Paris, le 10 nivôse de l'an IV de la République française
Je suis à peine excusable, mon cher Marey[1], de tarder si longtemps à vous écrire ; mais le travail de l'École polytechnique[2] m'occupe si fort que je ne puis presque plus penser à autre chose. C'est un petit chef-d'œuvre que je ne veux abandonner à lui-même que quand il sera entièrement terminé. J'ai encore environ pour un an de travail pour rédiger et mettre en ordre le matériel des études[3] ; il faut de plus pour le courant que je fasse onze leçons par décade ; tout cela ne me laisse presqu'aucun moment de libre.[4] Je me souviens d'avoir vu un tableau représentant les mathématiques. C'était un jeune homme d'une physionomie très spirituelle, profondément occupé de l'objet de ses méditations, à la lueur d'une lampe, et ayant un coq perché sur le dos de son siège. J'ai toujours pensé que le peintre avait voulu exprimer par la lampe que le mathématicien devait veiller tard ; et par le coq qu'il devait se lever tôt.[5] Eh bien, depuis votre départ, je mets le conseil à exécution, comme je le faisais avant mon mariage.[6] Souvent, il est plus de minuit quand je me couche, et souvent il n'est pas encore quatre heures du matin quand je me lève. Tout cela ne me rend pas excusable; mais cela explique la négligence, et c'est tout ce que j'ai prétendu faire par tout ce verbiage.
Vous désiriez, mon cher ami, avoir des nouvelles, et surtout des renseignements sur l'esprit public[7] ; car c'est là ce qui donne de l'inquiétude aux patriotes qui sont persuadés qu'avec du zèle, de l'enthousiasme pour la liberté et les vertus républicaines, la France ferait des miracles, comme elle en a fait tant que ce zèle a existé, qu'elle forcerait ses ennemis à l'admiration pendant la guerre, et qu'elle porterait pendant la paix, l'esprit humain au plus grand degré de perfection.[8] Si une petite république comme celle de Genève, dont le gouvernement même n'était pas démocratique, sans territoire et avec une très petite population, a su perfectionner son industrie au point de procurer à tous ses citoyens une existence plus aisée et plus douce que celle des habitants de tous les autres gouvernements, à la vérité par l'esprit mercantile, et en mettant à contribution l'ignorance et l'inattention des peuples voisins, ce qui n'est pas très philosophique,[9] que ne devrait pas produire une grande nation comme celle des Gaulois, avec un meilleur gouvernement, avec une connaissance plus exacte des principes de la liberté et de l'égalité, avec un superbe territoire tant par son étendue que par sa position[10] ; lorsque les lumières rendues populaires iraient partout déterrer les hommes de génie; lorsque ceux-ci, en augmentant la masse de lumières acquises, dirigeraient les efforts de la multitude.[11] Et lorsqu'en faisant tout pour le peuple, ce qui tourne toujours au profit du riche qui en profite comme peuple et comme riche, on soulagerait le pauvre d'une foule de travaux pénibles, en mettant à contribution, non l'ignorance des peuples voisins, mais les forces inépuisables de la nature, et en ne réservant à l'homme que l'exercice de son intelligence pour diriger l'emploi de ces forces.[12] Voilà ce qui a fait désirer aux hommes éclairés le gouvernement républicain. C'est le seul gouvernement qui puisse entretenir une exaltation continuelle et une disposition habituelle de la part de tous ses membres au dévouement et aux sacrifices pour la patrie. C'est le seul qui puisse donner à l'esprit humain toute sa perfection ; c'est le seul qui ne trouve rien de difficile, rien d'impossible de la part d'une grande nation. Mais pour cela il vaudrait mieux avoir des républicains sans République qu'une République sans républicains.[13]
Les malheureux qui, pour satisfaire de petites passions, ont crié à la perversité lorsque la morale du peuple était la plus digne d'admiration, et qui ont changé cette belle nation en une troupe de brigands qui se trompent les uns les autres et qui sacrifient tout sans pudeur pour le gain le plus révoltant, ces malheureux, dis-je, swont bien coupables. Ils ont ôté au peuple tous les moyens d'instruction qui s'étaient accumulés lentement depuis Charlemagne[14] ; ils l'ont abandonné aux prêtres qui sont les apôtres du mensonge, qui, dominant par la terreur qu'ils inspirent pour des chimères, sont perpétuellement en guerre contre les lumières et le courage, leurs ennemis naturels, et qui, décriant à leur tour un gouvernement qui doit les apprécier à leur juste valeur, en sont les ennemis les plus acharnés. C'était en établissant partout des moyens d'instruction, en élevant partout des chaires de vérités en opposition aux chaires de mensonges et d'absurdités qu'on pouvait espérer de détruire un jour tous les moyens de domination que la cour de Rome a mis tant de temps à dresser. Mais on n'a rien fait de tout cela ; et peu à peu la République se paralyse.[15]
Le véritable thermomètre de l'esprit public sont les assignats. Ce n'est pas par leur nombre ; ce n'est pas par leur rapport avec les biens nationaux qui en sont le gage ; ce n'est pas même par la crainte qu'on pourrait avoir sur l'existence du gouvernement qui doit les soutenir; ce n'est pas tout cela, dis-je, qui les discrédite. Ils sont tombés parce qu'ils étaient l'instrument d'une révolution qu'on a rendue odieuse à la multitude au lieu de la lui faire chérir. Ils sont tombés parce qu'il était de l'intérêt des prêtres d'ôter à la République un si bon véhicule. Ils sont tombés comme les décadis à mesure que les dimanches se sont reproduits ; ils sont tombés pour la même raison qu'un mauvais papier royal aurait la plus grande faveur s'il pouvait en paraître ; de même que les maîtres de poste ont conduit avec le plus grand zèle la fille de Louis XVI à Bâle et gratis tandis qu'ils refusent tout service aux fonctionnaires de la République.[16]
Néanmoins, mon cher Marey, tranquillisez-vous. La liberté est semée en France. Des gens courageux avaient voulu planter cette forêt nouvelle d'arbres tout venus, et dans la force de l'âge; des méchants, pour se battre entre eux, ont arraché ces arbres ; mais en les agitant, ils ont semé le gland et il poussera lentement. Les orties s'efforcent d'étouffer les jeunes pousses; elles donnent de l'inquiétude aux amis de la forêt qui, peut-être aussi, sont trop pressés de jouir. Ils ne croient pas pouvoir arracher jamais tant de mauvaises herbes. Qu'ils laissent agir la nature, la pluie, le soleil, et la vertu du gland le fera tôt ou tard triompher de ses obscurs ennemis ; et quand la forêt sera grande, il ne restera pas trace des orties dont les racines serviront d'engrais à des chênes vigoureux qui seront l'appui du lierre, les patrons du gui, l'asile des oiseaux, l'ornement de la terre, qui fourniront au bétail une nourriture abondante, au génie l'encre qui communique les lumières, les vaisseaux qui les portent d'un bout de l'univers à l'autre, et à l'industrie tous les moyens par lesquels l'homme substitue à ses faibles bras la force des éléments, et s'approprie pour ainsi dire toutes celles de la nature entière.
Mais le papier va me manquer et je n'ai encore rien dit. Embrassez bien pour moi tout notre monde.[17] Ma femme devrait écrire un petit mot à la mère de la citoyenne Faipoult.[18] Vandermonde[19] qui l'a vue m'a dit qu'elle était un peu piquée de la constance avec laquelle on avait refusé les offres pour lesquelles elle avait fait des frais; et les frais méritent un remerciement.
Salut et fraternité ! J'ai du monde dans ma chambre.[20] Je suis obligé de finir. [Monge]
[1] Nicolas-Joseph MAREY (1760-1818) épouse en mai 1795 Émilie MONGE (1778-1867), la fille aînée de Gaspard Monge. Après l’exécution de Louis XVI, Marey se retire de la scène politique parisienne et reprend ses activités de négoce à Nuits en Bourgogne. La correspondance que Monge adresse à Marey résulte non seulement de leur amitié fondée sur une préoccupation politique commune mais aussi de la volonté de conduire Marey à se maintenir dans l’action politique. (Voir la lettre n°90). Cela répond aussi à une demande de sa femme Catherine Huart et de sa fille Émilie Monge. Ces deux dernières vivent mal l’éloignement d’Émilie en Bourgogne depuis son mariage et désirent que le couple revienne vivre à Paris. Catherine l’exprime à plusieurs reprises dans les lettres à son mari : de Paris, le 26 thermidor an IV [13 août 1796] « Elle me fait un grand vide cette pauvre Émilie qui ne m’a jamais donné que des jouissances, m’en voilà séparée pour toujours. » ; le 17 floréal an V [6 mai 1797] « Passerez-vous par Nuits ? Fais en sorte de passer par là, Émilie est encore grosse, [elle] s’ennuie toujours dans ce pays-là, adieu mon ami. » ; le 10 messidor an V [28 juin 1797] « Tu ferais bien mieux de ramener avec toi Émilie et lui, ils passeraient l’hiver avec nous, cela ferait bien plaisir à cette pauvre Émilie… » ; le 17 germinal an VI [6 avril 1798] « Je ne sais pas si je t’ai dit que le C.[itoyen] Marey était électeur, il est sur la liste de la Côte-d’Or pour être député, Eschassériaux lui a écrit à la sollicitation d’Émilie pour l’engager à accepter. Je ne sais ce qu’il fera, cela me rendrait ma pauvre Émilie pour 3 ans. C’est tout ce que je vois de beau […]. » Émilie l’exprime à son tour dans une lettre de Nuits le 25 germinal an V [ le 14 avril 1797] en soulignant la spécificité de son premier départ de Paris au printemps 1795 accompagnée de sa mère et sa sœur Louise : « J’ai eu beaucoup plus de peine à m’habituer à Nuits cette fois-ci que l’autre, je quittais brusquement toute ma famille sans emmener avec moi quelqu’un comme à la première fois, et notre petite ville m’a parut encore plus triste qu’elle ne l’est. » Lorsque Monge écrit cette lettre à Marey ses deux filles et sa femme se trouvent à Nuits. Voir la fin de la lettre.
[2] L’École a changé de nom par le décret de la Convention du 15 fructidor an III
[1er septembre1795].
[3] En 1796, Monge ne publie qu’un article « Sur les lignes de courbure de la surfaces de l’ellipsoide ; JEP, 2e cahier, pp. 145-165. L’année 1795 est particulièrement féconde puisque sont publiés Les cours de Géométrie descriptive de l’École normale de l’an III (1795 ; 160 p.) et les Feuilles d’analyse appliquée à la géométrie pour l’École polytechnique (1795 ; ensemble de 28 feuillets comportant deux à huit pages de texte). Il semble alors que jusqu’à son départ en Italie en mai 1796, Monge perfectionne pour l’École polytechnique son mode d’exposition de son enseignement de Géométrie descriptive élaborée d’abord pour l’École normale en cherchant à l’organiser son enseignement de l’Application de l’analyse à la géométrie.
[4] Après son retour à l’École en juillet 1795 jusqu’à son départ pour l’Italie en mai 1796, Monge reprend son cours de géométrie et donne le matin des leçons de coupe des pierres et des bois, puis sur les ombres et la perspective six fois par décade à la division de stéréotomie et deux fois par décade aux deux divisions supérieures. Voir la lettre n°1, 62, 127 et 170.
[5] Il ne m’a pas été possible d’identifier ce tableau ni même de trouver des allégories des mathématiques qui correspondent à la description de Monge. Les personnifications des mathématiques sont le plus souvent féminines.
[6] Gaspard Monge épouse Catherine HUART veuve HORBON (1747-1846) le 12 juin 1777. Sur leur rencontre et leur mariage. Voir les lettres n°8 et 187. Les années 1770 sont particulièrement fécondes. Monge détermine précisément les axes théoriques de son œuvre scientifique en développant les rapports entre les sciences mathématiques, entre les mathématiques et la technique, entre les mathématiques et la physique. Son élaboration scientifique est menée aussi bien au sein de son enseignement de mathématiques et de physique à l’École du génie de Mézières qu’au sein de sa recherche inscrite dans les préoccupations collectives des mathématiciens de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Après avoir été répétiteur de Mathématiques lorsque Bossut est professeur à Mézières, il devient son correspondant à l’Académie des sciences en 1772. Le 14 janvier 1780, Monge devient adjoint géomètre en remplacement de Vandermonde promu associé et s’installe à Paris six mois de l’année. En 1784, il quitte définitivement Mézières.
[7] L’esprit public est le premier objet de leur correspondance. Voir les lettres n°85 et 90. C’est aussi l’objet de sa correspondance avec les membres de sa famille lors de sa seconde mission en Italie en 1798, voir les lettres n°156, 160, 167 et 176.
[8] Monge en janvier 1797 dans une lettre à sa femme s’exprime un peu différemment. L’objet de l’enthousiasme nécessaire pour l’accomplissement de la République n’est pas la liberté et les vertus républicaines, mais le bonheur et le perfectionnement de l’espèce. (Voir la lettre n°51.) Cette nuance pourrait être déterminée par la nature politique du public auquel est destinée cette lettre. On retrouve la même précaution dans une autre lettre adressée à Marey le 14 floréal an V [3 mai 1797]. (Voir la lettre n°90.) Monge place la République et la France avant le perfectionnement de l’esprit. Par contre, dans la lettre à sa femme datée de Rome, le ler prairial an V [20 mai 1797], il estime que la papauté ne s’oppose ni à la République, ni à la France, mais au perfectionnement de l’esprit. (Voir la lettre n°96.) De la même façon, dans sa lettre de Paris le 19 germinal an VI [8 avril 1798], Catherine détermine avec précision les principes qui conduisent Monge à l’action en qualifiant les premières années de la Révolution d’années de réflexion spéculative qui ont précédé l’action : « Les premières années de la révolution qui ont été les plus brillantes, se sont passées pour toi en spéculations sur le bonheur général et futur. »
[9] L’utilisation de la République de Genève comme exemple dans le discours de Monge fait évidemment penser à l’article « Genève » dans l’Encyclopédie, rédigé par d’Alembert, et qui avait suscité une forte réaction de la part de Rousseau. ((1758) Lettre de J.-J. Rousseau, citoyen de Genève à M. d’Alembert, de l’Académie Royale des Sciences de Paris, de celle de Prusse, de la Société Royale de Londres, de l’Académie Royale des Belles-Lettres de Suède, et de l’Institut de Bologne : Sur son article Genève Dans le VIIe Volume de l’Encyclopédie, et particulièrement sur le projet d’établir un théâtre de comédie en cette Ville, Amsterdam, Marc-Michel Rey) Monge emprunte la même attitude critique que d’Alembert. Il faut aussi indiquer que Monge est ami depuis plus de vingt ans avec un Suisse, Jean Nicolas Pache qui quitte la France pour la Suisse en 1787 pour ensuite rentrer en France après juillet 1789. Pendant son absence, les deux amis restent en relation en échangeant une correspondance. Les questions politiques devaient vraisemblablement être l’objet des échanges des deux amis.
[10] Monge a acquis une très bonne connaissance du territoire français au cours de ses tournées d’examinateur de la marine. (TATON R. (1951), p. 32.) Monge le souligne aussi dans le programme qui sert d’introduction à sa Géométrie descriptive en indiquant qu’il faut exploiter « cette heureuse circonstance » d’ « avoir à sa disposition les principales ressources nécessaires à la connaissance d’un grand nombre de phénomènes naturels ». MONGE G. [1795] (1827), p. xv. Voir la lettre n°108.
