tel qu'il s’oppose à ce déplacement.

La loi de Lenz est une conséquence de la conservation de l'énergie dans le circuit : en effet, tout travail électro- magnétique dΤ=IdF produit dans le circuit une force électromotrice de signe contraire dFdt.

On vérifie les lois précédentes avec un aimant ou un solénoïde qu'on approche ou qu'on éloigne d'une bobine.

262

Nous venons de voir les courants induits : 1° par la terre ; 2° par les aimants ; 3° par les courants constants qui s'approchent ou s'éloignent. Il y a encore des courants induits par la variation d'intensité de courants immobiles ; en particulier, par l'apparition ou la cessation d'un courant dans un circuit fixe.

Soit un circuit A parcouru par un courant constant d'intensité I, et un circuit B qu'on amène de l'infini à une position déter- minée B voisine de A : le courant induit dans B est de sens contraire à celui de A, et l'on pourrait calculer la quantité d'électricité développée dans B, connaissant le flux de force émané de A qui traverse B.

Supposons maintenant que, les circuits A et B étant immobiles, et n'étant traversés par aucun courant, on lance dans A un courant d’intensité I (la même que ci-dessus) ; l'expérience montre que le courant induit dans B a le même sens et produit la même quantité d'électricité que dans l'expérience précédente.

La première partie de cette loi (sens du courant induit) a été découverte par Faraday. La seconde partie (quantité d'élec- tricité) a été devinée par M. Neumann, et déduite du principe de la conservation de l'énergie dans le circuit B, en supposant qu'il y a un courant induit ; elle a été vérifiée

263

expérimentalement par M. Felicz.

En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaPour cela, on prend 3 circuits parallèles A, B, C ; A et C communiquent entre eux, mais le courant passe en sens inverse en eux ; B communique avec un galvanomètre. On lance un courant dans le double circuit AC : si B est au milieu des deux, en D, il n'y a pas de courant induit, les deux courants B en D', l'action de A domine, et le galvanomètre accuse un courant induit de sens contraire à celui de A. On varie l'expérience : pendant que le courant passe dans le circuit AC, on déplace brusquement le circuit B de D en D' : il y a un courant induit de même sens que précédemment, qui produit la même déviation du galvanomètre.

Ainsi un courant qui commence induit un courant de même sens que s'il s'approchait ; un courant qui cesse induit un courant de même sens que s'il s'éloignait, c-à-d c'est-à-dire un courant de même sens que lui-même.

Un courant induit par variation d'intensité (de I 0 à I) peut être considéré comme la somme des courants induits par toutes les intensités successives, de I 0 à I. Par suite,

264

on peut calculer la force électromotrice induite par une variation d'intensité donnée.

Le flux de force à un moment donné est proportionnel à l’intensité du courant inducteur : F=MI, M étant le coefficient d'induction mutuelle des 2 circuits. Pour une variation d’intensité dI, la variation du flux est : dF=MdI

Si la force électromotrice induite est toujours donnée par la formule (hypothèse de Neumann) : E=dFdt, on aura : E=MdIdt

Cette formule est l'expression du théorème de Neumann. Elle suppose que l'on connaît le coefficient M, ou encore la valeur du flux de force pour une intensité donnée I. La quantité d'électricité développée par induction est : Q=Idt=1REdt=MRI0IdIdtdt c'est-à-dire : Q=MR(II0)=1R(FF0) Pour un courant qui commence : Q=MIR. Pour un courant qui finit : Q=+MIR.

On voit qu'en général, un courant qui augmente induit un courant de sens contraire ; un courant qui diminue induit un courant de même sens : car E est de signe contraire à dI.

265

22 e leçon

Le coefficient d'induction mutuelle de 2 circuits dépend de leur position relative. On peut calculer sa valeur dans chaque cas particulier.

Soient 2 circuits infiniment petits O, O' ayant même axe. Supposons le circuit O parcouru par un courant d’intensité I : la force qu'il exerce sur le centre O' est : 2SIr3 (r=00') et par suite le flux de force qui traverse le circuit 0' (d'aire S') est : F=2SS'Ir3

La force électromotrice induite dans le circuit O' est : E=dFdt=2SS'r3dIdt

Donc : M=2SS'r3.

Autre exemple. Considérons une bobine infiniment longue, contenant n spires par centimètre de longueur. On sait que l’intensité du champ à son intérieur est : 4πnI (v. p. 224)

Soit un circuit simple infiniment petit suspendu dans la bobine parallèlement aux spires : soit S sa surface. Le flux de force qui le traverse est : 4πnI.

Or : F=MI, Donc : M=4πnS.

Si l'on remplace le circuit simple par une petite bobine de N spires ayant chacune la surface S, on trouve :

266

M=4πnNS.

En général, le calcul du coefficient d'induction mutuelle en fonction des données n'offre que des difficultés mathématiques.

Faraday a encore constaté qu'un courant exerce une induction sur lui-même. Considérons 2 spires A et B d'une bobine : le courant qui passe dans A ne peut varier augmenter sans induire un courant de sens contraire dans B. Quand les deux spires sont traversées par le même courant dans le même sens, elles induisent l'une dans l'autre une force électromotrice contraire au courant naissant, qu et qui par suite s'oppose à son établissement. Quand le courant cesse, l'induction mutuelle a lieu en sens contraire : la force électromotrice induite a le même sens que le courant, et s'oppose à son évanouissement.

Il est difficile de mettre en évidence l'existence du courant induit, qui se superpose au courant primaire dans le même fil. Faraday admit que la loi de l'induction s'applique aussi aux courants instantanés (comme la loi d'Ohm dont elle est dérivée). Il a imaginé une double expérience qui manifeste le courant induit de fermeture, de sens contraire au courant primaire, et le courant induit de rupture, de même sens que le courant induit de fermeture, de sens contraire au courant primaire, et le courant induit de rupture, de même sens que le courant primaire (Voir Fernet, n°606).

Les forces électromotrices dites de self-induction dépendent

267

de la variation du flux de force du courant à travers lui- même ( c-à-d c'est-à-dire de chaque spire à travers toutes les autres). Ce flux de force est proportionnel à l'intensité du courant, et à un facteur L qui dépend de la forme du circuit : F=LI

Le coefficient de self-induction L peut se calculer a priori comme M, mais plus difficilement.

Pour qu'il y ait self-induction, il n'est pas nécessaire que le circuit soit enroulé sur lui-même : tout courant qui varie exerce une induction sur lui-même. Cela se comprend, car un circuit, même simple, est toujours formé par un conducteur plus ou moins épais ; le courant est en quelque sorte un faisceau de filets de courant parallèles et juxtaposés, qui s'induisent les uns les autres, le flux de force de chacun passant à travers les autres.

Néanmoins, la self-induction d'un circuit simple est incomparablement plus petite que celle d'une bobine ; aussi est-elle négligeable par rapport à celle d'une bobine : dans les bobines de résistances, où l'on enroule en sens inverse 2 fils traversés en sens inverse par le même courant ; on peut considérer la self-induction comme nulle ( p.236).

Dans l'induction par le mouvement, la force électromotrice induite s'explique, on l'a vu ( p.258) par le travail électro-

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magnétique effectué. Mais dans l’induction par variation d'intensité, en particulier dans la self-conduction, il n'y a pas de travail effectué : d'où vient la force électromotrice induite ? Quand un courant s'établit, il produit un champ magnétique, et par suite une énergie potentielle des corps situés dans ce champ : la création de cette énergie potentielle se traduit par la force électromotrice induite.

Le travail de la pile se dépense à la fois en chaleur de Joule et en énergie potentielle magnétique. C'est pourquoi, pendant la phase d'établissement du courant (1/1000e de seconde) on a : RI2dt<EIdt.

Inversement, quand le courant cesse, le champ magnétique disparaît, et rend son énergie potentielle sous forme de force électromotrice, avec production de chaleur. C'est pourquoi l'on a dans la phase de rupture : RI2dt>EIdt.

En résumé, le champ magnétique produit par un courant possède une énergie potentielle correspondant à l'intensité de ce courant. Ce sont les variations de cette énergie qui engendrent les phénomènes d'induction.

Jusqu'ici nous avons considéré des circuits de forme invariable. Il est intéressant d'étudier des circuits qui se déforment.

Considérons par exemple le circuit En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schéma

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formé par 2 rails parallèles dans un plan horizontal, et une traverse qui roule sur eux. Le flux de force qui traverse le circuit est dû à la composante verticale V du magné- tisme terrestre. Si la traverse passe de BC en B'C', soit S l'aire du rectangle BCC'B, le flux de force augmente de la quantité VS. Soit v la vitesse de translation de la traverse, a sa longueur. En 1 seconde, elle balaie une surface av ; en dt, une surface avdt. Donc : dF=Vavdt, et la force électromotrice induite dans le circuit sera : E=dFdt=Vav

Pour se faire une idée de la grandeur de E, qu'on suppose la traverse BC formée par l'essieu d'un wagon roulant à la vitesse de 20 mètres par seconde : V=2000 ; qu'on fasse approximativement : a=100, V=0,5.

On trouve : E=100.000=105 CGS.

Ainsi E est égal (en valeur absolue) à 11000 de volt.

