Transcription Transcription des fichiers de la notice - Cours d’histoire du Moyen âge professé par M. Michelet à l'École normale, année scolaire 1830-1831. Michelet, Jules (1798-1874) 1830-1831 chargé d'édition/chercheur Monod, Germaine (copiste) PARIS
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1830-1831 Numérisation : bibliothèque Ulm-Lettres de l’École normale supérieure, Public Domain Mark
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Notes de cours prise par Germaine Monod au cours d'histoire du Moyen-Âge professé par Jules Michelet pendant l'année scolaire 1830-1831 à l'École normale. <br /> Le cours porte essentiellement sur l'histoire médiévale européenne (Royaume de France, Républiques italiennes, Saint Empire romain germanique, Royaume d'Angleterre, Royaume d'Espagne) événementielle, politique et sociale. Les notes de cours sont divisées en 40 leçons qui contiennent généralement chacune une description géographique du territoire, le récit d'un événement particulier et le fonctionnement politique du royaume ou de la république. Français Notes de cours prise par Germaine Monod au cours d'histoire du Moyen-Âge professé par Jules Michelet pendant l'année scolaire 1830-1831 à l'École normale. <br /> Le cours porte essentiellement sur l'histoire médiévale européenne (Royaume de France, Républiques italiennes, Saint Empire romain germanique, Royaume d'Angleterre, Royaume d'Espagne) événementielle, politique et sociale. Les notes de cours sont divisées en 40 leçons qui contiennent généralement chacune une description géographique du territoire, le récit d'un événement particulier et le fonctionnement politique du royaume ou de la république.

page de présentation

Liste des Résumés 1 Les continents 2 courants 3 Composition du sol 4 Feu souterrain 5 Relief du sol 6 Relief d'Asie 7 " d'Amérique du Nord 8 " " du Sud 9 " d'Afrique 10 " d'Australie 11 Fleuves. Glaciers. [illisible] Courants 12 Le Congo - 13 Le Gange 14 Le Nil 15 L'Amour 16 Le Yau-tse-Kiang 17 Le Tigre et l'Euphrate 18 Le Mississippi 19 [illisible] de la Russie 20 21 22 23 24 25

Cours d'Histoire du moyen age. par m. Michelet. Ecole normale. année scholaire scolaire 1830-1831.

Ms 9 cotation de la main du bibliothécaire

Av

Inventaire.

Br

I Notes sur les conférences, 3 ème cahier. (1830) Ecole normale supérieure estampille de la bibliothèque Nota 1 leçon de Jouffroy sur la pphie philosophie de l'histoire 1 leçon de Michelet sur la loi écrite et la loi naturelle, datée du 2 juillet 1830. II. Notes sur les conférences, année 1832, confce conférence de Mr Michelet. Nota. [rature] Leçon autographiée: vues sur l'histoire du christianisme. - Rédaction de Mr Monin destinée à rendre compte de la fin. Note marginale: "La fin n'a pas été autographiée ni même rédigée. Mes notes seules peuvent suppléer quelque peu." [texte illisible]. de 1 à 13

Bv

III. Hist. Histoire générale (ancienne) de 1 à 13. IV 1 ere leçon sur l'hist. des Empereurs (avec le nom de Michelet.) V. Leçon d'histoire moderne (mioyen-âge). n° 1,2, (partie de 4 ?) 5 à 9. 24 à 40. d'Espagne au moyen âge est le dernière leçon.

1r pagination inscrite de la main du bibliothécaire

Ecole normale Programme du cours d'histoire (seconde année.) Invasion des barbares - Fritigern, Alaric, Rodogaste. divers établissements des barbares- Attila Theodoric et Clovis Justinien, Compilation des lois romaines - Premières redactions des lois barbares (Salique - Ripuaire) Orient - Mahomet : Conquetes des arabes jusqu'à l'invasion d'Espagne en 712. Occident - merovingiens, maires ; Ch. Charles Martel vainqueur des sarrazins et des saxons Charlemagne ; capitulaires, essais d'organisation; ruine des Lombards; gueres d'Espagne et de Saxe. Decadence de la seconde race et demembrement de l'empire de Charlemagne Invasions des saxons en angleterre - heptarchie reunie par Egbert - Invasions des normands en France et leur etablissement sous Charles le Simple Progrès du systeme feodal - caractère de ce système en France et en Allemagne vers l'an 1000 Conquete de l'angleterre par Guillaume le batard et de Naples et de Sicile par Robert Guiscard et Roger Gregoire VII et Henri IV, 1ere Epoque des querelles de l'empire et du sacerdoce Histoire des trois premières croisades - conquête et perte de Jérusalem 4e croisade ; Empire latin à constantinople Dernières croisades, tentatives sur Jerusalem, l'Egypte, Tunis, St Louis Suite des querelles du sacerdoce et de l'empire Alexandre III et Frederic Barberousse - 3- epoque de ces querelles. Innocent IV et Frederic II Histoire des rois de France de la 3eme race Louis le gros et Suger; Philippe Auguste, St Louis Angleterre - Henri II, Richard- cœur de lion. Jean sans terre, Henri III Lutte de l'angleterre et de la France sous Philippe le bel et Edouard I Tyrannie de la France en Europe jusqu'à la défaite de Ph. Philippe de Valois à Crecy. Coup d'œil sur l'histoire d'Italie au 13 et 14 "S. - Grandeur de Venise et de Florence: conquete de Naples par la maison d'Anjou, Vepres siciliennes. Revue de l'histoire d'allemagne - grand interegne - Rodolphe de Habsbourg - affranchissement de la Suisse. Wiclef et Jean Huss - Concile de Constance France et Angleterre - lutte des deux royaumes préondérance de l'angleterre sous Jean, de la France sous Charles V : troubles interieurs de la France. Nouveaux troubles sous Charles VI ; Bourguignons et armagnacs ; victoire des anglais à Azincourt Pucelle d'Orléans Guerre des Turcs 1453 France en Pays Bas, Angleterre et Ecosse, Espagne et Portugal, dans la seconde moitié du XV S. Premieres guerres d'Italie Charles V François I et Leon X Luther, reforme en Angleterre et dans le nord de l'Europe Calvin, la reforme en France en Angleterre en Ecosse, aux pays bas jusqu'à la St Barthelemy (suite) - Jusqu'à la mort de Henri IV. Coup d'œil sur la situation des puissances belligerantes après les guerres de religion revolution d'Angleterre Guerre de trente ans Decouvertes et colonies des modernes - Les Portugais aux Indes Decouverte de l'Amerique. Conquetes et etablissements des Espagnols aux 15 et 16 .S. Louis XIV Evenemens politiques de son regne administration de ce prince - Succession d'Espagne Guerre de la sucession d'Autriche et guerre de sept ans. Revue sommaire de l'histoire d'Espagne Revue sommaire de l'histoire du nord (Etats slaves en Scandinavie) et de celle des Turcs.

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Monin

1re Leçon. Le monde, Romain sous les empereurs.

Notre cours est un cours d'histoire moderne, Précédents de la société moderne. c'est à dire d'abord un cours du moyen âge. Car on ne peut comprendre l'histoire moderne sans le moyen âge. L'histoire moderne c'est à dire les 3 drs derniers siècles ne sont qu'une négation du moyen âge ; celle c'est une lutte qui n'est pas encore achevée; c'est tout au plus si elle s'achève maintenant. C'est donc du moyen âge dont il s'agit. Nous savons parfaitement d'où nous venons ; où nous allons, nous l'ignorons. Mais avant même de donner les traits gaux généraux de l'hist. l'histoire du moyen âge nous ne pouvons nous dispenser de montrer comment il se rattache à l'âge précédent. Bon gré, mal gré il faut dire un mot de l'empire Romain. En effet dans ce moyen âge où nous allons entrer, la moitié des éléments sont Romains ; un côté Romain, un côté barbare, c'est le moyen âge. Beaucoup de raisons se réunissent pour nous inviter à parler encore de Rome. Il faut rattacher notre cours de cette année au cours de l'année précédente. Enfin l'histoire du moyen âge ne doit être pour nous surtout une l'histoire de France; et parce que la France le mérite; et parce que nous sommes Français. Or nous parlons une langue Latine; le droit Romain présomine dans nos lois; enfin notre France

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est surtout Romaine.

Bases de la société Romaine L'année dre dernière nous avons montré la formation de la société Romaine. Nous avons vu comment Rome a successivement adopté les diverses races de l'Italie et résumé en elle leur génie différent. c'est là la supériorité de Rome sur la Grèce. Le monde Grec est tout exclusif. Non seulement il repousse les barbares, mais chaque cité hait la cité voisine, et ne s'accorde presque jamais avec elle. Jamais les Ioniens et les Doriens n'ont pu se réconcilier pas même sur les ruines, de leur patrie commune. Il y a là deux éléments séparés; toujours ennemis implacables. A Rome au contraire, les mêmes murs contiennent + +il est vrai + deux principes ennemis; d'une part l'élémant patricien Etrusque; de l'autre l'élément plébéien latin. Ces deux élément éléments luttent entre'eux, mais c'est une lutte légale; le sang ne coule enfin que fort tard sur la place publique. On se fait la guerre par des lois presque jamais par la violence. De là ce beau fait, qui est l'originalité même du génie de Rome; le droit civil, qui fut à Rome un résultat nécessaire de la lutte entre les deux partis. Deux races, deux factions qui se fesaient la guerre par des lois, étaient bien obligés de déterminer avec précision les droits des individus. L'esprit de parti pouvait faire commettre une foule d'injustices contre les particuliers; c'est ce qui fut prévenu par le droit civil. En Grèce qu'y avait-il besoin de droit civl. Les Ioniens habitaient seuls Athènes, ils n'avaient pas à se

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prémunir contre une raie ennemiie. Les riches et (1) V. Voir les horribles convulsions de Coruyre pendt. pendant la guerre du Péloponèse. Voy. encore [illisible]. VIII.21 et 65.66.70. les pauvres dominaient alternativement avec une égale violence (1). Jamais on ne vit en Grèce cet équilibre de Rome entre les deux partis ; jamais on n'y vit aucun compromis. Les riches lorsqu'ils étaient les plus forts se gardaient bien de donner des lois aux pauvres sur lesquelles le pauvre aurait pu s'appuyer; et les pauvres, encore bien moins, lorsqu'il l'emportaient à leur tour. A Rome une balance entre les partis était nécessaire, et elle ne pouvait s'établir que par le droit.

Quant au droit point de vue politique de Rome; il n'est pas moins original. Son type c'est la famille. Le père de famille est la seule personne de la famille, les autres sont des choses. Ainsi Rome est agît à l'égard de ses colonies dans la position du père de famille. Elle envoie ses colonies au loin, mais en conservant sur elle la haute domination politique.

Rome appelle aussi dans son sein, si l'on peut le dire, des colonies étrangères; elle reçoit des citoyens nouveaux auxquels elle accorde des croits analogues aux siens.

C'est tout à fait le jeu de la famille et de la société Romaine. Adoption, émancipation, c'est là son caractère général. Ainsi tandis L'adoption pour les minicipes, l'émancipation pour les colonies. Ainsi tandis que la cité Grecque envoye toujours des colonies indépendantes au loin sans jamais se recruter, Rome alternativement, co. un corps bien organisé, aspire et respire. C'est un organisme

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vivant; c'est la vie elle-même. Les cités Grecques ne s'alimentent pas. Aussi voit-on le monde Grec se disperser continuellement, et languir à la fin de sa dispersion. Rome au contraire doit durer, doit vivre une vie de nation. Elle périra parce que tout périt, mais elle -vivra une vie de nation parce qu'elle est un vérittable organisme vivant. Toute l'antiquité peut se résumer en ce peu de mots.

Remarquons la moralité de tout ceci. Le monde Grec a péri par ce qu'il avait d'injuste. C'était un monde d'exclusion. Rome a ouvert son sein à toutes les nations; ç'a été la cause légitime de sa puissance et de sa force. Tout système dure par ce qu'il a de juste, périt par ce qu'il a d'injuste. Telle est la loi du monde. Voyo

La soc. société Rom. Romaine périra par ce qu'elle a d'injuste Voyons maintenant si le monde Romain suffisait au développement de l'humanité. Voyons ce que ce monde avait d'injuste. Ce sera le principe de sa dissolution. Rome est une cité, ce n'est pas un peuple. Tous les états de l'antiquité sont des cités et non des peuples. Un peuple n'est pas renfermé dans des murs: il est appliqué également à la terre, il tient à la terre, il y a des racines. Les Romains ne sont pas appliqués fortement à la terre: ils se renferment volontiers dans les bornes de la cité. A la vérité il y a de l'agri-culture en Italie; même, à une certaine époque, de l'agriculture par les hommes libres. Mais on On sortait le matin de la ville pour travailler aux champs; on y rentrait le soir. C'est la vie Italienne encore de nos jours; c'est une vie toute urbaine.

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La population+, des campagnes si toute fois les campagnes ont eu une population (et je te prouverai [rature] + quelles n'en ont pas eu+ par des textes+ même pour l'antiquité) était cette population était sacrifiée par ce système. Elle est sans droits ; les villes seules ont des droits. Bonne est une ville, une municipalité qui par la force de ses armes a réuni toutes les munici-palités du monde. L'empire Romain se compose d'une foule de petits états divers génie divers, de langues et de législation différentes, qui ont été mises sous le joug par la force vertu de l'organisme Romain, par la force militaire. Des éléments aussi divers, conservant long-temps longtemps sous Rome un caractère particulier devaient tendre sans cesse à se séparer ; il était très difficiles de les tenir fortement réunis.

Rome a rendu un très-grand service au En quoi fut-elle utile au genre humain? genre humain en les réduisant à une espère d'unité. Son empire contenait vers l'Occident toutes les tribus barbares des Espagnols et des Gaulois; il contenait aussi l'Orient, et aussi ce monde de la Grèce dispersé dep. depuis Alexandre. Enfin Rome, et cela seul l'absout sauva le genre humain, du plus grand danger de dissolution universelle où jamais il se soit trouvé; c'est la domination des armées mercenaires que le genre humain fut sur le point de subir un instant sous les successeurs d'Alexandre ; et qu'il faillit endurer pour long-temps longtemps, lorsque les Barca sous le nom de Carthage et malgré elle fondèrent cette Estampille puissance flottante mais terrible qui s'étendait depuis Cadiz jusqu'à Rome, et - qui fut dans

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l'ancien monde l'époque de la perfection de l'art militaire. Cette puissance caractérisée par Annibal le condottiere le plus illustre de l'antiquité faillit un instant réunir l'Espagne, l'Italie, et Carthage +. et comme Restait le monde des successeurs d'Alexandre qui ne pouvait résister. C'est la grande gloire de la 2e. guerre punique; elle sauva le monde c'est qu'avec des armées nationales Rome sauva le mondes des armées mercenaires. Annibal vaincu, tout était fait, et on sait comment elle réunit sous son empire cette foule de peuples divers, qui sans cesse tendaient à se séparer.

Décadence de la société Rom. Romaine Vers la fin de la répe. république le danger de la dissolution devint très grand. Il était temps que la répe. république finit. Tous ces proconsuls ne pouvaient tarder à avoir des idées d'indépendance. Par exemple on voit clairemt. clairement combien l'Orient et l'Occident tendaient à se séparer. Ainsi César a pour lui l'Occident, Pompée l'Orient, Octave et Antoine ont l'Occident, Brutus et Cassius l'Orient, plus tard Octave a l'Occident Antoine l'Orient. On sait qu'Antoine avait médité ce que Constantin exécuté 300 plus tard; de transférer le siège de l'Empire en Orient, à Alexandrie. C'est une très grande et très belle vue. Mais elle venait trop tôt. L'occident était encore trop fort pour supporter un tel outrage. L'Orient fut la perte d'Antoine.

Destruction de la soc. société Rom. Romaine ou Empire Alors arrive le principat. Le principat fut un bien immense pour l'humanité; il empêcha la dissolution du monde Romain pendant 400 ans;

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il détruisit, broya toutes ces nationalités de provinces, établit partout de ≠ l'uniformité de jurisprudence, de langue, de religion.

On doit sourire de voir appeler le 1.r premier siècle de l'empire Romain, le commencement de sa décadence. Il est bien sûr qu'il la précéda. L'automne ne précède-t-il pas l'hiver? Faudrait-il le supprimer pour cela? C'est l'automne qui donne le fruit. Et ce fruit pour Rome, c'est le principat l'unité, du monde, et le moyen de cette unité, c'est le principat. C'est un système magnifique. Plusieurs hommes éminents contribuèrent à l'établir. Pour ne parler que des fondateurs, citons Aug. Auguste et Tibère. Nous ne pouvons nous étendre sur ces hommes. Contentons-nous de dire en passant qu'il faut se former de Tibère une opinion bien différente de l'opinion commune.

L'ère chrétienne, où nous voici arrivés, est le point de séparation, le lien de deux mondes. Nous voyons dans l'enfer de Dante lorsqu'il est au fond du dernier cercle, se trouvant au centre de la terre, qu'il est obligé pour une continuer sa route de mettre sa tête ou il avait les pieds. et de remonter dans un aut C'est ainsi qu'à l'époque du christianisme, une conversion brusque et subite semble avoir lieu dans l'univers. Je dis semble avoir lieu; car enfin tout s'explique par le progrès. C'est le moment le plus poétique de la vie de l'humanité.

Nous voudrions bien nous arrêter au premier siècle; car enfin c'est le paradis sur la terre; mais il faut passer le berceau du christianisme, arriver promptement x aux devastations des barbares, épuiser le monde féodal, et arriver à la sueur de nos fronts jusqu'aux temps modernes. Tout à l'heure nous parlions de la formation de la

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société Romaine, nous avons parlé ensuite de la formatὼn formation de l'empire Romain Mais il ne faut pas croire que la cité et l'empire reposent sur la même base. L'empire n'est rien moins que la destruction de la société Romaine, et l'admission de l'univers entier dans les murs de Rome. Cette société se compose de l'agrégation des divers éléments Italiens. Par conséquent à mesure que l'empire se forme, la Invasion des éléments étrangrs. étrangers société se déforme. L'introduction des éléments Etrangers commence aussitôt après la 2e. Guerre punique. La Grèce envahit Rome. Il y eut alors, dit T. Live Tite Live, un changement extraordinaire dans les normes et dans les Dieux. La Grèce entre dans Rome malgré caton et tous les partisans de la vieille société; elle entre avec l'héroïsme grec de Scipion, le génie d'Ennius, et les diverses sectes de [illisible]. Une nouvelle religion s'établit. Un siècle après T. Live Tite Live Juvénal nous dit: In Tiberim defluxit Orontes. Rome est alors envahie par l'Orient, après l'avoir été par la Grèce, et avant de l'être par le Nord. La conquête de la Grèce par les Romains n'a fait qu'aller au devant de l'invasion Grecque; de même Pompée ax mené les Romains en Orient au-devant de l'invasion Syrienne. Les vainqueurs ont conquis les corps des vaincus, les vaincus ont conquis les esprits des vainqueurs.

Tout ce que je ns nous. venons de dire se trouve en quelque sorte figuré matériellement, et symbolisé historiquement par le fait palpable et grossier de l'invasion du trône impérial par les diverses provinces, qui se succèdent pour y placer quelques-unes des leurs. Voyons en effet la suite des empereurs Romains. La 1re famille est celle des Césars, famille toute romaine, patricienne s'il en fut, qui remontait jusqu'aux Troyens c.à.d c'est-à-dire à l'origine pelasgique de Rome; rien de plus national que les Césars. Ceux qui viennent même ensuite ne sont plus patriciens; ils ne sont pas même Romains. Les Flaviens ne sont qu'Italiens:

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Ils tirent leur origine de Reate, le vieux berceau de la nation Sabine. Au 2e. siècle celui des Antonin ce ne sont pas même des Italiens. Trajan et Adrien sont Espgnol d'origine. Voilà donc des Provines qui envoient déjà des Empereurs. Ce sont d'abord les prov. provinces d'Occident; on connaît la préeminence de l'Occident, c'est le côté de l'héroïsme. Quels empereurs ! Ils n'apportent pas, il est vrai, d'idées nouvelles, mais ce sont les plus grands et les plus beaux caractères de l'Antiquité; ils n'apportent à Rome que leurs vertus.

Les idées nouvelles viennent de cet Orient si méprisé qui un peu auparavant avait attiré et fasciné si puissamment Antoine, et causé sa ruine. Au 3e. siècle arrivent enfin les empereurs Orientaux. Le 1.e est Septime Sévère, Africain de naissance, mais marié à une Syrienne, de sorte que ses fils Caracalla et Géta sont au moins syriens par leur mère. Combien alors les Idées Orientales vont affluer dans Rome.

Quelles sont ces idées? D'abord quelle est la forme de l'Orient? C'est invariablement la forme religieuse. Ainsi l'Orient introduira dans Rome ses religions. Et voici celles qui en effet arrivent à Rome à cette époque. Prenons-les par les faits extérieurs et par l'apparence la plus matérielle; enfin coe le peuple les prenait. D'abord nous voyons arriver en mendiants les prêtres de la bonne déesse; se tailladant les bras et les cuisses, dansant des danses frénétiques, ils chantent dans des chants que personne n'entend les louanges de la bonne déesse et d'Atys, Atys mort et ressucité; ils promènent

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à travers les villes Romaines les lions de Cibèle Cybèle Leur culte est celui de la vie et de la mort. Arrive ensuite de l'Egypte le mystérieux Sérapis roi des ombres, Sérapis mort + c'est encore un culte de la vie et de la mort+ et ressucité. + Mais ces religions ne contiennent aucun élément moral. Il n'y a là que dans la forme une ressemblance imparfaite avec le christianisme. La mort mène la vie, la vie mène la mort; la nature les réunit peut-être dans une commune indifférence. Notre humanité n'est peut-être qu'une vaine fantasmagorie, sans réalité et sans but. Le plaisir du moment, et les jouissances brutales voilà le corollaire de ces religions pour la plupart de leurs adorateurs. Mais il y a au de dans de nous des besoinns que le plaisir ne satisfait pas, ne remplace pas dans le cœur des hommes. Alors on alla chercher jusque dans la Perse un culte de la vie et de la mort, mais qui a au moins un commencement de moralité. Le culte de Mithra Mithras gagna beaucoup d'esprits à Rome. On connait le symbole de cette religion; c'est le sacrificateur égorgeant le taureau. Sous le Capitole même, sous le temple de Jupiter Opt. Max. était creusé un autre, chapelle souterraine consacrée au culte de Mithra. Ainsi les Dieux de Rome étaient encore orgueilleusement assis dans leurs temples; et ces temples étaient déjà ruinés par les religions de l'Orient.

Mais une religion bien plus mystérieuse, bien plus profonde croissait invisible, et devait les remplacer toutes. Ici encore nous trouvons le culte de la vie et de la mort, enseigne commune

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des religions de l'Orient. Mais il y a de grandes différences. Ici c'est un Dieu qui meurt volontairement pour l'homme; ce n'est pas ce Dieu multiple, ce dieu actif et passif à la fois, ce dieu indifférent du Panthéisme. Ici Dieu s'est fait homme. Et, si la Grèce avait été un immense perfectionnement en donnant à ses dieux la perfection de la beauté humaine, combien est-ce un perfectionnement plus grand d'avoir élevé la divinité à la perfection morale [rature] l'humaine, et d'avoir fait de la divinité non plus un bien commun de la nature matérielle, mais un type de toute perfection. Le genre humain tomba à genoux,et, sauf les interprétations légitimes que la science doit donner, le genre humain doit y rester. La science di St. Clément d'Alexandrie, c'est la démonstration de la foi. Nous retournerons la proposition et nous dirons, la foi c'est la science à démontrer (1). (1) N°.130.

Voilà donc toutes les religions de l'Orient dans l'Empire. Rome qui se flattait d'imposer sa personnalité, reçoit quelque chose de plus fort. A ce caractère d'universalité matérielle qu'elle avait espéré d'imposer au monde par la force de son bras et de son droit, est substitué une universalité spirituelle, qui croît tous les jours aux dépends de l'autre. Toutes les religions de l'Orient arrivent coe un dissolvant tout puissant. On s'est demandé si le christianisme avait renversé l'empire Romain; et on a essayé gravement de l'en disculper. Mais nous dirons nous qu'il a bien fait, et que c'est son plus grand titre de gloire. Enfin l'Idéal de l'Orient

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Voilà donc les religions de l'Orient qui affluent dans Rome représentées par les empereurs orientaux. Enfin Mais l'Idéal de l'Orient au sens matériel. matériel et sensuel, c'est Elagabale. Arrive avec Alex. Alexandre Sevèia un type de l'universalité et de l'indécision qu'avait alors le génie oriental. On sait qu'il réunit dans la chapelle de son palais les images des fondateurs du Judaïsme, du Christianisme, et de l'Hellénisme, Abraham, Jésus-Christ, Orphée. L'empire était alors gourverné par une femme, c'était la mère de l'empereur. Sous cette femme gouvernait un jurisconsulte Grec ou Romain d'esprit, Phénicien de naissance, Ulpien. L'empire Rom. Romain se distinguait alors par une administr administration exacte et intelligente, et en même temps par une indécision religieuse.

Rome est donc gouvernée par l'Orient. Mais l'Occident ne réclamera-t-il pas. Il doit se résigner ou réclamer bien vite. Après ce doux et pacifique empereur nous voyons un souverain de 7 pieds de haut, mangeant 40 l. litre de viande à son diner, arrêtant d'une seule main un char lancé par deux chevaux. C'est Maximin, le plus fort soldat de l'armée, Thrace de naissance, Goth de nation. Il ne savait même pas le latin. Nous rencontrons déjà l'invasion des barbares dans cette invasion du trône par un barbare. Après Maximin 17 empereurs en 10 ans. L'empire tombe en dissolution. Les invasions qui vont détruire Rome sont déjà figurées et symbolisées par un empereurs Goth, et un empereur Arabe. Maximin d'un côté, Odenat de l'autre. Vopiscus a dit sur Odenat une bien grande parole: Odenatus vir acer un bello quique non Syriam tantùm sed omnem orbem Arrarum restituisset et reformasset.

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C'est une prophétie, une figure de Mahomet. Mais l'empire ne fera-t-il pas un effort, ou ne tachera-t-il pas de vivre encore. D'où tirerons-nous les nouveaux empereurs qui marqueront représenteront ce mouvement. L'Occident, l'Orient et le Nord en ont déjà donné, c'est maintenant le tour des provinces du centre. De l'Illyrie sortent deux grands capitaines qui sauvent l'empire et lui rendent son unité: c'est Aurélien et Probus.

Mais il faut que cet empire se sépare. L'Or. Orient Division de l'empire. et ne l'Occident ne peuvent pas supporter plus long-temps longtemps ce mariage odieux qui les enchaîne au même joug. Dioclétien arrive: c'est un Gr. Grec moitié syrien. Il comprend l'état de l'empire, et il en [rature] part [rature] / accepte les conséquences. Jupiter Dioclétien aura l'Orient contrée de l'intelligence et de la pensée; Maximien Hercule aura l'Occident contrée de la force. C'est donc l'Orient qui a vaincu. Car pour lui c'était vaincre que de se séparer. C'est là sa victoire politique; mais ce n'est point assez. L'Orient monde des religions ne peut avoir complètement vaincu qu'après avoir imposé la sienne. Constantin arrive, et réunit le monde pour un instant afin de lui imposer le christianisme. Mais la séparation suit bientôt. Malgré Théodose Archadius et Honorius divisent de nouveau l'empire. Les lois de l'Occident ne seront plus en vigueur en Orient. La grande unité de droit est détruite. C'est là la vraie séparation de l'empire.

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Résumé. Voilà le ttableau tr. très abrégé mais fidèle des révolutions de l'empire Romain. La chose importante était de montrer que bien avant d'avoir conquis l'empire, les étrangers long-temps avant la conquête de l'empire par les barbares, le trône fut conquis par toutes les provinces successivement. Quand toutes euent fourni des empereurs, les barbares arrivèrent pour le renverser, et Rome obéit successivement à toutes les nations.

Esclavage. Voilà la dissolution de l'empire Romain marquée par les traits extérieurs. Mais nous n'avons pas vu comment sous cette société un bien autre mal la travaillait. Tout ce que nous avons dit ne regarde que les hommes qui comptaient comme homme. Mais la plus forte partie de l'humanité était au rang des choses. En un mot nous n'avons pas parlé des esclaves. La race Indo-Germanique pour ne parler que de celle là, est une race guerrière du moins originairement. Long-temps longtemps avant d'acquérir par l'industrie, elle elles avaient un tout autre monde d'acquis; c'est la guerre. Par la guerre non-seulement les choses des vaincus appartenaient aux vainqueurs, mais encore les personnes leur appartenaient aussi et tombaient au rang des choses. C'est là le fondement primitif de l'esclavage.

L'esclavage est un mal qui ronge à la fois les 2 personnes atteintes, le maître est l'esclave. Le maître est disposé par l'esclave de mener une vie active et industrieuse. L'esclave tout entier au profit du maître perd

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la plupart de ses facultés intellectuelles; et par cela qu'il cesse d'être homme et devient une chose, il n'est plus traité co. comme un homme. Les moyens de vivre coe. comme animal homme lui sont d'abord refusés. Il est d'abord traité coe. comme un animal; et alors il périt. L'esclavage ronge les races auxquelles il s'applique. Voyez coe. comme il a travaillé le monde ancien. C'est un vérittable cancer auquel il faut jeter sans cesse de la chair nouvelle et qui la dévore de suite à l'instant. D'abord ce sont les vieilles races, les Pélages et les colonies Phéniciennes qui avaient commencé l'industrie. Elles deviennent esclaves et disparaissent. Parmi les vainqueurs les tribus fortes assujétissent les tribus faibles. Ces dernières disparurent aussi. Enfin même dans les tribus du vainqueur, chez les Romains par exemple l'introduction de l'esclavage fit disparaitre peu à peu les hommes libres. Le riche n'ayant pas besoin du pauvre, le pauvre devenait encore plus pauvre et finissait par arriver à un degré de pauvreté qui ne comportait pas même l'alimen-tation. Le riche s'enrichissait toujours, et le pauvre s'appauvrissait toujours. finissait par mourir de faim D'abord il ne prit plus de famille; ensuite il périt. Ainsi chez les vainqueurs des vainqueurs du monde ancien l'esclavage fit périr les hommes libres. Par qui les rempla-çait-on? On allait enlever des hommes sur les côtes de l'Asie Mineure et de la Syrie. C'était la traite des Blancs. Peu à peu ces provinces

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se dépleuplèrent. Au lieu d'esclaves orientaux on alla dans le Nord. Les orientaux étaient industrieux; on ne trouva dans le nord que des esprits bruts et grossiers. Dès lors l'art tomba; puisque l'art était aux mains des esclaves. Les 1rs premiers esclaves avaient péri parce qu'ils n'étaient pas ménagés: les drs derniers périrent de même. Il n'était pas besoin de s'inquiéter d'eux pour puisqu'on pouvait sans cesse en acheter. Mais à la fin l'empire Romain s'affaiblissait. Les hommes du nord au lieu de fournir des esclaves en fesaient-eux mêmes continuellt continuellement dans l'empire. De là une dépopulation sans limites.

Ainsi la société Romain se dissout à la fois sous le rapport religieux et politique et sous le rapport matériel, c.à.d. c'est-à-dire que les hommes manquent. Il faut un autre peuple, pour remplacer les peuples détruits.

Ns. Nous venons donc d'exposer la décadence de Rome, Grand et terrible sujet, auquel ni Montesquieu (1) N°.26. † Voilà en 3 mots le résumé de l'hist. histoire Romaine: 3 époques: Formation, Conquète de Rome par les idées Grecques dt. dont le fruit est Marc Aurèle, Conquête de R. Rome par les idées orientales. N. ni Gibbon (1) n'ont encore touché puisqu'ils n'ont parlé ni du droit ni de la religion, ni de l'esclavage. †

1ère leçon (notes d'un grand élève) note de la main du bibliothécaire

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Lien qui attache l'histoire du moyen age à l'histoire moderne - Décadence de Rome envisagée sous les rapports civils, politique, moral et religieux.

Objet du cours. Un cours d'histoire moderne est un cours? L'histoire du moyen-age; sans l'une on ne peut comprendre l'autre. L'histoire moderne, c'est à dire les trois der-niers siècles ne sont qu'une négation du moyen age; c'est une luttre contre le moyen age, lutte qui s'achève à peine maintenant. Nous savons parfaitement d'où nous ve-nons; où nous allons, nous l'ignorons.

Comment l'histoire du moyen age se rattache à l'histoire romaine. Il faudrait donner les traits généraux de l'his-toire du moyen age; mais avant tout nous devons montrer comment il se rattache à l'age précédent. Bon gré mal gré il faut dire un mot de l'empire romain. En effet dans ce moyen âge où nous allons entrer la moitié des élé-mens éléments sont romains: un côté romain, un côté barbare c'est le moyen age. Beaucoup de rasons se réunisse pour nous inviter à parler encore de Rome. Il faut rattacher le cocons de cette année au cours de l'année dernière; enfin l'histoire du moyen age doit être pour nous surtout une histoire de france et parceque parce que la france le mérite et parceque parce que nous sommes français. Or nous parlons une langue latine; le droit romain prédomine dans nos lois; enfin notre france est romaine.

Droit civil. L'année dernière nous avons vu la formation de la société romaine et comment Rome a successivement

Hist. Histoire du moyen-age 1.

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Supériorité de Rome sur la Grèce adopté ces diverses races de l'Italie et résumé en elle leurs génies différents. C'est là la supériorité de Rome sur la Grèce. Le monde grec est tout exclusif. Non seulement il repousse les barbares, mais chaque cité hait la cité voisine et ne s'accorde presque jamais avec elle. Jamais les Doniens et les Doriens ne se réconcilièrent, pas même sur leur ruine commune. Il y a là deux élémens éléments séparés, toujours ennemies implacables. A Rome au contraire les mêmes murs contiennent, il est vrai, deux principes ennemis, d'une part l'élément patricien, étrusque, de l'autre l'élément plébéien, latin. Ces deux élémens éléments se choquent; mais la lutte est égale, et le sang ne coule que fort tard sur la place publique. On se fait la guerre avec des lois, presque jamais par la violence. De là ce beau fait qui est l'originalité même du génie de Rome, le droit civil qui fut à Rome un résultat nécessaire de la lutte des deux partis. Deux races, deux factions qui se faisaient la guerre par des lois étaient bien obligés de déterminer avec précision les droits des individus. L'esprit de parti pouvait faire commettre une foule d'injustices contre les particuliers; c'est ce qui fut prévenu par le droit civil. En Grèce qu'y avait il besoin de droit civil. Les Doniens habitaient seuls A-thènes; ils n'avaient pas à se prémunir contre une race ennemie. Les riches et les pauvres dominaient alter-nativement avec une égale violence. Jamais on ne vit en Grèce cet équilibre de Rome entre les deux partis; ja-mais on n'y vit aucun compromis. Les riches, lorsqu'ils étaient les plus forts, se gardaient bien de donner des

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lois sur lesquelles le pauvre aurait pu s'appuyer, et les pauvres encore moins lorsqu'ils l'emportaient à leur tour. A Rome une balance entre les deux partis était nécessaire, et elle ne pouvait s'établir que par le droit.

Droit politique de Rome. Quant au droit politique de Rome, il n'est pas moins original: son type, c'est la famille. Le père est la seule personne de la famille; les autres sont des choses. Rome à l'égard de ses colonies est dans la posi-tion du père de famille. Elle envoie ses colonies au loin, mais en conservant sur elles la haute domination politique. Rome appelle aussi dans son sein, si on peut le dire, les co-lonies etrangères: elle reçoit des citoyens nouveaux aux quels elle accorde des droits analogues aux siens. C'est tout à fait le jeu de la famille et de la société romaine: adop-tion, émancipation; c'est là son caractère général, l'adoption pour les municipes, l'émancipation pour les colonies. Ainsi tandis que la cité grecque envoie toujours des colonies au loin sans se recruter, Rome alternativement, comme un corps bien organisé, expire et respire. C'est un organisme vivant, c'est la vie elle même. Les cités grecques ne s'alimentent pas; aussi voit-on le monde grec se disperser continuellement et languir à la fin dans sa dispersion. Rome au contraire doit durer, doit vivre une vie de nation parcequ'elle est un vérittable organisme vivant. Voilà les traits généraux de la formation de la société romaine.

Remarquons la moralité de tout ceci. Le monde grec a péri parcequ'il parce qu'il était injuste; c'était un monde ex-clusif. Non seulement il repousse les barbares, mais ses cités sont en guerre les unes contre les autres. Rome a ouvert son sein à toutes les nations; elle n'a pas été exclusive; elle

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a été plus juste: ainsi elle a légitimé sa puissance et sa force. Tout système dure parcequ'il est juste ou périt parcequ'il est injuste. Telle est la loi du monde. Voyons maintenant si le monde romain suffisait au développement de l'humanité; voyons ce que ce monde avait d'injuste, ce sera le principe de sa dissolution.Rome est une cité, ce n'est pas un peuple. Tous les états de l'an-tiquité sont des états et non pas des peuples: un peuple n'est pas renfermé dans des murs; il est appliqué egalement sur la terre; il tient à la terre, il y a des racines.

Esprit de cité en Italie. Les Romains ne sont pas fortement appliqués à la terre; ils se renferment volontiers dans les bornes de la cité. A la vérité il y a de l'agriculture en Italie, même, à une certaine epoque, de l'agriculutre parmi les Romains libres, mais on sortait le matin de la ville pour travailler aux champs; on y rentrait le soir. C'est la vie italienne, encore de nos jours; c'est une vie toute urbaine. La population, si toutefois les campa-gnes ont une population, cette population était sacrifiée par ce système. Elle est sans droits, les villes seules ont des droits. Rome est une ville, une municipalité qui par la force de ses armes a successivement réuni toutes les muni-cipalités du monde. L'empire romain se compose d'une foule de petits etats de génies divers, de langues qui par la vertu de l'organisation romaine, par sa force militaire, ont été réunis sous le joug d'une municipalité dominante. L'empire romain se compose d'une foule de petits etats de génies divers, de langues et de législation différentes. Des élémens éléments aussi divers conservant longtemps sous Rome un caractère particulier devait tendre sans cesse à se séparer. S'etait difficile de les tenir fortement réunis.

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Services rendus par Rome au genre humain. Rome a rendu un très grand service au genre humain en le réduisant à une espèce d'unité; son empire contenait vers l'Occident toutes les tribus bar-bares des Espagnols et des Gaulois; il contenait l'Orient et aussi ce monde de la Grèce dispersé depuis Alexandre. Enfin Rome, et cela seul l'absout, sauva le genre hu-main du plus grand danger de dissolution universelle où il se soit jamais trouvé; c'est la domination des ar-mées mercenaires que le genre humain futur instant sur le point de subir sous les successeurs d'Alexandre et qu'il faillit endurer pour longtemps lorsque les bar-bares Barco sous le nom de Carthage et malgré elle fondèrent cette puissance flottante mais terrible qui s'étendait depuis Cadix jusqu'à Rome et qui fut dans l'an-cien monde l'époque de la perfection de l'art militaire. Cette puissance, caractérisée par Annibal, la Condottieri le plus illustre de l'antiquité, faillit un instant réunir l'Espagne, l'Italie, Carthage, c'est à dire le monde entier des anciens; car le reste n'eut pu résister. La grande gloire de la seconde guerre punique, c'est qu'avec des armées nationales Rome sauva le monde des armées mercenaires. Annibal vaincu, tout etait fait, et on sait comment Rome réunit sous son empire cette foule de peuples divers qui tendaient sans cesse à se séparer.

Vers la fin de la République le danger de la dissolution devint très grand; il était temps que la République finit: tous ces proconsuls ne pouvaient tarder à avoir des idées d'indépendance. Par exemple on voit clairement comment l'Orient et l'Occident tendaient à se séparer: ainsi Cesar a pour lui l'Occident, Pompée à

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l'Orient; Octave et Antoine ont l'Occident, Brutus et Cassius ont l'Orient; plus tard Octave à l'Occident, Antoine a l'Orient. On sait qu'Antoine avait médité ce qu'exécuta Constantin 300 ans plus tard: il voulait trans-férer en Orient le siège de l'empire, il voulait l'établir à Alexandrie; grand et magnifique idée, mais prématurée! L'occident etait encore trop fort pour endurer cette injure. L'Orient fut la perte d'Antoine: il succomba dans son en-treprise.

Principat. Alors arrive le principat, si l'on peut appeler ainsi l'administration qui remplaça celle de la République. Le principat fut un bien immense pour l'humanité: il empê-cha la dissolution du monde romain pendant 400 ans; il détruisit, broya toutes ces nationalités de provinces, établit partout l'uniformité de jurisprudence, de langage, de religion.

On doit sourire d'entendre appeler le premier siècle de l'empire romain le commencement de sa décadence; il est bien certain qu'il la précède, comme l'automne précède l'hiver. Faudrait-il donc supprimer l'automne? C'est l'automne qui donne le fruit de l'été. Ce fruit pour Ro-me c'est l'unité du monde; le moyen de cette unité, c'est le principat. C'est un système magnifique. Plusieurs hom-mes eminents contribuèrent à l'établir: pour ne parler que des fondateurs, citons Auguste et Tibère. Nous sommes forcés de glisser sur ces hommes célèbres. Nous dirons en passant qu'il faut se former de Tibère une opinion dif-férente de l'opinion commune.

Le Christianisme donne une epoque la séparation des deux mondes. L'ère chrétienne où nous voici arrivés est le point de séparation des deux mondes, leur lien commun. Dans l'Enfer de Dante, lorsqu'il est au fond du dernier siècle cercle,

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se trouvant au centre de la terre, il est obligé pour continuer sa [illisible] de mettre sa tête où il avait les pieds. C'est aussi qu'à l'époque du christianisme une conversion brusque et subite semble avoir lieu dans l'univers; jadis semble avoir lieu, car enfin tout s'applique par le progrès. C'est le moment le plus poétique de la vie de l'humanité. Nous voudrions bien nous arrêter au premier siècle: c'est le paradis sur la terre; mais il faut passer le berceau du christianisme, arriver promptement aux dévastations des Barbares, epuiser épuiser le monde féodal et arriver à la sueur de nos fronts jusqu'aux temps modernes.

Renversement de la cité par l'empire. Rome envahie par la Grèce et par l'Orient. Tout à l'heure nous parlions de la société ro-maine; nous avons parlé ensuie de la formation de l'empire romain. Mais il ne faut pas croire que la cité et l'empire re-posent sur la même base. L'empire n'est rien moins que la destruction de la société romaine et l'admission, de l'univers entier dans les murs de Rome. Cette société se compose de l'aggrégation des divers élémens italiens. Par conséquent à mesure que l'empire se forme, la société se déforme. L'intro-duction des etrangers étrangers commence après la seconde guerre punique: la Grèce envahit Rome. Il y eut alors, dit Tite-Live, un changement extraordinaire dans les hommes et dans les Dieux. La Grèce entre dans Rome malgré Caton et tous les partisans de la vieille société; elle entre avec l'héroïsme que de Scipion, le génie d'Ennius et les diverses sci[rature] en philosophie. Une nouvelle religion s'établit. Un siècle après Tite-Live, Juvenal nous dit: In Tiberim deftu-xit Orontes. Rome est alors envaie par l'Orient après l'avoir été par la Grèce et avant de l'être par le Nord. La conquête de la Grèce par les Romains n'a fait qu'al-ler au devant de l'invasion grecque; de même Pompée a mené les Romains en Orient au devant de l'invasion syrienne. Les vainqueurs ont conquis les corps des vaincus, et les vaincus ont conquis les esprits des vainqueurs.

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Invasion du trône impérial par les diverses Provinces. Tout ce que nous venons de dire se trouve en quelque sorte figuré matériellement et symbolisé histori-quement par le fait palpable et grossier de l'invasion du trône impérial par les diverses provinces qui se succèdent pour y placer quelques uns des leurs. Voyons en effet la suite des empereurs romains.

La première famille est celle des Césars, famille [illisible] romaine, patricéenne s'il en fut, qui remontait jusqu'aux Troyens, c'est à dire à l'origine pèlasgique des Romains: rien de plus national que les Césars. Ceux qui viennent ensuite ne sont plus patricéens; ils ne sont pas même Romains. Les flaviens sont italiens: ils tirent leur origine de la Réate, le vieux berceau de la nation sabine. Au 11e siècle, celui des Antonins, ce ne sont pas même des italiens: Trajan et Adrien sont Espagnols; Antonin est Gaulois, Marc-Aurèle Espagnol d'origine. Voilà donc des provinces qui envoient déjà des empereurs. Ce sont d'abord les provinces d'Occident. On connait la préeminence de l'Occident, c'est le côté de l'héroïsme. Quels empereurs! Ils n'apportent pas il est vrai d'idées nouvelles; mais ce sont les plus grands et les plus beaux caractères de l'antiquité: ils n'apportent à Rome que leurs vertus.

Introduction à Rome des idées orien-tales. Les idées nouvelles viennent de cet Orient si méprisé qui un peu auparavant avait attiré et fasciné si puissament Antoine et causé sa ruine. Au 111e siècle arrivent enfin les empereurs orientaux. Le premier est Septime-Sévère, africain de naissance, mais marié à une syrienne, de sorte que ses fils Caracalla et Géta sont au moins syriens par leur mère. Combien alors les idées orientales vont affluer dans Rome! Quelles sont ces idées? D'abord quelle est la forme de l'Orient? C'est invariablement la forme religieuse. Ainsi l'Orient introduira dans Rome des religions. Et voici celles qui en effet arrivent à Rome à cette époque. Prenons les par les faits extérieurs et par l'apparence la plus matérielle, enfin comme le peuple les prenait.

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D'abord nous voyons arriver en mendiant les prêtres de la bonne déesse, se taillandant les bras et les cuisses, dansant des danses frénétiques: ils chantent dans une langue que per sonne n'entend, les louanges de la Bonne déesse et d'Atys, Atys mort et ressucité; ils promènent à travers les villes romai-nes les lions de Cybèle. Leur culte est celui de la vie et de la mort. Arrive ensuite de l'Egypte le mystérieux Sérapis, roi des Ombres, Serapis mort et ressuscité. Mais ces religions ne contien-nent aucun élément moral. Il n'y a pas là de ressemblance avec le christianisme si ce n'est une ressemblance imparfaite dans la forme. Suivant ces religions la vie mène à la mort, la mort mène à la vie; la nature les réunit peut être dans une commune indifférence: notre humanité n'est ici qu'une vaine phantasma-gorie sans réalité, sans but. Le plaisir du moment et les jouis-sances brutales, voilà le caractère de ces religions pour la plu-part de leurs sectateurs. Mais il y a au dedans de nous des besoins que le plaisir ne satisfait pas, ne remplace pas dans le cœur des hommes. Alors on alla chercher jusque dans la Perse un culte de la vie et de la mort, mais qui a au moins un commencement de moralité, le culte de Mithra. Mithra gagna beaucoup à Rome. On connait le symbole de cette religion, c'est ce sacrifica-teur egorgeant le taureau. Sous le Capitole même, sous le temple de Jupiter Optimus Maximus etait creusé un autre temple, cha pelle souterraine consacrée au culte de Mithra. Ainsi les dieux de Rome étaient encore orgueilleusement assis dans leurs tem-ples, et les temples étaient déjà minés par les religions de l'Orient.

Mais une religion bien plus mystérieuse bien plus profondes croissait invisible et devait les remplacer toutes. Si encore nous trouvons le culte de la vie et de la mort, enseigne commune des religions de l'Orient: mais il y a de grandes diffé-rences. Ici c'est un Dieu qui meurt volontairement pour l'homme; ce n'est pas ce Dieu multiple, ce dieu actif et passif à la fois, ce dieu indifférent du panthéisme: ici Dieu s'est fait homme, et si la Grèce avait été un immense perfectionnement en donnant à ses dieux la perfection de la beauté humaine, combien est-ce un perfectionnement plus grand d'avoir élevé les divinités à

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la perfection morale humaine et d'avoir fait de la divinité non plus un lieu commun de la nature matérielle mais un type de toute perfection. Le genre humain tombe à genoux devant cette religion et il doit y rester encore, sauf les interprétations légitimes que la science doit donner à la foi. La science, dit St Saint Clément d'Alexandrie, c'est la démonstration de la foi. On peut retourner la proposition et dire: la science c'est la foi à démontrer.

Voilà donc toutes les religions de l'Orient dans l'empire. Rome qui se flattait d'imposer sa personnalité reçoit donc quelque chose de plus fort. au caractère d'uni-versalité matérielle qu'elle avait espéré imposer au monde par la force de son bras et de son droit est substitué une universalité spirituelle qui croît toujours au dépends de l'autre. Toutes les religions de l'Orient arrivent comme un dissolvant paissant. On s'est demendé si le christianisme avait renversé l'empire romain et l'on a essayé gravement de s'en dis-culper. Nous disons nous que c'est son plus grand titre de gloire.

Voilà les religions de l'Orient qui affluent dans Rome représentés par les empereurs orientaux. Mais l'idéal de l'Orient au sens matériel et sensuel, c'est Elagabal. Arrive avec Alex-andre Sévère un type de l'universalité et de l'indécision qu'a-vait alors le génie oriental. On sait qu'il réunit dans son palais les images des fondateurs du judaïsme, du christianisme et de l'Hellénisme, Abraham, Jésus-Christ, Orphée. L'empire etait alors gouverné par une femme: c'était la mère de l'em-pereur, sous cette femme un jurisconsulte grec ou romain d'es-prit, Phénicien de naissance, Ulpien. L'empire romain se dis-tinguait alors par une administration exacte et intelligente et en même temps par une grande indécision religieuse.

Rome est donc gouvernée par l'Orient: mais l'Occi-dent ne reclamera-t-il pas? Si doit le faire bien vite ou se résigner. Après ce doux et pacifique empereur nous voyons sur le trône un homme de sept pieds de haut, mangeant quarante livres de viande à chaque repas, arrêtant d'une seule main un char lancé par deux chevaux. C'est Maximus, le plus fort soldat de l'armée, thrace de naissance, goth de nation; il ne

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savait même pas le latin. Nous rencontrons déjà l'invasion des Barbares dans cette invasion de trône par un barbare. Après Maximin 17 empereurs en 10 ans. L'empire tombe en dissolution. Les invasions qui vont détruire Rome sont déjà figurées et symbolisées par un empereur goth et un empereur arabe, Maximin d'un côté et Odenat de l'autre. Vopiscus a dit sur Odenat une bien grande parole: "Odenatud vis acer in bello, qui que non Syriam tantum, sed ommem orbem temanum restituisset atque reformasset." C'est une prophétie, une figure de Mahomet. Mais l'empire ne fera-t-il pas un effort? Ne tâchera-t-il pas de vivre encore? D'où tirerons nous les nouveaux empereurs qui représenteront ce mouvement?

L'Occident, l'Orient, le Nord en ont déjà donné. C'est maintenant le tour des provinces du centre. De l'Illyrie sotent deux grands capitaines qui sauvent l'mpire et lui rendent son unité: c'est Aurélien et Probus.

Partage de l'Empire. Mais il faut que cet empire se sépare. L'Orient et l'Occident ne peuvent pas supporter plus longtemps ce mariage odieux qui les enchaîne au même joug. Dioclétien arrive; c'est un grec moitié Syrien; il comprend l'état de l'empire et il en accepte les conséquences. Jupiter Dioclétien aura l'Orient, contrée de l'intelligence et de la pensée; Maximien Hercule aura l'Occident, contrée de la force. C'est donc l'Orient qui a vaincu; car pour lui c'est vaincre que de se séparer. C'est là sa victoire politique, mais ce n'est pas assez. L'Orient, mon-de des religions ne peut avoir complétement vaincu qu'après avoir imposé la sienne. Constantin arrive et réunit le monde pour un instant afin de lui imposer le Christianisme. Mais la séparation recommence bientot. Malgré Théodose, Arcadius et Honorius divisent de nouveau l'empire. Les lois de l'Occi-dent ne seront plus en vigueur en Orient. La grande unité de droit est détruite. C'est là la vraie séparation de l'empire.

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Voilà le ttableau très abrégé mais fidèle des révolutions de l'empire romain. La chose importante etait de montrer que bien longtemps avant la conquête de l'empire par les Barbares le trône fut conquis par toutes les provinces successivement.

Quand toutes eurent fourni des empereurs, les bar-bares arriverent pour renverser l'empire et Rome obéit succes-sivement à toutes les nations.

Voilà la disposition de l'empire romain, marquée par des traits extérieurs. Mais nous n'avons pas vu comment sous cette société un bien autre mal la travaillait. Tout ce que nous avons dit ne regarde que les hommes qui comptaient comme hommes. Mais la plus forte partie de l'humanité etait au rang des choses. En un mot, nous n'avons pas parlé des esclaves.

De l'Esclavage chez les Romains. La race indo-germanique, pour ne parler que de celle-là, est une race guerrière, du moins originairement. Long-temps avant d'acquérir par l'industrie ils avaient un tout autre mode d'acquérir, c'était la guerre. Par la guerre non seulement les choses des vaincus appartenaient aux vainqueurs mais encore les personnes leur appartenaient et tombaient au rang des choses; c'est là le fondement primitif de l'esclavage.

L'esclavage est un mal qui ronge à la fois les deux personnes qui en sont atteintes, le maître est l'esclave. Le maître est dispensé par l'esclave de mener un vie active et industrieuse. L'esclave tout entier au profit du maître perd la plupart de ses facultés intellectuelles, et par cela qu'il cesse d'être homme et devient une chose, il n'est plus traité comme un homme. Les moyens de vivre comme homme lui sont d'abord refusés. D'abord il est traité comme un animal, bientot il n'est plus même traité comme un animal, et alors il périt. L'esclavage roge les races auxquelles il s'applique. Voyez comme il a travaillé le monde ancien. C'est un vérittable cancer auquel il faut jeter sans cesse de la chair nouvelle et qui le dévore

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sans cesse. D'abord ce sont les vieilles races, les Pélasges et les colonies phéniciennes qui avaient commencé l'industrie; elles deviennent esclaves, et elles disparaissent. Parmi les vainqueurs les tribus fortes assujetissent les tribus faibles. Ces dernières disparurent aussi. Enfin, même dans les tribus des vainqueurs, chez les Romains par exemple l'introduction de l'esclavage fit disparaitre peu à peu les hommes libres. Le riche n'ayant pas besoin du pauvre, le pauvre devenait encore plus pau-vre et finissait par arriver à un degré de pauvreté qui ne comportait pas même l'alimentation. Le riche s'enri-chissait toujours et le pauvre s'appauvrissait toujours: celui-ci d'abord ne prit plus de famille; bientot il périt. Ainsi chez les vainqueurs des vainqueurs l'escalvage fit périr les hommes libres. Par qui les remplaçait-on? On allait enlever des hommes sur les côtes de l'Asie mineu-re et de la Syrie; c'était la traite de ces temps là. Peu à peu ces provinces se dépeuplèrent; puis au défaut de l'Orient on en eut du nord. Les orientaux étaient industrieux; on retrouva dans le nord que des esprits bruts et grossiers. Dès lors l'art tomba, puisque l'art était aux mains des esclaves. Les premiers esclaves avaient péri parcequ'ils n'étaient pas ménagés; les derniers périrent de même. Il n'était pas besoin de s'inquiéter d'eux puisqu'on pouvait en avoir sans cesse, mais à la fin l'empire romain s'affaiblissait; les hommes du Nord au lieu de fournir des esclaves en faisaient eux mêmes continuellement dans l'empire: de là une dépopulation sans bornes.

sans cesse. D'abord ce sont les vieilles races, les Pélasges et les colonies phéniciennes qui avaient commencé l'industrie; elles deviennent esclaves, et elles disparaissent. Parmi les vainqueurs les tribus fortes assujetissent les tribus faibles. Ces dernières disparurent aussi. Enfin, même dans les tribus des vainqueurs, chez les Romains par exemple l'introduction de l'esclavage fit disparaitre peu à peu les hommes libres. Le riche n'ayant pas besoin du pauvre, le pauvre devenait encore plus pau-vre et finissait par arriver à un degré de pauvreté qui ne comportait pas même l'alimentation. Le riche s'enri-chissait toujours et le pauvre s'appauvrissait toujours: celui-ci d'abord ne prit plus de famille; bientot il périt. Ainsi chez les vainqueurs des vainqueurs l'escalvage fit périr les hommes libres. Par qui les remplaçait-on? On allait enlever des hommes sur les côtes de l'Asie mineu-re et de la Syrie; c'était la traite de ces temps là. Peu à peu ces provinces se dépeuplèrent; puis au défaut de l'Orient on en eut du nord. Les orientaux étaient industrieux; on retrouva dans le nord que des esprits bruts et grossiers. Dès lors l'art tomba, puisque l'art était aux mains des esclaves. Les premiers esclaves avaient péri parcequ'ils n'étaient pas ménagés; les derniers périrent de même. Il n'était pas besoin de s'inquiéter d'eux puisqu'on pouvait en avoir sans cesse, mais à la fin l'empire romain s'affaiblissait; les hommes du Nord au lieu de fournir des esclaves en faisaient eux mêmes continuellement dans l'empire: de là une dépopulation sans bornes.

sans cesse. D'abord ce sont les vieilles races, les Pélasges et les colonies phéniciennes qui avaient commencé l'industrie; elles deviennent esclaves, et elles disparaissent. Parmi les vainqueurs les tribus fortes assujetissent les tribus faibles. Ces dernières disparurent aussi. Enfin, même dans les tribus des vainqueurs, chez les Romains par exemple l'introduction de l'esclavage fit disparaitre peu à peu les hommes libres. Le riche n'ayant pas besoin du pauvre, le pauvre devenait encore plus pau-vre et finissait par arriver à un degré de pauvreté qui ne comportait pas même l'alimentation. Le riche s'enri-chissait toujours et le pauvre s'appauvrissait toujours: celui-ci d'abord ne prit plus de famille; bientot il périt. Ainsi chez les vainqueurs des vainqueurs l'escalvage fit périr les hommes libres. Par qui les remplaçait-on? On allait enlever des hommes sur les côtes de l'Asie mineu-re et de la Syrie; c'était la traite de ces temps là. Peu à peu ces provinces se dépeuplèrent; puis au défaut de l'Orient on en eut du nord. Les orientaux étaient industrieux; on retrouva dans le nord que des esprits bruts et grossiers. Dès lors l'art tomba, puisque l'art était aux mains des esclaves. Les premiers esclaves avaient péri parcequ'ils n'étaient pas ménagés; les derniers périrent de même. Il n'était pas besoin de s'inquiéter d'eux puisqu'on pouvait en avoir sans cesse, mais à la fin l'empire romain s'affaiblissait; les hommes du Nord au lieu de fournir des esclaves en faisaient eux mêmes continuellement dans l'empire: de là une dépopulation sans bornes.

Ainsi la société romaine se dissout à la fois sous le rapport religieux et politique, et sous le

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rapport matériel, c'est à dire que les hommes man-quent. Il faut un autre peuple pour remplacer le peuple détruit.

Nous venons d'exposer la décadence de Rome, grave et terrible sujet auquel ni Montes-quieu ni Gibbon n'ont pas touché, puisqu'ils n'ont parlé ni du droit, ni de la religion, ni de l'es-clavage.

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II.1.

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Monin 2.e Leçon. Invasion des barbares.

Nous ne pouvons nous arrêter au berceau du christia-nisme Deux grands éléments nouveaux: christianisme; barbares. malgré le charme des tttableaux qu'il nous présente. Nous y trouverions une perfection morale et religieuse qui n'avait point encore été atteinte qui n'a pas été surpassée et qui ne le sera point. Il est triste de s'éloigner de cette époque sans avoir pu s'y arrêter. Nous ne parlerons pas non plus de ce 4e. s. siècle où la société chrétienne se forme au milieu des débris de la société civile; où elle se crée une hiérarchie visible à la place de cette hiérarchie invisible. Il fallait que cette société pri^ une forme de plus en plus rigoureuse et forte, c.à.dc'est-à-direqu'elle arrivât à la monarchie, non pas seulement à cette monarchie invisible qui avait suffi aux premiers temps, mais une monarchie visible, la seule proportionnée à l'esprit matériel et faible du m.moyen âge. En un mot il fallait un pape. Les protestants, quand ils ont prétendu revenir aux premiers siècles de l'église, n'ont pas vu qu'il fallait que le christianisme devint une société monarchique pour vivre. La même nécessité qui plus tard a fait dépasser la papauté, l'avait fait établir au m.moyen âge.

Ce qui intéresse le plus en face du christianisme naissant, c'est cet élément tout nouveau, si original, si vigoureux qui entre dans l'empire, cette jeunesse cette fraîcheur admirable du monde barbare. Mais nous ne pouvons nous y arrêter, non plus. Nous sommes pressés d'arriver à la France; mais à

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la France dans ces éléments propres; à cet élément qui vient de rentrer si glorieusement depuis quelque temps dans la voie du perfectionnement et de l'influence universelle. La France Mérovingienne contenait bien celle-ci, mais d'une manière bien médiate. Les origines de la société dans laquelle nous vivons, ne remontent point plus haut que le 9e. s. siècle, que le monde féodal, que les invasions des Northmans, que les commencements, de la langue Française. La paix entre Charles le Chauve et ses frères est à tous les égards l'ère de la nation Française. 843. Tout ce qui précède nous le passerons rapidement qulq. quelque interêt qu'il puisse avoir. Ns. Nous Ns. Nous bornerons Aujourd'hui donc à nous donner un ttableau très resseré de la lutte entre les empereurs Romains et les barbares.

Commençons par l'énumération de l'arrivée des barbares, de cette armée envahissante qui mit 2 s. siècles à renverser Rome.

Tableau physique de l'Europe. Representons-nous bien la forme de l'Europe; trois péninsules qui entrent dans la Méditerranée, et ont (1) V.n°.1. la forme la plus précise, la plus arrêtée L'Espagne (1) est un carré, l'Italie un carré long, la Grèce a une forme très variée, très multiple. Il y a progrès évident. La Grèce est beaucoup plus civilisable que les deux (2) V.n°.21. autres péninsules (2); l'Italie plus que l'Espagne.

Derrière cette 1re Europe nous trouvons cette autre Europe beaucoup moins définie par la nature, et qui doit l'être par les révolutions politiques c.à d. c'est-à-dire par les idées qui amènent les révolutions; en un mot par le développement de la liberté humaine plutôt que par les obstacles physiques. C'est un monde vague

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et indecis indécis en comparaison de celui du midi. L'Allemagne la France sont des pays bien mollement dessinés en comparaison des 3 péninsules. C'est à la liberté humaine, au moi humain à lui imprimer ses traits. Au midi il y a des obstacles physiques symbolisés par la précision des limites naturelles; partout de hautes montagnes, des fleuves rapides, tout ce qui arrête les hommes.

Derrière ces contrées, c'est l'indécise Allemagne. En effet quelles sont ses limites. A l'Orient par exemple qui est-ce qui la sépare des pays Slaves. Est-ce que l'Oder: mais l'Allemand se parle sur les deux rives de l'Oder; des peuples Slaves sont établi de l'un, et de l'autre coté. L'Oder lui-même est un fleuve indécis qui sé répand alternativement sur ses deux rives. Du côté de la Baltique la mer au moins sera une limite? La mer elle-même est indécise; ses rivages sont chagés, elle couvre des villes englouties, et le sol de la Prusse, du Meklembourg, de la Pomeranie n'est guere guère diff. différente du fond de la mer qui les baigne. Où finit l'Allem. Allemagne du côté de la France. On dit partout que c'est au Rhin. Voyez cependant. L'Allemand se parle sur les deux rives; l'Alsace est Allemande, la Flandre parle un dialecte budesque. L'Allemagne n'est limitée qu'au midi. Pour tout le reste il y a une indécision; cela seul est certain qu'elle n'est pas du midi. On ne peut dire si les races Celtiques et Slaves ne touchent pas de bien près à la race Germanique; avec les Italiens il n'y a rien de commun. Les Allemands et les Italiens seront toujours oposées toujours ennemis.

Au delà de la Baltique, loin, bien loin des Alpes du midi sélèvent d'autrs Alpes, les Alpes Scandinaves, qui donnent un aspect si rude à l'Europe du Nord. Examinez une carte bien faite; la scandinavie est

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rudement caractérisée par cette chaîne de montagnes qui sort de la Baltique. C'est entre les Alpes, et les Alpes, la Scandinavie et celles de l'Italie que doit s'agiter le grand peuple dt. dont nous allons parler. C'est à peine si nous pouvons dire un peuple; ce n'est pas une race non plus; il n'y a pas dans cette foule de nations, cette unité de caractère et de langage qui constitue une race. Cette Germanie est si indécise qu'on ne sait comment la désigner; c'est une famille de peuples, de tribus, voilà le nom que nous lui donnerons.

Des Germains Examinez les traits des Germains. Voyez ce bleu pâle de leurs yeux qui donne à leurs regards ce caractères indécis et flottant. Les chevaux aussi sont pâles, De De plus leurs cheveux sont blonds. Ce pale àzur azur de leurs yeux fait penser au ciel incertain, nébuleaux, sous lequel ils vivent. Lerus cheveux pâles aussi rappèlent la froide (1) N°.22. boisson du nord. Ce ne sont pas là les fils de la vigne.(1) Voilà la race Germanique, élément indécis de l'Europe, qui doit fournir à toute cette Europe les principes d'une société nouvelle. L'Allemagne a prêté ses Goths à l'Espagne, ses Suèves à la Suède, ses lombards à la Lombardie, ses Francs à la France, ses Saxons à la Bretagne. En quoi ne s'est-elle pas transformé. La vieille Allemagne est la vraie mère du monde moderne; non pas une mère impérieuse; non, point de caractère politique dans ses colonies, point de lien, point de caractère de nation; ses enfants se sont détachés d'elle sans retour. L'Italie n'a pas gardé de traces de la langue des Lombards, ni l'Espagne de la langue des Goths, ni presque la France de la langue des Francs. L'Allemagne n'a conservé que la scandinavie et de l'Angleterre. La race Germanique ne s'est montrée nulle part sous un aspect plus énergique et plus original que hors de ses bassins dans sa grande et triomphante colonie

II,2.

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de l'Angleterre, le fruit et la gloire de la race Germanique (1). (1) V.n°.7. La perfection de l'Allemagne semble s'être réalisée dans les isles du Nord et dans la Scandinavie (2). C'est le terme où (2) V.n°.3. elle aboutit.

Divisons la race Allemande. C'est la langue qui nous Langues Germ. Germanique guidera. C'est le momument le plus fidèle, le plus complet de l'histoire de cette race. Les Allemands d'aujourd'hui n'ont pas une autre langue que celle d'Alaric et de Théodoric; La langue Germanique est resté fidèle à elle-même, coe. comme l'Italien est resté fidèle au Latin. Or il y a dans l'Allemand les ppaux principaux dialectes: le haut allemand et le bas Allemand. Le haut Allemand sera, si l'on veut, l'Allemand par excellence, c'esterait l'Allemand que l'on parle dans les montagnes, dans la Bavière, la Suisse et l'Autriche; le bas est celui qu'on parle d. dans la plaine; c'est la langue de la Prusse, de la Poméranie, de la Saxe. La Franconie est mixte. Voici l'été actuel des choses. Quelle est la division ancienne. Les Goths, les Lombards, les Hérules, et en général la grande confédération des Suèves, celle des Maromans, tous ces peuples parlent le haut Allemand, langue rude, pleine d'aspirations, de mots terminés par des voyelles sonores et retentissante, beaucoup de mots suisses se terminent par un i; beaucoup de mots Autrichiens par un a. C'est le côté Allemand que j'appelerais le côté Dorien. Le coté du bas Allemand serait le côté Ionien. Le bas Allemand est infiniment plus doux; les aspirations ont disparu, la prononciation devint atténuée, adoucie, sifflante même; elle aboutit enfin à l'Anglais. Un Anglais s'entend à la rigueur avec un Saxon, mais non pas avec un Autrichien.

Dans les tribus Germaniques les langue noms ne sont pas une Noms vagues et migrations Continles Continentales des tribus. disctinction suffisante, ce ne sont pas des noms de tribus; des noms propres. Ils n'ont que des dénomination gales générales

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Goth veut dire bon, vaillant; Allemani, tous hommes de cœur; Lombards, hommes armés de longs javelots; Saxons hommes armés de couteaux; Frank [illisible] javelot; Germains, hommes de Guerre; Markornans, hommes de la frontières. Les Wisigoths, ne se distinguent des Ostrogoths quant au nom que par la différence de potition Géogr. géographique (Wisigoths, Goths de l'ouest; Ostrogoths, Goths de l'Est) Quant aux Vandales ce sont plutôt les Slaves que des Germains; c'est le même mot que Wende et Venète. Il est impossible de fixer la demeure de ces tribus. Ce sont des nomades, ils vont et viennent sans cesse dans leur vaste pays. Tantôt vous rencontrez les Goths dans la Scandinavie, tantôt les Hérudes, aux frontières de l'empire Romain Vous remontez les Goths sur les rivages du Pont-Euxin; presqu'aussitôt ils sont en Scandinavie; Vous les cherchez en Scandinavie ils sont sur le Danube t entrent dans l'Empire Romain. Vous croyez les Hérules établis sur les bords de la mer Baltique, qu'ils sont déjà sur le Danube.

Différences des 2 familles des tribus Germ. Germaniques. Les Allemands du midi avaient en Général des chefs distingués par leur valeur; le plus souvent ils éaient désignés à la première place par la naissance. Mais la légitimité de la valeur et de la naissance se confondaient presque toujours, dans un état de chose ou l'enfant du chef savait dès sa naissance qu'il combattrait au premier rang: la vue continuelle du péril fortifie l'âme et l'élève; dès lors le plus noble était presque toujours le plus digne. Le chef s'entourait de compagnons, il en sentait le besoin dans une vie toute de périls; ils étaient toujours auprès de lui dans les combats et dans les banquets. Il les nourrissait, et les armait. C'étaient ses frères d'armes, ses fils d'armes; car la parenté par les armes est un trait particulier de ces tribus. Les guerriers protégeaient la vie de leur chef, et lui sacrifiaient

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volontiers, la leur. C'était une vie de désavouement, de hazards partagés en commun, et suivis de banquets en commun, d'ivresse, d'orgies au milieu desquels quelqu'un des hommes du chef chantait la bataille. Voilà toute leur organisation: c'étaient des hommes habitués à obéir pour vaincre; la religion pour les peuples Germains dt. dont ns. nous parlons était peu de chose, la guerre absorbait tout. Tel est le caractère de presque toutes les nations dt. dont parle Tacite.