[11] Monge a déjà vécu l’expérience concluante de ce qu’il préconise ici. En Septembre 1793, il doit mobiliser les résultats des recherches sur la métallurgie et la chimie acquis depuis une vingtaine d’année par la communauté scientifique qui s’est lancée dans le programme ouvert par Lavoisier. Il est chargé avec Vandermonde et Berthollet de moderniser la fabrication de l’acier pour laquelle l’industrie française était très en retard sur l’étranger, d’accélérer la fabrication des armes et de fournir les directives techniques. (TATON R. (1951), p. 36 et voir BRET P. (2002), L'Etat, l'armée, la science. L'invention de la recherche publique en France (1763-1830), Rennes, P. U. de Rennes.) L’action de Monge est saluée par le Comité de salut public par un arrêté du 16 décembre 1793 mais aussi remarquée par J.N. Jomard architecte ingénieur, chargé d’effectuer un rapport au Comité de salut public sur l’action de Monge et de ses collègues. L’ingénieur est le frère d’Edme-François Jomard qui accompagne Monge en Égypte en 1798. Il décrit en introduction de ses Souvenirs l’action de Monge au service de l’armement français. (JOMARD E. F. (1853) Souvenirs sur Gaspard Monge et ses rapports avec Napoléon […], pp. 3-4.) Le succès de l’action des savants tient à l’action pédagogique qu’ils ont mené au sein du programme des cours révolutionnaires sur la fabrication du salpêtre des poudres et des cannons. Monge rédige un ouvrage Description de l’art de fabriquer les canons, publié en 1794, qui selon Taton est un « modèle d’exposition théorique et technique ». (TATON R. (1951), p. 37.) Le rapport nécessaire entre sciences et industrie réalisé par le biais de l’action pédagogique des savants est une idée chère à Monge. Dès les années 1792-1793, alors ministre de la Marine, Monge en donne une première expression dans une note manuscrite. « Ce qui fait qu’en France les arts qui exigent quelques degré d’exactitude sont presque dans un abandon total c’est que dans l’éducation d’aucune partie de la nation on ne s’est appliqué à donner aux jeunes gens le sentiment et l’habitude de la précision en sorte que les consommateurs qui n’en ont aucune idée et qui n’y attachent aucun prix, ne l’exigent pas dans les ouvrages qu’ils commandent, et que les ouvriers à qui ce travail ne serait pas payé (puisqu’il ne serait pas apprécié) se gardent bien de prendre une peine inutile. Si l’on achète une montre, par exemple, c’est à la forme de la boëte que l’on s’attache, c’est à la chaîne, c’est aux breloques que l’on pense, et le mouvement est la chose de laquelle on s’occupe le moins. Aussi quoique nous ayons peut-être un ou deux ouvriers capables de faire des garde-temps comparable à ceux d’Angleterre, il y a si peu de consommateurs de ces sortes d’objets, qu’après en avoir fait un très petit nombre ils n’ont font plus. Nous n’avons presque point d’opticiens, nous avons fort peu d’ouvriers en instruments de mathématiques, de marine, d’astronomie ; parce que personne ne sait ce que c’est qu’une lunette acromatique ; c’est que personne ne sait se servir des instruments et qu’il ne s’établit pas de fabrique de choses sans débit. » (note manuscrite citée dans TATON R. (1951), pp. 346-348.) Monge développe cette même idée dans son programme qui précède son premier exposé de la Géométrie descriptive le 1er Pluviôse an III [20 janvier 1795] à l’École normale. Ce programme est par la suite conservé dans les rééditions successives de la Géométrie descriptive : « Pour tirer la nation française de la dépendance où elle a été jusqu'à présent de l'industrie étrangère, il faut, premièrement, diriger l'éducation nationale vers la connaissance des objets qui exigent de l'exactitude, ce qui a été totalement négligé jusqu'à ce jour, et accoutumer les mains de nos artistes au maniement des instruments de tous les genres, qui servent à porter la précision dans les travaux et à mesurer ses différents degrés : alors les consommateurs, devenus sensibles à l’exactitude, pourront l’exiger dans les divers ouvrages, y mettre le prix nécessaire ; et nos artistes, familiarisés avec elle dès l’âge le plus tendre, seront en état de l’atteindre. […] Il faut enfin répandre parmi nos artistes la connaissance des procédés des arts, et celle des machines qui ont pour objet, ou de diminuer la main-d'œuvre, ou de donner aux résultats des travaux plus d'uniformité et plus de précision ; et à cet égard, il faut l'avouer, nous avons beaucoup à puiser chez les nations étrangères. C'est, d'abord, en familiarisant avec l'usage de la géométrie descriptive tous les jeunes gens qui ont de l'intelligence, tant ceux qui ont une fortune acquise afin qu'un jour, ils soient en état de faire de leurs capitaux un emploi plus utile et pour eux et pour la nation, que ceux mêmes qui n'ont d'autre fortune que leur éducation, afin qu'ils puissent un jour donner un plus grand prix à leur travail.» (MONGE G. (1799), Géométrie descriptive : leçons données aux Écoles normales, l'an 3 de la République, Baudouin, Paris, pp. 1-2, voir aussi DHOMBRES J. (dir.) (1992), pp. 305-307)
[12] Arago mentionne les travaux de Monge sur la composition des machines selon un axe pédagogique décrit dans processus de simplification, de réduction et de réorganisation. Monge s’inscrit dans le programme de recherche de la communauté scientifique initié par d’Alembert avec son traité de Dynamique en 1743 : la détermination des principes élémentaires des différents domaines de la mécanique. « Ses investigations réduisirent les machines les plus compliquées à un nombre très limités d’organes élémentaires Monge fut bientôt frappé de tout ce que les inventeurs et les simples constructeurs trouveraient de ressources dans une énumération complète de ces divers organes ; dans des tableaux synoptiques réunissant les moyens connus de transformer les mouvements des pièces sur lesquelles des moteurs exercent directement leurs action, en des mouvements très différents imprimés à d’autres pièces ; dans la représentation graphique des combinaisons ingénieuses, où l’on voit la force d’impulsion de l’eau, celle de l’air, la force élastique de la vapeur, tantôt forger à coups redoublés l’ancre colossale du vaisseau de ligne, tantôt enlacer avec une régularité mathématique les filaments de la dentelle la plus délicate. » ARAGO F. [1853] (1965), p. 38.
[13] Monge détermine le motif de son engagement pour la République en exprimant les liens solidaires et réciproques entre l’ordre politique républicain et le perfectionnement de l’esprit. Monge est républicain parce que ce système politique permet le progrès des sciences, le perfectionnement de l’esprit et le bonheur de l’espèce par le biais de l’institutionnalisation d’une pratique scientifique spécifique fondée sur les rapports entre transmission et élaboration du savoir et sur ceux entre les sciences ainsi qu’entre les sciences et les arts. Ce qui compte c’est l’instruction publique. La posture d’enseignement constitue une stratégie pour les savants afin de mettre en ordre, réduire et simplifier les principes scientifiques afin de contribuer aux progrès des sciences et au développement de nouveaux domaines scientifiques.
[14] CHARLEMAGNE (742-814) En 789, Charlemagne rédige un capitulaire ordonnant au clergé d'ouvrir des écoles pour tous. Il souhaite développer l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul. Fourcy commence son histoire de l’École polytechnique avec la même référence à Charlemagne pour décrire comme Monge l’état de l’instruction publique fin 1793. FOURCY A. (1828), Histoire de l’École polytechnique, Paris, p. 1. L’association entre Charlemagne et l’instruction pour tous devance la fortune qu’elle atteint sous de la IIIe République.
[15] Aubry dans sa biographie supprime le passage sur l’instruction publique, tout en laissant cette dernière phrase du paragraphe. (AUBRY P.V. (1954), p. 166) Il efface ainsi l’expression du lien que Monge établit entre un système politique et une activité scientifique communautaire par le biais de l’institutionnalisation de l’instruction publique. La transmission est un axe déterminant de l’idée de progrès qui détermine l’action de Monge avant, pendant et après la Révolution. Et c’est dans ce cadre et dans une perspective historique que Monge développe son propos anticlérical. C’est bien l’opposition et les obstacles que l’Église lève contre la diffusion des Lumières qui constituent les motifs de l’anticléricalisme de Monge. Ils font écho à ceux de Condorcet exprimés à plusieurs reprises dans son Esquisse […]. Voir notamment CONDORCET [1795] (1988), pp. 157-158. Voir aussi la lettre n°99.
[16] Marie Thérèse-Charlotte de France (1778-1851), fille aînée de LOUIS XVI (1754-1793) et de Marie-Antoinette. Comme ses parents, elle est emprisonnée au Temple le 10 août 1792. Après la mort de son frère le 8 juin 1795, elle est la seule survivante de la famille royale. Son sort suscite une forte émotion au sein de l’opinion publique et dans la presse jusqu’à ce qu’elle soit récupérée par les mouvements contre-révolutionnaires et devienne un enjeu politique. Dans la séance du 2 messidor an III (1er juillet 1795), Treilhard, au nom des Comités de Salut public de Sûreté générale, propose un décret imposant à l’Autriche en échange de la princesse la libération des députés et ministres français – notamment Beurnonville, ministre de la Guerre ; les députés Bancal, Lamarque, Camus, Quinette, Drouet par ailleurs l’homme de Varennes ; les ambassadeurs Constant-Benuveau et Semonville- qu’elle détient. Ce n’est que dans la nuit du 18 au 19 décembre 1795 que Marie-Thérèse de France est conduite à Bâle pour y être remise à son cousin François II. Sur la question de l’impact du sort de la fille de Louis XVI sur l’opinion publique voir BECQUET H. (2005), « La fille de Louis XVI et l’opinion en 1795 : sensibilité et politique », Annales historiques de la Révolution française [En ligne], 341 | juillet-septembre 2005, mis en ligne le 15 septembre 2008. URL : http:// ahrf.revues.org/1620
[17] Louise MONGE (1779-1874) la fille cadette et Catherine HUART (1748-1847), sa femme, ont accompagné les jeunes mariés Émilie MONGE et son mari Nicolas-Joseph MAREY à Nuits en Bourgogne. Monge est resté seul à Paris. Voir supra.
[18] Anne-Charlotte DUCHÉ née MARRIER (1737-1814) mère de Anne-Germaine DUCHÉ (1762-1815) qui épouse Guillaume-Charles FAIPOULT DE MAISONCELLES (1752-1817).
[19] FAIPOULT et Alexandre-Théophile VANDERMONDE (1735-1796) ont été en contact dès 1792 à la Société patriotique du Luxembourg fondée en janvier 1792 par Pache, l’ami de Monge. Vandermonde meurt quelques jours après le 1er janvier 1796. Vandermonde est une rencontre déterminante pour la vie sociale et scientifique de Monge à Paris. Dès le premier voyage du jeune géomètre à Paris en novembre 1771, c’est Vandermonde qui le présente à Diderot et d’Alembert. Il se rend chez le mathématicien une fois par semaine et y rencontre de nombreuses et diverses personnalités. Dans ses Notes de voyage, le général Desaix rapporte une conversation au cours de laquelle Monge effectue le récit de ses premiers contacts parisiens. Voir DESAIX [1797] (1907), Journal de voyage du Général Desaix, Suisse et Italie (1797), p. 265.
[20] Il arrivait à Monge de recevoir ses élèves dans sa chambre. « Ses nombreuses leçons, données dans les amphithéâtres, sur l’analyse, la géométrie, la physique ne l’empêchaient pas d’aller dans les salles d’études lever les difficultés qui eussent entravé la marche du travail. Ces visites se prolongeaient souvent jusqu’à l’heure de la sortie ; alors groupés autour du professeur illustre, les élèves l’accompagnaient jusqu’à sa demeure, jaloux de recueillir encore quelques uns des ingénieux aperçus qui jaillissaient, semblables à des éclairs, de la plus féconde imagination dont l’histoire des sciences ait conservé le souvenir. » Arago F. (1854), T. II, pp. 498-499 in Sergescu P. (1947), p. 302.
[1] Le quartier général est à Milan depuis le 19 Prairial [7 juin 1796].
[2] Thouin parvient à ne pas avoir froid lors du passage du Mont-Cenis en effectuant le passage à pied. Les autres commissaires, Monge compris, ne semblent pas avoir adopté la même stratégie. « J’avais été fortement prévenu contre les inconvénients de ce passage ; on m’avait engagé à prendre des précautions pour n’être pas transi de froid. Je mis donc sur mon corps toute ma garde-robe, qui consistait en un habit d’été et une redingote de drap. Vers le milieu de la route, je fus obligé de me dévêtir un peu, à cause de la chaleur que j’éprouvais. Mon secret fut très simple : je marchai et laissai mon mulet à son conducteur, qui se garda bien de le monter. Il n’y eut de déplaisir et de souffrance que pour les indolents qui se faisaient porter par des mulets ou sur des brancards par des hommes. Nos rusés conducteurs, la figure vermeille et l’air joyeux, riaient sous cape de la figure pâle et blême des cavaliers, de leur malaise et de leur impatience d’arriver. Je restai à la queue de la caravane, qui occupait une grande étendue du terrain. Ce fut pour moi un spectacle curieux de voir cette longue file de mulets et d’hommes parcourant à pas mesurés un chemin en zig-zag, qui se replie sur lui-même trente fois dans l’espace d’une lieue, d’entendre les chants des conducteurs, le braiement des animaux au milieu d’une solitude profonde et sur ces montagnes dont les cimes se perdent dans les nues. […] Nous montâmes pendant environ trois heures pour arriver à l’endroit le plus élevé du passage. Le chemin, dans toute cette étendue, était large, solide, sûr et commode. Il formait un grand nombre de détours et de circuits. Les pentes variaient par leur degré d’obliquité : il y en avait de très rapides, mais toutes étaient accessibles à des cavaliers. On ne passe pas sur le sommet du Mont-Cenis, on le laisse sur la gauche qui s’élève encore de plusieurs centaines de toises au-dessus du niveau du chemin. Parvenu à ce point, on est sur un plateau dans le milieu duquel se trouve un beau lac. […] En face est un hameau de sept ou huit maisons où l’on s’arrêtait pour se chauffer et prendre un repas. » THOUIN A. (1841) pp. 18-19. Monge effectue un deuxième passage du Mont-Cenis en février 1798. Voir la lettre n°148.
[3] Monge ne donne pas le nom des savants que les commissaires ont rencontrés à Turin. Seul Thoüin indique la nature de ses échanges avec le naturaliste Carlo Allioni (1728-1804) (THOUIN A. (1841), p. 26). Monge n’est pas un étranger à Turin car il est membre de la Société Royale de Turin (Reale Società Torenise) dès 1770. Lors de la constitution de l’Académie royale de Turin (Reale Academia delle Scienze de Torino) en 1783, il en devient membre étranger. (TATON R. (1951), p. 18.) Les premiers mémoires de Monge sur les équations aux dérivées partielles, rédigés au début de 1772 sont publiés en 1776 dans Les Mélanges de Philosophie et de Mathématiques de la Société Royale de Turin. Les liens entre mathématiciens français et turinois sont étroits, Lagrange, collègue de Monge à l’École polytechnique, est né à Turin et a participé à la fondation de la Société scientifique. Il n’est à Paris que depuis 1788. Dans l’histoire de l’Académie royale de Turin qui introduit la première publication en 1786 des Mémoires de l’Académie royale de Turin pour les années 1784 et 1785, les relations avec les savants membres de l’Académie Royale des Sciences de Paris sont soulignés au travers des travaux publiés dans les Mélanges […], d’Alembert et Macquer dans le troisième volume pour les années 1762-1765, Condorcet et Laplace pour le quatrième volume pour les années 1766-1769. En 1786, en plus de ces savants figurent dans la liste des académiciens étrangers, l’abbé Bossut et le chimiste Guyton de Morveau qui devient le premier président du Comité de Salut public. [pp. xxviii-xxxi] Voir les lettres n° 15 au ministre des relations extérieures, Florence, 4 thermidor, an IV [22 juillet 1796] ; n°16 à Carnot, Florence, 4 thermidor, an IV [22 juillet 1796] et n°17 à Prieur, Florence, 4 thermidor, an IV [22 juillet 1796].
[4] Apres la bataille de Lodi le 21 floréal an IV [10 mai 1796], (voir lettre n°10) la Lombardie se trouve libérée de la domination autrichienne. Accueilli en libérateur par Milan, Bonaparte y établit son quartier général, au 16 du Corso Venezia, dans le palais Serbelloni.
[5] Voir la lettre n°15. Thouin mentionne les manuscrits de la bibliothèque Ambroisienne de Milan ; « La bibliothèque Ambroisienne, qui réunit un Muséum des beaux-arts, renferme un grand nombre de livres écrits dans toutes les langues ; les matières théologiques y dominent. Au nombre des manuscrits, il s’en trouve quelques uns de saint Charles Borrhomée(sic), de Galilée et de Léonard de Vinci. Ces derniers ne sont que des petits livrets de poche, des agendas qu’il portait sur lui et où il écrivait toutes les idées qui lui venaient à l’esprit, à tous les instants de la journée. On remarque avec surprise que ce grand peintre s’occupait plus particulièrement des sciences que des arts, que toutes ses pensées étaient dirigées vers les premières, qu’il paraissait aimer avec prédilection. » (THOUIN A. (1841), p. 46.) Le naturaliste apporte des corrections au voyage de Lalande, dernier récit de voyage d’un savant en Italie en exprimant sa déception lorsqu’il visite le jardin botanique qui se réduit à un « petit cloître ». Il consacre un long passage au collège de la Brera, comme « un des plus beaux établissements » de la ville en indiquant les liens qui unissent déjà les astronomes italiens, Oriani, Coesaris et Reggio attachés à l’observatoire et un savant français comme Lalande. (THOUIN A. (1841), pp. 47-48.) Voir la lettre n°17.