Dans ce cas, le courant induit est dû à un travail électro- magnétique produit par le déplacement de la traverse BC : dT=IdF=IVavdt

D'autre part, soit X la force qui s'exerce sur la traverse (en sens contraire de son mouvement, en vertu de la loi de Lenz) et dx son déplacement infiniment petit.

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dΤ=Xdx=Xvdt Donc : X=IVa.

Si par exemple le courant lancé dans le circuit est d'un ampère (I=101 CGS), on trouve : X=5 [dynes]

Plus généralement, cherchons la force qui s'exerce sur un élément de courant d’intensité I, de longueur ds, mobile dans un champ magnétique et faisant l'angle θ avec la direction de la force.

Imaginons que cet élément fait En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma partie d'un circuit fermé dans un plan normal à la direction de la force, et tel que le flux de force qui le traverse soit positif (passe de la droite à la gauche du courant).

Pour trouver la direction de la force qui s'exerce sur ds, il suffit de chercher pour quel déplacement virtuel de ds la variation aura lieu : le plus grand accroissement du flux de force.

En effet, Xdx=dT=IdF, et le travail est maximum quand le déplacement dx a lieu dans le sens de la force (la composante X est alors maxima) c-à-d c'est-à-dire égale à la force elle-même. Or on voit que ce maximum correspond à un déplacement de ds perpendiculaire à sa position et à la force magnétique F ; en d'autres termes, la force électromagnétique X est perpendiculaire au plan de l'élément ds et de la force magnétique.

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De plus (pour que dF soit un accroissement, c-à-d c'est-à-direque le travail soit positif) il faut que le déplacement de ds ait lieu en dehors du circuit : donc, quand l'observateur d' Ampère couché le long de ds et reçoit le flux magnétique en face, la force X est dirigée vers sa droite. Elle a pour expression : X=FIdssinθ

On voit que cette expression ne diffère de la précédente (VIa) que par le facteur sinθ, qui était alors égal à 1.

Nous allons appliquer que formule à quelques problèmes.

Galvanomètre à mercure de M. Lippmann.

L’élément de courant ds mobile est liquide : il est formé En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémapar le mercure qui remplit une petite boîte de hauteur l, d'épaisseur e, comprise entre les 2 pôles d'un fort aimant, et que le courant traverse de bas en haut, par exemple. Les lignes de force traversent la boîte de gauche à droite ; la force électromagnétique X pousse alors le mercure en arrière du ttableau. Pour lui faire équilibre, on emploie une force hydrostatique : la boîte est entre les 2 branches d'un tube en U, et le mercure monte d'une hauteurh dans la branche d'arrière, étroite ; la branche d'avant est assez large pour que le niveau n'y varie pas sensiblement.

La force électromagnétique est : FIl (l=ds)

D'autre part, la force hydrostatique est : ple

272

c-à-d c'est-à-dire la pression sur la face latérale de la boîte, laquelle s'oppose au déplacement horizontal du mercure. Calculons la pression p (par unité de surface) : elle est égale à : p=hδg δ densité de mercure.

L'équation d'équilibre est : ple=FIl, ou : pe=FI hδge=FI d'où l'on tire : I=hδgeF=Ah, en posant : δgeF=A (constante instrumentale).

Ainsi l’intensité du courant est proportionnelle à la dénivellation du mercure. Le sens de cette dénivellation indique le sens du courant, car si l'on renverse celui-ci, le mercure baisse dans la branche étroite au-dessous du 0.

On peut graduer cette branche en ampères. Cet instru- ment a l'avantage d'être apériodique : comme il arrive lentement et progressivement à sa position d'équilibre, il n'oscille pas.

Comme toujours, au travail électromagnétique produit dans cette expérience correspond un phénomène d'induction. Si, aucun courant en passant dans la boîte, ou produit obtient mécaniquement la dénivellation du mercure dans le même sens, l'écoulement du mercure produit un courant induit de même sens que le courant de la 1 e expérience : car le mercure se déplace alors en sens inverse : or le courant induit doit, en vertu de la loi de

273

Lenz, s'opposer au déplacement.

Roue de Barlow. C'est un disque de cuivre rouge pou- vant tourner autour d'un axe horizontal : le courant entre par l'axe et sort par le bord inférieur, qui plonge En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémadans une rigole pleine de mercure. On place la partie inférieure du disque entre les pôles d'un fort aimant. Quand le courant passe, la roue se met à tourner vers la droite de l'observateur d' Ampère. Si l'on renverse le courant, elle tourne en sens contraire.

Réciproquement, si, aucun courant ne passant, on fait tourner la roue, on produit un courant induit, qui change de sens avec la rotation.

On a ainsi des exemples de la réversibilité des moteurs électriques (le galvanomètre à mercure peut-être considéré comme une machine élévatoire ou comme un moteur hy- draulique) qui deviennent des machines magnéto-électriques. Seulement les appareils précédents ne produisent que des forces électromotrices très faibles ou un travail très petit.

Considérons maintenant, non plus un élément de courant, mais un courant fermé qui se déplace tout d'une pièce de A en B en se déformant. On peut le décomposer en éléments de courant qu'on peut concevoir comme se mouvant séparément. Ce

274

n'est pas là une fiction mathématique, comme celle qui consiste à décomposer un circuit par un quadrillé ( p.203) pour l'assimiler à un feuillet magnétique, mais une hypo- thèse physique réalisable par expérience : car on peut rendre indépendante telle portion du circuit qu'on veut. La 1 e conception est de lord Kelvin : elle a l'avantage de relier intimement et directement les phénomènes électriques aux phénomènes magnétiques et de fournir des formules plus simples. La 2 e est celle d' Ampère : elle est plus conforme à l'ordre historique, et aussi à la réalité physique ; elle est plus satisfaisante pour l'esprit.

Le courant étant donc décomposé en ses éléments réels (et non plus en petits courants fermés fictifs), le travail total des forces électromagnétiques sera la somme des travaux élémentaires effectués sur les éléments du circuit courant, et l'on aura encore les formules :

dT=IdF E=dFdt, applicables cette fois au circuit tout entier pour un déplacement infiniment petit (avec ou sans déformation).

La force qui s'exerce sur un élément ds du courant dans un champ magnétique d'intensité F, est comme on sait : X=FIdssinθ car pour le déplacement dx qui correspond au travail maximum, on a : dF=Fdssinθdx

275

Si le champ magnétique est produit par une masse magnétique +m, la force de cette masse, à la distance r, est mr2 ; donc la force qu'elle exerce sur l'élément ds situé à cette distance sera : X=mIdsr2sinθ

Cette formule élémentaire a été trouvée par Ampère, et probablement suggérée par lui à Biot et Savart. Ceux-ci ont alors fait l'expérience suivante :

Soit une petite aiguille aimantée de déclinaison ; dans le plan perpendiculaire au méridien magnétique et passant En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémapar le milieu de l’aiguille, on place un fil vertical, de longueur indéfinie, parcouru par un courant de sens tel que son action s'ajoute à celle du magnétisme terrestre. Si donc l'on fait osciller l'aiguille, on pourra mesurer la force qui la sollicite : l'excès de cette force sur la composante horizontale H du champ terrestre est la force X exercée par le courant. Théoriquement, on a : dX=mIdsr2sinθ

En supposant le fil de longueur infinie, on trouve : X=2π20mIdsr2sinθ=2mIπ20dssinθr2

Or, soit a la distance du centre 0 de l'aiguille au fil : r=asinθ ds=datgθ=-adθsin2θ π20ds·sinθr2=1a. Donc : X=2mIa

276

Telle est la loi de Biot et Savart, qu'ils ont vérifiée par l'expérience : la force exercée par le courant rectiligne indéfinie sur l'aimant est en raison inverse de la distance.

23 e leçon

Cette loi permet de calculer l'action d'un courant rectiligne indéfini sur une aiguille aimantée (expérience d' Œrstedt). En général, cette action se compose d'un couple et d'une force, car les actions sur les 2 pôles ne sont pas, en général, égales et contraires.

Comme la formule est indépendante de l'azimut où le pôle se trouve placé par rapport au courant, la force est la même dans tous les azimuts : elle est toujours perpendiculaire au plan du pôle et du courant. Donc si l'on fait laisse tourner le pôle autour du courant comme axe, le travail de la force sera le produit de la force par la longueur de la circonférence parcourue : Τ=X2πa=4πmI

Ainsi le travail effectué en 1 tour est indépendant de la distance du pôle au courant. Le mouvement pouvant continuer indéfiniment, on a ainsi un moteur électrique.

Inversement, si l'on fait tourner le pôle austral P isolé, autour du fil rectiligne (formant un circuit fermé à grande distance), on y produit un courant induit dont on peut calculer l'intensité. Soit ω la vitesse angulaire ; le chemin parcouru

277

dans le temps dt est : aωdt. le travail effectué en un tour complet étant 4πmI, le travail effectué en un temps dt est : dT=4πmI×ωdt2π=2mωIdt

Or on a toujours : dT=IdF On en conclut : dF=2mωdt et par suite : E=dFdt=2mω

Telle est la force électromotrice induite dans le fil par le pôle de masse +m tournant avec la vitesse angulaire ω.

Si ω est constante, le courant induit sera constant.