Derrière ceux-là se trouvait une autre famille Germ. Germanique toute différente d'esprit: c'étaient principalement les Saxons, les Frisons, tous ces peuples de plaines, ou plutôt des landes, des sables de la Germanie du Nord. Tous ces peuples appartenaient à une famille désignée autrefois par les Romains sous le nom de limbres. Ils avaient en horreur, en dédain ces relations féodales qui chez les Germains du midi unissaient si étroitement l'homme à l'homme: cette religion de l'homme, ce dévouemt dévouement jusqu'à la mort inclusivement les Germains du nord ne le comprenaient pas; leur dévouement, leur dépendance n'était que pour les Dieux; particulièrement pour Woden (Odin) le dieu de la Guerre: ce dieu avait eu des fils dt. dont étaient descendus les rois pontifes les Azes. Les descendants des Azes gouvernaient le peuple mais au nom des Dieux. Ce peuple était trop fier pour souffrir comme autre dépendance, même la dépendance honoré par le dévouement, par l'amitié. Leur caractère c'est l'indépendance et l'égalité sauf la hiérarchie sociale; tous les hommes égaux sous les Dieux et sous des prêtres descendants des Dieux.

Voilà l'oposition des deux grandes races germaniques.

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c'est le nœud de l'histoire de l'Allemagne.

Ces races se trouvèrent réunis dans bien des entreprises. Dans la Scandinavie on trouve des Allemands du N. Nord et du midi: dans la Franconie de même; car les Francs formaient une association mixte d'hommes du Nord et du Midi, et le Dialecte Franc tint des deux dialectes que nous avons signalés. Lorsque les Lombards sous la conduite d'Alboin passèrent en Italie les Saxons désiraient suivre ce chef: le génie différent de ces peuples les en empêcha. Alboin voulait selon l'esprit des tribus du midi partager son armée en dizaines, (1) N°36 bis. centaines, mille (1), etc. c.à.d. c'est-à-dire l'assujétir à une organisation militaire. Les saxons ne voulurent pas se laisser classer ainsi, prévoyant que ce plan les soumettrait d'avantage à leurs chefs, et à une discipline rigoureuse; ils renouèrent à cette belle Italie où Alboin voulait les conduire. Ce ne fut que bien tard, et lorsqu'ils étaient établis depuis long-temps longtemps dans la grande Bretagne, que le grand Alfred parvint à leur faire adopter la division par dizaines et centaines. Le principe féodal était dans les Allemands du midi, et l'opposition au principe féodal étant dans les Allemands du Nord. Les premiers qui entrèrent dans l'Empire furent les Allemands du Midi; ils en étaient plus voisins. Ces Allemands du Midi ont été très loin et du côté du Midi, et du côté de la Scandinavie; car les Goths ont poussé jusqu'aux Alpes Scandinaves d'une part, de l'autre jusqu'au détroir de Gibraltar. Les Suisses, les souabes sont le p même peuple que les suédois: ce ne sont que 3 formes d'un même mot. Et ces voyelles retentissantes que nous entendons sonner sur les montagnes du Tyrol et de la Suisse, on les entend aussi sur les Alpes Scandinaves.

II.3.

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Voilà le monde barbare.. Des Germains au nord et au midi. Derrière les Germains viennent les slaves, les Vénètes, Wendes, ou Vandales; derrière les Slaves (1), les (1) N°.2. Tartares. Mais ceux-ci ne sont plus à pied. Ils ne parlent plus une langue indo-Germanique, mais des idiômes tous nouveaux pour l'Europe et sans rapports avec les idiômes du monde occidental. Leur physionomie sauvage et monstrueuse les sépare encore d'avantage et des Slaves et des Germains. C'est l'arrière-ban des Barbares. Ils passent à travers toute la ligne des Slaves, pour se jeter au milieu des Germains.

Revenons à la Germanie et montrons clairement Place des deux sections de la gr. grande famille Germ. Germanique dans l'histoire du moderne. la différence des deux races dont elle se compose. D'abord les Allemands du midi, sacrifiant leurs intérets et leurs passions à la dépendance, ppe principe féodal à la foi de l'homme à l'homme. Derrière eux, les Allemands du Nord qui prétendent ne dépendre que des Dieux, et qui après avoir perdu avec leur religion nationale la seule dépendance qu'ils voulaient bien supporter, après être entrés non sans une répugnance prolongée dans le sein du christianisme, doivent finir par s'affranchir peu à peu de la nouvelle religion, pour ne plus reconnaître que la seule autorité de la pensée. C'est là le génie actuel de l'Angleterre, de la Scandinavie, et de l'Allem. Allemagne du nord; c'est là que ces pays sont enfin arrivés après mille révolutions.

L'Allemagne du Midi prédomine d'abord et avec elle le monde féodal. Ensuite vient le tour de l'Allemagne du Nord, et au même temps du monde industriel et anti-religieux. De sorte que l'Allemagne fournira à la fois et des races et les idées qui vont renouveler le monde ancien. L'invasion des barbares, ce grand

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événement s'efface en quelque sorte à nos yeux quand nous songeons à cette grande invasion d'idées qui va s'élancer à leur suite. On voit dans l'arrivée d'Alaric, d'Alboin, tout le système féodal et dans la résistance opiniâtre de l'Allemagne du nord au régime féodale et sous Charlemagne et sous la maison souabe, et plus tard dans la prédominance en Angleterre du génie Saxon sur le génie Normand, on voit dans tout cela la formation de [rature] l'esprit Anglais d'aujourd'hui qui est la fin et le résultat de l'Allemagne du Nord.

Sources histes. historiques sur l'invasion. Le Frontispice de toute l'histoire des barbares c'est le grand poème des Niebelungen où leur génie est déposé. Il faut toutefois en écarter avec soin ce qui appartient à l'époque de sa seconde rédaction définitive. N'oublions pas la Germanie de Tacite la plus belle description de peuple qu'on ait jamais faîte, si Tacite avait compris la portée de ce quil disait. Le seul défaut de ce grand ouvrage c'est de procéder d'une manière négative en opposant les vices des romains à l'absence des ces mêmes vices en Germanie; c'et faire quelquefois les épigrammes contre Rome au lieu de décrire un pays étranger. Une 3e. source est dans les historiens contempor. contemporains de l'invasion; et aussi dans les recueils de lettres de cette époque, dans les lettres de Cassiodore ce chancelier Romain du Goth Théodoric, dans les lettres de St Jérome, de St Augustin; et aussi dans Salvien, et tous ceux qui ont souffert de l'invasion. Parmi les historiens nous remarquons un barbare, Ionnandès qui a écrit en latin sur les origines et les guerres de la Germanie; parmi

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les hommes de l'ancienne civilisation le Sophiste Priscus qui nous a laissé un monument inestimable dans le récit de son ambassade auprès d'Attila. En entrant dans le moyen âge nous trouvons dans Grégoire de Tours un monument non moins curieux mais nous nous tenons ici à la 1ere époque de l'invasion.

Maintenant voici comment l'on compte la 1re invasion des barbares.

Récit de la 1re Invasion. 376-4. Depuis long-temps longtemps les nations Germaniques 1° Antécédents. pesaient sur l'empire, et ce n'était qui par une grande force militaire qu'on pouvait soutenir ce poids. On sait que déjà 100 avt. avant J.C. Jésus-Christ les Cimbres avaient fait irruption en Italie. On sait que les Daces (Dagen, Degen, épée) avaient imposé un tribut à Domitien; que Trajan loin de la payer jeta un pont de marbre sur le Danube pour aller chercher les Cimbres Dapes dans leur pays, qu'il détruisit tout en Darie par le fer et le feu et fit prisonnier leur roi Décébale (c.à.d c'est à dire roi des Daces). Vers 260 lorsque 17 prétendants s'élevèrent dans l'empire des Barbares l'entamère de toutes parts. Les Goths passent le Danube +; les Francs passent le Rhin. Les Francs + Et sous Décins tentent de conquérir l'Italie. ne sont pas une peuplade particulière de la Germanie: ils appartiennent aux 2 gr. grandes races Germaines à la fois; c'est une confédération. Leur nom vient de Fram (1) (Framée) sans doute par opposition à Sachsen (les hommes du couteau) Les Francs partent un dialecte très rude qui ressemble assez à celui des allemands du Midi.

(1) Cette formation d'un adjectif étymologie est conforme à la dérivation du plusieurs adj. adjectifs coe. comme Krank de Gram.

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Dans les 1rs premiers temps de leur existence ils habitèrent sur les bords du Rhin à peu près au milieu de son cours, puis ils descendirent jusque dans la Batavie où il se mêlèrent aux anciennes pop. populations de races Frisonne et Saxonne. Ils y prirent la religion d'Odin, cette religion qui inspire à ses sectateurs un enthousiasme féroce de la guerre. C'est au reste le caractère universel des barbares: mais aucune nation ne paraît l'avoir porté aussi loin que les Francs.

Pour se faire une idée de cette barbarie, il faut savoir que les Thuringiens ayant reçu d'un peuple vaincu 400 jeunes filles en ôtage otage (on sait que les Germains préféraient recevoir des filles en ôtage otage), et la paix ayant été rompue, ils les firent tirer toutes à quatre chevaux. Les Goths qui envahissaient l'empire coupaient la main droite à tous les laboureurs. Ces barbares détruisaient coe. comme les enfants détruisent; les enfants ont besoin d'exercer leur activité, et comme ils ne savent pas construire, ils l'exercent en détruisant. C'est ainsi que les barbares détruisaient les hommes non par une cruauté froide et réfléchie mais par une insouciance et sans bien connaître la valeur de ce qu'ils détruisaient. Il y eut contre les barbares de cruelles représailles. Constantin jetait aux lions les rois Francs qu'il avait faits prisonniers. Julien remporta sur les Chauques de sanglantes victoires. 2°. Les Goths sont admis d. dans l'empire. 376

Mais après la mort de Julien, s.s sous les 2 frères Valentinien et Valens qui gouvernaient, le 1r premier l'Occident le second l'Orient, les Goths qui vivaient au delà du Danube vinrent se présenter aux officiers impériaux et demanderent à entrer dans l'Empire.

II.4.

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Ce n'était pas une chose nouvelles: l'empereur Probus, en paysan d'Illyrie célèbre par ses victoires sur les Perses et les Barbares avait eu l'idée d'enlever des tribus entières à leur pays, de les transporter à l'autre bout de l'empire, de les établir dans des provinces où environnées de grandes forces militaires, éloignées de leur pays par un espace immense, elles devaient se civiliser bon gré mal gré et rajeunir de leur sans généreux la vieillesse de l'empire. Probus avait tenté la chose sur nos ayeux aïeux les Francs; il avait transporté quelques unes de leurs tribus sur les bords du Pont Euxin espérant bien qu'ils ne pourraient jamais delà retourner d. dans leur patrie. Ils y retournèrent pourtant. Incapables de supporter cet exil ils firent des barques d'osier recouvertes en cuir et qui pouvaient se fermer. Ils se confièrent à la mer sur ces frêles embarcations. Quand la tempête arrivait ils fermaient leurs barques et roulaient à tout hazard avec les flots. De cette manière ils traversèrent toute la Méditerranée. Mais les Palus Meotides, sortirent par Gibraltar, remontèrent dans l'Océan jusque sur les côtes de la Batavie où ils descendirent en bien petit nombre après un tel voyage, coe. comme on peut bien l'imaginer.

Les Goths qui demandaient un asyle asile à Valens ne demandaient donc rien de nouveau. La raison qu'ils alléguaient était, que des extrémités de l'Asie, des déserts où les sorcières s'étaient unis avec les démons axvaient fondus sur eux un peuple difforme, monté sur de petits chevaux légers coe. comme des vautours, des hommes qui ne fesaient faisaient entendre des sons

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grèles semblables au cri des animaux. Les Goths fatigués de leurs incursions continuelles, déclaraient qu'ils se trouvaient plus rapporchés par les mœurs des Romains que de ces peuples aux quels ils dormaient le nom de Huns. Ils venaient d'être convertis à l'arianisme par Ulphilas. Valens était lui-même Arien. Il se détermina à les recevoir. On a dit qu'il n'aurait pas dû le faire. Mais les Goths seraient entrés de force. On a dit encore que le peuple entier des Goths avait supplié à genoux les officiers Romains pour qu'ils voulussent bien les recevoir. On n'a pas réfléchi que les Goths étaient un peuple assez puissant pour résister aux Huns, que s'ils se retiraient devant aux c'est qu'ils mimaient mieux la paix qu'une guerre dans butin et sans fin. Mais ils étaient trop fiers pour demander à genoux ce qu'ils auraient pu prendre de force, et beaucoup trop nombreux pour pouvoir tous entrer dans l'empire. Il est évident que ceux qui firent cette demande ne formaient qu'une très petite fraction de la nation, le reste demeura dans ses foyers.

Les Goths devaient passer sans armes: ils donnèrent tout aux officiers de l'empereur pour les conserver. Ils donnèrent leur or, leur bestiaux, tout jusqu'à leurs enfants et leurs femmes. La difficulté était de nourrir cette immense multitude qui s'élevait dit-on à 400 000 mille personnes. Dans un pays civilisé on est bien à l'étroit. Toute la place est prise; chacun ax son héritage; chaque morceau de terre a son maître. Que faire cependant des Goths? On ne voulait point en faire des soldats car pourquoi leur ôter demander leurs armes: leur industrie était nulle. Ici on accuse encore

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les fonctionnaires d'avoir détourné les approvisionnements et d'avoir réduit les Goths à leur vendre coe. comme esclaves leurs femmes et leurs enfants. Cette infidélité n'est pas nécessaire pour expliquer la disette où les Goths se trouvèrent réduits. Un soulèvement terrible éclata; les barbares prirent les armes. Valens fut vaincu et tué à Andrinople. Le grand Théodose lui-même qui vint après lui put à peine contenir les barbares. Souvent les guerriers Goths tiraient l'épée à la ttable même de l'empereur. Lors qu'à la mort de Théodose ses faibles enfant Arcadius et Honorius partagèrent l'empire les barbares prirent les armes; ils ne se croyaient liés qu'à l'homme seul entre les mains duquel ils avaient prêté un serment, c'était là leur droit public. Le Vandale Stilicon qui gouvernait l'Occident sous le nom d'Honorius eut peut être arrêté les Goths s'il avait réuni les 2 empires; mais la jalousie des ministres d'Aradius l'empêcha de détruire Alaric.

Alaric nommé juge ou chef des Wisigoths 3°. Alaric et Rodogast. ravagea impunément la Grèce, pénétra en Illyrie: ce ne fut qu'à grand peine qu'il accepta le titre d'allié de l'Empire Oriental avec l'Illyrie et la permission de fabriquer des armes dans les ateliers impériaux. Alaric voulait attaquer l'Occident. Il mit 3 ans à passer d'Illyrie en Lombardie; les Goths traînaient avec un de leurs femmes, leurs enfants, leurs vieillards. Entré dans l'Italie, Alaric y était depuis peu occupé de sa lutte avec Stilicon quand arrivèrent par un chemin plus direct, par les Alpes une foule de barbares de Nord des Bourguignons, des Sueves, des Vandales, des Alains. Tous ces peuples entraient en It. Italie sous la conduite de Rodogast. Ils y trouvèrent leur tombeau. Attirés près de Florence dans un pays , difficiles ils furent entourés et exterminés. Cependant Alaric était toujours là

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se préparant à profiter de l'affaiblissement de ses ennemis: 2 fois il essaya d'imposer des conditions à Honorius, 2 fois elles furent repoussées. Alaric marcha vers Rome: et Rome fut prise pour la 1re fois en 420. La ville fut pillée, mais le vaiinqueur n'y resta pas. Le séjour d'une ville était insupportttable pour les barbares; ils n'en voulaient que les richesses. Alaric continua sa route et mourut de maladie dans la Calabre. Les barbares virent dans cette mort une punition du ciel. Ils s'accusaient eux-même d'avoir pris Rome, d'avoir violé la ville sanctuaire des Césars; ce grand nom de César ils étaient habitués à le respecter: ils l'avaient entendu tant de fois répéter avec une sorte d'effroie dans leurs déserts.

La plupart des nations barbares trouvaient dans leurs traditions religieuses que leurs pères étaient venus du midi; et qu'ils y avaient laissé une ville sacrée, (1) N°.33. une ville de bonheur nommée Asgard (1) (probabl. probablement ville des Azes): c'était donc en poursuivant leurs conquètes vers le midi qu'ils remontreraient infailliblement cette ville sainte; et peut être l'idée de Rome se confondait-elle pour eux avec l'idée de cette ville. Je me sens attiré vers Rome par une impulsion irrésistible, disait Alaric. Notre Asgard c'est toujours le lieu que nous n'avons pas encore. En voyant ces pommes d'or, ces fruits délicieux du midi, ils supposaient que ce pays favorisé des cieux était celui que leur religion leur désignait. On conçoit difficilement l'effet que produisaient sur les barbares du nord ces brillantes production du midi. En Scandinavie pour exprimer le désir le plus ardent on dit le désir des figues. Les Gaulois n'ont, dit-on, passé en Italie qu'à cause de la vigne: et on sait que les (1) V.n°-13 et 14, et Priscus. sur Attila. oranges contribuèrent beaucoup à attirer les Normans Normands en Italie.(1)

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Arts et littérature du monde barbare - Analyse des nièbelungen - Caractère de ce poème - Comparaison avce avec les niefelung.

3 moments distincts dans l'invasion des barbares. Il y a trois moments bien distincts dans l'histoire de l'invasion des barbares: d'abord Alaric et Fritigern, moment d'enthousiasme poétique et d'impé-tiosité désordonnée. Le Nord est attiré vers le midi par un attrait irrésistible; rien ne se fonde encore.

Le second moment c'est la réunion du monde barbare sous Attila, réunion dont Frisard nous a donné un si admirable tttableau. Les barbares veulent de l'or, mais point encore de conquêtes.

Vient enfin ce troisième moment où l'on commence à fonds. Là se trouve la fondation obscure des royaumes bourguignons et Wisigoth, la fondation éclatante du royaume peu durable des Ostrogoths en Italie, la fondation durable du royaume des francs dans les Gaules, royaume qui doit plus tard comprendre et réunit sous Charlemagne tout le monde bar-bare.

Des intervalles presqu'egaux divisent ces 3 époques: le premier élan ou Fritigern et Alaric en 400; la première réunion du monde barbare en 450; puis vers 500 Theodoric et l'affermissement de la domination des francs dans la Gaule, de cette domination qui doit arriver vers 800 à l'arété du monde barbare.

De l'art chez les barbares.Voyons maintenant quelle est l'idée de ce monde bar-bare. Il se trouve dans la ville dépeuplée et solitaires de Ravennes un monument gothique, le seul vraiment gothique peut etre que possède l'Italie. Ce momument est d'une forme ronde; une coupole d'un seul bloc en couronne le faîte. C'est

Hist.Histoire du moyen-age 3.

26v un momument colossal et comparable pour la masse aux seuls monumens de l'Etrurie primitive, aux monumens pélasgiques. Les origines du monde barbare sont caractérisées par des monu-mens d'une structure colossale, comme les origines du monde clas-sique. Ce n'est pas du tout cette architecture élégante, hardie, bi-tane, appelée si mal à propos architecture gothique; ce n'est qu'un bloc massif qui semble posé là par la main d'un géant. Ce monu-ment est le tombeau de Dietrich, c'est à dire de Théodoric, vainqueur d'Odoacre, vainqueur à Vérone des premiers barbares qui avaient conquis l'Italie; c'est le premier grand héros de l'Udendach, de ce recueil de poésies dont l'allemagne se nourrit depuis 1000 ans. Le héros des guerres du midi est donc Die-trich x ; mais il y a aussi un héros scandinave, tout germain, c'est Siegund, Siegfried. L'idée du monde barbare est là, dans les personnes moitié historiques des Dietrich à la f ger-main et italien, du Siegfried tout germain, du Sigurd tout scandinave. C'est là qu'est notre vénérable point de départ; là est l'idée du monde barbare. Vico a dit un mot d'une immense profondeur: le vrai poétique est plus vrai que le vrai historique; et en effet il est certain que l'histoire ancienne de la Germanie n'eut rien de si germain que Dietrich et Siegfried, tels que la poésie les a peints. Comment lune se dispenser de parler des personnages les plus historiques de toute l'histoire des Ger-mains? Cette poésie est beaucoup plus historique que Grégoire de Tours et Jornandès, plus historique de les lois saliques et ripuaires; elle entre dans l'histoire à une bien plus gran-de profondeur, et cela se comprend: lorsqu'un peuple entier se compose de siècle en siècle, en amassant toutes ses idées, un idéal de nationalité, il doit arriver qu'en négligeant dans chacun de ses essais ce qui est particulier au temps et réunissant tout ce qui est commun aux différens âges, nous aurons l'essence même de son génie national.

27r Quand nous avons décrit précédemment le monde germanique sous le rapport de la géographie physique, nous l'avons montré comme une plaine fermée au Nord et au midi par deux chaines de montagnes: sur ces deux chaines où se parlent des langues différentes, plus douces au nord, plus rudes au midi, mais egalèment chargés de voyelles sonores et reten-tissantes, s'est aussi formé une poésie originale qui a très peu varié dans son texte quoiqu'infiniment dans sa forme et qui depuis Attila jusqu'à nousa formé le trésor de la vie poétique en Allemagne; car cete vie poétique en allemagne est tout: aucun peuple n'est plus poëte poète: il est poëte poète sur les champs de bataille, sur les glaciers de la Suisse et de la Norvège, et au foyer domestique les longues nuits d'hiver sont employées à raconter des légendes meuveilleuses. La poésie n'est pas en Italie, elle est en allemagne, dans le nord. Remarquons ici une grande différence entre l'Allema-gne et le midi. La plupart des peuples méridionaux ont fini par épopée, et tout ce qui à précédé et préparé cette épopée a péri. Nous ne savons point les antécédents de l'Iliade et de l'Odyssée, nous ignorons comment l'Inde est arivée à ces immenses épopées, au Ramagana et au Mahabharat. Nous ignorons les sources du Shahnamêh des Persans. Nous connaissons au contraire toutes les transformations successices qu'a subies le grand poëme poème germanique depuis le moment où il commence à poindre dans l'Edda islandaise, jusqu'au moment où la main d'un grand poëte poète de l'école feodale donna à ce sujet la forme arrêtée des Nienelungen, jusqu'au moment où descenda peu à peu de ce degré de force et de grandeur

27v féodale ce monument est tombé par la poésie bourgeoise des compagnons jusqu'aux almanachs de 1830 qui donnent encore aux paysans de l'allemagne le même texte sous une forme prosaïque et décolorée. Tel est l'immense cycle que ce grand poëme a parcouru. Ce n'est pas à nous qu'il appartient de faire connaitre les formes que cette poésie a successivement revêtues. Cette généalogie des mythes s'engendrant les uns des autres, se teignant des couleurs particulières à chaque époque est à coup sûr le spectacle le plus intéressant pour l'esprit, et la seule littérature germanique peut nous donner ce spectacle. Mais nous ferons abstraction de tout ce qu'il y a de poétique dans cette poésie. Il nous faut voir com-ment les Allemands ont conçu leur première vie de nation; nous donnerons pour cela une opposition fort et sèche de Niebelungen. Caractères pricipaux d'un peuple - art - littérature, histoire, droit, etc. Une peuple se caractérise par plusieurs choses, par son art dont la langue est la partie la plus profonde, par sa littérature qui est déjà quelque chose de moins intime, de plus extérieur que la langue: il se caractérise par son droit et enfin par les événemens politiques qui sont la forme la plus matérielle, la plus concrète que revête le génie des peuples. Notre tâche est de nous arrêter à ces deux dernières formes, le droit et les événémens politiques. La forme du droit est concrète en ce sens qu'elle est écrite et datée; mais on voit de suite la supériorité du droit sur la littérature. En géné-ral les monumens littéraires aux époques barbares ne sont point datés, ils flottent; on ignorera toujours l'année dans laquelle la première idée des Niebelungen est entrée dans l'esprit des Germains, tandis que sans avoir

28r une date précise sur la loi salique on saura toujours à peu près à quelle epoque époque elle a été ecrite écrite. Le droit, comme la littérature, est un développement à la fois intellec-tuel et matériel; intellectuel, car c'est toujours la pensée qui commence et qui prépare l'action. Ce double caractère est un avantage immense. C'est pour cela que les fondateurs de la phi-losophie de l'histoire a pris pour base les révolutions du droit, dans la pensée que l'histoire n'est qu'un changement, un développement du droit. Les révolutions de la langue et de la littérature au contraire ne sont pas susceptibles de chronologie, ou presque pas, et alors même ce n'est qu'à une epoque époque très avancée, c'est à dire quand elles n'en ont plus besoin. Le temps précis des révolutions de l'art figuré ne peut pas non plus se dater; c'est là leur infériorité quand on les considère sous le rapport historique. Puis arrive le quatrième développement, le droit, qui est à la fois de la pensée et de l'action et qui a de plus l'avantage de pouvoir être ramené à des dates précises: enfin arrive ce dévelop-pement extérieur et grossier de l'histoire politique. Il y a bien un autre développement qui est le couronnement de tout, c'est la pensée abstraite et générale, la philosophie; mais cette partie n'entre point dans le sujet de nos études, et d'ailleurs quoique ce soit le résultat général de la pensée d'un peuple, ce n'est piont un développement populiare; il est essentiellement aristocratique. Analyse des Niebelungen. Revenons aux Niebelungen: dans les basses

28v terres vivait un roi, Siegmund, dont le fils Siegfried avait en partage la force et la beauté. Il fut élevé par des vieil-lards qui ne le quittaient ni le jour ni la nuit. Il parcourut bien des contrées. Dans un de ses voyages il arriva au pays des Niebelungen, enfant des brouillards. Le roi du pays étant mort et ses deux fils se disputaient le trésor qu'il avait laissé, trésor capable de couvrir d'or et de pierreries des champs innombrables. Dans ce trésor se trouvait le chapeau qui rendait invisible et la bonne épée, Bahmung, qui ne manque jamais son coup. Les deux frères prièrent Sieg-fried de leur partager le trésor; il le fit avec équité; mais ces méchants s'armèrent contre lui, ils ne savaien tpas la force du héros. Il les tua tout deux, dompta leurs guer-riers, dompta le vieux gardien de l'or, le monstrueux nain Albrecht, armé d'un énorme fouet de fer: il s'empara du trésor, le ramena dans les basses terres, mais parcenu près de l'embouchure du Rhin, le héros dédaigna cet or funeste et le lança dans les flots: lui seul au monde connaissait la place où il était ainsi englouti. La tradition scandinave ajoute que l'un des deux frères était un dragon. Siegfried après avoir tué ce dragon se baigna tout entier dans son sang; seulement une feuille de tilleul s'étant collée contre son dos, le sang retomba point cette palce, et il resta vulnérable par cette partie. Cependant Siegfried apprit que dans la terre des Bourguignons florissait une noble vierge, celle sans mesure: aucun corps de vierge n'était plus beau, mais les vertus de son sexe paraient d'autres vierges; pour elle elle était cruelle et artificieuse. C'était Chrimmchil Krimhild, la fille bar-

29r bare. Siegfried alla trouver son père: je veux, lui dit il, aller dans la terre des Bourguignons demander la main de cette fille. Garde toi d'aller dans cette terre, lui répondit le vieillard; tu ne sais pas la perfidie du peuple. - Et qu'importe la perfidie, reprit Siegfried, c'est par la force que j'aurai la main de Chrimmhild: je ne demande rien par la douceur. J'emmène avec moi 112 compagnons. Fait il trouver sa mère: ma mère il me faut 12 [ho]- bifs magnifiques pour mes 112 compagnons; je vais dans la terre des Bourguignons. Sa mère résiste d'abord, mais enfin elle donne son consentement. Alors toutes les jeunes filles, toutes les sœurs du guerriers se mettent à l'ouvrage avec ardeur, travaillent jour et nuit sans relâ-che, et ces pierreries tombent à foison, et les vêtemens s'a-chèvent. Siegfried part: il arrive bientot non loin de l'Odenwals qui se trouvait dans les environs de Worms, à la cour de Gunter roi du pays et frère de Chrimmhild il y trouve aussi Hagel, autre frère de Chrimmhild, l'homme au visage pâle et qui n'a plus qu'un œil, le jeu-ne et ardent Guenruth, Raudolph le maître des cui-sines. Le maître des cuisines est au moyen-age un per-sonnage important. Celui qui tire l'épée dans les festins pour découper le chevreuil et le sanglier servis à la ttable du chef, doit être noble. Siegfried et les siens s'arrêtent à cheval sans la cour de Gunter (ils sont à cheval dans la rédaction du XIIIe siècle; ses aventures ne se passent que dans les montagnes et sur la mer.) On sort donc pour les débarrasser de leurs armures. Ils ne répondent pas. Gunter qui les avait

29v vces du haut de son palais demande qui ils sont: les serviteurs disent qu'ils ne connaissent pas ces guerriers. Il fait appeler Hagel qui lui répond: je ne connais pas ces gens là, mais celui ci doit-être Siegfried, le héros des basses terres. Gunter descend et leur offre l'hospitalté. "Je ne viens pas pour prendre l'hospitalité, dit Siegfried, je viens pour voir si vous êtes plus fort que moi, et si je suis vainqueur votre royaume et vos trésors m'appartiennent. Les Bourguignons s'indignent, les épées sont se tirer. Mais Han-gel intervient; on s'accroche, on s'apaise. Siegfried et ses compagnons sont introduits dans le palais de Gunter. Bien-tot on apprend que les Sachsen descendent vers la terre des Bourguignons. C'est alors que se livre une bataille plus terribles que les batailles de l'Iliade: il y a un massacre épou-vanttable; Siegfried qui avait pris parti pour les Bourguignons est vainqueur. Les rois Sachsen sont consuits enchainés au palais de Gunter; ce roi par reconnaissance accorde au héros la main de Chrimmchild. Alors la rédaction scandi-nave donne une plus haute idée du génie germanique que cette pureté, cette exaltation dans les rapports entre les 2 sexes. On peut lire tous les poëtes grecs sans rencontrer rien de semblable. Avant le mariage Gunter déclare à Siegfried qu'il a entendu parler d'une terre lointaine, la terre des glaces, l'Islande, ou selon d'autres la terre d'Ossel; que dans cette terre il y a une vierge démesurément belle; elle se nomme Brunehild, la fille qui brûle. Elle est douée d'une force prodigieuse (La force chez les Germains est une condition de la beauté même pour les femmes).

30r Brunehild ne donnera sa main qu'à celui qui lan-cera le javelot plus loin qu'elle. Tout ceux qui ne réussissent pas sont condamnés à perdre la vie. Gun-ter veut tenter l'aventure. Après avoir essayé de le dé-tourner de son orojet, Siegfried part avec lui. Brune-hild est si sûre de sa défaite qu'elle se place au but. Mais, grâce au chapeau de nuages qui la rend invisible, Siegfried lance le javelot en avant, s'en était fait de Brune-hild. Il lança le trait par le fer, et le bois alla frap-per Brunehild, brisa son bouclier et la renversa à terre. Charmée d'un beau coup elle surelève, remena Gunter et lui donne la main. Cependant les gens de l'Islande pensent à mettre [?] au départ des deux epoux. Siegfried va chercher des guerriers dans la terre des Niebelungen; il s'embarque sur le Rhin; son bras puissant fait voler la barque qu'il dirige seul contre le courant du fleuve. Il rame jour et nuit, arrive bientot au terme de son voyage C'était la nuit; il veut s'assurer si [?] serviteurs gardent bien la ville qu'il leur a confiée. Il frappe de manière à briser les portes. Le géant qui se tenait derrière la porte menace Siegfried; celui ci frappa de nouveau. Le géant sort tout armé; Siegfried la saisit et le serre entre les bras de manière à l'étouffer; lorsqu'enfin il est près d'expirer Siegfried lui dit lui même son nom. Cenpendant le nain Albrecht a entendre tout le fracas; il sort et de son fouet de fer il fait voler en éclat l'armure de Siegfried. Celui ci le saisit par sa longue barbe et le fait tourbil-lonner autour de lui après l'avoir enlevé de terre. Albrecht poussa des cris epouvanttables et dit: "si je n'avais

30v monseigneur Siegfried, le plus fort des homes, c'est toi que je prendrais pour maitre". Siegfried se fait alors con-naitre et console son fidèle serviteur. Dix mille guerriers se rendent avec Siegfried chez les hommes d'Islande. C'est alors que les noces sont célébrées avec une pompe merveilleuse. Gunter emmène son epoux dans la terre des Bourguignons; là une rivalité funeste s'allume entre les deux reines. Brunehild a bientot reconnu qu'elle a été trompée par Gunter; elle sent toute la supériorité de Siegfried sur son epoux époux, et devient jalouse de Chrimm-hild. Les deux femmes se bravent; Brunehild est surement outragée; elle jure la mort de Siegfried. Déjà Hagel haïssait mortellement Siegfried. Il va trouver Chrimmhild et lui dit "est-il vrai que vous [rature] possédez le plus fort des hommes?" On dit qu'il est invulnérable". Helas ! lui dit alors Chrimmchild, il est vrai qu'il est invulnérable dans tout le corps; mais il est une place où on puisse frapper". Hagel veut connaitre cette place, sous prétexte de protéger Siegfried contre tous les périls des combats. Dans cet espoir Chrimmchild la lui iindique. On préparait une grande fête à la cour de Gunter. Cette fête devait petre suivie d'une grande chasse: à cette chasse, pendant un repas, arrive un ours énorme: à sa vue, tous les chasseurs ont pris la fuite. Siegfried reste seul, embrasse de ses bras puissans puissants le monstre redouttable, et rappelant tous les chasseurs il leur apporte sa capture. La haine de Brunehild augmente. Hagel propose à Siegfried une lutte à la course; Siegfried se dépouille et a bientot surpassé son adversaire. Une fontaine etait était prèsdu but: Siefried se penche pour y boire; Hagel par derrière le perce de part

31r en part. Siegfried roule en rugissant dans des flots de sang; il expie en prédisant à Hagel qu'il sera vengé. Pendant 4 ans l'inconsolable Chrimmechild ne sortit point de sa solitude. Elle est demandé en mariage par un roi de terres lointaines, par Ezzel qui a entendu parler du trésor des Niebelungen et qui espère savoir par la veuve de Siegfried où tant de richesse ont été déposées. Chrimmchild accepte pour venger son epoux époux. Ezzel est le plus avare et le plus avide des hommes. Chrimmchild parvient à toucher son cœur en lui disant: "mes frères tiennent le trésor; pourquoi ne pas les inviter à un festin?" Ezzl comprend et les invite. Hagel, pour rien au monde, n'eut voulu y aller; mais Gunter l'exi-ge. Alors a lieu une immense réunion: tous les vassaux d'Ezzel sont assis à sa ttable avec les Bourguignons. Au milieu de tant de taces diverses la discorde naît bientot. On se menace, on tire l'épée; alors commence un epouvan-ttable massacre; tous les vassaux de Chrimmchild fondent sur les Bourguignons. Hagel se cache, mais Chrimmchild parait devant lui l'épée mue à la main, elle le frappe. L'ecuyer d'Hagel venge la mort de son maitre et fait tomber la tête de Chrimmchild; il ne reste plus à sa ttable que l'impossible Ezzel et le vaillant Dietrich qui doit hériter d'Ezzel. Remarques sur les Niebelungen. Il y a bien des remarques à faire sur ce poème. L'idée du monde barbare est dans tout cela à un tel degré qu'il est impossible de ne pas en être frappé. D'abord leur première idée, c'est leur respect pour la

31v force héroïque, idée partout empreinte dans ce poëme poème. Ces épreuves pour le mariage que la race sémétique fait consister dans l'acquisition des richesses, dans la multiplication du troupeaux; ces epreuves épreuves que le génie grec plaçait dans les courses d'Atalante, le Germain les a mises dans la force. Il s'agit de savoir qui lancera le plus loin un javelot ou un rocher: c'est une même conception qui a fait choisir pour couronner le tombeau de Dietrich cette immense coupole d'une seule pierre. Deux forces dans le monde, le bien et le mal. Mais il y a deux forces dans le monde, celle du bien et celle du mal, la force héroïque et la force perfide, Siedfried et Hagel, Siegfried l'homme fort, l'homme rouge; Hagel l'hom-me faible et intelligent, l'homme pâle: l'infériorité de ce monde barbare consiste à reconcevoir l'intelligence qui réunie à la perfidie, et la force que réunie à la brutalité. Objet de la lutte matériel en Occident, imma-tériel en Orient. L'objet de la lutte est un objet de concupiscence; c'est d'abord de l'or, métal funeste, et le héros avait bien pensé lorsqu'il l'avait lancé dans le fleuve? Le second objet de consupiscence est une femme; ici il y a progrès. Dans tous les poëmes poèmes héroïques, c'est une femme qui est l'objet principal et de la lutte. Peu importe que ce soit la femme de Rama ou de Chréma, ou l'Hellène ou la Pénélope d'Homère, ou les Sabi-nès ou Chrimmchild. On pourrait rapprocher encore bien des choses, le dragon, gardien des trésors, la toison d'or et l'expé-dition des Argonautes. Tous ces poëmes poèmes sont la traduction l'un de l'autre; c'est toujours la lutte du bien et du mal, Le héros nait, brille et meurt; il meurt jeune, et il le faut bien pour qu'il meure tout entier, pour qu'il meure avec sa force et sa grâce, pour qu'il meure vérittablement héros.

32r Il meurt par la perfidiz: en Germanie le héros n'est qu'un guerrier; il en est autrement dans l'Orient, le héros n'est plus un homme fort, c'est un homme souve-rainement intelligent qui vient pour sauver la terre et qui meurt; il meurt, mais sa mort est engée: mal-heur à qui a porté la main sur sa personne sacrée! L'instrument qui venge la mort du héros est odieux: on ne se teint pas impunément de sang. Chrimmchild périt à son tour; Egisthe, instrument juste d'une ven-geance méritée, n'aura pas impunément exercé cette ven-geance. Pogrès de l'idée d'héroïsme. On voit les progrès de l'idée d'héroïsme: c'est d'abord un homme fort comme Hercule; à une époque plus avancée, c'est un héros de moralité, qui n'aura rien de gigantesque, mais une grandeur colossale dans la vertue. Voilà le côté symbolique des niebelungen. Voyons main-tenant le côté historique. Fonds historique de ce poëme poème. Où tombons nous? Dans ces interprétations plus ou moins vraisemblables, qui trouvent des hommesdont tous ces noms. Toutes ces puissances du mal, Albrech, Walfming, les niebelungen, sont, dit-on, les anciennes races [?] qui fouillent la terre pour en tirer ce blé ou l'or; ce sont les enfants de la mine, ils aiment à vivre dans la terre. Ce sont des hommes forts sans héroïs-me, des géants, race inerte, qui ne pourront jamais tenir devant les héros, des Pélasges vaincus par les Hellènes, des finois vaincus par les Goths. Après cela Siegfried et Gunter ressemblent beaucoup à Sigebert et Gontran, Brunehild à Brunehaut: c'est le même nom. Ne pour-rait on pas dire que tous ces personnages ont reçu leurs noms des Niebelungen, au lieu de leur avoir donné les leurs

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Ce poëme poème est eminemment chrétien. Quant aux noms des pays, quant à la situation des peuples, les Bourgui-gnons semblent placés sur le Rhin où ils ont dû habi-ter à une epoque époque assez reculée ; les basses terres parais-sent être les Pays-Bas.

Différence entre les Niefelungen et les Niebelungen. Ce qu'il faut remarquer c'est que la forme la plus ancienne est aussi la plus belle et la plus pure. Les originaux scandinaves, et surtout la Volsunga Saga, mettent tout l'intérêt du côté de Brunehild, tandis que la rédaction allemande se met tout entier du côté de Chrimmehild. Bru-nehild est l'amante de Siegfried ; c'est une amante mysté-rieuse, une Walkyrie qui préside à ses destinées: elle l'aime parcequ'il est fort et vaillant, et elle ne lui survit pas. La Walkyrie est tantot tantôt une des Parques, tantot tantôt l'épouse épouse ou l'amante du héros; elle recueille l'ame âme du corps et la porte au ciel tiède [?] : c'est la communauté de l'homme et de la femme chez les anciens Germains ; ad conjuges Valnera referunt, dit admirablement Tacite: ce sont les femmes des Cimbres qui ne peuvent séparer leur sort de celui de leurs epoux époux. Rien de si poétique que ces deux êtres qui sont inséparables sans avoir été jamais unis, mais dont l'un est attaché à l'autre; c'est le génie du monde oriental : là les veuves se brûlent pour imiter l'exemple de Siva. Combien la Walkyrie du nord est supérieure ! Elle n'est unie au héros que par les liens d'une pureté parfaite et qui sétend au delà de la vie : ce n'est pas seulement une vue d'intérêt religieux, c'est une vue de pur héroïsme; c'est reconnaitre aux [purs]

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esprits une force, une influence qu'ils ne partagent pas avec la matière. Quel admirable élément d'in-telligence et de moralité !

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Ve.1. 34 r foliotation de la main du bibliothécaire

5e Leçon d'histoire. Lois barbares - De la loi salique.

Nous avons vu la décadence de l'empire, les Résumé des léçons précédentes. 2 premiers moments de l'invasion des barbares ; nous avons recherché ensuite l'idée du monde barbare ; nous avons examiné l'état des provinces qui allaient être envahies et particulièrement la Gaule. Ns recherches ont porté surtout sur ces institutions municipales établies dans les Gaules par la conquêtes Romaine et qui ont subsisté jusqu'à la révolution Française, sur ces institutions qui devaient périr puisqu'elles étaient exclusives, parce qu'elles étaient un privilège des villes au depend dépend des campagnes campagnes. Ce qui fait la force de la liberté moderne c'est qu'elle tend à comprendre tous les hommes.

Il nous faudrait maintenant raconter l'invasion Ce que nous ferons. des barbares dans ce 3e moment qui fut à la fois une invasion et une fondation. Nous renvoyons aux auteurs qui ont écrit sur cette époque, aux lettre sur l'hist. histoire de France, aux cours ouvrages de Mr. Guizot à l'histoire des Français, et surtout à Grégoire de Tours.

Nous allons entrer dans l'histoire à un degré de profondeur supérieur à Grégoire de Tours lui-même. Nous passons de suite à la lecture et au commentaire

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de la loi salique, de la loi des Ripuaires, et de la loi des Bourguignons. Ns Nous ne parlerons pas de la loi des Wisigoths qui est étrangère à la Gaule. De temps en temps nous nous éclairerons ce que nous avons à dire sur ces 3 codes par les les vieilles lois Norvégiennes, Islandaises, Anglo-Sax. Saxonne.

Ns. Nous passerons le préambule de la loi. Nous V. Voir aussi Esprit[rature] des lois liv. livre 28 ne dirons rien sur l'époque de la rédaction, rien sur les différents manuscrits, tout cela se trouve dans Mr. Guizot. Nous ne repéterons aucun des remarques qu'il a faites; nous renvoyons simplement à la leçon qu'il a faîte sur ce sujet. Nous ne ferons qu'ajouter quelques observations qui lui ont échappé.

Pourquoi si peu de peines corp.elles corporelles Il remarque co. comme tout le monde qu'il n'y a point ou presque point de peines corporelles c'est que les délits étaient très nombreux, et que, si ont eut tenté de punir de mort les crimes capitaux, la société aurait présenté l'aspect d'une bataille continuelle. Le guerrier n'aurait cédé sa vie qu'après un combat; et non seulement il aurait combattu, mais [?] ses parents, ses amis auraient combattu pour lui. Et cela serait arrivé non seulement pour la mort, mais pour toute peine corporelle. Le nord a toujours eu un respect superstitieux pour la dignité du corps; toucher un guerrier du doigt, c'est attenter à cette dignité. De là l'usage du Duel. Aussi l'homme barbare refusait de se soumettre à des peines corporelles. Mais il se

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soumettra à payer une amende, même exorbitante, et si sa fortune ne suffit pas il donnera sa femme et ses enfants en esclavage, lui-même se fera esclave; mais si on touche à son corps il prendre ses armes. Le législateur intervient donc. Il impose une amende, à laquelle le coupable se soumet d'autant plus volontiers qu'à une pareille époque il espère recouvrer ce qu'il a perdu par sa vlaeur tout ce qu'il a perdu.

Le juge chez les barbares est ordinairement l'homme le plus fort, le plus vaillant. (+) Les juges Le juge barbare. (+) Voyez l'admirable tttableau du Poussin représentant Moïse et les filles de Jethro. C'est là le juge des temps Barbares. Admirable figure du droit uni à la force. des Goths sont en même temps les héros, les chefs militaires de la nation. Fritigern, Alaric, Théodoric en sont l'exemple. Ns. Nous voyons chez les Francs Pepin et Charles-Martel. Et cela n'est pas particulier aux Germains. Les juges d'Israël sont des guerriers des libérateurs du peuple; c'est Aord homme de tête et de main qui tue le roi des Madianites, c'est Gédéon qui défait co. comme Léonidas une armée avec 300 hommes. Pourquoi faut-il que le juge soit en même temps l'homme le plus fort. C'est qu'il s'agit non seulement de sécréter la condamnation, il faut encore appliquer la sentence. Il faut que le juge aille à l'homme jugé. Plus le juge sera élevé en dignité plus il sera capable de se faire seconder. Or il faut payer cette assistance. En conséquence le fredun du Koônig, du roi, de l'homme hardi (car c'est là la signification de hufor. hardi

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mot) sera plus cher que le fredunn du Graf. Le fredunn de ce [?] sera à son tour plus considérable que celui du magistrat inférieur.

Procédure toute divine Quant à la procédure nous savons le moyen qu'employait l'humanité encore dans son enfance. On dema Tout ce qu'on ne sait pas on le demande aux Dieux. Le juge en fait autant. Nous citerons cette belle loi du Nord: par laquelle l'homme attaqué dans une maison solitaire et qui tue l'aggresseur doit amener devant le juge, le chien, le coq et le chat qui habitent sa maison, et jurer en présence de ces créatures qu'il a été réellement attaqué. Ceci est d'une moralité bien simple, bien enfantine; mais il y a en même temps une grande élévation religieuse, une grande poésie. (1) Ces serments contradictoires ne pouvaient manquer de donner lieu à des querelles sanglantes. Il fallut régulariser ces combats; et ce fut une des causes qui amenèrent le combat judiciaire Toute la précédure porte ce même caractère. Ainsi on se contente pour toute preuve du serment; on est persuadé que le parjure serait bientôt frappé par la divinité (1). Mais, dit la loi des Bourguignons, on s'est apperçu que le parjure est trop fréquent, et fait échapper beaucoup de coupables. Il faut donc recourir à un autre moyen. De là les épreuves du feu et de l'eau bouillante. On ne doute pas qu'il ne se fasse un miracle en faveur de l'innocent. Mais tout le monde n'acceptait pas ces épreuves, que proposaient et soutenaient surtout les écclésiastiques. Le génie barbare y résistait. Le guerrier le refusait

V.2.

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ces épreuves, et en demandait une autre, celle du combat. Il est évident que ceux qui préféraient le feu et l'eau bouillante n'avaient rien à objecter. Un miracle pouvait se faire aussi bien par le glaive que par l'eau bouillante. Partout où domine le génie ecclésiastique et Romain le feu et l'eau bouillante étaient préférés. Partout où dominait le génie barbare c'était le combat qui l'emportait. Il y aici une objection très forte. C'est que dans la loi salique la plus barbare de toutes il n'est point fait mention du combat. On peut y répondre en disant que de tous les barbares les Francs étaient les moins nombreux comparativement à l'étendue du pays. Clovis n'avait que 6000 guerriers autour de lui dans son roy. royaume de Tournay; et on ne peut faire monter la population force de toutes les tribus franques réunis à plus de 40000 guerriers. On veut qu'en présence (1) Il ne faut pas donner à cette exposition de la procédure barbare une rigueur qui s'étende à tous les cas. Les mêmes éléments se retrouvent partout. Mais d. dans l'application ils se présentent sous des formes très variées. C'est une suite de la mobilité, et de la confusion de tous les éléments sociaux à cette époque. V. Voir Dans Greg. Bur. V. 33. le récit curieux d'un procès d'adultère: Apud Parisius milius quedam ruit in crimen, adsercutibus multis quasi quon relicto viro cum alio misceretus. Igitur parcutes illius acusserunt ad patrem, dicentes: Aut idoneam redde filiam tuam aut certè moriatur ne stuprum' hoc generi nostro notaur infligat. Novi, inquit pater, ego filiam sucum benè idoneam, nec est verum verbum hoc quod mali homnius proloquntur. d'une population infiniment plus nombreux les vainqueurs devaient hésiter à donner le spectacle de leurs combats, et devaient chercher par conséquent à étouffer cet instinct trop naturel du combat singulier qui régnait chez toutes les nations barbares. (1)

Passons à l'examen même de la loi salique. Et d'abord par tous les objets qui présentent le plus grand nombre de lettres dans la loi salique, c. à d. c'est à dire du vol. Nous lirons ces articles dans l'ordre ou pour mieux dire d. dans le désordre où ils se trouvent.

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Tamus ne crimen hoc consurgat altius ulteriùs, innocentem eam faciam sacramento. Et illi, Si, inquiunt, est innoxia, super tumudum hoc beati Dionysii martyris sacramentis adfirma. Faciam inquit pater. Qunc inito plaùto ad basilicam martyris soti conveniunt, elevatisque pater manibus super altarium, juravit filiam non esse culpabilem. E contrariò verò purjurasse eum alii à parte viri pronintiant. Hir ergò altercantibus, evaginatis gladiis in se invicem proruunt, atque autì ipsum altarium se truidant. Erant auteur majores natu et primi apud Chilpericum regem. Sauciautur multi gladiis, respurgitur sancta humano cruore basilica, ostia jamlis... Quod dùm vix mitigatut, locus officium perdidit, donec ista omnia ad regis notitiam pervenirent... A Episcopo...componentes...in comminionum ecclesia sunt recepti. - Vols- Taureau, chien. Celui qui vole un taureau payera 45 solidi. Celui qui vole le taureau du roi payera 65 [rayure] solidi. Le crime n'est pas évalué d'après la gravité du fait, mais d'après le rang de l'offensé. Cette législation n'est pas une législation de justice mais une législation de vengeance et de réparation. - Celui qui vole un chien de meute (canem segusium) payera 15 solidi. C'est a à dire le tiers du taureau. Cette importance donnée au chien fait pressentir le génie des loi féodales qui n'existent pas encore, ces privilèges exorbitants de la chasse. Si le chien est si estimé c'est que le chien appartient au vainqueur, tandis que le taureau appartient au vaincu.

Celui qui vole canem segusium magistrum payera 45 sol. solidi - autant que pour un taureau.

Faucon. Celui qui vole un faucon enfermé sous la clé payera 45 solidi - Cette importance attribuée au faucon rappelle encore la féodalité ; et le prix des faucons ne fit que s'accroitre ; et nous ne sommes pas loin du temps Au 15e. s encore Jean sans peur étant prisonnier à Nicopolis, Charles VI pour appaiser la colère du sultant contre son neveu lui envoya co. comme un présent magnifique des tapisseries d'Arras et 3 faucons de Norvège.

Abeilles. Celui qui vole une ruche de la clé, ou bien 7 ruches ou plus qui non sont point renfermées et qui en laisse quelques unes payera 45 solidi. - Ns. Nous remarquons dans les lois barbares beaucoup d'articles concernant les abeilles. Pourquoi cette prévoyance particulière. Dans tout pays où il y a beaucoup de terrein terrain vague, où la population n'est pas pressée, où il y a des

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steppes, des prairies il y a beaucoup d'abeilles. Aussi la Pologne en est remplie malgré la rigueur du climat. Les abeilles appartiennent à la vie pastorale ; et partout où il y a beaucoup d'abeilles on peut être sûr qu'il y a des désers. Remarquons encore la forme enfantine de la loi. Si le voleur a eu au moins assez de ménagement pour ne pas tout enlever au légitime possesseur, pour lui faire l'espoir d'élever de nouveaux essaims, la sévérité de la loi est moindre à son égard. Dans cette loi souvent atroce ne voit-on pas avec plaisir poindre ces sentiments de ménagement pour l'homme, ces 1res tentatives de justice exacte.

L'homme libre qui vole un cheval paiyera 15 solidi. Cheval. - C'est le tiers d'un taureau. Quand boûte ne nous dirait pas dans les mœurs des Germains que ces peuples combattaient à pied, quand même Grégoire de Tours ne nous présenterait point les Francs combattant toujours à pied, on devrait le conclure de cette loi. Le cheval de bataille est un accident rare, et il porte un nom particulier, Warannu c.à.d c'est-à-dire cheval de guerre. Il y a un article particulier pour celui qui vole le Waranni, qui ne servait guere guère qu'au Koenig et au Graf. (1)

(1) Cela est si vrai, que les assemblées de la nation c.à.d c'est-à-dire de l'armée, qui se fesaient avant d'entrer en campagne eurent lieu d'abord au mois de Mars lorsque la verdure ne couvre pas encore la terre, et à la fin de la 1re race elles furent transportées au mois de mai, époque où la cavalerie pouvait entrer en campagne. Il est probable même que le Warannie d. dont parle la loi salique n'est qu'une addiction postérieure aux dernières rédactions de cette loi (N. de Mr.M) Cependant Grég. de Tours n. nous dit: In campo inquo certamen agi L'esclave qui vole un cheval paiera 35 solidi. - Il est à peine nécessaire de remarquer que le crime est plus grave selon la condition du délinquant. Ce qui frappe c'est que l'esclave puisse payer. La loi Romaine ne reconnait rien qui appartienne en propre à l'esclave, pas même sa personne. Il ne peut être fait mention du pécule: on ne pourrait le saisir, puisque l'esclave ne possède rien aux yeux de la loi. Et voilà qu'ici on condamne l'esclave à une amende. L'esclave sous la domination

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debedat fossas effodicunt ; quarum ora o purta denso cœspite, planum adsimulant campunus In has ergo foveas cum pugnare cœpissent, multi Franconum equites cournerunt. (III.s) Le Warannis pouvait être tr. très anc. ancien sans être commun. V. Voir aussi III. 28. IV.30. barbare ne doit pas être pris pour l'esclave domestique enfermé d. dans la maison du maître, et employé par lui à tous les offices intérieurs du ménage. Le servus c'est déjà le colon, cette race intermédiaire qui couvrait alors la Gaule. Servus va signifier serf, dès que la féodalité sera établie.

Esclave Celui qui vole, vend, tue, ou met en liberté l'esclave d'un centre paiyera 35 solidi, sauf la restitution de l'objet et les frais de la procédure. - On comprend que dans une société aussi irrégulière i ln'était pas toujours facile de distinguer quel était l'esclave d'un autre. Un guerrier auquel était attribuée telle vallée ou telle montagne pouvait fort bien revendiquer les colons établis sur la frontière de son lot, et dans le cas où ses prétentions ne seraient point admises, il pouvait être tenté de les affranchir en haine de son voisin.

Voici un autre texte plus singulier. Si quis ingennus cum servo alterius aliquid negocialit XV solidis culpabilis judicetur. - Negociare ce n'est pas précisement faire des affaires c'est entretenir des intelligences : l'expression vieillie pratiquer l'esclave d'un autre rend assez bien cette idée. Ce texte nous fait entrer dans la vie de cette époque, dans les défiances et l'hostilité de tous les membres de cette société vieillie. Par exemple le vainqueur isolé au milieu des vaincus qu'il tyrannisait, pouvait craindre à chaque instant de succomber aux embûches de ceux qui auraient connu ses habitudes. L'isolement complet de la population vaincue suffisait à peine pour rassurer le vainqueur. Une amende de 15 solidi était exorbitante, c'était condamner le coupable à l'esclavage ; la plupart des vaincus n'avaient presque rien en propre excepté leur chétif mobilier, et par là il faut entendre les instruments du labourage quelques vases, leurs bestieux, et l'habit qu'ils portaient.

V.3.

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Le malheureux une fois garotté, il ne manquait pas de marchands Romains ou barbares qui passaient par là, et allaient le vendre souvent à des distances énormes de son pays. Grégoire de Tours est plein de semblables aventures.

Quels étaient ces esclaves? Un texte va nous faire entrer dans les détails de leurs différents emplois. - Si quelqu'un vole un majordome, un infertor (celui qui met les plats sur la ttable), un échauson, un maréchal, un strator (probablement celui qui s'occupait des harnais), un serrurier, un orfèvre ou un charpentier, un vigneron ou un porcher, ou un domestique attaché à la personne du maître, si quel--qu'un tue, vole, vend un tel esclave de la valeur de 25 solidi il paiera 45 solidi. - Dans ce texte sont réunis tous les hommes qui conservaient une ombre d'industrie. On observe avec étonnement que les besoins du luxe survivent encore au milieu de ces épouvanttables malheurs. Malgré ces exigences du luxe le barbare n'a point senti la supériorité de l'art il confond brutalement celui qui fait des bijoux et celuii qui équarrit une poutre.

Il y a encore divers délits vols auxquels la loi Vols divers. assigne des peines diverses, celui d'une clochette, des légumes, du blé, des fruits, des arbres, des couteaux, des bracelets. Le vol de la clochette est très grave. Chaque pièce de bétail a une clochette: on lachait les troupeaux dans terres en friche où les troupeaux erraient sans pouvoir être facilement retrouvés. Le seul moyen était de suivre le son. Celui qui coupait cette clochette devait être fortement soupconné

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d'avoir voulu s'approprier l'animal. Après cela le couteau et le bracelet étaient aussi des vols très grands; c'étaient les seuls meubles du barbare. La plupart portaient des bracelets ; un bracelet de fer avant d'avoir tué un ennemi, ensuite un bracelet d'or quelquefois massif: on portait sa richesse à son bras. Le barbare ne quittait jamais son couteau; c'était sa défense de tous les instants. C'est presque l'inséparable couteau de chasse des temps féodaux. Or celui qui parvenait à soustraire ce couteau que le barbare gardait la nuit sous son chevet, pouvait fort bien passer pour avoir de très - mauvaises intentions.

Achevons l'article des vols par uun texte fort curieux. Siquis corvum domesticum signum haberitun occiderit qui ad venationem fariendam mansuctus factus est, 45 solidis culpabilis judicetur. Cette disposition doit être très postérieure à la conquête. C'est déjà le luxe et les plaisirs artificiels du grand seigneur féodal. Le temps n'est pas loin ou celui qui aura tué un pareil animal sera puni de mort.

Celui qui aura tué le cerf ou le sanglier lancé par les chiens d'un autre paiera 15 solidi. - Cette disposition nous fait pressentir entrevoir cette partie de la population qui vivait dans les profondeurs de la forêt et profitait de la meute du barbare pour dérober son gibier. C'est la 1re première origine de ces lois terribles dans leur forme dernière et dont la plus atroce expression se rerouve dans le Doomstbook Doom's day book (livre de la sentence) de Guillaume le Conquérant.

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39 v

VI.1.

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6e leçon d'histoire moderne. Suite de la loi slaique.

Pour traiter ce sujet on pouvait choisir Deux méthodes. entre deux méthodes; ou prendre le texte article par article et lorsque l'examen est fini s'élever jusqu'à l'esprit de la loi, et donner la formule qui la résume; ou bien encore placer en tête cette formule qui aurait tout vivifié, et dont tous les articles eussent secondé un à un. Nous avons choisi la 1re pour que l'attention fut plus fortement excitée par chaque article pris séparément; la 2e; eut été plus favorable à l'art.

Continuons de parcourir les crimes prévus par la loi salique.

Et d'abord le rapt. Si quelqu'un 3 hommes enlèvent une Rapt. jeune fille libre de casá aut de scréoná, ils payeront 30 solidi (Screona est une chaumière tout-à fait enterrée dans le fumier et où l'hiver ils font la veillée. On l'appelle encore Escraigne dans certaines parties de la France)

Si spons atam i, viá absalierit, 200 sol. Ce genre de vengeance est très commune chez les Barbares. L'amant dédaigné enleverait la fiancée au milieu des nous. Ce fut un pareil enlèvent. par des pirates Histriotes qui causa une guerre à Venise et commença la conquête de l'Histrie. Ce code est vérittablement une histoire des mœurs en Europe.

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V

Si 3 hommes enlèvent une femme libre, ils payeront 30 sol. et s'il y a plus de 3 hommes il ne payeront que 5 solidi. Il semblerait que plus il y a de complices, plus la punition devrait être forte. Peut-être ici ne s'agit-il que des complices inférieurs; ou peut être a-t-on calculé qu'étant plus de trois, ils approcheraient en se cotisant de la [?]. primitivement fixé pour compensation. Peut-être n'aurait-on pas pu l'exiger de complices nombreux.

Si l'on enlève pouellam in verbo regis, 62 sol. On voit ici combien la protection du roi est supe. supérieure à celle de la loi.

Si puer regis, vel lidus ingenuam puellam traxerit, de vitá componat. Voilà un jugement bien sevère et un commencement d'ordre public. Celui qui appartient à la force publique, si le pouvoir chez les barbares peut être appelé ainsi, est puni pl. plus fortement qui les autres. Du reste on pourrait aussi comprendre qu'il s'agit de la vie de la fille et qu'il faudrait traduire qu'il doit payer aussi cher que s'il l'eut tuée.

Mariage avec une esclave. Si suid in gennus ancillam laienam sibi in conjugium sociaverit, ipse crun câ in servitum inclinetus. C'est un des caractères de cette loi de décider pour l'esclavage. Pourquoi dans ce cas l'homme libre ne communiquerait-il pas au contraire sa liberté plutôt que + +la femme + son esclavage. Mais cette loi fut le résultat de la conquête; elle est toute dans l'intérêt des conquérants. C'est un esprit tout contraire qui animait la loi des XII ttables lorsqu'elle établit vindicias scumdiun

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libertateur, c. à d. c'est-à-dire que l'esclavage ne se présumait pas. Au reste la loi des ripuaires est co. comme nous le verrons bien plus terrible encore.

Si quis...sororeni, frutris filiam, consobrinam Inceste. separetur - Filii infaniá notati. Separetur, pas d'autres peines. La loi Romaine au contraire surtout, modifiée par le christianisme avait établi en ce cas des peines sévères. Ici la loi Germaine repousse les mariages non pas à cause de l'esprit Romain, ni à cause de la nouvelle religion, mais bien à cause de l'ancienne pureté des mœurs barbares; c'est une loi tout-à-fait originale. Filii infa-miá notati. C'est une peine grave chez les barbares; chez les Romains de l'Empire, elle n'eut agi que faiblement. Ce n'est pas un simple blâme, c'est la privation du droit de mundium, c.à d. c'est-à-dire du droit d'élever la voix dans les assemblées nationales, de protéger une femme, des enfants, en un mot de tous les droits du chef de famille et du citoyen. Les anc. anciens ne connaissait pas ce que nous nommons honneur. Honor veut dire [?]. Les fruits et le caractère du Citoyen.

Si un Romain dépouille le Franc Salien, 62 sol. 1/2, Brigandage. Si le Franc dépouille le Romain 30 sol. - C'est l'inverse précisément de ce qui aurait du exister. Le franc devait avoir les tentations bien plus fréquentes et des moyens bien plus grands.

Celui qui attaque ou retarde l'argent du roi, Ordre public (+) ou le guerrier qui se rend au mallum (+), 200 s. Mal, propr. le signe, puis le lien désigné; le lieu où l'on s'assemble, le lieu par excellence celui des assemblées et des banquets. Le sacrifice, la libation parce que ce sont les signes du sacrifice intérieur. Le Mal se tenait sur les hauteurs. Bible. Perse. L'allem. allemand et le Persan sont indentiques. Les uns et les autres sacrifiaient des chevaux. - Il ne faut pas ici s'exagérer l'importance de la royauté; l'agent du roi c'est ici tout simplemt. simplement celui qui porte le signal de la guerre de canton.

41v en canton. C'était un tison chez les montagnards celtes de l'Ecosse. En Germanie c'étaient d'autres signaux. Exhumations Pour déterrer et dépouiller un mort, 100 sols.- D'après l'ancienne loi si quelqu'un a déterré un cadavre déjà enseveli et l'a dépouillé qu'il soit rejeté (wargus) jusqu'au jour où il aura pu s'arranger avec les parents du mort et où ceux-ci auront prié l'assemblé de lui permettre de revenir parmi les hommes. Et si auparavant quelqu'un lui a donné du pain ou un toit, quand même ce serait sa femme, ou sa parente, qu'il paye 15 solidi. - Partout les Germains ont compris la tendresse et la pureté des liaisons de famille entre personnes de sexe différent: aussi la tante est plus proche parente que l'oncle, la sœur plus proche que le frère. Et la loi n'a pas supposé ici que le coupable trouvât de la compassion parmi ses parents, elle n'a parlé des prévu le délit que de sa femme, ou de sa sœur. Ces lois ont un charme particulier: au milieu de ces blocs cyclopéens on retrouve quelques un des traits les plus délicats de la chevalerie. Dépouiller un homme endormi Pour dépouiller un homme qui dort 100 sol. - la même peine que pour la profanation des tombeaux. C'est la double moitié seulement de compensation exigée pour le meurtre d'un Franc; c'est exactement la m. même somme que pour le meurtre d'un Romain propriétaire. On peut

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Blessures. Ns. Nous allons maintenant réunir divers articles qui traitent des blessures.

Si quelqu'un frappe un homme à la tête et qu'il en sorte un os, qu'il paye 30 solidi; s'il sort 3 os et que le cerveau paraisse, 45. - C'est se faire une idée bien singulière de la dureté et de la force vitale de l'homme. Chez nous une telle blessure est ordinairement un meurtre.

Si la blessure est au ventre, 62 sol. - Il est évident qu'une idée d'infamie est attachée à la blessure au ventre, quoiqu'elle ne présente pas plus de dangers que la blessure à la tête.

Pour chaque coup de baton, ou chaque coup de poingt poing, 30 solidi. - La corps loi protège non seulement le corps et la vie, mais elle cherche aussi à punir l'outrage, et par une peine exhorbitante elle veut prévenir le duel autant que possible.

Si le pouce est coupé et pend encore, 30 sol. - La loi a l'air de supposer que le pouce qui pend encore pourra bien reprendre et que cela diminue la gravité du fait.

Suit une évaluation curieuse pour chaque doigt de la main, du pied, pour l'œil, les oreilles, le nez, etc.

Violences Si Romanus Francum ligaverit sine causâ, 30 sol. Evidemment ce texte appartient à une époque

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déjà éloignée de la conquête. Quelle est donc déjà l'audace et la familiarité du vainqueur vaincu pour oser faire un tel outrage au vainqueur?

Si Francus Romanum ligaverit sine causâ, 15 sol. Même remarque à faire. Nous sommes évidemment au temps où le roi employe déjà des Romains pour faire exécuter ses volontés.

Remarquons ce texte, tout plein de la fierté Germanique. Si quis baronem de via ortaverit (1), 15 sol. (1) Ortare, heurter Le but de la loi est de prévenir les duels. Elle espère qu'on se contentera du dédommagement énorme qu'elle impose. Pour heurter une femme c'est 45 sol. 3 fois d'avantage. C'est que la femme ne peut pas comme le guerrier heurter à son tour; il faut qu'elle retourne chez elle pour charger du soin de sa vengeance son époux, son frère, ou son père. On voit l'idée élevée que les barbares se faisaient de la dignité de la femme.

Pour avoir appelé un homme vulpeculam (1) Injures (1) Goutrau d. dans ses reproches à deux complices de Musumnole, vocat eos sœpiùs vulpes ingeniosas. VIII.6. (cinædum) cinnitum, falsatorem, delatorem, avoir dit quod scrutum jactaverit, 3 sol. autant que par coup de poing ou coup de bâton. Pour avoir appelé une femme meretricem, 15 sol. Cela fait voir de quelle gravité était la parole dans leur pensée. Aujourd'hui nous voyons les hommes du peuple se dire sans cesse les plus graves injures, et se réconciler aussitôt après.

Pour avoir appelé un homme agent des vampires ont on dit qu'il a porté la chaudière dans le lieu ou on fait cuire les chauves souris, 6 ½ sol. - Pour avoir appelé une femme libre vampire, 167 sol.


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- C'est presqu'autant que pour avoir tué un franc. Comment donc se fait-il que ce fut une injure si épouvanttable si atroce. Le texte suivant va nous l'expliquer. Si une vampire a mangé un homme et est convaincue, 200 sol. et selon une autre loi, que la vampire soit brulée. Adresser une telle injure ce n'est pas seulement outrager mais c'est faire courir de grands dangers à la personne qui la reçoit et dans quelques cas la dévouer à (1) n°.35 la mort. (1)

Meurtre Pour avoir tué un franc, ou un barbare, ou un homme qui vit sous la loi salique, 200 sol. -Pour l'avoir jeté dans un puits va sous l'eau, 600 sol. - Si on l'a recouvert de cailloux ou de feuillage, 1800 sol. - Plus le crime est difficile à découvrir plus il est punis. De plus ces disposit. dispositions particulières pour les barbares indiquent le crime de tous les jours et expriment au vif les réactions sanglantes et secrètes des opprimés contre leurs conquérants barbares.

Pour avoir tué celui qui est dans la foi du maître, 600 sol. - On voit que le roi est déjà devenu une puissance prédominante. -Pour avoir tué le convive du roi, 300 sol. - On présuma que cela s'applique au vaincu que le roi a honoré de sa tttable, au vaincu de la classe supérieure. - Pour avoir tué un Romain propriétaire, 100 sol. - un Romain tributaire 45 sol.

Il est un cas où la loi protège la vie par une amende énorme. - Si quelqu'un réunit une

VI.3.

44r

une bande son voisinage (1), et tue sa maison celui qui est (1) Coutubernium, l'ensemble des 10 maisons les pl. plus proches/ Dizing. dans la foi du maître, 1800 sol. -Si, un graf, 600 sol.

Si dans un repas où se trouvent 4 ou 5 convives l'un est tué par les autres. Il faut que le meurtrier soit livré, ou que tous se cotisent pour payer la composition du mort. - Ainsi pour tuer un homme à bon marché il suffit de se mettre en grand nombre, et de l'inviter à diner. Au reste cet article devait s'appliquer surtout aux meurtres innombrables que l'ivresse fesait faisait naître dans les banquets. (1) (1) Car la ttable était [?] chez les Germains et ce devait être un crime épouvanttable de la souiller avec préméditation. Nos numéros 36.71.

Pour avoir tué un enfant chevelu, c.à d. c'est-à-dire barbare de moins de 12 ans, 600 s. sol; 3 fois plus que pour le père.