[6] Louis MONGE (1748-1827) Il supplée son frère en tant qu’examinateur de la Marine (voir lettre n° 23). En février 1796, il épouse Marie-Adélaide DESCHAMPS (1755-1827). Dans la correspondance lorsque Monge salue son frère et sa sœur, il s’agit de ce couple.
[7] Barthélémy BAUR (1752-1823) et sa femme Anne Françoise HUART (1767-1852) sœur de Catherine
[8] Marie-Marguerite BAUR (1745-1829) épouse de Claude-Louis BERTHOLLET (1748-1822).
[9] Louise MONGE, (1779-1874), Victoire BOURGEOIS (17 ? -18 ?) et Marie-Élisabeth Christine LEROY (1783-1856) appelée Paméla, nièce de Catherine HUART.
[10] Cette dernière phrase est supprimée dans la retranscription d’Eugène Eschassériaux dans le manuscrit La vie de Monge, T. II, pp. 110-111. Figure une note d’Eschassériaux « Correspondance intime, très intéressante sur la Campagne d’Italie. A publier en omettant certains détails trop intimes de la fin des lettres relatifs a certains compliments de famille. »
[11] Le 12 juin est la date anniversaire du mariage de Gaspard et de Catherine en 1777 à Rocroy. Il était d’usage dans les Ardennes d’offrir à sa femme un bouquet de genêt. Ainsi, la fleur de genêt leur rappelle leur mariage. Voir les lettres n°107, 181 et 187. De Paris le 20 messidor l’an 4e [8 juillet 1796] Catherine répond : « Tu t’es donc rappelé la fleur de genêt, ici on ne voit les fleurs qu’en peinture, je n’avais que ma mémoire pour rappeler cette époque, qui est la plus intéressante de ma vie. »
Bibliothèque de l'Institut de France (Paris).
[1] Lettre n°26.
[2] Dans ces deux lettres, Catherine répond à la lettre n°13 de Bologne du 22 messidor an IV [10 juillet 1796].
[3] De Paris le 26 thermidor an IV [13 août 1796], par l’intermédiaire de Carnot. Voir la lettre n°13.
[4] De Paris le 27 thermidor an IV [14 août 1796]. Angélique-Catherine Françoise MIOT (1763- ?), elle est une des sœurs de André-François MIOT (1762-1841). Elle épouse en 1783 Charles-Alexandre de SIRIAQUE (17 ? -?).
[5] Marie-Marguerite BAUR (1745-1829) femme de Claude-Louis BERTHOLLET (1748-1822).
[6] Monge répond à Catherine qui lui écrit de Paris le 26 thermidor an IV [13 août 1796].« Prenez bien garde de trop vous fatiguer, on dit ce climat malsain pour les Français. Il paraît que cela ne nuit pas à ta santé mais depuis que je te connais, je t’entends dire que ton ventre pousse. Quand je te verrai, je croirai à ton embonpoint. Si cela est, nous nous sommes donnés le mot car je suis obligée de faire changer toute ma garde robe, je ne sais plus ce que c’est que les hoquets ni les spasmes ; la tranquillité dont on jouit actuellement porte tout le monde à se livrer au plaisir. L’espoir d’une paix prochaine fait supporter la gêne que nous éprouvons en finances, les mandats valent 28 " le [?], on doit nous payer ce mois-ci de vos traitements, moitié en sols et l’autre moitié en mandat. Je me trouve bien riche avec ce qu’on me donne puisqu’il est accompagné de la tranquillité, et de l’Espoir de la paix, nos conquêtes et nos victoires sont aussi multiples sur le Rhin qu’en Italie. Il est étonnant que l’Empereur ne demande pas la paix à genoux. »
[7] Émilie MONGE (1778-1867). Monge écrit à sa fille aînée la veille le 22 fructidor an IV [8 septembre 1796] Voir lettre n°27.
[8] Nicolas-Joseph MAREY (1760-1818) mari d’Émilie MONGE. Monge répond à une remarque de sa femme. De Paris le 26 thermidor an IV [13 août 1796] : « M[onsieur] Marey m’écrit pour avoir ton adresse pour t’écrire, Émilie se plaint amèrement de ce que tu ne lui écris pas, son enfant a déjà deux mois, elle se propose de le sevrer à huit mois, elle sera plus libre cet hiver à Paris, ils doivent venir après les vendanges […]. »
[9] José-Nicolas AZARA (chevalier d’) (1731-1804). Voir lettre n°38.
[10] Pietro MOSCATI (1739-1824).
[11] Francesco PIRANESI (1748-1810), fils du célèbre graveur Giovanni Battista PIRANESI (1720-1778).
[12] De Paris, le 26 thermidor an IV [13 août 1796], Catherine écrit : « […] je ne sais pourquoi je pense toujours que vous ne reviendrez qu’au printemps, vous êtes assez malin pour cela. »
[13] Jacques-Julien HOUTOU DE LA BILLARDIÈRE (1755-1834). Monge répond à l’impatience exprimée par sa femme dans sa lettre de Paris le 27 thermidor an IV [14 août 1796] : « J’attends avec impatience votre collègue La Billardière depuis le temps qu’il est en route il devrait être ici. Combien je vais le questionner, si je le vois ! » Voir les lettres n°14, 15, 16, 22, 33, 41, 42, 48, 52 et 53.
[14] Le premier convoi sous la responsabilité de La Billiardière quitte Tortone le 15 septembre 1796. Prennent le départ dix-huit chariots construits spécialement à Milan et chargés de 72 caisses. Il arrive à Paris vers la mi novembre 1796. Cela représente un peu plus de 6 décades.
[15] 13 Vendémiaire an IV [5 octobre 1795]. Voir les lettres n°19 et 29.
[16] Antoine-Chrysostome QUATREMÈRE DE QUINCY (1755-1849) est l’auteur d’un volume à la fin du mois de juillet 1796 sous le titre Lettres sur le préjudice qu’occasionnaient aux arts et à la science le déplacement des monuments de l’art de l’Italie, le démembrement de ses écoles et la spoliation de ses collections, galeries, musées, etc. Ces lettres sont rédigées à partir de juin 1796. La forme épistolaire de ce manifeste contre les saisies d’œuvre d’art semble directement liée avec la procédure pénale sous le coup de laquelle il était jusqu’au 10 août 1796. « Attaché aux idées libérales incarnées par la Déclaration des droits de 1789 et la Constitution de 1791, solidaire des principes qui marquent la première phase de la Révolution, hostile au courant de radicalisation qui se manifeste en 1793, il était entré dans une semi-clandestinité ; découvert et arrêté en mars 1794, libéré après Thermidor, demeuré partisan de la monarchie constitutionnelle, il joue un rôle actif dans l’insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV [5 octobre 1795] ; décrété d’arrestation par contumace, il se cache à partir d’octobre 1795 jusqu’au 22 Thermidor an IV [9 août 1796] jour où il se trouve devant le tribunal qui l’acquitte. » [POMMIER E. (1991), pp. 416-417.] Dans une lettre que Monge ne reçoit que le lendemain (voir la lettre n°29), Catherine choisit de commenter le même événement dont l’un et l’autre ont pris connaissance par les journaux. Ils doivent tous les deux emprunter l’expression juridique « il est constant que ». En reprenant la nouvelle de l’acquittement de Quatremère de Quincy, Catherine répond aussi à la lettre de Monge (lettre n°19). L’actualité lui permet de développer la question de la réception de la politique de saisie du Directoire par Roederer dans sa lettre de Paris le 15 fructidor an IV [1er septembre 1796] : « M. Roederer se récrie donc beaucoup sur votre vandalisme, tu ne dis rien de Quatremère qui vient d’être acquitté par le jury du tribunal criminel du dép[arment] de la Seine, qui a déclaré [qu’il] n’était constant qu’il avait existé une conspiration en vendémiaire. Le premier usage que ce vendémiairiste a fait de sa liberté, a été de rassembler un certain nombre d’artistes pour présenter une pétition au Directoire, à l’effet de donner à sa prudence s’il ne serait pas plus utile de laisser au pape tous les beaux objets d’art qu’on supposait que vous alliez lui enlever. Je n’ai pas vu cette pétition, ainsi je ne peux pas te dire quelles raisons ils apportent à ce beau désintéressement. Au surplus, je crois que plus vous en enlèverez et moins vous en laisserez aux autres puissances du nombre desquelles celle que vous dépouillez sera bientôt rayée. » Monge n’a pas tort de souligner l’enjeu politique du Discours de Quatremère contre la politique de saisie du Directoire. Dans la préface de la réédition de ses Lettres en 1836 Quatremère de Quincy, donne des informations sur le contexte de production de cette correspondance : « Ce fut dans la retraite où je m’étais caché que le général Miranda, qui en avait le secret, vint m’engager à établir entre nous, sur le danger qui menaçait Rome une correspondance qu’il rendrait publique. » […] Selon, E. Pommier l’auteur dès le début de son texte indique que son ami veut « démontrer que l’esprit de conquête dans une République est entièrement subversif de l’esprit de liberté. » [QUATREMÈRE DE QUINCY [1796] (1836), Lettres au général Miranda, Lettre I, p. 87.] Cela éclaire le contexte politique de la querelle de juin-juillet 1796 et montre que le débat sur les saisies d’œuvres d’art en Italie est à la fois culturel et politique. « […] les adversaires de l’action du Directoire dans la continuation de celle qui avait été menée en l’an II, ne critique pas seulement les conséquences artistiques du transfert des chefs d’œuvre d’Italie en France, ils dénoncent aussi ses implications internationales, dans la mesure où il risque de dresser le peuple italien contre la cause de la France, d’exaspérer les antagonismes et de rendre encore plus difficile une paix durables. […][Quatremère et Miranda] ramènent ainsi le discours sur les arts au cœur du conflit entre la Révolution et l’Europe. » [POMMIER E. (1991), pp. 417-418.] Voir les lettres n°19, 22, 26, 28 et 34
[17] La répression de l’insurrection du peuple de Lugo a lieu le 18 Messidor an IV [6 juillet 1796]. Le 26 messidor an IV [14 juillet 1796] Bonaparte écrit au Directoire : « Un moine arrivé de Trente a porté la nouvelle dans la Romagne que les Autrichiens avaient passé l’Adige, débloqué Mantoue, et marchaient à grandes journées sur la Romagne. Des imprimés séditieux, des prédicateurs fanatiques prêchèrent partout l’insurrection ; ils organisèrent en peu de jours, ce qu’ils appelèrent l’armée catholique et papale ; ils établirent leur quartier général à Lugo, gros bourg de la légation de Ferrare quoique enclavée dans la Romagne. » C’est Augereau qui mène la répression et Bonaparte conclut : « Depuis cet événement, qui a eu lieu le 18, tout est rentré dans l’ordre et est parfaitement tranquille. » (777, CGNB). Voir lettre n°21.
[18] Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824). Dans sa lettre de Paris du 27 thermidor an IV [14 août 1796], Catherine informe Monge de l’état des relations entre Eschassériaux et leur fille Louise et si la demande en mariage approche. « Quoique je sois bien pauvre, je viens de donner à Louise un maître de chant à 3[f] par leçon. J’ai loué un piano 12 [f] par mois. J’espère que 3 mois lui suffiront pour tirer parti de sa jolie voix, j’ai pensé qu’il fallait plutôt faire cette dépense à présent que plus tard, les légers talents d’Émilie ont servi à la bien marier, j’espère qu’il en sera de même pour Louise. E[schassériaux] vient souvent à la maison nous le trouvons aussi à la promenade, mais nous en sommes toujours au même point. Cependant M[adame] Bertollet qui a eu décadi [dernier] un M[onsieur] Dubois à dîner chez elle à Aulnay, il lui a dit que tu avais deux jolies filles que l’aînée avait fait un bon mariage et que si la cadette avait voulu elle en aurait fait, un bien avantageux, qu’un de ses amis il était [f…] que c’était E[schassériaux]. Comme il y avait quelqu’un, elle n’a pas suivi cette conversation ; il paraîtrait d’après cela qu’il en aurait parlé à quelqu’un. Il ne me plaît pas autant que Marey, il a toujours l’air gauche, mais bon enfant. »
Huart, Catherine (1748-1847)
[1] Monge et Saliceti passent par la vallée de l’Arno, du Serchio. Ils franchissent l’Apennin au dessus de Castiglione et descendent directement sur Modène.
[2] Voir lettre n°113.
[3] Lettre n°32 du 15 vendémiaire an V [6 octobre 1796]
[4] SIXTE ( ? - ?). Dans sa lettre de Paris du 4 fructidor an IV [21 août 1796], que Catherine envoie par l’intermédiaire de Carnot, elle indique que le lendemain elle donnera une autre lettre à Sixte. Cette lettre serait donc datée du 5 fructidor [22 août 1796], mais elle ne figure pas dans le fonds de la correspondance familiale conservée à la bibliothèque de l’École polytechnique.
[5] Antoine-Christophe SALICETI (1757-1809) et Pierre-Anselme GARRAU (1762- 1829) commissaires à l’Armée d’Italie. Bonaparte au Directoire 11 vendémiaire an V [2 octobre 1796] (960, CGNB). Monge suit Saliceti au cours de sa mission politique depuis le 10 vendémiaire an V [1er octobre 1796]. Voir la lettre n°30.
[6] Le 11 Vendémiaire an V [2 octobre 1796] Bonaparte au Directoire : « Reggio a fait sa révolution et a secoué le joug du duc de Modène. C’est peut-être le pays d’Italie qui est le plus prononcé pour la liberté. » (960, CGNB). Voir les lettres n°26 et 27.
[7] Dagobert-Sigismond de WURMSER (1724-1797). Voir les lettres n°29 et 30.
[8] Bonaparte au Directoire exécutif 17 vendémiaire an V [8 octobre 1796] « Cent cinquante hommes de la garnison de Mantoue étaient sortis le 8, à dix heures du matin, de la place, avaient passé le Pô à Borgoforte, pour chercher des fourrages. Cependant, à cinq heures après midi, nous achevâmes le blocus de Mantoue, en nous emparant de la porte de Pradella et de celle de Cerese […]. Ce détachement, se trouvant par là séparé de Mantoue chercha à se retirer à Florence. Arrivé à Reggio, les habitants en furent instruits, coururent aux armes et les empêchèrent de passer, ce qui les obligea à se retirer dans le château de Monte Chiarugolo sur les États du duc de Parme. Les braves habitants de Reggio les poursuivirent, les investirent et les firent prisonniers par capitulation. Dans la fusillade qui a eu lieu, les gardes nationales de Reggio ont eu deux hommes tués. Ce sont les premiers qui aient versé leur sang pour la liberté de leur pays. Les braves habitants de Reggio ont secoué le joug de la tyrannie de leur propre mouvement et sans même être assurés qu’ils seraient soutenus par nous. » (978, CGNB) Voir lettre de Bonaparte aux habitants de Reggio. (976, CGNB).
[9] Bonaparte au Directoire 11 vendémiaire an V [2 octobre 1796] « Les états de Modène arrivent jusqu’au Mantouan : vous sentez combien il nous est intéressant d’y avoir au lieu d’un gouvernement ennemi, un gouvernement dans le genre de celui de Bologne, qui nous serait entièrement dévoué. » (960, CGNB).
[10] Voir les lettres n°26, 27 et 35.
[11] Voir lettres n°21 et 22. Mais aussi à propos du siège de Mantoue voir les lettres n°12, 18, 22, 29, 30, 42, 45, 51, 53 et 55.
[12] Hercule III de Modène (1727-1803). Duc de Modène et Reggio.
[13] Le 24 septembre 1796 [3 vendémiaire an V] la suspension de l’exécution de l’armistice de Bologne oblige les commissaires des sciences et des arts à quitter Rome et à y laisser les objets et ouvrages saisis.