On peut calculer autrement et a priori le travail correspondant à un tour entier du pôle autour du courant. En effet, il est égal (le mouvement étant relatif) à celui qu'on effectuerait le courant en tournant autour du pôle. Quel est le flux de force coupé par le courant pendant un tour ? Le courant engendrant un cylindre droit indéfini, inter- cepte (successivement) la totalité du flux de force émané du pôle +m, lequel est : 4πm (même démonstration que pour le flux de force électrique, fondée sur la loi de Coulomb (v. p. 44))

Or le travail est toujours : T=IF

Donc le travail en un tour est : T=4πmI

La même méthode permet d'évaluer encore le travail électromagnétique dans d'autres cas.

Soit par exemple un arc de courant PQR mobile autour de

278

l'axe de PR sur lequel se trouve un pôle austral A, de masse magnétique m. On voit que toutes les forces En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma concourent à faire tourner le courant dans le même sens. Si le courant fait un tour entier, il engendre une surface fermée qui intercepte le flux de force tout entier. Donc le travail total en un tour est encore : Τ=4πmI

On peut ainsi évaluer le travail sans connaître la force.

Inversement, si l'on fait tourner le fil PQR (faisant partie d'un circuit fermé) autour du pôle A avec la vitesse angulaire ω, la force électromotrice induite sera encore : E=2mω

Ces propositions paraissent inapplicables à la réalité, car on ne peut jamais obtenir pratiquement un pôle isolé.

Mais prenons un aimant dont le pôle En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma austral A soit sur PR, et le pôle boréal B sur le prolongement PR, en dehors du circuit (au même sur le circuit). Le travail correspondant au pôle A pour un tour est, comme on sait, 4πmI. Le travail correspondant au pôle B est nul, car le flux de force qui émané de B traverse la surface fermée engendrée

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par PQR en tournant est nul, B étant extérieur (v. p.45). Tout se passe donc comme si le pôle A était isolé.

Il est aisé de voir que c'est la seule disposition qui donne un effet électromagnétique avec un aimant complet (à 2 pôles) ; car si les pôles étaient tous deux à l'inté- rieur ou à l'extérieur du circuit, le flux de force total qui traverse la surface de révolution serait nul.

Il semble, en vertu de l'assimilation d'un courant fermé à un feuillet, qu'on doive pouvoir produire la rotation continue d'un feuillet avec un aimant : on réaliserait ainsi le mouvement perpétuel, car on obtien- drait du travail indéfiniment sans dépenser d'énergie. Mais l'analogie du courant et du feuillet est ici fausse. En effet, étant donné un feuillet, et une masse magnétique positive APrécédé de « positive » sur une de ses faces sa face australe, la répulsion les forces magnétiques peuvent l'amener sur la face boréale en faisant le tour du feuillet.

Mais pour revenir à sa position initiale, il lui faudrait percer le feuillet ; lors même qu'un trou y serait préparé, il faudrait dépenser, pour lui faire traverser le feuillet, un travail égal à celui qu'elle aurait produit en passant d'une face sur l'autre. En effet, le potentiel V produit par un feuillet sur un point extérieur est en général PΩ (v. p. 198) ; il est 2πP sur la face australe, 2πP sur la face boréale ;

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sa variation d'une face à l'autre est 4πP : c'est le travail qu'il faut effectuer pour ramener le pôle A de la face boréale sur la face australe. Le système est donc soumis au principe de la conservation de l'énergie.

La loi précédente explique la rotation d'un pôle d'aimant autour d'un courant vertical (expérience de Faraday). L'autre pôle, plongé dans le mercure qui conduit le courant, est annulé.

Dans le cas où le courant vertical passe par l'aimant lui-même (variante de l'expérience), la rotation de l'aimant s'explique par l’action du courant sur les pôles latéraux.

Toustes les espère appareils précédents sont des moteurs électriques, qui ne sont pas pratiques, car ils ne produisent qu'un faible travail ; mais ils sont intéressants au point de vue théorique, car ils produisent des courants constants (ce qui n'est pas le cas de la plupart des machines magnéto-électriques) et fournissent des exemples parfaits de réversibilité des moteurs électriques.

Action des courants sur les courants

Si l'on admet, avec Ampère, qu'un aimant est un solénoïde électrique, on peut conclure des actions des aimants sur les courants (et vice-versa) aux actions des courants sur les courants.

On est ainsi amené à chercher d'abord l'action d'un élément de courant sur un élément de courant, pour en déduire

281

ensuite l'action d'un courant fini sur un autre.

Mais ce problème est artificiel, et insoluble par expérience : car si l'on peut rendre mobile une portion de courant et observer l'action d'un aimant sur elle, on ne peut isoler deux éléments de courant pour observer leur action mutuelle. On ne peut que constater l'action d'un circuit fermé sur un élément de courant mobile ; et comme cette action peut se déduire d'un infinité de lois de l'action mutuelle de 2 éléments, entre lesquelles l'expérience ne peut décider, le problème reste indéterminé. En effet, supposons connue la loi des actions de 2 éléments, on peut y introduire un terme qui disparaisse quand on intègre suivant un circuit fermé : de telle sorte que le résultat vérifiable soit le même. Ces diverses lois sont donc indiscernables pour l'expérience.

Toutefois, Ampère a rendu le problème déterminé en lui imposant a priori certaines restrictions. D'abord, il a admis que l'action totale d'un courant est la somme des actions de tous ses éléments. Mais de plus, il a supposé : 1° que l'action était égale à la réaction entre 2 éléments de courant ; 2° que l'action mutuelle des 2 éléments est dirigée suivant la droite qui les joint (ce qui n'est pas évident a priori, car on a vu que l'action d'un courant sur un aimant est perpendiculaire à la droite qui les joint).

282

Enfin, il a présumé que l'action était fonction de la distance seulement, et même qu’elle était en raison inverse d'une puissance finie de la distance (comme les forces électrostatiques, et magnétiques et électromagnétiques).

Par des expériences bien connues, il obtient les lois élémen- taires 1° des courants parallèles : 2° des courants angulaires ; 3° des courants sinueux ; 4° de la loi de la répulsion de 2 portions consécutives d'un même courant (fondée sur l'expérience des 2 rigoles parallèles, qui ne prouve rien : car on ne sait pas si l'action s'exerce sur les tiges parallèles ou sur le pont).

De ces lois expérimentales Ampère déduisit les 4 lois suivantes concernant l'action de 2 éléments de courant :

1° Deux éléments parallèles s'attirent s'ils sont de même sens, se repoussent s'ils sont de sens contraire.

Ampère admit que leur action mutuelle X était proportionnelle à leurs longueurs, ds, ds', et aux inten- sités des courants I, I', et il posa la formule : X=AII'dsds'rn

2° Deux éléments consécutifs d'un même courant se repoussent : Ampère admit que la force était en raison inverse de la même puissance ( n e) de la distance, et que le coefficient A seul pouvait changer ; d'où la formule : X'=BII'dsds'rn

283

3° Deux éléments dont l'un est perpendiculaire au milieu En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémade l'autre n'ont aucune action l'un sur l'autre.

En effet, AB attire la moitié CM et repousse la moitié MD ; et comme CD est infiniment petit, les 2 actions contraires, dirigées suivant AM, se neutralisent.

4° Deux éléments perpendiculaires entre eux et à la droite qui les joint n'ont aucune action l'un sur l'autre.

Ampère admit cette loi pour des raisons de symétrie analogues aux considérations qui justifient la précédente.

Telles sont les lois infinitésimales admises par Ampère dans les 4 positions particulières. Pour en déduire l'action de 2 éléments dans une position relative quelconque, il invoqua la loi des courants.

En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaPour cela, il décomposait les deux éléments de courant en les projetant sur 3 axes rectangulaires, et appliquant cette loi à la ligne brisée formée par ces projections, il en concluait que l'action mutuelle des 2 éléments était la somme des actions de leurs projections. Prenantons pour axe des x la droite qui joint les centres 00' des 2 éléments : AB=ds, CD=ds',e t pour plan des xy le plan où se trouve AB ; les projections soient θ, θ'

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les angles des 2 éléments avec l'axe des x (pris chaque élément étant pris positivement dans le sens du courant), et soit ε l'angle du plan 00'CD avec l'axe des z, les projections sont :

dx=dscosθdx'=ds'cosθ' dy=dssinθdy'=ds'cosθ'cosεdz=0dz'=ds'sinθ'sinε

Si l'on accouple chaque élément de l'un à chaque élément de l'autre, on obtient des couples qui présentent une des 4 positions définies ci-dessus. Si l'on élimine les couples qui sont dans la 3 e ou la 4 e position (dont l'action est nulle), il ne reste plus que les couples dxdx' et dydy' dont on a à tenir compte. En leur appliquant les 2 lois élé- mentaires, on trouve pour l'action totale (dirigée suivant ) la formule suivante : X=AII'dsds'rnsinθsinθ'cosεBAcosθcosθ'

Ampère a fait des expériences pour déterminer les constantes inconnues A, B et n : c'étaient des expériences d'équilibre.

De la formule précédente il déduisait ( certains cas d'équilibre dont les équations fournissaient les valeurs des constantes qui y figuraient. Ampère trouva ainsi : n=2 ; BA=12. Quant à A, il ne s'en occupait pas, car il ne faisait que des mesures relatives. Par ses expériences de mesure absolue, on a trouvé : A=2 (le signe -

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indique une attraction, de sorte que B, auquel nous avons attribué le signe -, doit être positif, c-à-d c'est-à-dire correspond à une répulsion). La formule d' Ampère est en définitive : d2F=2II'dsds'r2sinθsinθ'cosε12cosθcosθ'

(on écrit d2F pour indiquer qu'il faut une double intégra- tion, en ds et en ds', pour trouver la force finie qui s'exerce entre 2 courants finis).