Celui qui aura tondu sans l'autorisation de Vols d'enfants. ses parents un enfant chevelu, 62 sol. - En lui ôtant ses cheveux on le rabaisse au niveau des vaincus et des esclaves. Et il y a de fortes présomptions pour penser qu'on en profitera pour vendre l'enfant co. comme esclave dès qu'il n'y aura plus aucun signe distinctif qui puisse le faire reconnaître. Si c'est une fille on ne paiera que 45 sol. moins que pour le garçon. Si tout à l'heure la femme était plus protégée que l'homme il ne faut pas attribuer cette préférence apparente à une prédilection

44v

sensuelle pour le sexe féminin, semblable à celle qui se fait sentir dans quelques religions de l'Orient. C'est tout simplement le désir de protéger le faible; c'est une idée de générosité de pretendre respect pour le faible. Les enfants des deux sexes étant également faibles, la préférence est pour le sexe le plus précieux.

Déni de justice. Déni de justice. - Le graf qui refuse justice aut de redimat, aut de vitâ componat. Qu'il s'arrange avec l'offensé à prix d'argent ou paye autant que pour le meurtre. (c'est très - probablement le sens de cette expression aut de vitâ redimat componat)

Hospitalité forcée. Si quelqu'un veut s'établir dans une maison des champs et qu'un de ceux qui y sont s'y oppose l'arrivant n'aura pas la licence de s'y établir. S'il prend sur lui de s'asseoir dans la maison, ceux qui l'habitent doivent le sommer d'en sortir au bout de 10 nuits. Si après 10 nuits il n'a pas voulu sortir, il faut encore le sommer de 7 nuits en 7 nuits. Enfin au bout de 30 nuits ils sommeront le Graf de venir l'en chasser. - Ainsi les précautions les plus grandes sont prises pour ne pas violer l'hospitalité la plus gênante. Chaque homme à a la chance de se faire héberger pendant 30 jours, d'être reçu dans la 1re première maison venue, au risque d'en être chassé plus tard. Par là on favorise tout à fait la France. Car le Franc; c'est l'habitant mobile du pays.

45r

Pour symbole dans les contrats nous voyons Symboles la paille ou le rameau. Cela nous retrace les origines du droit Romain ; on voit même que stipulation est une trace toujours subsistante de ce vieil usage. Et ici ce n'est point un emprunt; car alors le droit romain ne reconnaissait plus de symboles. C'est une ressemblance fraternelle qui nous rejète rejette dans la plus obscure antiquité.

Rien n'est plus curieux que la manière dt. dont Mots défigurés. les mots sont estropiés défigurés dans ces lois barbares. On a la manière dont les barbares prononçaient le latin dans certaines formules. On voit par exemple qu'ils disaient nestigante (nesciente) v. ignoto.

Lorsqu'on voulait renoncer à la parenté Renonciation de la parenté. de quelqu'un, il fallait briser sur la tête un rameau d'arbre, et déclarer qu'on se détachait de tout serment, ainsi que de l'hérédité et de toute autre relation. - On sait que Si quelqu'un veut se retirer de la parenté, qu'il brise sur sa tête quatre branches d'aulne, qu'il en jète jette les morceaux devant soi, et qu'il dise: Je renonce à toute relation de serment, l'héritage et autres avec ces gens là. les parents et les amis devaient jurer pour les accusés. Cette renonciation était nécessaire dans la vie barbare; sans cela on ne se serait jamais soustrait aux embarras, aux dangers, aux dépenses ruineuses aux quelles exposait une mauvaise parenté.

Le plus beau texte de la loi salique Insolv Cession de biens. est intitulé chrene chrudâ (selon Eckardt sur le domicile vide; selon Guizot qui sont sans doute Viarda sur l'herbe verte). - Si quelqu'un tue un homme et n'a pas dans toute ses [ratures] facultés de quoi satisfaire à la composition, il produira 12

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personnes qui jurerait pour juger que ni sur la terre, ni sous la terre il ne possède rien de plus qu'il n'a donné ; il doit alors rentrer dans sa maison et des 4 coins de l'édifice prendre de la poussière dans sa main et ensuite se tenir debout sur le seuil, jeter un coup d'oeil prendre encore de la poussière qu'il regarde pour la [illisible] la poussière dans l'intérieur et dans cette attitude qu'il jette de sa main gauche puis dessus son épaule droite sur son plus proche parent. Ensuite sans chemise, sans ceinture et déchaussé il doit sauter un bâton à la main par dessus la haie de sa [rature] cour.

V et VI. Textes. I.

46r

Textes de la loi salique.

(3 manuscrits. Celui de Fulde : celui de Wolfen Buttel (le plus précieux par la barbarie du langage, donné par Eccard) : 3e celui de la bibl. bibliothèque (Sihiltera). Il y a encore lex salica emendata à Carolo magno donner par Baluze et qui ne diffère guères du I.r premier que pour la langue)

Nous suivons le I.r premier manuscrit. Le 2.e est selon Wiarda le moins ancien, quoique mêlé de mots Allemand. Pr. Pour le préambule v. voir Guizot qui traduit celui du Ir premier manuscrit qui est le pl. plus complet.

Vol. Qui vole un taureau 45 sol. - Le taureau du roi 65 s. sol. - Canem segusium (investigatorem) 15 s. sol.- Canem segusium magistrum (trowitrowano à qui on peut se fier.) 45 s.- Accipitrem de arbore, 35., de perticâ, 15. - de intro clavem repositum 45 sol. - unam apem de intro clavem, septam aut [illisible] retrò clavem et aliqui remaneant, 45 sol.

Le libre qui vole un cheval, 15 s. sol, l'esclave servus autancilla. qui vole un cheval 35 s. sol. (l'esclave a donc du bien) Celui qui vole, vend, tue ou met en liberté l'esclave d'un autre, 35 sol.

Si quis ingennus cum servo alterius aliquid ulgo tiaveri 15 sol.

Si quis servum paledrum (alibi puerum, poulain?), 45 s. sol. Si quis maj majorem, infestorem (intertorem), scantionum, mariscalirum, stratorem, fabrum ferrarium, aurificem

46v

sive carpentarium, vinitorem, vel porcarium, vel ministerialem, furaverit aut occid., vel vendiderit velentum 25 s., 45 s. culpabilis judicetur, excepto capitale et delaturâ (formule répétée à chaque article)

L'esclave + + hors de la maison + qui vole la valeur de 2 deniers, recevra 120 coups ou paiera 120 deniers c. à d. c'est-à-dire 3 solidi.

- 40 den. deniers sera chatré ou - 240 d. deniers c. à d. c'est-à-dire 6 s. sol.Vols de clochettes, légumes, herbes, raisin, bois, poisson, blé, fruits, arbre, couteau, bracelet.

Si quis cervium domesticum, signum habeutem faraverit aut occid. qui ad venatio nem faciendam mannetus factus est, 45 s. sol.

- Cervum lassum ++aut aprum+ alterius canes adlassaverant, 15 s. Si q. quis Waramionem homini Franco furaverit, 40 s. (i.e equum hellicum.)

L'esclave accusé d'un vol pour leq. lequel l'ingennus paierait 15 s. sol. recevra super scamno trusus 120 corps; s'il avoue auparavant, et que son maître consente il rachetera son dos par 9 s. sol. - pr. pour un vol.. de 35 s. sol. 121 soufflets. S'il avoue dans le supplice et que l'homme volé veuille continuer le supplice malgré le maître de l'esclave, cet homme doit donner gage au maître de l'esclave. S'il accuse son maître on ne l'en croira pas, et il appartiendra à l'h. homme volé qui le paiera au propriétaire.

L'h. homme qui avertit le maître du crime de son esclave doit avoir tout prêts le scammun et virgas grosses co. comme le petit doigt... domino servi solem (i.e diem) collocet et ad 7 notes plaitum comedat.

(1) Mésalliances, Adultère, Inceste, etc. Rapt. (1) Trois hommes enlevant une fille libre de casâ aut de screonâ, 90 s. sol. - si plus de 3 h. hommes. - 5 s. Si puellam ... in verbo regis, 62. s. Si puer regis vel lidus ingen. puellam traxerit, de vitâ componat.

47r

Si sponsataur in viâ ads alierit, et... 200 s. sol. Si quis in gennus ancillam alienam sibi in conjugium sociaverit, ipse cum eâ in servitium inclinetur. - sororeum, fratris filiam, consolibrinam separetur, filii infamiâ notati.

L'adultère, 200 s. sol. Le mariage avec la lida aliena, 30. Pour avoir serré la main à une femme, 15 sol. le bras 30. le sein 45.

Meurtre. Si quis ingemmus Francum aut barbarum aut homirem qui salicâ lige vivit occiderit, 200 s. sol. Si in puteum aut dub aquâ miserit 600 s. sol.- couvivam regis, 300 s. sol.- Romanum tributarium, 45.- homin. possessorum, 100.

Si quis collecto contubernio hom. ingenium qui in truste dominicâ est occiderit 1800 s. sol. in domo suâ, 1800 s. sol. Si grafionem, 600. Si im convivio ubi 4 aut 5 fuerint homines, interfritus fuerit, aut unum convictum redî aut, aut aomnes mortis illius compositionem collectint. Si q. quis querum infrà 12 annorum, non tousoratum oniserit 600 s. sol et d. deniers Si q. quis querum crinitum sine consilis purentum totonderit, (1) Cela se rapporte aux délits de violences (1) 62 s. sol et d. denier - puellam - 45 s. sol et d. deniers

47v

Si q. quis sigen feminam ingennam trabattit et ipsa frurit mortua, 700 s. solidi.

- infantem in ventre aut puellam, 200 s. solidi. - feminam postquàm infuntem hubere non potest, 200 s. sol. - - cum infantun habere postest, 600 s. solidi.

Si l'homme qui s'est loué à quelqu'un pour assassiner charge un autre de le faire à sa place, tous les 3 payeront 62 s. solidi et d. deniers.

Si stria hominem comederit, et convicta fuerit, 200 s. solidi. Si quis serva servum oviderit, hoc convenit ut homicidam illum domini inter se dividant.

Blessures. Si quelqu'un frappe à la tête et que des os en sortent 30 solidi. - si le cerveau paraît et que 3 os sortes sortent, 45 s. solidi.- au ventre 62 et pour le traitement 9 Pour chaque coup de bâton ou de poingt poing sans effusion de sang, 8 solidi. Si le pouce est coupé et pend encore, 30 s. solidi Evaluation de chaque doigt de la main, et du pied, de l'œil, du nez, de l'oreille, de la langue, d'une dent.

Violences diverses. Si Romanus Salecum francum expoliaverit, 62 s. solidi 1/2. * Si Francus Romanum - 30 s. solidi Attaquer ou retarder l'agent du roi ou celui qui va ad mallum, 200 s. solidi Deterrer déterrer et depouiller dépouiller un mort, 100 s. solidi Dépouiller un homme qui dort, 100 s. solidi Attaquer la ville d'autrui, 30 s. solidi - En briser les portes, tuer les chiens, frapper les hommes, emmener sur un charriot, 200 s. solidi et restitution.

V et VI Textes. 2e

48r

Incendier, une étttable à porcs, une maison habitée, 62 s. solidi - Si quelqu'un y meurt 100 s. solidi. - - aux parents de chacun des morts, 200 s. solidi Si quis baronem de viâ ortaverit, 15 s. solidi - inuliérun, 45 s. solidi Si Romanus Francum ligaverit sine causâ, 30 s. solidi Si Francus Rom.... 15 s. solidi

Antiquâ lege si (quis) corpus jain sepultum explodierit et exspoliaverit wargus (vel wargangus) sit usque in diem quâ cum [?], guerre; gang, gugangum. Celui qui va à la guerre. Il y a deux wargangus le proscrit, et le guerrier qui s'attache à un chef, le leude. parentibus ipsius defuncti convenit, et ipsi pro es rogant ut inter homines liceat ci accedere. Et quicunque anteà ci aut panem, aut hospitale, sive uxos sux, sive proxima ci dederit, XV sol. culpabilis judicetur.

Injures. Pour avoir appelé une femme libre striam, 187 s. solidi - un h. homme strio portium, antillum qui inium dicitus portasse ubi strias cocinant, 62. Pour avoir appelé quelqu'un cinnitum, falsatorem, meretriam mulier mulierem), delatorem, qui sentum jactaverit, 15 s. solidi - Concacatum aut valperulam, 3 s. solidi - leporem, 6 s. solidi

Intrusion. Si quis in villâ migrare voluerit, et vel unus vel aliquis (eorund qui in villâ cousistunt) extiterit qui contradicat migrandi licentiam non habeat. Si in villâ ipsâ adsedere prœ-sumpserit, tunc tentare illi debent ut inter noctes decem exindè exeat .. si post decem .. noluerit ... testare ... ut ad alias septum ... et vic 30 noctes impleat ... roget gravionem ut...ipsum...expellat...

Deni de justice. Le graf qui refuse justice aut se redimat aut de vitâ componat.

Le demandeur dit aux Ratchimbourgs : dicite nobis legum salicam. Si .. noluerint...: vos tengano (detineo) ut mihi et isto legem dicatis. Ils payeront après 3 sommations, 15 s. solidi

48v

Procédure. Si quis ad inium (œneum, ahenum) mallatus fuerit, et forsitan convenerit ut inanus suam redim at, et juratores donet: pour un crime de 15 s. sol. sol: 3 inanum suam redimat.

Engagement de se présenter. Adrhamire (id est festucâ vel ramo dato et accepto sibi umtuò promittere se velle certo die se coràm judice sistere) actio hac voc. adrhamitéo. hine adramire, adrhamire, adhramire, et adframire (à ramo fræmere ?)

Si quis ad mallum venire despecerit aut quod ci à Rathimburgis fuerat indicatum, adimplere noluerit, si nec de compositione, nec ad œneum, nec de alla lege fidem facere voluerit, tune ad regis prœsentiam ipse manniri debet, et ibid. cum XII testibus, ire debet ... s'il n'y vient pas .. wargus (v. pl. h.)

Composition du tribunal. Sachibarones [?] - bar - ber homme (hommes d'affaires c. à d. c'est-à-dire légistes) in singulis mallebergiis plus quam tres esse non debent : et si de caussâ illi aliquis sanum dixerint, penitùs gravie mallam habeat liantiam removendi.

*purè (omninò), vacuum. Sub. domicilum. Chrene, rene, rein, purum. Selon d'autres grün (Angl. green) et kraut. Sur la propriété. De chrene chrudâ*. - Si quis horn. occiderit et in totâ facultate non haburit undè totam legeur impleat, duodecim juratores dabit, quòd non subtes terram ne que superà terram plus de facultate habeat quàm douavitEt posteà debet in casam suam intrare et de quatuor angulis terræ pulverem in pugno colligere, et posteà in duropello (trabe luminari. thür. (1) regarder à la dérobée, furtivement pfal.) stare, et intrà casam glætare (1) debet, et sic de sinistrâ mann trans scapulas suas jactare super proximiorem pareutem, (pour qu'ils payent à sa place) ...et posteà in camisiâ discinctus, discalceatus palo in manu suprà seprem salire.

Si quis de parentillâ tollere se voluerit, il brise quatuor fustes alminos super caput sum, il jète les moceaux, et dit quòd se et de juramento, et de hereditate et de totâ ratione illorum tollat.

49r De alodis. Père et mère héritiers des fils sans enfants, puis frère et sœur, puis la sœur de la mère, puis la sœur du père. De terrâ verò salicâ in mulierem mulla portio hereditatis trausit, sed hoc virilis sexus acquirit, hoc est, filii in ipsâ hereditate sureadunt. Sed ubi inter nepotes aut prosepotes post longem tempus de alode terrœ contentio onscitatur, non pes stirpes, sed per capita divcidebantur. De adfranüre (designatio heredis per ramun). - Tunginus aut centenarius mallum indicent, et scutum in ipso mallo habere debeut, et posteà III hom. III caussas demandare debeut ... fistucam in laisam (i.c. sinum) jactet .. posteà ipse in cujus laisam fistucam jactarit dicat verbum de fortunâ suâ, quantùm in voluerit dare ... in casâ ipsius manere debet et hospites tres onscipere. Reipus aut reiphe +-. Pour le 2d. mariage d'une veuve le dizainier + ze, rursius, lat. latin; iphe, efa, eve, loi ou mariage. (tunginus de theum, dix) ou le centenier indiqueront le mallum, et in ipso mallo sanctum habere debent et tres homines velcausas (choses) mandare. (L'époux doit avoir 3 temoins et 3 s. égaux en poids). Le reiphe est du au fils du possesseur ant. de la femme; faute du fils au petit-fils, au fils de la sœur, au fils de la petite fille etc. De filtortis (fehlen, erscare; tortum, injure) . - Si q. servum aut ... sub alterius potestate aguoverit ... si intrà Ligerim + Baluze et autres croient que ce Ligeris est [?] de Brèves ou en Belgique. aut carbonariam aut citrà mare ambo manent, in nortes X4 planitum furiant ... si trans ligerim aut carbonarium in noctibus 80 ... Formule. (Formula de fide factâ). Rogo te, tunzino (i.e. decane), ut mistigante (pr nesciente d. dans le sens d'ignoto). co le bitius et sempromius des Romains) gassachio (adversario, a sache cause, procès) meum : Num qui mihi fidem fuit, legitim um enim mihi debet debitum. Après tres manitas et solem avce avec témoins qui augmentent chacun la dette de 3 solidi le demandeur 49v se présente cum festurâ au gravio qui ira chez le défendant avec 7 rathimburgi (rathe cause ; bergen servare) qui prendront de quoi satisfaire le tiers et payer le Fredum au graf. D. Dans Grég. Grégoire de Tours on trouve un exemple de composition refusée. VII. 47. De plus tout n'est pas fini la composition payée et acceptée. La loi ne suffit pas pour rassurer. Il faut une convention partic.e particulière. Il y a une formule pour cet acte qui est n'est autre chose que l'engagement mutuel de ne pas commettre une délit: (Marculf. II.18.) Domino fratri illi ille. Duna et instigante adversario, quod non debueras, Germanum nostrum illem visus es interfecisse, et ob hoc vitæ periculum incurrere potueras: sed intervenientes, sacer-dotes et inaquifici viri, quorum nomine subtùs tenentar adnexa, nos ad pacis concordicum ob hoc visi fuerunt revocasse; ità ut pro ipsà causà solidos tantos in pagalia mihi dare (1) Gage, caution. Identique à Vas, vadis. deberes, quos et in presenti per Wadicun (1) Aucun visus es transsolvisse, et nos ipsam causam per festucam contrà te visus sum Werpisse (3). (2) Werpisse [?] possessionam rei alicujus dimittere. Proptereà juxtà quod convenit, hanc epistolaud securitatis in te nobis conscribere complacuit, ut de ipsâ morte germani nostri nec à me, me ab hœredibus meis aut suis, me de judiciaria potestate, nec à quolibet, mullo casa, nu refragationem aliquam aut damnietatem ampliùs habere non pertimescas, sed in omnibus exindè brutus et absolutus appareas. Et si fortassè ego ipse, aut aliquis de heredibus meis, vel quicumque te ob hoc inquietare voluerit, et à me défensatum non fuerit, inferamus fibi, cum cogente fisco, duplum quod nobis dedisti ; et quod repetit quis vindicare non valeat ; sed prœseus epistola securitatis à me facta firma permaneat. VII-I. 50r 7.e Leçon d'histoire moderne. Loi des ripuaires. Nous devons avertir avant tout que l'on trouvera Remarques prélimin. prémiminaires dans Mr Guizot et le préambule de la loi des Ripuaires et la date probable des textes. Nous ajouterons qu'un des caractères accidentels de cette loi, caractère qui tient p.ê. uniquement à la rédaction est qu'elle traite le Romain plus favorablement que la loi salique. Une chose vraiment essentielle qu'on peut y observer encore, c'est l'emploi du serment ou du combat, coe. comme moyen ordinaire de procédure. Maintenant nous entrons dans notre sujet. - Si quelqu'un tue l'esclave, il paiera 96 solidi, on Homicide. jurera avec 6 témoins qu'il n'a pas tué l'esclave.- Il n'y a pas là un sentiment d'humanité pr. pour l'esclave coe. comme on pourrait d'abord le croire. C'est simplement une garantie cf. confère le vil. volume. - Si le mort est homme + de l'église +du roi ou +, 100 sol. solidi ou 12 témoins. - L'église et le roi sont rangés sur la même ligne. - Si c'est un homme d. dans la foi du roi 600 sol. solidi ou 70 témoins. - - Si la personne morte est une femme enceinte appartenant au roi ou à l'église, 900 sol. solidi ou 36 tém. témoins - Une observation capitale, c'est que tous ces témoins qui (Explication du système des co-jurants) jureront avec l'accusé doivent être de sa famille. Mr. Guizot n'a pas indiqué ce point important. Ce n'était que par grâce, et par une exception assez rare que la loi permettait de faire jurer un étranger. Ceci ns. nous fait entrer dans le secret de la famille germanique. 50v Cette famille répond pour chacun de ses membres ; elle en répond soit en payant pour le coupable, soit en jurant pour l'innocent. La garantie de la famille fait toute l'existence de l'homme d. dans ces contrées. Le parent seul jurera pour son parent. Otez ces mots ; tout devient incompréhensible. Point de loi plus immorale que celle où l'on peut à prix d'argent, conduire au tribunal un faux-témoin soldé. On suit combien la garantie des parents est sup. supérieure. Les parents viennent et disent: Nous avons vu naître et grandir cet homme; nous connaissons sa vie et ses mœurs ; nous jurons devant Dieu qu'il n'a pu commettre une pareille action. Si les hommes de sa famille refusent de jurer et veulent protéger le coupable, le gan prend les armes et attaque la famille. Si le gan lui-m. même est d'intelligence avec lui alors la tribu prend les armes et attaque le gan (De Wargangus). Celui pour qui les siens ne veulent ni payer ni jurer est rejeté par eux et devient wargangus ou wargus. (celui qui va d. dans la guerre; c'est celui qui de l'état de paix tombe dans l'état de guerre avec la société). Il y a deux sorte de wargus: celui qui le devient parce que sa famille le repousse, et aussi celui qui se sépare de sa famille ( de parentillâ se tollit) avec les formalités que la loi prescrit. Celui qui renonce à ses liens de parenté ira chercher ailleurs l'appui qu'il ne trouve plus d. dans ses proches.Il demandera celui du Kunig, de l'homme fort, hardi. Le Kunig deviendra son père, sa mère, et ses frères. Il l'accompagnera au combat, sera nourri par lui, et mourra pour le défendre. Dès lors il n'est plus Hermanis, il est leude c. à d. c'est-à-dire l'homme 51r d'un autre homme. C'est presque un serviteur, mais c'est un serviteur armé. Le wargengus ira au-delà du Rhin, des Alpes, ou s'embarquera avec le roi de la mer, et viendra fonder tantôt l'établissement de bournay, tantôt la colonie Anglo-saxonne. - Si le ripuaire tue l'étranger Franc, 200 sol.- - S'il tue l'étranger Bourguignon, Allemand, Frison, Bavarois, Saxon, 180 s.- - S'il tue l'étranger Romain 100 s. - - S'il tue un clerc, il paiera suivant la naissance du clerc. - S'il tue un diacre, 500. s. - un sous-diacre 400 s. - un prêtre, 600 s.- un évèque, 800 s.- Le clerc est seulement un homme tonsuré. On a distingué le clerc parce que beaucoup d'hommes prenaient la tonsure pour obtenir les privilèges attachés au titre d'ecclésiastique Voici un cas assez singulier: - Si le libre frappe Coups et blessures. l'esclave sans effusion de sang jusqu'à 3 coups, un solidus par coup, ou bien qu'il jure avec 6 ho[m]es - L'esclave dt dont il est parlé ici est la colon d'un maître barbare. - L'esclave qui frappe le libre, ou l'h. homme du roi ou de l'église, 5 demi sol. (I) - Si un serf frappe un serf d'un coup ou de 2, ou de 3 ce n'est rien, mais pourtant pour l'amour de la paix il paiera 4 deniers. - (II) - Si quelqu'un frappe un homme à la tête ou d. dans q. quel que memebre et qu'il en sorte un os, jeté à la distance de 12 pieds d. dans un bouclier, produira un son, 36 s. - S'il sort plusieurs os, pour chaque os sonnant, 15. - (III) Il s'agit maintenant de l'homme qui se venge Meurtre de l'agresseur. de l'agression et qu'on appelle fui battutus (battre l'agresseur auparavant) (IV) 51v - Si quelqu'un trouve un homme sur son bien et veut le lier, stt surtout s'il le trouve fesant faisant outrage à sa femme ou à sa fille et qu'il ne puisse le lier, mais qu'un coup tombe à faux et qu'il le tue ; en présence de témoins, d. dans un carrefour, il doit lever le mort sur la claie, et le garder ainsi 40 ou 14 nuits et alors devt. devant le juge jurer dans le harah (haraho), c'est le temple) qu'il l'a tué méritant la mort. - De vitâ forfectum C'est ainsi que nous entendonc cette expression. Dans la langue féodale forfaire au fief c'est mériter de le perdre. Valeur des [p]pales denrées. Voici une évaluation très curieuse sur ce que valait chaque objet [p]pal. principal - Si q. quel qu'un doit payer un wergeld qu'il donne pour 2 solidi un bœuf cornu, sain et voyant, pr. pour un solidus une vache cornue, saine et voyant, pr. pour 6 sol. solidi un cheval sain et voyant, pr. pour 3 sol. solidi une jumt. jument saine et voyant, pr. pour 7 sol. solidi une épée avec le fourreau, pr. pour 12 sol. solidi une bonne cuirasse, pr. pour 6 sol. solidi un casque avec son cimier, pr. pour 6 sol. solidi de bonnes armures de jambes, pr. pour 2 sol. solidi une lance et un bouclier, pr. pour 3 sol. solidi un faucon non apprivoisé, pr. pour 6 sol. solidi un faucon à prendre la grue, pr. pour 12 sol. solidi un faucon qui a sevré (c. à d. c'est-à-dire qui a passé l'âge des maladies) (V). Arrivons aux lois sur le vol. - Si q. quel que ripuaire a enlevé d. dans la forêt commune ou appartenant au roi, ou appartenant à un particulier, du bois entier ou fendu, 15 s. solidi - Cet art. article acquiert une grande importance, quand on songe aux suites de lette dis position d. dans l'avenir. VII.2. 52r C'est l'origine de tous les codes forestiers, et d. dans le m. moyen âge et d. dans les t. temps modernes. Voyons maintenant les détails qui ns. nous restent Procédure sur la procédure. Cojurants 6 pr. pour [rature] le meurtre d'un de particulier. 12 pr. pour celui du roi et de l'église. 36 pr. pour le meurtre l'hom. l'homme libre ripuaire. 70 pr. pour le meurtre de l'[illisible] - Si un esclave met sa main d. dans le feu et l'en retiure brûlée, le maître répond du vol de l'esclave : (Servus, est déjà p. peut ê. être plutôt le serf que l'esclave.) Que fera l'étranger, qui n'a pas de de parents, qui n'a pas de famille qui jure pr. pour lui. - Le Franc, le Bourguignon, le Romain, l'Allem. Allemand répond selon sa loi, est puni d'après sa loi; s'il ne trouve personne pour jurer en sa faveur qu'il s'excuse au feu ou au sort. ( Ad sortem. Que signifient ces mots. Est-ce une allusion à cet usage des Germains dt. dont parle Tacite.) - Si un homme veut se justifier du crime de caprice qu'il se place à sa porte avec la longue épée [?], qu'il la pose contre la porte ou le jambage de la porte. Alors le juge exigera de lui des répondants qui promettent qu'il se représentera devant le roi, et qu'il s'y défendra contre ses adversaires les armes à la main. - Un trait frappant de cette législation, c'est une croyance parfaite à la sincérité de l'homme. Le coupable, même celui qui a commis un crime se laissera punir plutôt que de trahir la vérité. C'est la pensée de la loi, et elle a dû naître co. comme toute loi des mœurs et de la vie du peuple qu'elle gouverne. - Si quelqu'un reconnaît son bien, il mettra la main sur son bien, et si celui des mains duquel il veut tirer ce bien pour le mettre en main tierce jusqu'au jour du jugement, si celui-là cherche 52v une main tierce à qui on puisse remettre le bien en attendant, alors tous les deux doivent jurer, tenant l'objet de la main gauche, et l'épée de la droite l'un jurer qu'il est bien à lui, l'autre, [illisible] ... - Si c'est d. dans le duché l'accusé doit représenter d. dans 14 nuits celui dt. dont il tient l'objet. Si c'est hors du duché, d. 40 nuits. Si c'est hors du roy. royaume d. dans 80 nuits. Affranchis Voici maintenant les formules d'affranchissement: - Si l'homme affranchi en présence du roi, un denier étant lamé, ne peut retourner désormais en servitude mais co. comme les autres ripuaires, il reste libre et peut défendre son droit à l'épée à la main. - - Si un franc ripuaire, ou un affranchi tabulaire veut affranchir son serf pour le remède de son âme ou pour une somme d'argent selon la loi Romaine, il se présentera d. dans l'église, en présence du diacre du clergé et du peuple, puis il remettra le serf avec des ttablettes aux mains de l'évèque, et l'évèque ordonnera à l'archidiacre de faire croire sur les ttablettes par le serf qui sera dès lors libre, ainsi que toute + sous la protection de l'église + sa race: mais qu'aucun tabulaire n'ait la présomption d'être affranchi denarié. S'il prétend à ce titre il paiera 200 s. solidi. - Mésalliance La mésalliance est punie d'une manière terrible: -Si le Romain dépendant de l'église ou l'h. homme dépendant du roi épouse une femme libre ripuaire, ou si la femme Romaine dépendant de l'Eglise ou du roi ... leur progéniture suivra toujours la condition inf. inférieure - -Si la fille libre ripuaire a suivi le serf du ripuaire (le mot de mariqage n'est pas prononcé) et que les parents veuillent y contredire, le roi ou le Cte comte présentera à la 53 r vierge un épée et une quenouille; si elle prend l'épée qu'elle tue le serf ; si elle prend la quenouille qu'elle demeure avec lui d. dans l'esclavage. - (VI) -Pour la vente si la chose est petite 6 témoins; si Ventes et achats. elle est grande, 12 tém. témoins - -Si le contrat est falsifié on coupe le pouce droit au comissarius, et le contrat est percé d'une épée. - - Si quelqu'un achète une ferme, ou une vigne ou un objet de valeur analogue, il se présentera au lieu même où on lui livre l'objet avec 72 tém. et autant d'enfants. Il paiera en leur présence, se mettra en possession en leur présence, et donnera à chacun des enfants des soufflets et leur tirera les oreilles, afin qu'ensuite ils puissent porter témoignage. -(VII) Voici un texte admittable: - Si quelqu'un a mis De homine intertiato vel pecore mortuo. un homme en main tierce, et si cet homme meurt avant le jour du jugement, qu'il soit entérré d. dans le carrefour avec une corde aux pieds et qu'au jour des débats celui qui l'avait en sa main se préente avec 6 témoins, les mêmes qui l'ont vu ensevelir ; il jurera d. dans le harah que cet homme mis en main tiercen sans avoir été tué ni par un homme ni par une bête, mais frappé par la commune destinée a été entérré d. dans ce lieu et a reçu la corde aux pieds; et qu'alors l'homme qui l'avait en dépot tire l'esclave par la corde - sur le tombeau même et que de main en main l'esclave arrive jusqu'à celui qui l'avait illégitimement vendu ou volé. Si l'animal remis en main tierce meurt avant le jugt. jugement que celui qui l'avait en depot dépôt se présente avec la tête et le cuir de l'animal.- (VIII) 53 v Du duel judiciaire Cette loi montre assez de douceur pr. pour les vaincus ainsi que nous l'avons déjà remarqué; mais des 2 traits les plus frappants sont le serment et le duel. Il faut bien distinguer le duel chez les barbares du combat chevaleresq. chevaleresque. du m. moyen âge. Ici on ne peut pas dire qu'il y ait seulement férocité aveugle. Les 2 combatt. combattants peuvent être également convaincus de leur droit; ils attendent que le jugement de Dieu prononce par la victoire. Dans cette dialectique barbare, toute différente de la nôtre, Dieu seul fournissait l'argumt argument. Que dire après cela des plaisanteries du 18e.s. siècle sur ces lois? Montesquieu pl. plus raisonnable a dit qu'il n'était pas si absurde de joindre chez le guerrier barbare la lacheté et le vice, la valeur et la pureté. On peut donner encore une explication plus profondément vraie. C'est qu'en ces siècles de foi, l'innocent se croyait invincible le coupable tremblait devant une épée plus pure que la sienne, de sorte que presque toujours la crainte du miracle opérait le miracle. Les Francs ne peuvent être jugés d'après Grég. Grégoire de Tours. Nous terminerons en remarquant qu'il ne faut pas juger les Francs d'après Grégoire de Tours. Il ne faut pas juger une nation guerrière d'après sa conduite dans une conquête où il faut faire la part de l'énivrement du succès, des excès d'une vie où on n'a pas d'autre ressource que le pillage. Si nous autres, Français du 19e s. siècle, étions jugés d'après notre conduite en Allemagne et en Italie, nous serions trsè injustement jugés. Ne nous exagérons pas l'innocence de ces temps barbares, mais ne les condamnons pas non plus trop facilement. VII.3. 54 r Textes de la loi des Ripuaires. (A la fin de sa préface, Eckart trouve, coe. comme Mr. Monsieur Guizot que la loi des Ripuaires fait qu'il y avait chez eux plus de Romains que chez les Saliens: de plus que d. dans la loi des Ripuaires on ne rencontre pas de traces de la langue Celtique; mais beaucoup de la langue Allemande.) (I) Si servus ingenus aut regis vel ecclesiastico homini sanguinis effusionem fecerit, Vto dimidio solido culpabilis judicetur. (II) Quod si servus servum ictu uno vel duobus vel tribus peruisserit nihil est ; sed tamen propter paris studimus, 4 denarius componat. (III) Si quis in capite, vel in quo cunque membro plagatus fuerit, et os exindè exierit, quod super viam 12 pedum in sento jactum sonaverit ; 36 s. Si autem plura ossa exieruit, pro unoquo que osse sonante solidus reddatus. (IV) De homine furbattuo. Si quis hominem super rebus suis comprhenderit, et eum ligare voluerit, aut super uxorum, seu super filiam, et non prœvaluerit ligare, sed colpus ei excesserit, et eum interfecerit, coràm testibus, in quadrivio in clivâ eum levare debet, et sic 40 vel 14 noctes austodire, et tunc autè judicem in haraho + + Harah, c'est le mot latin aza, le Gr. Grec αραομας. conjuret quod eum de vitâ forfactum interfecisset. (V) Si quis Weregeldum solvere debet, bovem cormutum videntem et sanom, pro duobus sol. tribuat; vaceam cornutam videntem et sanam pro 1 sol ; equum videntem et sanum pro 3 sol.; spatam (longue épée) cum qscogilo, 7 sol.; bruniam 54 v bouam, 12 s. ; helumum cum directo, 6 s. ; bainbergas bonas, 6 s. ; scutum cum lanceâ, 2 s. ; acceptorem non domitum, 3 s. ; commorsum gruarium, 6 s. aueptorem mutatum, 12 s. (VI) Quòd si ingenua ripuaria servum ripuarium secuta fuerit et parentes ejus hoc contradicere voluerint, offeratur ci à rege, seu à comite spata, et conocula. Quod si spatam acceperit, servum interficiat : si antem conoculam in servitio perseveret. (VII) Si quis villam aut vine am...comparaverit... cum duodecim testibus ad locum traditionus cum totidem numero pueris accedat; et sic eis prœsentibus preticum tradat et uni quique de parvulis alapas donet, et torque at auriculas, ut ei in postmodum testinonium prœbeaut. (VIII) De nomine intertiato, vel pecore mortuo. Si quis hominem intertiaverit, et infra placitum mortuus fuerit, in quadrivio cum retortâ et pede sepeliatur, et ibidem ad diem placiti cum testibus accedat, et cum ipsis sex qui cum sepelire vidernt, in haraho conjuret quòd ibidem ipse intertiatus absque interfection honin., pecudum, vel alterius rei, nisi communi morte consumptus jaceat, et ipsam retortam super ipso sepulcrhro de manum in manum ambulare debat, usque dìm ad am manum veniat, quœ cum inlicito ordine vendidit vel furarit. Si auteur animal intertiatum infrà planitum mortuum fuerit, ille super quem intertiatur, corio cum capite decorticato... 55r Textes isolés.- De homine penduto. Les héritiers n'héritent pas moins. Corruption des juges.- Hoc auteur consensu et consilio seu paternâ traditione et legis consuetudine supur omnia jubennus ut mullus optimatum, major donnês, domesticus comes, gravio, cancellarius, vel quibuslibet gradibus sublimatus, in provinciâ ripuariâ in judicio resideus, muaera ad judicium perverteudum non recipiat. Quod si quis in hoc depreheus us fuerit, de vitâ componat.- Nu mullus judex fisealis de quâlibet cumque causâ freda non exigat, priùsq. facinus componatur... fredum auteur non illi judici ribuat, cui culpam commisit ; sed illi qui solutionem recipit ; tertiam partem coràm testibus fisco tribuat, ut pax perpetua stabilis permaneat. amen. .... homo de mundeburde regis, ecclesiæ...