[14] Antoine-Chrysostome QUATREMÈRE DE QUINCY (1755-1849) et Pierre-Louis ROEDERER (1754-1835). Sur l’action de Quatremère et de Roederer contre la politique de saisie du Directoire voir les lettres n°19 et 28, mais aussi 22 et 26. Le 24 septembre 1796
[15] Thoüin reste à Florence. Berthollet, Tinet, et Moitte sont à Livourne avant de rejoindre Thoüin à Florence. Voir les lettres n°35 et 38.
[16] Monge ne rejoint pas ses collègues à Florence. Il attend ses collègues à Modène avec qui il dîne avant de partir pour Livourne. Voir les lettres n°35, 36 et 38.
[17] André-François MIOT (1762-1841).
[18] Catherine lui répond à ce sujet le 29 vendémiaire an V [20 octobre 1796] : « Ce sont des nouvelles très fraîches, elles me font d’autant plus de plaisir qu’il me semble que ta gaieté revient, et que tu goûtes les mêmes plaisirs que ton séjour à Rome avait anéantis. C’est donc une belle chose que les républiques naissantes, nous sommes blasés. Il nous faut à présent des miracles pour nous réveiller. Je ne vois ni n’entends rien ici qui ressemble à la contre-révolution, qui n’est, je crois, que dans les journaux qui sont détestables. C’est à qui fera le plus de nouvelles désastreuses et le plus de calomnies atroces contre le gouvernement et la république. Mais cela ne fait pas d’impression, tout le monde sent bien qu’un nouveau bouleversement nuirait à tous. Prenez bien vite Mantoue, et que la paix se fasse. Tout ira bien, surtout revenez vite, car [avec] ton absence, l’hiver me paraîtra plus insupportable encore que l’été. Voilà un an que nous sommes séparés. Ma rivale doit être contente, à moins qu’il lui faille le divorce, cela serait affligeant pour moi qui partage bien sincèrement l’amour que tu as pour elle. Cela ne me dispense pas de la trouver fort exigeante. » Voir les lettres n°35 et 36.
Bibliothèque centrale de l'École polytechnique / Centre de Ressources Historiques. (Palaiseau, France)
Images : Collections École polytechnique (Palaiseau, France). Reproduction sur autorisation.
[1] Claude-Louis BERTHOLLET (1748-1822)
[2] Catherine lui répond de Paris le 20 Floréal an V [9 mai 1797] : « Je reçois à l’instant, mon cher ami, ta lettre du 2 de ce mois. Tu te plains de ne pas recevoir de nos nouvelles, si nous avions su qu’on expédia un paquet pour l’Académie nous en aurions profité, mais c’est toujours par le Directoire que je t’ai fait passer les miennes. Si par cette dernière tu m’avais dit de t’écrire encore à Rome, je serais plus sure que celle-ci te parviendra, mais à tout hasard je vais l’adresser au C[itoyen] Cacault en le priant de te l’envoyer où tu seras. Je désire qu’elle ne te trouve plus à Rome, voilà un mois que les autres en sont partis, ta besogne doit avancer. Je t’ai adressé avant-hier encore une lettre à Rome par le ministère des Relations extérieures, je me servirai encore de cette voie, je désire bien qu’elle te parvienne et qu’elle accélère votre retour […] »
[3] Lettre n°81 de Rome, le 20 germinal an V [9 avril 1797]. Berthollet part à Modène pour défendre l’estimation des diamants. Voir les lettres n°65, 66, 70, 71, 73, 75, 77, 79, 81 et 93.
[4] Le quartier général est à Loeben, en Autriche environ à 170 km de Vienne.
[5] Nicolas-Joseph MAREY (1760-1818), mari d’Émilie MONGE (1778-1867) le couple et leur premier fils Guillaume-Stanislas MAREY-MONGE (1796-1863) sont à Paris du 23 brumaire an V [13 novembre 1796] au 15 ventôse V [5 mars 1797]. De Paris le 6 frimaire an V [26 novembre 1796] , c’est Marey qui répond à la lettre adressée à Catherine. Voir la lettre n°40. La remarque de Monge manifeste le caractère collectif et familial de la correspondance échangée entre Monge et Catherine. Voir les lettres n°53, 62 et 187.
[6] La correspondance du géomètre dépasse le simple cadre familial. Catherine accomplit sa tâche de transmission et de diffusion au delà des attentes de Monge. Elle lui répond à ce sujet de Paris le 20 Floréal an V [9 mai 1797] : « Il y a seulement deux extraits de tes lettres dans Le Journal des campagnes le C[itoyen] C[ ? ] ne t’a pas nommé. Je lui avais bien recommandé, parce que moins on fait parler de soi en révolution et mieux on se trouve ; il faut faire le bien de son pays, sans exciter la jalousie de ceux qui n’ont pas été à même de le faire ou qui n’ont pas voulu en faire. Je ne pense pas que cela te nuise, on ne sait de qui sont ces lettres. » Monge présente la même réflexion à Marey voir la lettre n°90.
[7] François II (1768-1835).
[8] Catherine lui répond de Paris le 20 Floréal an V [9 mai 1797] : « […] puisque voilà la paix, votre récolte a des bornes, il y [a] un an que vous êtes parti … »
[9] Le 29 germinal an V [18 avril 1797], sont signés les préliminaires de Leoben selon lesquels l’Autriche cède la Belgique et récupère la Vénétie (exceptée Venise) en échange de la Lombardie. Voir la lettre n°89.
[10] Le 21 et 27 ventôse an V [11 et 17 mars 1797], les républicains de Bergame et de Brescia se soulèvent contre la république de Venise. Bonaparte prévoie d’utiliser la légion lombarde constituée en ventôse an V [fin février 1797] alors que les relations avec Venise s’enveniment. Voir les lettres n°45,76, 89, 90, 93, 96 et 99.
[11] La république Cispadane est constituée des villes de Reggio, Bologne, Modène et Ferrare en décembre 1796. Le 7 germinal an V [27 mars 1797], la constitution de la République cispadane est promulguée. Voir les lettres n°40, 48, 53, 63, 65 et 76.
[12] Dans Le Moniteur Universel du 5 germinal an V [25 mars 1797] « […] le soulèvement des troupes anglaises dans l’Inde n’est plus douteux. On assure que les commandants de ces troupes ont pris toutes les mesures pour se rendre maîtres du pays ; qu’ils ont à cet effet engagé les officiers civils à se joindre à eux, et que de concert ils doivent s’opposer à toute tentative du gouvernement anglais, tendant à les empêcher de consommer leur projet, qui est de faire déclarer l’indépendance de l’Inde ; qu’ils ont à cet effet établi un gouvernement, et qu’ils se disposent à faire le partage du territoire. Tous les soldats doivent être appelés à ce partage. » (Vol. 1797 janv-juin). CM raconte l’évènement à Monge dans sa lettre de Paris, le 17 floréal an V [6 mai 1797] ; « L’ambassadeur de Hollande a reçu avant-hier la nouvelle officielle que, le même jour, à la même heure, dans tous les ports anglais, il a éclaté [une] insurrection par tous les gens de mer quand on leur a ordonné d’aller pour empêcher la jonction d’une flotte hollandaise avec celle qui venait de sortir de Dunkerque. Ils ont dit qu’ils ne marcheraient pas [tant] que les arrérages dus ne leur fussent pas payés. Ils ont désarmé leurs officiers, et ne leur obéissent plus. Ils ont menacé l’amiral Gardner de le jeter à l’eau, ils ont pendu un matelot qui voulait leur faire changer de système. Lord Spencer s’est transporté de Londres à Spithead leur a accordé leurs premières demandes, alors leurs prétentions sont devenues plus grandes [et] tu verras tout cela dans les journaux avant d’avoir reçu ma lettre. Alors, cela n’aura plus le mérite de la nouveauté. ».
[13] Traité signé le 19 février 1797 [1er ventôse an V]. Catherine lui répond de Paris le 20 Floréal an V [9 mai 1797] : « Comment ? Vous avez arraché 26 millions à notre mère la Sainte Église, vous êtes des enfants dénaturés, vous déchirez le sein de votre mère. Il est vrai que c’était une marâtre, cela vous fera excuser, non pas par les restaurateurs de la religion de nos pères, qui sont en grand nombre dans ce moment-ci. On va à la messe plus que jamais, Longchamp a été aussi brillant que dans l’ancien Régime, tout cela se paiera, sans qu’on s’en aperçoive, notre mère ne recevant plus d’argent la religion de nos pères tombera d’elle-même. »
[14] Augustin-Jean-Charles CLÉMENT (1717-1804) membre du clergé constitutionnel. Le 12 mars 1797, il est élu évêque de Versailles par l’Assemblée des électeurs du département somme le prévoit la Constitution civile du clergé.
[15] Le respect que montre Monge envers la foi simple et sincère est à considérer lorsqu’on pose la question de son anticléricalisme qui apparaît au sujet de l’évêque de Versailles. Voir aussi la lettre n°39.
[16] [?] CABOT ( ? - ? ) Sœur de la femme de Nicolas-Jean HUGOU de BASSVILLE (1753-1793), diplomate français tué lors de l’émeute contre les Français à Rome le 14 janvier 1793. Cabot est sans doute le nom du mari de la sœur de la femme de BASSVILLE et cela ne donne pas d’indication sur le nom de jeune fille des deux sœurs. Catherine répond à Monge à la réception de cette lettre de Paris le 20 floréal an V [9 Mai 1797] : « Je la recevrai de mon mieux. »
[17] Louise MONGE (1779-1874), Émilie MONGE et son mari Nicolas-Joseph MAREY.
[18] Anne Françoise HUART (1767-1852), son mari Barthélémy BAUR (1752-1823) et leur fils Émile BAUR (1792- ?).
[19] Louis MONGE (1748-1827) et sa femme Marie-Adélaïde DESCHAMPS(1755-1827).
[20] Catherine lui répond de Paris le 20 floréal an V [9 Mai 1797]: «Ton frère et ta sœur se portent bien, ils t’embrassent ainsi que fillette, son mari, Louise, Paméla, la C[itoyenne] Berthollet. Tout ce monde n’a point le courage de t’écrire parce que tu ne reçois pas nos épîtres. Adieu mon ami porte-toi aussi bien que nous. Je te fais des chemises neuves, viens bien vite les user, je t’embrasse mille fois. »
Images : Collections École polytechnique (Palaiseau, France). Reproduction sur autorisation.
[1] Monge accompagné de ses collègues Jean-Guillaume MOITTE (1746-1810) et Jean-Simon BERTHÉLÉMY (1748-1822). Berthollet est à Venise. Thoüin à Livourne. Voir la lettre n°103.
[2] Monge commet ici une erreur de date assez curieuse: il s'agit en fait du 16 juin 1797 (28 prairial an V). [R.T.] Voir la lettre n°104. Monge fait référence à leur mariage dont la date anniversaire est le 12 juin et qui est symbolisé par la fleur de genêt. Voir les lettres n°8, 127, 181 et 187. Le 20 messidor an V [8 juillet 1797], Catherine lui répond de Paris en lui faisant remarquer son erreur « Tu t’es mis en route le 12 mai, mon cher bon ami, pour aller à Naples, et tu cherchais des genêts, moi qui suis plus sure des époques heureuses de ma vie, je t’ai écrit le 12 juin pour te rappeler celle-là. Si tu continues, tu seras obligé de solliciter ce brevet pour le myrte, mais je ne l’accorderai pas il me faut le titulaire, et cela le plus tôt possible. » Enfin, Monge admet son erreur mais indique encore qu’il s’est mis en route pour Naples le 12 juin 1797. Voir la lettre n°118.
[3] MARIE-CAROLINE D’AUTRICHE (1752-1814), femme de FERDINAND IV, roi de Naples et de Sicile (1751-1825). Sœur de Marie-Antoinette et ennemie de la Révolution. De Paris, le 20 messidor an V [8 juillet 1797], Catherine commente avec la même énergie : « Puisque tu supposais qu’elle [le monstre femelle] devait lire ta lettre tu aurais dû être plus discret sur son compte, il faut se défier de ces espèces de monstres, ils sont trop difficiles à abattre. »
[4] FRANÇOIS DE NAPLES, FRANÇOIS Ier DES DEUX-SICILES (1777-1830), fils de Marie-Caroline D’Autriche et FERDINAND IV. Il épouse MARIE-CLÉMENTINE D’AUTRICHE (1777-1801) le 8 messidor an V [26 juin 1797].
[5] Cette description pourrait répondre aux critères d’un compte-rendu d’expérience en chimie. Un terme tel que « combustion lente » constitue un premier indice. Les images convenues de l’ « antre de Vulcain » et du « sommeil » du volcan sont le seul trait qui pourrait évoquer un discours mondain sur la science. La spécificité de ces sites archéologiques est leur lien avec des questionnements scientifiques. Cela constitue un élément de plus qui montre la posture pédagogique que Monge adopte avec les membres de sa famille. Voir les lettres n°9, 13, 20, 48, 108, 118, 171 et 173.
[6] Le site d’Herculanum découvert en 1709 est fouillé à partir de 1738. Voir la lettre n°108.
[7] De juin à septembre 1774, Monge effectue un voyage dans les Pyrénées dont il gravit des sommets afin d’effectuer avec le jeune médecin d’Arcet des observations à l’aide d’un baromètre à mercure portatif pour obtenir des mesures précises de la hauteur des montagnes. Cela donne lieu non seulement à une publication : Observations sur le baromètre, faites dans les Pyrénées conjointement avec le nivellement d’une montagne par MM. d’Arcet et Monge, au mois d’août 1774. Elles sont jointes à la Dissertation sur l’état actuel des montagnes dans les Pyrénées prononcée par d’Arcet, le 11 octobre 1775. Le voyage dans les Pyrénées donne lieu à une première correspondance de voyage. Monge écrit à un ami de Mézières, M. Tisseron, directeur des Postes de Mézières et de Charleville. Une copie manuscrite de cette correspondance est disponible à la B.I.F. (man. 2.191) et dans la B.É. (TATON R. (1951), p. 20)
[8] Monge donne aux phénomènes naturels une importance déterminante pour le perfectionnement de l’esprit et le progrès des sciences. (Voir les lettres n°3 et 62). Dans ce domaine plus que dans les mathématiques, il semble qu’il est devenu chercheur pour ses besoins d’enseignant. C’est d’ailleurs la physique que Monge enseigne pour la première fois au collège des Oratoriens de Lyon en 1764. Ensuite il développe en même temps un enseignement de physique et de mathématiques à l’École du Génie de Mézières. Il justifie l’étude des phénomènes naturels au sein même de sa Géométrie descriptive en les mettant en rapport avec les arts mais aussi en leur attribuant une valeur pédagogique dans le cadre de la formation de l’esprit : « Il faut […] rendre populaire la connaissance d’un grand nombre de phénomènes naturels, indispensable aux progrès de l’industrie, et profiter pour l’avancement de l’instruction générale de la nation, de cette circonstance heureuse dans laquelle elle se trouve, d’avoir à sa disposition les principales ressources qui lui sont nécessaires. » MONGE G. [1795] (1827), p. xv. Il faut souligner que Monge n’envisage pas seulement une formation en mathématiques à l’usage de la physique comme cela est le plus fréquent dans l’enseignement scientifique à la deuxième moitié du XVIIIe siècle, mais il envisage aussi l’usage de l’étude des phénomènes naturels au service de la formation de l’esprit dans des domaines plus théoriques tels que les mathématiques : « On contribuera donc à donner à l’éducation nationale une direction avantageuse en familiarisant nos jeunes artistes avec l’application de la Géométrie descriptive aux constructions graphiques […]. Il n’est pas moins avantageux de répandre la connaissance des phénomènes de la nature, qu’on peut tourner au profit des arts. Le charme qui les accompagne pourra vaincre la répugnance que les hommes ont en général pour la contention d’esprit, et leur faire trouver du plaisir dans l’exercice de leur intelligence, que presque tous regardent comme pénible et fastidieux. » MONGE G. [1795] (1827), p. xvii Monge attribue à l’étude des phénomènes naturels et à la géométrie descriptive la même valeur élémentaire sans hiérarchiser leur utilité pour la formation des esprits à l’exactitude et à l’évidence. MONGE G. [1795] (1827), p. 111. Il établit des liens réciproques entre les deux domaines scientifiques. Dupin ne manque de rappeler la part de l’étude des phénomènes naturels dans l’enseignement de Monge ni le charme qu’ils exerçaient aussi bien sur les élèves que sur le professeur : « Il aimait à conduire ses disciples partout où les phénomènes de la nature et les travaux de l’art pouvaient rendre sensibles et intéressantes ces applications. […] Monge étudiait avec une égale ardeur et les phénomènes de la nature et les phénomènes de l’industrie ; il acquérait des lumières pratiques […] et s’empressait d’en faire jouir la jeunesse studieuse. Dans ces excursions, faites aux jours de congé, par les plus beaux temps de l’année, au milieu des sites les plus pittoresques, l’imagination de Monge semblait s’agrandir comme les aspects offerts à ses regards par la nature ; il communiquait à ses disciples son ardeur et son enthousiasme, et changeait en plaisirs passionnés des observations, des recherches appliquées à des objets sensibles, qui faites dans l’enceinte d’une salle par des considérations abstraites, n’eussent paru qu’une pénible étude.» DUPIN Ch. (1819), pp. 16-18.