Cette formule peut par des transformations analytiques être mise sous les formes suivantes, plus commodes pour certains cas particuliers :

d2F=2II'dsds'r2cosω32cosθcosθ' ω étant l'angle que les 2 éléments ds, ds' font entre eux. d2F=+2II'dsds'r2rδ2rδsδs'-12δrδs·δrδs' formule d'où les angles sont exclus.

d2F=+4II'dsds'r×δ2(r)δsδs' formule la plus simple, où ne figure qu'une dérivée seconde.

Cette dernière formule est intéressante, parce qu'elle permet de trouver une expression élégante du travail électromagnétique exercé effectué par un courant fermé sur un autre courant également fermé. Le travail élémentaire, pour un dépla- cement infiniment petit, est : dΤ=II'dcosωdsds'r, l’intégrale double étant étendue à la totale des 2 circuits fermés.

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On peut tirer de cette formule la loi de l'induction des courants par les courants. On a les formules générales : E=dFdt dT=IdF d'où l'on conclut : E=1I·dTdt ce formule qui exprime la force électromotrice induite dans le 1 er circuit en fonction du travail. Substituons-y l'expression du travail :

E=I'ddtcosωdsds'r

or on sait ( p.264) que, M étant le coefficient d'induction réciproque, le flux de force émané du 2 e courant qui traverse le 1 er est : F=MI', et si I' est constante : dF=I'dM (le coefficient d'induction varie par suite de déplacement) On a dans ce cas : E=I'dMdt

Rapprochons cette formule de la précédente ; on en conclut :

M=cosωdsds'r

Cette formule permet de calculer pratiquement le coefficient d'induction réciproque de 2 circuits (dans une position donnée fixe). Elle est d'ailleurs indépendante des lois d' Ampère.

Dans le cas courants induits par variation d’intensité (les 2 circuits restant fixes), on a au contraire (v. p.264) : E=MdI'dt et par suite, en vertu du résultat précédent : E=dI'dtcosωdsds'r

287

La formule de M permet aussi de calculer le coefficient de self-induction (mais plus difficilement). En effet, si l'on considère l'action de chaque élément du courant sur les autres, on a encore l’intégrale : cosωdsds'r seulement ds et ds' appartiennent cette fois au même circuit. C'est la seule formule par laquelle on puisse calculer le coefficient de self-induction.

24 e leçon Problème de l'établissement d'un courant

Dans un circuit simple, de résistance R, on intercale à un moment donné une force électromotrice E. Soit L le coeffi- cient de self-induction du circuit. Pour connaître l'inten- sité I du courant à chaque instant, on applique la loi d'Ohm à la force électromotrice totale, qui se compose de la force E et de la force électromotrice de self-inductionLdIdt : ELdIdt=RI LdIdt+RI=E équation différentielle linéaire du 1 er ordre à coefficients cons- tants, avec 2 e membre, dont la solution est : L=ER+Ae-RLt

La constante d'intégration A est déterminée par les conditions initiales : or à l'instant t=0, on avait : I=0 ; donc : ER+A=0 A=-ER

288

L'équation du courant est donc finalement : I=ER1eRLt

Pour t=, on trouve : I=ER.

Ainsi I varie de 0 à ER, valeur limite qui est celle que donne la loi d'Ohm sans self-induction. La courbe qui représente la variation de I En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma en fonction du temps a pour asymptote la droite : y=ER.

La dérivée de I est : dIdt=ELeRLt et pour t=0 : dIdt=EL. c'est le coefficient angulaire de la tangente à l'origine.

Comme l'exponentielle décroît très rapidement, l’intensité du courant s'approche très vite de sa valeur-limite ER, qu'on peut considérer pratiquement au bout de très peu de temps comme sa valeur constante.

Si le courant avait tout de suite sa valeur limite I=ER, la quantité d'électricité transportée dans le temps t serait It, et serait représentée par l'aire du rectangle OAB. Mais, en vertu de la self-induction, la quantité d'électricité n'est que : Q=0tIdt que représente l'aire de la courbe, soit OAC. Si l'on attribue le retard que subit l'établissement du courant à la production d'un courant induit de sens contraire dont l'intensité serait

289

le déficit de l'intensité du courant primaire : ERI, on peut dire que cet extra-courant transporte, en sens inverse, une quantité d'électricité égale à : Q'=ER0eRLtdt=ELR2 que représente l'aire comprise entre la courbe et son asymptote.

On peut de même évaluer l'énergie employée à établir le courant. L’énergie dépensée par la pile (de force E) est : EIdt=RI2dt+LIdIdtdt

L'énergie employée par le courant (sans forme de chaleur) étant RI2dt, l'énergie perdue par suite de la self-induction est : W=0LIdIdtdt=L0ERIdI=L2E2R2. W=L2I2.

Telle est l'énergie employée à l'établissement du courant (ou à la formation du champ magnétique correspondant). On voit que le courant s'établit d'autant plus lentement que L est plus grand et que R est plus petit.

Problème inverse : de la rupture d'un courant.

Le phénomène de la rupture d'un courant est en réalité très compliqué, parce qu'il se produit une étincelle : quand on l'examine au spectroscope, on y trouve à la fois les raies du métal des électrodes et celles du gaz où passe l'étincelle. Ainsi l'étincelle rend le gaz luminescent, sinon incandescent. C'est là un phénomène trop complexe pour être mis en équation.

290

Supposons, pour simplifier, qu'à un moment donné on supprime la pile et que, sans interrompre le circuit, on la remplace par un conducteur de résistance égale, de sorte qu'il n'y ait pas d'étincelle : par exemple, si le courant était produit par une machine de Holtz, on arrêterait brus- quement le plateau. C'est là une hypothèse irréalisable, mais du moins concevable. Dans ce cas, la force électromotrice E de la pile étant supprimée, il en reste que la force électro- motrice d'induction ; et l'on a l'équation : RI=LdIdt LdIdt+RI=0 équation différentielle linéaire sans 2 e membre, dont la solution est : I=Ae-RLt

La constante A est déterminée par les conditions initiales. En supposant que le courant passe depuis un temps infini, c-à-d c'est-à-dire a atteint sa valeur, on a, au moment de la rupture : I=ER pour t=0.

On en conclut : A=ER.

L'équation définitive est donc : En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma I=EReRLt

L'intensité du courant part de la valeur ER et décroît rapidement en tendant vers 0. La courbe qui la représente est la même que celle de l'établissement du courant, mais renversée. La quantité d'électricité qui passe après la

291

rupture (dans le sens direct) est représentée par l'aire de la courbe (qui a pour asymptote l'axe des x). Elle est donc égale (au signe près) à la quantité d'électricité Q'=ELR2 qui manque au début, et qui était censée transportée en sens inverse par l'extra-courant. Dans le cas présent, elle est réellement transportée par l'extra-courant de rupture, qui a le même sens que le courant primaire.

Quand l'étincelle se produit, elle prolonge le circuit et augmente beaucoup sa résistance. On ne sait pas comment varie la résistance de l'étincelle avec le temps. Si on le savait, on n'aura qu'à faire R, non plus constante, mais fonction du temps dans l'équation différentielle : LdIdt+R(t)I=0

La quantité d'électricité transportée par l'extra-courant est toujours la même : seulement, si la résistance est grande, l'extra-courant sera très court, et par suite très intense. Mais cette formule ne représente pas exactement le phénomène, car il se produit sur chaque électrode une force électromotrice.

Problème de deux circuits exerçant une induction l'une sur l'autre (on les suppose enroulés en bobine et juxtaposés sur une partie de leur longueur, pour augmenter l'induction).

Soient R, R' leurs résistances, L, L' leurs coefficients de self-induction, M leur coefficient d'induction réciproque

292

Soient E, E' les forces électromotrices intercalées dans les 2 circuits. Appliquons-leur la loi d'Ohm en tenant compte des forces électromotrices de self-induction et d'induction mutuelle : RI=ELdIdtMdI'dt

En ordonnant cette équation, et en écrivant l'équation semblable pour le 2 e circuit, on trouve :

LdIdt+MdI'dt+RI=EL'dI'dt+MdIdt+R'I'=E' (1) (2)

On élimine par ex Pour résoudre La solution de ce système dépend d'une équation différentielle linéaire du 2 e ordre.

En effet, on différentie les 2 équations précédentes : entre les 4 équations ainsi obtenues on élimine I', dI'dt', d2I'dt' : l'équation résultante est la suivante : (LL'M2)d2Idt2+(L'R+LR')dIdt+RR'IER=0 c'est une équation de la forme : pd2Idt2+qdIdt+rI=s dont l'équation caractéristique est : px2+qx+r=0

Soient α et β les racines de celle-ci ; l'intégrale est : IER=Aeαt+Beβt

Les constantes A et B sont déterminées par les conditions initiales, c-à-d c'est-à-dire par les valeurs de I, I' à l'origine des temps.