55v IV [?] 56r afin de se concilier d'alter [?], et l'appui des catholiques Romains, sentant qu'il lorsqu'il sentit après avoir été un instant détroné par Clovis, combien il avait besoin de se concilier l'attachement, et de d'assurer l'appui de ses sujets Romains. Mais ce fut cette Les codes des Ripuaires, des Allemands, des Bavarois et des Thuringiens furent rédigés pendant que ces peuples étaient entier presqu'entièrement payeur; mais cette rédaction fut confiée principalement au clergé comme on le voit par la préface de la collection de Dogobert. On voit très clairement que le but des rédacteurs a été d'abolir les usages payens et de faire respecter le clergé. pour Les compositions sont réglées en conséquence. Mais comme il aurait fallu tout changer pour mettre ces lois en harmonie avec la regligion chrétienne, et voit que l'esprit de ces que les barbares tiennent toujours beaucoup à leurs anciennes coutumes, les rédacteurs furent obligés de laisser beaucoup de dispositions entièrement payeuse. Et cette espèce de Bigarrure donne à ces codes une physionomie singulière. 56v Les deux lois des Francs privent les filels de la succession de certaines terres appellées patrimoniales dans le code des Ripuaires et saliques dans celui des saliens. Les premier mot s'explique de lui-même, le second peut à mon avis s'expliquer par l'autre. Je vais vous lire ce que Montesquieu établit que Sala veut dire maiu dit au sujet de cette dans l'ancienne [rature] langue tudesque. Ce seraitdonc l'espace qui entourait la maison disposition de la loi salique, et [rature] je precise que ses conjectures et ses explications sont les plus vraisemblables (Mont. Montesquieu Liv. Livre 10 cap. chapitre 22 = bornes 2. p. et 46. Mais on ^pouvait par des actes publiez contrevenir à cette [rature] disposition de la loi. On trouve dans les formules de Marculfe moine du 6e siècle une formule qui commence ainsi (Rappeler la formule de Marculfe: Ma fille une loi cruelle et impie. Mr Lismoudi croit que les terres saliques n'étaient rien autre chose que les sortes Barbaricœ des Bourg. Bourguignons et des Wisig. Wisigoths) Dans tous ces codes Barbares on recevait excepté dans la loi salique la grossièreté et l'inexpérience des Juges avait introduit l'absurde costume de se justifier en jurant et en fesant faisant jurer par un certain nombre de témoins dans la proportion du crime ou du début ne plus ou moins grand selon les cas, qu'on n'était point coupable du délit dont on était accusé. + Montesquieu ayant encore traité ce sujet dans les proportions de M. Montesqieu une question je n'ai encore rien autre chose à faire que le livre v. voir si vous voulez Montesquieu (Liv. Livre 28, chap. chapitre 13,14,15,16,17). + L'abus du serment amena bientôt une coutume pire encore, c'est à dire les [rature] épreuves ou jugements de lieu, qu'on trouve dans toutes les lois barbares, et le sel combat judiciaire, établi par déjà dans la loi Gombette. 57r D'après tout ce que je viens d'exposer sue les 6 codes Barbares, on peut ainsi résumer l'esprit général de ces codes. Deux ordres dans chaque nation, inf mépris et humiliation pour les vaincus, preuves négatives par le serment ou par le jugement de [rien?] preque point de peines corporelles, les crimes rachetés par la composition la femme regardée comme la compagne, et non [rature] les esclav comme l'éesclave de l'homme, visage contraire à celui de presque tous les peuples barbares, enfin les esclaves assimilés ≠ aux [?] aux bien qu'ils ne soient que des colons tributaires, et nullement des esclaves domestiques. On peut ainsi résumer le caractère particulier de chaque code: Loi salique. Les femmes exclues de certaines portions de l'héritage paternel, les lois preuves négatives remplacées par des preuves testimoniales contre l'esprit général des nations Germaines. Loi Ripuaire. Disposition semblable à celle de la loi salique au sujet des Femmes, rédaction conçue dans, le clergé protégé l'intérêt du clergé, et de la religion chrétienne, mais qui n'a pas fait disparaitre les coutumes payennes moins [rature] apparentes à la vérité toutes les [?] du paganisme quoiqu'elles y soient soient cependant moins apparentes. que chez dans les Bavar autres lois des peuples au delà du Rhin. Lois des Allemands et des Thuringiens, rédigées égalemt également dans l'intérêt du christianisme quoiqu'il n'ait pas encore pénétré chez eux. Loi des Bavarois. Noblesse héréditaire. Dispositions 57v favorables au clergé et à la religion, mêlées à des coutumes toutes payennes païennes. Loi Gombette. Egalité parfaite entre le peuple vainqueur et le peuple vaincu, un assez grand nombre de chatiments corporelles ; combats judiciaires. C'est de toutes les lois que dont nous avons parlé celle qui s'éloigne le plus des coutumes primitives originaires de la Germanie. La barbarie s'y fait moins sentir. Enfin au rapport de Monstesquieu elle renferme un grand nombre de dispositions très judicieuses, et elle peut servir de milieu entre les autres codes Barbares de la monarchie, et la loi Romaine. Je me [rature] contenterai pour cette dernière de vous dire indiquer les principales différences qui existent antr'elle et notre droit actuel pour vous en donner quelqu'idée. Elle admettait l'esclavage domestique, et celui de la glibe, ne connaissait pas l'institution du jury, ni celle d'une magistrature inmovible, n'admettait et enfin elle n'admettra prononcait prononçait la confiscation dans un grand nombre de cas. Maintenant je n'ai plus qu'à vous donner une idée de l'administration de la monarchie Française sous la première race. 58r Morin 8.e leçon d'histoire moderne. Loi des Bourguignons. Ns. Nous devons avant de parler de la loi Différence des 2 époques de l'invasion. des Bourguignons, établir la différence immense qui sépare la 1re première invasion de la 2de seconde Les Wisigoths, les Ostrogoths, les Bourguign. Bourguignons avaient traversé une partie de l'Eup. Euphrate avant de former d. dans plusieurs provinces des établissements durables. Ils étaient déjà préparés à la civilisation Romaine, et on en trouve la preuve dans un mot précieux que l'histoire nous a conservé d'un de leurs princes. Ataulf fondat. fondateur du roy. royaume de Toulouse disait: Mon frère et moi nous avons long-temps longtemps songé à renverser l'emp. empire Romain, mais frappés de la supériorité des arts et du génie de Rome nous ferons tous nos efforts pour le défendre. En effet les Burgondes dans leur territoire, les Wisigoths à Toulouse et en Espagne, les Ostrogoths et Théodoric en Italie entreprirent de refaire Rome avec les Barbares. Introduisant ses lois dans leur gouvt. gouvernement, ils tentèrent de se former un palais impérial et empruntaient aux empereurs leurs titres et le nom de leurs officiers. En effet on conçoit chez les 1er premier conquérants ce désir de sympathiser avec les Romains. S'ils réussissaient d. dans leur dessein ils allaient réunir la puissance imp. importante 58v à celle de chefs et de juges; leur autorité désormais devenait absolue. Cette tentative était injuste et elle fut impuissante. Cependant les lois du Bourg, des Wis. Wisigoths et des Ostr. Ostrogoths réussirent jusqu'à un certain point à romaniser et à apprivoiser ces guerriers barbares. C'est un spectacle curieux de voir les Burg. Burgondes [Bourguigons?] avec leur simplicité Germaniq Germanique imiter gauchement les usages de Rome. Le Burg. Burgonde ne dédaigne pas de se rendre coe. comme client chez le noble Romain: on voyait ce guerrier colossal, ce vainqueur étranger saluer du nom de patron celui dt. dont il avait les terres en partage. C'est par une suite de cette imitation que les Bourguignons tournèrent vers un but d'industrie cette vigueur et cette activité que la victoire laissait oisives. On les vit s'occuper à travailler le bois à construire des maison. Quant aux Wis. Wisigoths de Toulouse cette sympathie se manisfeste chez eux par la culture et l'éclat des lettres et des sciences. On voyait dans les antichambres de Theuderic, d'Alaric, d'Euric des orateurs et des j. juriste consultes mêlés aux guerriers. Le code Wisig. Wisigoth dressé par les évèques s'occupe plus encore des péchés que des délits; c'est le vérittable prototype des procédures de 'linquisition. Le roy. royaume des Ostrog. Ostrogoths brille par le luxe et la splendeur. Lorsque Theuderic veut former des Alliances, il envoy envoie une horloge auc Thuring. Thuringiens un jouer de flûte, et un poète Tudesque à Clovis. La correspondance ampulé et pourtant spirituelle de son ministre Cassiodore est un evenement des plus curieux. Il n'est rien de plus simgulier de voir Theuderic par la plume 59r de son ministre imiter tour à tour dans ses lettre Cicéron, Pline, et Symmaque. Amalasonthe fille de ce prince, belle, savante, versée dans toute la littérature Grecque et Latine fit craindre un moment à Théodore que Justinien sur sa réputation ne conçut l'idée de réunir les deux empires par un mariage. Lorsqu'elle voulut faire instuire son fils Amalaric dans les lettres latines, l'enfant dont le sang se révoltait contre cette discipline servile, était chatié à coups de verges par ses pédagogues, et ces indignes traitements infligés à un fils des Goths devinrent l'occasion d'une révolte, Amalasonthe fut détronée. Tel est en peu de mots le ttableau de la cour barbare, lors de la 1re première invasion. Il semble que ce soleil de la civilisation du midi encore éclatant à l'époque de la 1re première invasion, fit fondre à ses rayons tous ces hommes du Nord. Ce ne fut que lorsque la civilisation Rom. Romaine eut perdu de sa vigueur qu'à une 2de conquête les vrais barbares arrivèrent à leur tour; les Francs d. dans la Gaule et les Lombards en Italie. Les Lombards sous la conduite d'Alboin et de 30 ducs (herzog), entrent dans l'It. Italie occupée par les Grecs, et enlevée aux Ostrogoths par l'épée de Bélisaire et de Narsès. Ils partagent l'Italie en 30 duchés. La mort d'Alboin [rature] [rature] suffit pour montrer la férocité des neux nouveaux arrivés. Qu'on juge de l'effroi des barbares de la 1re première invasion, quand ils virent arriver du N; Nord ces hommes tterribles qui marchaient au nom d'Odin, guidés non seulement par l'avidité des conquêtes 59v 1 mais aussi par l'mour des dangers et de la mort. Les Burgondes effrayés s'unirent avec les Romains contre les nouveaux-venus. Le code sont nous allons nous occuper est le résultat explicite de cette réconciliation. C'est là l'origine de cette douceur et de cette modération qu'on y remarque à l'égard des vaincus. Avant d'entrer d. dans l'examen de cette loi, résumons en 2 mots tout ce qui précède. Nous trouvons deux invasions à des époques diverses. Dans la 1re première les Barbares Goths et Burgondes adoptent aisément la civilisation Romaine. D. Dans la 2de seconde les vainqueurs plus féroces sont ennemis de toute culture; surtout les Lombards et les Francs. Les Romains s'unissent contre eux aux 1rs premiers envahisseurs. Union des Bourguign. Bourguignons et des Rom. Romains contre les Francs. Cete union est formellement exprimée: Le roi Goudebaut institua d. dans le pays qu'on nomme actuellement la Bourgogne des lois plus douces afin qu'on n'opprimât point les Romains. (Grég. Tar. I.p.96 coll. Guizot). - Que le Bourguignon et le Romain soient soumis à la même condition (2. X § 1.) Abandon des coutumes Germaniques. Un seul mot de cette législation distingue les Bourg. Bourguignons de tous les autres barbares. Ce mot est relatif aux successions. Entre les Bourguignons ceci sera observé: - Si quelqu'un ne laisse pas de fils, à la place du fils, la fille succédera d. dans l'héritage du père et de la mère. S'il n'y a pas de fils ni de fille, l'héritage passera aux sœurs du défunt ou à ses proches parents. VIII.2. L'ancien respect pour ce q'on appelait alors dans la loi salique a disparu. La terre passe aux mains des femmes. Les codes précédents étaient composés dans un but tout guerrier; dans celui-ci domine une pensée différente: il est dicté dans des vues de civilisation. La veuve sans enfants a le tiers du bien de son mari, sa vie durant. De plus elle garde le présent du lendemain des noces +. La femme nous le voyons + Morgnugubn. est traitée avec faveur. L'esprit barbare disparait et s'effare; mais c'est trop tôt le danger est aux portes et l'ennmi menace de tout envahir. D'autres textes indiquent ce même éloignement des peuples nouveaux pour les coutumes barbares qui ont précédé. (I) - Si par hasard un animal donne la mort à un homme, si quelqu'un est heurté par une lame ou une autre arme nous voulons que l'ancienne querelle qui venait de là parmi les Nourguignons soit apaisée. Car on ne peut accuser personne de ce qui est l'effet du hasard. - -Si un homme tue un homme libre de Vaincus favorisés notre peuple, quelle que soit la nation du mort, ou un serf du roi de nation barbare, il n'expiera pas son crime autrement que par l'effusion de son sang. (II)- C'est ici le lieu de remarquer qu'il y avait une grande différence entre le [lande] du roi, son compagnon d'armes, et le serf du roi. -L'homme attaqué qui tue l'agresseur paiera 155 sol. solidi, Si l'agresseur était optimale. Si le mort est un homme mediocris in populo nostro, 100 sol. solidi pour une moindre personne, 75 s. solidi 60v -Quiconque aura sollicité l'esclave d'un autre, aura tenté de lui enlever son bœuf, ou sa vache, sa jument ou son cheval; celui-là qu'il soit Burgonde ou Romain libre sera mis à mort.- Toutes ces dispositions sont évidemment à l'avantage du vaincu. - Si quelqu'un frappe un homme libre, autant de solidi qu'il aura porté de coups. Si l'homme est un affranchi, pr. pour chaque coup un demi sol. Si c'est un esclave 1/4 de sol. - + Il y en a 11. Esclaves Remarquons plusieurs articles + ayant pour but de réprimer la fuite des esclaves. Ces réglemens règlements sont surtout favorables aux vaincus? En effet l'esclave aimait mieux être soumis à un barbare qu'à un Romain. D. Dans le dr. dernier cas sa condition était celle de l'esclavage; dans le 1r. premier c'était l'état très-préférable de serf. Les barbares de la 2de invasion, il ne faut pas l'oublier ont aboli l'esclavage pour lui substituer le servage. Ce sont eux qui ont accompli ce grand et capital changement des mœurs au m. moyen âge. - Que le Bourg. Bourguigon et le Romain soient tenus dans la même condition. Si q. quelque qu'un tue un serf de nation barbare choisi coe. comme ministérial ou expéditionnal, qu'il paie 55 sol. solidi, et coe. amende 12 sol. solidi - (III) -Si quelqu'un tue un serf Romain ou barbare porcher ou laboureur, 30 s. orfèvre habile, 150 s. argentier, 100 s. forgeron, 50 s. charpentier, 40 s. - - Divination -S'il se rencontre un devin et qu'il reçoive le prix de la divination et que celui à qui il a indiqué l'animal perdu, ne puisse pas le retrouver le devin paiera une fois la valeur de l'objet? -(IV) Cet art. article a probablement en vue de prévenir la fraude du Rom. Romain qui abusait de la simplicité du Burgonde. 61r - La femme libre qui dans sa maison ou sur la route a été échevelée ou trainée quoiqu'innocente, Femmes, leur état. le coupable lui paiera XII s. et de plus il sera soumis à une amende de XII s. solidi Si la femme est une affranchie VI sol. solidi pr. pour elle et VI d'amende. Si la femme est une esclave VII sol. solidi pr. pour elle et III d'amende. - Le divorce est permis avec la femme adultère, maleficu, vel sequel chrorum violatri. -Si une femme abandonne son mari + auquel + Dimiscrit elle a été unie par la loi, necetur in luto. (v. voir Tacite) Si un homme renvoie sa femme sans cause, qu'il lui paie autant qu'il avait payé pr. pour le prix de sa femme, (v. voir Tacite), et pr. pour amende 12 sol. solidi - On voit ici quelle différence énorme la loi établit entre les droits du mari et ceux de la femme. - Si une fille s'unit volontairement à un esclave que l'un et l'autre soeint unis à mort. Que si les parents de la filles ne veulent pas punir leur parente qu'elle soit privée de la liberté et [toucher] d. la servitude royale.- -Quiconque aura refusé son toit ou son foyer Hospitalité. à l'hôte qui vient 3 sol. solidi Si c'est un convive du roi, 6 sol. - - Quant aux députés des nations étrangères, il sauront le droit de prendre dans la maison qui les reçoit un porc ou un bélier. - Les Bourg. Bourguignon entretenaient des relations diplomatiques assez actives, et un agent public ne se trouvait pas toujours, là pour recevoir un ambassadeur. - Quiconque aura reçu un homme étranger de quelque nation qu'il puisse être qu'il le présente à l'examen du juge, afin que d. dans la torture il avoue à qui il est. - Un homme errant était toujours présumé esclave fugitif. 61v Dispositions diverses. - Si un homme en tue un autre à l'armée dans la compagnie des siens qu'il paie triple pour sa mort. - Ceci prouve qu'on s'affranchissait de la peine de mort au moyen d'une composition pécuniaire, quoi que nous voyons en tête de la loi que le meurtre ne sera expiée que par l'effusion du sang. Mais ce n'est que comminatoire; en réalité on payait. - Si q. quel qu'un ose enlever un homme vivant des fourches patibulaires et s'enfuit qu'il meure pour lui ou paie 200 s solidi - Si quelqu'un délivre + De bargo vel de furcã. un homme des fourches patibulaires + sans l'aveu du juge, 45 s. solidi - Si quelqu'un ose sans l'aveu du juge mettre à terre un homme accroché à une branche, 30 s. solidi (de ramo ubi in cro catur). - Celui qui demande une fille en mariage, et veut se rétracter ensuite 6 sol. solidi - - Celui qui volontairement ou fortuit.e fortuitement incendie une église, 200 s. solidi - Ainsi donc l'instruction n'est comptée pour rien ! C'est que le vainqueur détruisait souvent un riche [?] par étourderie, par [?], par plaisir de détruire, coe. un enfant qui brise son jouet. ++ Sassandro, de sax, saks et Other, ander. Ce sont deux mots séparés réunis sans doute par l'ignorance d'un copiste. - Le dépositaire infidèle, 15 sol. solidi - Vol d'un couteau ++ (sans doute de chasse) 15 s. - Jeté une pierre sur le toit de q. quelque un. 5 sol. solidi. - - Si un autrustion veut appeler en jugement un autre autrustion pour un crime qui entraîne une amende de 15 sol il doit jurer lui [6e.] d'un serment mutuel et celui qu'il a fait venir s'il se reconnait capable de se défendre de l'accusation doit s'absoudre lui 12e. per sacramenta. - Est-ce le serment simple, ou un serment sur les sacrements. VIII bis. I. 62r Extrait des Leçons de Mr. Monsieur Guizot sur les lois barbares. (9e. et 10e. leçons) Loi Salique. L'opinion lui a donné une importance fort exagérée, à partir du moment où elle fut invoquée par Philippe le long pour repousser la succession des femmes. D'où vient-elle? Qu'est-elle? 1°- Elle est à la fois antérieure et postérieure à l'invasion coe. comme toutes les autres lois barbares. Elle a pu être rédigée sous Clovis, mais aucune des rédaction que nous avons ne peut remonter au-delà du 7e. s. Toute date plus précise est impossible. Deux textes et 14 num.ss. ; 15 purement en latin, 3 mêlés de gloses Germaniques. + Les drs derniers portent : Lex salica antiqua, + 253 intercalations. antiquissima, reformata: les autres (ordinairement): L.S. recentior, emendata, reformata. Mr. Wiarda pense qu'il faut croire tout le contraire. Le texte purement latin donne sans observation des dispositions que l'autre texte annonce tombées en désuétude. ( de chrenecrudâ, T. 61 et T. 68 § I.r premier). Quand aux renseignements: que donnent les préfaces, on ne peut y avoir la moindre foi : ce sont des traditions confuses et diverses que les copistes ont placés là au-hasard. Il parait certain que la loi n'a jamais été écrite qu'en Latin, et un ceain temps après la conquète. On voit que le christian. christianisme ne date pas d'hier, et que les Romains dt. dont on parle ne sont as des individus isolé, mais une population nombreuse, et déjà réduite en grande partie à l'état de colons. Du reste les préfaces prouvent l'existence de traditions qui placent au delà du Rhin l'origine 62v de cette loi ; et on ne peut s'empêcher de croire qu'elle se rattache aux vieilles coutumes Germaniques conservées par la tradition, modifiées par le temps et surtout par le christianisme et la conquête. 2°. La loi salique n'est pas un code, ce n'est qu'une simple énumération de coutumes et de décisions judiciaires, un recueil fait par quelque prud'homme, quelque clerc barbare et analogue au Sachsenspiegel, au Schwabspiegel. (... 45 sol. solidi et in aliâ sententiâ 62 s. solidi et unem dimidium culpabilis judicetur. T 17 § 1. Ed. Hérold) De plus ce recueil n'est pas complet. On trouve au Xe. XIe. XIIes. s. siècle un certain nombre de cas, qu'on dit réglés secundùm legem salicam, et qui n'y figurent aucunement. Texte mêlé d'Allem. 420 art. article - puremt. purement latin 406, 407, ou 408. - chaos de la loi : tout y est en mêlé. - Elle est essentiellt. essentiellement pénale. Droit politique ; rien que des allusions. Droit civil ; quelques dispositions précises, insérées avec intention. Porcédure civile ; idem. Procédure crimin. criminelle; elle suppose presque tout comme, institué ; ne fait que remplir quelques lacunes, spécifier en certains cas les obligations des juges, des témoins. - 343 art. articles de Pénalité, 65 pr. pour le reste. Tel est un reste le caractère de toutes les législations naissantes. Le 1r. premier effort vers le perfectionnement de la loi civile consiste à opposer d'avance des barrières, à dénoncer d'avance des peines aux excès de la liberté individ. individuelle 1.) Enumération et classification des délits. Sur 343 art. articles de pénalité, 150 sur le vol, dt. 74 sur les vols d'animaux (la loi entre au sujet des animaux dans les plus minutieux détails), 113 sur les 63r violences contre les personnes, 30 pour mutilation (prévue d. dans toutes ses parties) 24 pr. pour violences contre des femmes, etc... Deux caractères: elle appartient à une société peu avancée, peu compliquée; elle appartient à une société très grossière, très brutale. 2.) Applacation des peines. Partout des peines très douces; pr. pour les hommes libres, s'entend. Très rarement la peine de mort, et on peut s'en racheter. L'unique peine n'est presque toujours au fond que perte d'argent l'amende, le Wehrgeld, et le Fredum. Le Wehrgeld est le 1r. premier pas de la législation criminelle hord du régime de la vengeance personnelle; c'est la faculté donnée à l'offenseur de se mettre en payant une certaine soe. somme à l'abri de la vengeance de l'offensé. + Au VIIIe. Mr. Guizot pense qu'il était + Si hæc quœ egisti nobiscum non composueris...simili pœnâ te damnabinus, disent les fils de Clovis à Théodat dans le récit d'une tradition ridicule sur leurs rapports avec l'Italie. décidément obligatoire ; mais auparavant l'offensé avait le choix entre la vengeance et la composition. Ce n'est qu'un 1r. pas hors de l'état de guerre et de la lutte barbare des forces, bien que les Allemands et surtout Mr Rogge (1) y aient vu (1) N°- 31.34.36. bien autre chose ; un grand respect pr. pour la liberté humaine, un grand caractère de moralité puisque, un grand caractère de moralité puisque l'homme pouvant choisir entre la paix et la guerre avoue librement ses torts, et que l'offensé se réconcilie solennellt solennellement avec l'offenseur ce qui n'a pas lieu dans nos législation plus éclairées. 3) Procédure criminelle. Peu de renseignements ; les ppaux principaux points sur lesq. lesquels elle en contient sont la distinction du fait et du droit, et les co-jurants, ou conjuratores. Les juges n'avaient à appliquer le point de droit; la réalité du fruit s'établissait sans décision de leur part par le recours au jugemt. jugement du dieu, aux épreuves, au combat, le plus couvent par des conjuratores, 63v excepté d. des cas assez rars où il y avait déposition de témoins. Les co-jurants attestaient simplement, sous serment, la vérité de l'assertion de l'offensé ou de la dénégation de l'offenseur. (Les cojurants sont rarement mentionnées d. dans la loi salique, mais on ne peut douter qu'ils n'y fussent d'un usage aussi général que d. dans les autres lois barbares) Mr. Guizot réfute encore ici les opinions de Mr. Rogge sur ce qu'un tel système de procédure suppose de Franchise, et de bonne foi. Citant pr. autorité Grég. Grégoire de Tours et les Wibelunge il pense que les co-jurants devaient se parjurer le plus souvent par esprit de famille ou de tribu. D'ailleurs un homme accusé était un homme attaqué. Et coe. comme c'est entre les familles que subsiste l'état de guerre d. dans l'état barbare, la famille de l'accusé ne pouvait manquer de se grouper autour de lui quand sous telle ou telle forme la guerre venait le menacer. On ne peut donner pour fondement à cette institution que l'impossibilité absolue d'en admettre aucune autre à sa place. Tout ce qui n'est pas pénal tient peu de place d. dans la loi, et nous ne nous en occuperons pas. Le caractère essentiel de cette loi est d'être transitoire sous tous les rapports, d'un pays à un autre, d'un état social à un autre, d'une religion à une autre, d'une langue à ne autre. Aussi Dès le 10e s. siècle peut être elle était remplacée par les coutumes; et depuis on n'en parla plus que par souvenir et d. dans quelque grande occasion. Loi des Ripuaires. Même caratère transitoire. La préface en attribue la rédaction au roi Thiersi (511-534). Mais tout parait prouver que la forme actuelle au moins ne remonte pas au-delà VIII bis.2. 64r delà de Dagobert Ir (628-638). Elle contient (selon les éditions) 224 ou 277 articles: 164 de droit pénal et 113 de droit politique ou civil, de procédure civile ou criminelle. Sur les 164 de dr. droit pénal 94 pr. pour violences entre les personnes, 16 pr. cas de vol et 64 pr. délits divers. La loi Ripuaire règle avec le plus grand détail l'intervention des conjuratores et donné aussi des règles pr. le combat judiciaire. Ce qui paraît au 1r. premier coup d'œil une marque de barbarie n'est au contraire qu'un effort de la civilisation sinon pr. pour abolir, du moins pour régulariser ces vieilles coutumes. La loi Rip. Ripuaire est donc pl. plus moderne q. que la loi saliq. salique. Le combat (dt. dont ns. nous n'avons pas encore parlé) ne fut d'abord que la régularisation du droit de guerre, du droit de guerre, du droit du plus fort qui régna d'abord excluse. exclusivement chez les Germains. L'idée de jgt. jugement de Dieu n'intervint qu'avec l'influence chrétienne. Le droit pénal domine toujours cependt. cependant le droit civil y tient aussi place. Une foule de dispositions civiles y sont indiquées, et q.q.f. quelquefois avec assez de précision. De plus la rté royauté? apparaît bien plus souvt. souvent d. dans la loi ripuaire que d. dans la loi salique. Mais ce n'est encore que la rté royauté barbare consistant surtout en vastes domaines et en colons qui les exploitent. La m. même différence entre les 2 lois existe quant à l'église. La loi Ripuaire Salique admet quelques dispositions de la loi Romaine. Enfin elle est plus précise, plus réfléchie, plus politique. Le législateur y parle quelquef. quelquefois au lieu de rédiger simplement des coutumes. C'est un pas de plus dans l'invasion de la société Romaine, dt. dont le mélange avec la société barb. barbare doit enfanter la société modern. moderne 64v Loi des Bourguignons. Les 41 1rs- premiers titres appartiennent à Goudabaut (publiés vers 501). Le reste semble n'être qu'un supplément qui doit avoir été rédigé sous Sigismond (v.517). Enfin Ladditamenta forment une 3e partie, qu'on doit probablet. probablement au même roi (v. 523) La préface est tr. très importante: elle montre tout d'abord que ce n'est plus un simple recueil de coutumes mais une œuvre de législation d. dans un but d'ordre public et qui montre le dessein de gouverneur. La loi contient 354 art. articles 142 de droit civil, 30 de procédure civile ou criminelle, 182 de droit pénal. (76 pr. pour délits c/ contre les personnes, 62 - propriétés) Principaux résultats: 1°- La condition du Bourg. Bourguignon et du Romain est la même. 2°- Les peines corporelles apparaissent et même les peines morales. Les disposit. dispositions pénales sont moins exclusivt. exclusivement occupés des délits c/ contre les personnes. 3°- Le droit pénal n'occupe pl. plus que la moitié de la loi tandis qu'il en occupait 5/6 d. dans la loi salique et 3/5 d. dans la loi des Ripuaires. 4°- On y remontre des emprunts positifs à la loi Rom. Romaine dt. dont ns. nous n'avons trouvés que de légères traces d. dans la loi des Ripuaires. 5°- Enfin la loi Bourg. Bourguignonne quoique la moins politique de toutes les lois barbares laisse apercevoir à chaque instant les progrès considérables de la rté- royauté Ce qui domine d. dans cette loi c'est l'idée de l'ordre civil, du gouvt. gouvernement proprt. proprement dit. Le clergé n'as pas plus de pouvoir que l'anc. l'ancienne organisation Germaniq. Germanique. Les rois Bourg. Bouguignons semblent 65r avoir complètement hérité du pouv. pouvoir impérial. Cette loi survient à leur dominon- domination. Au IXe s. siècle les évèques Agob. et Hinemar en font mention; mais peu d'hommes disent-ils, vivent maintenant s. sous cette loi. Loi des Wisigoths. Euria avait fait écrire les coutumes des Goths v. vers 466 ; son succ. successeur Alaric fit rédiger un code recueillir sous le nom de breviarium les lois de ses sujets Romains. Les Wisigoths furent presqu'aussitôt rejetés derrière les Pyrénées et les Cévennes. Cependant nous ajouterons que Chindasuinthe fondit les 2 lois en une seule ; et ce code se développa, se compléta depuis ce prince jusqu'à Egica (642-701). Cette collection comprenant 595 art. articles d'origine et de date diverses porte le nom de forum judicum. Le forum judicum est trop singulier pour ne pas nous occuper, quoiqu'il n'ait eu presque pas d'influence sur nous ; mais il complète, et éclaircit l'idée qu'on doit se faire des lois barbares. Il tient à la fois de la loi, de la [?phie], et du serveur. Cette loi est l'œuvre du clergé, elle est sortie des conciles de Tolède. L'Espagne a cela de singulier que dès ces temps anc. anciens le clergé y a eu la prépondérance. C'était le centre autour duqeul se groupaient la rté royauté, l'aristocratie, le peuple. Il y a les vices et les émérites de l'esprit ecclésiastiq. ecclésiastique. Il est incomparablt. incomparablement pl. plus rationel, pl. plus juste, pl. plus doux, pl. plus précis; mais en m. même temps sous le rapport politique il laisse la société pl. plus dépourvue de garanties. Une vaste admon administration semi-ecclésiastique, semi-impe. impériale s'étend sur la société. Ainsi dep. depuis que ns. nous étudions les lois Barbares, ns. nous avançons de pl. plus en pl. plus dans la domination de l'élémt. l'élément Romain. Cette fusion des 2 sociétés d. dans la loi des Wisigoths 65v est un pas nau- nouveau un pas immense. Singulier spectacle de voir une civilisation en pleine décadence, sans force s. sans fécondité, s. sans éclat, se relever puissante et féconde, dominer et métamor-phoser ses vainqueurs lorsqu'il semble qu'lle eut dû périr. Deux causes entre beaucoup d'autres ont produit ce résultat : la puissance d'une législ. législation civile forte et bien lié ; l'ascendant naturel de la civilon civilisation s/ sous la narnarie. Le barbare pouvait mépriser individuellemt. individuellement le romain ; mais le monde Romain lui apparraissait coe. comme q.q. quelque chose de supr. supérieur et ts. tous les gr. grands hommes de l'invasion en foulant aux pieds la société Romaine n'eurent qu'une seule pensée : la rétablir au moyen de leurs guerriers avec d'autres hommes. VIII.3. 66r - Pour un crime de 45 sol. solidi l'accusateur juge avec 12 personnes, l'accusé doit s'absoudre lui 25e. per sacramenta. - Si un autrustion porte témoignage contre un autrustion il paiyra 15 s. solidi (V)- C'est que tous deux sont des hommes du roi, et que ce lien les force à être unis. - Le législateur, considérant la fréquence des + Ita ut unus de iisdem testibus qui ad danda convenerant sacra-menta, Des judicante confligat. Si le temoin de celui qui offrait le serment est tué, tous les témoins qui voulaient jurer paient 300 s. solidi mul etœ nominé; - parjures, permet de proposer le combat au lieu du serment, de façon + qu'on des témoins venus pour jurer combattre dans le jugement de Dieu. Si le témoin de celui qui a refusé de jurer offre le combat est tué, sur son bien ++ le coté du vainqueur sera indemnisé et recevra 9 fois la valeur de l'objet ++ De facultatibus ejus novigildi solutione pars victoris reddatur indemnis, ut veritate potiùs quàm perjurio de lectenturcontesté, afin, dit le législateur, qu'ils aiment mieux désormais la vérité que le parjure.- - Si un homme libre, Romain ou barbare est accusé qu'il jure avec sa femme, ses fils, ses parents, au nombre de 12 ; s'il n'a ni femme ni fils ; mais qu'il ait son père et sa mère qu'il jure avec eux.- Ainsi la femme est ici appelée à prêter serment. En deux mots, ce code est une transaction entre le monde barbare et le monde civilisé. Textes de la loi des Bourguignons. (I) Causœ inter Burgindiones. .non finite usque ad pugnam Mauriaceusem habeantur abolitœ. Si quod cunque animal quolibet casu.. mortem intulerit.. (si lancea..vel quodcunque geuus armorum.. impulerit..) jubemus etiam inter Burgund. antiquam exindè calumniam removeri ; qui a quòd casus operatur... 66v (II) Si quis hominem ingemuen ex populo nostro enjuslibet nationis, aut servum regis natione duntaxat barbarum occiderit, non aliter admissum crimen quàm sanguinis sui effusione componat. (III) Burgundio et Romanus câdam una conditione teneantur. Vi quis servum natione barbarum occiderit lectum ministerialem... (IV) Si verò vegius extiterit, et vegiaturas acceperit, et is cui indicat invenire non potuerit, furtum quod se perdere (an prodere?) mentiebatur dissolvat in simplum. (V) Si autrussio contrà antrussio,em testimonium juraverit, XV s. culpabilis judicetur. Textes isolés. - Esclavage. Quicunque verò servum suum aurificem argentarium; ferrarium, fabrum œrarium, sartorem vel sutorem in publico attributum artificium exercere permiserit, et id quod ad facienda opera à quocunque suscepit, fortassè everterit, dominus ejus aut pro codem satisfuciat ; si voluerit furiat cessionem/ Si quis Burgundio mancipium juris sui libertate donaverit, il ne peut le reprendre si ce n'est paour injure grave. Protection des vaincus. - Quicunque Romanus causam suam quam cum alio Romano habet, Burgundioni agendam tradiverit, causam perdat : et is qui suscepit inferat muletœ nomine, sol. XII. Disposition favorable à l'agriculture.- Ut quicunque in communi campo...vineam...plantaverit, pinilem campum illi restituit, in cujus campo vineam poscuit. 67r 67v IX, 2. 68r Nous trouvons dans son fils Clovis un guerrier Clovis 481-511 féroce plein de cette sève du génie barbare des Francs, doué de cet instinct rapide quoique grossier qui sait former reconnaître dans tout pays ennemi ceux qui peuvent l'aider et le maintenir. Clovis sut partout fonder une alliance d'un prix inestimable avec le clergé Romain. Payen coe. tous les Francs d'abors le hasard voulut (s'il y a du hasard en ce monde) voulut qu'à l'occasion d'une invasion des Tougriens ou Thuringiens qui poussaient les Francs et voulaient entrer dans l'empire, Clovis prit en mariae la nièce de Goudebaut roi des Bourguignons dont l'intéret était aussi de retenir les Thuringiens en Germanie: or Clotilde était la seule princesse de race barbare qui ne fut pas Arienne. (493). Clovis à cette époque avait déjà soumis la Gaule Romaine (Dep. Depuis 486) Bientôt une autre invasion pousse encore les Francs ; c'était celle des Allemani. C'est alors que Clovis eut l'idée d'adopter le dieu des vaincus. La raison en est bien claire ; il fallait faire cause commune avec les Gaulois contre les nouveaux envahisseurs. Et c'est ainsi que le flot barbare qui toujours avançait et détruisait vers l'Occident fut enfin fixé par la conversion de Clovis, Vaincus non pas au christianisme seulemt. seulement mais au cathol. catholicisme. Vaincus à Tolbiac, 496, les Allemands rentrèrent d. dans leur pays et payèrent un tribut. Ainsi commence la dépendance, la langue humiliation de l'Allemagne du midi sous l'Allemagne du centre et du nord. La molle Allemagne du midi qui n'adorait pas Odin doit rester pour long-temps sous la domination des adorateurs d'Odin. Les Allemen, Burgondes, et Goths (Ils ont habité sur la Pont-Euxin et sur la Baltique, au midi et au nord, mais ils sont du midi) Monin 68v furent vaincus par les Francs; et après avoir eu pour chefs les Mérovingiens et les Carolingiens, ils ne donnèrent à l'Empire leur grande maison de souabe que bien long-temps après, les maisons de Saxe et de Franconie ayant constamment maintenu la suprématie acq du Nord. (On n'a pas fait assez ressortir le jeu attractif des diverses fonctions de la race Germanique ; d'abord dominent les Allemands du centre qui domptent à la fois ceux du nord et ceux du midi. La Saxe prend sa revanche sous les Othons, puis l'empire retourne à la Franconie. Le midi donne a son tour ses grands empereurs e la maison Souabe. Et il fallait bien que l'Allemagne féodale eut aussi son tour de domination pendt. pendant l'époque de la féodalité. L'empire reste au midi (maison d'Autriche) jurqu'à Luther. Par Luther la vieille Sxe revendique ses droits ; elle les assure par la guerre de 30 ans ; elle les maintient par l'existence et la grandeur de la Prusse.) Dans un champ de Mars Clovis vainqueur des Allemands voit accourir sous ses ordres presque tous les guerriers de sa nation, non seulement ceux de Tournay mais ceux de Cambrai et de Cologne, et des autres tribus ; car chaque homme libre était maître de choisir entre lui et les autres chefs Francs. Les ayant réunis d. dans un champ de Mars : Il me déplait, leur dit-il, que ces Ariens possèdent cette bonne terre du midi. Si vous me croyez nous irons la prendre sur eux. Ce discours est accueilli par les plus vices acclamations; les Francs de Clovis passent la Loire. Une biche miraculeuse leur indique un gué sur la Vienne ; une colonne de fumée qui s'élève de la cathédrale de Poitiers leur indique le chemin. Le grand Théodoric avait réclamé pour son compatriote Alaric II ; [rature] ......... 69r ce fut en vain. Le jeune roi est vaincu et tué à la bataille de Nouillé, 507, les maisons sont brulées dans + toute l'Aquitaine, les oliviers détruits, les habitant enlevés. Le clergé catholique aide partout le catholique roi des Francs ; tandis que les Galoo-Romains de l'Auvergne se sont réunis aux Goths contre les nouveaux envahisseurs. (1) (1) A.II.23 (sur les Arvernes). L'armée devastatrice dévastatrice des Francs vient échouer en Provence contre les Généraux de Théodoric, et les Goths qui avaien tperdu l'Aquitaine surent au moins conserver une communication entre l'Espagne et l'Italie dans leurs provinces de Septimanie et de Provence. Clovis peu de temps après força les Bourguignons à reconnaitre sa supériorité; mais il ne détruisit pas encore leur royauté nationale. Ainsi ses campements s'étendaient dans tout l'espace irrégulier de terrein terrain qui s'étend depuis le Rhin jusqu'aux Cevennes Cévennes et aux Pyrénées d'une part de l'autre jusqu'au Rhone et au Doubs + à l'exception de +, + L pointe de l'Armorique et des montagnes de l'Auvergne. A la mort de Clovis, 514 les 4 fils Theudric, Fils de Clovis 511-561. Chlotaire, Childebert, et Chlodouir se partagèrent son armée, et les provinces des vaincus. Le pays ne fut pas partagé de manière à arrondir chaque état. Toutes les résidences furent fixées au nord de la Gaule, et chacun, obtint pour sa part une longue bande de terrein terrain à travers toute la contrée. Quelques-uns ont cru que cela tenait à la manière de lever les tribus. Le roi allait de ferme en ferme avec ses hommes vicant partout aux dépends du tributaire, et recevant des présents en nature. On pensait qu'en conséquence le roi était bien aise d'avoir sans son empire des climats différents, des productions de toute nature. La cause vérittable est celle-ci: c'est que tous les guerriers étant dans le Nord les partages du midi n'auraient pas renfermé un seul guerrier. 69v (1) A.12. Clodomir fut tué en combattant contre les Bourguign. Bourguignons. (1) Et son roy. royaume passa à ses frères - Childebert et Theuderik moururent de maladie. Le fils de Thierry Théodebert le plus grand prince depuis Clovis périt à la chasse du taureau sauvage. (2) Le petit-fils Théodébald mourut sans postérité. Quant aux enfants de Clodomir ils avaient été égorgé. Ainsi tous les Francs se trouvèrent de nouveau réunis sous Clotaire, 558 Fils de Cloter. 561-528. A sa mort, 561, l'empire est de nouveau partagé. Mais les résidences ne sont plus les mêmes. Le roy. royaume d'Ostras. Ostrasie eut d'abord Reims pr. pour capitale; c'était alors Metz. La Bourgogne qui n'était pas conquise du temps de Clodomir renferma la capitale de Gontran, (Châlon-sur-Saone qui remplaça Orléans. Ce qu'il y a de singulier c'est que le roi de Paris eut pr. pour partage l'Aquitaine dt. dont il était séparé par les états de Gontran. Les résidences sont déjà beaucoup plus éloignées les unes des autres. Au lieu de la tendance que l'empire avait manifestée à se réunir sous les fils de Clovis, parait la tendance opposée. La stabilité de la conquête permet les originalités provinciales. Bientôt une lutte s'établit entre ces états, lutte poétique et fortement caractérisée, où les noms ppaux principaux acteurs rappellent la fameuse histoire des Niebelungen. Sigebert est Siegfried ; Brunhild (de l'Edda) Brunchaut ; Chrimemhild, Frédégonde ; Chilpéric le pl. plus méchant des 4 frères répond à Hagel; Gontran le fils de Clotaire semble identique au Gontran des Niebelungen. Cependt. Cependant il est probable que ces ressemblances ne sont qu'accidentelles, et que cette famille [rature] reçut ses noms des Niebelungen au lieu de les leur fournir. Le poème a une rondeur empreinte Scandinave qui ne permet pas de la faire venir des bords de la Seine et de la Loire. IX.3. 70r Compter les assassinats, les perfidies de ces princes serait un travail beaucoup trop long. Nous nous contenterons de marquer les grands traits de cette lutte. L'Ostrasie touchait l'Allemagne ; c'était par elle que les Francs joignaient le monde barbare. La neustrie et la Bourgogne au contraire se liaient de plus en plus avec les vaincus. Ces pays se trouvaient dans un état d'organisation, et les vaincus coe. comme plus habiles y contribuaient en plus forte proportion que les vainqueurs. Ainsi déjà nous n'y trouvons plus de Duc, d'Herzog n'a pas encore d'autre sens que celui de chef militaire. Au contraire l'Ostrasie est toujours constituée pour la guerre; il y a là des armées, des ducs, une subordination militaire. En sa qualité de roi de Bourgogne il faudra donc que le bon roi Gontran (on en saurait compter ses assassinats; mais enfin c'est le meilleur de tous) soit lé indissolublement avec le méchant Chilpéric, avec l'horrible Frédégonde souverains co. comme lui d'un pays tout Romain. Ainsi après la mort de Cilpéric nous le voyons protéger son jeune fils Clotaire II. La plupart des historiens ne voient en lui qu'un bon parent. C'eut été placer bien singulièrement ses affections. La vérité est que la Bourgogne et la Neustrie avaient à craindre l'invasion e la sauvage Ostrasie : ces pays étaient alors ce qu'avait été l'empire Romain pour la Germanie. Entrons dans le récit rapide des faitsL Sigebert est poignardé par un homme de Frédégonde, 575, au moment ou vainqueur de Chilpéric il allait être élevé sur le bouclier par les francs Neustriens. Ensuite Chilpéric est lui-même assassiné les uns disent par un homme de sa femme, les autres 70v par un emissaire de Brunehaut. Frédégonde se maintient par la protection de Gontran. Brunehilde régna d'abord ss. sous son fils Childebert qu'elle corrompait avec soin, puis ensuite sous ses petits-fils qu'elle traita de même. Remarquons ici la force des choses qui poussait l'Ostrasie contre le midi. L'Ostrasien Thierry devenu roi de Bourgogne parce que son oncle Gontran lui a légué ses états des dès qu'il est en Bourgogne se met contre son frère Théodebert qui règne en Ostrasie. Les 2 frères combatt. combattent. Thierry a dans son camp la vieille Brunehaut et son amant Protadinc qui fons étrangler Théodobert vaincu. Dès le moment qu'un roi Ostrasien a péri il ne faut pas croire les Ostrasiens vaincus. Brunnhild voit les grands ducs militaires se tourner contre elle ; elle est vendue et livrée à son ancien ennmi héréditaire, et trainée à la queue d'un cheval indompté, 613. Ce n'est pas Clotaire II, à la mort de Frédégonde Brunehaut, qui a le profit de la victoire, ce sont les grands seigneurs les leudes. Ils font signer à Cloter Clotaire II la Constitution de Paris qui proclament l'abolition des impôts, l'héridité des bénéfices, la libre élection des évêques et l'établissement de tribunaux ecclésiastiques (615). Cette grande figure historique paraît avoir fait sur les Francs une impression profonde. On sait quelle fortes traces elle a laissées sur la terre. On rencontre partout des chaussées, des ponts, des tours, qui souvent sont des ouvrages Romains, et que la tradition attribue a cette reine. Dagobert 628-638. Ainsi l'empire des Francs est de nouveau réuni. Dagobert fils de Clotaire succède à son père, 628; ce prince s'enferme au fond de sa demeure, vérittable sérail; il multiplie les fondations; s'entoure de moines. C'est le 1r. premier des rois fainéants. On sait qu'un de ses ppaux principaux ministres est un aurifex, St Saint Eloi; les vaincus remplissent sa cour. Aussi les Slaves insultent 71r pour la 1re première fois le peuple Franc. C'est à sa cour Maires du palais. qu'on voit paraître + + pr. pour la 1re première fois + avec son plus haut dégré degré d'éclat une charge du palais. C'est celle des juges, ou maires du palais. Ce sont les juges de tous les leudes, et on sait que les rois ont des milliers de leudes, en quelque sorte une armée. Le juge de cette armée doit être le plus vaillant homme du pays. Le palais des rois Francs n'est rien qui ressemble à la demeure impériale d'un souverain de Byzance; c'est un camp. Nous sommes bien loin encore du majordomnes du cérémonial impal impérial. Sous les faibles enfants de Dagobert les maires du palais deviendront de plus en plus puissants; leur charge ne sera plus seult seulement viagère, mais encore héréditaire. Bientôt ce sera la royauté elle-même.Lutte de la Neustrie et de l'Ostrasie. Nous voyons se représenter ici sous une autre forme l'opposition politique que nous remarquions tout-à-l'heure: ce n'est plus Brunehaut et Frédégonde; c'est d'une part la maison Carolingienne, Pepin d'Héristal, Carl-Martel, Pepin le Bref, Carl le grand; voilà le côté de l'Ostrasie, le côté des guerriers. De l'autre part est la Neustrie, les Francs dégénérés sous la conduite d'Ebroin, de Berthaire. Le maire Ebroin est maltraité dans les chroniques parce qu'il est rival d'un autre Neustrien Léodegouri (St-Léger) que l'église a canonisé. Pepin d'Héristal termine la lutte par la bataille Bat. Bataille de bestri 687. de bestry, 687. Herzog des Ostrasiens il est en même temps le maître de la Neustrie. L'a-vantage reste un monde barbare resté pur sur le monde barbare mêlé aux vaincus. 71v C'est de la Bat. Bataille de bestry que commence vérittablement le commencement de la seconde race. 72r Geographie Géographie de la France et de l'Allemagne. Demembrement Démembrement de l'empire de Charlemagne. Comment l'empire de Charlemagne se décomposa. Imaginez le moment où la vie s'échappe du corps. Jusque là chaque partie se connaissait et connaissait les autres: la tête connaissait le pied, le pied la main, etc. Au moment où la vie cesse toutes les parties s'éloignent et s'en vont dans les élémens éléments. C'est ainsi que dans les diverses parties de l'empire carolingien il y a non seulement diversité mais igno rance mutuelle. Ce qui le prouven, ce sont les révolutions du droit qui suivent immédiatement la dissolution du grand empire. Jus-que là chacun etait était jugé selon sa race, non selon le pays qu'il habitait. Le franc au pied des Pyrénées etait était jugé non selon la loi romaine mais selon la loi des francs; de même le Romain au delà du Rhin etait était jugé par la loi de l'empire romain. On etait était jugé selon sa race ; on l'est désor-mais selon le territoire où l'on se trouve. La loi nouvelle qui s'établit est territoriale. On est jugé suivant une loi propre au royaume, à la province, au comté où l'on se trouve, et l'ancienne distinction de droit suivant les races disparait. En d'autres termes, l'homme allie plus ou moins son origine, pour l'assujetir en quelque sorte à la terre qu'il habite; il s'incopore au sol. Les divisions deviennent territoriales, géographiques. L'homme s'incopore au sol. Importance des divisions géographiques. Pourquoi l'homme s'incorpore-t-il ainsi au sol? C'est que dans l'ignorance où il est de ceux de la race commune, ne voyant rien au delà de la montagne, de la rivière qui borne son canton, il plie et accepte la loi du territoire. x La nature est devenue forte, l'homme faible. Toutes l'histoire est dans la géographie. Ni m. même Thierry ni Hist. Histoire du moyen age 11. 72v M. Guizot n'ont donné une explication complète du phé-nomène de la dissolution de l'empire carolingien. Ils n'ont pas parlé du caractère physique des localités; et maintenant encore une fois l'histoire n'est plus qu'une affaire de géographie. La fatalité locale a triomphé. On s'afflige ordinairement beaucoup d'avoir à étudier cette époque. Ce démembrement successif, ces changements fréquens fréquents on les appelle Chaos du moyen-age moyen-âge. Mais ce bouleversement politique n'est rien qu'une réalisation géographique. Le bouleversement politique qui a lieu à la mort de Charlemagne n'est qu'une régularisation géographique. L'histoire dominée par le libre esprit de l'homme, l'histoire dans les époques de ci-vilisation s'ordonne il est vrai avec une grande régularité, mais elle s'ordonne avec non moins de régularité selon la loi fatale de la matière ; car cette loi c'est l'art de Dieu. Il ne faut pas faire attention a ces Charles, à ces Lothaire, à ces Bernard que rien ne distingue les uns des autres, qui n'ont aucune personnalité. Ils causent à l'esprit une grande fatigue. Les vrais individus sont les associations, les hommes groupés d'après une division naturelle du terrain. Il est vrai que ce désordre apparent est un ordre réel, que la division originaire et fortuite (à ce que l'on dit) des comtes féodaux est celle de nos 86 départemens départements. Le nombre est egal égal. Qu'on parle donc encore de chaos ! Rien de moins fortuit, de moins arbitraire. La fatalité locale et les déterminations gé-ographiques de nos jours ont leur raison sans l'invariable division de la France, dans le dessin de ses montagnes et de ses valées. 1 1. Quand au Xe siècle toute la France se divisa en un certain nombre de comtés, de seigneuries qui n'étaient autres que des vallées dont les limites étaient marquées par les fleuves et les montagnes, la raison de cette division font la forme du terrain ; ce fut une division éminemment territoriale et matérialiste (Le mot terra signifie forteresse au moyen age) mais à l'poque de la républlique française, quand cette division se reproduit quel principe a conduit le législateur? La France etait était encore alors divisée en provinces et gouvernemens gouvernements, dont plusieurs avaient des libertés et des fran-chises, tandis que d'autres dépendaient du roi et du bon plaisir. Ces provinces 73r On dit que la division de la France en départe-mens départements etait était profondément matérialiste. Mais ce reproche n'est vrai que de sa même division au Xe siècle. Autant il y avait du matérialisme dans cette division originaire, autant la même divi-sion fut favorable à la vraie liberté, au vrai spiritualisme dans ces derniers temps. Géographie de la France. Cinq bassins de la France. C'est donc de la géographie que nous allons faire. Qu'est-ce que la France. Comment est fait le corps de la France? Prenons la division par bassins. Nous trouvons d'abord le bassin de la Seine qui se rend à l'Océan occidental ; ensuite le bassin de la Loire qui se rend aussi à l'Océan occidental ; enfin le basisn de la Garonne qui part du midi et se rend aussi dans l'Océan occidental. Ces 3 bassins forment la partie la plus considérable de la France. Derrière eux sont 2 autres bassins: l'un qui va à la méditerranée, celui de la Saône et du Rhone, l'autre qui se rend à l'Océan du nord, celui de la Meuse? Voilà toute la France. Opinion des géologues sur l'état intérieur du terrain en France. Les géologistes, qui s'accordent à reconnaitre dans la terre actuelle un état antérieur, pensent que la plus grande partie de l'Occident etait était couverte par la mer. Sur cette vaste étendue d'eau s'élevaient plusieurs iles, telles que le pays de Gzlles en Angleterre, le comté de Cornouailles, les hautes terres de l'Ecosse; en France les Vosges, l'Auvergne, les Pyrénées, qui s'étendent jusqu'à la Glice en Espagne. Certain au milieu de ce groupe etait était placé notre province de Bretagne. On a recon-nu de plus que le territoire de la Galice etait était le même que celui du comté de Cornouailles. se séparaient donc les unes des autres et se contentèrent de leurs li-bertés antiques. Elles ne prirent donc pas grande part au mouvement de la révolution. Pour briser toutes ces nationalités provinciales qui faisaient obstacle à l'établissement de la liberté, le Rép. République fr. française morcelle en 4, 5, 6 départmens départements chacune de ces provinces et leur donne une organisation dépendante du centre. Chacun des départemens départements du Languedoc dépend non plus du Languedoc mais de Paris. L'individualité de chaque province est rompue ; les anciennes fatalités de [?] et de climats disparaissent 73v Ces iles sont encore aujourd'hui les points princi-paux de la séparation des eaux. Des Vosges et des monts voisins sortent les Meuse, la Saône, la Seine. Des Vosges et des monts voisins descendent vers le nord, la Meuse, vers le midi la Saône qui se verse dans le Rhône. De plus les Vosges se prolongent vers le midi et vers l'Ouest dans l'immense plateau de Dijon, et ce plateau verse la Seine. Des montagnes de l'Auvergne et des Cévennes la Loire, l'Allier, le Lot. D'un autre côté les montagnes de l'Auvergne, les Cévennes fournissent la Loire et l'Allier, le Lot qui dans une autre direction va rejoindre la Garonne. Séparation des eaux de la France. Ligne tirée des sources de la Garonne à l'extrémité des montagnes de l'Alsace. Si l'on tire une ligne des [?] de la Garonne jusqu'à l'extrémité des montagnes de l'Alsace, on aura la séparation des eaux de la France : d'un côté deux petits bassins, celui de la Meuse et celui de la Saône et du Rhône; de l'autre trois vastes bassins, ceux de la Garonne, de la Loire et de la Seine. La partie occidentale de la France est une pente vers l'océan. La France, moins des bassins de la Meuse et de la Saône et Rhône peut être définie une pente vers l'occident. L'An-gleterre est une pente vers l'océan. Nous avons donc un vaste bassin dont une partie sera la France et l'autre partie l'Angleterre. Vaste bassin formé par la France et l'Angle-terre. D'un côté les Pyrénées, les Cévennes, les Vos-ges; d'un autre côté le comté de Cornouailles, le pays de Galles, les hauteurs de l'Ecosse forment la circonférence de ce bassin. Ce moitié chemin du plus grand fleuve en fait est Londres, capitale de l'Angleterre. Ce moitié chemin d'un des plus grands fleuves français est Paris, capitale de la France. Le fonds du bassin c'est la Manche. Additions au bassin de Saöne et Rhône. Dans le bassin de Saône et Rhône nous de-vrons comprendre le cours supérieur de Rhône qui [?] le Valais en Suisse; nous ajouterons aussi la Savoie dont les rivières sont tributaires du Rhône. A ce bassin du Rhône se joint naturellement vers le midi une partie qui s'en va derrière les Pyrénées, c'est à dire le Roussillon qui faisait partie de l'ancienne Narbonnaise et le comté de Barcelone qui géologiquement n'appartient pas moins à la France qu'à l'Espagne 74r Partage de la France selon la terre. Partageons maintenant la France selon la terre. Cette vaste partie occidentale que nous avons nommée une pente vers l'océan est qui comprend 3 bassins séparons la en 2 par la Loire et la droite de ce fleuve nous aurons la Neustrie, à la gauche l'Aquitaine. Il nous reste les 2 bassins de la Meuse et de Saône et Rhône. Le bassin de la Meuse sera la Lorraine; le bassin de Saône et Rhône augmenté du Valais sera la Bourgogne. Mais le bassin de Saône et Rhône est coupé transver-salement par les longues montagnes du Jura: nous avons la Bourgogne transjurane et la Bourgogne cisju-rane. La 1ere première comprendra la Suisse, la Savoie, le Franche-Comté; la 2ème deuxième la Provence, le Dauphiné, la Bourgogne proprement dite et un peu du Languedoc. Pour être complet nous devons parler du grand bassin de l'Ebre dans l'Espagne du nord; il est séparé du corps de l'Espagne et dos à dos avec l'Aquitaine. C'est un pays montagneux; son centre est la Navarre; nous l'appele-rons rouyaume de Navare. Géographie de l'Allemagne Qu'est-ce que l'Allemagne. Comment est fait le corps de l'Allemagne. Nous remarquons au nord de l'Europe ce menaçant sourcil des Alpes de la Nor-wège Norvège, dont l'aspect est si sombre. Au midi d'étend l'immense chaine des Alpes qui traverse le Lombardie, l'Illyrie et la Grèce. Au nord des Alpes proprement dites est la vallée du Danube qui les sépare des monts Hercynio-Carpa-thiens. La vallée du Danube est sur un terrain fort élevé qui lié pour ainsi dire les alpes d'Italie au système hercynio-carpathien. Ces monts Hercynio-Carpathiens juqu'aux Alpes scandinaves s'étend un pays bas et plat, c'est le nord de l'Allemagne et la Baltique. Ce nord de l'Allemagne 74v avait autrefois le nom commun de Saxe ; aujourd'hui c'est la Westphalie, le Hanovre, le Mecklembourg, la Poméranie, la Prusse, etc. Des monts hercinio-carpathiens à la baltique courent un grand nombre de fleuves: l'Elbe sort des montagnes de la Bohème, le Weser de celles de la franconie; l'Oder a sa source dans la le Rhin Silésie. La Bavière nous apparait comme une plaine; le Bohême à l'air d'être le fond d'un carré de monta-gnes; ce sont cependant des terrains d'une grande élévation. Munich est à 400 toises au dessus du niveau de la mer, et l'Elbee sort à une telle hauteur et avec une si grande rapidité qu'il perce les montagnes de la Bohême pour descendre dans la Saxe. A Breslaw l'Oder est à une élévation de 400 ou 500 toises. La limite du pays des montagnes de l'Allemagne est marquée par le Mein qui se jette dans le Rhin à Mayence. C'est à la hauteur du Mein qu'on peut couper l'Allemagne. Au nord du Mein il n'y a presque plus de montagnes. A 15 lieues de distances le Mein et la Moselle se regardent. Le Mein tombe dans la Mayence, la Moselle à Coblentz; et c'est à la hauteur du Mein et de la Moselle que se trouve la ligne à tracer entre l'Allemagne mon-tagneuse et l'Allemagne du Nord. Nous ne voulons pas dire qu'un nord du Mein il n'y ait plus de monta-gnes en Allemagne; en effet les cours du Rhin et de l'Elbe sont contourés de hauteurs. Toujours est-il que cette di-vision entre le pays montagneux et le pays plat de l'Al-lemagne est fondamentale dans les partages qui eurent lieu entre tous les descendants de Charlemagne. D'un côté c'est la franconie, la souabe, la Bavière et plus tard l'Au-triche qui est une marche vers le pays des Slaves. D'un autre côté c'est la Saxe ancienne. Francfort, ville de franconie, est le centre de l'Al-lemagne sous les Carlovingiens. En effet l'Allemagne alors 75r embrassait la Lorraine et ne s'étendait pas jusqu'à la Pologne. Francfort, c'est la ville des francs, et le lien de l'histoire de l'Allemagne, ce sont les francs. Cette cité commerçante est la patrie de Goëthe. Nous nous réservons de faire la description géographique de l'Italie lorsque nous parlerons des Guelfes et des Gibelins. Avec ce que nous avons dit nous pouvons etudier avec fait le ttableau des démembrements de l'empire de Char-lemagne (Guizot. Tom. Tome 11 - Liv. Livre 9). Partage de Louis le débonnaire entre ses 3 fils. De son vivant Louis le débonnaire fit plusieurs partages entre ses 3 fils. Les avantages qu'il voulut donner à un 4e fils né d'un second lit fut l'occasion d'une lognue guerre civile dont la cause était dans l'hostilité des races. Mort de Louis 840 - Batille de Fontenai 841 - nouveau partage - 3 grands royaumes Louis meurt. En 841 après la sanglante bataille de Fontenaiy que Louis le germanique et Charles le Chauve avaient livrée à leur frère Lothaire, un nouveau partage divise l'empire de Charlemagne en trois grands royaumes d'Italie, de France et d'Allemagne. Lothaire, l'ainé, eut le centre de l'empire carlo-vingien, l'Italie, sauf quelques villes maritimes et la Calabre qui restaient aux Papes. Au delà de l'Italie il avait le pays compris entre le Rhône, la Saône et la Meuse à l'occident et les alpes et le Rhin à l'Orient, c'est à dire la Provence, le Dauphiné, la Savoie, la Suisse, une partie de la Lorraine, l'Alsace et une partie des Pays-Bas. C'était une longue bande dont les deux extrémités étaient la pointe de l'Italie et de la Hollande. C'est ainsi que de nos jours la Prusse d'étend comme un serpent depuis Hœnigsberg jusqu'à la France. Les deux autres frères avaient l'un la Germanie c'est à dire l'Orient du Rhin et des alpes, et une lutte 75v continuelle à soutenir contre les Slaves; l'autre le côté pacifique et dégénéré de la Neustrie et de l'Aquitai-ne. L'Aquitaine se sépara pour un temps sous Pepin, petit-fils de Louis le débonnaire. La Neustrie et l'Aquitaine formaient la France actuelle, moins les bassins de la Meu-se et de la Saône et Rhône. mort de Lothaire 855. Démembrement de son empire. Le royaume de Lothaire ne devait pas durer. C'est la Germanie, l'empire, qui profitera du démembrement. Lo-thaire meurt; son empire tombe en morceaux. Lothaire II a la Lorraine et les Pays-Bas, Charles II le royaume de Provence avec la Suisse; enfin Louis II est empereur et ne possède que l'Italie. Louis en allant combattre les Sarrasins est pris par les Lombards qui possédaient Bénévent; il nous reste sur sa captivité une complainte touchante dont le refrain se compose de ces mots: Benevento civitas. C'est ainsi que l'empire de Lothaire fut partagé en 3 morceaux. Et il y avait à cette époque une partie germanique et une partie française dans l'empire carlovingien, car le fameux traité de 840 entre Louis le germanique et Charles le chauve fut traduit à la fois dans la langue téotique ou tudesque et dans la langue franque, pour être compris des deux peuples. Nouveau partage à la mort de Charles le gros 888. - Sept royaumes. Voir le 1er ttableau. 50 ou 60 plus tard une nouvelle division s'opère. Il y a un royaume des francs sous Charles le simple, un royaume de Provence ou Bourgogne cisjurane, un royaume de Bourgogne transjurane qui comprend le Dauphiné et la Suisse, un royaume de Lorraine, qui n'est que le bassin de la Meuse, un royaume d'Allemagne, un royaume d'Italie, un royaume de Navarre. Cette division a lieu vers 888. Vers l'an 1000 nouveau partage, résultat d'usurpations locales et qui constitua la féodalité. Plus tard, vers l'an 1000, ces royaumes subissent un nouveau partage; mais ce partage n'est pas ostensible; il ne se fait pas par des actes, mais par des usurpations locales. C'est la constitution de la féodalité, un démembrement réel. (consulter la 24e leçon de M. Guizot) 76r Tableau de démembrement de l'empire de Charlemagne en 843. 1 Royaume de France Charles le chauve (840-877). Il comprenait les pays situés entre l'Escaut, la Meuse, la Saône, le Rhône, la mer méditerranée, l'Ebre et l'océan. 2 Royaume de Germanie Louis le germanique (840-876). Il comprenait les pays situés entre le Rhin, la mer du Nord, l'Elbe et les Alpes. 3 Royaume d'Italie. Lothaire 1er empereur (840-855). Il comprenait 1° l'Italie, sauf la Calabre; 2° les pays situés entre le Rhône, la Saône et la Meuse à l'occident, le Rhin et les Alpes à l'Orient, c'est à dire la Provence, le Dauphiné, la Savoie, la Suisse, la Franche Comté, une partie de la Bourgogne, la Lorraine, l'Alsace et une partie des Pays-Bas. 76v A la mort de Charlemagne son empire s'éten-dait du nord-est au sud-ouest, de l'Elbe en Allemagne à l'Ebre en Espagne; du nord au midi il allait de la mer du nord jusqu'à la Calabre, presqu'à l'extrémité de l'Italie. Son pouvoir d'exerçait sans doute fort inégale-ment dans ce vaste territoire; sur beaucoup de points on ne lui obéissait pas, on n'entendait même pas parler de lui, et il ne s'en inquiétait pas; cependant c'était là son empire. Au bout de 29 ans, en 843, après le traité de Verdun par lequel les fils de Louis le débonnaire, Lothaire, Charles le chauve et Louis le germanqieu se partagèrent cet empire, il formait 3 royaumes séparés, divisés selon la ttableau précédent. Chacun de ces royaume n'était pas une unité bien compacte: dans celui de France, par exemple, 2 ptinces, Pepin II en Aquitaine depuis 805 et Noménoë en Bretagne depuis 840 prenaient également la tête de roi et enlevaient à Charles le chauve la souveraineté d'une partie considérable de territoire. Le démembrement poursuivit son cours. Les ans après cette époque, en 888, à la mort de Charles le gros, le derniers des Carlovingiens qui ait pour réunir un mo-ment tous les états de Charlemagne, voici où il en était venu. Au lieu de [3?] royaumes nous en trouvons [3?]. 77r Tableau du démembrement de l'empire de Charlemagne vers la fin du IXe siècle. Royaumes. Rois. Coven. mort. Etendue. 1°Roy. Royaume de france Charles le simple 893-929 Les pays compris entre l'Escaut, la Meuse, la Saône, le Rhône, les Pyrénées et l'Océan, et une portion de la marche d'Espagne au-delà des Py-rénées, formant le comté de Barcelonne. 2° Roy. Royaume de navarre. Fortun le moine 880-905 Presque toute la marche d'Espagne entre les Pyrénées et l'Ebre. 3° Roy. Royaume de Provence ou Bourgogne cis-jurane Louis l'aveugle 890-928 Les Pays compris entre la Saône, le Rhône, les alpes, le Jura et la méditerranée. 4° Roy. Royaume de Bourgogne transjurane. Raoul 1er 888-[912?] Les pays compris entre le Jura, les alpes pen-nines et la Reuss, c'est à dire la Suisse, le Valais, le pays de Genève, le Chablaiz et le Bugey. 5° Roy. Royaume de Lorraine Zwentibold 895-900 Les pays compris entre le Rhin, la meuse, l'Escaut. 6° Roy. Royaume d'Allemagne Arnoul 888-899 Le pays compris entre le Rhin, la mer du Nord, l'Elbe, l'Oder et les Alpes. 7° Roy. Royaume d'Italie Bérenger 1er 888-924 Toute l'Italie jusqu'à la frontière du royaume de Naples, alors la principauté de Bé-névent et la Calabre. 77v 78r Etablissement de la féodalité et des dynasties nouvelles. Deux aristocraties en [?] au IXe siècle: féodalité, episcopat. Nous voyons au IXe siècle, deux aristocraties se former en Europe: Une aristocratie guerrière, et une aristocratie religieuse; d'une part la féodalité, de l'autre l'épiscopat. L'episcopat, il est vrai, existait déjà mais les évêques n'étaient pas encore seigneur. Les comtes existaient égale-ment mais ils n'étaient point indépendants. Les évêques vont devenir seigneurs. Les comtes vont devenir indépen-dant. Cette réssoution résolution sera le résultat naturel de l'état d'isolement, de dispersion où tombent toutes les localités. En Europe; il n'y a plus de pouvoir central. Au tempsoù nous sommes arrivés l'aristocratie armée regne règne en allemagne, l'aristocratie épiscopale en France. En effet, l'allemagne toujours menacée par les Slaves et les Hongrois, toujours obligée d'avoir les armes à la main, devait voir la féodalité. prendre de bonne heure une grande force; la france de son côté fit l'isolement des localités. profiter aux Evêques. En effet c'est toujours l'élément Romain qui y domine et surtout l'éle-ment Romain sous la forme Municipale; mais le gouvernement municipal était en grande partie épiscopal, car les êvèques se trouvaient, à l'époque de l'invasion, les protecteurs et les principaux habitans habitants des villes, Hist. Histoire du moyen age 12.

78v Et les paroles de Charles le chauve que nous allons rapporter prouvent à quel degré s'était élevé le pouvoir des Evêques Gaulois. Il disait en se plaignant des usurpateurs et des prétentions de ses frères: "Pourquoi ne m'accusent-ils pas devant les Evêques nos juges naturels". Cette aristocratie politique ne durera point, car elle ne suffit pas pour défendre le pays contre les normands: la féodalité armée prendra sa place, et la France aura un caractère analogue à celui de l'Allemagne. Désormais nous ne verrons plus que des comtes, des barons, des seigneurs; l'épiscopat perd sa puissance. Mais nous ne devons pas perdre de vue que l'aristocratie épiscopale a précédé en France l'aristocratie militaire; car c'est le principale caractère de notre histoire, et ce fait est vierge en conséquences. En allemagne c'est l'homme, la force matérielle qui domine; en France au contraire c'est la force spirituelle. En allemagne (l'allemagne du midi) les hommes se soumettent de bonne grâce a la dépendance de l'homme. en france ils ne veulent dépendre que de Dieu. ils n'obéissent qu'aux évêques qui parlent au nom de dieu. Dans la domination des évêques on passent le génie indépendant de la france; mais ce qu'il y a de singulier c'est de ce que l'allem-agne n'a jamais subi la domination épiscopale, les allemands ont conclu qu'elle avait eu un

79r génie indépendant et fier, tandis que on en doit tirer la conclusion contraire. En 877 l'épiscopat est tout puissant en france: les Evêques sont seigneurs en même temps qu'évêques; ils parlent au nom du pouvoir politique et du pouvoir Divin. Sous cette aristocratie épiscopale naissait la féodalité. Les bénéfices, c. a. d c'est-à-dire les terres données en récom-pense par les rois, étaient dpuis longtemps héréditai- (1) En 587 le traité d'Andelot conclu entre Gontran, Childebert et Brunehaut assure aux leudes la possession héréditaire de leurs bénéfices. En 614 Clotaire II souscrivit un édit qui garantissait encore l'hérédité du bénéfice. res (1) mais les comtés ne l'étaient pas encore; en effet les comtes étaient des magistrats qui avaient l'offre de juger et de conduire à la guerre les hommes du comté; et de ce que le père était capable de remplir cette charge, il ne s'en suivait pas que le fils en fut exactement capable. quoiqu'il en soit, en 877 Charles le Chauve par dl'édit de Kiersy sur Oise déclare que les comtés passeront désormais des pères aux enfants. (2) (2) L'office de comte parait n'avoir été primitivement que pour un certain nombre d'années ( Cum que ad reno-vandum actionem munera regó per filium transmisit. Greg. Tur. IV- L.2). Ainsi la royauté reconnait formellement l'hérédité des comtés plus tard un roi de la race de Charlemagne reconnut que la royauté n'était plus héréditaire mais élective; de sorte qu'a des époques assez rapprochées les comtés d'électifs héréditaire se reconnait élective. [Comment expliquer la faiblesse du gouvernement de Charles le Chauve ? On y voit sans doute à gouverner les comtés et déposséder les familles. mais faut-il aussi faire la part des dangers qui oblige[?]

79v la Royauté a rendre hommage au pouvoir local. Une nouvelle invasion de barbares force la royauté et l'épiscopat à s'humilier devant l'aristocratie féodale et guerrière. [Les grandes invasions par terre venues de l'orient avaient été arrêtées définitivement par les francs de Charlemagne. Ce prince avait pour ainsi dire cloué les Saxons au sol qu'ils occupaient. Les Hongrois et les Slaves viendront bien encore de l'Orient, Mais et il ne faudra pas moins que le grand Othum pour les repousser. Mais ce ne sont plus que des invasions de cavaliers qui n'eurent jamais le caractère national des anciennes invasions; ce ne sont que des troupes légères qui ne peuvent former d'établissement durables. Les invasions les plus redouttables étaient les invasions maratimes qui venaient du nord et du sud, des normands et des Sarrasins. Il est très remarquable que ces deux invasions étaient animées également fanatisme religieux d'Odin et de celui de Mahomet. Les Normands avaient une haine furieuse contre le Christianisme. partout ils brûlaient avec déli[?] les Eglises et les prêtres. c'était pour tirer vengeance des persécutions de Charlemagne contre les Saxons. Car ces pirates normands se composaient en grande

80r Partie de saxons réfugiés dans les contrées du nord. Il y avait même parmi eux beaucoup de serfs fugitifs qui se vengeaient de leurs anciens maitres. Nous voyons vers 866 le plus célèbre d'entre eux Hastings ravage toute la Gaule avec des troupes de 3 ou 400 hommes, et cet Hastings n'est ni un saxon ni un Sanois, c'est un paysan des environs de Troyes en Champagne, qui s'était echappé et avait pénétré jusque dans les contrées du nord et qui venait de temps en temps visiter ses anciens maitres. C'est ainsi que dans Priscus nous lisons qu'un grec forcé de quitter l'Empire par suite des abus de l'administra-tion impériale devint un des généraux d'Attila [Un fait remarquable c'est que c'est à peu près à la même époque que les Normands et les Sarrasins prirent pied sur les rivaes qu'ils s'étaient contentés jusque là de dévaster. Les Sarrasins complètent en 878 la conquête de la Sicile par la prise de Syracuse; et les Normands s'établissent en 912 dans la Normandie. C'est ainsi que depuis quatre siècles les Saxons s'étaient établis en Angleterre (448-584) et y avaient fondé Les sept royaumes qui furent réunis par le grand Egbert (800=827) roi de Wessex. Pendant les deux siècles qui suivirent, L'Angle-terre fut assaillie par de nouvelles populations

80v du Nord que les Anglais vu leur position géographique n'appelaient par Nomanda, mais Dancs, même mot que Degen (selon tous les Lexicographes) nom d'un des principaux peuples scandinaves. Les Danois fondent des colonies en Angleterre dès le milieu du Xe siècle et font la conquête entière de ce pays en 1017 sous leur grand roi Canut. En France l'aristocratie féodale s'éleva pour repousser ces hommes redouttables ce n'était pas en plaine avec un nombre supérieur qu'on attendait ces barbares. Partout on ne leur résistait que derrière des murs; quand ils remontaient sur de petites barques, l'Escaut, la Seine, La Loire, les moindres bandes faisaient fuir au loin les populations et s'em-paraient même des villes. Pris fut assiégé trois fois et en 866 sans le comte Eudes et sans L'Evêque Gosse-lui, qui prêcha et combatit, la ville eut été prise et détruite. De toutes parts en France des murailles sélevèrent; on reprit un peu de courage quand on vit les barbares échouer dans les sièges; mais ce n'étaient pas des remparts de villes qu'on bâtissait alors; les villes étaient misérables et depeuplées: c'étaient des maisons fortes, des châteaux. C'est vers la fin du IXe siècle et pendant

81r tout le Xe qu'on vit s'élever en France contre les Normands, en Allemagne contre les Hongrois, En Itlaie contre les Sarrasins et les Hongrois tous ces châteaux qui hérissèrent l'Europe féodale. Dans l'antiquité, toute défense, toute sûreté, toute puissance politique, appartient aux villes; au moyen âge la prépondérance appartient aux châteaux. C'est alors que les campagnes prennent à leur tour de l'impor-tance, et les destinées du genre humain y étaient inter-ressées. aussi au commencement du système féodal la population augmenta merveilleusement. tous les grands propriétaires de l'antiquité qui employaient leurs esclaves aux besoins de leur luxe, ne tenaient pas à voir augmenter cette population d'Esclaves: c'était un danger plutot qu'un avantage. aux temps féodaux au contraire le seigneur avait besoin de serfs nombreux, de vassaux; car il était continuellement menacé. S'il voyait donc parmi ses serviteurs un homme fort et résolu, il lui confiait quelque poste avancé, un moulin, une tour une tête de pont: il lui donnait celui en fief, à condi-tion de payer une légère redevance en argent si c'était un serf, s'il était d'une condition plus relevée.myennant un service militaire. Cet homme une

81v fuir établi avait une famille, des enfants. Partout la population s'accroissait avec une grande rapidité. C'était une chose merveilleuse de voir la france depeuplée a la fin du IXe siècle couverte d'homme au commencement du XIe. En 100 ans le desert s'est peuplé au milieu d'un nombre infini de calammités. Tels sont les bienfais du régime féodal à sa naissance. Considérons un instant ce seigneur isolé dans sa demeure nouvelle qu'il a fortifiée contre les barbares sur le sommet d'une montagne, comme la ville Pélasgique. Mais il y a quelque différence: Le sommet de la montagne pélasgique est un plateau où il y a une ville, le sommet de la montagne féodale est un pic où s'élève une tour; dans cette tour habite un homme et sa famille, sa femme et ses enfants, peut être quelques hommes libres qui combattent avec lui. Dans la vallée qui est au pied de la ontagne, habitent quelques cultivateurs à l'ombre de sa tour; et prêts à s'y réfugier au moindre danger. Au milieu de ces cabanes est une église. Ceux qui sont dans la vallée ne comptent pas; car ils dépendent de La tour. Cette petite société est dans un isolement complet. On ignore tout ce qui se passe au délà des limites

82r De la vallée; de loin en loin et d'une manière vague on apprend qu'il y a un roi, un pape, un empereur; mais c'est par hasard. Le propriétaire de la tour ne tient sa puissance ni de Dieu, comme dans les sociétés théocratiques, ni de la cité comme chez les anciens. Le patricien tient tous ses droits de la cité; son droit quiritaire ne lui vient que de la cité. le seigneur féodal ne relève que de sa lance. Cette position ne peut manquer de lui donner une insolence et une hauteur place odieuse que celle du patricien lui même. Aussi aucun régime ne sera plus haï que le régime féodal, malgré tous les avantages. Ces avantages sont d'abord et en première ligne la défense du térritoire; de plus cet homme qui vit toujours dans sa tour, environné de dangers avec sa femme et son enfant, combien ne tiendra-t-il pas davantage plus à sa famille que le citoyen des villes anciennes qui vivait sur les places publi-ques au milieu de ses concitoyens, et pour qui sa femme et son enfant étaient des choses? Les femmes joueront un grand rôle dans la féodalité et dans cette tour où il n'y a que deux personnes. la femme est l'idée de la société elle même. Enfin le système féodal sera asséné d'un merveilleux effet esprit

82v de perpétuité. L'homme est identifié à la terre qui ne meurt pas. Sa supériorité à l'égard de ses inférieurs son infériorité à l'égard de ses supérieurs. c'est tout à la terre qu'elle se rapporte. En un mot, pour employer la forte expression du droit féodal, Le seigneur sert son fief a l'égard du suzerain. Tels sont les élémens éléments qui composent la société nouvelle. L'homme se caractériese par la force ≠ et la grandeur, dans ce gouvernement féodal. Le seigneur c'est l'homme fort et vaillant sans crainte et sans ruses; tel est le type du baron. C'est ainsi que se forma au dess[?] la hideuse réalité, l'admirable idéal de la chevalerie vers lequel tendit sans pouvoir y parvenir le monde du moyen âge. De même qui la jeunesse avant de chercher l'ordre, le modéré, le positif, voit d'abord l'idéal; de même l emonde du moyen âge, avant d'avoir vu l'ordre de la civilisation, l'avait rêvé dans la perfection idéale de l'homme. Tel est le système qui va nous occuper; donnant d'abord un ttableau rapide des révolutions qui ont occupé le 9e et le 10e siècles. En l'an 1000 est l'apogée de la féodalité. à cette époque nous nous arrêterons sur les lois féodales. Nous avons vu les démembrement successifs de

83r L'empire de Charlemagne. Faisons l'histoire abrégée de tous ces royaumes aux quels il a donné naissance: D'abord les deux royaumes de Bourgogne furent réunis en 930 ; et en 1053 ils passèrent sous la souve-raineté de l'empereur d'Allemagne : nous ne nous y arrêterons pas d'avantage: nous ne nous occuperons que de l'Italie, de l'Allemagne et de la France. En Italie. la confusion commence de suite. Les marquis de Spolette, de Frioul, les marquis d'[?], de [?] reclament tous de grande droite et arrivent à l'indé-pendance. Dans Rome, dans la papauté même se retrouvent tous les désordres de la barbarie féodale. Les papes ne sont que de vaillants barons de l'état Romain. Guido à spolette, Béranger en Frioul sous ces chefs tantot ducs, tant marquis, descendent ou préten-dent descendre, au moins par les femmes, de Charle-magne, ainsi que le roi de france et L'empereur d'Allemagne. Charlemagne devient un de ces [?] à demai-mythologique [rature] dont la famille immense descend dans les temps historiques et peuple des parties du monde: c'est a peu près comme les Héraclides en Grèce. En Germanie nous avons vu trois royaumes après la mort de Louis le germanique (876). En 880 il n'y en a plus que deux, d'un côté la Souabe et la

83v Bavière, de l'autre la Saxe, le midi et le nord; division profonde que nous suivrons dans toute l'histoire d'Allemagne jusqu'en 1831. En france la minorité du seul descendant de Charles le chauve donne l'empire au troisième fils de Louis Le Germanique, déjà héritier de la Bavière et de l'Italie et qui va bientot hériter de la Saxe. Ainsi ce prince possède l'Italie, la france, et l'Allemagne. Il prend le nom de grand (der Grosser) grosser; mais son caractère lâche et faible a fait donner à ce mot une toute autre signification. c'est un second Charlemagne, mais un charlemagne dérisoire. il ne réunit l'empire que pour témoi-gner une seconde fois de l'impuissance d'une vaste organisation sociale. Il est deposé en 887 et l'empire est démembré pour jamais. [L'Allemagne a toujours la préponderance, et dans bien des siècles encore la chancellerie impériale donnera aux rois le nom de reges provinciales. Le batard arnoulf rêgne dans ce pays, bat les Hongrois, revoit l'hommage des rois de france., d'Italie, de Bourgogne, et dispose du royaume de Lorraine en faveur de son fils Zwentibold (2 fois hardi).

84r zwentibold trouva des adversaires dans les populations Celtiques et Romaines qui occupaient une grande partie de son royaume: cette opposition est expimée par la lutte qu'il eût a soutenir contre son rival Regnier Ou ou renard. Les aventures de cette guerre sont racontées par un vieux poëme poème qui nous montre aux prises le génie barbare, le génie de la force, avec le génie civilisé, le génie de la ruse. Arnoulf laissa l'empire a son fils Louis l'enfant qui fut le dernier Roi carolingien de la Germanie de même qu'un Louis (le fainéant) sera le dernier Carolingien de la france. Et déjà un chef étranger à la famille carolingienne un simple comte de Paris se trouvait alors roi de france; c'est Eudes qui avait usurpé le trône sur Charles le simple fut reconnu roi et il ne rêgna que pour céder une partie du territoire aux Normands. Leur chef Roll consent en 912, puis qu'il n'y avant plus rien à prendre sur la terre, à prendre la terre elle même: il consent même a à rendre hommage. On sait l'affront qu'un des héros de Roll fit au a à cette occasion. Ainsi l'invasion

84v des Normands s'arrête en france; mais les Slaves, les Hongrois menacent toujours l'Allemagne; ils ne cherchent pas à s'y établir mais ils la dévastent sans pitié. En 911 la race Carlovin-gienne étant éteinte en Allemagne en délibéra si ce serait un Saxon ou un franconien, un homme du nord, ou un homme du midi qui aurait l'empire. Le saxon est Othon, le franconien Conrad; Quant aux Lorrains, ils ne veulent ni de l'un ni de l'autre; ils semblent se souvenir du temps de Charlemagne où sous le nom d'Ostrasie ils commandaient à l'Empire tout entier; ils veulent se donner à la france, c.a.d c'est-à-dire rester libre. Cependant, comme les Hongrois menaçaient le midi de l'allemagne, ce fut proba-blement le motif qui décida de à nommer le franconien. Après la mort de Conrad on nomma un saxon c'est henri l'oiseleur, fils d'Othon, le vrai fondateur de la féodalité Germanique; il est le Ier roi de la fameuse maison de saxe: il descend bien entendu de Charles Martel, mais par les femmes seulement; il est du reste saxon de Race et de

85r Naissance. La vieille persécution contre la Saxe est enfin réparée. Henri l'oiseleur est réprésenté comme l'un des héros de la race Germanique. Il fonda pour arrêter les slaves les margeaviata de Brande: bourg, de La saxe, de misnie, celui de Sleswig pour arrêter les Danois et les Slaves du nord. Ces éta-blissements nous donnent la lomite même de l'empire à cette époque. Il défit les Hongrois à la grande bataille de Mersbourg. Pour les mieux arrêter, il commença à bâtir pour recevoir la population des campagnes, non plus des châ-teaux forts, mais de grandes enceintes murées. en un mot on commença a à s'aviser des villes, on inventa les villes en Allemagne; chose tout-a-fait tout-à-fait contraire au vieux génie d'isolement de cette race. Chacun s'arrête où il veut, près d'une source, à l'entrée d'un bois, dans une vallée, chacun selon un plaisir, nous dit Tacite avec une vérité parfaire. Les villes d'Allemagne encore de nos jours ont un caractère agreste. La nature sauvage s'avance jusqu'au milieu des vilels. nous parlons ici des villes de la vieille allemagne, car il y a des villes toutes récentes qui sont

85v Sans murailles, ornées de trottoirs et qui ressemblent à celles du reste de l'Europe. Il fallut un danger bien pressant pour décider la population allemande à s'enfermer dans ces villes. Henri L'oiseleur leur accorda des privilèges; au reste ces privilèges leur appartenaient par le fait même de leur existence. Dans l'état d'isolement où se trouvait alors la société, chaque ville était à tout instant dans la nécessité de prendre des déterminations en commun. quand les barbares approchaient on sonnait la cloche, de la commune, on rassemblait les habitants, on nommait des chefs pour suivre un plan de défanse. Bientot les vilels ne suffirent plus à la population. Des pieux furent plantés autour des remparts pour y mettre a l'abri les troupeaux et les gens de la campagne qui se réfugiaient dans la ville. Pieu. se dit Pfall en allemand; de la les habitant de cette enceinte furent nommés Pfallburgel; voilà l'origine et l'étymologie des faubourgs. Othon le grand, fils de Henri l'oiseuleur, sucède à son frère en 936; nouveau Charlemagne il veut arrêter non seulement les invasions mais les courses des peuples payens. A son

86r Couronnement Othon dina avec les trois archevêques de Mayence, de Cologne, et de Trêves; il fut servi par le duc de Lorraine, grand Chambellan, le duc de Bavière, grand maréchal, le comte Palatin grand sénéchal, le duc de Souabe grand échanson. Telle est l'origine du grand dignitaire et du cérémonial de l'empire. Les fonctions domestiques ne passaient pas pour dégradantes dans l'idée des Germains dans les Niebelungen, une des épées rapides de Gunther le brave Runlvolt est tugen meister. [Ce qui fit la force et la grandeur d'Othon c'est que la maison de Bavière, maitresse du midi de l'Allemagne, fut partagée enre les trois fils d'Arnoult le mauvais, qui fondèrent les trois maisons d'Outvielze, de Wittenbach actuellement rêgnante et palatine. (Les comtes Palatins sont les juges du palais et de tous les hommes qui dépendent du palais c-à-d c'est-à-dire de l'armée.) La franconie voulut résister à Othon, mais elle fut réprimée. La Lorraine fut replacée sous la souveraineté de l'Empire. Les slaves de Bohême furent soumis a un tribut. Enfin Othon

86v Passe en Italie pour revendiquer la couronne Imperiale. Voici qu'il était l'état de cette contrée. Le petit fils de ce duc de Frioul qui prétendait descendre de Charlemagne, Beranger II, était sur le point de se rendre maitre du trône, malgré l'opposition d'un grand nombre de Seigneur. Il avait fait mourir son prédecesseur, et voulait forcer la veuve à épouser son fils; il la tenait en prison dans une île du lac de Garda. Ste Adelaïde parvint à s'échapper: elle se réfugia à Canussa en Pouille et appela les Allemands. Othon n'avait pas besoin des prières d'une femme pour se décider à la conquête de l'Italie. Il franchit Les Alpes en 952, et au milieu d'un pays aussi divisé il réunit sans peine; il se fit couronner roi a Milan, épousa la reine Adélaïde afin par cette alliance de faire goûter au pays la domination étrangère. Cependant tandis qu'Othon était au comble de la puissance, il apprend qu'un de ses fils s'est révolté est que les Hongrois sont en Bavière aux portes d'Augsbourg. Othon répasse les

87r Alpes, et livre une grande bataille, où il se fait entourer de quelques toutes les reliques de ses états; la lance de Charle-magne, la barrière de Ste Maurice, l'épée de Constantin. Derrière lui on porte La sainte lance dont la pointe a été forgée des clous de la vraie croix. Henri L'oiseleur l'avait enlevée à grande peine au roi de Bourgogne en lui faisant de grandes menaces et en lui cédant des provinces de son empire. Les Hongrois sont vaincus et refoulés dans le pays qui portent leur nom: ils n'en sortiront plus désormais que rarement et dans danger pour la chrétienté. Cette victoire d'Othon sur les Hongrois peut être comparée avec la fameuse victoire de Ch. Charles Martel sur les Sarrasins. Un mariage avait été projeté entre Charlemagne et l'impératrice d'Orient Irène. Le fils d'Othon épou-sa la princesse Théophanie, fille de Nicéphore Phocas Empereur d'Orient, (973). [A la mort d'Othon la Bavière se révolte; suite de l'inimitié qui règnait entre le midi et le nord de l'Allemagne. Othon II dépossède le duc de Bavière. réunit de nouveau de la Lorraine, vainqueur à la fois de la france et du midi de L'allemagne. Il essaya de

87v Réunir aussi à ses états l'Italie grecque; Mais il mourut à Rome sans y avoir réussi: il avait été surnommé le sanguinaire: En effet son séjour à Rome est célèbre par le massacre des Consuls Romains. Rome, comme Marseille et tant d'autres villes municipales, avait des Magistrats appelés consuls qui se rapprochaient plus par leur nom que par leur attribution des consuls de la vieille Rome. Othon II mourue jeune et son fils encore enfant lui succéda. Il alla en Italie re-nouveler les entreprises de son père. Crescenzo avait chassé le pape de Rome et proclamé la république: à l'approche de l'Empereur il se retira dans le château Ste Ange. d''où Othon III le fait sortir par un parjure et le livre au supplice. Othon épouse ensuite la veuve de sa victime qui n'accepte que pour l'empoisonner: dans Othon III s'éteignit la postérité du grand Othon et avec une famille on peut dire que l'Italie échappa à l'empire. Le duc de Bavière, Henri, arrière petit fils de Henri l'oiseleur, devint roi de Germanie; il travailla inutie-ment à retenir l'Italie pour sa puissance.

29e leçon d'histoire moderne. Pise, Gènes, et Venise jusqu'en 1300. Il faut absolument caractériser les 3 grands gr. Caractère des 3 cités. Républiques maritimes de l'Italie. Pise est à plusieurs lieues de la mer, Gènes est sur>la mer, Venise dans la mer ; Jour Gènes aura l'avantage sur Pise ; Venise sur Gènes. Venise flotte à l'a été définie une flotte à l'ancre au milieu de l'Adriatique. Il est résulté de là des choses singulières ; tout le contraire de ce qu'on aurait du prévoir. Les Vénètes ce peuple mou qui seul de tous les Italiens se soumit à Rome sans la moindre résistance, ce peuple le moins belliqueux le moins conquérant de tous les peuples l'emporta pourtant sur ces durs et intraittables liguriens, et leur obstination invincible. Les marchands en un mot l'emportent sur les héros. La méthode demande que nous commencions Méthode par la ville qui tomba la 1re c. à d. par Pise, ensuite nous passerons à Gènes puis

de' de Carrare. Là commencent les fôrets forets d'Olivier. On se sent en Toscane. Les hoes changent aussi. À A Gènes la population est très laide ; on rencontre à Lucques Lucque des hoes frais, bien portant, bien habillés. Vers Pise le Pays est de plus en plus riche. C'est un sol gras, une air température admirable : c'est la Béotie béotie de l'Italie. Au milieu coule l'Arno, un beau fleuve au milieu de belles campagnes. Dans la ville il n'y a guère de mouvements tous sont sur une seule place. Sur cette place est rassemblée toute la splendeur de lavieille ville. La tour penchée avec la spirale qui l'entoure : la cathédrale ds. le styleest plutôt Byzantin que Gothique avec ses ogives écrasés, ses légères colonnes, et son christ immense peint sur un fond d'or. Enfin le cloître immense du Co. Santo. Pise est ruinée depuis l.t. ; au 15e siècle c'était déjà de l'histoire. I. Pise Le peuple de Pise en haine des 2 villes Guelfes de Florence et de Gènes était Gibelin Pise attaché aux empereurs particulièrement à la maison de Sonabe. Pise avait fait de grandes enquêtes dans la Méditerranée méditerranée Pise avait la Sardaigne et la Corse ; mais il paraît qu'elle ne se sentait pas assez forte sur terre pour les défendre. Elle29e leçon d'histoire moderne. Pise, Gènes, et Venise jusqu'en 1300. Il faut absolument caractériser les 3 grands gr. Caractère des 3 cités. Républiques maritimes de l'Italie. Pise est à plusieurs lieues de la mer, Gènes est sur>la mer, Venise dans la mer ; Jour Gènes aura l'avantage sur Pise ; Venise sur Gènes. Venise flotte à l'a été définie une flotte à l'ancre au milieu de l'Adriatique. Il est résulté de là des choses singulières ; tout le contraire de ce qu'on aurait du prévoir. Les Vénètes ce peuple mou qui seul de tous les Italiens se soumit à Rome sans la moindre résistance, ce peuple le moins belliqueux le moins conquérant de tous les peuples l'emporta pourtant sur ces durs et intraittables liguriens, et leur obstination invincible. Les marchands en un mot l'emportent sur les héros. La méthode demande que nous commencions Méthode par la ville qui tomba la 1re c. à d. par Pise, ensuite nous passerons à Gènes puis

s'entendit avec l'empereur et il paraît qu'elle lui aurait cédé définitivement les 2 îles isles s'il avait pu les lui défendre. Gènes disputait à Pise les 2 îles isles qui avaient été conquises en commun. À A ce moment le parti Guelfe dominait dnas toute l'Italie. La malheureuse Pise pise restait presque seule attachée à l'empereur. En 1284 elle livra aux Génois Gènois une grande bat. navale non loin du promontoire de Méloria, Morosini étant podestat à Pise, Ugolini amiral. (Cet Ugolini se prétendait issu coe la plupart des familles de la hte aristocratie Pisane, les Lanfranchi, les Sismondi... des barons Allemands venus en Italie avec les Othons) Les Génois s'avisèrent d'un stratagème qui réussit complètement. Ils ne combattirent d'abord qu'avec une partie de leur flotte. Puis au moment où ou les 2 armées étaient fatiguées, cette réserve fondit sur les Génois Pisans qui crurent voir une flotte nouvelle. On dit que le Cte Ugolini se réjouit du désastre de sa patrie ; voyant 5 000 morts et 11 000 prisonniers il conçut l'espoir de devenir tyran de Pise : 11 000 hoes furent amenés captifs à Gènes et

y moururent. Les Pisans eurent beau envoyer des ambassades, offrir tout l'argent qu'on voudrait tout fut inutile. Voulez-vous voir Pise, allez à Gènes, devint un espèce de proverbe en Italie. Au même moment précisément Florence et toutes les villes Guelfes de Toscane se réunirent pour anoblir Pise. Ugolini trahit, dit-on, sa patrie, reçut recut de grandes soes d'or dans des bouteilles qui renfermaient au lieu de vin des pièces de monnaie. Il fit une paix honteuse. et devint par cette paix le maître d'une ville dépeuplée. Il y commit les actes les plus cruels, les plus insensés. Il tua même un hoe qui lui apprenait une mauvaise nouvelle. On raconta qu'en rentrant d. la ville fier et triomphant il répétait : Que me manque t-il maintenant. Un de ses amis lui répondit Rien que la colère de Dieu. Elle éclata bientôt. Ugolini avait tué le neveu de l'archevêque de Pise. Une insurrection imprévue éclata ; on se battit dans les rues, Ugolini fut saisi et renfermé dans une tour. Alors une avec ses enfants. Alors une gr. famine jointe à ttes les autres calamités désolait la ville. On se doute bien que les prs qu'on oublia de nourrir furent les prisonniers. Ugolini mourut de faim avec ses enfants dans son cachot. Toutefois il fut impossible aux vainqueurs

de mieux défendre la ville. En 1290 Pise se soumit aux Génois accepta un traité humiliant. Le port de Pise à l'entrée de l'Arno fut comblé. Avant 1300 il ne restait plus que 2 puissances maritimes, en Italie et tout portait à croire que Gènes serait bientôt la seule. Quant à Ugolini il n'est pas bien évident qu'il y ait eu trahison. Dans ce gouvernt. désordonné des villes italiennes il se peut que le peuple se soit posté à la violence contre un traité nécessaire mais honteux. II. Gènes Cinq ans après le désastre de Pise Gènes lança à la mer 155 Galères portant chacune 2 ou 300 hoes. Elle ne le ferait certes pas aujourd'hui. Le mal intérieur de cette cité fut justement ce qui eut du faire sa grandeur. Les individus étaient tous extrêmement ardents, courageux, mais en même t. incapables de soumission. Dans toutes les montagnes de la Ligurie il y avait des châteaux forts occupés par une noblesse très fières ; dans ce port étaient des hoes non moins intraittables, ces amiraux de la repes, ces commerçants, ces marins. Peu à peu parmi ces drs se forma une noblesse d'argent. C'est la même marche encore qu'à Rome et en Angleterre. Parmi la noblesse de naissance brillaient les Spinola,

les Fierchi, les Grimaldi, les Doria ; parmi la noblesse d'argent les Adorni, et les Frigoni. Gènes essaya tous les gouvts. D'abord des consuls ; ensuite des podestats étrangers (on se défiait des citoyens) ; sous ces podestats étaient un consul, le sénat, et l'assemblée du peuple. Les monuments de ce temps sont pleins de grandeur. Ainsi le palais du doge est plein de salles immenses qui font bien voir que tout un peuple a gouverné là, qu'il fallait au besoin contenir d. une seule enceinte l'équipage de toute une flotte descendre à terre. Gènes se laissa des podest. Vers le mil. 19e s. : elle prit des capitaines du peuple. On n'était pas encore content. Les révolutions se succédaients ; Gènes était en proie à de terribles agitations. Il n'y a pas de gr. monarchie ds. l'histoire soit plus compliqué, pl. embrouillée que celle de cette petite répe. Enfin un jour que les partis étaient en patience, sans bien savoir sur quels sujets, qu'on ne décidait rien, une hoe du peuple s'avisa de jeter un nom en l'air, probablement sans intention bien déterminée. Il crie Boccanegra, tt le monde répète : Boccanegra ! C'était un citoyen obscu honnête, mais obscure et de de petite naissance. Les uns crient : capitaine du peuple ! les autres : podestat ! d'autres : abbé du peuple (père). Enfin on se mit à crier : Doge !