[9] Catherine n’est pas séduite ni fascinée par la description du volcan effectuée par Monge, le 20 messidor an V [8 juillet 1797], elle écrit : « Tu es donc enchanté de Naples et de ses belles horreurs, cela ne me donne pas envie d’aller habiter si près de l’Enfer, notre belle France vaut mieux que tout cela […]. »
[10] Voir la lettre n°108.
[11] Théâtre San Carlo construit en 1737 sur les plans du Sicilien Giovanni Medrano, par l'architecte napolitain Angelo Carasale.
[12] Rodolphe KREUTZER (1766-1831). Voir la lettre n°66.
[13] Camille BORGUESE (1775-1832).
[14] Louise MONGE (1779-1874), Marie-Élisabeth Christine LEROY (1783-1856) appelée Paméla et Anne-Françoise HUART (1767-1852). Voir la lettre n°9. Monge a l’habitude de mentionner sa fille ainsi. Par contre ici il cherche à montrer son attention spécifique à « Paméla » et « Fillette ».
[15] Barthélémy BAUR (1752-1823) le mari de « fillette » Anne-Françoise HUART.
[16] Louis MONGE (1748-1827) et sa femme Marie-Adélaïde DESCHAMPS (1755-1827). Le 17 floréal an V [6 mai 1797], Catherine donne des nouvelles de Louis de retour de sa tournée dans les ports en tant qu’examinateur de la Marine en remplacement de Monge: « Ton frère est de retour depuis longtemps, il a rapporté de son voyage une sciatique qui lui tient tout un côté du corps de sorte que quand il éprouve de l’humidité, il souffre, mais à cela près, il se porte bien ainsi que sa fe[mme], et nous aussi. » Monge a aussi souffert de sciatique en Italie. Voir la lettre n°118.
[17] Marie-Marguerite BAUR (1745-1829).
Bibliothèque centrale de l'École polytechnique / Centre de Ressources Historiques. (Palaiseau, France).
Lettre non signée mais datée dans laquelle il est question de son travail relatif aux manuscrits du Vatican et du cours des événements en Italie
[1] Il n’y a que la lettre du 28 prairial an V qui se trouve dans les archives familiales conservées à l’École polytechnique.
[2] Ni le manuscrit, ni une transcription n’ont pu être trouvés de la lettre de Catherine à Monge de Paris, le 24 Prairial an IV [12 juin 1797].
[3] Le 12 juin est la date anniversaire de leur mariage. La lettre n°107. Naples, le 30 prairial an V, elle ne date pas du 12 mais du 18 juin 1797.
[4] Monge écrit encore une autre lettre de Rome le 26 messidor an V [14 juillet 1797]. Lettre n°113.
[5] Sur la sélection effectuée par la commission parmi les manuscrits du Vatican voir les lettres n°23, 25, 26, 27, 70, 76, 79, 99, 100, 104, 109, 111, 113, 114, 120 et 139.
[6] Voir les lettres n°86, 88, 109, 114, 133 et 134.
[7] Tous les convois qui partent de Rome sont dirigés sur Livourne. Voir les lettres n°98, 100, 102, 110 et115.
[8] Numa POMPILIUS (716-673 av. J.-C.) roi de Rome.
[9] Les deux sculptures : « Le Tibre » et « Le Nil ».
[10] Monge se charge d’organiser ce dernier convoi lors de sa deuxième mission à Rome avant de s’embarquer pour l’Égypte en mai 1798. Voir les lettres n°102, 110 et 184.
[11] Sur la nature spectaculaire des convois et la volonté de frapper l’opinion publique voir les lettres n°48, 81, 92, 94, 100 et 102.
[12] Le 25 messidor an V [13 juillet 1797], les trois commissaires Jean-Guillaume MOITTE (1746-1810), Jean-Simon BERTHÉLÉMY (1743-1811) et Jacques-Pierre TINET (1753-1803) partent pour Livourne où sont rassemblés les objets saisis à Rome et où les attendent Thoüin. Voir la lettre n°109, 111 et 114.
[13] L’article 3 du Traité de Milan entre la France et Venise signé le 16 mai 1797 [27 floréal an V] stipule la remise à la France de 20 tableaux et 500 manuscrits. Voir les lettres n°114, 117, 118, 122, 123, 127, 128, 130, 131, 139 et 140.
[14] Catherine commente le 11 thermidor an V [29 juillet 1797 : « Je serai obligée de recommencer ton éducation. J’ai bien de l’avantage sur toi, moi qui n’ai pas quitté la partie. Je ne la trouve pas plus belle pour cela ; tous vos trophées, toutes les dépouilles des ennemis, que nous font ces bagatelles, près des grands objets qui nous occupent ici, les presbytères que nous reprenons, et que nous rendons aux bons prêtres, voilà qui est digne d’occuper des hommes sensés, des philosophes du XVIIIe siècle. Mais vous autres pauvres gens qui êtes des profanes, vous n’avez pas le sens commun, de vous attacher à ces misères. Cependant à travers toutes nos grandes mesures, on dit qu’il a quelques apparences que la paix avec l’Empereur est signée, c’est un miracle auquel je ne crois pas encore, à moins que le génie de la Liberté qui nous a toujours si bien secondé n’ait présidé avec Bonaparte à cette grande affaire. Cela nous rendra-t-il plus sages ? C’est ce qu’il faudra voir. Mais je vois tant d’hommes auxquels je croyais du mérite et des principes Républicains, qui se conduisent maintenant comme s’ils n’avaient jamais eu ni l’un ni l’autre, que je ne sais plus qu’en penser. Il est vrai que j’ai la vue courte en politique, le dire des gens aux plus longues vues que moi n’explique pas cela non plus. Que cela ne t’empêche pas de revenir, et surtout de ne point t’affliger lorsque tu seras avec nous. Il faut souffrir tout ce qu’on ne peut empêcher, si comme tu dis, le lâche sentiment de la peur ne retenait les Royalistes, il y a longtemps que la République française n’existerait plus. » Voir la réponse de Monge lettre n°119. Sur la montée des Royalistes et la réponse du Directoire avec le coup d’état du 18 fructidor, voir les lettres n° 89, 90, 116, 118, 119, 127, 131, 132 et 135.
[15] De Paris le 14 thermidor an V [1er août 1797], Catherine lui répond à ce sujet : « Le pauvre Guyot qui n’a rien du tout, n’a pu obtenir de place en France, malgré son intimité avec quelques-uns des Dieux. Ils ne le protègent pas, parce qu’il s’est montré tel qu’il est au fameux mois de prairial. Il partira après l’équinoxe, si on lui donne de l’argent. »
[16] Monge n’imagine pas être retenu à Passeriano par le Général lors des négociations pour parvenir à un traité de paix définitif avec l’empereur. Voir la lettre n°128.
[17] GUYOT DE SAINT-FLORENT (1755-1834) homme politique de la Côte-d’Or et ami bourguignon de Monge. En 1794, Florent-Guyot député de la Côte-d’Or à la Convention, est envoyé en mission auprès de l’armée du Nord et a pu communiquer avec Monge avec la ligne de télégraphe aérien mise en place de Paris à Lille et qui commence à fonctionner en mai 1794. Elle permet de communiquer par signaux visuels, par sémaphores. Monge a été consulté par Chappe afin de lutter contre les arrêts de transmission et d’en réduire le temps.
[18] Joseph ESCHASSÉRIAUX, (1753-1824), il est élu député par le département de la Charente-Inférieure (actuelle Charente-Maritime) dès l’Assemblée législative en 1791, puis sous la Convention en 1792 et 1795, enfin sous le Directoire lors des élections d’avril 1797. Le 14 thermidor an V [1er août 1797] Catherine lui répond : « Je n’ai pas encore fait ton compliment à celui qui est réélu pour la 3ème fois, il y a 4 jours que je ne l’ai vu. C’est un singulier corps. » Sur le jugement que porte Monge sur Eschassériaux voir les lettres n°27, 118 et 137.
[19] Les Français occupent l’île de Corfou le 29 juin1797. Les îles ioniennes de Corfou, Zante et Céphalonie qui étaient sous la domination vénitienne se révoltent avant de passer sous la domination française. Voir les lettres n°90 et 119.
[20] Louise MONGE (1779-1874) et Marie-Élisabeth Christine LEROY (1783-1856) appelée Paméla, nièce de Catherine HUART. Parce qu’elles n’écrivent pas à Monge. Voir la lettre n°20.
[21] Anne Françoise HUART (1767-1852), jeune sœur de Catherine HUART et son mari Barthélémy BAUR (1752-1823) ainsi que Louis MONGE (1748-1827) frère de Gaspard MONGE et sa femme Marie-Adélaïde DESCHAMPS (1755-1827).
[22] Émile BAUR (1792- ?) fils de Anne Françoise HUART et Barthélémy BAUR.
[23] Jean-Claude NAIGEON (1753-1832) peintre et Étienne-Marie BARRUEL, (1749-1818) instituteur à l’École polytechnique.
[24] Jean-Baptiste PATRAULT (1751-1817).
[25] Le 14 thermidor an V [1er août 1797], Catherine le confirme en réponse : « Il est vrai que la République de Lucques a fait sa révolution. »
Images : Collections École polytechnique (Palaiseau, France). Reproduction sur autorisation.
[1] C’est ici l’expression la plus spontanée de tendresse envers sa femme. C’est l’unique fois qu’il en fait l’incipit de sa lettre.
[2] Avec les plénipotentiaires autrichiens. Les préliminaires ont été signés le 29 germinal an V [13 avril 1797]. Les négociations reprennent pour la signature de la paix définitive.
[3] Jusqu’à la signature du traité de Campoformio en octobre 1797, Bonaparte établit le quartier général à la « Villa Manin di Passeriano », palais du dernier doge de Venise, dans la commune de Codroipo, près d’Udine. NB au général Clarke, le 4 fructidor an V [21 août 1797] : « Je pars demain […] pour me rendre à la campagne du doge de Venise, près de Codroipo. Si l’intention des plénipotentiaires est de se loger à la campagne, je dirai au général Victor de se donner les sollicitudes nécessaires pour trouver aux environs un logement convenable. S’ils préfèrent rester à Venise, on pourra tenir alors nos conférences alternativement à Udine et à la campagne. […] Je vous prie de me renvoyer le courrier par Trévise, Padoue, Vicence et Vérone, afin que je sois instruit si le troisième plénipotentiaire est arrivé ; car comme j’ai beaucoup à faire dans mes divisions, je ne voudrais pas arriver avant M. Degelmann [membre de la délégation autrichienne] ; je trouverais fort désagréable de rester cinq ou six jours sans rien faire. » (CGNB, 1923). Voir les lettres n°138
[4] Sur la question du retour en France de Monge pour assister au mariage de sa fille Louise voir les lettres n°126, 127, 136 et 137
[6] François II (1768-1835).
[7] À la fin du mois de mars 1797. Voir la lettre n°76.
[8] Sur le choix et la saisie des manuscrits de Venise voir les lettres n°110, 114, 117, 118, 122, 123, 127, 130, 131 et 140.
[9] Louis-Alexandre BERTHIER (1753-1815).
[10] Sur la montée des Royalistes à Paris après leur victoire en avril 1797 aux élections pour le renouvèlement d’un tiers du Conseil des Cinq-Cents et la réponse du Directoire avec le coup d’état du 18 fructidor voir les lettres n° 89, 90, 110, 116, 118, 119, 127, 131, 132 et 135.
[11] De Paris le 23 thermidor an V [10 août 1797], Catherine lui raconte ce dîner : « Enfin mon cher ami, j’ai eu Sa[aliceti] à dîner le 21 de ce mois. Je lui avais écrit à l’adresse que tu m’avais envoyée de Milan. Il m’a répondu une lettre fort honnête, il est très aimable. Le C[itoyen] de Sorgues, C[itoyen] Guyot et sa femme, ton frère, ta belle-sœur ; le dîner fut extrêmement gai, après dîner Louise a joué ces hymnes chéris, la présence de certains Républicains jointe à l’amour de la patrie ont animé son cœur et ses doigts. Je t’assure qu’elle y a mis de l’expression, tous, les uns après les autres, m’ont dit qu’il y avait longtemps qu’ils n’avaient passé une journée aussi agréable. J’avais eu soin de me mettre à table entre les C[itoyens] S[aliceti]. et D[esaix] pour parler de toi plus à mon aise. Je me suis bien satisfaite ; j’ai eu le plaisir d’entendre parler de toi en bons termes, cela m’a donné un plus d’esprit qu’à mon ordinaire ». Voir la lettre n°116.
[12] Jean-Baptiste FRANCESCHI (1767-1810).
[13] Louise MONGE (1779-1874).
Bibliothèque centrale de l'École polytechnique / Centre de Ressources Historiques. (Palaiseau, France).
Huart, Catherine (1748-1847)
Images : Collections École polytechnique (Palaiseau, France). Reproduction sur autorisation.
[1] Claude-Camille PERRET (1769 - 1834).
[2] Les lettres n°118, 119, 122, 125 et 127.
[3] Jean-Baptisre LALLEMENT (1736-1817) ambassadeur de la République française à Venise, mais éloigné de Venise par Bonaparte à partir de mai 1797.
[4] Monge répond à Catherine qui lui écrit de Paris le 23 thermidor an V [10 août 1797] « […] je devrais déjà en avoir une de Venise, si tu es parti de Milan le 4, voilà 20 jours. » Monge la prévient que l’éloignement provoque un ralentissement de la correspondance. Voir les lettres n°30 et 95.
[5] Bonaparte établit le quartier général à la « Villa Manin di Passeriano », palais du dernier doge de Venise, dans la commune de Codroipo. Voir la lettre n°128.
[6] Napoléon BONAPARTE (1769-1821).
[7] Voir lettre n°128.
[8] En 1794, l’agence des mines est créée par un arrêté du 1er juillet 1794 (13 messidor an II) du Comité de Salut public. Elle est composée de trois membres nommés par le Comité. Sous le Directoire, l’agence devient le Conseil des mines par la loi du 30 vendémiaire an IV [22 octobre 1795], il est constitué de Francois Pierre Nicolas GILLET de LAUMONT (1747-1834), Antoine-Marie LEFEBVRE D'HELLANCOURT (1759-1813) et Claude-Hugues LELIEVRE (1752-1835). Le Conseil a sous sa direction le corps des mines composé d'inspecteurs, d'ingénieurs et d'élèves et elle assure l’administration des Mines par le biais d’une communication directe avec tous les concessionnaires et exploitants de mines.
[9] Le 4 Germinal an V [24 mars 1797], Bonaparte écrit au Directoire « Nous sommes maîtres des célèbres mines d’Idria. » (1471, CGNB). Il s’agit des mines de Mercure de la ville d’Idria dans le Frioul, le site est si célèbre qu’une entrée de l’Encyclopédie méthodique lui est consacrée. Depuis 1783, la région d’Idria faisait partie de l’Empire d’Autriche-Hongrie. La ville d’Idria désormais slovène est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Voir les lettres n°132 et 135.