293

On trouverait pour I' une intégrale de la même forme : I'E'R'=A'eαt+B'eβt α et β sont les mêmes, car l'équation caractéristique est la même (symétrique en L, L', R, R') ; seules les constantes A', B' diffèrent. En se donnant les valeurs initiales des intensités I, I', on a 2 relations entre les coefficients : en portant ces valeurs dans les équations 1 et 2, on obtient 2 autres relations, en tout 4 équations qui déterminent les 4 constantes.

On remarquera que l'équation caractéristique : (LL'M2)x2+(L'R+LR')x+RR'=0 a ses racines toujours réelles, car la quantité (B24AC) : L'R+LR'2-4RR'LL'-M2=L'R-LR'2+4RR'M2 est toujours essentiellement positive. Donc les intensités I, I' sont exprimées par des exponentielles réelles.

De plus, (LL'M2) est toujours positif (en vertu d'une relation physique entre les 3 coefficients d'induction). Par suite, les racines α et β sont toujours négatives. Donc, quand le temps croît indéfiniment, les exponentielles tendent vers 0 : I a pour limite ER, I' a pr.lim pour limiteE'R'.

Pour obtenir une solution déterminée, particularisons le problème : cherchons le courant induit par la fermeture du 1 er circuit dans le 2 e circuit, de force électromotrice nulle (E'=0).

294

On a simplement : I'=A'eαt+B'eβt

On doit faire : I=0, I'=0, pour t=0.

On détermine ainsi les constantes A, B, A', B'.

Si l'on représente graphiquement En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma les deux intégrales, on voit que I part de 0 et tend vers ER ; I', négative, part de 0 et tend vers 0.

Cherchons maintenant le courant induit de rupture.

En supposant que I a atteint sa valeur limite ER, on ouvre le 1er circuit (sans produire d'étincelle). On a les mêmes équations, mais avec d'autres conditions initiales : I=ER, I'=0 pour t=0.

Cette fois, le courant étant direct, En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma I' est positive et la même courbe se trouve au-dessus de l'axe.

Si au lieu de circuits simples, comme dans les problèmes précédents, on a affaire à des circuits ramifiés, on leur applique les lois de Kirchhoff : pour tous les points de ramification on pose l'équation : I=0 ; pour tous les circuits fermés simples on pose l'équation : (IRE)=0, en faisant figurer dans E les forces électromotrices d'induction.

Exemple : Expérience de Faraday sur les extra-courants ( p.266)

295

En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaSoit E la force électromotrice de la pile P ; Soient I, R, L l'intensité, la résistance et le coefficient de la self-induction de la bobine AB ; soient i, r, l les quantités correspon- dantes pour la branche AGB (galvanomètre G), et J, ρ, λ les quantités correspondantes pour la branche APB.

On a d'abord pour le sommet A l'équation : J=I+i

Le sommet B donnerait la même. On a d’autre part pour le circuit fermé ABP l'équation : Jρ+IRE+λdJdt+LdIdt=0

(On néglige les inductions mutuelles, parce qu'on peut éloigner autant qu'on veut les diverses branches du courant.)

Pour le circuit fermé BAG on a l'équation : irIR+ldidtLdIdt=0

La solution de ce système de 2 équations linéaires du 1 er ordre dépend d'une équation linéaire du 2 e ordre. Les intensités se composent de leurs valeurs-limites et de 2 termes en exponentielles. Ces valeurs-limites sont celles qu'on trouve en négligeant les forces électromotrices d'induction, c-à-d c'est-à-direen résolvant les équations : J=I+i Jp+IR-E=0 ir-IR=0

296

On trouve, en éliminant J et I : (I+i)ρ+IR=E I=irR. i1+rRρ+ir=E i=Er+1+rRρ d'où : i=RERr+ρR+r i=rERr+ρR+r et : J=R+rERr+ρR+r

Les solutions générales sont donc les suivantes : i=RERr+ρ(R+r)+Aeαt+Beβt I=rERr+ρR+r+A'eαt+B'eβt

Les constantes A, B, A', B' sont déterminées par les conditions initiales : I0=0, i0=0.

Quand les coefficients l et λ sont beaucoup plus petits que L, le courant induit de fermeture est représenté par la courbe ci-contre : En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma i dépasse sa valeur limite.

Le courant induit de rupture est représenté par la courbe ci-contre : En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma

297

i tombe rapidement au-dessous de 0 pour tendre ensuite vers 0 par des valeurs négatives.

C'est dans ces conditions particulières que l'on voit l'aiguille du galvanomètre dépasser, dans un cas et dans l'autre, l'obstacle posé à côté d'elle. Ainsi les expériences de Faradayont un caractère contingent, qui elles dépendent de la grandeur relative des coefficients : si le coefficient l du galvanomètre était égal ou supé- rieur au coefficient L de la bobine (ce qui est possible), elles ne réussiraient pas.

On emploie fréquemment les circuits dérivés pour étudier les courants variables, notamment pour comparer et évaluer les coefficients de self-induction de 2 courants, suivant la méthode inventée par Maxwell.

En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaOn emploie le pont de Wheatstone : les deux branches de droite BD, CD ont des résistances R, R', et pas de self-induction (bobines à fils doubles) : les deux branches de gauche, AB, AC, ont des résistances r, r', et des coefficients de self-induction L, L'. On sait que pour des courants constants ( c-à-d c'est-à-dire établis) la condition pour qu'il ne passe aucun courant par le galvano- mètre (le pont BC) est : rr'=RR'.

298

Supposons qu'aucun courant ne passe même pendant la période d’établissement (où les courants sont variables).

Soient I, I' les intensités respectives sur les branches ABD, ACD. Ecrivons les équations en tenant compte des self-inductions : (ABC) IrIr'LdIdt+L'dI'dt=0. (BCD) IRI'R'=0

Pour que ces 2 équations soient compatibles avec la première, il faut qu'on ait : LL'=RR'.

Cela posé, voici comment on procède. On règle le pont de manière qu'il y ait équilibre pour les courants permanents : on a alors : rr'=RR'.

En général, il n'y a pas en même temps équilibre pour l'établissement des courants : au moyen de 2 rhéostats interposés sur les branches AB, BD, on modifie le coefficient L en maintenant r et R proportionnels, jusqu’à ce que l'aiguille du galvanomètre ne bouge plus sur mo quand ferme le circuit. Les 3 équations étant vérifiées alors simultanément, on a la proportion : LL'=RR' et comme on connaît les résistances R, R', on mesure par là le rapport de L, L'.

On peut comparer, par une méthode analogue, les coefficients d'induction réciproque, soit entre eux, soit avec ceux de self-induction.

299

25 e leçon Problème de la décharge d'un condensateur

Soit un condensateur de capacité C, dont on réunit les armatures par un conducteur de résistance R, dont le coefficient de self-induction est L. Pour une différence de potentiel E entre les 2 plateaux, la charge est : Q=CE

Soit I l'intensité du courant variable qui traverse le conduc- teur dans le temps dt : il transporte la quantité d'électri- cité Idt, la charge diminue d'autant : dQ=Idt I=-dQdt

D'autre part, appliquons la loi d'Ohm à ce courant : RI=ELdIdt Or : E=QC, I=-dQdt : L=d2Qdt2+RdQdt+QC=0, ou : LCd2Qdt2+RCdQdt+Q=0, équation linéaire du 2e ordre, dont l'intégrale est : Q=Aeαt+Beβt, α et β étant les racines de l’équation caractéristique : LCx2+RCx+1=0.

Ces racines peuvent être réelles ou imaginaires, suivant que : R2C24LC>ou<0, c-à-d c'est-à-dire : R2>ou<4LC.

D'autre part, l'équation de I est la suivante :

300

I=-dQdt I=-Aαe-αt-Bβe-βt

Les constantes A et B sont déterminées par les conditions initiales : Q=Q0, I=0 (pour t=0) or : Q0=E0C donc : A+B=Q0=E0C.

25 e leçon

Quand les racines α, β sont réelles, elles sont négatives : donc Q et I tendent rapidement vers 0, suivant les courbes figurées ci-contre : En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma Quand les racines sont imaginaires, les constantes A et B doivent aussi avoir des valeurs imaginaires conjuguées.

La partie imaginaire des exponentielles donne une fonction trigonométrique périodique réelle. En effet, si l'on a : αβ } = R±R24LC2L=R±i4LCR22L 4LC-R2>0 posons : 4LC-R22L=Κ il vient : Q=Ae-R2Lt·sinΚt-φ

Les 2 constantes d'intégration A et φ sont déterminées par les conditions initiales : Q0=Asin(φ) I=dQdt I=AeR2LtKcos(Ktφ)+AR2LeR2LtKsin(Ktφ)

Donc : I0=0=AKcosφAR2Lsinφ

301

d'où l'on tire : tgφ=2KLR sinφ=-2ΚLR2+4Κ2L2 Q0=-2AΚLR2+4Κ2L2 d'où l'on tire la valeur de la constante A.

La loi de variation de Q En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma montre que la charge oscille (comme le sinus) en dimi- nuant de plus en plus (comme l'exponentielle). C'est la décharge oscillante, découverte par Feddersen bien avant qu'on en trouvât l'équation. Il avait remarqué qu'une feuille de papier passant très vite entre les 2 pôles d'un condensateur qu'on décharge était percée d'une série de petits trous, qui indi- quaient autant d'étincelles ; et il admit que ces décharges successives, pour être discontinues, devaient être de sens contraire alternativement.