Il n'y avait pas moyen de monter plus haut. Boccanegra fut doge. Bientôt tout le monde en fut si mécontent qu'on le chassa. d'un consentement unanime. Bientôt on se persuada que la seule cause de troubles était la trop gr. puissance des nobles. On leur ôta jusqu'au droit de citoyen. Les vainqueurs de tant de flottes n'eurent plus le droit de voter dans les assemblées. Quand les nobles ne purent plus être citoyens la plus grande faveur qu'on put leur faire fut de les dégrader. Voyons maintenant le sort de Venise jusqu'en 1300. III. Venise Venise se trouva avoir un très grand avantage ; celui qu'eut plus tard la maison d'Autriche. Elle avait sous la main les plus belliqueux et les moins intellectuels, les moins civilisés de tous les peuples, les Havu. De bonne heure elle s'était rendue maîtresse de la Dalmatie. C'et la plus grande conquête qu'elle put faire. Les Italiens se sont pas des soldats dociles, intrépides coe les Havu. En outre Venise entretenait des relations continuelles avec les Epirotes, on sait combien cette terre l'Epire fut toujours une terre de guerriers. Venise fut donc de bonne heure riche et puissante. En 1204 les héros de la 4e croisade viennent en pleurs demander des vaisseaux à Venise. Elle a l'habileté de tourner leurs héroïques épées

contre un tout autre but que la terre ste d'abord Zara ensuite C.P. Les Vénitiens surent se faire très bien payer, et encore ils eurent toutes les conquêtes, du moins celles qu'on pouvait conserver. En effet les Croisés eurent la terre ferme c. à d. la guerre contre les Barbares et les Grecs, eux les ports, les îles isles et la mer. Le doge s'intitula seigneur d'un quart et demi de l'emp. Grec. Mais les rivaux des Vénitiens les Génois avaient eu jusque là une forte part dans le commerce de l'empire grec Grecque depuis la décadence de sa marine. C'était au fonds sur eux que Venise avait conquis C.O. La guerre entre les Grecs et les Latins fut surtout une guerre entre Gènes et Venise. Les bandes mercenaires des Catalans, jointes aux galères Génoises rendirent très dangereuse la situation des Vénitiens dans l'orient. Venise au lieu de tt garder, ce qui l'exposait à tout perdre céda une partie de ses conquêtes à des particuliers Vénitiens qui les possédèrent en fief et les gardèrent par tous les efforts possibles. dans le reste elle paya des soldats et se maintint coe elle put. Au reste Venise était maîtresse maîtresses de toutes les positions maritimes de l'Orient. Elle acheta Corfou, Caudie... La mie de Montferrat roi de Thessalie se trouvait avoir cette i. importante, mais coe Il n'y avait pas moyen de monter plus haut. Boccanegra fut doge. Bientôt tout le monde en fut si mécontent qu'on le chassa. d'un consentement unanime. Bientôt on se persuada que la seule cause de troubles était la trop gr. puissance des nobles. On leur ôta jusqu'au droit de citoyen. Les vainqueurs de tant de flottes n'eurent plus le droit de voter dans les assemblées. Quand les nobles ne purent plus être citoyens la plus grande faveur qu'on put leur faire fut de les dégrader. Voyons maintenant le sort de Venise jusqu'en 1300. III. Venise Venise se trouva avoir un très grand avantage ; celui qu'eut plus tard la maison d'Autriche. Elle avait sous la main les plus belliqueux et les moins intellectuels, les moins civilisés de tous les peuples, les Havu. De bonne heure elle s'était rendue maîtresse de la Dalmatie. C'et la plus grande conquête qu'elle put faire. Les Italiens se sont pas des soldats dociles, intrépides coe les Havu. En outre Venise entretenait des relations continuelles avec les Epirotes, on sait combien cette terre l'Epire fut toujours une terre de guerriers. Venise fut donc de bonne heure riche et puissante. En 1204 les héros de la 4e croisade viennent en pleurs demander des vaisseaux à Venise. Elle a l'habileté de tourner leurs héroïques épées

il n'avait pas un vaisseau, il fallut bien l'en défaire. Venise se fit de tous côtés poursuivie par la jalousie. Peu à peu il en lui resta plus que les îles isles. Cependt elle avait fait d'immenses travaux dans l'inte du pays. Des chaussées, des ports, des forteresses. Enfin il subsiste en Grèce autant de ruines Vénitiennes, que de ruines Grecques. Venise poursuivie d. les i. se vit enlever Rhodes, Lemnos, Chio par Michel Paléologue qui céda cette dre aux Génois. C'est alors le beau temps de Gènes. Un Doria vainquit les Vénitiens à Corzolo, André Dandolo étant doge à Venise. On crut alors sentir le besoin de rendre le gouvnet. plus fort (1299). Sous le doge Graduigo une paix honteuse est conclue avec Gènes ; aussitôt le gouvet. est changé. De démocr. il devient une pure aristocratie. La révolution ne se fit pas sans réclamation. Il y eut deux conjurations. On se battit dans la ville. Le parti du peuple fut écrasé, et la révolution s'en affermit d'autant mieux. Voici en quoi consistait ce nau gouvt. Dès 1174 on avait établi un gr. conseil composé de 484 cit. choisies d. les 12 quartiers par 12 tribuns étaient électeurs. Le gr. conseil nommait le doge. On voyait bien p. l'exemple de Gènes qu'il était impossible de gouverner vigoureusement avec l'aristocratie. Les 12 tribuns étaient élus par le peuple mais bientôt le gr. conseil s'arrogea le droit de les élire. Ainsi le gr. conseil élisait les tribuns ; les tribuns le gr. conseil ; le gouvet était renfermé dans un cercle ; le peuple n'est plus rien. Mais la révon ne se ferait pas au profit du doge, tout au contraire son autorité diminuait ts les jours. Le doge avait eu jusque là le pouvoir judiciaire, il fut remplacé par la quarantie.

criminel. On imposa au doge qui jusque là s'était choisi ses conseillers un petit conseil de 60 membres. Enfin on alla jusqu'à nommer 5 correcteurs du serment du Doge, qui devaient examiner à chaq. avénement ce qui avait échappé à la sollicitude de l'aristocratie. Après la mort du doge des inquisiteurs rechercheront sa conduite, et s'il est trouvé coupable ses biens seront confisqués ses enfants ruinés. Il ne manque un gr. conseil que de se rendre héréditaire. Ce qui eut lieu. En 1300 on ferma le livre d'or. Mais ce gr. conseil était encore un souverain bien nombreux ; il fallait une action plus prompte, un secret plus assuré. En 1310 on établit le conseil des composé de 10 conseillers rouges simples membres, de 6 conseillers rouges formant la seigneurie enfin le doge. Le conseil des 10 d'abord à temps, se perpétua et devint viager. Plus tard, mais bien plus tard on le trouva trop nombreux, on nomma 3 inquisiteurs d'état. Il n'y avait pas moyen d'aller plus loin sans aller à la monarchie. On connait maintenant les terribles reglt. de ce conseil, qui jusqu'à Bonaparte n'étaient jamais sortir de la cassette des inquisiteurs toute liberté leur était donnée de faire assassiner non pas seulement les coupables mais même ceux qu'ils soupçonnaient ; si un hoe allait établir à l'étranger une industrie utile à Venise on lui ferait sommation de revenir, s'il ne revenait pas il était assassiné. Ce qu'il y a de plus horrible c'est que ces lois étaient complètement ignorées. De ces 3 inquisiteurs deux pouvaient faire le procès à l'autre et le faire jeter dans les lagunes. Ce gouvet. atroce se perpétua plusieurs siècles par plusieurs raisons. La ppale c'est que Venise était un des lieux du monde où le peuple était le plus heureux sous le rapport matériel. Cétait un gouvt. atroce mais non déraisonnable. De plus chaque noble avait la chance de devenir tyran à son tour. Au reste ce gouvernement mourut vérittablement au temps de la ligue de lambray : il y avait 300 qu'il était mort lorsque Les Français entrèrent à Venise.
Liste des Résumés 1 Les continents 2 courants 3 Composition du sol 4 Feu souterrain 5 Relief du sol 6 Relief d'Asie 7 " d'Amérique du Nord 8 " " du Sud 9 " d'Afrique 10 " d'Australie 11 Fleuves. Glaciers. [illisible] Courants 12 Le Congo - 13 Le Gange 14 Le Nil 15 L'Amour 16 Le Yau-tse-Kiang 17 Le Tigre et l'Euphrate 18 Le Mississippi 19 [illisible] de la Russie 20 21 22 23 24 25
Cours d'Histoire du moyen age. par m. Michelet. Ecole normale. année scholaire scolaire 1830-1831.

Ms 9 cotation de la main du bibliothécaire

Inventaire.

Br

I Notes sur les conférences, 3 ème cahier. (1830) Ecole normale supérieure estampille de la bibliothèque Nota 1 leçon de Jouffroy sur la pphie philosophie de l'histoire 1 leçon de Michelet sur la loi écrite et la loi naturelle, datée du 2 juillet 1830. II. Notes sur les conférences, année 1832, confce conférence de Mr Michelet. Nota. [rature] Leçon autographiée: vues sur l'histoire du christianisme. - Rédaction de Mr Monin destinée à rendre compte de la fin. Note marginale: "La fin n'a pas été autographiée ni même rédigée. Mes notes seules peuvent suppléer quelque peu." [texte illisible]. de 1 à 13

Bv

III. Hist. Histoire générale (ancienne) de 1 à 13. IV 1 ere leçon sur l'hist. des Empereurs (avec le nom de Michelet.) V. Leçon d'histoire moderne (mioyen-âge). n° 1,2, (partie de 4 ?) 5 à 9. 24 à 40. d'Espagne au moyen âge est le dernière leçon.

1r pagination inscrite de la main du bibliothécaire

Ecole normale Programme du cours d'histoire (seconde année.) Invasion des barbares - Fritigern, Alaric, Rodogaste. divers établissements des barbares- Attila Theodoric et Clovis Justinien, Compilation des lois romaines - Premières redactions des lois barbares (Salique - Ripuaire) Orient - Mahomet : Conquetes des arabes jusqu'à l'invasion d'Espagne en 712. Occident - merovingiens, maires ; Ch. Charles Martel vainqueur des sarrazins et des saxons Charlemagne ; capitulaires, essais d'organisation; ruine des Lombards; gueres d'Espagne et de Saxe. Decadence de la seconde race et demembrement de l'empire de Charlemagne Invasions des saxons en angleterre - heptarchie reunie par Egbert - Invasions des normands en France et leur etablissement sous Charles le Simple Progrès du systeme feodal - caractère de ce système en France et en Allemagne vers l'an 1000 Conquete de l'angleterre par Guillaume le batard et de Naples et de Sicile par Robert Guiscard et Roger Gregoire VII et Henri IV, 1ere Epoque des querelles de l'empire et du sacerdoce Histoire des trois premières croisades - conquête et perte de Jérusalem 4e croisade ; Empire latin à constantinople Dernières croisades, tentatives sur Jerusalem, l'Egypte, Tunis, St Louis Suite des querelles du sacerdoce et de l'empire Alexandre III et Frederic Barberousse - 3- epoque de ces querelles. Innocent IV et Frederic II Histoire des rois de France de la 3eme race Louis le gros et Suger; Philippe Auguste, St Louis Angleterre - Henri II, Richard- cœur de lion. Jean sans terre, Henri III Lutte de l'angleterre et de la France sous Philippe le bel et Edouard I Tyrannie de la France en Europe jusqu'à la défaite de Ph. Philippe de Valois à Crecy. Coup d'œil sur l'histoire d'Italie au 13 et 14 "S. - Grandeur de Venise et de Florence: conquete de Naples par la maison d'Anjou, Vepres siciliennes. Revue de l'histoire d'allemagne - grand interegne - Rodolphe de Habsbourg - affranchissement de la Suisse. Wiclef et Jean Huss - Concile de Constance France et Angleterre - lutte des deux royaumes préondérance de l'angleterre sous Jean, de la France sous Charles V : troubles interieurs de la France. Nouveaux troubles sous Charles VI ; Bourguignons et armagnacs ; victoire des anglais à Azincourt Pucelle d'Orléans Guerre des Turcs 1453 France en Pays Bas, Angleterre et Ecosse, Espagne et Portugal, dans la seconde moitié du XV S. Premieres guerres d'Italie Charles V François I et Leon X Luther, reforme en Angleterre et dans le nord de l'Europe Calvin, la reforme en France en Angleterre en Ecosse, aux pays bas jusqu'à la St Barthelemy (suite) - Jusqu'à la mort de Henri IV. Coup d'œil sur la situation des puissances belligerantes après les guerres de religion revolution d'Angleterre Guerre de trente ans Decouvertes et colonies des modernes - Les Portugais aux Indes Decouverte de l'Amerique. Conquetes et etablissements des Espagnols aux 15 et 16 .S. Louis XIV Evenemens politiques de son regne administration de ce prince - Succession d'Espagne Guerre de la sucession d'Autriche et guerre de sept ans. Revue sommaire de l'histoire d'Espagne Revue sommaire de l'histoire du nord (Etats slaves en Scandinavie) et de celle des Turcs.

2r

Monin

1re Leçon. Le monde, Romain sous les empereurs.

Notre cours est un cours d'histoire moderne, Précédents de la société moderne. c'est à dire d'abord un cours du moyen âge. Car on ne peut comprendre l'histoire moderne sans le moyen âge. L'histoire moderne c'est à dire les 3 drs derniers siècles ne sont qu'une négation du moyen âge ; celle c'est une lutte qui n'est pas encore achevée; c'est tout au plus si elle s'achève maintenant. C'est donc du moyen âge dont il s'agit. Nous savons parfaitement d'où nous venons ; où nous allons, nous l'ignorons. Mais avant même de donner les traits gaux généraux de l'hist. l'histoire du moyen âge nous ne pouvons nous dispenser de montrer comment il se rattache à l'âge précédent. Bon gré, mal gré il faut dire un mot de l'empire Romain. En effet dans ce moyen âge où nous allons entrer, la moitié des éléments sont Romains ; un côté Romain, un côté barbare, c'est le moyen âge. Beaucoup de raisons se réunissent pour nous inviter à parler encore de Rome. Il faut rattacher notre cours de cette année au cours de l'année précédente. Enfin l'histoire du moyen âge ne doit être pour nous surtout une l'histoire de France; et parce que la France le mérite; et parce que nous sommes Français. Or nous parlons une langue Latine; le droit Romain présomine dans nos lois; enfin notre France

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est surtout Romaine.

Bases de la société Romaine L'année dre dernière nous avons montré la formation de la société Romaine. Nous avons vu comment Rome a successivement adopté les diverses races de l'Italie et résumé en elle leur génie différent. c'est là la supériorité de Rome sur la Grèce. Le monde Grec est tout exclusif. Non seulement il repousse les barbares, mais chaque cité hait la cité voisine, et ne s'accorde presque jamais avec elle. Jamais les Ioniens et les Doriens n'ont pu se réconcilier pas même sur les ruines, de leur patrie commune. Il y a là deux éléments séparés; toujours ennemis implacables. A Rome au contraire, les mêmes murs contiennent + +il est vrai + deux principes ennemis; d'une part l'élémant patricien Etrusque; de l'autre l'élément plébéien latin. Ces deux élément éléments luttent entre'eux, mais c'est une lutte légale; le sang ne coule enfin que fort tard sur la place publique. On se fait la guerre par des lois presque jamais par la violence. De là ce beau fait, qui est l'originalité même du génie de Rome; le droit civil, qui fut à Rome un résultat nécessaire de la lutte entre les deux partis. Deux races, deux factions qui se fesaient la guerre par des lois, étaient bien obligés de déterminer avec précision les droits des individus. L'esprit de parti pouvait faire commettre une foule d'injustices contre les particuliers; c'est ce qui fut prévenu par le droit civil. En Grèce qu'y avait-il besoin de droit civl. Les Ioniens habitaient seuls Athènes, ils n'avaient pas à se

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prémunir contre une raie ennemiie. Les riches et (1) V. Voir les horribles convulsions de Coruyre pendt. pendant la guerre du Péloponèse. Voy. encore [illisible]. VIII.21 et 65.66.70. les pauvres dominaient alternativement avec une égale violence (1). Jamais on ne vit en Grèce cet équilibre de Rome entre les deux partis ; jamais on n'y vit aucun compromis. Les riches lorsqu'ils étaient les plus forts se gardaient bien de donner des lois aux pauvres sur lesquelles le pauvre aurait pu s'appuyer; et les pauvres, encore bien moins, lorsqu'il l'emportaient à leur tour. A Rome une balance entre les partis était nécessaire, et elle ne pouvait s'établir que par le droit.

Quant au droit point de vue politique de Rome; il n'est pas moins original. Son type c'est la famille. Le père de famille est la seule personne de la famille, les autres sont des choses. Ainsi Rome est agît à l'égard de ses colonies dans la position du père de famille. Elle envoie ses colonies au loin, mais en conservant sur elle la haute domination politique.

Rome appelle aussi dans son sein, si l'on peut le dire, des colonies étrangères; elle reçoit des citoyens nouveaux auxquels elle accorde des croits analogues aux siens.

C'est tout à fait le jeu de la famille et de la société Romaine. Adoption, émancipation, c'est là son caractère général. Ainsi tandis L'adoption pour les minicipes, l'émancipation pour les colonies. Ainsi tandis que la cité Grecque envoye toujours des colonies indépendantes au loin sans jamais se recruter, Rome alternativement, co. un corps bien organisé, aspire et respire. C'est un organisme

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vivant; c'est la vie elle-même. Les cités Grecques ne s'alimentent pas. Aussi voit-on le monde Grec se disperser continuellement, et languir à la fin de sa dispersion. Rome au contraire doit durer, doit vivre une vie de nation. Elle périra parce que tout périt, mais elle -vivra une vie de nation parce qu'elle est un vérittable organisme vivant. Toute l'antiquité peut se résumer en ce peu de mots.

Remarquons la moralité de tout ceci. Le monde Grec a péri par ce qu'il avait d'injuste. C'était un monde d'exclusion. Rome a ouvert son sein à toutes les nations; ç'a été la cause légitime de sa puissance et de sa force. Tout système dure par ce qu'il a de juste, périt par ce qu'il a d'injuste. Telle est la loi du monde. Voyo

La soc. société Rom. Romaine périra par ce qu'elle a d'injuste Voyons maintenant si le monde Romain suffisait au développement de l'humanité. Voyons ce que ce monde avait d'injuste. Ce sera le principe de sa dissolution. Rome est une cité, ce n'est pas un peuple. Tous les états de l'antiquité sont des cités et non des peuples. Un peuple n'est pas renfermé dans des murs: il est appliqué également à la terre, il tient à la terre, il y a des racines. Les Romains ne sont pas appliqués fortement à la terre: ils se renferment volontiers dans les bornes de la cité. A la vérité il y a de l'agri-culture en Italie; même, à une certaine époque, de l'agriculture par les hommes libres. Mais on On sortait le matin de la ville pour travailler aux champs; on y rentrait le soir. C'est la vie Italienne encore de nos jours; c'est une vie toute urbaine.

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La population+, des campagnes si toute fois les campagnes ont eu une population (et je te prouverai [rature] + quelles n'en ont pas eu+ par des textes+ même pour l'antiquité) était cette population était sacrifiée par ce système. Elle est sans droits ; les villes seules ont des droits. Bonne est une ville, une municipalité qui par la force de ses armes a réuni toutes les munici-palités du monde. L'empire Romain se compose d'une foule de petits états divers génie divers, de langues et de législation différentes, qui ont été mises sous le joug par la force vertu de l'organisme Romain, par la force militaire. Des éléments aussi divers, conservant long-temps longtemps sous Rome un caractère particulier devaient tendre sans cesse à se séparer ; il était très difficiles de les tenir fortement réunis.

Rome a rendu un très-grand service au En quoi fut-elle utile au genre humain? genre humain en les réduisant à une espère d'unité. Son empire contenait vers l'Occident toutes les tribus barbares des Espagnols et des Gaulois; il contenait aussi l'Orient, et aussi ce monde de la Grèce dispersé dep. depuis Alexandre. Enfin Rome, et cela seul l'absout sauva le genre humain, du plus grand danger de dissolution universelle où jamais il se soit trouvé; c'est la domination des armées mercenaires que le genre humain fut sur le point de subir un instant sous les successeurs d'Alexandre ; et qu'il faillit endurer pour long-temps longtemps, lorsque les Barca sous le nom de Carthage et malgré elle fondèrent cette Estampille puissance flottante mais terrible qui s'étendait depuis Cadiz jusqu'à Rome, et - qui fut dans

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l'ancien monde l'époque de la perfection de l'art militaire. Cette puissance caractérisée par Annibal le condottiere le plus illustre de l'antiquité faillit un instant réunir l'Espagne, l'Italie, et Carthage +. et comme Restait le monde des successeurs d'Alexandre qui ne pouvait résister. C'est la grande gloire de la 2e. guerre punique; elle sauva le monde c'est qu'avec des armées nationales Rome sauva le mondes des armées mercenaires. Annibal vaincu, tout était fait, et on sait comment elle réunit sous son empire cette foule de peuples divers, qui sans cesse tendaient à se séparer.

Décadence de la société Rom. Romaine Vers la fin de la répe. république le danger de la dissolution devint très grand. Il était temps que la répe. république finit. Tous ces proconsuls ne pouvaient tarder à avoir des idées d'indépendance. Par exemple on voit clairemt. clairement combien l'Orient et l'Occident tendaient à se séparer. Ainsi César a pour lui l'Occident, Pompée l'Orient, Octave et Antoine ont l'Occident, Brutus et Cassius l'Orient, plus tard Octave a l'Occident Antoine l'Orient. On sait qu'Antoine avait médité ce que Constantin exécuté 300 plus tard; de transférer le siège de l'Empire en Orient, à Alexandrie. C'est une très grande et très belle vue. Mais elle venait trop tôt. L'occident était encore trop fort pour supporter un tel outrage. L'Orient fut la perte d'Antoine.

Destruction de la soc. société Rom. Romaine ou Empire Alors arrive le principat. Le principat fut un bien immense pour l'humanité; il empêcha la dissolution du monde Romain pendant 400 ans;

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il détruisit, broya toutes ces nationalités de provinces, établit partout de ≠ l'uniformité de jurisprudence, de langue, de religion.

On doit sourire de voir appeler le 1.r premier siècle de l'empire Romain, le commencement de sa décadence. Il est bien sûr qu'il la précéda. L'automne ne précède-t-il pas l'hiver? Faudrait-il le supprimer pour cela? C'est l'automne qui donne le fruit. Et ce fruit pour Rome, c'est le principat l'unité, du monde, et le moyen de cette unité, c'est le principat. C'est un système magnifique. Plusieurs hommes éminents contribuèrent à l'établir. Pour ne parler que des fondateurs, citons Aug. Auguste et Tibère. Nous ne pouvons nous étendre sur ces hommes. Contentons-nous de dire en passant qu'il faut se former de Tibère une opinion bien différente de l'opinion commune.

L'ère chrétienne, où nous voici arrivés, est le point de séparation, le lien de deux mondes. Nous voyons dans l'enfer de Dante lorsqu'il est au fond du dernier cercle, se trouvant au centre de la terre, qu'il est obligé pour une continuer sa route de mettre sa tête ou il avait les pieds. et de remonter dans un aut C'est ainsi qu'à l'époque du christianisme, une conversion brusque et subite semble avoir lieu dans l'univers. Je dis semble avoir lieu; car enfin tout s'explique par le progrès. C'est le moment le plus poétique de la vie de l'humanité.

Nous voudrions bien nous arrêter au premier siècle; car enfin c'est le paradis sur la terre; mais il faut passer le berceau du christianisme, arriver promptement x aux devastations des barbares, épuiser le monde féodal, et arriver à la sueur de nos fronts jusqu'aux temps modernes. Tout à l'heure nous parlions de la formation de la

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société Romaine, nous avons parlé ensuite de la formatὼn formation de l'empire Romain Mais il ne faut pas croire que la cité et l'empire reposent sur la même base. L'empire n'est rien moins que la destruction de la société Romaine, et l'admission de l'univers entier dans les murs de Rome. Cette société se compose de l'agrégation des divers éléments Italiens. Par conséquent à mesure que l'empire se forme, la Invasion des éléments étrangrs. étrangers société se déforme. L'introduction des éléments Etrangers commence aussitôt après la 2e. Guerre punique. La Grèce envahit Rome. Il y eut alors, dit T. Live Tite Live, un changement extraordinaire dans les normes et dans les Dieux. La Grèce entre dans Rome malgré caton et tous les partisans de la vieille société; elle entre avec l'héroïsme grec de Scipion, le génie d'Ennius, et les diverses sectes de [illisible]. Une nouvelle religion s'établit. Un siècle après T. Live Tite Live Juvénal nous dit: In Tiberim defluxit Orontes. Rome est alors envahie par l'Orient, après l'avoir été par la Grèce, et avant de l'être par le Nord. La conquête de la Grèce par les Romains n'a fait qu'aller au devant de l'invasion Grecque; de même Pompée ax mené les Romains en Orient au-devant de l'invasion Syrienne. Les vainqueurs ont conquis les corps des vaincus, les vaincus ont conquis les esprits des vainqueurs.

Tout ce que je ns nous. venons de dire se trouve en quelque sorte figuré matériellement, et symbolisé historiquement par le fait palpable et grossier de l'invasion du trône impérial par les diverses provinces, qui se succèdent pour y placer quelques-unes des leurs. Voyons en effet la suite des empereurs Romains. La 1re famille est celle des Césars, famille toute romaine, patricienne s'il en fut, qui remontait jusqu'aux Troyens c.à.d c'est-à-dire à l'origine pelasgique de Rome; rien de plus national que les Césars. Ceux qui viennent même ensuite ne sont plus patriciens; ils ne sont pas même Romains. Les Flaviens ne sont qu'Italiens:

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Ils tirent leur origine de Reate, le vieux berceau de la nation Sabine. Au 2e. siècle celui des Antonin ce ne sont pas même des Italiens. Trajan et Adrien sont Espgnol d'origine. Voilà donc des Provines qui envoient déjà des Empereurs. Ce sont d'abord les prov. provinces d'Occident; on connaît la préeminence de l'Occident, c'est le côté de l'héroïsme. Quels empereurs ! Ils n'apportent pas, il est vrai, d'idées nouvelles, mais ce sont les plus grands et les plus beaux caractères de l'Antiquité; ils n'apportent à Rome que leurs vertus.

Les idées nouvelles viennent de cet Orient si méprisé qui un peu auparavant avait attiré et fasciné si puissamment Antoine, et causé sa ruine. Au 3e. siècle arrivent enfin les empereurs Orientaux. Le 1.e est Septime Sévère, Africain de naissance, mais marié à une Syrienne, de sorte que ses fils Caracalla et Géta sont au moins syriens par leur mère. Combien alors les Idées Orientales vont affluer dans Rome.

Quelles sont ces idées? D'abord quelle est la forme de l'Orient? C'est invariablement la forme religieuse. Ainsi l'Orient introduira dans Rome ses religions. Et voici celles qui en effet arrivent à Rome à cette époque. Prenons-les par les faits extérieurs et par l'apparence la plus matérielle; enfin coe le peuple les prenait. D'abord nous voyons arriver en mendiants les prêtres de la bonne déesse; se tailladant les bras et les cuisses, dansant des danses frénétiques, ils chantent dans des chants que personne n'entend les louanges de la bonne déesse et d'Atys, Atys mort et ressucité; ils promènent

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à travers les villes Romaines les lions de Cibèle Cybèle Leur culte est celui de la vie et de la mort. Arrive ensuite de l'Egypte le mystérieux Sérapis roi des ombres, Sérapis mort + c'est encore un culte de la vie et de la mort+ et ressucité. + Mais ces religions ne contiennent aucun élément moral. Il n'y a là que dans la forme une ressemblance imparfaite avec le christianisme. La mort mène la vie, la vie mène la mort; la nature les réunit peut-être dans une commune indifférence. Notre humanité n'est peut-être qu'une vaine fantasmagorie, sans réalité et sans but. Le plaisir du moment, et les jouissances brutales voilà le corollaire de ces religions pour la plupart de leurs adorateurs. Mais il y a au de dans de nous des besoinns que le plaisir ne satisfait pas, ne remplace pas dans le cœur des hommes. Alors on alla chercher jusque dans la Perse un culte de la vie et de la mort, mais qui a au moins un commencement de moralité. Le culte de Mithra Mithras gagna beaucoup d'esprits à Rome. On connait le symbole de cette religion; c'est le sacrificateur égorgeant le taureau. Sous le Capitole même, sous le temple de Jupiter Opt. Max. était creusé un autre, chapelle souterraine consacrée au culte de Mithra. Ainsi les Dieux de Rome étaient encore orgueilleusement assis dans leurs temples; et ces temples étaient déjà ruinés par les religions de l'Orient.

Mais une religion bien plus mystérieuse, bien plus profonde croissait invisible, et devait les remplacer toutes. Ici encore nous trouvons le culte de la vie et de la mort, enseigne commune

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des religions de l'Orient. Mais il y a de grandes différences. Ici c'est un Dieu qui meurt volontairement pour l'homme; ce n'est pas ce Dieu multiple, ce dieu actif et passif à la fois, ce dieu indifférent du Panthéisme. Ici Dieu s'est fait homme. Et, si la Grèce avait été un immense perfectionnement en donnant à ses dieux la perfection de la beauté humaine, combien est-ce un perfectionnement plus grand d'avoir élevé la divinité à la perfection morale [rature] l'humaine, et d'avoir fait de la divinité non plus un bien commun de la nature matérielle, mais un type de toute perfection. Le genre humain tomba à genoux,et, sauf les interprétations légitimes que la science doit donner, le genre humain doit y rester. La science di St. Clément d'Alexandrie, c'est la démonstration de la foi. Nous retournerons la proposition et nous dirons, la foi c'est la science à démontrer (1). (1) N°.130.

Voilà donc toutes les religions de l'Orient dans l'Empire. Rome qui se flattait d'imposer sa personnalité, reçoit quelque chose de plus fort. A ce caractère d'universalité matérielle qu'elle avait espéré d'imposer au monde par la force de son bras et de son droit, est substitué une universalité spirituelle, qui croît tous les jours aux dépends de l'autre. Toutes les religions de l'Orient arrivent coe un dissolvant tout puissant. On s'est demandé si le christianisme avait renversé l'empire Romain; et on a essayé gravement de l'en disculper. Mais nous dirons nous qu'il a bien fait, et que c'est son plus grand titre de gloire. Enfin l'Idéal de l'Orient

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Voilà donc les religions de l'Orient qui affluent dans Rome représentées par les empereurs orientaux. Enfin Mais l'Idéal de l'Orient au sens matériel. matériel et sensuel, c'est Elagabale. Arrive avec Alex. Alexandre Sevèia un type de l'universalité et de l'indécision qu'avait alors le génie oriental. On sait qu'il réunit dans la chapelle de son palais les images des fondateurs du Judaïsme, du Christianisme, et de l'Hellénisme, Abraham, Jésus-Christ, Orphée. L'empire était alors gourverné par une femme, c'était la mère de l'empereur. Sous cette femme gouvernait un jurisconsulte Grec ou Romain d'esprit, Phénicien de naissance, Ulpien. L'empire Rom. Romain se distinguait alors par une administr administration exacte et intelligente, et en même temps par une indécision religieuse.

Rome est donc gouvernée par l'Orient. Mais l'Occident ne réclamera-t-il pas. Il doit se résigner ou réclamer bien vite. Après ce doux et pacifique empereur nous voyons un souverain de 7 pieds de haut, mangeant 40 l. litre de viande à son diner, arrêtant d'une seule main un char lancé par deux chevaux. C'est Maximin, le plus fort soldat de l'armée, Thrace de naissance, Goth de nation. Il ne savait même pas le latin. Nous rencontrons déjà l'invasion des barbares dans cette invasion du trône par un barbare. Après Maximin 17 empereurs en 10 ans. L'empire tombe en dissolution. Les invasions qui vont détruire Rome sont déjà figurées et symbolisées par un empereurs Goth, et un empereur Arabe. Maximin d'un côté, Odenat de l'autre. Vopiscus a dit sur Odenat une bien grande parole: Odenatus vir acer un bello quique non Syriam tantùm sed omnem orbem Arrarum restituisset et reformasset.

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C'est une prophétie, une figure de Mahomet. Mais l'empire ne fera-t-il pas un effort, ou ne tachera-t-il pas de vivre encore. D'où tirerons-nous les nouveaux empereurs qui marqueront représenteront ce mouvement. L'Occident, l'Orient et le Nord en ont déjà donné, c'est maintenant le tour des provinces du centre. De l'Illyrie sortent deux grands capitaines qui sauvent l'empire et lui rendent son unité: c'est Aurélien et Probus.

Mais il faut que cet empire se sépare. L'Or. Orient Division de l'empire. et ne l'Occident ne peuvent pas supporter plus long-temps longtemps ce mariage odieux qui les enchaîne au même joug. Dioclétien arrive: c'est un Gr. Grec moitié syrien. Il comprend l'état de l'empire, et il en [rature] part [rature] / accepte les conséquences. Jupiter Dioclétien aura l'Orient contrée de l'intelligence et de la pensée; Maximien Hercule aura l'Occident contrée de la force. C'est donc l'Orient qui a vaincu. Car pour lui c'était vaincre que de se séparer. C'est là sa victoire politique; mais ce n'est point assez. L'Orient monde des religions ne peut avoir complètement vaincu qu'après avoir imposé la sienne. Constantin arrive, et réunit le monde pour un instant afin de lui imposer le christianisme. Mais la séparation suit bientôt. Malgré Théodose Archadius et Honorius divisent de nouveau l'empire. Les lois de l'Occident ne seront plus en vigueur en Orient. La grande unité de droit est détruite. C'est là la vraie séparation de l'empire.

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Résumé. Voilà le ttableau tr. très abrégé mais fidèle des révolutions de l'empire Romain. La chose importante était de montrer que bien avant d'avoir conquis l'empire, les étrangers long-temps avant la conquête de l'empire par les barbares, le trône fut conquis par toutes les provinces successivement. Quand toutes euent fourni des empereurs, les barbares arrivèrent pour le renverser, et Rome obéit successivement à toutes les nations.

Esclavage. Voilà la dissolution de l'empire Romain marquée par les traits extérieurs. Mais nous n'avons pas vu comment sous cette société un bien autre mal la travaillait. Tout ce que nous avons dit ne regarde que les hommes qui comptaient comme homme. Mais la plus forte partie de l'humanité était au rang des choses. En un mot nous n'avons pas parlé des esclaves. La race Indo-Germanique pour ne parler que de celle là, est une race guerrière du moins originairement. Long-temps longtemps avant d'acquérir par l'industrie, elle elles avaient un tout autre monde d'acquis; c'est la guerre. Par la guerre non-seulement les choses des vaincus appartenaient aux vainqueurs, mais encore les personnes leur appartenaient aussi et tombaient au rang des choses. C'est là le fondement primitif de l'esclavage.

L'esclavage est un mal qui ronge à la fois les 2 personnes atteintes, le maître est l'esclave. Le maître est disposé par l'esclave de mener une vie active et industrieuse. L'esclave tout entier au profit du maître perd

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la plupart de ses facultés intellectuelles; et par cela qu'il cesse d'être homme et devient une chose, il n'est plus traité co. comme un homme. Les moyens de vivre coe. comme animal homme lui sont d'abord refusés. Il est d'abord traité coe. comme un animal; et alors il périt. L'esclavage ronge les races auxquelles il s'applique. Voyez coe. comme il a travaillé le monde ancien. C'est un vérittable cancer auquel il faut jeter sans cesse de la chair nouvelle et qui la dévore de suite à l'instant. D'abord ce sont les vieilles races, les Pélages et les colonies Phéniciennes qui avaient commencé l'industrie. Elles deviennent esclaves et disparaissent. Parmi les vainqueurs les tribus fortes assujétissent les tribus faibles. Ces dernières disparurent aussi. Enfin même dans les tribus du vainqueur, chez les Romains par exemple l'introduction de l'esclavage fit disparaitre peu à peu les hommes libres. Le riche n'ayant pas besoin du pauvre, le pauvre devenait encore plus pauvre et finissait par arriver à un degré de pauvreté qui ne comportait pas même l'alimen-tation. Le riche s'enrichissait toujours, et le pauvre s'appauvrissait toujours. finissait par mourir de faim D'abord il ne prit plus de famille; ensuite il périt. Ainsi chez les vainqueurs des vainqueurs du monde ancien l'esclavage fit périr les hommes libres. Par qui les rempla-çait-on? On allait enlever des hommes sur les côtes de l'Asie Mineure et de la Syrie. C'était la traite des Blancs. Peu à peu ces provinces

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se dépleuplèrent. Au lieu d'esclaves orientaux on alla dans le Nord. Les orientaux étaient industrieux; on ne trouva dans le nord que des esprits bruts et grossiers. Dès lors l'art tomba; puisque l'art était aux mains des esclaves. Les 1rs premiers esclaves avaient péri parce qu'ils n'étaient pas ménagés: les drs derniers périrent de même. Il n'était pas besoin de s'inquiéter d'eux pour puisqu'on pouvait sans cesse en acheter. Mais à la fin l'empire Romain s'affaiblissait. Les hommes du nord au lieu de fournir des esclaves en fesaient-eux mêmes continuellt continuellement dans l'empire. De là une dépopulation sans limites.

Ainsi la société Romain se dissout à la fois sous le rapport religieux et politique et sous le rapport matériel, c.à.d. c'est-à-dire que les hommes manquent. Il faut un autre peuple, pour remplacer les peuples détruits.

Ns. Nous venons donc d'exposer la décadence de Rome, Grand et terrible sujet, auquel ni Montesquieu (1) N°.26. † Voilà en 3 mots le résumé de l'hist. histoire Romaine: 3 époques: Formation, Conquète de Rome par les idées Grecques dt. dont le fruit est Marc Aurèle, Conquête de R. Rome par les idées orientales. N. ni Gibbon (1) n'ont encore touché puisqu'ils n'ont parlé ni du droit ni de la religion, ni de l'esclavage. †

1ère leçon (notes d'un grand élève) note de la main du bibliothécaire

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Lien qui attache l'histoire du moyen age à l'histoire moderne - Décadence de Rome envisagée sous les rapports civils, politique, moral et religieux.

Objet du cours. Un cours d'histoire moderne est un cours? L'histoire du moyen-age; sans l'une on ne peut comprendre l'autre. L'histoire moderne, c'est à dire les trois der-niers siècles ne sont qu'une négation du moyen age; c'est une luttre contre le moyen age, lutte qui s'achève à peine maintenant. Nous savons parfaitement d'où nous ve-nons; où nous allons, nous l'ignorons.

Comment l'histoire du moyen age se rattache à l'histoire romaine. Il faudrait donner les traits généraux de l'his-toire du moyen age; mais avant tout nous devons montrer comment il se rattache à l'age précédent. Bon gré mal gré il faut dire un mot de l'empire romain. En effet dans ce moyen âge où nous allons entrer la moitié des élé-mens éléments sont romains: un côté romain, un côté barbare c'est le moyen age. Beaucoup de rasons se réunisse pour nous inviter à parler encore de Rome. Il faut rattacher le cocons de cette année au cours de l'année dernière; enfin l'histoire du moyen age doit être pour nous surtout une histoire de france et parceque parce que la france le mérite et parceque parce que nous sommes français. Or nous parlons une langue latine; le droit romain prédomine dans nos lois; enfin notre france est romaine.

Droit civil. L'année dernière nous avons vu la formation de la société romaine et comment Rome a successivement

Hist. Histoire du moyen-age 1.

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Supériorité de Rome sur la Grèce adopté ces diverses races de l'Italie et résumé en elle leurs génies différents. C'est là la supériorité de Rome sur la Grèce. Le monde grec est tout exclusif. Non seulement il repousse les barbares, mais chaque cité hait la cité voisine et ne s'accorde presque jamais avec elle. Jamais les Doniens et les Doriens ne se réconcilièrent, pas même sur leur ruine commune. Il y a là deux élémens éléments séparés, toujours ennemies implacables. A Rome au contraire les mêmes murs contiennent, il est vrai, deux principes ennemis, d'une part l'élément patricien, étrusque, de l'autre l'élément plébéien, latin. Ces deux élémens éléments se choquent; mais la lutte est égale, et le sang ne coule que fort tard sur la place publique. On se fait la guerre avec des lois, presque jamais par la violence. De là ce beau fait qui est l'originalité même du génie de Rome, le droit civil qui fut à Rome un résultat nécessaire de la lutte des deux partis. Deux races, deux factions qui se faisaient la guerre par des lois étaient bien obligés de déterminer avec précision les droits des individus. L'esprit de parti pouvait faire commettre une foule d'injustices contre les particuliers; c'est ce qui fut prévenu par le droit civil. En Grèce qu'y avait il besoin de droit civil. Les Doniens habitaient seuls A-thènes; ils n'avaient pas à se prémunir contre une race ennemie. Les riches et les pauvres dominaient alter-nativement avec une égale violence. Jamais on ne vit en Grèce cet équilibre de Rome entre les deux partis; ja-mais on n'y vit aucun compromis. Les riches, lorsqu'ils étaient les plus forts, se gardaient bien de donner des

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lois sur lesquelles le pauvre aurait pu s'appuyer, et les pauvres encore moins lorsqu'ils l'emportaient à leur tour. A Rome une balance entre les deux partis était nécessaire, et elle ne pouvait s'établir que par le droit.

Droit politique de Rome. Quant au droit politique de Rome, il n'est pas moins original: son type, c'est la famille. Le père est la seule personne de la famille; les autres sont des choses. Rome à l'égard de ses colonies est dans la posi-tion du père de famille. Elle envoie ses colonies au loin, mais en conservant sur elles la haute domination politique. Rome appelle aussi dans son sein, si on peut le dire, les co-lonies etrangères: elle reçoit des citoyens nouveaux aux quels elle accorde des droits analogues aux siens. C'est tout à fait le jeu de la famille et de la société romaine: adop-tion, émancipation; c'est là son caractère général, l'adoption pour les municipes, l'émancipation pour les colonies. Ainsi tandis que la cité grecque envoie toujours des colonies au loin sans se recruter, Rome alternativement, comme un corps bien organisé, expire et respire. C'est un organisme vivant, c'est la vie elle même. Les cités grecques ne s'alimentent pas; aussi voit-on le monde grec se disperser continuellement et languir à la fin dans sa dispersion. Rome au contraire doit durer, doit vivre une vie de nation parcequ'elle est un vérittable organisme vivant. Voilà les traits généraux de la formation de la société romaine.

Remarquons la moralité de tout ceci. Le monde grec a péri parcequ'il parce qu'il était injuste; c'était un monde ex-clusif. Non seulement il repousse les barbares, mais ses cités sont en guerre les unes contre les autres. Rome a ouvert son sein à toutes les nations; elle n'a pas été exclusive; elle

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a été plus juste: ainsi elle a légitimé sa puissance et sa force. Tout système dure parcequ'il est juste ou périt parcequ'il est injuste. Telle est la loi du monde. Voyons maintenant si le monde romain suffisait au développement de l'humanité; voyons ce que ce monde avait d'injuste, ce sera le principe de sa dissolution.Rome est une cité, ce n'est pas un peuple. Tous les états de l'an-tiquité sont des états et non pas des peuples: un peuple n'est pas renfermé dans des murs; il est appliqué egalement sur la terre; il tient à la terre, il y a des racines.

Esprit de cité en Italie. Les Romains ne sont pas fortement appliqués à la terre; ils se renferment volontiers dans les bornes de la cité. A la vérité il y a de l'agriculture en Italie, même, à une certaine epoque, de l'agriculutre parmi les Romains libres, mais on sortait le matin de la ville pour travailler aux champs; on y rentrait le soir. C'est la vie italienne, encore de nos jours; c'est une vie toute urbaine. La population, si toutefois les campa-gnes ont une population, cette population était sacrifiée par ce système. Elle est sans droits, les villes seules ont des droits. Rome est une ville, une municipalité qui par la force de ses armes a successivement réuni toutes les muni-cipalités du monde. L'empire romain se compose d'une foule de petits etats de génies divers, de langues qui par la vertu de l'organisation romaine, par sa force militaire, ont été réunis sous le joug d'une municipalité dominante. L'empire romain se compose d'une foule de petits etats de génies divers, de langues et de législation différentes. Des élémens éléments aussi divers conservant longtemps sous Rome un caractère particulier devait tendre sans cesse à se séparer. S'etait difficile de les tenir fortement réunis.

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Services rendus par Rome au genre humain. Rome a rendu un très grand service au genre humain en le réduisant à une espèce d'unité; son empire contenait vers l'Occident toutes les tribus bar-bares des Espagnols et des Gaulois; il contenait l'Orient et aussi ce monde de la Grèce dispersé depuis Alexandre. Enfin Rome, et cela seul l'absout, sauva le genre hu-main du plus grand danger de dissolution universelle où il se soit jamais trouvé; c'est la domination des ar-mées mercenaires que le genre humain futur instant sur le point de subir sous les successeurs d'Alexandre et qu'il faillit endurer pour longtemps lorsque les bar-bares Barco sous le nom de Carthage et malgré elle fondèrent cette puissance flottante mais terrible qui s'étendait depuis Cadix jusqu'à Rome et qui fut dans l'an-cien monde l'époque de la perfection de l'art militaire. Cette puissance, caractérisée par Annibal, la Condottieri le plus illustre de l'antiquité, faillit un instant réunir l'Espagne, l'Italie, Carthage, c'est à dire le monde entier des anciens; car le reste n'eut pu résister. La grande gloire de la seconde guerre punique, c'est qu'avec des armées nationales Rome sauva le monde des armées mercenaires. Annibal vaincu, tout etait fait, et on sait comment Rome réunit sous son empire cette foule de peuples divers qui tendaient sans cesse à se séparer.

Vers la fin de la République le danger de la dissolution devint très grand; il était temps que la République finit: tous ces proconsuls ne pouvaient tarder à avoir des idées d'indépendance. Par exemple on voit clairement comment l'Orient et l'Occident tendaient à se séparer: ainsi Cesar a pour lui l'Occident, Pompée à

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l'Orient; Octave et Antoine ont l'Occident, Brutus et Cassius ont l'Orient; plus tard Octave à l'Occident, Antoine a l'Orient. On sait qu'Antoine avait médité ce qu'exécuta Constantin 300 ans plus tard: il voulait trans-férer en Orient le siège de l'empire, il voulait l'établir à Alexandrie; grand et magnifique idée, mais prématurée! L'occident etait encore trop fort pour endurer cette injure. L'Orient fut la perte d'Antoine: il succomba dans son en-treprise.

Principat. Alors arrive le principat, si l'on peut appeler ainsi l'administration qui remplaça celle de la République. Le principat fut un bien immense pour l'humanité: il empê-cha la dissolution du monde romain pendant 400 ans; il détruisit, broya toutes ces nationalités de provinces, établit partout l'uniformité de jurisprudence, de langage, de religion.

On doit sourire d'entendre appeler le premier siècle de l'empire romain le commencement de sa décadence; il est bien certain qu'il la précède, comme l'automne précède l'hiver. Faudrait-il donc supprimer l'automne? C'est l'automne qui donne le fruit de l'été. Ce fruit pour Ro-me c'est l'unité du monde; le moyen de cette unité, c'est le principat. C'est un système magnifique. Plusieurs hom-mes eminents contribuèrent à l'établir: pour ne parler que des fondateurs, citons Auguste et Tibère. Nous sommes forcés de glisser sur ces hommes célèbres. Nous dirons en passant qu'il faut se former de Tibère une opinion dif-férente de l'opinion commune.

Le Christianisme donne une epoque la séparation des deux mondes. L'ère chrétienne où nous voici arrivés est le point de séparation des deux mondes, leur lien commun. Dans l'Enfer de Dante, lorsqu'il est au fond du dernier siècle cercle,

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se trouvant au centre de la terre, il est obligé pour continuer sa [illisible] de mettre sa tête où il avait les pieds. C'est aussi qu'à l'époque du christianisme une conversion brusque et subite semble avoir lieu dans l'univers; jadis semble avoir lieu, car enfin tout s'applique par le progrès. C'est le moment le plus poétique de la vie de l'humanité. Nous voudrions bien nous arrêter au premier siècle: c'est le paradis sur la terre; mais il faut passer le berceau du christianisme, arriver promptement aux dévastations des Barbares, epuiser épuiser le monde féodal et arriver à la sueur de nos fronts jusqu'aux temps modernes.

Renversement de la cité par l'empire. Rome envahie par la Grèce et par l'Orient. Tout à l'heure nous parlions de la société ro-maine; nous avons parlé ensuie de la formation de l'empire romain. Mais il ne faut pas croire que la cité et l'empire re-posent sur la même base. L'empire n'est rien moins que la destruction de la société romaine et l'admission, de l'univers entier dans les murs de Rome. Cette société se compose de l'aggrégation des divers élémens italiens. Par conséquent à mesure que l'empire se forme, la société se déforme. L'intro-duction des etrangers étrangers commence après la seconde guerre punique: la Grèce envahit Rome. Il y eut alors, dit Tite-Live, un changement extraordinaire dans les hommes et dans les Dieux. La Grèce entre dans Rome malgré Caton et tous les partisans de la vieille société; elle entre avec l'héroïsme que de Scipion, le génie d'Ennius et les diverses sci[rature] en philosophie. Une nouvelle religion s'établit. Un siècle après Tite-Live, Juvenal nous dit: In Tiberim deftu-xit Orontes. Rome est alors envaie par l'Orient après l'avoir été par la Grèce et avant de l'être par le Nord. La conquête de la Grèce par les Romains n'a fait qu'al-ler au devant de l'invasion grecque; de même Pompée a mené les Romains en Orient au devant de l'invasion syrienne. Les vainqueurs ont conquis les corps des vaincus, et les vaincus ont conquis les esprits des vainqueurs.

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Invasion du trône impérial par les diverses Provinces. Tout ce que nous venons de dire se trouve en quelque sorte figuré matériellement et symbolisé histori-quement par le fait palpable et grossier de l'invasion du trône impérial par les diverses provinces qui se succèdent pour y placer quelques uns des leurs. Voyons en effet la suite des empereurs romains.

La première famille est celle des Césars, famille [illisible] romaine, patricéenne s'il en fut, qui remontait jusqu'aux Troyens, c'est à dire à l'origine pèlasgique des Romains: rien de plus national que les Césars. Ceux qui viennent ensuite ne sont plus patricéens; ils ne sont pas même Romains. Les flaviens sont italiens: ils tirent leur origine de la Réate, le vieux berceau de la nation sabine. Au 11e siècle, celui des Antonins, ce ne sont pas même des italiens: Trajan et Adrien sont Espagnols; Antonin est Gaulois, Marc-Aurèle Espagnol d'origine. Voilà donc des provinces qui envoient déjà des empereurs. Ce sont d'abord les provinces d'Occident. On connait la préeminence de l'Occident, c'est le côté de l'héroïsme. Quels empereurs! Ils n'apportent pas il est vrai d'idées nouvelles; mais ce sont les plus grands et les plus beaux caractères de l'antiquité: ils n'apportent à Rome que leurs vertus.

Introduction à Rome des idées orien-tales. Les idées nouvelles viennent de cet Orient si méprisé qui un peu auparavant avait attiré et fasciné si puissament Antoine et causé sa ruine. Au 111e siècle arrivent enfin les empereurs orientaux. Le premier est Septime-Sévère, africain de naissance, mais marié à une syrienne, de sorte que ses fils Caracalla et Géta sont au moins syriens par leur mère. Combien alors les idées orientales vont affluer dans Rome! Quelles sont ces idées? D'abord quelle est la forme de l'Orient? C'est invariablement la forme religieuse. Ainsi l'Orient introduira dans Rome des religions. Et voici celles qui en effet arrivent à Rome à cette époque. Prenons les par les faits extérieurs et par l'apparence la plus matérielle, enfin comme le peuple les prenait.

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D'abord nous voyons arriver en mendiant les prêtres de la bonne déesse, se taillandant les bras et les cuisses, dansant des danses frénétiques: ils chantent dans une langue que per sonne n'entend, les louanges de la Bonne déesse et d'Atys, Atys mort et ressucité; ils promènent à travers les villes romai-nes les lions de Cybèle. Leur culte est celui de la vie et de la mort. Arrive ensuite de l'Egypte le mystérieux Sérapis, roi des Ombres, Serapis mort et ressuscité. Mais ces religions ne contien-nent aucun élément moral. Il n'y a pas là de ressemblance avec le christianisme si ce n'est une ressemblance imparfaite dans la forme. Suivant ces religions la vie mène à la mort, la mort mène à la vie; la nature les réunit peut être dans une commune indifférence: notre humanité n'est ici qu'une vaine phantasma-gorie sans réalité, sans but. Le plaisir du moment et les jouis-sances brutales, voilà le caractère de ces religions pour la plu-part de leurs sectateurs. Mais il y a au dedans de nous des besoins que le plaisir ne satisfait pas, ne remplace pas dans le cœur des hommes. Alors on alla chercher jusque dans la Perse un culte de la vie et de la mort, mais qui a au moins un commencement de moralité, le culte de Mithra. Mithra gagna beaucoup à Rome. On connait le symbole de cette religion, c'est ce sacrifica-teur egorgeant le taureau. Sous le Capitole même, sous le temple de Jupiter Optimus Maximus etait creusé un autre temple, cha pelle souterraine consacrée au culte de Mithra. Ainsi les dieux de Rome étaient encore orgueilleusement assis dans leurs tem-ples, et les temples étaient déjà minés par les religions de l'Orient.

Mais une religion bien plus mystérieuse bien plus profondes croissait invisible et devait les remplacer toutes. Si encore nous trouvons le culte de la vie et de la mort, enseigne commune des religions de l'Orient: mais il y a de grandes diffé-rences. Ici c'est un Dieu qui meurt volontairement pour l'homme; ce n'est pas ce Dieu multiple, ce dieu actif et passif à la fois, ce dieu indifférent du panthéisme: ici Dieu s'est fait homme, et si la Grèce avait été un immense perfectionnement en donnant à ses dieux la perfection de la beauté humaine, combien est-ce un perfectionnement plus grand d'avoir élevé les divinités à

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la perfection morale humaine et d'avoir fait de la divinité non plus un lieu commun de la nature matérielle mais un type de toute perfection. Le genre humain tombe à genoux devant cette religion et il doit y rester encore, sauf les interprétations légitimes que la science doit donner à la foi. La science, dit St Saint Clément d'Alexandrie, c'est la démonstration de la foi. On peut retourner la proposition et dire: la science c'est la foi à démontrer.

Voilà donc toutes les religions de l'Orient dans l'empire. Rome qui se flattait d'imposer sa personnalité reçoit donc quelque chose de plus fort. au caractère d'uni-versalité matérielle qu'elle avait espéré imposer au monde par la force de son bras et de son droit est substitué une universalité spirituelle qui croît toujours au dépends de l'autre. Toutes les religions de l'Orient arrivent comme un dissolvant paissant. On s'est demendé si le christianisme avait renversé l'empire romain et l'on a essayé gravement de s'en dis-culper. Nous disons nous que c'est son plus grand titre de gloire.

Voilà les religions de l'Orient qui affluent dans Rome représentés par les empereurs orientaux. Mais l'idéal de l'Orient au sens matériel et sensuel, c'est Elagabal. Arrive avec Alex-andre Sévère un type de l'universalité et de l'indécision qu'a-vait alors le génie oriental. On sait qu'il réunit dans son palais les images des fondateurs du judaïsme, du christianisme et de l'Hellénisme, Abraham, Jésus-Christ, Orphée. L'empire etait alors gouverné par une femme: c'était la mère de l'em-pereur, sous cette femme un jurisconsulte grec ou romain d'es-prit, Phénicien de naissance, Ulpien. L'empire romain se dis-tinguait alors par une administration exacte et intelligente et en même temps par une grande indécision religieuse.

Rome est donc gouvernée par l'Orient: mais l'Occi-dent ne reclamera-t-il pas? Si doit le faire bien vite ou se résigner. Après ce doux et pacifique empereur nous voyons sur le trône un homme de sept pieds de haut, mangeant quarante livres de viande à chaque repas, arrêtant d'une seule main un char lancé par deux chevaux. C'est Maximus, le plus fort soldat de l'armée, thrace de naissance, goth de nation; il ne

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savait même pas le latin. Nous rencontrons déjà l'invasion des Barbares dans cette invasion de trône par un barbare. Après Maximin 17 empereurs en 10 ans. L'empire tombe en dissolution. Les invasions qui vont détruire Rome sont déjà figurées et symbolisées par un empereur goth et un empereur arabe, Maximin d'un côté et Odenat de l'autre. Vopiscus a dit sur Odenat une bien grande parole: "Odenatud vis acer in bello, qui que non Syriam tantum, sed ommem orbem temanum restituisset atque reformasset." C'est une prophétie, une figure de Mahomet. Mais l'empire ne fera-t-il pas un effort? Ne tâchera-t-il pas de vivre encore? D'où tirerons nous les nouveaux empereurs qui représenteront ce mouvement?

L'Occident, l'Orient, le Nord en ont déjà donné. C'est maintenant le tour des provinces du centre. De l'Illyrie sotent deux grands capitaines qui sauvent l'mpire et lui rendent son unité: c'est Aurélien et Probus.

Partage de l'Empire. Mais il faut que cet empire se sépare. L'Orient et l'Occident ne peuvent pas supporter plus longtemps ce mariage odieux qui les enchaîne au même joug. Dioclétien arrive; c'est un grec moitié Syrien; il comprend l'état de l'empire et il en accepte les conséquences. Jupiter Dioclétien aura l'Orient, contrée de l'intelligence et de la pensée; Maximien Hercule aura l'Occident, contrée de la force. C'est donc l'Orient qui a vaincu; car pour lui c'est vaincre que de se séparer. C'est là sa victoire politique, mais ce n'est pas assez. L'Orient, mon-de des religions ne peut avoir complétement vaincu qu'après avoir imposé la sienne. Constantin arrive et réunit le monde pour un instant afin de lui imposer le Christianisme. Mais la séparation recommence bientot. Malgré Théodose, Arcadius et Honorius divisent de nouveau l'empire. Les lois de l'Occi-dent ne seront plus en vigueur en Orient. La grande unité de droit est détruite. C'est là la vraie séparation de l'empire.

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Voilà le ttableau très abrégé mais fidèle des révolutions de l'empire romain. La chose importante etait de montrer que bien longtemps avant la conquête de l'empire par les Barbares le trône fut conquis par toutes les provinces successivement.

Quand toutes eurent fourni des empereurs, les bar-bares arriverent pour renverser l'empire et Rome obéit succes-sivement à toutes les nations.

Voilà la disposition de l'empire romain, marquée par des traits extérieurs. Mais nous n'avons pas vu comment sous cette société un bien autre mal la travaillait. Tout ce que nous avons dit ne regarde que les hommes qui comptaient comme hommes. Mais la plus forte partie de l'humanité etait au rang des choses. En un mot, nous n'avons pas parlé des esclaves.

De l'Esclavage chez les Romains. La race indo-germanique, pour ne parler que de celle-là, est une race guerrière, du moins originairement. Long-temps avant d'acquérir par l'industrie ils avaient un tout autre mode d'acquérir, c'était la guerre. Par la guerre non seulement les choses des vaincus appartenaient aux vainqueurs mais encore les personnes leur appartenaient et tombaient au rang des choses; c'est là le fondement primitif de l'esclavage.

L'esclavage est un mal qui ronge à la fois les deux personnes qui en sont atteintes, le maître est l'esclave. Le maître est dispensé par l'esclave de mener un vie active et industrieuse. L'esclave tout entier au profit du maître perd la plupart de ses facultés intellectuelles, et par cela qu'il cesse d'être homme et devient une chose, il n'est plus traité comme un homme. Les moyens de vivre comme homme lui sont d'abord refusés. D'abord il est traité comme un animal, bientot il n'est plus même traité comme un animal, et alors il périt. L'esclavage roge les races auxquelles il s'applique. Voyez comme il a travaillé le monde ancien. C'est un vérittable cancer auquel il faut jeter sans cesse de la chair nouvelle et qui le dévore

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sans cesse. D'abord ce sont les vieilles races, les Pélasges et les colonies phéniciennes qui avaient commencé l'industrie; elles deviennent esclaves, et elles disparaissent. Parmi les vainqueurs les tribus fortes assujetissent les tribus faibles. Ces dernières disparurent aussi. Enfin, même dans les tribus des vainqueurs, chez les Romains par exemple l'introduction de l'esclavage fit disparaitre peu à peu les hommes libres. Le riche n'ayant pas besoin du pauvre, le pauvre devenait encore plus pau-vre et finissait par arriver à un degré de pauvreté qui ne comportait pas même l'alimentation. Le riche s'enri-chissait toujours et le pauvre s'appauvrissait toujours: celui-ci d'abord ne prit plus de famille; bientot il périt. Ainsi chez les vainqueurs des vainqueurs l'escalvage fit périr les hommes libres. Par qui les remplaçait-on? On allait enlever des hommes sur les côtes de l'Asie mineu-re et de la Syrie; c'était la traite de ces temps là. Peu à peu ces provinces se dépeuplèrent; puis au défaut de l'Orient on en eut du nord. Les orientaux étaient industrieux; on retrouva dans le nord que des esprits bruts et grossiers. Dès lors l'art tomba, puisque l'art était aux mains des esclaves. Les premiers esclaves avaient péri parcequ'ils n'étaient pas ménagés; les derniers périrent de même. Il n'était pas besoin de s'inquiéter d'eux puisqu'on pouvait en avoir sans cesse, mais à la fin l'empire romain s'affaiblissait; les hommes du Nord au lieu de fournir des esclaves en faisaient eux mêmes continuellement dans l'empire: de là une dépopulation sans bornes.

sans cesse. D'abord ce sont les vieilles races, les Pélasges et les colonies phéniciennes qui avaient commencé l'industrie; elles deviennent esclaves, et elles disparaissent. Parmi les vainqueurs les tribus fortes assujetissent les tribus faibles. Ces dernières disparurent aussi. Enfin, même dans les tribus des vainqueurs, chez les Romains par exemple l'introduction de l'esclavage fit disparaitre peu à peu les hommes libres. Le riche n'ayant pas besoin du pauvre, le pauvre devenait encore plus pau-vre et finissait par arriver à un degré de pauvreté qui ne comportait pas même l'alimentation. Le riche s'enri-chissait toujours et le pauvre s'appauvrissait toujours: celui-ci d'abord ne prit plus de famille; bientot il périt. Ainsi chez les vainqueurs des vainqueurs l'escalvage fit périr les hommes libres. Par qui les remplaçait-on? On allait enlever des hommes sur les côtes de l'Asie mineu-re et de la Syrie; c'était la traite de ces temps là. Peu à peu ces provinces se dépeuplèrent; puis au défaut de l'Orient on en eut du nord. Les orientaux étaient industrieux; on retrouva dans le nord que des esprits bruts et grossiers. Dès lors l'art tomba, puisque l'art était aux mains des esclaves. Les premiers esclaves avaient péri parcequ'ils n'étaient pas ménagés; les derniers périrent de même. Il n'était pas besoin de s'inquiéter d'eux puisqu'on pouvait en avoir sans cesse, mais à la fin l'empire romain s'affaiblissait; les hommes du Nord au lieu de fournir des esclaves en faisaient eux mêmes continuellement dans l'empire: de là une dépopulation sans bornes.

sans cesse. D'abord ce sont les vieilles races, les Pélasges et les colonies phéniciennes qui avaient commencé l'industrie; elles deviennent esclaves, et elles disparaissent. Parmi les vainqueurs les tribus fortes assujetissent les tribus faibles. Ces dernières disparurent aussi. Enfin, même dans les tribus des vainqueurs, chez les Romains par exemple l'introduction de l'esclavage fit disparaitre peu à peu les hommes libres. Le riche n'ayant pas besoin du pauvre, le pauvre devenait encore plus pau-vre et finissait par arriver à un degré de pauvreté qui ne comportait pas même l'alimentation. Le riche s'enri-chissait toujours et le pauvre s'appauvrissait toujours: celui-ci d'abord ne prit plus de famille; bientot il périt. Ainsi chez les vainqueurs des vainqueurs l'escalvage fit périr les hommes libres. Par qui les remplaçait-on? On allait enlever des hommes sur les côtes de l'Asie mineu-re et de la Syrie; c'était la traite de ces temps là. Peu à peu ces provinces se dépeuplèrent; puis au défaut de l'Orient on en eut du nord. Les orientaux étaient industrieux; on retrouva dans le nord que des esprits bruts et grossiers. Dès lors l'art tomba, puisque l'art était aux mains des esclaves. Les premiers esclaves avaient péri parcequ'ils n'étaient pas ménagés; les derniers périrent de même. Il n'était pas besoin de s'inquiéter d'eux puisqu'on pouvait en avoir sans cesse, mais à la fin l'empire romain s'affaiblissait; les hommes du Nord au lieu de fournir des esclaves en faisaient eux mêmes continuellement dans l'empire: de là une dépopulation sans bornes.

Ainsi la société romaine se dissout à la fois sous le rapport religieux et politique, et sous le

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rapport matériel, c'est à dire que les hommes man-quent. Il faut un autre peuple pour remplacer le peuple détruit.

Nous venons d'exposer la décadence de Rome, grave et terrible sujet auquel ni Montes-quieu ni Gibbon n'ont pas touché, puisqu'ils n'ont parlé ni du droit, ni de la religion, ni de l'es-clavage.

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II.1.

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Monin 2.e Leçon. Invasion des barbares.

Nous ne pouvons nous arrêter au berceau du christia-nisme Deux grands éléments nouveaux: christianisme; barbares. malgré le charme des tttableaux qu'il nous présente. Nous y trouverions une perfection morale et religieuse qui n'avait point encore été atteinte qui n'a pas été surpassée et qui ne le sera point. Il est triste de s'éloigner de cette époque sans avoir pu s'y arrêter. Nous ne parlerons pas non plus de ce 4e. s. siècle où la société chrétienne se forme au milieu des débris de la société civile; où elle se crée une hiérarchie visible à la place de cette hiérarchie invisible. Il fallait que cette société pri^ une forme de plus en plus rigoureuse et forte, c.à.dc'est-à-direqu'elle arrivât à la monarchie, non pas seulement à cette monarchie invisible qui avait suffi aux premiers temps, mais une monarchie visible, la seule proportionnée à l'esprit matériel et faible du m.moyen âge. En un mot il fallait un pape. Les protestants, quand ils ont prétendu revenir aux premiers siècles de l'église, n'ont pas vu qu'il fallait que le christianisme devint une société monarchique pour vivre. La même nécessité qui plus tard a fait dépasser la papauté, l'avait fait établir au m.moyen âge.

Ce qui intéresse le plus en face du christianisme naissant, c'est cet élément tout nouveau, si original, si vigoureux qui entre dans l'empire, cette jeunesse cette fraîcheur admirable du monde barbare. Mais nous ne pouvons nous y arrêter, non plus. Nous sommes pressés d'arriver à la France; mais à

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la France dans ces éléments propres; à cet élément qui vient de rentrer si glorieusement depuis quelque temps dans la voie du perfectionnement et de l'influence universelle. La France Mérovingienne contenait bien celle-ci, mais d'une manière bien médiate. Les origines de la société dans laquelle nous vivons, ne remontent point plus haut que le 9e. s. siècle, que le monde féodal, que les invasions des Northmans, que les commencements, de la langue Française. La paix entre Charles le Chauve et ses frères est à tous les égards l'ère de la nation Française. 843. Tout ce qui précède nous le passerons rapidement qulq. quelque interêt qu'il puisse avoir. Ns. Nous Ns. Nous bornerons Aujourd'hui donc à nous donner un ttableau très resseré de la lutte entre les empereurs Romains et les barbares.

Commençons par l'énumération de l'arrivée des barbares, de cette armée envahissante qui mit 2 s. siècles à renverser Rome.

Tableau physique de l'Europe. Representons-nous bien la forme de l'Europe; trois péninsules qui entrent dans la Méditerranée, et ont (1) V.n°.1. la forme la plus précise, la plus arrêtée L'Espagne (1) est un carré, l'Italie un carré long, la Grèce a une forme très variée, très multiple. Il y a progrès évident. La Grèce est beaucoup plus civilisable que les deux (2) V.n°.21. autres péninsules (2); l'Italie plus que l'Espagne.

Derrière cette 1re Europe nous trouvons cette autre Europe beaucoup moins définie par la nature, et qui doit l'être par les révolutions politiques c.à d. c'est-à-dire par les idées qui amènent les révolutions; en un mot par le développement de la liberté humaine plutôt que par les obstacles physiques. C'est un monde vague

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et indecis indécis en comparaison de celui du midi. L'Allemagne la France sont des pays bien mollement dessinés en comparaison des 3 péninsules. C'est à la liberté humaine, au moi humain à lui imprimer ses traits. Au midi il y a des obstacles physiques symbolisés par la précision des limites naturelles; partout de hautes montagnes, des fleuves rapides, tout ce qui arrête les hommes.

Derrière ces contrées, c'est l'indécise Allemagne. En effet quelles sont ses limites. A l'Orient par exemple qui est-ce qui la sépare des pays Slaves. Est-ce que l'Oder: mais l'Allemand se parle sur les deux rives de l'Oder; des peuples Slaves sont établi de l'un, et de l'autre coté. L'Oder lui-même est un fleuve indécis qui sé répand alternativement sur ses deux rives. Du côté de la Baltique la mer au moins sera une limite? La mer elle-même est indécise; ses rivages sont chagés, elle couvre des villes englouties, et le sol de la Prusse, du Meklembourg, de la Pomeranie n'est guere guère diff. différente du fond de la mer qui les baigne. Où finit l'Allem. Allemagne du côté de la France. On dit partout que c'est au Rhin. Voyez cependant. L'Allemand se parle sur les deux rives; l'Alsace est Allemande, la Flandre parle un dialecte budesque. L'Allemagne n'est limitée qu'au midi. Pour tout le reste il y a une indécision; cela seul est certain qu'elle n'est pas du midi. On ne peut dire si les races Celtiques et Slaves ne touchent pas de bien près à la race Germanique; avec les Italiens il n'y a rien de commun. Les Allemands et les Italiens seront toujours oposées toujours ennemis.

Au delà de la Baltique, loin, bien loin des Alpes du midi sélèvent d'autrs Alpes, les Alpes Scandinaves, qui donnent un aspect si rude à l'Europe du Nord. Examinez une carte bien faite; la scandinavie est

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rudement caractérisée par cette chaîne de montagnes qui sort de la Baltique. C'est entre les Alpes, et les Alpes, la Scandinavie et celles de l'Italie que doit s'agiter le grand peuple dt. dont nous allons parler. C'est à peine si nous pouvons dire un peuple; ce n'est pas une race non plus; il n'y a pas dans cette foule de nations, cette unité de caractère et de langage qui constitue une race. Cette Germanie est si indécise qu'on ne sait comment la désigner; c'est une famille de peuples, de tribus, voilà le nom que nous lui donnerons.

Des Germains Examinez les traits des Germains. Voyez ce bleu pâle de leurs yeux qui donne à leurs regards ce caractères indécis et flottant. Les chevaux aussi sont pâles, De De plus leurs cheveux sont blonds. Ce pale àzur azur de leurs yeux fait penser au ciel incertain, nébuleaux, sous lequel ils vivent. Lerus cheveux pâles aussi rappèlent la froide (1) N°.22. boisson du nord. Ce ne sont pas là les fils de la vigne.(1) Voilà la race Germanique, élément indécis de l'Europe, qui doit fournir à toute cette Europe les principes d'une société nouvelle. L'Allemagne a prêté ses Goths à l'Espagne, ses Suèves à la Suède, ses lombards à la Lombardie, ses Francs à la France, ses Saxons à la Bretagne. En quoi ne s'est-elle pas transformé. La vieille Allemagne est la vraie mère du monde moderne; non pas une mère impérieuse; non, point de caractère politique dans ses colonies, point de lien, point de caractère de nation; ses enfants se sont détachés d'elle sans retour. L'Italie n'a pas gardé de traces de la langue des Lombards, ni l'Espagne de la langue des Goths, ni presque la France de la langue des Francs. L'Allemagne n'a conservé que la scandinavie et de l'Angleterre. La race Germanique ne s'est montrée nulle part sous un aspect plus énergique et plus original que hors de ses bassins dans sa grande et triomphante colonie

II,2.

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de l'Angleterre, le fruit et la gloire de la race Germanique (1). (1) V.n°.7. La perfection de l'Allemagne semble s'être réalisée dans les isles du Nord et dans la Scandinavie (2). C'est le terme où (2) V.n°.3. elle aboutit.

Divisons la race Allemande. C'est la langue qui nous Langues Germ. Germanique guidera. C'est le momument le plus fidèle, le plus complet de l'histoire de cette race. Les Allemands d'aujourd'hui n'ont pas une autre langue que celle d'Alaric et de Théodoric; La langue Germanique est resté fidèle à elle-même, coe. comme l'Italien est resté fidèle au Latin. Or il y a dans l'Allemand les ppaux principaux dialectes: le haut allemand et le bas Allemand. Le haut Allemand sera, si l'on veut, l'Allemand par excellence, c'esterait l'Allemand que l'on parle dans les montagnes, dans la Bavière, la Suisse et l'Autriche; le bas est celui qu'on parle d. dans la plaine; c'est la langue de la Prusse, de la Poméranie, de la Saxe. La Franconie est mixte. Voici l'été actuel des choses. Quelle est la division ancienne. Les Goths, les Lombards, les Hérules, et en général la grande confédération des Suèves, celle des Maromans, tous ces peuples parlent le haut Allemand, langue rude, pleine d'aspirations, de mots terminés par des voyelles sonores et retentissante, beaucoup de mots suisses se terminent par un i; beaucoup de mots Autrichiens par un a. C'est le côté Allemand que j'appelerais le côté Dorien. Le coté du bas Allemand serait le côté Ionien. Le bas Allemand est infiniment plus doux; les aspirations ont disparu, la prononciation devint atténuée, adoucie, sifflante même; elle aboutit enfin à l'Anglais. Un Anglais s'entend à la rigueur avec un Saxon, mais non pas avec un Autrichien.