[10] Le 10 vendémiaire an VI [1er octobre 1797], Catherine lui répond de Paris : « Je suis fâchée de te savoir à cette mine d’Idria en Autriche, votre mission n’en aurait pas été moins bien remplie quand il n’y aurait pas eu de mine de mercure. Au moment où les hostilités recommencent, il n’est pas prudent de s’isoler… »
[11] Après les élections de germinal an V (mars 1797) pour le renouvellement du premier tiers sortant, les conseils voient l'écrasement des candidats directoriaux et la victoire des royalistes. Le 18 Fructidor an V [4 septembre 1797] a lieu un coup d’État à Paris qui vise à écarter les royalistes du pouvoir. Pichegru et Barthélemy sont arrêtés ; Carnot, parvient à s'enfuir. Les élections sont cassées dans quarante-neuf départements, et une soixantaine de députés et de journalistes, d'anciens policiers et à des chansonniers contre-révolutionnaires sont déportés en Guyane. Pour remplacer Carnot et Barthélemy, le choix des conseils épurés se porte sur Merlin de Douai et François de Neufchâteau, précédemment ministres. Des mesures répressives frappent émigrés et prêtres réfractaires. Monge ne s’alarme pas de l’éviction du Directoire de son ancien élève et collègue Lazare Carnot. (Voir la lettre n°13.) Catherine lui écrit à ce sujet le 30 fructidor an V [16 septembre 1797] : « […] je suis persuadée que vous savez à présent la nouvelle des événements du 18. Cela vous déterminerait à venir nous rejoindre, il n’y a plus de danger à présent à être ici, et républicain. Je ne vois pas ce que vous feriez en Italie, il y a assez longtemps que vous y êtes. Votre mission est finie, vous n’en avez pas d’autre, ainsi revenez bien vite. » Voir la lettre n°132. Sur la montée des Royalistes et la réponse du Directoire avec le coup d’état du 18 fructidor voir les lettres n°89, 90, 110, 116, 118, 119, 127, 128, 132 et 135.
[12] Dès cette lettre apparaissent deux éléments de l’Expédition d’Égypte : sa nature grandiose et prestigieuse (voir les lettres n°153, 163, 171, 174, 176, 184 et 187) et le secret dans lequel elle est préparée. (Voir les lettres n° 153, 154, 156, 157, 163, 164, 171 et 177). Dans ses Mémoires, Bourrienne le secrétaire et ami de Bonaparte indique au sujet du projet de l’expédition d’Égypte que c’est à Passeriano qu’elle est projetée : « Ce fut à Passeriano que, voyant approcher le terme de ses travaux en Europe, il [Bonaparte] porta sérieusement ses regards vers l’Orient. Pendant ses longues promenades du soir, à Passseriano, dans un parc magnifique, il se plaisait à rappeler toutes les célébrités de ces contrées, à parler de tant d’empires fameux, qui ont disparu après s’être bouleversés les uns les autres, mais dont le souvenir est encore dans la mémoire des hommes ; il disait : « L’Europe est une taupinière, il n’y a jamais eu de grands empires et de grandes révolutions qu’en Orient, où vivent six cents millions d’hommes. » Il y trouvait le berceau de toutes les religions, de toutes les extravagances métaphysiques. Ce sujet était non moins intéressant qu’intarissable ; aussi s’en entretenait-il presque chaque jour avec ses généraux intimes, ses aides de camp et moi. Monge était presque toujours de la conversation. Ce savant homme, qui avait l’esprit et le cœur ardent, abondait dans le sens du général en chef, et excitait encore avec sa chaleur d’esprit la vive imagination de Bonaparte. Tout le monde faisait chorus. Ainsi, je le répète, le Directoire n’a été pour rien dans le renouvellement du projet de cette mémorable entreprise, dont l’issue n’a toutefois répondu ni aux grandes vues qui l’avaient conçue ni à la hardiesse du plan. » BOURRIENNE (1829), Mémoires de M. de Bourrienne, ministre d’état, sur Napoléon, le Directoire, le Consulat, l’Empire et la Restauration, Bruxelles, A. Wahlen, et H. Tarlier, pp. 39-40. Voir la lettre n°154. André Thouin donne un éclairage différent sur la genèse et la préparation du projet en donnant aux savants Monge et Berthollet un rôle majeur et en laissant entendre la difficulté qu’il y a à collaborer avec les deux savants. À son retour en France en avril 1798, Talleyrand, ministre des relations extérieures, Bonaparte et Berthollet lui proposent chacun à leur tour de prendre part à l’expédition préparée en secret : « Je consultai l’un des membres du gouvernement sur le voyage dont il était question et sur le genre d’intérêt qu’on mettait à ce que j’en fisse partie. Voici ce que ce personnage, en qui j’avais toute confiance, me dit avec franchise : « -L’expédition a pour objet l’Égypte. Il est question de coloniser ce pays et de la réunir à la France ; de le faire servir de passage pour le commerce des Indes-Orientales en ouvrant un canal de navigation du Nil à la mer Rouge, et de ruiner par ce moyen le commerce des Anglais. Ce projet, conçu par Monge et Berthollet, est devenu celui du général Bonaparte, qui l’a fait agréer au Directoire exécutif. C’est ce général qui est chargé de tout ce qui a rapport à l’entreprise. Berthollet, en grande partie, a fixé le nombre et le choix des savants et des artistes. Ce nombre a paru, d’une part trop considérable ; et d’une autre, le choix des individus peu propre à entretenir la bonne intelligence et l’harmonie nécessaires pour rendre le voyage agréables aux personnes et utile au progrès des sciences et des arts. » Thouin inscrit le caractère de Monge sur la liste les raisons qui le conduisent à refuser de prendre part à l’expédition : « […] enfin, sur le caractère de mon collègue Monge, dont les principes, soit en politique, soit en matière de sciences et d’arts, n’étaient rien moins que tolérants ; par toutes ces considérations, je me déterminai à répondre de manière évasive à toutes les propositions qui me furent faites pour prendre part à l’expédition qu’on préparait à Toulon. » THOUIN A. (1841), pp. 484-485.
[13] Voir la lettre n°119, dans laquelle Monge ne saisit pas encore l’enjeu de la prise des îles de Corfou, Zante, Céphalonie. Au sein des relations entre la France et l’Empire ottoman, l’idée d’une expédition en Égypte comme opération de prestige n’est pas nouvelle et assez répandue. (Fourier, J. [1809] (1821), « Préface historique », Description de l’Égypte ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l’expédition française. Pansckoucke, 1, ii). Des projets d’expédition en Égypte sont envisagés aussi comme une stratégie pour maintenir un équilibre commercial et territorial entre les grandes puissances européennes depuis le XVIIe siècle. Au cours des années 1780, les projets de conquêtes sont abandonnés au profit de politiques diplomatiques mises en oeuvrent au travers de la coopération technique et scientifique. (HITZEL F. (1999), « La France et la modernisation de l’empire ottoman à la fin du XVIIIe siècle », pp. 9-10.)
[14] Louis MONGE (1748-1827), sa femme Marie-Adélaïde DESCHAMPS (1755-1827) et sa belle-mère ? DESCHAMPS ( ? - ?). Louis e t sa femme habitent à l’extérieur de Paris. Voir la lettre n°135.
[15] Louise MONGE (1779-1874), Marie-Élisabeth Christine LEROY (1783-1856) appelée Paméla, nièce de Catherine HUART et Anne Françoise HUART (1767-1852) sa jeune sœur.
[16] Monge reste seul avec Bonaparte.
[17] Suivant les ordres de Bonaparte, Monge se rend à San Daniele del Friuli commune italienne de la province d’Udine. Sur le procès-verbal signé par Monge figure la liste des manuscrits saisis dans la bibliothèque publique de la Ville destinés à la Bibliothèque nationale : n°4 « Variorum sermones membraneus « (XIIème siècle), n°54 « Psalterium » (XIIème siècle), n°34 « Stus hieronymus » (XIème siècle), n°147 « Aesopi fabula » (XIIIème siècle) et sous le n°175 « Sti Isdori differentiarum liber » (XIIIème siècle), « Persius et Juvenalis » (XVème siècle), « Plini Historia naturalis » (XVème siècle), et trois volumes de Titus Livius (XVème siècle). Est aussi saisie une édition en onze volumes des œuvres de Francesco Filelfo publiée à Brescia en 1488. B.É.. Sur les cinq cents manuscrits saisis à Venise comme le stipule l’article 3 du Traité de Milan entre la France et Venise signé le 16 mai 1797 [27 floréal an V], voir les lettres n°114, 117, 118, 122, 123, 127, 128 130, et 140.
[18] Monge avait l’habitude de se faire accompagner de ses filles lors de ses tournées en tant qu’examinateur des aspirants de la Marine. Voir les lettres n°9 et 173. Monge est nommé à ce poste en octobre 1783 remplaçant Étienne Bezout, il démissionne en 1799 et propose son frère qui l’a toujours remplacé lors de ses missions. Voir les lettres n°26 et 204. Sur l’action de Monge à la Marine voir les lettres n°118, 127 et 132.
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Huart, Catherine (1748-1847)
[1] Souligné par Monge.
[2] Lors de la séance du 12 pluviôse an VI [31 janvier 1798], le Directoire énonce les tâches que doivent accomplir les commissaires. Ils ont pour instructions de remplacer le gouvernement actuel de Rome par un gouvernement représentatif ; de faire appliquer le projet de constitution de la République romaine adoptée par le Directoire, d’en obtenir l’adhésion de toutes les communes par des adresses au général en chef de l’armée d’Italie(voir la lettre n°154), de rédiger toutes les lois réglementaires qui leur paraîtront nécessaires pour la mise en activité de la constitution et de nommer les membres du Corps législatif, les Consuls et les fonctionnaires publics (voir la lettre n°156) en ne faisant paraître leurs décisions que sous le nom du général en chef. (PV du Directoire, t. IV, p. 65.) Sur les instructions données aux commissaires du Directoire voir les lettres n°145, 150, 154, 155, 157 et 163
[3] De Paris, le 25 pluviôse an VI [13 février 1798]. Monge sait qu’il s’agit de la première lettre parce que Catherine les numérote. Voir la lettre n°156.
[4] C’est précisément ce qu’exprime Catherine dans cette lettre en mentionnant une lettre qui n’a pas été conservée dans le corpus familial « J’ai reçu, Mon cher ami ta lettre de Côme, elle m’a fait d’autant plus de plaisir que je ne l’attendais pas […] ».
[5] L’inquiétude de Catherine porte autant sur la durée de la mission de Monge que sur ses conditions ; elle écrit le 25 pluviôse an VI [13 février 1798] : « Ne vous piquez pas de perfectionner le gouvernement romain car vous y passeriez votre vie, alors je ne te reverrais plus, je m’étais flattée que je te tenais pour toujours, mais je vois bien que le reste de ma vie ne sera désormais que provisoirement heureuse ; chaque jour je désire en voir la fin, c’est [toujours] un de passé. La vie passe vite comme cela sans avoir aucune jouissance et j’arriverai à son terme, désirant toujours l’abréger quand je suis loin de toi mais je laisse ce chapitre il me mènerait trop loin… » Monge est bien conscient que sa femme vit bien moins ce départ que le premier et ne cesse d’exprimer une réelle inquiétude au sujet de sa femme. Voir les lettres n°151, 153, 163, 167, 168, 173, 176, 181 et 182.
[6] André MASSÉNA (1758-1817) est chargé du commandement de l’Armée d’occupation de Rome en remplacement de Berthier. Cela provoque une insurrection de l’Armée de Rome contre son nouveau chef le 2 ventôse an VI [20 février 1798]. Masséna quitte Rome. Voir la lettre n°151 et les lettres n°150, 153, 155, 161, 162 et 163. Par des dépêches du 23 ventôse an VI [13 mars 1798], les commissaires informent le Directoire de l’état des choses : « Masséna vient d’arriver ici. Quels que soient les obstacles et les dégoûts que nous puissions éprouver, nous croyons pouvoir donner au Directoire exécutif l’assurance que ses intentions seront parfaitement remplies. Le retour du général Masséna nous avait été annoncé hier par le général Dallemagne, lequel a dit en présence de trois d’entre nous que ce retour avait été préparé par de l’argent rependu. » (PV du Directoire, t. IV, p. 18.)
[7] Anne-Germaine DUCHÉ (1762-1815) femme Guillaume-Charles de FAIPOULT DE MAISONCELLES, (1752-1817) ambassadeur à Gênes. Le 25 pluviôse an VI [13 février 1798], Catherine écrit à propos du couple : « Les journaux avaient annoncé depuis votre départ que Faypoult allait vous rejoindre à Rome, sa fe[mme] a prié quelqu’un d’aller s’en informer au Directoire, on lui a dit que le général B.[onaparte] l’avait demandé, mais que le Directoire avait décidé le contraire que sa démission était acceptée en des termes flatteurs qu’on le chargeait seulement avant son retour de Gênes de liquider la dette de la France avec cette ville c’est l’affaire d’une vingtaine de jours et il reviendra rejoindre sa fe[mme], ils sont bien heureux […]. » Faipoult ne rentre pas en France, après sa mission à Gênes il est chargé de surveiller les finances de l’armée française à Rome, puis celles de la République cisalpine à partir du mois de juin 1798. Faipoult participe aussi aux préparatifs de l’expédition d’Égypte. Il a pour instruction dès le 12 pluviôse an VI [31 janvier 1798] de recruter des matelots à envoyer à Ancône, en couvrant la dépense par les diamants saisis sur le pape, puis se rendre auprès de Berthier et conférer avec lui et les commissaires envoyés à Rome. (PV du Directoire, t. IV, p. 65.) Voir la lettre n°156.
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[1] Pour cette nouvelle mission en Italie, forte de l’expérience de la première correspondance échangée de mai 1796 à octobre 1797, Catherine numérote ses lettres et lui demande d’en faire autant dans ses lettres 2 et 3 : du 27 pluviôse an VI [15 février 1798] et du 4 ventôse an VI [4 mars 1798] : « Écris-moi souvent mon ami, numérote tes lettres, je verrai par là si elles me parviennent toutes, voilà ma seconde […]. » et « Numérote tes lettres je ne veux pas en perdre […]. »
[2] La différence de nature des activités de Monge et leur nombre (voir infra) par rapport à sa première mission déterminent une différence entre ses correspondances. Voir les lettres n°163, 171 et 182.
[3] Sur les instructions données aux commissaires du Directoire à Rome voir les lettres n°145, 150, 151, 152, 154, 155, 157, 160 et 163.
[4] Guillaume-Charles FAIPOULT DE MAISONCELLES (1752-1817). Voir les lettres n°152,
[5] Voir la lettre n°160.
[6] Monge ne dit rien de ses activités relatives à l’expédition d’Égypte (voir la lettre n°153) non seulement parce qu’il ne veut pas inquiéter sa femme (voir la lettre n°163) mais aussi parce qu’elle doit rester secrète (voir les lettres n°131, 153, 154, 157, 158, 163, 164, 171 et 177.)
[7] Le 27 pluviôse an VI [15 février 1798], Catherine exprime son inquiétude : « Je commence toujours ma lettre Mon cher bon ami, j’espérais en recevoir une de toi hier, je l’attends aujourd’hui avec bien de l’impatience, il est déjà midi, et je n’en ai pas encore. Suivant mon calcul, vous avez dû être à Lyon le 20, ou tu ne m’as pas écrit, ou il vous est arrivé quelques malheurs, rien ne transpire jusqu’à moi des affaires de Rome ; restés à Milan jusqu’à ce que vous soyez certains que l’armée soit entrée dans cette ville, n’allez pas vous livrer aux poignards de ces traitres, la sécurité du pape et du sacré collège me donne des inquiétudes pour vous, compte-t-il sur quelques secours étrangers ou met-il sa confiance dans la clémence des Français ? ma foi si je te tenais les affaires de ce pays ne me toucheraient guère, pourquoi faut-il que j’ai encore le malheur de te savoir là ? Il paraît que les dieux veulent changer de système, je vous exhorterais à ne rien faire de votre chef. Lorsqu’on ne fait qu’exécuter les ordres on a bien de la peine à se mettre à l’abri des reproches et souvent même des persécutions ; à plus forte raison lorsqu’on les passe, faites bien vite votre affaire et suivez ponctuellement vos instructions et revenez encore plus vite, nous gémirons ou nous nous réjouirons ensemble, des malheurs ou des succès des affaires, si jamais j’ai le bonheur de te voir rendu à tes anciennes occupations tous mes vœux se porteront pour le bien de la République et pour que tu n’en sois qu’un simple membre, s’il était possible ignoré du reste, excepté de nos amis vrais qui sont en petit nombre, ma misanthropie s’accroit tous les jours. Je vois tant d’intrigues et d’intrigants qu’en vérité un galant homme de bonne foi est toujours dupe de cette multitude qui ne pense qu’à elle et point du tout à la chose publique. » Voir la lettre n°90 sur la différence entre les acteurs de la Révolution.