On voit qu'on peut obtenir, soit la décharge continue, soit la décharge oscillante, suivant que R 2 est plus grand ou plus petit que 4LC. Par exemple, on peut faire varier à volonté la résistance du conducteur. Si cette résistance est nulle (ou pratiquement très faible), la décharge sera nécessairement oscillante.

Les oscillations électriques dans une telle décharge sont

302

très courtes (1100000 ou 11000000). La décharge totale elle-même dure à peine 110000 de seconde (bien que théoriquement elle dure un temps infini). Ces oscil- lations prouvent ce fait important, que la propagation de l'induction n'est pas instantanée.

Jusqu'ici nous avons traité de l'induction par variation d'intensité dans des circuits fixes ; nous allons étudier maintenant l'induction par le mouvement.

Problème. Soit un cadre de surface S mobile autour d'un axe vertical dans le champ magnétique terrestre. On sait que la force électromotrice induite change de signe à chaque demi-tour ( p. 259). Nous avons calculé la quantité d'électricité produite par demi-tour, mais non l'intensité du courant induit, parce qu'il faut tenir compte de la self-induction.

La force électromotrice induite E=dFdt, F étant le flux de force qui traverse le circuit. La loi d'Ohm donne l'équation : RI=LdIdtdFdt

Supposons qu'à l'origine des temps le cadre soit perpen- diculaire au méridien magnétique, et qu'il tourne avec la vitesse angulaire uniforme ω. Au bout du temps t, il aura décrit l'angle ωt. Or, dans sa position initiale, F=SH, H étant la composante horizontale du

303

magnétisme terrestre. A l'époque t, on aura : F=SHcosωt d'où : dFdt=SHωsinωt

L'équation devient donc : LdIdt+RI=SHωsinωt équation linéaire dont le 2 e membre est fonction du temps. La solution complète se compose d'une partie périodique et d'une partie non périodique. Celle-ci est négligeable, parce que les exponentielles décroissent très rapidement et deviennent sensiblement nulles après quelques tours, quand le régime est établi. En conservant seulement la partie périodique, on a une intégrale : I=Asin(ωtφ)

Il est facile de vérifier que c'est une solution de l'équation différentielle : dIdt=Aωcos(ωtφ) LAωcosωt-φ+ARsinωt-φ=SHωsinωt

(LAωcosφARsinφ)cosωt

+(LAωsinφ+ARcosφSHω)sinωt=0

Pour que cette équation soit vérifiée quel que soit t, il suffit que les coefficients soient nuls. On a ainsi 2 équations qui déterminent les constantes A et φ :

LAωcosφ=ARsinφ tgφ=LωR LAωsinφ+ARcosφ=SHω

304

Remplaçons sinφ et cosφ par leurs valeurs connues : AL2ω2+AR2L2ω2+R2=SHω

A=SHωR2+L2ω2

On a définitivement :

I=SHωR2+L2ω2sin(ωtφ)

Cette formule est très remarquable : le numérateur est la force électromotrice SHωsinωt, décalée de l'angle φ : c-à-d c'est-à-dire que le zéro d’intensité suit le zéro de force électro- motrice à un intervalle constant : (ωt=φ) t=φω.

La durée d'une période (correspondant à un tour entier) est : T=2πω.

Le décalage φ est En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma d'autant plus grand que Lω est plus grand par rapport à R.

D'autre part, au lieu de la résistance R du circuit, nous avons en dénominateur la quantité plus grande R2+L2ω2, qu'on appelle l'impédance, puisqu’elle empêche le courant de s'établir et diminue son intensité. Le terme additif L2ω2, par lequel l’impédance surpasse la résistance, s'appelle l'inductance, parce qu'il provient de la self-induction L.

305

Si l'on avait L=0, on aurait à la fois : φ=0, et : R2+L2ω2=R.

Ainsi la self-induction a un double effet : le décalage, et la diminution d'intensité équivalant à un accrois- sement de résistance : la résistance apparente est l'impé- dance. Dans l'autre cas-limite, où R=0, on trouve : tgφ=, φ=π2.

Le décalage maximum est donc d'un quart de tour : dans ce cas extrême, l'intensité est maxima (en valeur absolue) au moment où la force électromotrice est nulle. La formule de l'intensité devient (1) Appel de note renvoyant en marge inférieure On arriverait directement à la même équation en faisant R=0 : LdIdt=SHωsinωt d'où : LI=-SHcosωt I=SHLcosωt

On voit que, dans ce cas particulier, la valeur maxima de I : SHL, est indépendante de la vitesse de rotation ω.

Cette solution s'applique approximativement aux cas où l'inductance est très grande par rapport à la résistance.

L'instrument théorique que nous venons d'étudier est le type de tous les alternateurs (machines produisant des courants alternatifs) employés dans l’industrie ; c'est ce qui fait l'importance pratique de la formule sinusoïdale d'intensité qui s'applique dans une foule de cas.

306

Nous allons la retrouver en traitant un problème tout différent en apparence.

Problème. Soit une bobine infiniment longue au milieu de laquelle on fait tourner un petit aimant AB (v. p. 224). Soit m la charge de ses pôles, l sa longueur. Si la bobine est parcourue par un courant d'intensité I, l'intensité du champ magnétique à son intérieur est : 4nπI, et par suite la force qui s'exerce sur chaque pôle de l'aimant est : 4mnπI.

D'autre part, soit ωt l'angle que fait l'aimant avec sa position initiale (perpendiculaire à la force) ; pendant un temps inf. infiniment petit dt, il subit un déplacement élémentaire : l2d(cosωt)=l2ωsin(ωtdt)

Le travail accompli par la force magnétique sur les 2 pôles est : dΤ=4mnπIlωsinωtdt=4nπIMωsinωtdt (M=ml). Or la force électromotrice induite est ( p.286) : E=1IdΤdt donc : E=4nπMωsinωt L'équation du courant induit est par conséquent : RI=LdIdt+4nπMωsinωt équation de même forme que celle du problème précédent (SH est remplacé par 4nπM) ; la solution est donc : I=4nπMωR2+L2+ω2sin(ωtφ)

307

Au moyen de ces formules on peut évaluer en unités électromagnétiques une force électromotrice ou une résistance, sans avoir besoin du calorimètre (v. p.233).

Soit par exemple à mesurer en valeur absolue une force électromotrice constante. On la met en communication en série avec un cadre qui tourne dans un p autour d'un axe vertical, de telle sorte que le circuit ne soit fermé qu'au moment où la force électromotrice induite dans le cadre a sa valeur maxima : SHω. On règle la vitesse de rotation du cadre de telle sorte qu'un galvanomètre placé dans le circuit ne dévie pas au moment où il se ferme : les deux forces électromotrices sont égales et de sens contraire. On mesure a ainsi la valeur de la force électromotrice à mesurer, sans avoir à tenir compte de la self-induction, puisque le courant est nul.

Cet instrument ne serait pas pratique pour des forces électromotrices ordinaires ; celle d'une pile, par ex., parce que, le magnétisme terrestre étant très faible, il faudrait donner une trop grande vitesse au cadre. Mais on peut faire passer le courant de la pile dans une résistance R infiniment grande par rapport à celle de la pile elle-même, de telle sorte que la différence de potentiel aux 2 extrémités de la résistance soit égale à la force électromotrice E de la pile. En établissant un circuit

308

dérivé sur une portion r de la résistance R, on aura dans cette banche une force électromotrice e=ErR, que l'on pourra mesurer par la méthode précédente. Connaissant le rapport rR, on pourra calculer E.

Si l'on se propose au contraire de mesurer la résistance inconnue R du circuit, on intercalera dans le circuit une boussole des tangentes qui mesure l’intensité I en valeur absolue ; on mesurera d'autre part la force électromotrice E comme ci-dessus, en l'opposant dans une dérivation à la force électromotrice induite dans un cadre tournant ; on en déduire : R=EI. On remarquera que H disparaît de l'expression de R.

En effet, on a d'une part : E=SHω, et d'autre part : I=AHtgθ ( p. 221).

Il e reste simplement : R=SωAtgθ. Ainsi la mesure absolue des résistances est indépendante de l’intensité du magnétisme terrestre.

C'est par une méthode analogue, fondée sur l'induction, qu'on a obtenu les mesures les plus exactes de l'ohm. Les méthodes calorimétriques sont moins précises.

Nous allons donner un autre exemple d'une méthode de mesure des résistances fondée sur l'induction.

Considérons 2 bobines dont le coefficient d'induction réciproque

309

M est connu. Soit I le courant lancé dans l'une, R sa résistance ; la quantité d'électricité qui passe dans l'autre en vertu de l'induction est ( p.264) : Q=±MIR.

On mesure Q et I, et l'on en déduit R.

On peut mesurer Q de deux manières : soit en faisant passer le courant induit dans un galvanomètre balistique ( p. 249), soit en employant comme interrupteur un diapa- son, et en s'arrangeant pour qu'il ne fasse passer que le courant induit direct (ou inverse) par le galvanomètre : ou encore en employant un commutateur qui renverse les communications avec le galvanomètre chaque fois que le courant induit change de sens. Soit n le nombre de décharges par seconde : θ la déviation du galvanomètre : tgθ sera proportionnelle à nQ=nMIR.