Dans les tribus Germaniques les langue noms ne sont pas une Noms vagues et migrations Continles Continentales des tribus. disctinction suffisante, ce ne sont pas des noms de tribus; des noms propres. Ils n'ont que des dénomination gales générales

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Goth veut dire bon, vaillant; Allemani, tous hommes de cœur; Lombards, hommes armés de longs javelots; Saxons hommes armés de couteaux; Frank [illisible] javelot; Germains, hommes de Guerre; Markornans, hommes de la frontières. Les Wisigoths, ne se distinguent des Ostrogoths quant au nom que par la différence de potition Géogr. géographique (Wisigoths, Goths de l'ouest; Ostrogoths, Goths de l'Est) Quant aux Vandales ce sont plutôt les Slaves que des Germains; c'est le même mot que Wende et Venète. Il est impossible de fixer la demeure de ces tribus. Ce sont des nomades, ils vont et viennent sans cesse dans leur vaste pays. Tantôt vous rencontrez les Goths dans la Scandinavie, tantôt les Hérudes, aux frontières de l'empire Romain Vous remontez les Goths sur les rivages du Pont-Euxin; presqu'aussitôt ils sont en Scandinavie; Vous les cherchez en Scandinavie ils sont sur le Danube t entrent dans l'Empire Romain. Vous croyez les Hérules établis sur les bords de la mer Baltique, qu'ils sont déjà sur le Danube.

Différences des 2 familles des tribus Germ. Germaniques. Les Allemands du midi avaient en Général des chefs distingués par leur valeur; le plus souvent ils éaient désignés à la première place par la naissance. Mais la légitimité de la valeur et de la naissance se confondaient presque toujours, dans un état de chose ou l'enfant du chef savait dès sa naissance qu'il combattrait au premier rang: la vue continuelle du péril fortifie l'âme et l'élève; dès lors le plus noble était presque toujours le plus digne. Le chef s'entourait de compagnons, il en sentait le besoin dans une vie toute de périls; ils étaient toujours auprès de lui dans les combats et dans les banquets. Il les nourrissait, et les armait. C'étaient ses frères d'armes, ses fils d'armes; car la parenté par les armes est un trait particulier de ces tribus. Les guerriers protégeaient la vie de leur chef, et lui sacrifiaient

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volontiers, la leur. C'était une vie de désavouement, de hazards partagés en commun, et suivis de banquets en commun, d'ivresse, d'orgies au milieu desquels quelqu'un des hommes du chef chantait la bataille. Voilà toute leur organisation: c'étaient des hommes habitués à obéir pour vaincre; la religion pour les peuples Germains dt. dont ns. nous parlons était peu de chose, la guerre absorbait tout. Tel est le caractère de presque toutes les nations dt. dont parle Tacite.

Derrière ceux-là se trouvait une autre famille Germ. Germanique toute différente d'esprit: c'étaient principalement les Saxons, les Frisons, tous ces peuples de plaines, ou plutôt des landes, des sables de la Germanie du Nord. Tous ces peuples appartenaient à une famille désignée autrefois par les Romains sous le nom de limbres. Ils avaient en horreur, en dédain ces relations féodales qui chez les Germains du midi unissaient si étroitement l'homme à l'homme: cette religion de l'homme, ce dévouemt dévouement jusqu'à la mort inclusivement les Germains du nord ne le comprenaient pas; leur dévouement, leur dépendance n'était que pour les Dieux; particulièrement pour Woden (Odin) le dieu de la Guerre: ce dieu avait eu des fils dt. dont étaient descendus les rois pontifes les Azes. Les descendants des Azes gouvernaient le peuple mais au nom des Dieux. Ce peuple était trop fier pour souffrir comme autre dépendance, même la dépendance honoré par le dévouement, par l'amitié. Leur caractère c'est l'indépendance et l'égalité sauf la hiérarchie sociale; tous les hommes égaux sous les Dieux et sous des prêtres descendants des Dieux.

Voilà l'oposition des deux grandes races germaniques.

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c'est le nœud de l'histoire de l'Allemagne.

Ces races se trouvèrent réunis dans bien des entreprises. Dans la Scandinavie on trouve des Allemands du N. Nord et du midi: dans la Franconie de même; car les Francs formaient une association mixte d'hommes du Nord et du Midi, et le Dialecte Franc tint des deux dialectes que nous avons signalés. Lorsque les Lombards sous la conduite d'Alboin passèrent en Italie les Saxons désiraient suivre ce chef: le génie différent de ces peuples les en empêcha. Alboin voulait selon l'esprit des tribus du midi partager son armée en dizaines, (1) N°36 bis. centaines, mille (1), etc. c.à.d. c'est-à-dire l'assujétir à une organisation militaire. Les saxons ne voulurent pas se laisser classer ainsi, prévoyant que ce plan les soumettrait d'avantage à leurs chefs, et à une discipline rigoureuse; ils renouèrent à cette belle Italie où Alboin voulait les conduire. Ce ne fut que bien tard, et lorsqu'ils étaient établis depuis long-temps longtemps dans la grande Bretagne, que le grand Alfred parvint à leur faire adopter la division par dizaines et centaines. Le principe féodal était dans les Allemands du midi, et l'opposition au principe féodal étant dans les Allemands du Nord. Les premiers qui entrèrent dans l'Empire furent les Allemands du Midi; ils en étaient plus voisins. Ces Allemands du Midi ont été très loin et du côté du Midi, et du côté de la Scandinavie; car les Goths ont poussé jusqu'aux Alpes Scandinaves d'une part, de l'autre jusqu'au détroir de Gibraltar. Les Suisses, les souabes sont le p même peuple que les suédois: ce ne sont que 3 formes d'un même mot. Et ces voyelles retentissantes que nous entendons sonner sur les montagnes du Tyrol et de la Suisse, on les entend aussi sur les Alpes Scandinaves.

II.3.

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Voilà le monde barbare.. Des Germains au nord et au midi. Derrière les Germains viennent les slaves, les Vénètes, Wendes, ou Vandales; derrière les Slaves (1), les (1) N°.2. Tartares. Mais ceux-ci ne sont plus à pied. Ils ne parlent plus une langue indo-Germanique, mais des idiômes tous nouveaux pour l'Europe et sans rapports avec les idiômes du monde occidental. Leur physionomie sauvage et monstrueuse les sépare encore d'avantage et des Slaves et des Germains. C'est l'arrière-ban des Barbares. Ils passent à travers toute la ligne des Slaves, pour se jeter au milieu des Germains.

Revenons à la Germanie et montrons clairement Place des deux sections de la gr. grande famille Germ. Germanique dans l'histoire du moderne. la différence des deux races dont elle se compose. D'abord les Allemands du midi, sacrifiant leurs intérets et leurs passions à la dépendance, ppe principe féodal à la foi de l'homme à l'homme. Derrière eux, les Allemands du Nord qui prétendent ne dépendre que des Dieux, et qui après avoir perdu avec leur religion nationale la seule dépendance qu'ils voulaient bien supporter, après être entrés non sans une répugnance prolongée dans le sein du christianisme, doivent finir par s'affranchir peu à peu de la nouvelle religion, pour ne plus reconnaître que la seule autorité de la pensée. C'est là le génie actuel de l'Angleterre, de la Scandinavie, et de l'Allem. Allemagne du nord; c'est là que ces pays sont enfin arrivés après mille révolutions.

L'Allemagne du Midi prédomine d'abord et avec elle le monde féodal. Ensuite vient le tour de l'Allemagne du Nord, et au même temps du monde industriel et anti-religieux. De sorte que l'Allemagne fournira à la fois et des races et les idées qui vont renouveler le monde ancien. L'invasion des barbares, ce grand

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événement s'efface en quelque sorte à nos yeux quand nous songeons à cette grande invasion d'idées qui va s'élancer à leur suite. On voit dans l'arrivée d'Alaric, d'Alboin, tout le système féodal et dans la résistance opiniâtre de l'Allemagne du nord au régime féodale et sous Charlemagne et sous la maison souabe, et plus tard dans la prédominance en Angleterre du génie Saxon sur le génie Normand, on voit dans tout cela la formation de [rature] l'esprit Anglais d'aujourd'hui qui est la fin et le résultat de l'Allemagne du Nord.

Sources histes. historiques sur l'invasion. Le Frontispice de toute l'histoire des barbares c'est le grand poème des Niebelungen où leur génie est déposé. Il faut toutefois en écarter avec soin ce qui appartient à l'époque de sa seconde rédaction définitive. N'oublions pas la Germanie de Tacite la plus belle description de peuple qu'on ait jamais faîte, si Tacite avait compris la portée de ce quil disait. Le seul défaut de ce grand ouvrage c'est de procéder d'une manière négative en opposant les vices des romains à l'absence des ces mêmes vices en Germanie; c'et faire quelquefois les épigrammes contre Rome au lieu de décrire un pays étranger. Une 3e. source est dans les historiens contempor. contemporains de l'invasion; et aussi dans les recueils de lettres de cette époque, dans les lettres de Cassiodore ce chancelier Romain du Goth Théodoric, dans les lettres de St Jérome, de St Augustin; et aussi dans Salvien, et tous ceux qui ont souffert de l'invasion. Parmi les historiens nous remarquons un barbare, Ionnandès qui a écrit en latin sur les origines et les guerres de la Germanie; parmi

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les hommes de l'ancienne civilisation le Sophiste Priscus qui nous a laissé un monument inestimable dans le récit de son ambassade auprès d'Attila. En entrant dans le moyen âge nous trouvons dans Grégoire de Tours un monument non moins curieux mais nous nous tenons ici à la 1ere époque de l'invasion.

Maintenant voici comment l'on compte la 1re invasion des barbares.

Récit de la 1re Invasion. 376-4. Depuis long-temps longtemps les nations Germaniques 1° Antécédents. pesaient sur l'empire, et ce n'était qui par une grande force militaire qu'on pouvait soutenir ce poids. On sait que déjà 100 avt. avant J.C. Jésus-Christ les Cimbres avaient fait irruption en Italie. On sait que les Daces (Dagen, Degen, épée) avaient imposé un tribut à Domitien; que Trajan loin de la payer jeta un pont de marbre sur le Danube pour aller chercher les Cimbres Dapes dans leur pays, qu'il détruisit tout en Darie par le fer et le feu et fit prisonnier leur roi Décébale (c.à.d c'est à dire roi des Daces). Vers 260 lorsque 17 prétendants s'élevèrent dans l'empire des Barbares l'entamère de toutes parts. Les Goths passent le Danube +; les Francs passent le Rhin. Les Francs + Et sous Décins tentent de conquérir l'Italie. ne sont pas une peuplade particulière de la Germanie: ils appartiennent aux 2 gr. grandes races Germaines à la fois; c'est une confédération. Leur nom vient de Fram (1) (Framée) sans doute par opposition à Sachsen (les hommes du couteau) Les Francs partent un dialecte très rude qui ressemble assez à celui des allemands du Midi.

(1) Cette formation d'un adjectif étymologie est conforme à la dérivation du plusieurs adj. adjectifs coe. comme Krank de Gram.

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Dans les 1rs premiers temps de leur existence ils habitèrent sur les bords du Rhin à peu près au milieu de son cours, puis ils descendirent jusque dans la Batavie où il se mêlèrent aux anciennes pop. populations de races Frisonne et Saxonne. Ils y prirent la religion d'Odin, cette religion qui inspire à ses sectateurs un enthousiasme féroce de la guerre. C'est au reste le caractère universel des barbares: mais aucune nation ne paraît l'avoir porté aussi loin que les Francs.

Pour se faire une idée de cette barbarie, il faut savoir que les Thuringiens ayant reçu d'un peuple vaincu 400 jeunes filles en ôtage otage (on sait que les Germains préféraient recevoir des filles en ôtage otage), et la paix ayant été rompue, ils les firent tirer toutes à quatre chevaux. Les Goths qui envahissaient l'empire coupaient la main droite à tous les laboureurs. Ces barbares détruisaient coe. comme les enfants détruisent; les enfants ont besoin d'exercer leur activité, et comme ils ne savent pas construire, ils l'exercent en détruisant. C'est ainsi que les barbares détruisaient les hommes non par une cruauté froide et réfléchie mais par une insouciance et sans bien connaître la valeur de ce qu'ils détruisaient. Il y eut contre les barbares de cruelles représailles. Constantin jetait aux lions les rois Francs qu'il avait faits prisonniers. Julien remporta sur les Chauques de sanglantes victoires. 2°. Les Goths sont admis d. dans l'empire. 376

Mais après la mort de Julien, s.s sous les 2 frères Valentinien et Valens qui gouvernaient, le 1r premier l'Occident le second l'Orient, les Goths qui vivaient au delà du Danube vinrent se présenter aux officiers impériaux et demanderent à entrer dans l'Empire.

II.4.

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Ce n'était pas une chose nouvelles: l'empereur Probus, en paysan d'Illyrie célèbre par ses victoires sur les Perses et les Barbares avait eu l'idée d'enlever des tribus entières à leur pays, de les transporter à l'autre bout de l'empire, de les établir dans des provinces où environnées de grandes forces militaires, éloignées de leur pays par un espace immense, elles devaient se civiliser bon gré mal gré et rajeunir de leur sans généreux la vieillesse de l'empire. Probus avait tenté la chose sur nos ayeux aïeux les Francs; il avait transporté quelques unes de leurs tribus sur les bords du Pont Euxin espérant bien qu'ils ne pourraient jamais delà retourner d. dans leur patrie. Ils y retournèrent pourtant. Incapables de supporter cet exil ils firent des barques d'osier recouvertes en cuir et qui pouvaient se fermer. Ils se confièrent à la mer sur ces frêles embarcations. Quand la tempête arrivait ils fermaient leurs barques et roulaient à tout hazard avec les flots. De cette manière ils traversèrent toute la Méditerranée. Mais les Palus Meotides, sortirent par Gibraltar, remontèrent dans l'Océan jusque sur les côtes de la Batavie où ils descendirent en bien petit nombre après un tel voyage, coe. comme on peut bien l'imaginer.

Les Goths qui demandaient un asyle asile à Valens ne demandaient donc rien de nouveau. La raison qu'ils alléguaient était, que des extrémités de l'Asie, des déserts où les sorcières s'étaient unis avec les démons axvaient fondus sur eux un peuple difforme, monté sur de petits chevaux légers coe. comme des vautours, des hommes qui ne fesaient faisaient entendre des sons

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grèles semblables au cri des animaux. Les Goths fatigués de leurs incursions continuelles, déclaraient qu'ils se trouvaient plus rapporchés par les mœurs des Romains que de ces peuples aux quels ils dormaient le nom de Huns. Ils venaient d'être convertis à l'arianisme par Ulphilas. Valens était lui-même Arien. Il se détermina à les recevoir. On a dit qu'il n'aurait pas dû le faire. Mais les Goths seraient entrés de force. On a dit encore que le peuple entier des Goths avait supplié à genoux les officiers Romains pour qu'ils voulussent bien les recevoir. On n'a pas réfléchi que les Goths étaient un peuple assez puissant pour résister aux Huns, que s'ils se retiraient devant aux c'est qu'ils mimaient mieux la paix qu'une guerre dans butin et sans fin. Mais ils étaient trop fiers pour demander à genoux ce qu'ils auraient pu prendre de force, et beaucoup trop nombreux pour pouvoir tous entrer dans l'empire. Il est évident que ceux qui firent cette demande ne formaient qu'une très petite fraction de la nation, le reste demeura dans ses foyers.

Les Goths devaient passer sans armes: ils donnèrent tout aux officiers de l'empereur pour les conserver. Ils donnèrent leur or, leur bestiaux, tout jusqu'à leurs enfants et leurs femmes. La difficulté était de nourrir cette immense multitude qui s'élevait dit-on à 400 000 mille personnes. Dans un pays civilisé on est bien à l'étroit. Toute la place est prise; chacun ax son héritage; chaque morceau de terre a son maître. Que faire cependant des Goths? On ne voulait point en faire des soldats car pourquoi leur ôter demander leurs armes: leur industrie était nulle. Ici on accuse encore

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les fonctionnaires d'avoir détourné les approvisionnements et d'avoir réduit les Goths à leur vendre coe. comme esclaves leurs femmes et leurs enfants. Cette infidélité n'est pas nécessaire pour expliquer la disette où les Goths se trouvèrent réduits. Un soulèvement terrible éclata; les barbares prirent les armes. Valens fut vaincu et tué à Andrinople. Le grand Théodose lui-même qui vint après lui put à peine contenir les barbares. Souvent les guerriers Goths tiraient l'épée à la ttable même de l'empereur. Lors qu'à la mort de Théodose ses faibles enfant Arcadius et Honorius partagèrent l'empire les barbares prirent les armes; ils ne se croyaient liés qu'à l'homme seul entre les mains duquel ils avaient prêté un serment, c'était là leur droit public. Le Vandale Stilicon qui gouvernait l'Occident sous le nom d'Honorius eut peut être arrêté les Goths s'il avait réuni les 2 empires; mais la jalousie des ministres d'Aradius l'empêcha de détruire Alaric.

Alaric nommé juge ou chef des Wisigoths 3°. Alaric et Rodogast. ravagea impunément la Grèce, pénétra en Illyrie: ce ne fut qu'à grand peine qu'il accepta le titre d'allié de l'Empire Oriental avec l'Illyrie et la permission de fabriquer des armes dans les ateliers impériaux. Alaric voulait attaquer l'Occident. Il mit 3 ans à passer d'Illyrie en Lombardie; les Goths traînaient avec un de leurs femmes, leurs enfants, leurs vieillards. Entré dans l'Italie, Alaric y était depuis peu occupé de sa lutte avec Stilicon quand arrivèrent par un chemin plus direct, par les Alpes une foule de barbares de Nord des Bourguignons, des Sueves, des Vandales, des Alains. Tous ces peuples entraient en It. Italie sous la conduite de Rodogast. Ils y trouvèrent leur tombeau. Attirés près de Florence dans un pays , difficiles ils furent entourés et exterminés. Cependant Alaric était toujours là

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se préparant à profiter de l'affaiblissement de ses ennemis: 2 fois il essaya d'imposer des conditions à Honorius, 2 fois elles furent repoussées. Alaric marcha vers Rome: et Rome fut prise pour la 1re fois en 420. La ville fut pillée, mais le vaiinqueur n'y resta pas. Le séjour d'une ville était insupportttable pour les barbares; ils n'en voulaient que les richesses. Alaric continua sa route et mourut de maladie dans la Calabre. Les barbares virent dans cette mort une punition du ciel. Ils s'accusaient eux-même d'avoir pris Rome, d'avoir violé la ville sanctuaire des Césars; ce grand nom de César ils étaient habitués à le respecter: ils l'avaient entendu tant de fois répéter avec une sorte d'effroie dans leurs déserts.

La plupart des nations barbares trouvaient dans leurs traditions religieuses que leurs pères étaient venus du midi; et qu'ils y avaient laissé une ville sacrée, (1) N°.33. une ville de bonheur nommée Asgard (1) (probabl. probablement ville des Azes): c'était donc en poursuivant leurs conquètes vers le midi qu'ils remontreraient infailliblement cette ville sainte; et peut être l'idée de Rome se confondait-elle pour eux avec l'idée de cette ville. Je me sens attiré vers Rome par une impulsion irrésistible, disait Alaric. Notre Asgard c'est toujours le lieu que nous n'avons pas encore. En voyant ces pommes d'or, ces fruits délicieux du midi, ils supposaient que ce pays favorisé des cieux était celui que leur religion leur désignait. On conçoit difficilement l'effet que produisaient sur les barbares du nord ces brillantes production du midi. En Scandinavie pour exprimer le désir le plus ardent on dit le désir des figues. Les Gaulois n'ont, dit-on, passé en Italie qu'à cause de la vigne: et on sait que les (1) V.n°-13 et 14, et Priscus. sur Attila. oranges contribuèrent beaucoup à attirer les Normans Normands en Italie.(1)

26r

Arts et littérature du monde barbare - Analyse des nièbelungen - Caractère de ce poème - Comparaison avce avec les niefelung.

3 moments distincts dans l'invasion des barbares. Il y a trois moments bien distincts dans l'histoire de l'invasion des barbares: d'abord Alaric et Fritigern, moment d'enthousiasme poétique et d'impé-tiosité désordonnée. Le Nord est attiré vers le midi par un attrait irrésistible; rien ne se fonde encore.

Le second moment c'est la réunion du monde barbare sous Attila, réunion dont Frisard nous a donné un si admirable tttableau. Les barbares veulent de l'or, mais point encore de conquêtes.

Vient enfin ce troisième moment où l'on commence à fonds. Là se trouve la fondation obscure des royaumes bourguignons et Wisigoth, la fondation éclatante du royaume peu durable des Ostrogoths en Italie, la fondation durable du royaume des francs dans les Gaules, royaume qui doit plus tard comprendre et réunit sous Charlemagne tout le monde bar-bare.

Des intervalles presqu'egaux divisent ces 3 époques: le premier élan ou Fritigern et Alaric en 400; la première réunion du monde barbare en 450; puis vers 500 Theodoric et l'affermissement de la domination des francs dans la Gaule, de cette domination qui doit arriver vers 800 à l'arété du monde barbare.

De l'art chez les barbares.Voyons maintenant quelle est l'idée de ce monde bar-bare. Il se trouve dans la ville dépeuplée et solitaires de Ravennes un monument gothique, le seul vraiment gothique peut etre que possède l'Italie. Ce momument est d'une forme ronde; une coupole d'un seul bloc en couronne le faîte. C'est

Hist.Histoire du moyen-age 3.

26v un momument colossal et comparable pour la masse aux seuls monumens de l'Etrurie primitive, aux monumens pélasgiques. Les origines du monde barbare sont caractérisées par des monu-mens d'une structure colossale, comme les origines du monde clas-sique. Ce n'est pas du tout cette architecture élégante, hardie, bi-tane, appelée si mal à propos architecture gothique; ce n'est qu'un bloc massif qui semble posé là par la main d'un géant. Ce monu-ment est le tombeau de Dietrich, c'est à dire de Théodoric, vainqueur d'Odoacre, vainqueur à Vérone des premiers barbares qui avaient conquis l'Italie; c'est le premier grand héros de l'Udendach, de ce recueil de poésies dont l'allemagne se nourrit depuis 1000 ans. Le héros des guerres du midi est donc Die-trich x ; mais il y a aussi un héros scandinave, tout germain, c'est Siegund, Siegfried. L'idée du monde barbare est là, dans les personnes moitié historiques des Dietrich à la f ger-main et italien, du Siegfried tout germain, du Sigurd tout scandinave. C'est là qu'est notre vénérable point de départ; là est l'idée du monde barbare. Vico a dit un mot d'une immense profondeur: le vrai poétique est plus vrai que le vrai historique; et en effet il est certain que l'histoire ancienne de la Germanie n'eut rien de si germain que Dietrich et Siegfried, tels que la poésie les a peints. Comment lune se dispenser de parler des personnages les plus historiques de toute l'histoire des Ger-mains? Cette poésie est beaucoup plus historique que Grégoire de Tours et Jornandès, plus historique de les lois saliques et ripuaires; elle entre dans l'histoire à une bien plus gran-de profondeur, et cela se comprend: lorsqu'un peuple entier se compose de siècle en siècle, en amassant toutes ses idées, un idéal de nationalité, il doit arriver qu'en négligeant dans chacun de ses essais ce qui est particulier au temps et réunissant tout ce qui est commun aux différens âges, nous aurons l'essence même de son génie national.
27v féodale ce monument est tombé par la poésie bourgeoise des compagnons jusqu'aux almanachs de 1830 qui donnent encore aux paysans de l'allemagne le même texte sous une forme prosaïque et décolorée. Tel est l'immense cycle que ce grand poëme a parcouru. Ce n'est pas à nous qu'il appartient de faire connaitre les formes que cette poésie a successivement revêtues. Cette généalogie des mythes s'engendrant les uns des autres, se teignant des couleurs particulières à chaque époque est à coup sûr le spectacle le plus intéressant pour l'esprit, et la seule littérature germanique peut nous donner ce spectacle. Mais nous ferons abstraction de tout ce qu'il y a de poétique dans cette poésie. Il nous faut voir com-ment les Allemands ont conçu leur première vie de nation; nous donnerons pour cela une opposition fort et sèche de Niebelungen. Caractères pricipaux d'un peuple - art - littérature, histoire, droit, etc. Une peuple se caractérise par plusieurs choses, par son art dont la langue est la partie la plus profonde, par sa littérature qui est déjà quelque chose de moins intime, de plus extérieur que la langue: il se caractérise par son droit et enfin par les événemens politiques qui sont la forme la plus matérielle, la plus concrète que revête le génie des peuples. Notre tâche est de nous arrêter à ces deux dernières formes, le droit et les événémens politiques. La forme du droit est concrète en ce sens qu'elle est écrite et datée; mais on voit de suite la supériorité du droit sur la littérature. En géné-ral les monumens littéraires aux époques barbares ne sont point datés, ils flottent; on ignorera toujours l'année dans laquelle la première idée des Niebelungen est entrée dans l'esprit des Germains, tandis que sans avoir
28r une date précise sur la loi salique on saura toujours à peu près à quelle epoque époque elle a été ecrite écrite. Le droit, comme la littérature, est un développement à la fois intellec-tuel et matériel; intellectuel, car c'est toujours la pensée qui commence et qui prépare l'action. Ce double caractère est un avantage immense. C'est pour cela que les fondateurs de la phi-losophie de l'histoire a pris pour base les révolutions du droit, dans la pensée que l'histoire n'est qu'un changement, un développement du droit. Les révolutions de la langue et de la littérature au contraire ne sont pas susceptibles de chronologie, ou presque pas, et alors même ce n'est qu'à une epoque époque très avancée, c'est à dire quand elles n'en ont plus besoin. Le temps précis des révolutions de l'art figuré ne peut pas non plus se dater; c'est là leur infériorité quand on les considère sous le rapport historique. Puis arrive le quatrième développement, le droit, qui est à la fois de la pensée et de l'action et qui a de plus l'avantage de pouvoir être ramené à des dates précises: enfin arrive ce dévelop-pement extérieur et grossier de l'histoire politique. Il y a bien un autre développement qui est le couronnement de tout, c'est la pensée abstraite et générale, la philosophie; mais cette partie n'entre point dans le sujet de nos études, et d'ailleurs quoique ce soit le résultat général de la pensée d'un peuple, ce n'est piont un développement populiare; il est essentiellement aristocratique. Analyse des Niebelungen. Revenons aux Niebelungen: dans les basses
28v terres vivait un roi, Siegmund, dont le fils Siegfried avait en partage la force et la beauté. Il fut élevé par des vieil-lards qui ne le quittaient ni le jour ni la nuit. Il parcourut bien des contrées. Dans un de ses voyages il arriva au pays des Niebelungen, enfant des brouillards. Le roi du pays étant mort et ses deux fils se disputaient le trésor qu'il avait laissé, trésor capable de couvrir d'or et de pierreries des champs innombrables. Dans ce trésor se trouvait le chapeau qui rendait invisible et la bonne épée, Bahmung, qui ne manque jamais son coup. Les deux frères prièrent Sieg-fried de leur partager le trésor; il le fit avec équité; mais ces méchants s'armèrent contre lui, ils ne savaien tpas la force du héros. Il les tua tout deux, dompta leurs guer-riers, dompta le vieux gardien de l'or, le monstrueux nain Albrecht, armé d'un énorme fouet de fer: il s'empara du trésor, le ramena dans les basses terres, mais parcenu près de l'embouchure du Rhin, le héros dédaigna cet or funeste et le lança dans les flots: lui seul au monde connaissait la place où il était ainsi englouti. La tradition scandinave ajoute que l'un des deux frères était un dragon. Siegfried après avoir tué ce dragon se baigna tout entier dans son sang; seulement une feuille de tilleul s'étant collée contre son dos, le sang retomba point cette palce, et il resta vulnérable par cette partie. Cependant Siegfried apprit que dans la terre des Bourguignons florissait une noble vierge, celle sans mesure: aucun corps de vierge n'était plus beau, mais les vertus de son sexe paraient d'autres vierges; pour elle elle était cruelle et artificieuse. C'était Chrimmchil Krimhild, la fille bar-
29r bare. Siegfried alla trouver son père: je veux, lui dit il, aller dans la terre des Bourguignons demander la main de cette fille. Garde toi d'aller dans cette terre, lui répondit le vieillard; tu ne sais pas la perfidie du peuple. - Et qu'importe la perfidie, reprit Siegfried, c'est par la force que j'aurai la main de Chrimmhild: je ne demande rien par la douceur. J'emmène avec moi 112 compagnons. Fait il trouver sa mère: ma mère il me faut 12 [ho]- bifs magnifiques pour mes 112 compagnons; je vais dans la terre des Bourguignons. Sa mère résiste d'abord, mais enfin elle donne son consentement. Alors toutes les jeunes filles, toutes les sœurs du guerriers se mettent à l'ouvrage avec ardeur, travaillent jour et nuit sans relâ-che, et ces pierreries tombent à foison, et les vêtemens s'a-chèvent. Siegfried part: il arrive bientot non loin de l'Odenwals qui se trouvait dans les environs de Worms, à la cour de Gunter roi du pays et frère de Chrimmhild il y trouve aussi Hagel, autre frère de Chrimmhild, l'homme au visage pâle et qui n'a plus qu'un œil, le jeu-ne et ardent Guenruth, Raudolph le maître des cui-sines. Le maître des cuisines est au moyen-age un per-sonnage important. Celui qui tire l'épée dans les festins pour découper le chevreuil et le sanglier servis à la ttable du chef, doit être noble. Siegfried et les siens s'arrêtent à cheval sans la cour de Gunter (ils sont à cheval dans la rédaction du XIIIe siècle; ses aventures ne se passent que dans les montagnes et sur la mer.) On sort donc pour les débarrasser de leurs armures. Ils ne répondent pas. Gunter qui les avait
29v vces du haut de son palais demande qui ils sont: les serviteurs disent qu'ils ne connaissent pas ces guerriers. Il fait appeler Hagel qui lui répond: je ne connais pas ces gens là, mais celui ci doit-être Siegfried, le héros des basses terres. Gunter descend et leur offre l'hospitalté. "Je ne viens pas pour prendre l'hospitalité, dit Siegfried, je viens pour voir si vous êtes plus fort que moi, et si je suis vainqueur votre royaume et vos trésors m'appartiennent. Les Bourguignons s'indignent, les épées sont se tirer. Mais Han-gel intervient; on s'accroche, on s'apaise. Siegfried et ses compagnons sont introduits dans le palais de Gunter. Bien-tot on apprend que les Sachsen descendent vers la terre des Bourguignons. C'est alors que se livre une bataille plus terribles que les batailles de l'Iliade: il y a un massacre épou-vanttable; Siegfried qui avait pris parti pour les Bourguignons est vainqueur. Les rois Sachsen sont consuits enchainés au palais de Gunter; ce roi par reconnaissance accorde au héros la main de Chrimmchild. Alors la rédaction scandi-nave donne une plus haute idée du génie germanique que cette pureté, cette exaltation dans les rapports entre les 2 sexes. On peut lire tous les poëtes grecs sans rencontrer rien de semblable. Avant le mariage Gunter déclare à Siegfried qu'il a entendu parler d'une terre lointaine, la terre des glaces, l'Islande, ou selon d'autres la terre d'Ossel; que dans cette terre il y a une vierge démesurément belle; elle se nomme Brunehild, la fille qui brûle. Elle est douée d'une force prodigieuse (La force chez les Germains est une condition de la beauté même pour les femmes).
30r Brunehild ne donnera sa main qu'à celui qui lan-cera le javelot plus loin qu'elle. Tout ceux qui ne réussissent pas sont condamnés à perdre la vie. Gun-ter veut tenter l'aventure. Après avoir essayé de le dé-tourner de son orojet, Siegfried part avec lui. Brune-hild est si sûre de sa défaite qu'elle se place au but. Mais, grâce au chapeau de nuages qui la rend invisible, Siegfried lance le javelot en avant, s'en était fait de Brune-hild. Il lança le trait par le fer, et le bois alla frap-per Brunehild, brisa son bouclier et la renversa à terre. Charmée d'un beau coup elle surelève, remena Gunter et lui donne la main. Cependant les gens de l'Islande pensent à mettre [?] au départ des deux epoux. Siegfried va chercher des guerriers dans la terre des Niebelungen; il s'embarque sur le Rhin; son bras puissant fait voler la barque qu'il dirige seul contre le courant du fleuve. Il rame jour et nuit, arrive bientot au terme de son voyage C'était la nuit; il veut s'assurer si [?] serviteurs gardent bien la ville qu'il leur a confiée. Il frappe de manière à briser les portes. Le géant qui se tenait derrière la porte menace Siegfried; celui ci frappa de nouveau. Le géant sort tout armé; Siegfried la saisit et le serre entre les bras de manière à l'étouffer; lorsqu'enfin il est près d'expirer Siegfried lui dit lui même son nom. Cenpendant le nain Albrecht a entendre tout le fracas; il sort et de son fouet de fer il fait voler en éclat l'armure de Siegfried. Celui ci le saisit par sa longue barbe et le fait tourbil-lonner autour de lui après l'avoir enlevé de terre. Albrecht poussa des cris epouvanttables et dit: "si je n'avais
30v monseigneur Siegfried, le plus fort des homes, c'est toi que je prendrais pour maitre". Siegfried se fait alors con-naitre et console son fidèle serviteur. Dix mille guerriers se rendent avec Siegfried chez les hommes d'Islande. C'est alors que les noces sont célébrées avec une pompe merveilleuse. Gunter emmène son epoux dans la terre des Bourguignons; là une rivalité funeste s'allume entre les deux reines. Brunehild a bientot reconnu qu'elle a été trompée par Gunter; elle sent toute la supériorité de Siegfried sur son epoux époux, et devient jalouse de Chrimm-hild. Les deux femmes se bravent; Brunehild est surement outragée; elle jure la mort de Siegfried. Déjà Hagel haïssait mortellement Siegfried. Il va trouver Chrimmhild et lui dit "est-il vrai que vous [rature] possédez le plus fort des hommes?" On dit qu'il est invulnérable". Helas ! lui dit alors Chrimmchild, il est vrai qu'il est invulnérable dans tout le corps; mais il est une place où on puisse frapper". Hagel veut connaitre cette place, sous prétexte de protéger Siegfried contre tous les périls des combats. Dans cet espoir Chrimmchild la lui iindique. On préparait une grande fête à la cour de Gunter. Cette fête devait petre suivie d'une grande chasse: à cette chasse, pendant un repas, arrive un ours énorme: à sa vue, tous les chasseurs ont pris la fuite. Siegfried reste seul, embrasse de ses bras puissans puissants le monstre redouttable, et rappelant tous les chasseurs il leur apporte sa capture. La haine de Brunehild augmente. Hagel propose à Siegfried une lutte à la course; Siegfried se dépouille et a bientot surpassé son adversaire. Une fontaine etait était prèsdu but: Siefried se penche pour y boire; Hagel par derrière le perce de part
31r en part. Siegfried roule en rugissant dans des flots de sang; il expie en prédisant à Hagel qu'il sera vengé. Pendant 4 ans l'inconsolable Chrimmechild ne sortit point de sa solitude. Elle est demandé en mariage par un roi de terres lointaines, par Ezzel qui a entendu parler du trésor des Niebelungen et qui espère savoir par la veuve de Siegfried où tant de richesse ont été déposées. Chrimmchild accepte pour venger son epoux époux. Ezzel est le plus avare et le plus avide des hommes. Chrimmchild parvient à toucher son cœur en lui disant: "mes frères tiennent le trésor; pourquoi ne pas les inviter à un festin?" Ezzl comprend et les invite. Hagel, pour rien au monde, n'eut voulu y aller; mais Gunter l'exi-ge. Alors a lieu une immense réunion: tous les vassaux d'Ezzel sont assis à sa ttable avec les Bourguignons. Au milieu de tant de taces diverses la discorde naît bientot. On se menace, on tire l'épée; alors commence un epouvan-ttable massacre; tous les vassaux de Chrimmchild fondent sur les Bourguignons. Hagel se cache, mais Chrimmchild parait devant lui l'épée mue à la main, elle le frappe. L'ecuyer d'Hagel venge la mort de son maitre et fait tomber la tête de Chrimmchild; il ne reste plus à sa ttable que l'impossible Ezzel et le vaillant Dietrich qui doit hériter d'Ezzel. Remarques sur les Niebelungen. Il y a bien des remarques à faire sur ce poème. L'idée du monde barbare est dans tout cela à un tel degré qu'il est impossible de ne pas en être frappé. D'abord leur première idée, c'est leur respect pour la
31v force héroïque, idée partout empreinte dans ce poëme poème. Ces épreuves pour le mariage que la race sémétique fait consister dans l'acquisition des richesses, dans la multiplication du troupeaux; ces epreuves épreuves que le génie grec plaçait dans les courses d'Atalante, le Germain les a mises dans la force. Il s'agit de savoir qui lancera le plus loin un javelot ou un rocher: c'est une même conception qui a fait choisir pour couronner le tombeau de Dietrich cette immense coupole d'une seule pierre. Deux forces dans le monde, le bien et le mal. Mais il y a deux forces dans le monde, celle du bien et celle du mal, la force héroïque et la force perfide, Siedfried et Hagel, Siegfried l'homme fort, l'homme rouge; Hagel l'hom-me faible et intelligent, l'homme pâle: l'infériorité de ce monde barbare consiste à reconcevoir l'intelligence qui réunie à la perfidie, et la force que réunie à la brutalité. Objet de la lutte matériel en Occident, imma-tériel en Orient. L'objet de la lutte est un objet de concupiscence; c'est d'abord de l'or, métal funeste, et le héros avait bien pensé lorsqu'il l'avait lancé dans le fleuve? Le second objet de consupiscence est une femme; ici il y a progrès. Dans tous les poëmes poèmes héroïques, c'est une femme qui est l'objet principal et de la lutte. Peu importe que ce soit la femme de Rama ou de Chréma, ou l'Hellène ou la Pénélope d'Homère, ou les Sabi-nès ou Chrimmchild. On pourrait rapprocher encore bien des choses, le dragon, gardien des trésors, la toison d'or et l'expé-dition des Argonautes. Tous ces poëmes poèmes sont la traduction l'un de l'autre; c'est toujours la lutte du bien et du mal, Le héros nait, brille et meurt; il meurt jeune, et il le faut bien pour qu'il meure tout entier, pour qu'il meure avec sa force et sa grâce, pour qu'il meure vérittablement héros.
32r Il meurt par la perfidiz: en Germanie le héros n'est qu'un guerrier; il en est autrement dans l'Orient, le héros n'est plus un homme fort, c'est un homme souve-rainement intelligent qui vient pour sauver la terre et qui meurt; il meurt, mais sa mort est engée: mal-heur à qui a porté la main sur sa personne sacrée! L'instrument qui venge la mort du héros est odieux: on ne se teint pas impunément de sang. Chrimmchild périt à son tour; Egisthe, instrument juste d'une ven-geance méritée, n'aura pas impunément exercé cette ven-geance. Pogrès de l'idée d'héroïsme. On voit les progrès de l'idée d'héroïsme: c'est d'abord un homme fort comme Hercule; à une époque plus avancée, c'est un héros de moralité, qui n'aura rien de gigantesque, mais une grandeur colossale dans la vertue. Voilà le côté symbolique des niebelungen. Voyons main-tenant le côté historique. Fonds historique de ce poëme poème. Où tombons nous? Dans ces interprétations plus ou moins vraisemblables, qui trouvent des hommesdont tous ces noms. Toutes ces puissances du mal, Albrech, Walfming, les niebelungen, sont, dit-on, les anciennes races [?] qui fouillent la terre pour en tirer ce blé ou l'or; ce sont les enfants de la mine, ils aiment à vivre dans la terre. Ce sont des hommes forts sans héroïs-me, des géants, race inerte, qui ne pourront jamais tenir devant les héros, des Pélasges vaincus par les Hellènes, des finois vaincus par les Goths. Après cela Siegfried et Gunter ressemblent beaucoup à Sigebert et Gontran, Brunehild à Brunehaut: c'est le même nom. Ne pour-rait on pas dire que tous ces personnages ont reçu leurs noms des Niebelungen, au lieu de leur avoir donné les leurs

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Ce poëme poème est eminemment chrétien. Quant aux noms des pays, quant à la situation des peuples, les Bourgui-gnons semblent placés sur le Rhin où ils ont dû habi-ter à une epoque époque assez reculée ; les basses terres parais-sent être les Pays-Bas.

Différence entre les Niefelungen et les Niebelungen. Ce qu'il faut remarquer c'est que la forme la plus ancienne est aussi la plus belle et la plus pure. Les originaux scandinaves, et surtout la Volsunga Saga, mettent tout l'intérêt du côté de Brunehild, tandis que la rédaction allemande se met tout entier du côté de Chrimmehild. Bru-nehild est l'amante de Siegfried ; c'est une amante mysté-rieuse, une Walkyrie qui préside à ses destinées: elle l'aime parcequ'il est fort et vaillant, et elle ne lui survit pas. La Walkyrie est tantot tantôt une des Parques, tantot tantôt l'épouse épouse ou l'amante du héros; elle recueille l'ame âme du corps et la porte au ciel tiède [?] : c'est la communauté de l'homme et de la femme chez les anciens Germains ; ad conjuges Valnera referunt, dit admirablement Tacite: ce sont les femmes des Cimbres qui ne peuvent séparer leur sort de celui de leurs epoux époux. Rien de si poétique que ces deux êtres qui sont inséparables sans avoir été jamais unis, mais dont l'un est attaché à l'autre; c'est le génie du monde oriental : là les veuves se brûlent pour imiter l'exemple de Siva. Combien la Walkyrie du nord est supérieure ! Elle n'est unie au héros que par les liens d'une pureté parfaite et qui sétend au delà de la vie : ce n'est pas seulement une vue d'intérêt religieux, c'est une vue de pur héroïsme; c'est reconnaitre aux [purs]

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esprits une force, une influence qu'ils ne partagent pas avec la matière. Quel admirable élément d'in-telligence et de moralité !

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Ve.1. 34 r foliotation de la main du bibliothécaire

5e Leçon d'histoire. Lois barbares - De la loi salique.

Nous avons vu la décadence de l'empire, les Résumé des léçons précédentes. 2 premiers moments de l'invasion des barbares ; nous avons recherché ensuite l'idée du monde barbare ; nous avons examiné l'état des provinces qui allaient être envahies et particulièrement la Gaule. Ns recherches ont porté surtout sur ces institutions municipales établies dans les Gaules par la conquêtes Romaine et qui ont subsisté jusqu'à la révolution Française, sur ces institutions qui devaient périr puisqu'elles étaient exclusives, parce qu'elles étaient un privilège des villes au depend dépend des campagnes campagnes. Ce qui fait la force de la liberté moderne c'est qu'elle tend à comprendre tous les hommes.

Il nous faudrait maintenant raconter l'invasion Ce que nous ferons. des barbares dans ce 3e moment qui fut à la fois une invasion et une fondation. Nous renvoyons aux auteurs qui ont écrit sur cette époque, aux lettre sur l'hist. histoire de France, aux cours ouvrages de Mr. Guizot à l'histoire des Français, et surtout à Grégoire de Tours.

Nous allons entrer dans l'histoire à un degré de profondeur supérieur à Grégoire de Tours lui-même. Nous passons de suite à la lecture et au commentaire

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de la loi salique, de la loi des Ripuaires, et de la loi des Bourguignons. Ns Nous ne parlerons pas de la loi des Wisigoths qui est étrangère à la Gaule. De temps en temps nous nous éclairerons ce que nous avons à dire sur ces 3 codes par les les vieilles lois Norvégiennes, Islandaises, Anglo-Sax. Saxonne.

Ns. Nous passerons le préambule de la loi. Nous V. Voir aussi Esprit[rature] des lois liv. livre 28 ne dirons rien sur l'époque de la rédaction, rien sur les différents manuscrits, tout cela se trouve dans Mr. Guizot. Nous ne repéterons aucun des remarques qu'il a faites; nous renvoyons simplement à la leçon qu'il a faîte sur ce sujet. Nous ne ferons qu'ajouter quelques observations qui lui ont échappé.

Pourquoi si peu de peines corp.elles corporelles Il remarque co. comme tout le monde qu'il n'y a point ou presque point de peines corporelles c'est que les délits étaient très nombreux, et que, si ont eut tenté de punir de mort les crimes capitaux, la société aurait présenté l'aspect d'une bataille continuelle. Le guerrier n'aurait cédé sa vie qu'après un combat; et non seulement il aurait combattu, mais [?] ses parents, ses amis auraient combattu pour lui. Et cela serait arrivé non seulement pour la mort, mais pour toute peine corporelle. Le nord a toujours eu un respect superstitieux pour la dignité du corps; toucher un guerrier du doigt, c'est attenter à cette dignité. De là l'usage du Duel. Aussi l'homme barbare refusait de se soumettre à des peines corporelles. Mais il se

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soumettra à payer une amende, même exorbitante, et si sa fortune ne suffit pas il donnera sa femme et ses enfants en esclavage, lui-même se fera esclave; mais si on touche à son corps il prendre ses armes. Le législateur intervient donc. Il impose une amende, à laquelle le coupable se soumet d'autant plus volontiers qu'à une pareille époque il espère recouvrer ce qu'il a perdu par sa vlaeur tout ce qu'il a perdu.

Le juge chez les barbares est ordinairement l'homme le plus fort, le plus vaillant. (+) Les juges Le juge barbare. (+) Voyez l'admirable tttableau du Poussin représentant Moïse et les filles de Jethro. C'est là le juge des temps Barbares. Admirable figure du droit uni à la force. des Goths sont en même temps les héros, les chefs militaires de la nation. Fritigern, Alaric, Théodoric en sont l'exemple. Ns. Nous voyons chez les Francs Pepin et Charles-Martel. Et cela n'est pas particulier aux Germains. Les juges d'Israël sont des guerriers des libérateurs du peuple; c'est Aord homme de tête et de main qui tue le roi des Madianites, c'est Gédéon qui défait co. comme Léonidas une armée avec 300 hommes. Pourquoi faut-il que le juge soit en même temps l'homme le plus fort. C'est qu'il s'agit non seulement de sécréter la condamnation, il faut encore appliquer la sentence. Il faut que le juge aille à l'homme jugé. Plus le juge sera élevé en dignité plus il sera capable de se faire seconder. Or il faut payer cette assistance. En conséquence le fredun du Koônig, du roi, de l'homme hardi (car c'est là la signification de hufor. hardi

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mot) sera plus cher que le fredunn du Graf. Le fredunn de ce [?] sera à son tour plus considérable que celui du magistrat inférieur.

Procédure toute divine Quant à la procédure nous savons le moyen qu'employait l'humanité encore dans son enfance. On dema Tout ce qu'on ne sait pas on le demande aux Dieux. Le juge en fait autant. Nous citerons cette belle loi du Nord: par laquelle l'homme attaqué dans une maison solitaire et qui tue l'aggresseur doit amener devant le juge, le chien, le coq et le chat qui habitent sa maison, et jurer en présence de ces créatures qu'il a été réellement attaqué. Ceci est d'une moralité bien simple, bien enfantine; mais il y a en même temps une grande élévation religieuse, une grande poésie. (1) Ces serments contradictoires ne pouvaient manquer de donner lieu à des querelles sanglantes. Il fallut régulariser ces combats; et ce fut une des causes qui amenèrent le combat judiciaire Toute la précédure porte ce même caractère. Ainsi on se contente pour toute preuve du serment; on est persuadé que le parjure serait bientôt frappé par la divinité (1). Mais, dit la loi des Bourguignons, on s'est apperçu que le parjure est trop fréquent, et fait échapper beaucoup de coupables. Il faut donc recourir à un autre moyen. De là les épreuves du feu et de l'eau bouillante. On ne doute pas qu'il ne se fasse un miracle en faveur de l'innocent. Mais tout le monde n'acceptait pas ces épreuves, que proposaient et soutenaient surtout les écclésiastiques. Le génie barbare y résistait. Le guerrier le refusait

V.2.

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ces épreuves, et en demandait une autre, celle du combat. Il est évident que ceux qui préféraient le feu et l'eau bouillante n'avaient rien à objecter. Un miracle pouvait se faire aussi bien par le glaive que par l'eau bouillante. Partout où domine le génie ecclésiastique et Romain le feu et l'eau bouillante étaient préférés. Partout où dominait le génie barbare c'était le combat qui l'emportait. Il y aici une objection très forte. C'est que dans la loi salique la plus barbare de toutes il n'est point fait mention du combat. On peut y répondre en disant que de tous les barbares les Francs étaient les moins nombreux comparativement à l'étendue du pays. Clovis n'avait que 6000 guerriers autour de lui dans son roy. royaume de Tournay; et on ne peut faire monter la population force de toutes les tribus franques réunis à plus de 40000 guerriers. On veut qu'en présence (1) Il ne faut pas donner à cette exposition de la procédure barbare une rigueur qui s'étende à tous les cas. Les mêmes éléments se retrouvent partout. Mais d. dans l'application ils se présentent sous des formes très variées. C'est une suite de la mobilité, et de la confusion de tous les éléments sociaux à cette époque. V. Voir Dans Greg. Bur. V. 33. le récit curieux d'un procès d'adultère: Apud Parisius milius quedam ruit in crimen, adsercutibus multis quasi quon relicto viro cum alio misceretus. Igitur parcutes illius acusserunt ad patrem, dicentes: Aut idoneam redde filiam tuam aut certè moriatur ne stuprum' hoc generi nostro notaur infligat. Novi, inquit pater, ego filiam sucum benè idoneam, nec est verum verbum hoc quod mali homnius proloquntur. d'une population infiniment plus nombreux les vainqueurs devaient hésiter à donner le spectacle de leurs combats, et devaient chercher par conséquent à étouffer cet instinct trop naturel du combat singulier qui régnait chez toutes les nations barbares. (1)

Passons à l'examen même de la loi salique. Et d'abord par tous les objets qui présentent le plus grand nombre de lettres dans la loi salique, c. à d. c'est à dire du vol. Nous lirons ces articles dans l'ordre ou pour mieux dire d. dans le désordre où ils se trouvent.

88 r La domination de la maison de Saxe jusque là si puissante passe dans la Maison de Brunswick, et de là dans celle des Welfs. À partir de 1024, epoque époque de la mort de Henri II dit le saint, l'empire se trouvera constamment dans le côté méridional et l'opposition politique sera constamment dans le côté septentrional. Ainsi franconie, Bavière Souabe, Autriche, voilà la puis-sance impériale. Brunswick, Welf, Saxes, Prusse, voilà l'opposition. En 104 Conrad le salique, duc de franconie, descendant de Charlemagne et d'Othon le grand semble réunir les droites des francs et des saxons, tandis qu'au fond il ne fait que continuer et décider la victoire du midi sur le nord. C'est donc à cette epoque époque qu'on peut placer l'apogée de la féodalité En Europe. c'est alors qu'elle est complète et organisée. Cette époque est à trente ans près celle de la chute des carollingiens en france (987). Ainsi entre 987 et 1024 c-à-d c'est-à-dire vers l'an 1000 se place d'une part la perte décisive de l'empire pour le nord de l'allemagne et de l'autre part la ruine decisive des Carlovin-giens en France. La féodalité domine. Cette année 1000 est une des plus importan-tes FXXX
88 v du moyen âge. C'est celle où l'on commence a à ne plus croire à la fin du monde, où l'on fit de nouvelles constructions, où l'on concnut de grands projets. En l'an 1000, nous dit Raoul Glaber, La terre entière revêtait la robe Blanches des Eglises.
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90 r faiblesse de la monarchie depuis Charles le Gros - Son agrandissement. En France grace aux Ecclésiastiques nous pouvons présenter une histoire liée et suivies; elle n'a point l'éclat des monarchies d'Angleterre et d'Espagne ni celui de l'empire Germanique ; elle De l'héroïsme au moyen age. Il n'est pas chez les rois de France.n'a point de héros. l'héroïsme de moyen age est dans les Othon, dans les deux fredéric, il est dans les premiers Normands d'Angleterre; Richard cœur de Lion, Edouard 1er henri V, etc., dans les Nor-mands de Sicile, Robert Guiscard et Roger son frère qui conquirent la Sicile avec 300 chevaliers. C'est la France qui qui fournit le moins de héros, mais c'est elle pourtant qui fait la fortune la plus brillante, qui établit dans son pays le pouvoir illimité. La principale course de ce pouvoir, c'est que, quoique la féodalité se fut élevée en france caractère anti-féodal du génie français. comme ailleurs, cependant il y avait toujours dans le génie français quelque chose d'antipathique à la féodalité. Ce génie s'est empressé d'invoquer contre elle ≠ le pouvoir qui semblait avoir des droits supérieurs et plus anciens c-a-d c'est-à-dire quil qu'il appela le pouvoir central, le pouvoir éloigné contre la tyrannie locale. Les petits gentils hommes, Hist. du moyen âge [?] bis
90 v Les bourgeois invoquaient l'autorité Royale dont ils entendaient parler et qui leur était présentée soit par les traditions, soit par l'Egli-se, comme un pouvoir secourable contre la tyrannie féodale. C'était là le génie radical de la nation c-a-d c'est-à-dire l'impatience de l'aristocratie, et c'est ce qui à a elevé si haut La monarchie française. La monarchie n'a été si forte au moyen âge que parce que le génie français au moyen âge a été le plus ennemie de l'aris-tocratie. Cependant ceux qui réclamaient étaient eux mê-mes les membres de cette aristocratie féodale mais c'est qu'il y avait en eux aussi un esprit d'impatience, d'hostilité à l'égard de toute hiérarchie. Ce caractère parait surtout à l'époque nullité de la monarchie à la fin de la dynastie carlo-vingienne. Etude relève sous les capétiens. qui va nous occuper. La monarchie à celle de la plupart des Seigneurs. Le roi finit par n'avoir plus que la ville de Laon et se voit forcé d'appeler à son secours. tantot tantôt l'empereur d'allemagne, tantot tantôt le duc de Normandie. Ainsi à l'époque où hugues Hugues

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Dignité impériale. Acte de juridiction de Sigismond à Paris. Il arme un chevalier de sa propre autorité. On s'effraie en Angleterre ; on ne l'admet qu'en lui fesant faisant jour qu'il n'y exercera aucune autorité. -Lingard. Hi. V. p. 39.

30.e leçon d'histoire moderne. Rodolphe de Habsbourg.

Nous avons déjà parlé de l'importance Causes de la chûte des Hohenstauffen. qu'ont l'Allemagne et l'Italie co. comme elements simples de l'Europe. En comparaison la Fr. France est infiniment plus compliquée. Ce qui Fréd. Frédéric et la m.on maison de Souabe ce n'est pas seulement son opposition au pape. On vit Ph. Philippe le bel lui résister avec succès. L'Allemagne à coup sûr n'est pas pl. plus ami des papes que la Fr. France La tendance de l'Allemagne était alors de former à la longue une église locale. On pourrait le prouver par un gr. grand nombre de faits. Ce qui perdit Fréd. Frédéric c'est qu'un dt. ne peut réussir en Allem. Allemagne, c'est qu'il s'efforça d'introduire la chose que l'Allem. Allemagne a eu horreur dep. depuis Arminius, le droit Romain. Siffle donc vipère, disaient-ils aux hoes hommes de loi de Varus en leur perçant la langue. Ils montrèrent le même acharnement après la race de Fréd. Frédéric II, après le parti des jet., car les jet. avaient accueilli, soutenu et dominé Fréd. Frédéric toute sa vie. Le droit romain est sous certains rapports favorable à la liberté. Ce nest point la lib. liberté co. comme l'entendait le Nord la liberté qui repose sur l'orgueil de la force. L'indépend. indépendance féodale voilà ce qui leur plaît, c.à.d. c'est-à-dire la liberté du chef avec des serviteurs fidèles et dévoués qui ne s'aperçoivent pas qu'ils ne sont pas libres. C'est là le génie du Nord et plus particulièrement de l'Allem. Allemagne

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non saxonne. Au contraire la lib. liberté du droit Romain est tout autre chose, c'est l'égalité du droit civil elle ne reconnait pas de communautés. Toute communauté fut abolie par César, nous dit Suétone. Tel est en effet le caractère des lois Romaines une parfaite égalité sous un monarque.

C'est là aussi qu'est l'antipathie éternelle de l'Allem. Allemagne. Grand interrègne 1250-1273. qui devait triompher après Fréd. Frédéric (on sait que son fils Conrad mourut presqu'aussitôt). Il y eut alors une sorte d'interrègne, d'entr'acte. Aucun système ne prévaut ni la féodalité du midi, ni la vieille indépendance Germanique dt. dont il restait en Saxe tant de débris d'exemples, ni la puissance ecclés. ecclésiastique ni celle des villes toutes 2 si fortes sur le Rhin. D. cet espèce d'équilibre de toutes les forces on demanda des souverains à l'étranger. Il y en eut 3. D'abord on eut ce qu'il y avait de plus antipathique à l'It. un saxon, Guillaume de Hollande qui ne parut jamais dans le midi, trouva d. dans le Nord même une puissante opposon opposition et mourut en combattant les Frisons, peuplade indomptable qui fut pr pour l'Allemagne ce que les Ditmarses étaient au Danemark. Après sa mort on se divisa les uns offrirent la couronne à un prince éloigné de 500 lieues Alfonse de Castille allié de la maison de France, surnommé le sage parce qu'il s'occupait d'alchimie, qui fit faire les tables Alfonsines et dt. dont la destinée était de déplaire également aux 2 peuples les plus opposés. Alfons accepta et resta en Castille de sorte que son élection fut co. comme non avenue. L'autre empereur élu fut Richard de Cornwall frère de H. Henri III celui qui se cachait dans un moulin à la bat. bataille de Lewes

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C'était disait-on le prince le plus riche de la chrétienté. Les électeurs sans doute espéraient être bien payés de leur vote. Ce n'était pas encore là un empereur: Un véritable empereur, courageux, puissant eut été Ottocar r. roi de Bohème/ La chron. chronique qui raconte sa mort dit que d. dans sa [?] bat-il combattit coe. comme un géant. Mais coe. comme il était slave il ne pouvait plaire aux Allemands. Quant aux princes du Nord ils ne demandaient pas un empereur, ne voulaient pas qu'on en fit. L'empereur aurait fini de sa belle mort. Mais ce n'était pas l'intérêt des électeurs ecclésiastiques. Les uns tiraient une gr. grande partie de leur importance des dignités de chancelier, et d'archi-chancelier coe. comme Mayence et [?]; un autre du couronnement coe. comme Cologne. Le Rhin voulait un empereur. Les villes voulaient un emp. empereur elles avaient un si grand interêt qu'il y eut un peu de police sur les routes sur les fleuves. Les villes et les prêtres sont naturellement pr. pour le pouvoir actuel. Les seigneurs pour le pouvoir local, en d'autres termes pour la barbarie. Mais le pouvoir des seigneurs n'était plus le pouvoir unique. Certaines villes acaient pris un essor admirable de commerce, de richesse, Cologne, Augsbourg, Nuremberg, les villes qui fournirent plus tard de grandes lignes sur le Rhin sur la baltique voulaient la paix. Elles voulaient sinon un empereur puissant, du moins un protecteur un pacificateur, un ho. homme qui vécut sur les gr. grandes routes. Nous nous figurons maintenant un souverain sous un tout autre aspect; mais alors ce qu'on

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lui demandait avant tout c'étaient les qualités d'un colonel de la gendarmerie. Il y avait beaucoup de petite noblesses en Souabe, en Alsace; en Suisse. Ces petits seigneurs volaient tantôt les princes ecclésiastiques, tantôt les villes, et quelquefois se mettaient à la solde des uns ou des autres. Ils n'étaient pas trop mal à cette époq. époque du moins avec les paysans qui avaient qq. fois quelque fois une part dans le profit. L'Alsace surtout se présente sous un aspect fort héroïque.

On raconte qu'un arch. archevêque de Mayence obligé de se rendre à la cour de Rome prit un de ces petits seigneurs pr. pour l'accompagner. Il fallait sur sa flotte un ho (car l'Archev. archevêque de Mayence ne pouvait marcher sans un appareil magnifiq. magnifique) un ho. homme courageux qui imposât aux brigands. Il le trouva dans un petit-fils des anciens Landgr. landgraf d'Alsace qui prétendaient remonter jusqu'aux Mérovingiens (p.ê. peut-être cette généalogie en fut elle composée qu'après la grandeur de la maison d'Autriche). C'était Rodolfe de Habsbourg ho. homme dévoué aux villes, parent du Burgrave de Nuremberg. L'Archev. archevêque qui craignait fort d'être pris et de payer rançon trouva en lui un excellent conducteur. Rodolfe n'était alors qu'un fort petit seigneur chargé par les cantons d'Ury, de Schwytz et d'Unterwald du soin de combattre pr. pour eux et de les protéger. Les villes, et les communautés avaient alors habituellement un seigneur chargé de commander leurs forces et de combattre pr. pour eux. L'archev. archevêque de Mayence fut si content de Rodolfe qu'il songea à le faire empereur. Rodolfe

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convenait parfaitement. On ne pouvait souhaiter un empereur moins puissant, plus brave et plus actif. De plus les électeurs Laïques se trouveaient alors tous à marier ; Rodolfe avait 6 filles. Chacun d'eux espéra devenir gendre de l'Empereur et le gouverner. Ces diverses raisons Rodolfe I. 1273-1291. décidèrent. Un évèque écrivait alors très plaisant à Grégoire X: Dans la trinité imp. impériale les électeurs veulent bien la connaissance et la volonté mais non pas la puissance. Lorsqu'il fut couronné à Aix la ch. chapelle on avait oublié d'apporter le sceptre, p.ê peut-être était-ce un moyen pb de contester quand on voudrait la validité de l'élection. Mais on peut bien s'apercevoir que Rodolfe ne serait pas si aisemnt. aisément dominé. Il prit sans hésiter le crucifix sur l'autel, et s'en servit au lieu de sceptre, et le serment des princes sur le sceptre n'en devint que pl. plus [?] pl. plus imposant.

Rodolfe n'avait pour lui que l'héroïsme: rien de moins imposant; il n'avait jamais qu'une très petite suite et le plus souvent des habits raccomodés. Mais il remplissait t.à.f tout à fait les vues et des électeurs écclés. ecclésiastiques et des villes. Il courut pr. pour l'empire proposant à ts tous ceux qui étaient en querelle de le prendre pr. pour arbitre de leurs différents, ou tout au moins de suivre les règles de diffidation (c'était la guerre privée organisée et soumise à des règles, à des délais) Les contemporains ont très bien caractérisé cette vie si active si utile. Ils ont appelé Rod. Rodolfe legem animatam.

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Rodolfe n'avait qu'une bande mais derrière cette bande se trouvaient les electeurs prieurs ecclésiast. ecclésiastiques qui lui fournissaient de l'argent. Les seigneurs d'Alsace, de Souabe étaient flattés de voir régner un des leurs. On vit bien qu'il n'était pas isolé, dans ses querelles avec Ottocar.

Nous devons remarquer qu'Ottocar était allié du Nord de l'Allemagne; sinon allié du moins en bonne intelligence. L'All. Allemagne du N. Nord ne voulait pas d'un empe. empereur donné p. par le midi. Très long-temps longtemps il n'y eut que le midi qui reconnut l'élection de Rodolfe. A cette élect. élection on n'avait pas voulu admettre Ottocar sous prétexte qu'il était étranger à l'empire. La raison était bien mauvaise. Ottocar n'était pas seulemt. seulement roi de Bohème il était encore duc d'Autriche. Ottocar refusait de reconnaître le nl. nouvel empereur, l'insultait même. Rodolfe eut le courage de lui déclarer la guerre. Il fut suivi du ban et de l'Arrière ban de la Suisse, de l'Alsace, et de la Souabe. Il parvint sur les bords du Danube. Ottocar était sur l'autre rive se croyant bien hors de portée d'être atteint. Mais Rodolfe employa pr. pour attaquer l'ennemi un moyen qui alors n'était pas commun. Il parait qu'il portait habituellement des bateaux bâteaux dans ses bagages. Il fit un pont au moyen duq et passa le fleuve. Ottocar surpris lui envoya pr. pour traiter les agents auxq. auxquels Rodolfe dit ces paroles remarq. qui montrent combien son esprit était différent de

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celui de Frédéric II. Si vous avez à traiter avec des clercs parlez latin, si avec des moi laïques parler Allemand. Fréd. Frédéric II. employa généralement le latin dans ses diplômes.

Voici de quoi se composait le parti de Rodolfe: Les évèques de Mayence, Saltzbourg, Wurtzbourg, Ratisbonne, les 2 princes de Bavière, le landgrave de Hesse, le Burgrave de Nuremberg, le cte comté de Tyrol, et les prtits nobles d'Alsace et de Souabe. Tout cela ne fesait faisait qu'une bien petite partie de l'Allemagne. Tout le Nord, même la Franconie, et l'Autriche étaient contre lui. Ottocar étonné des forces de Rod. Rodolfe consentit à le reconnaître. Ils eurent une entrevue dans une tente sur une i. île du fleuve entre les 2 armées. Au moment ou Ottocar prêtait hommage à Rodolfe la tente tomba et les 2 armées virent le fier roi de Bohème à genoux. Voilà du moins ce que q.q. quelque uns ont raconté. Mais leur récit présente plus d'une invraissemblance. On a assuré que Rod. Rodolfe l. t. avant d'être emp. empereur avait été écuyer d'Ottocar ; il n'y a là rien d'impossible. Il est vraisemblable que l'écuyer d'Ottocar pourrait être était un bien plus grand seigneur que Rod. Rodolfe. Ce qui montre pareille charge était ordinairement héréditaire. Ensuite on sait année par année toute la vie de Rod. Rodolfe

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et on ne trouve pas où placer cette circonstance. Rodolfe gagna les sujets Autrichiens d'Ottocar en leur permettant de reconstruire les chateaux châteaux que celui-ci avait fait détruire. Il paya ses alliés en les fesant faisant vivre aux dépends des bien eccl. ecclésiastiques. Toutef. Toutefois les ecclés. ecclésiastiques payèrent assez volontiers pr. pour être délivrés des Slaves. Alors on vit toute l'Allem. Allemagne du midi vivre sous Rodolfe. Le N. Nord n'en éprouva que plus de jalousie. Ottoc. Ottocar encouragé p. par ces sentiments hostiles recommença la guerre, combattit vaillamment et fut tué. Rodolfe alors se mit à faire précisément ce qui avait perdu Ottocar, il se mit à détruire les chateaux châteaux. Cela plaisait aux villes, aux pr. prêtres écclés. ecclésiastiques Il en détruisit une fois 5 en Souabe d'un seul coup. Il décréta que personne ne doit avoir de forteresse sauf l'utilité de l'empire. Il força d. dans Stuttgard un duc de Wirtemberg qui se proclamait ami de Dieu, ennemi de tout le monde. Il eut fait d'avantage encore si la Bohème n'eut été protégée p. par le [?] de Brandebourg tuteur du succ. successeur d'Ottoc. Ottocar La conduite de Rodolfe est en général plus habile que noble; en 1277 il flatte le N. Nord de l'Allem. Allemagne en accordant à l'électeur de Saxe duc de Brunsw. Brunswick l'administration des revenus impaux impériaux d. dans ce pays. Coe. Comme il ne pénétrait pas dans le Nord ou peux bien qu'il n'y pouvait lever un denier?. Ainsi il pouvait très aisément être généreux. En 1289 le midi étant bien uni, il pénêtre enfin d. dans le N. Nord

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de concert avec l'archev. archevêque de Mayence. Dans un seul carème il détruisit 66 châteaux. Il y a peu d'exemple de succès aussi rapides dans ce temps où l'artillerie n'existait pas. Peut-être était-il secondé par la population; p. ê. peut-être le duc de Saxe et les autres gr. grands princes voyaient-ils avec plaisir la destruction de la noblesse moyenne. Il est très curieux de voir quelle est l'opposition, l'éloignement du nord et du midi. Ainsi en 1337 L'emp. empire Louis selon une chronique de Thuringe nomme le duc d'Autz. son lieutenant dans l'empire soit qu'il passe les Alpes soit qu'il traverse la forêt de Thuringe. On voit là combien le N. Nord est indépendt. indépendant. Dans une chroniq. chronique de Thuringe on voit le landgr. landgraff ordonner à tous les hoe. hommes en état de porter un bourdon ou une épée de se rendre à Fritzlar. Les Paysans saxons postaient donc les armes. Dans les guerres de H. IV on le dit expressément. Depuis la chute de H. le lion la mon maison de Souabe avait pris sur la noblesse un gr. grand ascendant. Généralement ces gr. grands souverains favorisaient les paysans contre la petite noblesse; au contraire leur chûte favorisa la petite noblesse au détriment des paysans. En Saxe il y a un autre caractère qui importe beaucoup, car Luther est saxon. Dans le Sachsenspiegel l'ho. homme qui porte à tort une affaire devant le juge ecclésiastique paye une indemnité non seulement à la partie adverse, mais au juge séculier. C'était fait pr. pour dégouter de recourir à la juridict. juridiction ecclésiastiq. ecclésiastique On voit les Landgr. Landgraff de Hesse montrer que de faveur pr. pour le pouvoir ecclé. ecclésiastiqueexpan> Fréd. Frédéric II duc de Saxe, et Fréd. Frédéric duc cte comte d'Andralt écrivent contre l'église de Rome en faveur de l'église nationale.

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Frédéric le mordu fait avec succès la guerre à son père Albert le dénaturé. Il semblerait qu'on ne lui sut pas mauvais gré de descendre de Fréd. Frédéric II. Il augmenta même ses états malgré l'emp. empire. Tous ces faits ne sont pas sans gravité.