[8] La position de Monge sur la possibilité et l’intérêt d’une révolution à Rome se modifie. S’il préconise d’abord une révolution après la rupture de l’armistice de Bologne par le pape en septembre 1796, (voir la lettre n°40), ses rencontres avec Bonaparte et les conditions diplomatiques et militaires le conduisent à être moins déterminé à ce sujet. Voir les lettres n°51, 53, 62, 63 et 65.
[9] Si l’entretien de l’armée d’Italie représente un coût important celui de l’expédition d’Égypte est considérable. C’est une des raisons pour laquelle les projets précédents ont été abandonnés. Voir les lettres n°154, 155 et 157.
[10] Un mois plus tard, le 8 prairial an VI [27 mai 1798], Monge est à bord de la frégate la Courageuse en route pour Malte. Voir la lettre n°187.
[11] Louise MONGE (1779-1874) et son mari Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824) ; Émilie MONGE (1778-1867) et Nicolas-Joseph MAREY (1760-1818).
[12] Louis-Bernard GUYTON DE MORVEAU, (1737-1816) directeur par intérim de l’École lors de la mission de Monge. Claude LERMINA (1749-1806) et Charles GARDEUR-LEBRUN (1744-1801) administrateurs de l’École. Catherine lui annonce dans sa lettre du 4 ventôse an VI [4 mars 1798] que le Directoire a accepté toutes ses demandes relatives à l’École avant son départ : Guyton est devenu directeur par intérim et Sganzin et Gay de Vernon sont nommés professeurs. (Voir les lettres n°145 et 146.) Catherine sert d’intermédiaire entre Monge et ses collègues de l’École parce qu’elle occupe le logement de fonction du directeur. Voir les lettres n°147, 151, 154, 156, 164, 167 et 177. Le 17 germinal an VI [6 avril 1798], en réponse à cette lettre du 7 germinal, Catherine donne des nouvelles de Guyton : « J’ai vu le citoyen Guyton deux fois depuis ton départ, il a beaucoup d’affaires, il est marié du 7 de ce moi avec la C.[itoyenne] Picarder. J’ai été leur faire mon compliment, on dit qu’il est malade d’un gros rhume, voilà que ce que c’est que de se marier. »
[13] Comme dans sa précédente mission (voir les lettres n°15, 17, 43, 77, 84, 87, 85, 103, 127 et 132), Monge ne cesse d’exprimer sa préoccupation au sujet de l’École malgré son absence. Il trouve un biais pour ne pas cesser de contribuer au perfectionnement de l’enseignement de l’École, il profite de ses missions en Italie pour acquérir de nouveaux ouvrages et de nouveaux instruments. Sur la préoccupation de Monge pour l’École polytechnique au cours de cette deuxième mission à Rome. Voir les lettres n°146, 153, 167, 168, 169, 170, 172, 175 et 185.
[14] François PEYRARD (1759-1822) bibliothécaire de l’École polytechnique. Voir la lettre n°185 et la note de la lettre n°26 sur les manuscrits du Vatican.
[15] Sa fille Louise et son mari Joseph ESCHASSÉRIAUX et sans doute aussi son beau- frère René ESCHASSÉRIAUX.
[16] Claude-Louis BERTHOLLET (1748-1822), sa femme Marie-Marguerite BAUR (1745-1829) et leur fils Amédée BERTHOLLET (1783-1811).
[17] Anne Françoise HUART (1767-1852), son mari Barthélémy BAUR (1752-1823) et leur fils Émile BAUR (1792- ?).
[18] Marie-Élisabeth Christine LEROY (1783-1856) appelée Paméla, nièce de Catherine HUART.
[19] Louis MONGE (1748-1827) épouse Marie-Adélaïde DESCHAMPS (1755-1827) en février 1796, Monge part en mission en Italie trois mois plus tard en mai 1796 et il n’a pas l’occasion de bien faire sa connaissance. Voir la lettre n°122. Louis Monge et sa femme habitent à la campagne à l’extérieur de Paris et ils viennent souvent séjourner chez Catherine à Paris.
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[1] Pierre-François BOUCHARD (1772-1832) polytechnicien participe à l’expédition d’Égypte.
[2] Sur la volonté et la nécessité de Monge d’être informé sur l’esprit public et l’actualité politique en France voir les lettres n°156, 160, 161, 163, 167, 168, 171, 176 et 177.
[3] Dominique-Joseph GARAT (1749-1833) il est ministre de la Justice et de l’Intérieur lors du ministère de Monge à la Marine en 1792 et 1793.
[4]Dominique-Joseph GARAT (1749-1833) il est ministre de la Justice et de l’Intérieur lors du ministère de Monge à la Marine en 1792 et 1793 et Jean-Nicolas PACHE (1746-1823). Voir la lettre n°167.
[5] Monge ici exprime bien la nouveauté de sa pratique scientifique. On comprend que les biographes s’étonnent lorsque sa femme, la première ne s’attendait pas à un tel parcours de la part d’un homme qui entamait une « carrière dans les sciences. » Elle le lui écrit clairement dans sa lettre du 8 floréal an VI [27 avril 1798] : « […] enfin mon ami tout a pris une face nouvelle depuis la Révolution, j’étais loin de m’attendre à ce changement, cela ne s’accorde guère, avec toutes tes promesses et désirs de ne plus nous quitter, je dis nous parce que je suppose au moins que tes enfants te sont encore chers, il n’ont pas démérité auprès de toi, ni moi non plus. Le temps seul fait mes torts, il n’est pas en mon pouvoir de les réparer ; reviens toujours je me trouverai bien heureuse et je ferai en sorte de te montrer que je ne suis pas insensible à ce sacrifice […]. » Être géomètre dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, c’est précisément voyager et c’est encore plus s’embarquer, se mettre en route pour la découverte. Même si ce caractère s’est intensifié au cours de la Révolution comme le souligne Catherine, Monge indique très précisément qu’il n’a pas attendu la Révolution pour devenir un géomètre ambulant, un « juif errant » comme il l’exprime alors sur la Courageuse en route vers Malte. Lorsque Monge est nommé examinateur de la Marine, il doit effectuer des tournées qui peuvent durer jusqu’à trois mois. Voir la lettre n°187. Monge à l’approche de son embarquement se plait à multiplier les références au monde de la mer. Sur le goût de Monge pour la mer et son enthousiasme à l’idée de participer non seulement à une campagne militaire, une expédition scientifique mais aussi une expédition maritime voir les lettres n°38, 176, 177, 180, 181 et 187.
[6] Le 1er prairial an VI [20 mai 1798],Catherine lui répond avec méfiance : « Ta lettre d’aujourd’hui me prouve que tu as le désir de rentrer dans tes foyers, ou tu ne me dis tout cela que pour me préparer à une plus longue absence. »
[7] Monge fait les mêmes vœux à la veille de son départ pour l’Égypte. Voir la lettre n°182.
[8] Lettre de Paris du 22 ventôse an VI [12 mars 1798].
[9] Monge fait semblant de ne rien savoir alors que dans sa lettre de Paris du 22 ventôse an VI [12 mars 1798] Catherine lui écrit : « […] je désire bien ton retour, Berthollet m’a dit hier que tu ne resterais pas longtemps là-bas, qu’il te verrait peut-être bientôt cette demi confidence a piqué ma curiosité, il n’a pas voulu la satisfaire, il m’a dit que c’était secret, pourvu que tu reviennes près de moi.[ …] si je savais le secret de Berthollet, je m’arrangerais en conséquence, si cela doit encore t’éloigner de l’École je m’en irai chez moi : il n’est pas naturel que je tienne la place de quelqu’un dans cette maison. Si tu ne dois pas y revenir de sitôt, si tu en sais quelque chose mande le moi et surtout des détails sur votre grande affaire. » La question du logement de la famille Monge à l’École polytechnique semble être utilisée par Catherine pour en savoir davantage. Elle cherche à obtenir des informations par tous les moyens auprès de Berthollet : le 17 germinal an VI [6 avril 1798] : « […] quelque soit le but de ce voyage, il ne peut être que fort long et dangereux, les bruits publics sur ce voyage sont la conquête de l’Égypte, d’autre le Canal de l’isthme de Suez… tout cela ne sont que des conjectures. Il ne transpire rien de positif. Berthollet est aussi discret qu’il faut l’être en pareil cas. J’ai eu beau lui faire boire du vin de champagne. Je n’ai rien obtenu. » À la réception de cette lettre de son mari le 1er prairial an VI [20 mai 1798] elle veut lui faire comprendre qu’il n’a plus besoin de lui mentir : « […] malgré ta discrétion à ne pas me parler de la grande Expédition, je sais que tu dois en être. ». Elle se montre par la suite très blessée par le silence de son mari sur sa participation à l’expédition. Voir les lettres n°163, 171 et 182.
[10] Marie-Marguerite BAUR (1745-1829) épouse de Claude-Louis BERTHOLLET (1748-1822)
[11] Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824) (dit « l’aîné »)
[12] René ESCHASSÉRIAUX (1754-1831).
[13] Louise MONGE (1779-1874) épouse Joseph Eschassériaux au retour de Monge de sa première mission en Italie le 11 brumaire an VI [1er novembre 1797]. Voir la lettre n°137.
[14] Émilie MONGE (1778-1867) et son mari Nicolas-Joseph MAREY (1760-1818)
[15] Le 22 ventôse an VI [12 mars 1798] Catherine lui écrit : « Tes collègues de l’École te font leurs compliments. Lermina continue à me bien traiter. » Logeant à l’École (voir supra), elle sert d’intermédiaire entre Monge et ses collègues de l’École. Voir les lettres n°147, 151, 154, 156, 160, 164, 167 et 177.
[16] Anne-Germaine DUCHÉ (1762-1815) femme de Guillaume-Charles FAIPOULT DE MAISONCELLES (1752-1817) et sa fille Charlotte-Germaine-Julie GRANDJEAN-DELISLE ( ?-1870). Les deux familles entretiennent de très bonnes relations. Voir les lettres n°3, 42 et 168.
[17] Marie-Adélaïde DESCHAMPS (1755-1827). jeune épouse de son frère Louis MONGE (1748-1827). Il supplée son frère en tant qu’examinateur de la Marine. Il effectue ainsi les tournées dans différents ports de France. Voir les lettres n°26, 177, et 204.
Bibliothèque centrale de l'École polytechnique / Centre de Ressources Historiques. (Palaiseau, France).
[1] Monge est préoccupé par le résultats des élections du 20 au 29 germinal an VI [9 au 18 avril 1798] pour le renouvellement du tiers du corps législatif (notamment après l’expérience des élections d’avril 1797 voir les lettres n°89, 90, 116, 118, 119), voir les lettres n°156, 160, 163, 164, 167, 176 et 177.
[2] Monge exprime à plusieurs reprises son ennui dans l’accomplissement de sa mission administrative et politique confiée par le Directoire. Voir les lettres n°151, 160, 163, 171 et 182. Catherine comme Monge fonde beaucoup d’espoir sur une élection au corps législatif pour permettre à son mari de rentrer à Paris (voir les lettres n°171 et 177).
[3] Monge souhaite poursuivre sa tâche à la direction de l’École polytechnique (voir les lettres n°127, 145 et 146) et la protéger des attaques (voir les lettres n°17, 43, 77 et 95). Comme dans sa précédente mission (voir les lettres n°15, 17, 84, 87, 85, 103, 127), Monge ne cesse d’exprimer sa préoccupation au sujet de l’École. Voir les lettres n°146, 151, 153, 156, 170 et 185.
[4] Dominique-Joseph GARAT (1749-1833) est envoyé comme ambassadeur à Naples en avril 1798.
[5] Louis-Charles-Antoine DESAIX (1768-1800) voir les lettres n°161 et 163.
[6] ? LACHAISE (17 ? - ? )
[7] Guillaume-Charles FAIPOULT DE MAISONCELLES (1752-1817) Monge a été son professeur et a étroitement collaboré avec lui en Italie. Les familles semblent entretenir de bonnes relations. Paméla et Louise sont amies avec sa fille adoptive Julie. Voir les lettres n°3, 42 et 164.
[8] Anne-Germaine DUCHÉ (1762-1815)
[9] Joseph Antoine FLORENS (1762-1842).
[10] Monge se montre attentif et prend garde de ne pas contrarier inutilement sa femme. Lors de cette mission il est beaucoup plus inquiet pour sa femme. Voir les lettres n°151, 153, 163, 167, 173, 176, 181 et 182.
[11] Monge est préoccupé par le résultats des élections du 20 au 29 germinal an VI [9 au 18 avril 1798] pour le renouvellement du tiers du corps législatif (notamment après l’expérience des élections d’avril 1797 voir les lettres n°89, 90, 116, 118 et 119 et les lettres n°156, 160, 163, 164, 167, 176 et 177. Le discours privé supplée le discours public des journaux, il faut prendre les informations auprès de personnes de confiance. Monge reçoit la même demande de la part de sa famille et de ses amis. Voir les lettre n°160 et 164.
[12] Dès son élection à la Convention en 1792 Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824) produit de nombreux rapports sur les subsistances, l’administration, la politique intérieure, la réunion de la Belgique à la France, la police et l’agriculture qui sont publiés dans Le Moniteur. Lors du renouvellement de son mandat législatif en avril 1797 il continue à présenter de nombreux rapports, projets de décrets sur les affaires coloniales. 51 de ses rapports, projets de décrets, discours, motions ou opinions, ont été imprimés par ordre de la Convention et du Conseil des Cinq-Cents, et de nombreuses publications notamment De la diplomatie, des droits des peuples, des principes qui doivent diriger un people républicain dans ses relations étrangères (an III). Voir la lettre n°177.
Bibliothèque centrale de l'École polytechnique / Centre de Ressources Historiques. (Palaiseau, France).
[1] Copie de la bibliothèque de l’Institut de France Ms 2192 sur laquelle est inscrit « Archives d’Alphonse Marey-Monge auquel Madame Monge l’a donnée. ». Une autre copie se trouve dans la B.E. T. III pp. 156-157.
[2] L’expédition d’Égypte est préparée dans le plus grand secret. C’est la première fois que Monge aborde le sujet avec sa femme alors que dès le 17 germinal an VI [6 avril 1798] . Voir infra et les lettres n° 131, 153, 154, 156, 157, 163, 164 et 177.
[3] Ce raisonnement de Monge donne beaucoup d’espoir à Catherine. Elle écrit de Paris le 16 floréal an VI [5 mai 1798] : « Que de plaisir ta lettre du 7 de ce mois, m’a fait mon cher bon ami. Je crois y entrevoir que tu reviendras près de nous quand tu sauras ta nomination au corps législatif, tu dois le savoir maintenant, tu as sûrement reçu ma lettre du 1er de ce mois, c’est un courrier extraordinaire qui te l’a portée il est parti la nuit du 1er au 2. Je te l’avais adressée à Rome, à tout hasard car je ne t’y croyais plus, mais comme ce courrier devait te voir quelque part que ce fut, j’espère que tu l’a eue, et que tu es en route pour revenir ; oh je ne te lâcherai plus j’ai frisé de trop près, une séparation qui pouvait être éternelle quelle situation ! aucun des voyageurs n’ont encore écrits, juge donc mon cher bon ami être des années sans savoir où tu serais ni ce que tu deviens quelle existence ! » Voir la lettre n°168.