Si d'autre part on fait passer le courant d'intensité I dans le galvanomètre, et si θ' est la déviation correspon- dante, tgθ' sera proportionnelle à I. On a donc : tgθtgθ'=nMR d'où l'on tire la valeur de R.

Nous n'avons jusqu'ici étudié les courants induits que dans des fils conducteurs. Mais ils peuvent se produire dans des masses métalliques de forme quelconque, comme le prouve

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la roue de Barlow ( p.273). Voici une variante de la même expérience : Entre les 2 pôles d'un fort En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma électro-aimant on suspend un cube de cuivre à un fil, qu'on tord et qu'on abandonne ensuite à lui-même : le cube se met à tourner rapidement ; dès qu'on fait passer le courant dans l'électro-aimant, il s'arrête brusquement. Ainsi les courants induits de forme quelconque obéissent à la loi de Lenz : ils s'opposent au déplacement qui les produit.

Quand un fil cylindrique est traversé par des courants alternatifs, la distribution du courant ne peut être homogène, à cause de la self-induction (v. p. 267).

En effet, si l'on calcule le coefficient de self-induction : L=dsds'cosωr, l'élément différentiel est d'autant plus grand que r est petit, c-à-d c'est-à-dire que les éléments linéaires ds, ds' sont plus voisins. Où il y a 2 fois plus d'éléments de courant dans le voisinage d'un élément linéaire intérieur, sur l'axe notamment, que dans le voisinage d'un élément superficiel, suivant une génératrice du cylindre. Donc l'induction doit être plus forte dans l'axe du fil qu'à sa surface, et comme elle s'oppose à l’établissement du courant, le courant doit être plus intense à la surface

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qu'à l'intérieur. Cet effet doit être d'autant plus marqué que l'alternance est plus fréquente. Par exemple, la décharge d'un condensateur, dont les oscillations sont beaucoup plus rapides que celles d'un courant alternatif, doit suivre uniquement la surface des conducteurs. En général, les oscillations électriques sont localisées à la surface des conducteurs.

26 e leçon.

L'influence du milieu se fait sentir dans l'induction magnétique comme dans l'induction électrique. Il faut donc étudier les propriétés spécifiques des corps à l'égard du magnétisme.

Jusqu'ici nous avons admis l'aimantation comme un fait donné, et supposé qu'on n'avait que des aimants naturels. Or l'expérience montre que les aimants naturels attirent le fer comme les corps électrisés attirent les corps électrisés, c-à-d c'est-à-dire par influence. Nous allons étudier l'aiman- tation par influence.

En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémaUne parcelle de fer ou un petit barreau placé dans un champ magnétique s'aimante dans la direction des lignes de force, le pôle boréal étant du côté où elles entrent et le pôle austral du côté où elles sortent. Si le barreau est entre les pôles d'un aimant,

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il présente à chaque pôle un pôle de nom contraire de telle sorte qu'ils s'attirent. Pendant longtemps on ne connut que le fer et l'acier qui pussent s'aimanter par influence ; puis on découvrit que le nickel et le cobalt possèdent la même propriété magnétique.

En suspendant entre les pôles d'un fort électro-aimant des barreaux de différentes matières, Faraday reconnut que la propriété magnétique appartient aux dissolutions des sels de fer, de nickel et de cobalt, et même à certains gaz, comme l'oxygène. On le r constate en effet que l'électro-aimant attire leurs pôles de manière à empêcher ou à raccourcir leurs oscillations, en un mot exerce une action directrice sur les barreaux. Exemple : un barreau de paraffine plongé dans la limaille de fer, puis essuyé, subit encore l'action directrice à cause des parcelles de fer restées adhérentes.

On constate au contraire que des barreaux de certains corps se placent transversalement par rapport aux lignes de force (ex : le bismuth). On les appelle diamagnétiques, tandis que les premiers s'appellent magnétiques ou paramagnétiques. Pour expliquer la propriété des diamagnétiques, on suppose que l'aimantation par influence développe en est chez eux inverse de ce qu'elle est chez les corps magnétiques, c-à-d c'est-à-dire qu'elle développe en face de chaque pôle de l'aimant inducteur un pôle de même nom :

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les pôles induits étant repoussés par les pôles inducteurs tendent à s'éloigner le plus possible, et c'est pourquoi les barreaux diamagnétiques se mettent en travers du champ.

Il n'y a pas de corps fortement diamagnétiques. Le plus diamagnétique de tous, le bismuth, a un coefficient d'aimantation qui est 12.000.000 de celui du fer, le plus magnétique de tous les corps.

Aussi, quand on a découvert les corps diamagnétiques, s'est-on demandé si leur aimantation inverse n'était pas une illusion, produite par une différence d'aimantation directe. Par exemple, si l'air est magnétique, il doit être attiré par les pôles de l'aimant inducteur, et par suite il pourrait repousser des lignes de force les corps moins magnétiques que lui. Mais on constate que les corps diamagnétiques le sont même dans le vide, de sorte que, pour ne pas admettre la propriété diamagnétique comme irréductible, il faudrait supposer que le vide a un pouvoir paramagnétique sensible ; les corps dits diamagnétiques seraient moins paramagnétiques que le vide. Cette hypothèse n'est pas absurde, mais improbable.

Le problème général de l'aimantation par influence est celui-ci : Etant donné le champ magnétique où un corps est placé, déterminer son aimantation. Ce problème a

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été étudié théoriquement par Poisson et d'autres mathématiciens. On peut aussi le traiter par l'expérience. On trouve une relation très simple pour les corps faiblement magnétiques : leurs propriétés sont caractérisées par un coefficient d'aimantation constant : en effet, leur intensité d'aimantation est sim- plement proportionnelle à l'intensité du champ inducteur. Soit H l'intensité du champ, J l'intensité d'aimantation d'un élément de volume dv, son moment magnétique est : Μ=Jdv Or : J=kH donc : Μ=kHdv k est le coefficient d'aimantation du corps ; on si l'on mesure le moment magnétique Μ, on en déduira k.

Donnons au corps étudié la forme d'un petit barreau, de longueur dl et de section ds, et suspendons-le dans un champ d'intensité variable dont on connaît les lignes de force. La force magnétique sur un pôle étant F, elle sera sur l'autre : F+δFδldl

Soient +m, -m les masses magnétiques des 2 pôles ; la force résultante sera : mδFδldl

Or le moment magnétique est, d'une part : M=ml, et d'autre part : M=Jds=Jdlds

Donc : m=Jds et la force est : -JδFδldl·ds=-JδFδlds

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On mesure la force qui s'exerce sur le petit barreau, dont on connaît le volume ds, et l'on en déduit la valeur de J ; on trouve que : J=kF.

Cela n'est vrai que pour les corps très peu magnétiques, car dès qu'un corps est nottablement magnétique, sa propre aimantation modifie le champ, ce qui complique beaucoup le problème.

On a considéré un aimant comme un faisceau paquet de petits aimants, en supposant que le moment magnétique d'un élément de volume dx dy dz est : dM=Idxdydz

I étant l'intensité (variable) de l'aimantation en ce point. Le potentiel en un point extérieur A est ( p.194) : V=Idxdydzr2cosε

r étant la distance du point A à l'élément dx dy dz, et ε l'angle du rayon vecteur avec la direction de l’aimantation. La force magnétique en ce point a pour composantes : X=δVδx Y=δVδy Z=δVδz

Il ne suffit pas de déterminer la force en un point extérieur ; il faut encore l'évaluer pour les points intérieurs (comme la force électrique, qu'on a trouvé nulle à l'intérieur des conducteurs) pour savoir comment l'aimantation se distribue dans un corps placé dans un champ magnétique. Mais cela

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est beaucoup plus difficile pour la force magnétique que pour la force électrique. En effet, pour évaluer la force électrique en un point intérieur, on supprimait la charge électrique de l'élément de volume environnant, et sans changer le potentiel ni ses dérivées en ce point. Au contraire, si l'on creuse une petite cavité dans un corps magnétique, la force en un point intérieur de cette cavité est indéterminée, car elle dépend de la forme de la cavité, à la surface de laquelle se produit une distribution magnétique.

Nous allons déterminer la valeur de la force magnétique en un point intérieur en donnant deux formes particulières à la cavité infiniment petite qu'entoure ce point P.

1° Supposons que la cavité soit un cylindre dont l'axe est dirigé dans le sens de l'aimantation, et dont les dimensions transversales sont infiniment petites par rapport à sa longueur (infiniment petite elle-même). La force qui s'exerce sur le point P provient d'abord du potentiel de la masse magnétique extérieure sur le point et elle est dirigée suivant l'axe du cylindre.

A cette force s'ajoute la force exercée En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma par les 2 bases a et b de la cavité, qui sont des pôles magnétiques (l'action

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de la surface latérale est nulle). Cette force est : I ds.

Or ds étant infiniment petite par rapport à la longueur de la cavité, cette force complémentaire n'ajoute rien à l'autre ; la force totale est donc égale à celle-ci : c'est par définition la force magnétique au point P.

2° Supposons que la cavité soit un cylindre ayant toujours pour axe la direction de l'aimantation, mais En face de ce paragraphe, à gauche du texte, l'auteur a dessiné un schémainfiniment aplati, c-à-d c'est-à-dire dont la longueur est infiniment petite par rapport aux dimensions transversales.