Parlons des rapports de l'Allem. Allemagne avec l'Italie. Charles d'anjou était parvenu à faire un pape le Fr. français Clément IV qui le nomma sénateur de Rome, pacificateur de Toscane. L'empire avait encore quelques plans en Italie. Charles allait les attaquer. Que devait faire un souverain aussi belliqueux. Il devait aller se mettre à la tête du parti Gibelin et rétablir au delà des Alpes la puissance impl. impériale. Rodolfe eut le bon esprit de rester en Allem. Allemagne. Il céda au pape, l'exarchat et la pentapole, et consentit (+) Si l'on en croit Villani Rod. Rodolfe eut l'instruction d'envahir la Toscane, et fit p. ê peut-être qq. quelque préparation. Il n'y a pas trace de cela d. dans les écriv. écrivains Allem. Allemands. L'It. Italie a toujours eu au reste pr. pour les Allemands un attrait irrésistible. Le bonheur de Rod. Rodolfe fut d'avoir été trop occupé en Allem. Allemagne. à investir Ch. Charles d'anjou du cté comté de Provence qui était un fief de l'empire (+). Enfin il eut l'honneur de donner un de ses filles ou petit-fils d'un r. roi de Fr. France. Cette mon maison de France avait alors une puissance exorbitante. Pourtant Rod. Rodolfe montra une fois de la vigueur contre cette puissance envahissante. Il envahit le Cté. comté de Montbelliard malgré toutes les menaces de Ph. Philippe le bel, mais il se vit forcé de le laisser s'approprier la Fr. Franche Cté Comté.

Etat de l'Allemagne pendant cette période. Au fond [?] emper. empereur jusqu'en 1350 sont des aventuriers. Il ne sont que des chevaliers pauvres et vaillants. Rodolfe, Adolfe de Nassau, H. Henri VII, Louis de Jean de Bohème, Gautier de Schwartz-en bourg présentent tous ce caractère sous un aspect plus ou moins honorable. Le pl. plus héroïque de tous est H. Henri VII; Maximilien d'Autriche a aussi de ce caractère. (D. Dans les propos de ttables de Luther il se donne le nom de chasseur de chamois.) Dans les mém. mémoires de Götz il est représenté vêtu d'une méchante

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capote grise ; se rendant seul, de nuit au milieu d'un camp dont les dispsons dispositions sont fort suspectes). Au contraire L. Louis de Bavière, Wenceslas, Ch. Charles IV, Sigism. Sigismond, Fréd. Frédéric III sont des empereurs lettrés, pacifiq. pacifiques, législat. mais d'une valeur douteuse.

Un mot sur Mayence et Cologne à cette époque. Au moment de l'interrègne, tout le monde essaya de se saisir de q.q quelques lambeaux du pouvoir impal impérial. L'Archev. Archevèque de Cologne prétendit à l'exemple des papes que son droit de couronnt. couronnement lui donnait le droit de juger l'élection. Cela seul un aurait fait un espèce de pape national. Ce sont au reste les archev. archevêques de Mayence qui gagnèrent le pl. plus de terrein terrain à cette époque. On peut dire que ce sont eux qui pendt pendant le 14e siècle font les empereurs d'Allem. Allemagne (Rodolfe, H. Henri VII, L. Louis de Bavière...) Qu'étaient donc alors les archevèques de Mayence. Nous avons encore la très curieuse histoire d'un de ces archevèques, ; ns. nous allons en donner unes esquisse. Il s'appelait P. Pierre Eichspalt, et était médecin. Se trouvant en rapport avec un gr. devenu evèque de Bâle, qui était frère d'H. Henri de Luxembourg. Cet évèque et qui voulant demander au pape l'Archevèché de Mayence avait besoin d'un agent habile pr. pour faire la demande, et obtenir la faveur du pape. Eichspalt fut envoyé. On ne pouvait [?] choisir; il plut de suite beaucoup au pape ; mais il demanda Mayence pr. pour lui-même. Il fut archevèque de Mayence. Cependt Cependant il conserva de la reconnaissance envers celui qu'il avait ainsi joué. Car il obtint pour lui l'archevèché de brèves et plus tard il fit empereur Hi. Henri de Luxembourg. Les archev. archevèques de

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Mayence donnent alors autant de mal à l'emp. empereur que les papes autrefois. Albert d'Autriche est forcé de leur promettre par serment ts. tous les péages du Rhin : il est vrai qu'il ne fit dispenser par le pape. Un archevèq. archevèque de Mayence dit un jour : j'ai encore plusieurs empereurs dans ma manche. (1) (1) E. 80.

A cette époque les papes étaient à Avignon, humiliés et faibles. Ils passaient pour de simples ministres des rois de France. Mayence avait grandi d'autant.

Quel était cependt. cependant le rôle des villes impes impériales. Elles attiraient tant qu'elles pouvaient la popon population des campagnes. Les seigneurs s'efforçaient de la retenir. Ils réussirent encore plus qu'en France. Nous avons vu de quel danger était cette depopulon. dépopulation des campagnes. Si quelques seigneurs combattaient les villes pr. pour se faire rendre les vilains réfugiés derrière les palissades de pieux qui s'étendaient tout autour (Pfahlburg.) il y en avait d'autres qui moyennant salaire combattaient pr. pour la défense des villes sous le nom de Burgraves.

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31e. leçon d'histoire moderne. Allemagne sous Adolfe de Nassau, Albert I, Henri VII. Emancipation de la Suisse.

Nord et Midi. Qui l'emportera de la Saxe ou de la mon de Souabe (ou plutôt à partir de Fréd. Frédéric II de la dynastie Italienne) ? Ni l'une ni l'autre. La Saxe for Frédéric 2 favorable dans le droit 1. Rodolphe de Habsbourg, 1272. 2. Adolphe de Nassau 3 Albert 4. Henri VII de Luxembourg (illisible) au ppe principe Romain en religion lui est contraire; la saxe contraire en droit au ppe principe Romain, est sur la religion d'accord avec le pape. Une situation aussi équivoque ne peut permettre une victoire définitive. La Souabe doit tomber ; mais la Saxe doit tomber aussi. Elle ne deviendra forte que d. dans une époque ou son rôle religieux sera d'accord avec son rôle social. Sa force fut d'abord dans le paganisme ; elle est maintenant dans le protestantisme.

Les 2 états ppaux principaux l'un catholique, l'autre protestant doivent grandir aux dépends d'une même race, la race slave. Pendt. Pendant l. t. on vit l'Autriche méconnaissant son véritable interet employer ses forces du côté de contre l'Allemagne qui par sa résistance la retarde de 2 siècles. La Saxe aussi au lieu de diriger toutes ses forces contre les slaves s'affaiblit par des querelles intestines.

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Adolfe de Nassau. 1291-1298. A la mort de Rod. Rodolphe les électeurs craignaient tellement cette famille entreprenante qu'ils choisirent Ad. Adolfe de Nassau de même qu'après Fréd. Frédéric II on avait pris Guill. Guillaume de Hollande. Cet Adolfe ne s'occupa d. dans t. tout son règne que d'une guerre civile en Saxe à laq. laquelle il était interessé. Il avait acheté d'Albert le Dénaturé la Thuringe et la Misinie. Ces provinces s'étonnèrent d'avoir été vendues et soutinrent avec force les dr. droits de Frédéric le mordu. Ad. Adolfe ne peut réussir. Cependt. Cependant les états de l'empire se rapprochèrent de la mon maison d'Autr. Autriche.

Albert I 1298-1308. Ils élurent t. tout à coup Albert fils de Rodolfe. On dit que ce prince tua de sa propre main son compétiteur Adolfe à la bat. bataille de Gölheim. La faiblesse de l'Allem. Allemagne du N. Nord venait de ses divisions ; la faiblesse de l'Allem. Allemagne du M. Midi venait aussi de ses divisions; nous voulons parler de la lutte entre l'Autriche et la Suisse.

Suisses, jusqu'au XVe. siècle. On voit qu'une double chaine de montagne occupe l'Allemagne du Midi. Après la large Chaîne des Alpes le pays s'abaisse par degrés jusqu'aux vallées du Rhin et du Danube ; la il se relève, et même se relève beaucoup pr. pour former les montagnes de la Souabe de la Bavière et de l'Autriche. Entre les gr. grandes Alpes et les montagnes bien infes inférieures de la Souabe est un pays très froid par l'élévation du terrein terrain, par l'influence des vents qui de toutes parts doivent passer par dessus des glaciers, ou des sommets couverts

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de neige; pays pauvre et stérile à l'exception de qq. quelques belles vallées ; pays peu propre à l'agriculture, où l'on ne trouve guère que de l'herbe et des bestiaux. Ce n'est plus la molle Allemagne du midi, allons baignés par un air souvent glacial, habitant au milieu des rochers les Suisses sont une des populations les plus fortes, les plus énergiques de l'Univers. Les anciens habitants étaient des Celtes ; remplacés ils furent en gr. grande partie remplacés par des Allemands. Ces contrées de 888 à 1034 avaient composé un [pas clair] de Bourgogne transjurassienne. Mais un tel état ne pouvait duré durer. Composé de races opposées il devait bientot bientôt se dissoudre. Rien de plus bizarre que la manière dt. dont les 2 populations se sont mêlées. A Fribourg la moitié de la ville parle Allem. Allemand l'autre Français; la limite des 2 langues est une rue de la ville.

Le génie suisse est remarquable. C'est un génie tr. très positif, très prosaïque, excepté qq. quelques montagnes où il y a encore des croyances fortes et profondes. Dès Armand de Brescia Lurch se trouve toute disposée au doute. De plus il faut le dire la Suisse a produit fort peu d'hoes hommes remarquables, fort peu de littérature. C'est une population seul seulement militaire (1). Leurs fameux rang sont (1) N°. 105. très peu remarquables quand à la poésie. Leurs idées ont peu d'étendue, peu d'élévation. Leur poésie est surtout ironique, souvent obscène.

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ce n'est point là la poésie Allemande. Toujours la Suisse fut le foyer de l'arianisme. De très bonne heure on a douté en Suisse de la divinité de J.C.

L'ancienne Suisse a produit un grand chroniqueur. C'est Bachudi. Le jour où il sera imprimé e ttraduit le grand ouvrage de Müller qui en est si souvent une copie perdra beaucoup de son prix. Par une incurie extraordinaire Tschudi n'est pas encore imprimé en entier ; une moitié est encore en manuscrit.

Cela produit un effet singulier de voir des gens qui ont encore une patrie. D. Dans nos immenses monarchies ce mot ne peut plus avoir rature beaucoup sens. La patrie pend. pendant la révolution Française ce sont des idées abstraites, c'est l'égalité, c'est telle et telle institution politique ; on n'a pas à coup sûr d. dans l'esprit la personnalité d'une contrée. L'hoe. homme de Schwytz au contraire connait sa patrie, il l'a tte toute entière d. dans l'esprit. Nous autres nous ne pouvons pas voir la France. Le Suisse peut embrasser tout son canton avec ses yeux, il en connait toutes les parties ; c'est p. pour lui une personne. La suisses nous fait comprendre mieux l'histe. l'histoire ancienne malgré d'énormes différences.

Au 19e. s. siècle ce petit monde de la Suisse ne se connait pas encore : 50 ctés. comtés 150 baronies, très peu de villes, un nombre infini d'habitations isolées ( car le Suisse n'habite guère des villages) : le pays enfin n'a aucune unité. L'oppression de

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de la maison d'Autr. Autriche sera ce qui lui donnera son unité. Sous les montagnes qui descendent en gradins des plus hauts sommets des Alpes jusqu'au Rhin, s'étendent un grand nombre de lacs qui reçoivent les eaux des Glaciers; de belles forêts et d'immenses paturages occupent les bouts de ces lacs et les penchants des montagnes. Belle est en peu de mots la scène des événements qui vont nous occuper.

Dans un pays pauvre mêlé de paysans et de petite noblesse, les uns ne diffèrent pas des autres d'une manière t. à f. tout à fait tranchée. Rodolfe était aimé des paysans, il fraternisait avec eux. Mais bientôt tout changea. Après la mort d'Adolfe de Nassau Albert se trouvant maître en Autriche, très puissant d. dans le reste de l'Allemagne voulut gouverner le pays dt. dont son père avait été seulement le Burgrave. Ils avaient refusé de continuer d. dans cette charge un prince qu'ils trouvaient trop puissant. Albert eut la lacheté de vouloir écraser coe. comme empereur ceux qu+il n+ avaient pr pour eu le droit de le refuser coe. comme seigneur. Des gouverneurs impaux impériaux allèrent tyraniser le pays. Dt. Dont le monde sait l'histe. l'histoire de Bel et de Gessler. Il est très permis de ne pas y croire ; d'autant plus qu'on la trouve dans l'histoire de Danemark bien avt. avant le temps de Guill. Guillaume Tell. Saluer L'histe. histoire du le chapeau de Gessler n'est pas aussi humiliant d. dans les mœurs féodales que d. dans nos mœurs actuelels. Il y eut des services féodaux

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beaucoup plus singuliers que celui-là. Les suisses ne se seraient révoltés pr. pour si peu de chose. Les causes ppales principales de l'insurrection furent probablement la partialité des juges, les cruautés des agents impériaux, les redevances nlles nouvelles exigées par eux. La pomme a qq quelque chose de mythique en raport avec de vieilles fables qui se remontent partout au m. moyen âge.

Voici comment Müller raconte le Ir. premier fruit de l'insurrection. Il y avait un chateau auquel on devait apporter certains présents d'usages ; c'étaient des moutons, des poulets, tte toute espèce de denrées; on profita du moment où la porte était embarassé pr. pour tuer les gardiens déjà aux certains nombres de jes jeunes gens avaient été secrètement introduits par leurs fiancées. Lorsque le combat fut engagé avec la garnison les assaillants sonnèrent du corps cor, et firent approcher les secours. Les cors jouent un très gr. grand rôle d. dans l'histoire de suisse. La vache d'Unterwalden, et le taureau d'Ury leur avaient été, dit-on, donnés par par Charlem. Charlemagne. Ces instruments d'une prodigieuse grosseur étaient portés d. dans les combats. Aucun bras ne semble pouvoir être assez fort pr. pour les porter, aucune poitrine pr. pour souffler dedans.

On résolut d'exterminer ce misérable peuple. Toute la chevalerie Autrichienne se leva. La noblesse de Souabe attachée à cette glorieuse mon maison de Habsbourg qui sortait

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de son sein, craignant la contagion de l'exemple accourut en foule sous les drapeaux de l'empire. Albert avait passé le Rhin ; il se trouvait précisément d. dans la petite plaine de Habsbourg sur la Reuss. Il avait passé ce fleuve, son cortège était de l'autre côté. Il se trouvait avec son neveu Jean auquel il refusait son héritage par un déni criant de justice. Le Malheureux n'espérait plus plus rien du prince orgueilleux et puissant qui bientôt aurait détruit avec les Suisses les drs derniers germes de résistance contre son autorité ; une réponse insolente lui avait tout récemment redoublé sa rage ; il assassina son oncle sous les yeux des siens, aux pieds du chateau de ses pères. Jean disparut. On prétendit bien des années après avoir retrouvé d. dans un monastère d'Italie un hoe. homme caché sous un faux nom et qui devait être J. Jean le parricide.

Ce crime sauva peut-être les Suisses qui ne pouvaient prévoir un tel événement, qui n'auraient jamais songé à le faire naître. Alb. Albert était mort en 1308 ; ils ne furent attaqués qu'en 1315 ils eurent donc t. tout le temps de se préparer. Léopold fils d'Albert ne fut pas empereur, il n'en était pas moins un très puissant prince ; de plus il était soutenu par toute la noblesse de Souabe et d'Alsace. En 1315 1300 paysans attendirent et vainquirent 20,000 chevaliers supérieurement armés ; on ne peut se faire une idée de l'infériorité des Suisses

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combattant à pied, et irrégulièrement armés. Ils attendirent leurs ennemis dans le défilé de Morgaten placés de l'autre coté d'un chemin creux qui le dominait. La cavalerie Autrich. Autrichienne n'hésita pas à traverser. Ce fut alors que 30 hoes hommes vinrent pr. pour se joindre à leurs compatriotes ; c'étaient les [?]. Les Suisses ne voulurent pas les admettre d. dans leurs rangs, déclarant que la loi d'exil n'était pas rapportée. Les 30 combattir. combattirent mais séparés. Lorsque la cavalerie autrich. autrichienne se fut engagée d. dans le défilé les Suisses roulèrent sur eux de grosses pierres, qui fesant faisant un grand bruit, bosselaient les armures, blessaient les chevaliers, effrayeaint les chevaux. La ligue ennemie flottait ; les Suisses se précipitent pr. pour éventrer les chevaux ; Déroute complète : mais de tels lieux ne sont guère favorables à la fuite. Les Suisses ne firent aucune grâce ; et on peut remarquer que les Suisses firent toujours de grands massacres lorsqu'ils furent vainqueurs.

Louis de Bavière sanctionna lui-même cette inssurection pr. pour affaiblir la maison d'Autriche. La fameuse ligue perpétuelle de Brunnen fut alors conclue avec son approbation (1315) et on vit l'empereur se dépouiller lui-même.

Bientôt Lucerne, 1332 ; Glariset, Zurick, 1351 ; Zug et Berne 1352 se joignent aux 3 petits cantons. La confédération n'eut toute sa force que lorsqu'elle compta parmi ses membres la grande ville de Berne, la plus puissante de ces contrées. Au lieu de campagnards dispersés,

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il y avait là de nombreuses corporations de métiers aussi courageuses que les pâtres de Schwitz et d'Ury ; il y avait surtout la corporaon corporation des Bouchers célèbre par sa vaillance. Les Autrichiens ne se découragèrent pas. En 1380 Léopold duc d'Autr. Autriche conduit en Suisse presque tous les seigneurs du midi. C'était un élan gal général en un jour on jeta plus de cent gantelets en signe de défi. Cet acharnement avait d'autres causes encore que la haine c/ contre ces paysans révoltés et la crainte du mauvais exemple ; de toutes parts les paysans allaient chercher un refuge en Suisse ; les terres des seigneurs risquaient de se dépeupler.

Sempach est à Morgaten ce que Salamine est aux Thermopyles Léopold y fut tué et sa mort décida la victoire. Cette fois la cavalerie Allemande mis pied à terre pr. pour combattre. C'était un usage alors assez répandu parmi la noblesse de certains pays, la Bourgogne p. par ex. exemple. C'était l'idée chevaleresque de ne devoir sa victoire, et son salut qu'à soim soi-même ; on craignait de plus que les chevaux ne s'effrayassent. qu'ils ne pussent les Suisses ne pouvaient rompre cette haie de lance qui les suisses les enveloppait, et les pressait de ttes toutes parts. C'est alors qu'un admirable dévouement ouvrit aux Suisses l'entrée des rangs autrich. autrichiens. Tt. Tout le connait le trait héroïque d'Arnold

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von Winkelried (1386). Les suisses se sont au reste montrés fort justes envers leurs ennemis ; ils ont beaucoup loué la valeur de la noblesse Allemande. La victoire de Näfels assura leur indépendance ; ils ne dépendirent plus de l'Autriche (1388). Plus tard Maxim. leur fit un guerre de dévastation très cruelle, très méthodique ; mais elle ne réussit pas à les soumettre. Un contemporain ( Sylvius Æneas) nous en donne un bien triste tableau. Il traversait ce pays vers 1440 ; il vit beaucoup de troupes d'enfants conduits par de vieilles fes femmes qui les menaient paître l'herbe. Tous leurs parents avaient péri. Ces misérables étaient dans l'état le plus effroyable. Presque tous les hoes hommes en état de porter les armes avaient péri.

Henri VII 1308-1314. Revenons à l'Allemagne. L'alternative entre le N. Nord et le Midi continue. Après Fréd. Frédéric II nous avons en Guill. Guillaume de Hollande, après Rodolphe de H. Hesse Adolfe de Nassau ; après Albert d'Autr. Autriche nous aurons H. Henri (VII) de Luxembourg, puis 2 empereurs à la fois t.s tous doux du midi, puis encore un d. de Luxemb. Luxembourg

H. Henri passa les Alpes essaya vraiment de resusciter l'anc. ancien parti Gibelin, de renverser les Guelfes triomphants. Le chef des Guelfes était le petit-fils de Charles d'Anjou Robert roi de Naples ami des lettres et qui paraît avoir été singul singulièrement pédant. C'est lui qui fit subir au Capitole

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un examen solènel solennel à Pétrarque pendt 3 j. jours sur toutes les sciences, et lui donna ensuite par diplome la permission d'écrire en prose et en vers sur tous sujets. Pour comble d'honneur il lui donna une robe de pourpre qu'il avait portée. Nous avons dit que le vrai caract. caractère de la mon maison de France c'est d'être ami de l'église, ami des gens de loi, et d'un caractère pacifique. Il n'y a guère d'exception qu'Hi. Henri IV et ch. Charles d'Anjou. Robert évita partout le combat. La chevalerie imperiale impériale ne trouva aucune raison de se signaler ; l'empereur se contenta de se faire couronner, et s'éloigna ensuite. Il alla à Pise tenir une diète d. dans laquelle il condamna à mort le roi Robert rebelle contre l'emp. empereur. On voit que l'empire conservait encore de singes singulières prétentions. Hi. Henri VII mourut subitement à Pise empoisonné, dit-on, par un moine Guelfe d. dans le st saint sacrement. Les Gibelins publièrent que le pieux Hi. Henri VII avait mieux aimé mourir que de rejeter l'hostie.

Hi. Henri VII le fondr fondateur de la glorieuse mon maison de Luxembourg est présenté coe comme le prince le plus chevaleresque de son temps, et de plus, qualité dt. dont les Allem. Allemands (ni savaient beaucoup de gré, coe. comme le plus tendre et le pl. plus fidèle) et le pl. plus fidèle époux. Toutefois ce ne fut pas son fils Jean qui lui succéda. Il eut mieux que l'emp. empereur le v. indépt indépendant de Bohème. Ma maison des vieux pro nationaux était éteints. L'ascend ascendance de la civon civilisation Allemande qui prédominait de plus en plus engagea les Bohèmes à prendre pr. pour roi le fils de l'héroïque

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Hi. Henri VII. Rien de plus étonnant que cette victoire remportée sue les antis- [?] nationales aussi fortes. Ts. Tous les Slaves détestent les Allemands. En Pologne pr. pour dire qu'une chose est mauvaise on dit : c'est Allemand. Il fallait coe comme on voit bien des circonstances, bien des raisons pour vaincre une haine aussi prononcée.

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32e. leçon d'histoire moderne. Louis de Bavière. 1314-1347. et Charles IV. 1347-1378.

L'an 1314, date importante : C'est la Désordre du 14e s. mort de Ph. Philippe le bel, et d'Hi. Henri VII. A cette époq. époque coe. comme l'histe. histoire se complique; quelle apparente confusion. Au 13e. siècle au contraire quelle unité, quelle simplicité. Un parti Guelfe, un parti Gibelin. La moitié de l'Italie est Guelfe l'autre moitié Gibeline ; l'Allemagne du N. Nord est Guelfe, l'Allem. Allemagne du Midi Gibeline ; le roi de Fr. France est Guelfe, le roi d'Anglet. Angleterre Gibelin. D'un côté les prêtres et les juristes ; de l'autre les seigneurs. Tel est ce système dans sa beauté, dans son élégance. Car l'histoire a aussi son aussi mérite cet éloge lorsqu'elle se dessine sous une forme simple. Maintenant au contraire tout s'embrouille. Les prêtres et les juristes se divisent. Les juristes sont avec les rois de France; les prêtres seuls avec le pape et le pape sous la mains du r. roi de France. En Allem. Allemagne la lutte est entre 2 maisons toutes 2 du midi, qui toutes deux devraient être gibelines. Coe. Comme toutes les idées sont dérangées que sign. signifie tt tout cela : que

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l'ordre antique de l'Europe fondé sur des nécessités fatales soit de provinces, soit de races, soit d'anciennes hiérarchies ; tout cela tombe et va faire place à un monde qui ne relevera que de la libé liberté. Il faut que le chaos se fasse. L'ordre reviendra avec une nlle nouvelle ère, la réforme. Car la réforme n'est pas un désordre coe. comme on le croit trop souvent c'est elle qui a remis l'ordre d. dans le monde. Les 14.e et 15.e s. siècle c'est le désordre ds. dans le m. moyen âge ; au 11e. 12e. 13e. c'est l'ordre dans le barbare, d. dans le monde de la féodalité, est pontifical : de même le 16e. et surtout le 17e. s. siècle c'est le temps de l'ordre d. dans l'histo. histoire moderne ; de même le 18e. et le 19.e c'est le désordre. Le désordre est utile nécessaire car enfin il faut bien passer d'un système à l'autre.

Louis de Bavière 1314-1347. (Frédéric le beau). A la mort d'H. Henri VII on a élu à la fois Louis de Bavière, et Fréd. Frédéric le beau duc d'Autriche. Louis fut nommé par les princes de Mayence, de Trève, de Brandebourg, de Carinthie, par le duc de Saxe Lanenbourg qui se prétendait r. roi de Bohème ; Frédéric par l'évèque de Cologne, le Palatin, le duc de Wurstemberg et p. par Jean l'un des ducs de Saxe ; la Fr. France est contre lui. Ph. Philippe de Valois avait demandé l'empire pr. pour lui-même. Après l'élection il soutient Fréd. Frédéric parce qu'il regardait L. Louis de Bavière coe. comme celui qui l'avait empêché d'être empereur lui même. La mon maison de Fr. France

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était si puissante qu'elle força les papes à persécuter l'emp. empereur malgré eux. J. Jean 22 Benoit 12. L'empire n'a plus besoin d'aller lutter en Italie ; il a maintenant une Italie dans son sein. Il n'y a plus seulement un pape à Rome, il y en a aussi un à Mayence ; il a des républ. républiques non à Florence à Bologne, mais à Nuremberg, à Lubeck, d. dans ttes toutes ces gr. grandes villes dont commence la grandeur commerciale. Lubeck va bientôt donner à qui elle voudra les trônes du Nord. La lutte n'est plus entre l'All. Allemagne et l'It. Italie. Elle est entre l'All. Allemagne, et l'All. Allemagne. Fréd Frédéric II a inoculé l'Italie à l'Allemagne. Le parti Gibelin, féodal, barbare est représenté p. par Fréd. Frédéric d'Autr. Autriche. Le parti Guelfe, le parti des villes, et de l'ordre c'est la Bav. Bavière et la Saxe. La Bavière est d'autant plus forte qu'elle s'appuie sur cette héroïque mon maison de Luxembourg qui n'a pu garder l'empire, mais qui au moins l'a donné. Le fils d'Hi. Henri VII Jean de Bohème ne résidait guère en Allemagne. Il passa toute sa vie à courir l'Europe jamais en Bohème évitant son roy. royaume avec le pl. plus gr. grand soin. Jean séjournait le pl. plus souvt souvent à Paris. C'était alors le séjour le plus chevaleresque du monde. Paris était déjà la capitale de l'Occident. Elle renfermait une société élégant et polie suivt suivant les idées d'alors. De plus elle était le centre d'un gr. grand renouvement littéraire qui se concentrait

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alors d. dans les provinces du centre de la Fr. France. Après Paris Jean préferait Milan ou se formait alors la [?] des riches Visconti. La mobilité de Jean était extrème ses séjours fréquents lui firent concevoir le projet de mettre la couronne impe impériale sur la tête du r. roi de France (Charles IV le bel)

Le r. roi de France avait alors le pape sous la main. Il réalisait presque ce que Maximil. Maximilien rêva plus tard (réunir l'empire et la papauté en se fesant faisant élire pape). Ordre fut donné à Jean 22 de déclarer nulles les 2 élections. Rien n'égale l'humiliation, la faiblesse, la dépendance du successeur des Innocent et des Grégoire, du prince le plus riche de la chrétienté. (Il avait rassemblé un trésor de plus de 220 millions de notre monnaie, somme qui d. dans ce temps éffraie effraye l'imagination). Quand les ambassadeurs de Louis de Bavière vinrent à Avignon et lui demandèrent pourquoi il s'acharnait ainsi après leur maître il leur avoua qu'il avait peur du roi de France. Ph. Philippe de Valois menaça plus tard de le faire brûler. Il s'était avisé de s'engager d. dans la gr. grande querelle des ordres mendiants ; de plus il avait sur la béatitude et la vie à venir des idées qui sentaient prodigieusement l'hérésie. Depuis que les gr. grandes lumières de l'Eglise étaient sorties de l'université de Paris, dt. dont Thomas d'aquin et Albert le gr. grand ascendant sur les questions de dogme. Citons qˆ.q. quelques

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traits de la singulière correspondance qui s'établit à ce sujet entre le r. roi de Fr. France et le pape. Le r. roi écrit à J. Jean 22: Nous avons ici des gens qui savent mieux les choses de Dieu que tous vos légistes d'Avignon. Le pape répond bien humblement: Mon fils, si nous ne sos sommes pas forts en théologie, ne prenez pas garde à la personne qui parle mais aux choses qu'elle dit. Benoit 12 n'est pas mieux plus heureux, il subit aussi l'insupportable tyrannie du r. roi de Fr. France. On raconte qu'il dit les larmes aux yeux aux envoyés du r. roi de Fr. France L. Louis de Bavière n'a rien fait sans avoir été provoqué, c'est nous qui l'avons attaqué les premiers, si j'avais voulu il serait venu à Avignon implorer ma miséricorde me demander grâce [?] baton à la main. Depuis que Boniface VIII n'a pas été vengé, depuis que ses restes ont été exhumés pr. pour plaire à celui qui l'avait fait souffleter vivant le st. saint siège était bien tombé d. dans l'opinion de l'Europe. Avignon était une vraie Babylone. Tout s'y achetait et s'y vendait. Rien n'égale le dégoût qu'exitait la vue de cette cour démoniaque, galante en habits de prêtres, où dormaient des bals de cardinaux. Un Une des rares rencontres de Laure et de Pétrarq. Pétrarque eut lieu d. dans un bal où se trouvaient le pape et l'emp. empereur Ch. Charles IV. Il faut voir d. dans Pétrarque comment il décrit et juge la liberté de mœurs de la cour d'Avignon.

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le roi de Fr. France avait donc pr. pour lui le pape et le r. roi de Bohème. Aussitôt les 2 partis se réconcilient. Fréd. Frédéric avait été fait prisonnier à la bat. bataille de Muhldorf. Son rival l'avait comblé de marques de confiance et d'amitié. Il l'avait fait manger à sa table, coucher d. dans son lit. Un assassinat coûtait si peu au m. moyen âge que c'était un acte de courage, et une gr. grande marque de confiance. Guise apr. après la bat. bataille de st. saint Denis partagea aussi son lit avec Condé prisonnier ; Condé avoua depuis qu'il n'avait pu fermer l'œil; tandis que son rival avait dormi d'un profond sommeil. Bientôt les 2 rivaux L. Louis de Bav. Bavière et Fréd. Frédéric d'Autriche firent la paix et se partagèrent gardèrent par indivis la dignité et le pouvoir impal impérial sans que leur amitié en souffrait. Le pape ne peut croire à cette étrange amitié. Un provençal ne pouvait comprendre cette bonne foi, cette bonhomie tte toute Germanique. Les 2 rivaux n'en restèrent pas moins constamment unis contre leurs les ennemis étrangers la France, le st saint Siège, et la Bohème.

Cependt Cependant la [?] de ch. charles le bel donna une sorte de sursis à Louis de Bavière. Il en profita pr. pour passer en Italie. Ceci ne ressemble guère aux expéditions des Frédéric. Il commença son voyage avec 100 cavaliers.

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Il eut ensuite une armée avec l'argent des Gibelins d'Italie. Il trouva à Lucques le vaillant et rusé Castruccio (+) ce capitaine d'une valeur froide qui fesait faisait alors de gr. grande conquêtes en Italie. Louis le nouveau vicaire impérial, et réçoit de lui des subsides. Ce pauvre empereur obligé de se faire mourir par les états qu'il traversait consentit à assiéger pr. pour Castruccio, la ville la pl. plus Gibeline de l'Italie la malheureuse Pise. L. Louis après s'être fait couronner à Rome en toute hâte se sauva presque seul en butte un mépris universel.

Au reste tous les rois étaient à ce qu'il paraît tombés d. dans un mépris égal aux gens des Italiens. Les Romains choisirent le moment de l'expédition de l'Europe pr. pour chasser la garnison du r. roi de Naples Robert. Ainsi les voilà qui combattent à la fois le chef des Guelfes et le chef des Gib. Gibelins. Quant à Jean de Bohème qui passa aussi en Italie, il fut accueilli avec faveur d. dans un 1r voyage ; il revint ; personne ne se déclara pr. pour lui. Les villes lui fermaient leurs portes, il lui fallut coucher un plein champ. Il est singr. singulier de voir un prime qui parcourt tte toute l'Europe.

(+) Il y a au campo sto. santo un admirable portrait de Castruccio. C'est d. dans le tableau de la mort p. pour un vieux peintre Ital. Italien Lorcagno Orcagna. On y voit tous les mondains de l'époque ts. tous occupés des choses de la terre, qui ne s'aperçoivent pas que la mort est là auprès les fauchant avec sa faux. Parmi eux est Castruccio remarquable p. pour l'énomité de la tête, et la puissance du cou.

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coe. comme un courrier cherchant partout le plaisir, et les fêtes, négociant avec distraction à Paris, à Avignon, à Nuremberg.

En 1335 Jean forma une pl. plus étroite liaison avec la Fr. France, l'encouragea à combattre à la fois l'Autr. Autriche et la Bav. Bavière Louis de Bav. Bavière était seul emp. empereur depuis la mort de Fréd. Frédéric en 1330. Il était si fatigué de la lutte qu'il avait demandé la permission d'abdiquer (1333). Mais les électeurs ne le lui permirent pas. Ils déclarèr. déclarèrent leur choix invariable, et annoncèrent qu'ils le maintiendraient. Ils le défendaient donc, mais ce n'était pas sans l'outrager. Sous tout son règne, Bavarois, l'empire a été tellement affaibli qu'il faut bien se garder désormais de confier l'empire à un Bavarois. Les Allemands se sont toujours souvenus de ce conseil. On croit assez en Allem. Allemagne que les Bavarois ne sont pas Allem. Allemand mais de race celtique; et il y a bien à cela q^.q quelque probabilité. Les Boii dt. dont ils ont conservé le nom étaient des Galls.

La gr. grande confédération qui menaçait L. de Bav. Louis de Bavière fut dérangée p. par un événement peu prévu, la guerre entre Edouard III et Philippe VI. On sait avec quel mépris fut reçue en France la nouvelle des armements du roi d'Angl. Angleterre. On se rappelle avec quelle légèreté méprisante fut livrée la bat. bataille de Crécy.

Les historiens s'affligent ordinairement beaucoup de cette bataille. Mais ne devrait-on pas s'interesser moins à la noblesse de France qui

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périt dans cette affaire qu'à la lib. liberté de l'Europe qui fut sauvée. La bat. bataille de Crécy fut regardée coe. comme la délivrance de l'Europe.

Le roi de France poussait si loin la tyrannie envers le pape qu'en même temps il lui interdisait de traiter avec l'empereur et traitait lui-même. Dès que la bat. bataille de Crécy eut un peu diminué le poids écrasant de la France le pape offrit l'empire non plus au roi de Fr. France mais au fils de Jean, Charles de Lux. Luxembourg. La mort imprévue de l'emp. empereur lui assura l'emp. empire Charles IV 1347-1378. empire sans aucune opposition. On est encore d. dans l'époq. époque féodale. Ch. Charles doit beaucoup au souvenir de l'héroïque Hi. Henri VII, de ce fou brillant J. de Bohème Jean de Bohème mort coe. comme il avait vécu. A Crécy malgré son gr. grand âge il se fit attacher à un cheval et lancer au mil. milieu des ennemis. Cette extravagance héroïque fait penser au vieux Daudolo. Ch. Charles IV était un esprit cultivé, il savait toutes les langues de l'Europe, était très versé d. dans l'étude du droit. A son élection la bannière de l'empire attachée sur les bords du [?] tomba d. dans le fleuve, et ne put être retrouvée. C'était un bien facheux présage pr. pour le règne du nl. nouvel empereur.

L'empire avait besoin d'unité. Il fallait tout au moins une maison prepondérante. Tout au contr. contraire ns. nous rencontrons alors 3 mons maisons de force égale. 1°. La mon maison de Luxemb. Luxembourg possédt. possédait la Bohème, la Silésie, la Lusan, et la Moravie ; 2° la mon maison de Bavière qui avait encore le

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Brandebourg, la Zélande, la Hollande, la Frise, le Hainaut, le Tyrol, il faut remonter à H.i Henri le superbe po. pour trouver une pareille réunion de provinces ss. sous la m. même domination. 3°. la mon maison d'Autriche qui avait la Carinthie et une partie de la Souabe. Entre ttes toutes ces mons maisons il y a une diffe. différence tr. très importante. Le Luxemb. Luxembourg et la Bav. Bavière partageaient les possessions entre les enfants ; l'Autriche non. Ainsi en 1386 tous les pr. princes de cette mon maison Autrichiens possédaient par indivis tous les états de leur mon maison, le pl. plus âgé possédait avait la ppale principale autorité. Aussi les autres mons maisons vont toujours s'affaiblissant. L'Autriche au contr. contraire augmente sans cesse. On oppose à Ch. IV Charles IV deux un prince d'un caractère tr. très diff. différent du sien. C'est Gauthier de Schwart-zenbourg âme honnête et loyale, brillant chevalier. On le comparait à Rodolfe de Hapsb. Habsbourg. Immédiatement apr. après son élection il fut empoisonné. Ch. IV Charles IV gagnait à ce crime dt. dont personne ne le soupçonna. Il assista aux funérailles de son rival. Le mauvais succès de Gauthier est un symbole frappant de la victoire de la politique et de l'astuce sur le génie chevaler. chevaleresque.

Le nl. nouvel empereur établit une gr. grande paix en Boh. Bohême mais une petite en Allem. Allemagne, selon l'expression des contemporains. Sous lui bien des plumes furent arrachés à l'aigle impel. impérial. Ch. IV Charles IV, disait-on encore, arrache bien des plumes à [?].

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l'aigle impl. impérial. Il porta en Bohême les ornements impériaux. Il n'avait rien en Allemagne que des dettes et lorsqu'il apparrassait d. dans ce pays c'était en fugitif plutôt qu'en prince. Une fois des bouchers saisirent ses voitures pr. pour se faire payer ; une autre fois il fut arrêté pr. pour dettes d. dans un cabaret. C'était là qu'en était arrivé la dign. majesté impl. impériale.

La cour de Ch. Charles IV était un véritable marché ; on y vendait ts. tous les droits de l'empire. L'emp. empire était pr. pour lui chose étrangère, il ne connaissait que la bohème. C'était à Prague qu'il vendait des titres supres supérieurs, des privilèges, des revenus impaux impériaux. Peu à peu la cour féodale de Bohême étendait sa juridiction vers la Franconie et la Suisse. Ch. Charles IV essayait de faire avec la Bohême ce que la mon maison d'Autriche à fait pl. plus tard avec les états héréditaires. Mais les Boh. Bohémiens étaient des slaves et non pas des All. Allemands coe. comme les Autr. Autrichiens. On ne peut nier que Ch. Charles IV n'ait fait beaucoup pr. pour son pays. Il fonda l'université de Prague, fit rendit l'Elbe navigable, encouragea l'exploitation des usines, fonda ou augmenta des villes. La Boh. Bohême lui doit une gr. grande partie de sa civilisation.

Ch. Charles IV voulut coe. comme ses prédecesseurs voyager

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en Italie. Il était appelé par le riche Visconti seign. seigneur de Milan qui offrait voulait être [?], et offrait de bien payer. Ch. Charles IV alla vendre tous les droits de l'empire en Lombardie à ts. tous ceux qui voulurent y mettre un prix. A Rome il renonça à ts. tous ses droits sur cette ville, et sur les états de l'Eglise. Sur Naples, la Sardaigne, et la Corse il restait encore des droits à vendre, il retourna pr. pour en offrir la cession. Pétrarque d. dans ses illusions poétiq. poétiques avait espéré que l'emp. empire ne venait dans l'It. Italie que pr. pour lui rendre ces formes rép. auxq. auxquelles il attachait tant d'importance. (V. Voir le fort beau canzone adressé à l'emp. empereur) Il lui envoya une lettre fort sevère que ns. nous avons encore. C'était le Voltaire du 14e s. siècle le dispensr. dispenseur de l'opinion publique qui dès le m. moyen âge était une gr. grande puissance. On se tromperait bien si on la croyait sans force. Aussi les souverains craignent et courtisent non pas seult. seulement un Pétrarque, mais les plus obscurs, dispensater les plus misérables écrivains. Voyez 2 siècles pl. plus tard ce misérable l'Arétin, traitant courtisé à l'envi par tous les souverains de l'Europe.

Ch. IV Charles IV établit dit-on l'ordre d. dans l'empire. Cela veut dire uniquement que le désordre fut par lui reconnu légitime. Tel est le vrai caractère de cette fameuse bulle d'or de 1356. A la diète ou elle fut faite on dressa des tables pr. pour l'emp. empereur et les électeurs. La table

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de l'empereur était plus haute de 4 pieds. Il était servi à [?] avec une [?] tte toute orientale. Ttes Toutes les anciennes cérémonies furent resuscitées. Le d. duc de Saxe présenta le boisseau d'avoine, le d. duc de Bavière servait les plats s/ sur la table, etc. C'est là que l'emp. empereur prononça souveraint souverainement que les électeurs jugeraient désormais en dr. dernier ressort sans aucun recours auprès de l'empereur ; que chaque électorat est indivisible. En d'autres termes que les électeurs seraient à la longue plus forts que l'empereur. C'est une véritable cession de l'empire. On a cru que regardé la bulle d'or était coe. comme la constitution de l'empire. Ce n'en est que la destruction.

L'empereur fit une démarche non moins contraire à la puissance impe. impériale en défendant les confédérations des villes. S'il eut pu faire exécuter cette loi c'eut été une victoire contre son propre intérêt. Les villes fesaient faisaient sa force c/ contre les électeurs. Peut être savait-il bien qu'il ne pouvait être obéi.

On peut supposer qu'il opérait par cette condescendance engager les électeurs à la seconder d. dans une entreprise de la pl. plus hte. haute importance. Il voulait imposer les biens ecclés. ecclésiastiques, réformer le clergé, profitant de l'humilon humiliation du pouv. pouvoirsacerdotal. Il eut regagné de cette manière ce qu'il perdait de l'autre. Mais il dut bien vite renoncer à ce projet, et pr. pour

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comble d'humiliation il fallut se retracter. - Une action pl. plus honteuse encore souille son règne aux yeux de la postérité. Il céda aux princes un gr. grand nombre de villes libres. Heureusement qu'elles surent se défendre bien mieux que l'empereur ne les eut défendues lui même. Ce fut là la cause et l'origine de la gr. grande ligue de Souabe.

Ch. Charles IV eut pr. pour successeur son fils Venceslas (1378).

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33e. leçon d'histoire moderne Rienzi.

Le sujet de cette leçon est un sujet tout à fait isolé ; qui ne tient à rien ; c'est un véritable accident. Il n'a d'importance Les réformes politiques classiques. que par les idées qui dominent les faits, fort peu par les faits eux-mêmes. Mais l'ordre d'idées auquel il se rapporte est immense. Nous pouvons en juger par l'exposé des faits qui lui appartiennent en commençant par les plus rapprochés et en remontant jusqu'avant l'ère chrétienne.

A la révolution Fr. Française on a voulu ressembler aux Grecs et aux Romains. On ne comprenait ni les uns ni les autres. On connaissait les Romains par Corneille ; les Grecs par quelques théories fort inexactes de Rousseau. (+) Cette politique classique ne date pas du contrat social on la retrouve dans Montesquieu. Mais Montesquieu savait trop

(+) La logique qui a dominé pendant la révolon révolution est celle du contrat social. Logique assez forte, intraitable, souverainement dédaigneux des faits. C'est là le génie de Genève quand Genève a du génie. C'était le logique génie de Calvin qui n'était pas de Genève mais qui y vécut, qui y fût législateur, qui sympathisa si bien avec ses habitants. Cette logique ne recule devant aucune conséquence. Son dr. dernier [terme?] est un genevois, le hideux Marat. Rien de plus sanguinaire que la logique lorsqu'elle fait abstraction des faits ; rien qui dédaigne d'avantage les ppes principes d'humanité, qui méprise d'avantage la vie des hoes hommes.

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(+) On ne se doute pas combien Montesquieu doit à Machiavel et à Aristote. Montesquieu est sans contredit un hoe homme du plus grand génie ; mais dans aucun de ses ouvrages la part de l'invention ne paraît pas très forte. Magistrat et légiste il n'a pas vu que le droit était toute Rome. Il n'a vu Rome que par les yeux du Grec Polybe, ami des scipions à moitié grecs eux-mêmes. La statue de L. Scipion placée au capitole est un costume Grec ; toute une gr. grande révolon révolution est dans ce simple fait. Polybe malgré son grand talent, son excellent jugement ne pouvait comprendre l'anc. ancienne Rome.

de choses pr. pour s'en tenir aux Gr. Grecs et aux R. Romains. On voit qu'il est surtout préoccupé p. par une imitation un peu aveugle de l'Angleterre. (+) Mais le gr. grand maître de la politique classique est Machiavel qui dans ses discours sur Tite Live propose les états de l'antiquité comme des modèles à suivre dans toutes leurs parties, coe. comme le type absolu des bons gouvernements. On peut remonter encore plus haut. Cette fois se ne sont plus les théories ce sont des tentatives. Elles eurent lieu en Italie coe. comme plus tard en France. Il était bien juste que l'Italie encore remplie des souvenirs classiques fit les 1res premières tentatives. Et. Porcaro échoua en 1443 ; un s. siècle avt. avant (1347) Rienzi échoua aussi après avoir eu d'abord un heureux succès ; ce sont de vraies révolutions de philologues et d'antiquaires. Mais avant eux des souvenirs tout à fait séparés de la science avaient influé sur les hoes hommes et sur les institutions. Sans parler de Crescentius (m. mort en 999) il faut remarquer cette fiction par laquelle le 1er. ses parmi les chefs nationaux des Germains se considère coe. comme un César, coe. comme le successeur de ces tribuns du peuple, devenus généraux, de ces magistrats plébéins investis du commandement des légions Romaines. Pourtant rien ne ressemble moins à la chaise curule de l'ancienne Rome, que la dignité impériale moderne. Ce que les emp. empereurs R. Romains sont chargés d'établir c'est l'égalité de la loi civile ; c.à.d c'est-à-dire précisément le contraire du droit Germ. Germain. Cette imitation classique se trouve déjà dans l'antiquité. Sylla s'imagina ressuciter la

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vieille Rome, quand on ne savait déjà plus ce que c'était. Sylla rend la puissance aux riches aux Nobiles, mais pr. pour être par conséquent il fallait la rendre aux patriciens, ce qui est tout différent. Les Gracches aussi étaient conduits par une imitation fort peu intelligente du passé. Ils avaient été élevés par des stoïciens dont la logique inexorable + + l'ignorance du passé + est la meme que celle de la révolution Française. Les stoïciens avaient aussi élevé ce fougueux, ce sanguinaire Cléomène qui commence par massacrer les éphores et passé toute sa vie a rétablir les institutions de Lycurgue qu'il ne comprenait pas car il ne pouvait songer, s'il les eut comprises, songer à les rétablir. Voici en quoi elles consistairent. Les Doriens conquérants du sol, se sont partagé le sol, mais ils se trouvent presque seuls en très petit nombre au milieu d'une population qui peut les écraser à tout moment par une supériorité de nombre écrasante. Les Guerriers ne pouvaient se perdre un instant de vue, il fallait être toujours ensemble, prendre ses repas en commun. Coutumes qu'une même position a fait naître chez la plupart des peuples barbares. Au temps de Cléomène ce n'est plus rien de semblable. Lycurgue qui peut être n'a jamais existé est une divinité qui a ses temples, et ses prêtres, une intelligence supe. supérieure envoyée pr. pour réformer les hoes hommes et les rendre heureux ; De là mais tout a dégenéré depuis surtout à partir des rois de Macédoniens. De là

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le rétablissement des partages, des repas en commun.

Il y a q.q quelque chose de bien singulier et de bien remarquable d. dans cette imitation constante et si peu intelligente du passé. En Asie on ne s'en doute guère. Les Persans se gardent bien d'imiter les Indiens, au contraire les Dieux des Indiens sont les démons pour eux. Iran est le roy. royaume de la lumière, mais tout autour d'Iran il n'y a que ténèbre. Si les Juifs s'avisent d'imiter les Phéniciens c'est une impiété abominable, c'est un crime contre la notion. Ce n'est que depuis la Grèce et Rome que l'humanité songe à perpétuer son passé. Cette perpétuité existait déjà mais involontaire, mais malgré les nations. Au contraire dans les temps modernes l'humanité est en paix avec elle-même. Rome adopte la Grèce ; les barbares adoptent Rome ; et même ils sont allés q.qf quelque fois à vouloir la faire revivre toute entière. On remonte jusqu'aux Grecs ; en 1800 enfin on veut ressembler à Lycurgue. Cela confond l'esprit. On en rougit presque pour le genre humain. Cependant rien au fond de plus touchant, de plus respectable que ce sentiment de la perpétuité hist. historique. C'est l'humanité qui a enfin conscience d'elle-même, qui s'anime, et s'efforce dans son âge mûr de se recommencer, de revenir aux temps de sa jeunesse. Si on avait su l'histe. l'histoire si on avait compris ce qu'on voulait faire revivre il est clair qu'on aurait vu combien ces tentations étaient impossibles, on n'aurait pas insisté.

Il est temps d'en venir au petit acte qui dans ce drame immense doit nous occuper aujourd'hui.

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Vers le mil. milieux du 14e. s. vivait à Rome le Commencements de Rienzi. fils d'une blanchisseuse qui avait reçu une éducation alors très peu commune. Colà Rienzi Il savait le latin, lisait les inscriptions, les expliquait même un peu. C'était un véritable Italien mais sous le côté le plus défavorable du caractère national. Avec une âme d'artiste, il joignait la plus gr. grande mobilé. mobilité de caractère, sans aucune vigueur d'âme. Tel est souvent l'Italien de la plaine, des gr. grandes villes, souvent très éloquent, très enthousiaste mais peu ferme, peu résolu. Rome était alors déchirée par les barons ; Colonna, Ursini, etc. On voit encore à Rome sur une foule de construction cet Ours terrible qui a surplanté la ville pendt. pendant des siècles. Beaucoup des monuments antiques, encore crénélés, et disposés en forteresse portent la trace des batailles féodales du m. moyen âge. Ces barons n'avaient pas beaucoup de vassaux, fort peu d'argent. Ils erraient ordinairement pr. pour leurs querelles ces brigands dt. dont cette partie de l'It. Italie fut toujours infestés, dt. dont ils achetaient les services par leur protection contres leurs victimes, et contre les magistrats. Hors la vie commune de Rome était le combat. Du colisée au tombeau de Cécilia Métella, du château st. Ange (tombeau d'Adrien) jusqu'au mont Quirinal ce n'était qu'un vaste et perpétuel champs de bataille.

Rienzi était du nombre des Romains qui regretaient le pape +. Au milieu de toutes ces barbaries, de tous ces désordres effroyables, le pape avait au moins un peu d'humanité

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en sa qualité d'hoe. homme d'église. De plus la cour pontificale amenait à Rome un nombre considérable d'étrangers. Les Romains envoyèrent au pape Clément VI pr. pour le prier de revenir Pétrarque et Colà Rienzi. Le pape aima ce caractère enthousiaste. Il fit Rienzi notaire apostholique le chargea de toucher d. dans Rome les décimes du St. Siège. Ils se conduisit dans cette place avec beaucoup d'intégrité, et se fit connaitre et aimer des Romains.

Un jour il afficha un grand tableau représentant un vaisseau battu par la tempête, autour duquel on voyait les débris de 4 vaisseaux submergés, sur ces débris étaient mis ces mots Troie, Jérusalem, Babilone, Cathage. Sur le vaisseau qui restait encore à flot était une femme en pleurs levant les mains au ciel. C'était Rome. Rienzi expliqua ce tableau au peuple ; il fut tellement ému en parlant qu'il ne put plus continuer. Quelques j. jours après un monument tiré de terre lui fournit une occasion nouvelle. C'était le décret du sénat qui donnait à Vespasien les titres de tribun, de consul, qui lui conférait enfin toutes les magistratures de l'anc. ancienne Rome qui réuni sur une seule tête formaient le titre légal du despotisme militaire. Ce monument de l'esclavage de Rome servit à Rienzi d'occasio pr. pour appeler les Romains à la liberté. Il leur explique le sens de toutes

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ces magistratures républicaines, leur montra leur abaissement présent, les appeler à la liberté. Cette scène se passent Rienzi les entraina après lui sur l'aventin, sur cette montagne des troubles populaires. Rienzi l'avait peut être choisie à dessein. Tite-Live avait dit : In Aventinum ite, undè ... Dès ce jour Rienzi était fort ; le peuple le suivait. Il convoque une assemblée aux pieds de l'Escalier du capitole. Il forme une garde dans chaque Rienzi Tribun. quartier, forme les nobles à jurer fidélité au bon état, et un tribun toujours auguste, zelator Italiæ ; l'expression est barbare mais l'idée qu'elle renferme est grande et belle. Rienzi prit au sérieux le nom de Rome. Dans une cérémonie publique on le vit tirer l'épée vers les 4 coins du monde en répétant 4 fois. Ceci est à moi ; ceci est à moi ; ... Des messages portant à la main des baguettes allèrent dans toute l'Europe porter la nlle nouvelle de la résurection de Rome. Ce nom était encore si auguste que partout les envoyés de Rienzi furent reçus avec le pl. plus gr. grand respect. Des troupes furent organisée. Rienzi fit payer aux Ursini le prix d'un vol, et leur imposa une amende énorme. Le pape envoya complimenter Rienzi ; Charles IV en fit autant. Jeanne de Naples coupable de la mort de son époux, et qui craignit alors la vengeance du frère d'André, Louis roi de Hongrie, pria le tribun toujours Auguste d'être arbitre entre elle et son ennemi. Ainsi

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voilà nlle nouvelle Rome déjà juge des Rois. Il était plus facile d'être juge des rois que des barons au courage farouche de l'Etat Romain et leur tête étaient les colonnes sur lesquelles Pétrarque avait l.t compté pr. pour faire revivre l'anc. ancienne Rome. Ces colonnes avaient sur Rienzi un avantage incontestable la bravoure. On s'aperçut bien vite que le tribun ne l'était pas. Avec 20,000 h. hommes il ne pouvait manquer de l'emporter sur les barons. Mais dans un combat il montra une grande tant de pusillanimité ; après de légers mois il prit fastueusement le vêtement impérial, déposa les baguettes de tribuns, entra d. dans une église et témoigna par l'effusion de sa reconnaissance envers la vierge tte toute la peur qu'il avait eue. Mais le peuple était encore pr. pour Rienzi ; la plupart des Nobles jurèrent en attendant. Quelques temps après Colonna l'un des pl. plus distingué d'entre eux dit à Rienzi : Est-il bons que les chefs du peuple soient fastueux et prodigues. Puis prenant un pan de sa robe de pourpre : Vous tribun ne devriez-vous pas plutôt porter l'habit de votre état. Rienzi qui rougissait de sa naissance avait eu la faiblesse de se faire tt. tout récemment armer chevalier. Le reproche de Colonna le pénétra. Il fit arrêter tous les nobles prétendant avoir découvert une conspiration. On tendit une salle de blanche rayée de rouge. Un échafaut fut dressé. Les nobles voient arriver leur confesseur. Colonna refusa seul de se confesser il déclara que ses affaires dans ce monde, ni

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dans l'autre n'étaient pas reglées ni prêtes à l'être. Il pensait sans doute que Rienzi n'oserait mettre personne à mort. Cependt. Cependant le tribun arriva et fit un discours au peuple, lui prêcha le pardon des injures sur ce texte : dimitte nobis peccata nostra... Les nobles furent délivrés et ne lui surent aucun gré d'une clémence due probablemt. probablement à la peur. Ils arment contre lui ; le peuple ne remue pas. Rienzi eut beau faire sonner les cloches ; rien ne bougea ; il en essaya d'attendrir le peuple, il pria, pleura ; rien ne bougea. Alors il prit le parti de se sauver en Hongrie puis chez l'emp. empereur Charles IV qui le livra au pape. Le pape avait chargé le guerrier et politique cardinal Albornos de reconquérir le patrimoine du St siège. Le cardinal avait autrefois fait tous les métiers ; et l'aventurier, le baron paraissait plus en lui que le prêtre. Il fit Rienzi sénateur Rienzi sénateur. de Rome, pensant que de prisonnier devenu 1r. magistrat sa reconnaissance répondrait de sa fidélité. Il ne retrouva pas sa 1re popularité. D'abord le nom du pape réunit un certain nombre d'hoes hommes autour de lui. Pendt. Pendant 4 mois il eu qq quelque chose de son ancienne puissance. Il périt enfin Sa mort. dans un émeute (1354). D'abord il montra assez de courage essaye de haranguer. Mais

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les pierres et les traits l'atteignirent. Son courage tomba ; il se sauva, essaya de se cacher fut pris, et demi-nu, demi-mort mené davant le peuple. Le peuple voyant d. dans cet état misérable non ancien favori le laissa près d'une heure sans lui rien faire. Enfin un hoe. homme sortit de la foule, probablt. probablement un agent des barons, et, le tua d'un coup de poignard. Ainsi périt une des espérances de Pétrarque, le sujet d'un de ses plus beaux Dres tenta-tives. poèmes lyriques. Charles IV qui avait promis à Pétrarque d'imiter Romulus et Numa tint encore plus mal ses promesses. Un siècle après périt ce brave et malheureux Et. Arcaro qui se croyait prédit par un vers de Pétrarque. Le Cavalier qui songe à l'Italie, non à lui. Cette singulière idée était moins l'erreur d'une belle âme. Nicolas V hoe. homme timide et doux auquel son ancien métier (de serviteur, de secrétaire d. dans les gr. grandes maisons) avait inspiré des habitudes de servilité se hâta trop de le faire étrangler. Depuis ce pape n'eut plus la conscience calme, et mourut qq quelques temps après tourmenté par le remords.

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Rienzi

(Vandryes. Conférence du 2 avril 1831)

Rienzi A Rome Colonne et Ursins, ces pers. personnes d'origine allemande, de Cologne, comme dit Pétrarque, les ursins d'origine française. Ces 2 familles sont rivales.

Pendant l'absence des Papes à Rome lutte entre les barons et du peuple. - A Rome, un préfet, un sénateur, des capitaines du peuple. Le premier sénateur fut Branca Leone, un bulonais, s'imposa au Pape l'obligation de résider dans Rome. Charles d'Anjou, Louis de Bavière furent nommés sénateurs.

A Avignon les Papes tous français et surtout méridionaux. Ils sont représentés en Italie par des légats.

A Avignon se trouvait une famille à Pétrarque exilée comme Dante. Pétrarque cependant recut 2 commis, l'un de Paris, l'autre de Rome pour y être couronné comme [poète]. Il consulte le cardinal Colonne et se décide pour Rome. Il se fait examiner par le roi de Naples Robert qui lui donna un brevet de chapelain et une belle robe rouge pour son couronnement. Pétrarque fut nommé par le peuple, il recut le droit de professer la poésie en habit poétique (in hubita poetico), de recueillir les vieux manuscrits, de les interprêter, de composer tous les livres qu'il faudrait et fut nommé citoyen romain.

Pétrarque célèbre d'abord Colonne et Rienzi. Pour ce dernier [?] qu'il est adressé à Rienzi, d'autres à Colonne. Probablement c'est le premier, car il y est question d'une verge d'or et cette verge est celle de Rienzi.

Pétrarque fut choisi pour aller inviter le pape d'Avignon à revenir à Rome [?] pour collège Colas Rienzi d'une basse naissance. Ce dernier très savant, très éloquent, fort [?]. Clément VI qui le nomme son notaire apostolique à Rome. Le [?] archevêque de Rouen ne se souciait pas d'aller à Rome. Déjà Pétrarque avait écrit à Benoit XII pour retourner à Rome, voir cela dans les Camine lib. 1, épist 2.

Rienzi voulut marcher sur les traces de ses prédécesseurs [Crescentut et Armand de Bredin] il voulait délivrer Rome. Il passait aux gens des barons pour un [?] Un jour dans une assemblée il se mit à apostropher les citoyens et se fit railler. Il recut même un soufflet d'André Colonne. Il fut baffoué et chassé. Cependant il poursuivit ses projets et fit faire un tableau allégorique repésentant Rome, Babylone Carthage Troie et Jérusalem. Ce tableau fit impression mais Rienzi ne réussit pas encore. Il exposa une belle inscription romaine (la lex legion decret du sénat en faveur de Vespalien) avec un tableau expliquant la chose. Il la commenta, fit même un contresens dit le mot Pomerium qu'il lut Pomarium. Il compara l'état de Rome ancienne et moderne et arracha des larmes aux peuples mais aucun succès. Nouveau tableau allégorique = vaste feu où était jetés tous les animaux malfaisans, au milieu une femme a demi brûlée [?] vivante, c'était Rome, etc., etc.

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au dessous ce trouvait encore les comtes, officiers impériaux, chargés [?].

Corporations. On en fait mention (?) sous Alexandre Severe. (?] avait ces patrons chargés de les représenter dans les délibérations municipales, de les défendre. Ils étaient [?] pr pour l'empereur lesquels l'avait mérité. On leur donnait ordinairement le titre de comte au 3e degré. On trouve plusieurs inscriptions dédiées à des patrons pr pour les corporations entre autres celles des bateliers de Paris (nautæ parisiasi). Dans le code de Théodose 1 loi qui [?] les privilèges des corporations.

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Cette allégorie réussit dit-on, encore moins et on se moque. On disait que ce n'était pas [ceci?] qu'il établirait son bon état.

Mais Rienzi profitant de l'absence d'un baron Colonna harangua le peuple, s'interna dans une chapelle où il se fit dire 30 messes, fit donner le signal par une cloche et parut un cortej cortège, suivi des [?] [gontitoniens?] portant des figures allégoriques. Il monta au Capitole audacieusement mais non sans peur, dit l'[?], et là il proclama le bon état et proposa au peuple les lois et bon état après les avoir fait accepter il se fit proclamer tribun avec la vicairie du Pape. Il y eut donc 2 tribus. Colonne à son retour fut initié, voulut le faire périr, mais Rienzi fit sonner la cloche du Capitole, ameute le peuple et Colonne put à peine se sauver.

Rienzi fait citer tous ces barons à son tribunal. Ceux ci envoyèrent le jeune Colonne Etienne qui se rendit à Rome déguisé. Il y vit l'ordre qui y régnait, se fit connaitre et prêta ser-ment au tribun et au bon état.

A Rome était toujours la peine du talion qui était [?]. Rienzi fit notifier l'élection du peuple à tous les souverains de l'Europe. Il [convoqua? envoya?] des [?] qui avaient une baguette.

il [s'introduit?] nicolaïs [liberator?] de Rome et de la république. Persécutions que fait Rienzi pour maintenir la terreur. - Il fit abattre toutes les fortifications ds Barons qui furent obligés d'en porter emporter les débris à leur frais au Capitole.

Rienzi renvoya le vicaire au Pape et reste seul tribun. Ce fut devant lui que fut [?] l'affaire de l'assassinat d' André de Hongrie .

Il recevait des lettres de Jeanne, de Louis de Hongrie, du Pape même et des cardinaux. Philippe de Valois lui écrivit aussi une lettre en français, ce qui surprit beaucoup à Rome où la langue vulgaire déplaisait. Il la lui fit porter par un simple archer. R (Rienzi) était en correspondance avec Pétrarque. Le Pape l'appelait son cher fils et l'invitait à continuel le bon ordre.

Peu content d'être tribun il voulut se faire chevalier. Il réunit le peuple et lui dit que le lendemain il se ferait sacrer chevalier. Il voulait alors se baigner dans 1 baignoire où le Pape Sylvestre avait guéri Constantin de la lèpre, il dormit sur le lit de Constatin. Enfin il cita en son tribun-al le Pape qu'il somme de revenir à Rome.Une fois chevalier il se livra à l'[?] R? avec les barons. Un jour Etienne Colonne lui dit de prendre un vêtement moins précieux, et de ressembler plus au peuple dont il sortait. Il [?] condamna tous les barons à la mort. Mais il les absout. Ils quit-tent Rome t conspirent contre lui. Une guerre commença. Le fils d'Etienne Colonne étant entré seul dans Rome y est massacré. Etienne veut aller voir son fils, il est également massacré. Victoire de Rienzi qui rentre à Rome triomphant et dépose son sceptre aux pieds de [la vierge] dans une chapelle. Depuis il ne le porte plus.

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Les femmes de famille des Colonne demandent les corps des victimes. Rienzi les chassa et laissa les Barons sans sépulture.

Pour compléter sa victoire Rienzi sort de Rome avec son fils, prend du sang des Colonne, le répand sur la tête de son fils en lui disant : tu seras chevalier par cette cérémonie sanglante. 1347 Une conspiration éclate. Rienzi fait sonner la cloche, mais personne ne sort. Il se retire dans le capitole et partit de Rome. Les barons furent, dit l'[histoire ?], 3 jours sans entrer dans Rome : ils craignaient de rencontrer Rienzi. Il erra 7 ans en Italie sous l'habit de moine. En 1094 il va à la cour de Charles IV où il fut bien reçu. Il alla se justifier devant le Pape à Avignon. Il est jeté dans un cachot avant son procès et il pesta tout le temps. Il fut absout, béni par le Pape et envoyé à Rome pour accompagner le légat Gil Albornoz afin que son éloquence par lui servir à pacifier les villes.

Albernoz était de la maison royale d'Aragon. Etait à la fois un guerrier et un prêtre. Son expédition en Romagne est remarquable. Il soumet les châteaux. Rienzi l'ac-compagne. Rome lui envoie une députation [lui?] demander. Le légat le nomma sénateur et Rienzi marche vers Rome. Mais il voulait une milice pour entrer à Rome. Il obtient une des frères montréal 3000 florins pour avoir des troupes. Son entrée fut toute triomphale. Son titre lui est confirmé par le peuple. Il est rétablit dans son ancien rang mais il n'avait plus d'argent. Il détermina les 2 frères à lui prêter encore 1000 florins. Cependant il se montre fort ingrat envers le capitaine montréal qu'il fit condamner à mort. Ces [?] avec un autre [?] Rienzi. Un matin qu'il s'était lavé le visage avec du vin aigre il entendit du bruit dans la rue et les cris de mort à Rienzi. Il n'eut plus que 3 hommes avec lui. Enfin il se déguisa, prit la clef des prisons, prit l'habit d'un paysan de Campanie et [?]. On le mit à mort.

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34e. leçon d'histoire moderne. De l'église au moyen âge jusqu'à Wiclef.

Jusqu'ici ce cours a été consacré à Ce qui nous reste à faire. tracer 4 grandes masses de l'histoire moderne ; Les lois barbares ; les croisades sur lesquelles nous avons passé un peu vite préoccupés surtout de l'Europe ; 3e. la lutte du sacerdoce et de l'empire dans laquelle nous avons cherché surtout à faire supprimé ressortir l'opposition de l'Allemagne et de l'Italie ; enfin l'opposition de la France et de l'Angl. Angleterre qui peut se traduire p. pour cette formule : la France est une monarchie prépart. préparant la démocratie, l'Angleterre est une aristocratie pure. Il nous reste deux autres grandes masses à étudier : il faut montrer dans la sphère des idées cette lutte soutenue par l'église dans la sphère des intérêts politiques ; il faut montrer la fondon du pouvoir monarch. monarchique en Fr. France depuis Philippe le Bel jusqu'à Richelieu (1). (1). On est allé que jusqu'en 1453.

Ces 2 sujets ne sont pas si étrangers l'un à l'autre qu'ils peuvent le paraître. Ce

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sont les deux questions de la liberté Européenne ; la liberté religieuse, et l'égalité politique.

Aujourd'hui nous redonnerons les ppaux principaux faits matériels qui ont amené la réforme : c'est une leçon toute de faits. La 1re fois nous traiterons le coté intellectuel de la question.

Progrès de l'église. Le monde ancien avait fini par aboutir à la stricte individualité du stoïcisme. Cette stricte individualité était étrangère à la religion. Les stoïciens admettaient des Dieux il est vrai ; mais quelqu'ils pouvaient pussent fort bien s'en passer. Mais quand la Judée et la Grèce se rencontrèrent dans Alexandrie, il hoe arriva alors une chose admirable. L'hoe. homme s'affranchit de la nature avec la vigueur du stoïcisme et conserva un lieu que le stoïcisme n'avait pas ménagé : il fut sévère pr. pour lui-même indulgent pr. pour autrui. L'église se détache non de l'humanité mais du monde extérieur. Cependant sa force intérieure est si grande qu'elle finit par embrassent ce monde : elle méprise la richesse et elle est riche, le pouvoir et elle est puisssante. C'est Salomon qui de tous les dons en demande que la sagesse ; il l'eut et avec elle il obtint tout le reste. Le prêtre a possédé les terres, il a siégé

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au tribunal, il est rentré par toutes les portes dans ce monde qu'il s'était fermé. Ainsi ces deux mouvements de la machine humaine le mouvement de systole ou de contraction qui porte tout le sang au cœur et le mouvement de Diastole qui le porte aux extrémités ont été éprouvés par l'église. Vers 200 les chrétiens ne veulent pas servir dans les armées romaines ; vers 300 ils remplissent ces armées.

Une église qui ne recevait que pour donner a du beaucoup recevoir. Les dons pieux les fondations pieuses affluent jusqu'au XIIe. s. siècle apogée de la puissance territoriale de l'église. On donnait parce que l'église fesait faisait des aumônes, on dormait pr. pour le salut de son âme, on donnait parce que le monde allait bientôt finir. Ces donations furent de bonne heure régularisées par la dîme. En 600 paraît le capitulaire qui sanctionne la dîme. On sait du reste qu'à la 2e.invon invasion les terres furent enlevées aux ecclésiast. ecclésiastiques p. par Charles Martel. En Angleterre au contraire il paraît que les nombreuses invasions qui s'y sont succédées ont fait peu de tort au clergé. Il possédait la moitié du territoire : en 1337 la valeur des possessions ecclésiast. ecclésiastiques s'élevait à 730,000 mares d'argent c. à d. c'est-à-dire

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environ 365 millions de notre monnaie. On ne manie pas de telles richesses impunément.