Les 2 bases du cylindre constituent deux pôles, boréal et austral, de sorte que le point P est constitué comme entre les 2 plateaux d'un condensateur. La force que ces 2 pôles ensemble exercent sur le point P est dans le même sens que la force du champ. On sait que, entre 2 plateaux de condensateur de densité électrique μ, la force est 4πμ (p. ) ; entre 2 plateaux feuillets magnétiques de densité magnétique I, elle doit être : 4πI. La force totale est donc : F'=F+4πI.

La force F' est appelée induction magnétique.

En donnant à la cavité des formes différentes & déterminées, on obtiendrait pour la force en P des valeurs différentes de F et de F'.

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On va justifier les noms donnés aux forces F et F'.

Si l'on comble la 1 e cavité avec de la matière magnétique neutre, elle s'aimantera sous l'influence de la force magnétique F, de manière à combler le vide pratiqué dans l'aimant. Son intensité d'aimantation sera : I=kF

Cette force F provient à la fois du champ extérieur et de l'aimantation du corps. Elle peut être toute différente de celle qui cignexercerait au même point P su le même champ si le corps n'existait pas.

On a entre F et F' la relation : F'=F+4πI=F+4πkF=F(1+4πk)

L'expérience montre que (1+4πk) est égal au coeffi- cient de perméabilité magnétique μ ; on a donc : F'=μF

Le nom d'induction magnétique donné à la force F' provient de ce que le flux de force, qui produit tous les phénomènes d'induction, est proportionnel au nombre μ.

Théorème. Etant donné un corps magnétique aimanté par influence dans un champ magnétique, on peut toujours lui substituer une double distribution de pôles magnétiques, l'une de densité solide ρ, l'autre de densité superficielle σ, de telle sorte que le potentiel et la force en un point intérieur quelconque restent les mêmes.

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Le corps étant rapporté à 3 axes rectangulaires, soient ξ, η, ζ les coordonnées (fixes) du point P où l'on veut évaluer le potentiel, x, y, z les coordonnées (variables) d'un point M du corps ; soit r la distance MP, et ε l'angle qu'elle fait avec la direction de l'aimantation en M ; soient α, β, γ et α', β', γ' les angles que font respectivem t respectivement avec les 3 axes la direction de l'aimantation en M et la direction MP : on a la relation : cosε=cosαcosα'+cosβcosβ'+cosγcosγ'

Evaluons séparément ces 6 angles. Soient A, B, C les 3 composantes de l'intensité d'aimantation I suivant les 3 axes : on a : A=Icosα B=Icosβ C=Icosγ

D'autre part, les projections de MP sur les 3 axes sont : ξx=rcosα' ηy=rcosβ' ζz=rcosγ'

Substituons dans l'expression de cosε : cosε=1Ir[A(ξx)+B(η+y)+C(ζz)]

Portons cette expression dans la formule du potentiel ( p. 315) : V=A(ξx)+B(ηy)+C(ζz)r3dxdydz

Cette intégrale est la somme de 3 autres de la forme : A(ξx)r3dxdydz Or : ξxr3=ddx1r. Intégrons par parties :

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Addx1rdxdydz=Ardydz1rδAδxdxdydz

De même pour les 2 autres intégrales. Nous allons transformer les intégrales doubles. Considérons l'élément ds de la surface du corps, et soient l, m, n les cosinus des angles que la normale à cet élément fait avec les 3 axes. Les projections de l'élément ds sur les 3 plans sont : dydz=lds dzdx=mds dxdy=nds.

Réunissons les 3 intégrales doubles et les 3 intégrales triples : V=Al+Bm+CnrdsδAδx+δBδy+δCδzrdxdydz

Ces 2 intégrales sont susceptibles d'une interprétation simple. Supposons que sur la surface du corps soient distribués des pôles magnétiques dont la densité superficielle soit : σ=Al+Bm+Cn cette distribution fournira le 1 er terme du potentiel.

Supposons que dans le volume du corps soient distribués des pôles magnétiques dont la densité solide soit : ρ=δAδx+δBδy+δCδz cette distribution fournira le 2 e terme du potentiel.

Ainsi l'on peut remplacer l'aimantation réelle du corps, ayant intensité I en chaque point, par une distribution de masses magnétiques de densité superficielle σ et de densité

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solide ρ. Dans le cas particulier où l'aimantation est solénoïdale, le corps aimanté peut se décomposer en solénoïdes, tous réductibles à 2 pôles situés à leurs extrémités, c-à-d c'est-à-dire sur la surface du corps. Dans ce cas, l'aimantation du corps équivaut à une simple distri- bution superficielle de pôles ; la densité solide est nulle. Donc l'équation qui caractérise l'aimantation solénoï- dale est : δAδx+δBδy+δCδz=0. (appelée équation solénoïdale).

Or l’aimantation par influence est toujours solénoïdale. En effet, on a la relation : I=kF, d'où : A=kX, B=kY, C=kZ ou : A=-kδVδx, B=-kδVδy, C=-kδVδz.

La densité solide est donc : ρ=kδ2Vdx2+δ2Vδy2+δ2Vδz2=kΔV

Or on sait que ( p.69) : ΔV=4πρ

Donc on a : ρ=4πkρ et comme k0, il faut que : ρ=0, c. q. f. d.

Ainsi un corps aimanté par influence équivaut à un faisceau de solénoïdes : les pôles positifs sont d'un côté, les pôles négatifs de l'autre, séparés par une zone neutre. Ces pôles agissent en sens inverse du champ magnétique sur les points situés à l'intérieur du corps. En effet, la force du

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champ pousse une masse magnétique En face de ce paragraphe, à droite du texte, l'auteur a dessiné un schéma positive vers le pôles A, tandis que ce pôle austral la repousse et que le pôle boréal B l'attire. C'est un phénomène analogue à celui que a lieu dans les corps conducteurs, où les 2 actions s'annulent exactement.

Dans les corps faiblement magnétiques, l'action des pôles développés par influence est négligeable ; et c'est pourquoi l'aimantation induite est proportionnelle à l'intensité du champ. Dans les corps fortement magnétiques, au contraire, l’action démagnétisante des pôles s'oppose à l'aimantation induite, ce qui complique le phénomène. Par suite, pour obtenir des aimants puissants, il faut autant que possible éloigner les pôles : c'est pourquoi l'on donne aux aimants la forme de barreaux longs. Un tore aimanté suivant son axe circulaire n'a pas de pôle superficiel, donc pas d'action démagnétisante : son aimantation est par suite maxima. Il est vrai qu'il n'a aucune action au dehors. Mais on peut obtenir cette action en coupant le tore en deux ; on a du moins ainsi conservé son aimantation jusqu'au moment où l'on veut l'employer.

Table des matières

Notions préliminaires : énergie. Page 1. Classification des phénomènes électriques et magnétiques 5.Electricité statique. Sources. Fluides. 12. Mesure des forces : méthode statique 22. méthode dynamique 28. Lois de Coulomb 32. Masses électriques 38. Champ électrique, flux de force 41. Potentiel électrostatique 50. Propriétés des conducteurs 73. Distribution de l'électricité 81. id. Etude expérimentale 91. Condensateurs 97. Tension électrique 109. Energie électrique 112. Lois de Riess. Résistance 122.Electricité dynamique. Courants continus. Lois d'Ohm et de Joule 127. Lois de Kirchhoff 133. Courants dans la masse des conducteurs 136.

Propriétés des diélectriques Page 143. Machines électriques 159. Electromètres 169.Magnétisme. Champ magnétique terrestre. 179. Actions des aimants les uns sur les autres 183. Lois de Gauss 190. Solénoïdes et feuillets magnétiques 195. Champ magnétique d'un courant ; solénoïdes et feuillets électriques 199.Systèmes d'unités 205. Système pratique d'unités 215. Appareils de mesure électromagnétiques : boussoles et galvanomètres 219. Electrodynanomètres 228. Mesure des résistances (boîtes, rhéostats) 234. Mesure des forces électromotrices 237.Courants variables : oscillants 239. id. instantanés (galvanomètre balistique) 247. Ampèremètres, voltmètres 250.Travail électromagnétique 252.Courants induits : par déplacement 256. id. : par variation d’intensité 262. Courants de forme variable 268.

Action des aimants sur les courants : galvanomètre à mercure, roue de Barlow 270.Action des courants sur les aimants : loi de Biot et Savart 275.Action des courants sur les courants : lois d'Ampère 280.Etablissement et rupture d'un courant 287.Induction réciproque et self-induction 291.Décharge d'un condensateur 299.Courants induits alternatifs 302.Mesure des forces électromotrices et des résistances 307.Courants induits de forme quelconque ; influence de la self-induction sur un courant 310.Aimantation par influence : corps diamagnétiques et paramagnétiques. 311.Force magnétique, induction magnétique 316.

(La suite se trouve dans un autre cahier :)

Aimantation par les courants : page 1. Propriétés magnétiques du fer 3. Transformateurs de courants 11. Machines d'induction, moteurs électriques 18. Champs tournants et courants polyphasés 28.

Propagation de l'électricité dans un fil 30.Oscillations électriques : dans un diélectrique 39. id. : dans un conducteur 48.