La puissance politique du clergé croissait en même temps que ses richesses. Constantin avait enjoint de faire exécuter les sentences des évèques. Le code théodosien veut que les juges ecclésiastiques décident toutes les fois qu'une des parties réclama le jugement de l'évèque. Et la sentence est sans appel. Au reste c'était alors un progrès. Il y avait incontestablement pl. de justice et d'humé. à attendre de la part d'un tribunal ecclésiast. ecclésiastique. Aussi ce fut un gr. grand bienfait de Charles Martel que d'accorder au peuple de pouvoir être jugés par les tribunaux ecclés. ecclésiastiques et non par le graf barbare assisté de ses [Mathimburgs]. De plus les ecclés. ecclésiastiques ont le privilège de ne pas être jugés p. par les laïques. Ainsi l'église juge les laïques, mais les laïques ne la jugent pas. Les faits sont d'une portée immense. On a bien rarement affaire dans la vie à la puissance politique, mais chaque jour au contraire on a besoin des tribunaux. Le pouvoir judiciaire est sous bien des rapports plus important que le pouvoir politique.

D'ailleurs le pouvoir politique lui-m. même devient l'apanage de l'église. Les barbares

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ouvrent leurs conseils aux évèques et ceux-ci y obtiennent bientôt une telle prépondérance (cela est surtout visible chez les wisigoths ; on voit que les lois ont été faites par leurs prêtres) que bientôt les vainqueurs abandonnent des assemblées où l'on ne parle plus que Latin.

D. Dans les 1rs temps de l'invon invasion, il est vrai que l'Episc. Episcopat souffrit beaucoup ; la main des laïques pesa sur lui. Théodoric, Charles Martel mirent la main à la discipline eclés. ecclésiastique. Pendt Pendant l. t. longtemps il arriva souvent que les rois choississent à eux seuls les évèques. Les privilèges du peuple chrétien étaient violés p. par ces barbares qui choississaient les hoes hommes à eux et non des hoes hommes vraiment religieux.

Mais les choses changèrent rapidement avec L. Le débonnaire. On voit par cette revolon révolution combien est forte la puissance de l'intelligence même quand elle a été l. t. longtemps éclipsée. Sous Charles Martel les évèques sont dépendants; sous L. le débonnaire ils règnent. Après sa mort Charles le Chauve écrit ces paroles mémorables en parlant de ses frères qui veulent le détroner : Encore s'ils m'avaient accusés devant les évèques mes juges légitimes. Il faut reconnaître pourtant

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que les évèques de cette époque avaient contracté dans leurs relations avec des barbares des habitudes de Barbarie. Le farouche V. Dunstan persécute d'une manière atroce le roi Edwin et sa femme. Le clergé local, l'épiscopat aurait pu à la longue en prenant les mœurs des peuples barbares devenir barbare lui-même. La papauté sauva l'Europe en lui donnant Grégoire VII.

Progrès de la papauté. D'où vient la suprématie de l'évèque de Rome. Elle tient d'abord à la dignité de ce nom auguste et toujours revéré des Rom. Romains. Elle vient ensuite du pouvoir patriarchal qu'exerçait l'évèque de Rome sur l'Ital. Italie. méridionale, les i. Ital. et même la Dalmatie. Dès l'an 600 l'archevèque de Milan est considéré coe comme relevant de l'évèque de Rome, et l. t longtemps auparavant dès la moitié du 4e s. c'était toujours à la décision de l'évèque de Rome que l'empereur déférait les querelles des Ariens.

L'apostolat dirigé par le pape chez les nations barbares ajouta au pouvoir de la papauté. Augustin en Bretagne, Boniface en Germanie étaient engagés par le st. siège. Les Barbares envahissaient

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plus l'Italie, mais ils pensaient toujours à Rome, un grand évèque de la grande ville. Il y avait chez les barbares une tradition qui leur parlait d'une ville sainte du midi séjour des Azes ; pour Rome leur semblait être cette ville : et le pontife de Rome était pr. pour eux le plus saint des pontifes. On sait comment l'évèque de Rome fut consulté par Pépin : l'alliance des Francs augmenta son pouvoir. De plus en 742 le concile de Francfort présidé par Boniface oblige les évèques métropolitains à recevoir des mains du pape le manteau d'archevèq. archevèque le pallium et consacre ainsi la suprématie pontificale de tout l'occident.

Mais comment furent obtenus ces avantages sur les archevèques ? Les évèques étaient jaloux des archevèques et pour diminuer leur puissance, ils élevèrent au dessus d'eux le 1r. des archevèques le pape. Pour consolider ce système on imagina v. vers 800 les prétendues bulles rendues par d'anciens papes ; ce sont les fausses décrétales qui gouvernèrent si l.t longtemps l'église. Ces décrétales ruinèrent le pouvoir des archevèques en établissant la suprématie de l'évèque de Rome sur toutes les métropoles de la chrétienté. Dès lors il dépendit du pape d'ériger, de transférer, de faire résigner les évéchés. Ces décrétales élevèrent dans l'Europe un pouvoir qui ne

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tenait plus aux localités qui les dominait toutes ; et de même que le pouvoir politique devint indépendant des fatalités de provinces et prit un caractère général et abstrait ; de même les pouvoirs ecclésiast. ecclésiastiques passant dans les mains de l'archev. archevêque universel échappa aux intérêts locaux et prit un caractère général et abstrait, un caractère divin. Ce monument de fausseté et de mensonge eut un grand succès paru qu'il contenait une grande vérité ; en effet le pouvoir local entachés des fatalités locales n'avait pas une légitimité suffisante. Les fausses décrétales réussirent paru qu'elles fondèrent l'unité religieuse du monde.

C'est une beau et grand spectacle de voir de 850 à 1050 la lutte du pouvoir épiscopal avec le pouvoir des pontifes ; c. à d. c'est-à-dire des différents pouvoirs locaux avec l'unité éccles. ecclésiastique. Ainsi quand Grégoire VII se déclara pr. pour les enfants de Louis le débonnaire les évèques de Fr. France s'écrièrent : Si excommunicaturus venict, excommunicatus abibit. On voit pl. plus tard l'Arch. Archevêque Hincmar déployer une gr. grande vigueur dans la lutte contre les papes.

Cependant l'unité épiscopale grandissait ; et la 1re excommunication eut lieu au 9e s. siècle. (865) contre Lothaire II et Teutberge sa fe femme. Quoiq. Quoiqu' il en voit au 10e. s. siècle l'épiscopat semble triomphant. Le St. Saint siège pâlit. Nous voyons 6 papes déposés, 2 assassinés, un mutilé. C'étaient des barons de Rome turbulents et

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violents : hoes hommes de tête et de cœur il est vrai, mais étrangers à l'état éccléciast. ecclésiastique. Alors le clergé perd le caractère ecclésiastique et prend le caractère barbare militaire. Le clergé montait à cheval et se battait. Les gr. grandes familles fesaient faisaient avoir les sièges ecclés. ecclésiastiques à leurs primés ; ceux-ci n'ayant nul goût pr. pour l'état ecclés. ecclésiastique conservaient les mœurs féodales. On voyait des archevêques de 6 et de 10 ans.

Ce qui était profondément déplorable c'est que la loi du célibat était en même temps reconnu coe. comme loi obligatoire et generalt. généralement violée. Tout le monde la reconnaissait, la coe comme juste et personne ne s'y soumettait. L'Occident s'était fait un admirable idéal du prêtre, un idéal bien plus pur que l'église Gregor. Grégorienne ou le mariage est toléré pour une certaine partie du clergé. L'église d'Occident se mourait pour ne pouvoir atteindre à la pureté dt. dont on lui fesait faisait une loi. Heureusement elle eut Grégoire VII ce merveilleux génie qui sut réformer l'église malgré elle et en même temps humilier les rois. Pr. Pour mettre fin aux désordres il n'hésita pas à employer les moyens révolutionnaires, les 1res mesures du nivellement. Il ordonne aux paysans de courir sus aux prêtres qui n'observeront pas le célibat ! Et l'on vit des prêtres massacrés ou mutilés par leurs ouailles. Il sut si bien régner sur toutes les intelligences

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sur toutes les volontés qu'il donna la couronne impériales. On connaît ce vers : Petra dedit Petro, Petrus diuderna Rodulfo. Son âme continue de regner après sa mort. En 1111 nous voyons le plus admirable spectacle. Le pape Pascal II voyait que les querelles des investitures ne finiraient jamais ; en effet d. dans les nominations aux bénéfices l'emp. empereur prétendait avoir droit sur la terre, le pape sur le caractère ecclés. ecclésiastique qu'on déférait : et chacun voulait confondre ces 2 choses. Le pape Pascal eut la grandeur de déclarer à l'emp. empereur qu'au nom de l'église universelle il renonçait à tous les biens temporels, qu'il donnait pour la rançon de l'église et pour son affranchissement toutes ses terres, tous ses chateaux châteaux qui couvraient la moitié de l'Europe. Mais personne ne fut de l'avis du pape. L'église garda les terres et ce fut sa condamnation. Quoique dans cette dispute de l'empire et du sacerdoce, il y eut en enfin un compromis, l'eglise resta souillée de ces terres qu'elle gardait. Les jouissances temporelles lui devinrent funestes.

Quant à la lutte personnelle du pape et de l'emp. empereur ce fut le pape qui demeura vainqueur. Le pape donna lui-même la couronne aux empereurs et autrefois il était obligé de se faire confirmer par eux. La position des 2 partis est complètement renversé. Lothaire

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toute l'Europe par les ordres mendiants, recor recouvre des évêques et des rois, se signala d'une manière décisive par la faculté que s'arrogèrent les papes de donner des dispenses : dispenser de tenir son serment ; dispense de parenté pr. pour les mariages défendus par les canons. Alors se réalisa toute la pensée de Grégoire VII la domon domniation universelle du St Saint siège ; le pape fut vraiment le vicaire de Dieu sur la terre, et (que sait-on?) sans la vigoureuse résistance des emp. empereurs le pape serait p. ê. peut-être devenu dieu sur la terre, coe. comme le gr. grand Lama du Thibet Tibet, un dieu qui se perpétue de pontife en pontife, une incarnation perpétuelle. Alors tous les tribunaux le cédèrent aux tribunaux ecclésiastiques. Ces drs derniers jugèrent tantôt parce qu'une des parties avait pris la croix (et tel prenant la croix qui restait 50 ans sans aller à la terre ste sainte et mourait sans y être allé) ; tantôt parce qu'une des parties était miserabilis persona c. à d. c'est-à-dire d'une position à intéresser coe. comme une veuve, un orphelin, un mineur.

Toutes les actions personnelles pouvaient être, coe. comme péchés, jugées par les tribunaux ecclés. ecclésiastiques. Quant aux actions réelles il y avait contestation.

Presque partout les souverains qui avaient élevé la papauté contre l'épiscopat commençaient à s'en repentir. Guillaume le conquérant sépara les tribunaux ecclés. ecclésiastiques des tribunaux civils. Henri II.

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dans les constitutions de Clarendon attribuer aux juges royaux toutes les causes qui touchaient la collation des bénéfices et les délits des clercs. La France même, la France gouvernée par un saint en fit autant. La pragmatique de Saint Louis base des libertés de l'église Gallicane, déclare que les prélats et autres personnes ayant droit de conférer les bénéfices pourront exercer ce droit malgré le pape ; que les églises jouiront des droits d'élection coe. comme les abbaye ; que les papes ne lèveront aucun impôt sans le consentement du roi et de l'Eglise. Telles étaient les dispositions de cette pragmatique rédigée p. par les hoes hommes de loi peu favorables aux papes qui entouraient le trône de Saint Louis.

Saint Louis mourut à la fin du 13e s. siècle et Boniface VIII en 1300 convoqua à Rome le 1r. jubilé. Toute personne pouvait acheter la mémission de ses péchés par un pélerinage au tombeau des apôtres. Des milliers de pélerins arrivèrent de tous les pays ; on ne savait où les loger ; ils campèrent en partie aux portes de Rome. Ce fut la que Dante puisa la 1re inspiration de son poème : il y conçut l'idée du genre humain comparaissant devant son juge. Ce jour si solennel ou Boniface VIII se vit entouré des états généraux du g. genre humain et présida cette assemblée en habits impaux impériaux fut le dr. dernier jour de la papauté dt. dont la puissance était depuis l.t longtemps Commencement de leur décadence ruinée. On connaît les malheures de Boniface VIII ; l'attentat de Philippe le Bel excita une horreur universelle, mais c'était tout que de l'avoir osé. La translation du St. Saint Siège à Avignon fut un nau nouveau coup ; le pape ne fut pl. plus regardé que coe. comme le ministre du roi

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de France. Les querelles avec Louis de Bavière, dans lesquelles il avouait que Louis de Bavière avait raison mit le comble à l'humilitation du St. Saint-Siège. On vit les Guelfes eux-mêmes l'attaquer (Le Dante); et il faut avouer que cette ville d'Avignon était une véritable Sodôme : on peut lire d. dans Pétrarque quelles étaient les mœurs de la cour papale. A cette corruption se joignait une avidité dt. dont rien n'approche. Ainsi Jean 22 se réserve les revenus de la 1re année de tout bénéfice vacant ; c'est ce qu'on appela les annates. Jusque là les papes avaient dit souvent : Je me réserve la nomination à tel évèché lorsqu'il viendra à vaquer ; Jean 22 annonce qu'il se réserve la nomination à tous les évèchés. Il fallait payer sans doute le roi de France pr. pour obtenir tous les privilèges ; il fallait partager avec lui , un serviteur reconnaissant ; et cependt. cependant à la mort de Jean 22 on trouva d. dans ses coffres 25 millions de Florins.

Les rois d'Angleterre étaient peu disposés à écouter un pape Français ; Edouard III d. dans un statut de provisoribus déclara qu'en cas de réserve l'élection aux sièges vacants n'aurait pas lieu, que ce ne serait ni le pape, ni les électeurs qui profiteraient des revenus de la 1re année, mais bien lui qui se chargeait le nommer.

Peu de temps après parurent en Angleterre. les 2 hoes hommes qui devaient par leur logique constestent les droits du st. saint siège. Jusque là l'église n'avait en que ses [jet.] pr. pour adversaire ; mais Occam et

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Wiclef employèrent les arenes de la théologie. C'était d'ailleurs une guerre nationale que de résister au pape qui était sous les ordres des rois de France.

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35e. leçon d'histoire moderne. Nominaux, Wiclef, Hussites, concile de Constance.

Nous allons continuer de donner Hérésies des 11e. et 12e. s. siècle Abailard. la suite des faits qui ont préparé la réforme de Luther.

C'est une erreur grave de confondre avec cette réforme les hérésies des 1rs siècles du m. moyen âge, les Pauliciens, les Albigeois et tant d'autres. Il n'y a de commun que l'opposition au sacerdoce (1). Les ppes principes sont tout (1) Müller avait entrepris une hist. histoire des Pauliciens d. dans laq. laquelle il voulait conduire le ppe principe indépendant depuis Manès peut être jusqu'à Luther. Il eut associé beaucoup de chose qui ne se lient que p. pour des ressemblances fort extérieures. differents, ils sont aussi orientaux que le ppe principe de la réforme de Luther est occidental. Il y a eu sans nul doute vers Lyon, v. vers la Suisse un ppe principe de rationalisme. Il perce par Arnaud de Brescia qui vécut en Suisse f. fut long-t. longtemps par Valdo ce marchand de Lyon qui fut le père des Vaudois. A l'autre extrémité de la France Nantes a produit Abailard. C'est une chose singulière qui le rationalisme se trouve si puissant aux deux bouts à la fois de notre pays.

20 juin 1831.

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C'est un fait incontestable que l'essor du rationalisme est parti d'Abailard. Les disciples d'Abailard sont les nominaux. Tous les gr. grands hommes de l'église au contraire V. Voir Thomas, St. Albert le grand sont réalistes. Occam Le chef des nominaux au m. moyen âge le pl. plus illustre de tous, dt. dont on peut remonter jusqu'à Abailard par une généalogie légitime est Occam, cordelier, ainsi nommé du bourg d'Occam d. dans le c comté de Surray né avant 1280. Occam est Anglais ; remarquons cependt cependant que ce n'est pas la Grande-Bretagne mais la petite qui a produit l'auteur de ce mouvement le gr. grand Abailard. Le nominalisme éclata surtout par Occam disciple et adversaire de grand réaliste Scott. Occam est pr. pour Philippe le bel contre Boniface, pr. pour Louis de Bavière contre les papes qui le persécutent. Il prit part à une discussion fameuse qui partageait l'ordre de St.François. Cette querelle parait maintenant misérable. Mais qu'on songe qu'alors le monde roulait p.a.d sur 2 pivots les Franciscains et les Dominicains ces 2 gr. groupes ordres monastiques si puissants et si respectés. Une partie des Franciscains soutenait qu'ils ressemblaient à Jésus Christ en ce qu'ils offraient la réalité de cette pauvreté divine dt. dont Jésus Christ était l'idéal, ils voulaient que rien ne leur appartint ni leurs habits, ni leurs aliments, même après se les être assimilés. Cette prétention bizarre était une satyre indirecte, mais bien forte des immenses richesses que

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possédait alors l'église. Aussi cette doctrine des Franciscains fut-elle généralement condamnée. Occam n'attaqua pas l'église directement mais il l'attaqua indirectement de 3 manières, coe. comme nominal, puis coe. comme partisans de la pauvreté des Franciscains, enfin coe. comme défenseur des rois.

Mais Wiclef autre Anglais du Bourg de Wiclef. Wiclef (C Comté d'York) né avant la mort d'Occam, en 1304 toucha à toutes les questions, philosophie, temporel, d'[?]. Repoussé d'une place de principal dans un collège il écrivit contre le pape en faveur d'Edouard III qui refusait l'hommage de Guillaume le conquérant et les [assérages] du [?] de St. Pierre. Il prit aussi sa plume à l'université d'Oxford contre les moines qui l'envahissaient. Ensuite il attaqua le St. Siège, la hiérarchie écclésiastique, les richesses du Clergé. Il osa écrire : Après Urbain il n'y aura plus de pape. Il ne s'arrêtait pas à la hiérarchie ; selon lui la transusbston transsubstantiation n'était qu'une figure. Il ôtait ainsi au christianisme son caractère poétique c. à d. c'est-à-dire qui constitua une religion. Plus de confession, plus de mariage consacré par l'église, point de baptème pour les enfants c. à d. c'est-à-dire point de péché originel; l'hoe. homme n'est coupable que par ses œuvres point par sa descendance d'Adam. Or ôter au christianisme la transsubstantiation et le péché originel ce n'est plus le christianisme. Wiclef fut soutenu par les gr. grands seigneurs nullement par les hommes du peuple. Mandès devant ses juges il y

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comparut assisté du duc de Lancastre le pl. plus gr. grand seigneur de l'Angleterre, par le gr. grand maréchal Percy. Il y parut couvert d'une robe grossière. Lancastre voulut exiger qu'on lui donnât une chaise pr. pour être assis devant ses juges. De là une querelle qui empêcha le jugement. La populace prit parti pour les juges contre Wiclef ne voyant en lui qu'un partisan de l'auté autorité illimitée des seigneurs on pilla même le palais de Lancastre. Plus tard lorsque les protecteurs lui avaient manquaient il fut mande de [?] fut condamné et se retira dans sa curi après une demi rétractation. Bientôt après il mourut frappé d'apoplexie. On pensa généralement que Dieu défenseur de la hiérarchie et du St. Siège avait frappé l'adversaire de ces ppes principes.

Wiclef est le maître de Jean Hus et Jean Hus n'est pas le maître de Luther. Il y a une suite parfaite entre Abailard, Jean Salisbury, Occam, Wiclef, Jean Hus ; mais Luther est tte toute autre chose ; nous verrons en quoi il diffère.

Jean Hus et le concile de Constance Le caractère propre de Jean Hus fut d'avoir été un ardent, courageux patriote, un grand et intrépide citoyen. Personne n'est mort coe. comme Jean Hus. C'est là sa gloire. Du reste on peut douter qu'il ait eu un esprit supr. supérieur. Luther lui-même n'est pas un génie inducteur. Il ne faut pas s'exagérer des grandes figures historiques. Les grands hoes hommes de cette lutte sont Abailard et St.Thomas représentant l'un la nature, l'autre la loi. Les autres ne sont pas des hommes

XXXV.2 256 r

supérieurs mais des hoes hommes plus ou moins courageux, plus ou moins éloquents.

Jean Hus de la ville de Hus en Bohème fut en 1406 recteur de l'université de Prague. Ce misérable Wenceslas venait de terminer son règne. Aussi malheureux d. dans ses états héréditaires que d. dans l'empire il fut déposé p. par Allemands, emprisonné par les Bohémiens : il était dit-on avili par l'ivresse. Peut-être ses défaut ont-ils été exagérés. Après lui l'empire tomba dans une faiblesse extrême. Le Cte Comte Palatin qui fut élu ne fit pas gr. grand chose. Il n'empêcha pas que 2 empereurs de lui disputer son vain titre. Après lui l'emp. empire passa à Sigismund frère de Wenceslas fils de Charles IV qui entreprit de remédier aux maux de l'église. On [?] [?] voyait à la fois 3 empereurs et 3 papes. L'empereur Wenceslas, encore vivant, l'empr. empereur Josse de Moravie, l'emp. empereur Sigismond qui fut bientôt seul. Il y avait le pape d'Avignon, celui de Rome, celui de Florence ; ce dr. dernier élu par un concile qui espérait faire abdiquer les 2 autres. Chacun avait pr. pour lui quelques nations. L'Allem. Allemagne et l'Angleterre les pays Germaniques tenaient pr. pour l'un, la France et l'Italie pour un autre, l'Espagne enfin pr. pour le 3e. Cependant il fallait que les peuples payassent coe. pr. un d'avantage, chaque pape voulant remplir son trésor comme si toute l'Europe l'eut reconnu. En même temps le schisme fesait faisait peu à peu perdre le respect qu'on conservait pr. pour le saint siège.

20 juin

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C'est d. dans ces circonstances que le concile de Constance fut assemblé. Ce concile est le triomphe d'une opinion mitoyenne dt. dont le véritable représentant était l'université de Paris représentée elle-même par son chancemier Jean Gerson. Cette opinion reconnaissait le pape coe. comme chef de l'église universelle et en même temps voulait le régenter, invoquait la libé. liberté contre le pouvoir absolu du pape et n'en voulait plus lorsqu'il s'agissait de Jean Hus. Ce concile immola 2 victimes l'ancienne église et la nouvelle, la 1re d. dont le pape, la 2de d. dont Jean Hus. L'assemblée fut ferme au point central de l'Europe. Toute l'Europe y assista. Mais elle ne produisit rien, entravé surtout par les rivalités nationales. Les Français et les Ital. Italiens peuples Welsches font cause commune, les Allem. Allemands et les Angl. Anglais se mettent de l'autre côté. Mais le peuple qui voulait réformer sérieusement fut pris dans la race née pr. pour souffrir entre toutes les races modernes, la race slave qui commence dès lors cette longue suite se sacrifie pour la liberté religieuse et politique du monde. Ne nous étonnons pas que les slaves soient restés barbares depuis les Tartares jusqu'à nos jours le vie des slaves se compose de luttes terribles couvent volontaires pr. pour le salut de l'Europe.

Jean XXIII était le pape le plus généralement reconnu ; c'était le pape de Rome. Il ne voulait pas se rendre aux invitations du concile. Voici la fosse où l'on prend les renards, dit-il

257 r en appercevant la ville de Constance, Saint père, lui avait déjà dit son bouffon lorsqu'ils entrèrent en Allem. Allemagne, qui passe Trente perd. En effet ce pape une fois hors de l'Italie était livré à des nations qui ne pouvaient s'intéresser à lui ; il était jugé d'avance. Ce concile était prodigieusement nombreux. Il y avait 18,000 personnes ayant droit de sufrage. Si jmais un concile fut œcuménique c'est apparemment celui-là. Il y avait là toutes les nuances de la vie ecclésiastique. Un Jean de Brogni gardeur de pourceaux devenu Cardinal et qui se plaisait à concerver dans ses portraits le costume de son premier état. Un archevêque de Mayence prince puissant, beaucoup pl. plus riche que bien des rois, armé d'une cuirasse et quivi d'un cortège militaire. Mais le personnage ppal principal était notre Jean Gerson. Vers la fin de sa vie il se lassa tellement de la polémique qu'il se livra à une dévotion mystique lui qui avait commencé par écrire contre le mysticisme ; c'est d. dans cet esprit qu'il composa le traité de la consolation théologique. Quelques uns le croyent auteur de l'imitation de J.C. retiré au fond de la Souabe il passa ses drs derniers jours à enseigner à lire, par humilité, aux petis-enfants du voisinage, ne leur imposant pour
257 v [?] le récompenser de ses soins que l'obligon de répéter tous les soirs et tous les matins : seigneurs, ayez pitié de votre pauvre serviteur Jean Gerson. C'est un des hommes que Luther a le plus aimé ; il lisait insatiablement ses ouvrages. Ce qui honore éternellement Gerson c'est d'avoir osé faire l'oraison fun. funèbre du duc d'Orléans assassiné par son cousin, et d'avoir poursuivi le Cordelier J Petit apologiste du meurtre. Cette conduite courageuse lui fit courir les plus gr. grand dangers ; poursuivi par les Bourguignons il n'échappa à la mort qu'en se cachant sous les voûtes de l'église N. D. Notre Dame le concile il fut l'implacable adversaire et du pape et de Jean Hus. On sait qu'aujourd"hui encore il n'y a en Bohème que 600,000 Allem. Allemands contre 2,500,000 slaves. Les Allem. Alemands encore bien moins nombreux alors gouvernaient pourtant dès cette époque. Jean Hus voulut que les Bohémiens fussent maîtres d. dans leur université. Il prétendait donner 3 voix à la nation Bohémienne qui formait en effet la majorité, et une voix seulement à chacune des 3 autres nations Bavroise, Saxonne, Polonaise. Cette mesure était fort équitable et Wenceslas la sanctionna. Mais dès lors Jean Hus s'était fait une foule d'ennemis. On voit qu'il commença sa vie en patriote. Quant à sa doctrine il avait toutes les opinions de Wiclef ; Jean Hus
XXXV. 3 258 r est un pour disciple de Wiclef. A coté de lui était le fameux Jérôme de Prague un des hoes hommes les plus violents, les pl. plus furieux de la réforme. Pour figurer l'église Romaine il fesait faisait courir par les rues une fille publique qui portait des indulgences et des Bénédictions. Il brûla les bulles d'indulgence amprisonna un dominicain en fit jeter un autre d. dans la Moldau. Jean Hus alla au concile muni d'un sauf-conduit de l'Emp. Empereur. c'est au reste un point controversé. On peut croire que le sauf conduit lui fut donné après osn arrivée. Il dit Venimus sine conductu. Il soutint devant le concile toutes les doctrines de Wiclef avec le plus grand courage, la pl. plus gr. grande audace. Lorsqu'on lui proposa de se rétracter, il répondit qu'il aimerait mieux être jeté à la rivière une meule d'âne au cou. Il fut donc brûlé en présence de l'emp. empereur, des électeurs, de la pl. plus auguste assemblée du monde. Son disciple s'était sauvé. Il était déjà loin et pouvait échapper. Avant de partir il avait fait une espèce de retractation. Apprenant la mort héroïque de son maître, il rougit de lui-même revint retracter sa retractation, demanda à être 20 juin
258 v brulé brûlé, et le fut aussitôt. Pendt Pendant son supplice il invectiva plus contre les Allem. Allemands que contre le pape : c'était chez lui une affaire de patriotisme autant au moins que de foi. Le pape ne fut guère pl. plus heureux. Il s'était sauvé vêtu en Postillon. Il fut rejoint et ramené ; il s'humilia, et fut forcé de descendre du trône pntifical. Le concile pouvait alors faire 2 choses ou commencer immédiatement la réforme qu'il projetait ou nommer un pape chargé de l'établir. Le dr dernier parti n'était guère raisonnable. L'Italie voulait un pape. La France par jalousie pr. pour l'Angl. Angleterre et l'Allem. Allemagne qui n'en voulaient point encore se réunit à l'Italie. On nomme Martin V de l'illustre maison des Colonna honnête hoe homme à ce qu'on dit, et d'une famille ou où la magnanimité était héréditaire. Mais dès lors il ne pouvait pl. plus s'agir d'une réforme. Toutes les voix légales furent fermées ; restaient les voies illégales. Hussites Les hussites y recoururent. Les seigneurs qui d'abord les avaient favorisés virent avec terreur tout le peuple prendre les armes avec une furreur et une résolution incoryable. Ils fondère,t 2 villes , auxq. auxquelles ils donnèrent , d. dans leur enthousiasme
259 r biblique les noms d'Orel et de Thabor. Ce qui anime cette 1re réforme ce n'est pas l'esprit de l'évangile c'est l'esprit de l'ancien testamt. C'est un gr. grand malheur que presque tous les monuments de cette guerre aient péri il ne nous reste que qq quelques chants latins. Leur ppal principal chef était un Gentilhomme nommé Ziska peut être moins fanatique que ses soldats mais très brave mais d'un caractère très national, très populaire. Il pa s'armait de préférence à la polonaise, il semblait vouloir rapprocher les Bohémiens des autres nations slaves pr. pour les opposer aux Allemands. Les porte-fléaux Bohémiens défirent une armée de 100000 Allem. Jamais Sigismond n'en eut tant rassemblé s'il s'était agi uniquement de ses intérêts. Mais il s'agissait aussi de satisfaire une haine nationale invétérée. Zisca était un héros tout populaire. Il parlait aux siens du haut d'un tonneau de bierre bière, s'armait d'une massue, voulait qu'après sa mort on fit de sa peau un tambour. Ferdinand II eut la lacheté de faire détruire son tombeau jusque là respecté. Son succ. successeur Procope le rasé fut moins habile, non moins intrépide. Mais les seigneurs nationaux par crainte des paysans s'unirent
259 v aux érangers. Procope fut vaincu et tué à 4 lieues de Prague. De puis Depuis cette époque la Bohème ne s'est jamais relevée. Ce qui fut détruit set incalculable presque tous les monuments nationaux ont péri. C'est à peine si une académie établie aujourd'hui à Prague peut malgré ses efforts en exhumer q.q quelques restes. Concile de Bâle. Pendt. Pendant la fin de cette guerre le concile de Bâle reprenait en sous œuvre les travaux du c. concile de Constance. Mais les circonstances avaient changé. Autant l'esprit de réforme avait d'abord animé les peuples, et le clergé, autant un découragement profond s'était emparé de tous les esprits. L'Europe fut contraire au concile de Bâle.
260 r 39e. leçon d'histoire moderne. Résumé de l'histoire d'Angleterre. Nous avons parlé de la France et de la L'Angleterre diffère de la France. 1re apparition du peuple dans la Pucelle d'Orléeans. Ce fait est très important. C'est la 1re fois qu'il se montre sous une forme pure. La pucelle vient après les maillotins, coe. comme 1830 après 93. A la gloire de la France c'est chez nous que ces faits ont eu lieu chez le peuple où était le plus avancé l'ouvrage du nivellement. Mais pourquoi des faits sembalbles n'ont-ils pas eu lieu en Anglet. Angleterre. C'est ce que nous essaierons de montrer aujourd'hui. Nous allons donner un tableau de toute Importance de ce travail. cette histoire d'Angleterre dt. dont nous avons déjà vu quelques parties. On a déjà fait l'histoire d'une race, mais l'histoire d'un peuple, d'une combinaison de races sur un même territoire n'a pas été encore entreprise. Nous allons l'essayer pour l'Anglet. Angleterre en nous résignant d'avance aux défauts qu'entraine nécessairt. nécessairement une 1re tenative. La base commune de la France et Eléments communs ; proportions difftes différentes.  de l'Angl. Angleterre est l'élément Gallique qui existe encore presqu'à l'état pur dans plusieurs 19 juillet.
260 v parties de l'Irlande. Le caractère de cette [?] race c'est le génie de l'indépendance et d'une indépendance si jalouse qu'elle va quelquef. quelque fois jusqu'à la folie. Ainsi quand l'océan envahissait leurs rivages ils se précipitaient au devant l'épée à la main. Lorsqu'Alex. Alexandre leur demandent ce qu'ils craignent le plus s'imaginant que ce serait lui même. Ils répondent : nous craignons la chûte du ciel. Belle est la race Gallique ; c'est la nature primitive de l'hoe. homme, [?] le moi isolé ; ce sont des êtres très indépendants, mais très sensuels, très voluptueux, très corrompus au sein de la plus grande barbarie (V. [?]) Cependant ils ne restèrent pas dans l'état d'isolement primitif ; ils eurent des associations de parenté naturelle ou politique : il y eur des clans. Le clan est une famille imaginaire composé d'individus qui prennent le même nom et se regardent coe. comme parents. Par dessus les Galls arrive un élément plus distingué, déjà plus artificiel c.à.d c'est-à-dire moins soumis à la fatalité, Les Kyneris apportant avec eux le druidisme ; culte farouche dans ses rites (victimes humaines) mais élevé dans sa tendance. En effet le druidisme est électif le pouvoir est donné non à la noblesse de sang mais à la noblesse de choix, à l'initié, au disciple
261 r qui a appris par cœur les vers sacrés. Le caractère des Galls avons-nous dit était l'impétuosité farouche, la violence ; celui des Kyneris est la résistance, l'opiniatreté. Telles sont les 2 assises communes sur lesquelles ont été batis les édifices si différents de la France et de l'Angleterre. Les Francs, les Saxons viennent ensuite. Mais la masse est celtique avec cette différence que les Francs étaient en fort petit nombre, les saxons fort nombreux. Les Romains en revanche n'avaient laissé que fort peu de traces en Angleterre après leur occupation de 3 siècles seulement, tandis qu'ils influèrent puissamment sur la Gaule (+). (+) Suétonius et Paullinus, et Agricola à la fin du Ir. siècle, et Aétius en 450 voilà le commencement et la fin de la domination Romaine. Ils n'entretenaient pas de grande armée en Bretagne puisqu'ils furent obligés d'élever ses murailles contre les Pictes et Scots. Aussi n'influèrent-ils guère que pour le christianisme qui vint en Bretagne par l'Italie, c. à d. c'est-à-dire fort indirectement. Cependant le christianisme s'était établi très facilement dans l'un et + l'autre pays, il parait que le druidisme avait des traits communs avec la religion nouvelle ; une hiérarchie élective, une révélation, un verbe. L'ancien druidisme se réveilla sous la forme chrétienne. Le polythéisme qui avait cruellement persécuté les druides disparut avec rapidité. De 500 e, 700 les saxons affluent chaque année en Bretagne, et ensuite les Danois de 800 en 1050. Il n'y a donc rien d'étonnant que ces émigrations de tous les jours aient produit
261 v en Anglet. Angleterre une population Germaine très considérable. La même émigration se fesait faisait aussi mais dans de bien moindre proportion sur les côtes de France depuis les saxons Bessim (1), jusqu'à Rollon en 912. (1) et Nantais. V. note G. historiens de Fr. France II. 250. "Eorum regionem Carolus Calvus appellat linguam saxonicam." Au 10e. s. les ducs de Normandie envoyaient leurs enfants à Bayeux pr. pour apprendre le scandinave. Il y avait de plus des barbares établis d. dans beaucoup d'endroits par les drs derniers empereurs coe. comme auxiliaires entre autres chez les Pictones les Taifales et les Sammates. Ibidem. p. [?] note [?]. Aussi le nombre des Germains établis dans l'un et l'autre pays n'est nullement à comparer. De là résulte que l'ancien élément Gallique fortifié de l'élement Romain fait l'essence de la France, tandis qu'en Angleterre cet élément a été balancé et dans certaines parties absorbé par l'élément germanique. Zinsi le génie de la France a été généralement conforme au génie Romain des drs derniers temps c.à d. c'est-à-dire au génie de l'égalité. En Bretagne au contraire ce qui a triomphé c'est la liberté Germaine. Prenons y garde la liberté et l'égalité ne sont pas même chose. Où l'égalité n'est pas la liberté peut pourtant exister. Ainsi dans l'Anglet. Angleterre d'aujourd'hui il y a encore beaucoup de distinctions féodales qui nous paraitraient insupportables. Cependant l'Angleterre est bien un pays libre ; tout hoe. homme peut y parler, y écrire ; le domicile est inviolable ; et le propriétaire qui blesse ou tue quelqu'agent de l'autorité qui s'il dans quelque tentative illégale est absous par le jury. Chez nous au contraire il y a eu égalité sous nos ders derniers rois : l'égalité dans la servitude à précédé l'égalité dans la liberté. Tâche de l'invon invasion Norm. Normandie La liberté Anglaise est donc due à l'invasion
XXXIX.2 262 r l'invasion Saxonne et Danoise. Mais que serait-il arrivé si l'invasion saxonne ont été la seule? Il serait arrivé selon toute apparence que jamais un édifice régulier de législation ne se serait formé. Toujours il y aurait un sur le territoire Anglais des législations [?] à cause de la différence des esprits. L'Esprit celtique à l'Occident, l'esprit Allemand au midi, l'esprit scandinave au Nord n'auraient jamais atteint à l'unité. Car il ne fait pas s'imaginer que Saxon et Danois soit la même chose. Un curieux passage d'un acteur du 11e. s. siècle nous apprend que ces deux peuples ne s'entendaient point contre eux. Il fallait encore une invasion. Un roi saxon qui se serait fait Latin coe. comme fit Alfred ne le pouvait atteindre le but. Le vieux Génie Latin n'était pas assez belliqueux pour broyer toutes ces races ennemies, et les tenir à la même chaîne. La guerre était tout dans les siècles du m. âge moyen-âge ; Alfred n'était qu'un homme intelligent, voué au clergé et aux lettres latines. Les Normands firent ce qu'ils n'avaitent pu faire. C'était encore bien le génie latin, mais aussi belliqueux, aussi vivant que l'autre l'était peu. Il faut bien se garder de regarder les Normands de Guillaume comme des hoes hommes du Nord. Imaginez en effet du Pirates barbares qui dans l'espace d'un demi siècle oublient complètement leurs langues et leurs mœurs. Il faut nécessairemt. nécessairement 15 juillet
262 v les supposer très peu nombreux et perdus dans une population étrangère. Les conquérants de l'Angl. Angleterre quoiqu'on ait dit n'étaient guère que des Celtes disciplnés par le régime féodal. Ces Normands menaient avec eux font l'appareil du systèmre féodal et de la hiérarchie religieuse. L'église prit avec son primat Lunfranc une forme régulière qu'elle n'avait jamais vue et dépendit entièrement du saint siège. Là coe. comme partout l'unité la plus stricte fut le but des conquérants ; un seul archevèque, coe. comme un seul roi. Ke tribut de St Pierre, le Romscot st rétabli. C'est Relations avec Rome. un génie singulier que celui de l'Angleterre, son sort semble être de recevoir sans cesse l'influence de Rome mais de s'en séparer aussitôt. Les bretons sont convertis très vite. à peine convertis les voilà schismatique. Les saxons si facilement convaincus par les missionnaires de Rome, d'abord si dociles, si dévots dévôts, veulent bientôt reprendre leur idépendance e ne rien payer. C'est sous la bannière du St. Siège que les Normands soumettent les saxons ; à peine établis ils résistent au pape : Guillaume veut bien payer, mais non pas faire hommage. Et ce fut une suite de combats jusqu'à Henri VIII qui se fit pape des Anglais. La grande sympathie bien mieux avec l'Italie, et est bien plus constante dans ses affections.
263 r Après la conquête de Guillaume très long Lutte entre les 2 races. combat entre l'esprit Gallo Latin et l'esprit indigène en grande partie Germanique. Lorsque Philippe Auguste confisca la Normandie, il fit une très grande chose dt. dont il ne se doutait guère. L'élément importé en Angl. Angleterre une fois séparé de sa racine dut bientôt enfin sécher et périr. Toute l'hist. histoire Anglaise jusqu'au 16e. s. siècle n'est que l'histoire de la décadence des Normands. Mais avant de périr ils entraîneront plusieurs fois la nation contre en la France : ils sympathisent avec son esprit, et veulent l'affermir à jamais chez eux par la conquête de la métropole ; mais ils ne peuvent y réussir et doivent se résigner à être Anglais. La lutte éclate dès Henri II. Angevin de naissance il fait venir des hoes hommes de son pays. Les enfants sont Aquitains par leur mère ; et leurs conseillers sont du pays de leur mère. Les Normands d'Angl. Angleterre sont français mais leur intérêt sont contraire à ceux des favoris de l'Anjou et du Poitou. Sous ean et Henri III l'Esprit Français prévaut, mais amenera la chute de ces monarques. Il se forme contre Transaction. ces étrangers un esprit national Anglo-Norm. Anglo-Normands et dès lors les Anglais et les Normands font cause commune contre la France et il est tr. très remarquable que désormais les rois Angl. Anglais ne sont forts qu'à condition d'être énnemis de la France.
263 v Ennemis de la France. Edouard I. fort chez lui. Amis de la France. Edouard II épouse Isabelle de France. Il tombe. Edouard III, id. idem Richard II mariage avec une Française. Hi. IV Henri IV le détrône. Hi. IV. Henri IV Hi.V. Henri V rois vraiment anglais, très populaires, et très forts. Hi. VI Henri VI. r. roi de France et d'Angleterre épouse Marguerite d'Anjou et se laisse gouverner par elle. Ses nombreux malheurs. Déposé et assassiné. C'est à la guerre des Roses que finit l'élément Français. Mais combien il est encore tenace. La lutte dure 55 ans. Progrès vers l'égalité. L'Angleterre d'aujourd'hui commence à Hi. VII Henri VII. Les dres dernières traces de l'élément Français ont dispari. Les descendts descendants de l'aristocr. aristocratie normande ont péri dans les guerres des Roses. Là commence une période qui porte les germes d'un avenir tout nouveau. C'est l'élévation sans borne du pouvoir royal. La bourgeoisie s'élève en même temps que la bourg l'aristocratie est opprimé. Hi. VII. Henri VII Hi. VIII Henri VIII Edouard, Maris, Elizab. Elizabeth ne font acception de personne ; tous doivent obéir. Mais une nouvelle noblesse s'est sortie formée sous les échafauds des roses et des Buchers d'Hi. VIII Henri VIII. Cette aristocratie doit de concert le nivellement royal. Leur accord fit les révolutions du 17e. s. siècle et la constitution actuelle de l'Angleterre. La nation n'a demandé à la noblesse que l'égalité

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de quelques droits les plus importants. Cette aristocratie qui se fonde en définitive sur le commerce et les confiscations nullement sur la conquête possède encore des privilèges fort insolents. Mais la bourgeoisie a gagné déjà ses éperons sous Cromwell et l'essentiel de la liberté lui est acquis. Ses droits ne sont pas mis en pratique mais enfin ils sont reconnus. Les Lords envoyent bien plus de membres à la chambre populaire que le peuple lui-même. Mais enfin il est reconnu en droit que c'est le peuple qui doit nommer les députés des communes.

Maintenant si le bill de réforme réalise ces droits par une vraie représentation nationale alors il y aura égalité absolue dans la loi politique. Mais alors même combien l'Angleterre sera encore éloignée de l'égalité Française. Nous avons l'égalité dans une chose bien plus importante c. à d. c'est-à-dire d. dans la loi civile. Le droit d'ainesse subsiste en Angleterre et cela seul met une immense différence entre elle et nous. Chez nous le travail du nivellement s'opère avec rapidité à notre insu non pas sur [?] le champ de bataille, ni sur le plan publique, mais chez le notaire à l'occasion d'une vente, d'un traité, d'un testament, d'un mariage. Chaque

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fois qu'un bien se divise c'est au profit de l'égalité. Chose admirable ! ce que ne pourraient peut être pas faire les plus sanglantes révolutions notre droit civil enfant de notre révolution l'opère sans bruit

La constitution Anglaise a fondé l'égalité politique en droit sinon en Fait et lorsque cette égalité a été fondée la prospérité nationale a éclaté par un grand fait la conquête des mers. Ce fut l'œuvre du dr. dernier siècle. L'Angleterre fonde en Amérique un empire aussi vaste que l'Europe entière, et au moment où elle perdait cet empire elle en a formé un plus grand encore, celui des Indes où elle compte de 60 à 80 millions d'hommes. Mais ce qu'il y a de plus admirable, et de plus important dans l'empire Anglais c'est cette chaine de postes [?] sur toutes les isles îles, sur tous les rochers, dans tous les ports d'où elle peut permettre et défendre à son gré l'approche de toutes les mers.

Cette domination maritime a mis l'Angl. Angleterre dans une vive opposition avec la France. L'Angleterre avait la mer depuis qu'elle avait l'égalité politique ; et dis que la France eut à son tour obtenu la liberté l'égalité politique et l'égalité civile elle eut le continent ; et les 2 rivales se firent une guerre terrible.

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Mais à mesure que le travail de l'égalité se fera en Angleterre (et bientôt passera le bill de réforme qui doit la réaliser) les deux peuples se rapprochent, et plus tard encore lorsque l'égalité de droit civil sera établie et qu'une bonne loi de succession se divisera la propriété. Alors ils se rapprocheront davantage. Mais il faut beaucoup de temps.

L'histoire de la langue A. Anglaise est fort curieuse. Elle Langue anglaise. est la mieux connue par cela même qu'on la voit naîre et se développer. Nous essaierons d'en montrer la formation. - La langue A. Anglaise se compose de 2 éléments très différents ; le Français et le Saxon. Pourtant il y a un élément commun qui doit faire la conciliation des 2 idiomes. Ce sont les mots de la vieille langue Celtique. Les 2 langues d'abord entièrement séparés se rapprochent ensuite par des barbarismes et des solécismes. Au 14e. s. siècle les saxons ont reçu force mots normands, les Normans force mots saxons. Mais chaque idiôme n'a reçu que des mots isolés, des modifications dans la construction ; surtout dans la l'Anglais et le Normand restent toujours 2 langues. Enfin le Normand est non pas fondu avec le saxon mais détruit peu à peu par la langue que parle l'immense majorité, et qui prélude à sa victoire en défigutant complètement la prononciation des vainqueurs, en la rendant Anglaise. Maintenant par un phénomène singulier l'Anglais revient au Français sous bien

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des rapports surtout sous celui des tournures ensorte que l'Anglais de nos jours est très facile à comprendre.

Ainsi dans la langue comme dans la politique les 2 nations rapprochées par force dans les 1rs temps, puis absorbées en une seule aux XVe. et XVIe s. siècle se rapprochent aujourd'hui mais non plus par la violence ; non plus par une interculation hostile de mots, ou de mœurs et de lois qui s'indignent d'être ensemble, mais par un rapprochement intime de l'esprit des 2 peuples : d'une + rapprochement revelé d'une part par l'analogie des lois, et des doctrines politiques, de l'autre par le rapprochement des tournures. L'anglais de nos jours se comprend bien mieux chez nous que l'Anglais du 16e s. siècle qui diffère beaucoup de l'Anglais actuel.

(Lire sur l'hist. histoire d'Angl. Angleterre Lingard et en fait d'ouvrages spéciaux : 1°. Thierry. Si préoccupé des races qu'il ne fait nullement sentir l'influence des idées. Les Anglais ne furent pas si opprimés aussi tard qu'il parait le croire. Au 14e. s. siècle le paysan Français l'était bien plus. Cela se voit par l'énorme diffe. différence des révoltes de paysans des 2 pays, - doutes sur un détail ; John Ball, Jack Stren, Wat Tyler ne sont-ils pas des noms de guerre pris par les chefs des révoltés pr. pur cacher leurs noms véritables. Ils semblent personnifier l'hoe. l'homme du peuple Anglais. - 2°. Mazure. Révolution de 1688. Pas assez appréciée. Beaucoup de faits naux nouveaux et des idées importantes. 3°. L'Angleterre sous les Stuarts de Pikerton. 4°. L'Ecosse sous des drs derniers Stuarts de Lainy. Très bon très sérieux plein de sérieux)

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40e. leçon d'histoire moderne. L'Espagne au moyen âge.

Jusqu'ici nous ne nous sommes occupés que de 2 gr. grandes masses, l'Allem. Allemagne et l'Italie d'une part, de l'autre la Fr. France et l'Angl. Angleterre. Nous avons sacrifié l'Orient et Nord. Mais d. dans l'Occident il nous reste encore l'Espagne dt. dont nous n'avons pas dit un mot.

Sur l'Espagne bien peu de livres faits. Sources. Mariana qu'on suit ordinairement est bien peu instructif. Quant aux originaux ils sont innombrables. Pas de ville, pas de monastère, pas d'association qui n'ait eu ses historiens, et souvent des hist. historiens distingués. On a l'hist. histoire même de simples bourgs. L'Esp. Espagne a au pl. plus haut degré le génie histe. historique le gouvt. gouvernement municipal a été bien plus vivace qu'en France. Chaque cité ayant été l.temps longtemps importante, il est eut tout simple qu'il y ait eu des hist. histoire. (v. voir Conde. Adam traduit p. par Brillant.)

L'hist. histoire d'Esp. Espagne demande vraiment un Chr. Christophe

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Colomb. Le nombre des monuments négligés et oubliés est immense. Tout dernièrement on a déballé à la bibl. bibliiothèque de l'Escurial 80 ou 100 ballots de mm.ss. ou d'imprimés sur l'Amérique auxquels personne n'avait jamais touché. Il y a 10 ans on a ouvert à Mexico des appartements qui se trouvèrent remplis d'Antiquités Mexicaines oubliées là depuis Colomb Cortez.

Essayons de donner une classification de cette histe. histoire.

Formule de cette histoire. L'Esp. Espagne est une croisade. Croisade contre les Maures jau-delà de 1250. Depuis 1250 il n'y a plus de guerres importantes contre eux, mais l'esprit de croisade persiste et l'exerce soit contre les Maures soumis, soit contre les Juifs.

Races Espagnoles. L'Esp. Espagne appartient à l'Afrique, non à l'Europe. Tous les voyageurs sont frappés du changement de caractère que présente tout à coup la végétation au-delà des pyrénées : herbes hautes et dures ; arbres petits et rabougris. Un pays généralement très apre âpre sans grandeur.

Sur cette terre vivent des races très variées. Le fond de la popon population se compose d'Hériens, les plus anciens habitants de l'Europe avec les Finois. Au centre sont placés les Celtibériens. Ce mot contentte. l'hist. histoire primitiv. primitive

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de l'Espagne. L'invasion continuelle de l'Esp. Espagne p. par l'Afrique ne fut qu'un instant interrompu p. pour les Romains. Avant, et Après eux l'Afrique passe constamment en Espagne. L'Espagne est le champs de bat. bataille où se rencontrent et se heurtent continuellement l'Esp. Espagne Europe et l'Afrique. Racontons maintenant l'histoire de ce pays depuis la chûte de l'Emp. Empire Romain. Des 1rs envahisseurs, les vandales s'écoulent en Afriq. Afrique les Sueves occupent le Portugal, les Alains sont détruits coe. comme nation. Les Goths venus après eux tous dominent dans la péninsule. Mais les Goths étaient en bien petit nombre. La langue Esp. Espagnole ne porte que de faibles traces de leur séjour. Cet orgueil des Espagn. Espagnols d'être les fils des Goths n'est pas fondé le moins du monde. Ces hoes hommes présentant généralement une constitution Hérienne. Il y a là aussi beaucoup de sang juif ; car c'est en des pays où ils se sont le plus multipliés au m. âge moyen-âge.

Ce pays le plus occidental de l'Europe nous présente sous certains rapports le génie de l'Orient. L'Esp. Espagne est bien plus orientale que l'Italie malgré la longitude.

Nous avons conté comment en 712 le dr. dernier roi des Goths fut vaincu et précipité d. dans le Guadalquivir. On se rappelle aussi Musa et Tarik qui dès les 1rs instants de la conquête commenc. commencent la querelle des Arabes et des Maures. Les

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Arabes si peu nombreux dans cette nlle nouvelle conquête ne restèrent pas 50 ans maîtres de l'Esp. Espagne. Les Maures vainqueurs prirent cependt. cependant pr. pour Khalife le dr. dernier rejeton de Cu ran [Quraysh?] des Omeyyades. En 750 ce Khalifat fut fondé par un Abdérame, et il refleurit 2 fois sous deux Abdéramanes de même les 3 plus vaillants guerriers entre les Goths indépendants sont 3 Alonzo.

Lutte de l'indépende. indépendance D. Dans les montagnes s'était retirée une petite population qui dut se fortifier peu à peu de toute la popon population mécontente de la plaine. Malgré leur nom de Goths il est très probable que ce peuple y entrait pour fort peu de chose. Ces chrétiens tinrent ferme et peu à peu ils gagnèrent du terrein terrain. Nous avons sur leurs 1rs héros des fables admirablement significatives, des fables plus vraies que l'histe. histoire. Leur Pélage est assisté miraculeusement par d. dans ses batailles par les ssts. saints, protecteurs de l'Esp. Espagne. On nous le représente les accablant les Infidèles sous les rochers qu'il roule sur eux. Cette peinture nous donne la physionomie complète du pays. Un peu plus tard un prima Goth, Maurégat l'avilit jusqu'à payer tribut aux infidèles. Ce tribut c'est un tribut de 100 jes jeunes filles. Les chrét. chrétiens en sont affranchis par son successeur Alfonse le Chaste. Là sont admirablement représentés les 2 idées du Christ. et de Mahomet. Le monde [?]de l'Afrique, et le monde de la pensée l'Europe.

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Les chrétiens toutefois gagnaient toujours du terrein terrain. Ils avaient la Navarre, ce pays si du si âpre habité par la plus ancienne race de l'Europe. Ils avaient encore la Galice pays bien important aux yeux de la Géologie. C'est coe. comme notre Auvergne et notre Bretagne, coe. comme le pays de Galles une de ces i. primitives qui selon les géologues actuels ont surgi les 1res d. dans l'océan.Ces terres primitives sont aussi des Asyles pour les races et les mœurs primitives. Une partie des pl. plus antiq. antiques coutumes des Espagnols se sont conservées d. dans la Galice. Les chrétiens avaient encore au delà des monts le re. royaume de Léon, et une partie de Cordoue et de Grenade étaient loin de montrer la même ardeur que les chrétiens. Il fallait en effet forcer les autres de leur montagnes inexpugnables, pour en conquérir qu'un triste et froid pays.

Vers 1000 le Khalifat se démembre. V. Vers 1000 également les royes royaumes chrétiens se réunissent. Cette opposition nous annonce d'avance la destinée des uns et des autres.

Il est malheureux que nous ne puissions parler assez au détail sur le Khalifat, sur les merveilles de l'art et de la scène Arabe. On sait que ces Maures nous ont laissé de (Art Arabe) grandes ruines d'un gout goût assez fantasque. Ici

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se présenterait une belle et curieuse question Pourquoi les Arabes n'ont-ils pas eu d'art à proprement parler. Leur architecture est legère bizarre, souvent gracieuse, mais elle semble prendre à tâche d'éviter toute représentation non seulement d'un corps mais d'une idée. Ainsi les lignes pures et simples, l'harmonie entre toutes les parties dans les monuments de l'art Grec expriment leur cosmos, l'idée de l'ordre dans un espace limité. L'Architecture Gothique dans la multiplicité infinie de ses colonnes, de ses statues, de ses tours, dans les courbes capricieuses de ses rosaces de ses origines nous représente l'humanité cité de Dieu réunie malgré sa variété dans une commune prière. Mais que représente l'architecture Arabe. Cette question demanderait la plus fine, la plus ingénieuse analyse et serait d'une grande importance. Une grande partie de nos modes, des figures d. dans lesquelles nous nous complaisons sont empruntés à l'Orient, à la Perse. Les objets naturels ont bien moins de faveur que les figures absolument bizarres qui se retrouvent dans ce qu'on appelle (si improprement sous bien des rapports) l'art Mahométan. Tout le monde a entendu parler des merveilles de l'Alhambra ; mais il faut ajouter que cette population était aussi studieuse que sensible aux plaisir des sens. Une seule de leurs biblioth. bibliothèques

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contenait 600,000 vol. volumes. On en comptait 70 d. dans la seule Andalousie. Il faut ajouer qu'une gr. grande partie de ces ouvrages se composait des commentaires sur Aristote et sur le Koran. Mais il y avait aussi des livres de médecine, de chimie, etc ; en un mot les maures avaient sur les chrétiens une gr. grande supé. supériorité de civilisation. Quant un roi chrét. chrétien était malade on envoyait chercher un médecin Arabe. Cependant le Mahomet est infécond, le christ. fécond. Les Infidèles déclinèrent toujours de plus en plus, les chrétiens devinrent toujours plus forts.

Sanche le grand avait réuni un instant la Navarre et les ctés comtés d'Aragon et de Castille. Le petit re royaume de Léon devait céder à son influence. L'Esp. Espagne eut un moment d'unité. Mais la loi de succession favorisait toujours la division. C'était la même qu'en France sous les mérovingiens. L'Esp. Espagne 3 fois divisée fut 3 fois réunie. La 1re fois sous Sanche le Grand, la 2de sous Alfonse le batailleur, la 3e sous Ferdinand le catholique. C'est là de qui rendit si longs les progrès des chrétiens. Le second fils de Sanche conquit Ferdinand le Grand ajouta le re royaume de Léon à son roy. royaume de Castille, et rendit tributaire plusieurs rois Maures. Mais après lui son roy royaume fut encore partagé entre ses 3 fils. L'instrument de ses (Le Cid) victoires fut ce fameaux Cid presque contemporain

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de Godefroi de Bouillon, aussi illustre dans la croisade occidentale que celui-ci dans la croisade orientale. - L'idée de la monarchie Espagnole est celle-ci. L'homme incarné dans un roi. Il ne faut pas s'étonner du peu de faveur que remontrent les princes étrangers à la guerre, les princes voués aux conseils pacifiques. Alfonse VI le fils de Ferdinand était un prince de ce caractère. Il essaya d'[?] ses états par plusieurs petites trahisons, il fut chassé et foué de se réfugier à Tolède auprès d'un roi Mahométan avec lequel il se lia par la plus étroite amitié. Les Esp. Espagnols n'éprouvaient pas encore pr. pour les infidèles cette haine farouche qui fait un de ses caractères depuis l'établissement de l'inquisition. On voit d. dans le gr. grand poème du Cid des rapprochements fréquents entre les hoes hommes des 2 croyances. Ce qu'il y a de fort singr. singulier c'est que dans tout ce poème il n'y ait pas une seule expression catholique ; ce qui a donné lieu à la conjecture p. ê. peut-être plus ingénieuse que fondée qui attribue ce poème à un serviteur mahométan du Cid.

Pendant qu'Alfonse est en fuite, son frère Sanche 2 dépouille son cadet Garcie et même prétand ôter à ses sœurs l'apanage qu'elles avaient reçu de leur père et en cela il fut secondé p. par le Cid qui probablement trouvait que des forteresses étaient mal placées dans

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la faible main des fes. femmes. Mais les prétentions de Sanche trouvèrent d. dans la nation une opposition vigoureuse. Il se croisa en la faveur de la princesse une infinité de chevaliers. Sanche odieux aux Espagnols périt assassiné sous les murs de Zamora. Le seul des 3 frères Alfonse VI se trouvait donc héritier de tout le roye. Royaume. On le soupçonnait d'avoir fait assassiner son frère, et les Castillans ne lui permirent de prendre la couronne qu'après avoir juré qu'il était innocent de cette mort. Le Cid reçu ce serment. Celui qui avait arraché à son roi peut-être un parjure ne pouvait expier cette audace par aucun service ; aussi le Cid fut-il en hostilité complète avec son roi et passa-t-il la plus grande partie de sa vie dans la pp. principauté de Valence où il s'était rendu indépendant. Il est reparquable que dans les traditions nationales de cette époque de croisade le mauvais rôle soit toujours joué p. par des princes du sang royal tandis que le Cid simple chevalier représente l'honneur Esp. Espagnol. C'est que la monarchie Espagnole, cette monarchie fondée sur l'honneur chevaleresque du souverain n'est pas encore fondée. A cette époque Alfonse VI n'a pas à craindre les Maures car il a deux bras pour les tenir en respect. A l'Occident le Cid qui leur a pris Valence, à l'Orient Henri de

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Bourgogne de la maison de France qui avait épousé une fille d'Alfons fondateur du r. royaume de Portugal (1094). Cependt. Cependant Alfonse qui se méfiait vraisemblablement de son gendre et certainement haïssait le Cid aima mieux s'appuyer sur l'Alliance du r. royaume mahométan de Saville. Pr. Pour conquérir tout le reste de l'Espagne ils appelèrent les Almoravides secte rigide qui rêvait de s'emparer d'une gr. grande partie du Magreb. Ils passèrent en effet, mais conquirent pr. pour leur compte tout l'Espagne Mahométane et débordèrent jusqu'à Valence. On connait l'admirable récit épique sur la victoire que le Cid remporte après sa mort. C'est d'une admirable poésie. La Germanie est bien poétique aussi mais il y a trop souvent d. dans ses poèmes q.q quelque chose d'indécis, la pointe n'est pas si pénétrante. Il n'y a d'ailleurs de poésies de guerre vraiment nationales qu'en Espagne. Dans l'antiquité nous n'en avons presque pas. La grande lutte contre l'Asie n'est pas venue au moment d'un grand développement poétique et elle a fait tout oublier. Les ballades si guerrières du border ne sont pas des poésies nationales mais des poésies de familles, de Clan. L'idée de la nation n'y est pas.

Alfonse VI ne laissait que des filles. Il fallait un défenseur à l'état. Sa fille D. Dona Urraque épousa Alfonse le batailleur r. roi d'Aragon. C'est une chose très remarquable que l'influence

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des fes femmes sur le sort de l'Espagne. C'est toujours d'elles que sont parties les révolutions qui ont changé cette contrée. Il est très remarquable aussi que v. vers 1250 partout la maison de France occupe les trônes Espagnols : la branche de Champagne, en Navarre ; la branche de Bourgogne en Portugal et en Castille. La mon maison de Barcelone qui est elle-même vassale de la France occupe l'Aragon. Et cet envahissement de l'Espagne par notre famille royale s'est renouvelé d. dans les temps modernes.

Donc Urraqua en se donnant un mari n'avait pas prétendu se donner un maître. Elle lui fait refuser p. pour ses ricos hombres le titre de roi. Il fallut des combats pr. pour être roi de Castille avant de combattre pr. pour la Castille contre les Infidèles. Et les Almorav. Almoravides profitèrent cruellement de ces discordes. C'était une question très grave. Il s'agissait de savoir si un Aragonais serait roi en Castille. Les Castillans finirent par l'emporter. Les amants de la reines chassèrent Alfonse. Dona Urraqua joignait à des mœurs fort dissolues un courage viril et une prodig. prodigieuse activité. Dans ces temps de troubles et de confusion les révolutions se comptent, par dix, par douze. Il est impossible à

271 v l'histoire de les suivre. Contentons-nous de dire que cette reine fit 10 ans la guerre à son mari 10 ans à son fils et à sa sœur Thérèse régente de Portugal. La fin fut digne de sa vie. Elle mourut subitement, et à ce qu'on crut d'une fausse couche en sortant d'une église dt. dont elle pillait le trésor. Cependt. Cependant les infidèles profitèrent de ces discordes et de celles qui suivirent. Vers 1145 les Almoravils avaient été remplacés par les [Almohades?] sectaires qui prétendaient rétablir dans toute sa pureté le dogme de l'unité de Dieu, espèces de puritains mahométans. On fut obligé pr. pour les arrêter de fonder des ordres militaires à coup sûr plus nécessaires en Espagne qu'en Palestine. Déjà en 1195 Alfinse le batailleur vaincu par les Almoravides avait [?] servir son pays en le laissant par testament aux templiers et aux hospitaliers ; et ces 2 ordres faillirent recueillir un roye royaume. En Espagne la nation et l'Eglise ne " sont jamais séparé. Ns Nous voyons des lors Calatrava défendu par le moine de Citrarex. En 1211 les Almohades s'avancent à la conquète de l'Esp. Espagne avec une armée que tous les histns historiens évaluent à 700,000 h. hommes. Le pape Innocent III fait prêcher deux croisades à la fois, une contre les Albigeois, une autre contre les Almoh. Almohades
L XL 4 272 r En 1212 on vit tous les princes Espagnols se réunir pr. pour gagner la gr. grande bataille de Las Navas de Tolosa. Les chrétiens étaient - engagés d. dans ce défilé. L'Emir al Noumenien croyait les tenir coe. comme d. dans un filet et il avait tendu tout autour d'eux des chaines qu'il leur croyait impossible de [?]. Mais le r. roi de Navarre les força. La valeur supplie au nombre et les 500,000 musulmans furent dit-ons exterminés. C'est la dre dernière bataille que les chrétiens ayant livrés aux infidèles on peut dire que depuis lors ils ont toujours combattu à coup sûr. L'année suivante l'un des héros de cette bataille, P. II alla mourir à Muret pr. pour la cause des Albigeois. L'Esp. Espagne évita le danger d'être envahie par les Mahom. Mahométans mais elle le fut par la France, qui d'abord y place par mariage des princes de sa famille, et bientôt chercha a y excercer une influence plus directe encore. En Castille le fils du 1r. Mari d'Urruqua Querelles intes internes (+) Le Portugal appartenait à la même maison. Le roi d'Aragon n'était pas du sang royal, mais d'une famille de grands fondataires Français les Ctes Comtes de Barcelonne. était de la maison de Bourgogne. (+) La Navarre passa de Thibault de Champagne aux rois de France (1287). Philippe le Bel et ses 3 fils, et ensuite à Philippe d'Evreux, Charles le Mauvais, Blanche, et Jean II. Cela est très important : le r. de France est maître des Pyrénées. Voilà donc les rois Français d. dans toute l'Esp. Espagne Or la rté royauté Fr. française à pp principe tt tout opposé de celui 22 juillet

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_ ? Prêtes ? qui domine la r royauté Espagnoles. Le r. roi de France est l'ami des légistes et des Prêtes ; il apparait sous les traits d'un procureur ou d'un saint. De là toutes les contrariétés qu'éprouve à cette époque la r royauté en Espagne. Cet Alfonse X parent de St. Louis, surnommé le sage, est bien tout le contraire d'un prince Espagnol. Il donna un code à ses sujets, et épousa une fille de St-Louis.

Il vit commencer une querelle qui ne devait finir qu'après lui. Son fils aîné mourrut. Son 2d second Fils Sanche IV ou le brave ne pouvait pas régner parce que le fils ainé avait des enfants. C'était le ppe principe de la loi Romaine. La loi Gothique était favorable à Sanche et c'était l'hoe. homme de la nation. Il est célèbre par ses bravades héroïques. C'est de lui qu'est ce mot resté proverbe en Castille. Je tiens le gateau gâteau d'une main et le bâton de l'autre. Il avait gardé malgré le pape se belle et sage épouse Maria de Molina. Alfonse X ne peut l'empêcher de règner. Sanche IV fut le dr. dernier prince guerrier de Castille. Dans les 2 s. siècles qui suivirent de 1300 à 1500 nous voyons en Esp. Espagne coe. comme en France des princes voués aux légistes et ce qui est particulier à l'Esp. Espagne aux Juifs et qq. f. quelque fois aux Maures convertis. C'étaient des conseillers privés plus maniables que les grands, souvent plus intelligents. Rien de plus hideux

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que cette histe. histoire v. vers 1350 l'Esp. Espagne a ses 4 plus mauvais princes. Pierre le cruel. Charles le mauvais. Pierre le Justicier. Pierre le Cérémonieux, qui fit pendre un légat par les pieds pour l'avoir menacé ce qui ne s'accorde guère avec son surnom. Les princes de cette époque n'avaient plus aucun respect pr. pour l'autorité de la religieuse. Lorsque Pierre le Cruel fut excommunié personne n'osait lui donner la sentence. Un prêtre se mit d. dans une barque au milieu d'un fleuve le long duquel il devait passer : delà il lui cria la sentence et s'éloigna à toutes rames.

Henri de Transtamaro eut à défendre son r. roi contre 4 prétendants les 3 rois de Portugal, d'Aragon, de Navarre et le duc de Lancastre. Henri fit tête à tous, brûla Lisbonne.

Vers 1350 se passe un événement qui montre combien la nation souffrait sous la domination des Juifs. Il y eut un complot général pr. pour les massacrer. Vers 1450 il y eut de même une révolution dirigée contre les Juifs. On a trop longtemps regardé coe. comme gratuite la haine des Espagn. Espagnols contre les malheureux Juifs. Ils souffrirent bien cruellement de ces Juifs qui pendt. pendant le m.âge moyen âge se fesaient faisaient chrétiens pr. pour gouverner les rois. La polit. politique commune de ces princes était d'employer des gens hoes hommes de néant à abaisser les grands. Celui qui avança le plus cet ouvrage fut Alvarez de Luna fils d'une célèbre courtisane qui fut le favori de Jean II.

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Les grands arment l'hérit. héritier de la couronne contre son père. Alvarès fut décapité. Et pr. pour dr. dernier outrage ils placèrent un bassin auprès de son corps pr. pour recevoir les aumônes de tous ceux qui voudraient contribuer à le faire enterrer ; ts. tous ses biens ayant été confisqués. On accusait Alvarès d'avoir pu pendre Grenade et de n'avoir pas voulu. Les Maures lui avaient, dit-on, envoyé 12 mulets chargés de Figues, et d. dans chaque figue était un double durat d'or. Mais ce qui le rendait le plus odieux c'était d'avoir poignardé le gr. grand trésorier un vendredi saint.

Pendt. Pendant ce temps les autres royes. royaumes ne prenaient aucun accroissement. Le Portugal adossé à la Castille attendait le 15e. s. siècle pr. pour briller sur une autre théâtre. L'Aragon eut une belle chance ; les vêpres siciliennes ; un peuple qui ne demandait qu'un roi pr. pour se mettre à se tête. (1) Pierre III accepta, mais son fils Jacques II abandonna lâchement les siciliens. On n'osa pas accepter. (1) Ce fut un frère puiné du roi qui défendit les Siciliens et y fonda une dynastie d'un siècle.

Période de conquêtes. L'expulsion complète des Maures ne devait avoir lieu qu'à la fin du 15e. s. siècle. Depuis 1439 l'Esp et la Castille et l'Aragon sont réunis. Dès lors cette péninsule jusque là isolée agit au dehors avec une incroyable énergie. D'un bras elle saisit l'Amérique et de l'autre les Indes. Philippe II fut un instant maître du monde. L'Angl. Angleterre et l'Allem. Allemagne du Nord le ménageaient ; tout le reste lui obéissait. C'est alors, dit un écrivain, que voguait ce vaisseau dt. dont la proue était dans l'Atlantique et la poupe dans la mer des Indes.

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