[4] Claude-Louis BERTHOLLET (1748-1822). Voir la lettre n°174. Selon Catherine, Berthollet a plus de raison de s’embarquer pour l’Égypte que Monge. Sa participation à l’expédition semble plus déterminée par sa situation conjugale que par sa pratique scientifique. Elle écrit en réponse le 16 floréal an VI [5 mai 1798] : « […] tu n’as aucune raison de t’éloigner [de ta famille], si j’en juge d’après moi mon ami il me semble que tu ne dois pas être malheureux avec nous. » L’épouse du chimiste, Marie-Marguerite Baur, s’est confiée à Catherine et à Monge. Elle écrit à ce dernier le 30 germinal an VI [19 février 1798] : «J’ai sujet de croire, obligeant ami, d’après ce que vous avez bien voulu faire pour moi près de mon mari que vous ne serez point insensible à la nouvelle marque de confiance que je vous donne en vous faisant un récit succinct de notre existence respective. Il m’a quitté j’ai tout lieu de le croire plus occupé que jamais de l’adroite courtisane qui se fait donner de l’argent qu’elle doit toucher à volonté chez les [Donzonni] à Milan et autres galanteries à souhait que mon nigaud payera, je le crains, au dépend de dettes que nous venons de contracter de très bonne intelligence […], ayant emprunté à des personnes qui connaissent ses nouveaux goûts et qui s’apercevront que cela dérange l’ordre de mes finances si je ne rembourse pas promptement, ce qui sera infiniment humiliant pour tous deux, particulièrement pour moi ; il ne m’a laissé aucunement entrevoir que cela finirait, et j’ai bien sujet de craindre que cela ne nous mette pour la vie très mal à l’aise. Je n’ai point persisté dans le projet de séparation de bien, parce que je suis toujours première créancière, et que par là même je lui conserve ce qui nous reste, ce qui serait une faible ressource, mais un témoignage constant de l’attachement que je lui prouverai jusqu’à mon dernier moment. »
[5] Lors de sa première mission en Italie en tant que savant, menée au rythme des révolutions italiennes, des victoires et des stratégies diplomatiques du général Bonaparte. Les missions strictement politiques, administratives et institutionnelles ennuient Monge. Voir les lettres n°151, 160, 163, 168 et 182.
[6] Monge exprime à plusieurs reprises la différence entre ses lettres de la première mission en Italie et celles de cette dernière mission. Cela devient même un objet de la colère de Catherine dans ses deux lettres du 8 floréal an VI [27 avril 1798]. Voir les lettres n°163, 164 et 182.
[7] Monge emploie aussi le terme de « spectacle » lors du mouvement de révolutions stimulé dans les villes de la région de Modène. Voir la lettre n°35. Sur la nature grandiose de l’expédition voir les lettres n°131, 153, 163, 174, 176, 184 et 187.
[8] Le 16 floréal an VI [5 mai 1798], Catherine exprime en réponse une opinion bien différente sur l’expédition en utilisant la réflexion de Monge. Elle partage bien son avis selon lequel un tel projet s’adresse aux jeunes et cela lui permet de souligner que Monge n’a plus l’âge d’y participer. D’autre part elle semble aussi lui dire qu’elle a compris qu’il avait déjà participé à la conception et la préparation de ce projet et que cela devrait lui suffire : « […] je ne trouve rien de beau dans une chose que je ne connais pas, nous admirerons bien mieux ici ensemble les grandes et belles choses qui résulteront d’une expédition conçue par d’aussi grands génies, ce n’est pas à ton âge qu’on court tant de hasard surtout lorsque cela fait le malheur de sa famille […]. Voilà bientôt la 21e fois que les genets fleurissent depuis que j’ai le bonheur d’être avec toi il n’y a que tes absences qui m’ont paru longues le reste a passé comme un songe, viens finir le reste de notre carrière ensemble, nous ne nous apercevrons pas de la vieillesse qui arrive à grands pas… » Monge n’aime pas apprendre et découvrir seul et aime se faire accompagner d’un enfant lorsqu’il voyage. Cela apparaît à plusieurs reprises. Voir les lettres n°9, 20, 48 et 173. Il semble que pour « bien voir » Monge ait besoin de « faire voir ». L’acquisition et l’élaboration des connaissances sont étroitement liées à leur transmission. Après sa formation élémentaire en mathématiques chez les Oratoriens de Beaune et de Lyon, Monge poursuit son étude des mathématiques en même temps qu’il commence à les enseigner à Mézières à partir de 1766. Cette caractéristique de sa pratique de recherche permet de saisir la dynamique d’élaboration de son œuvre mathématique. C’est chez les Oratoriens de Lyon dès 1764 qu’il s’initie à cette pratique alors qu’encore élève il est chargé d’un enseignement de Physique. Elle est décrite clairement dans le « projet de Directoire à l’usage des jeunes régents » dont les copies ont été diffusées dans les collèges de 1720 à 1750 : « La congrégation de l’Oratoire emploie ordinairement ses élèves à étudier et enseigner les humanités [...] [parce qu’elle] est convaincue qu’en mêlant l’instruction à l’étude, on s’instruit mieux soi-même [...].» Cité dans COSTABEL P. (1986), « L’Oratoire de France et ses collèges », L’enseignement classique au XVIIIe siècle, Paris, Hermann, pp. 66-100, p. 72. (La copie citée appartient aux archives de l’Oratoire actuel à Montsoult (S.-etO.) Costabel indique en note qu’elle a appartenu à Michel Chasles et paraît dater de 1750.) On retrouve ce trait dès la fondation de l’École polytechnique en 1794 lorsque parmi les élèves les plus brillants sont choisis des « chefs de brigade » qui ont pour tâche de guider les autres élèves. TATON R. (1951), p. 39.
[9] Monge justifie son silence auprès de sa femme. Il n’en dit rien pour ne pas l’inquiéter mais c’est le contraire qui se produit : elle se montre particulièrement blessée par cette attitude. Voir les lettres n°163, 164 et 182.
[10] Les femmes des savants tout en connaissant les motifs qui déterminent l’action de leur mari expriment leur difficulté à se positionner comme eux dans ce temps accéléré et orienté vers le progrès et le bonheur futurs. Au sein de l’idée de progrès ce n’est pas le présent qui détermine le futur, mais le futur qui détermine le présent et le rythme. Les femmes revendiquent leur perception ancrée dans le présent qu’elles vivent. Elles en viennent même à penser que ce présent qu’elles subissent est déterminé par l’idée de progrès et les projets mis en œuvre pour les générations futures. Cela montre un décalage entre le temps de la science et le temps à dimension individuelle et personnelle. Marie-Marguerite Baur, la femme de Berthollet écrit à Monge le 30 germinal an VI (voir la lettre n°3) : « L’importance de l’expédition qui doit faire le bonheur de l’univers nous impose des sacrifices, et l’on dira je l’espère, que nous aussi nous avons bien mérité de la patrie. » Catherine à son tour de Paris le 20 brumaire an VII [10 novembre 1798], alors qu’elle ne reçoit pas de nouvelles de Monge, elle exprime son découragement en remettant en cause l’idée du bonheur collectif qui conduit à corrompre le bonheur individuel : « […] je ne sais si le bonheur que vous préparez à la génération future sera apprécié par elle ce qu’il aura couté de larmes et de chagrin à la présente, quant à moi et aux miens qui ne l’éprouverons jamais, je ne fais qu’un vœu c’est celui de te savoir heureux, il paraît qu’il ne sera pas exaucé et que je n’aurais jamais le bonheur de te revoir, encore si je recevais de tes nouvelles directes, je me trouverais heureuse mais je n’y compte plus. » Ainsi, Catherine refuse de partager l’enthousiasme de Monge pour un projet de conquête militaire et d’expédition scientifique Le 20 Prairial an VI [8 juin 1798], elle écrit : « Ces grandes choses sont au-dessus de ma sphère, les heureux résultats seront pour des gens qui ne sauront pas seulement si nous avons existé, ni combien ils auront coûté de larmes. » Elle tient tout de même à lui faire remarquer que c’est la première fois qu’elle est en désaccord avec son action en faisant valoir son bonheur personnel et qu’elle a non seulement soutenu son engagement révolutionnaire mais aussi partagé sa vision et son projet avant même 1789, elle écrit de Paris le 19 germinal an VI [8 avril 1798] « Jouissons du reste de vie que nous avons encore à parcourir, oublions ensemble tous les sacrifices que nous avons faits l’un et l’autre à notre patrie, que je suis prête à recommencer si les mêmes dangers existaient, car sur cela tu sais que nous n’eûmes jamais qu’un [avis], que mon amour pour la liberté a devancé la Révolution. Aujourd’hui que la République a triomphé de tous ces ennemis laisse à d’autres à agrandir ses ressources ne t’en mêle pas. ». Voir les lettres n°181 et 182.
[11] Louise MONGE (1779-1874) et son mari Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824) dit l’aîné afin de le différencier de son frère René ESCHASSÉRIAUX (1754-1831).
Bibliothèque de l'Institut de France (Paris).
[3] Émilie, comme sa mère, écrit à Monge en tentant de le dissuader de s’embarquer pour l’Égypte. Les arguments sont identiques : occuper son siège au Conseil des Anciens et ne pas faire souffrir sa famille. Le 29 Germinal [an VI] [18 avril 1798], elle lui écrit : « Ah mon cher papa combien ta dernière lettre m’a affectée ; je ne puis te rendre la peine qu’elle m’a faite, tu sembles croire que nous ne nous verrons plus, quel est donc ce fatal voyage ? ah mon cher papa conserve toi pour tes enfants et pour tous ceux qui t’aiment, n’entreprends rien qui puisse nous faire courir le risque de te perdre. Tu es nommé député à Dijon on dit même que tu l’es aussi à Paris. Tu vois que tes concitoyens te rappellent parmi eux d’ailleurs je viens de voir la liste des savants qui doivent partir avec toi un de plus ou de moins n’empêchera pas cette mission et puis tu seras bien plus utile dans ta patrie, on compte beaucoup sur toi pour organiser l’instruction publique. Ah j’espère que tu te rendras aux vœux de tes enfants et de tes concitoyens, que tu quitteras pour toujours cette maudite Italie et que pour toujours aussi tu seras dans le sein de ta famille. Je serai dans une bien grande inquiétude, jusqu’à ce que je sache ta décision. Ah si ton Émilie t’es chère, fais qu’elle soit en ta faveur, envisage mon cher papa quel plaisir nous aurions à nous revoir après avoir craint de ne plus jouir de ce bonheur ; lorsque j’ai reçu ta lettre je ne savais pas encore tu étais député, elle m’avait accablée, heureusement que j’ai reçu une heure après une lettre de mon mari qui me disait que ta nomination était sure. L’idée que tu accepteras m’a tranquillisée, mais, mon cher papa, qu’il me serait affreux d’apprendre le contraire. Mon mari n’a pas encore vu ta lettre il était à Dijon comme électeur et je l’attends aujourd’hui il m’a mandé qu’il t‘avait écrit il y a 2 jours pour t’apprendre cette nouvelle ; adieu mon cher papa réponds-moi sur le champ car je compterais tous les jours jusqu’à ce temps, mais surtout que tu rendes à ta famille et que tu lui ôtes l’inquiétude qu’une si longue absence lui donnerait. Adieu donc tes petits enfants et tes grands se portent bien et ils vivent dans l’espérance de te revoir bientôt. Ton Émilie. »
[4] Lors de ses tournées en tant qu’examinateur de la Marine, Monge avait pour habitude de se faire accompagner de ses filles Émilie et Louise MONGE (1779-1874). Sur l’attitude pédagogique de Monge envers ses enfants voir les lettres n°9, 48, 20, 131 et 171.
[1] Cette lettre est transcrite à partir de la copie Ms 2192 BIF. Le manuscrit ne figure pas dans le volume relié de la correspondance de Monge IX GM 1. Une note indique qu’une copie se trouve dans la B.E. T. III pp. 182-183.
[2] Bonaparte écrit à Desaix le 21 floréal an VI [10 mai 1798] : « Je suis depuis hier à Toulon, mon cher général. La division du général Reynier est partie hier soir de Marseille ; je l’attends ici à chaque instant dans la rade de Toulon. Je partirai sur le champ pour aller à la rencontre du général Baraguey d’Hilliers [dirige le convoi de Gênes], et de là passer entre l’île d’Elbe et la Corse, faisant route entre la Sicile et la Sardaigne. Nous vous enverrons prévenir par un aviso, afin que vous veniez nous rejoindre. Il faut donc que vous soyez en rade embarqués, afin qu’en quatre heures vous puissiez mettre à la voile. Si vous avez des avisos à votre disposition, vous pouvez envoyer reconnaître. Si le temps est bon, il est probabale que le 28 ou 29 nous passerons à votre hauteur. Vous ne recevrez cette lettre que le 27 : ainsi vous n’avez guère que vingt-quatre heures pour vous préparer. Tout le monde est rendu ici, et notre colonie de savants est en très bonne disposition. Saluez, je vous prie, Monge de ma part. Je vous salue et vous aime. » (2461, CGNB). Louis-Charles-Antoine Desaix (1768-1800). Voir les lettres n°174, 178 et 179.
[3] Catherine tente de suivre son conseil. Mais n’y parvenant pas, elle lui répond de Paris le 20 Prairial an VI [8 juin 1798] : « […] ta lettre du 28 que [je] n’ai reçue qu’hier, m’avait mise en gaieté, je crois qu’Émilie arrive aujourd’hui, et ton frère qui n’est parti de Toulon que le 28 qui m’a dit tous les détails qu’il a pu recueillir [sur] cette expédition Enfin tout m’avait fait entreprendre de t’écrire, et je m’aperçois que c’est comme le premier jour. D’ailleurs peut-être ne recevras-tu jamais ma lettre, où il y aura longtemps qu’elle sera écrite autre chose t’occupera […]. »
[4] Sur le goût de Monge pour la mer et son enthousiasme à l’idée de participer non seulement à une campagne militaire, une expédition scientifique mais aussi une expédition maritime, voir les lettres n°38, 176, 177, 180, 184 et 187. Catherine lui répond le 20 Prairial an VI [8 juin 1798] : « J’accepte toutes tes prophéties sur l’Expédition, je ne peux guère compter sur le temps il est trop variable, quant à ton bonheur qui ne t’a jamais quitté, il est confondu avec celui de tant d’autres que tu auras de la peine à le faire prévaloir, il ne faut qu’un moment pour qu’il t’abandonne… »
[5] Voir la lettre n°184. En réponse le 20 Prairial an VI [8 juin 1798], Catherine lui fait part des informations qu’elle a apprises, elle lui écrit : « […] ton frère dit qu’à Marseille surtout l’enthousiasme était extrême tous les négociants ont contribué à l’armement, ils croient déjà voir tous les trésors de l’Inde dans leurs ports, maudit or ! Combien de sacrifice et de malheur tu coûtes au genre humain. Il ne m’a pas dit qu’un bataillon de volontaires de soit formé à Bordeaux, il est vrai que je ne l’ai encore vu qu’une fois, j’étais ainsi que lui plus occupé de toi que de la flotte. […] Tout le monde ici se perd en conjecture. Chacun fait des vœux pour la réussite du grand projet que tous admirent sans savoir ce que c’est, on vous voit déjà en Égypte former une colonie, y établir les arts et les sciences, d’autres assurent que vous êtes maintenant à Malte, d’autres à Livourne que vous avez battu le lord St Vincent qui doit être dans les parages. Enfin les géants de la fable n’allaient plus vite que vous, les Argonautes vos prédécesseurs n’étaient que des enfants près de vous, je suis bien de leur avis, ce projet a été conçu par des hommes qui méritent la confiance de tous, tout le monde en a la plus grande idée, on ne doute nullement de la réussite, quant à moi j’attends en tremblant les 1ères nouvelles officielles que personne ne saura avant les conseils. »
Bibliothèque de l'Institut de France (Paris)
Huart, Catherine (1748-1847)
[1] Monge donne la même explication à Marey en soulignant lui-même la différence entre ses lettres de la première mission en Italie et celles de la dernière mission. Voir les lettres n°156, 163 et 171.
[2] Catherine écrit deux brèves lettres à Monge le 8 floréal an VI [27 avril 1798]. Dans ces deux lettres elle exprime clairement sa frustration et sa colère face aux non-dits de sa correspondance. La première est un ajout à une lettre de la femme de Berthollet, Marie Marguerite Baur (voir la lettre n°171). En lui indiquant qu’elle a été informée du projet de l’expédition peu de temps après son départ, elle lui reproche de ne pas l’avoir consultée pour prendre sa décision: « Je viens de décacheter cette lettre mon cher bon [ami] pour te dire deux mots. On dit que l’Expédition est retardée à cause des événements de Vienne. J’ai toujours une lueur d’espérance de te voir revenir au sein de ta famille, et, que tu laisseras aller ceux qui ne sont pas appelés à la législature, tu es nommé par plusieurs [départements], reviens donc répondre aux vœux de tes concitoyens et aux miens. Tes lettres guindées et laconiques m’affligent celle que j’ai reçue hier du 27 [lettre n°167] est encore plus sèche que les autres. Il y a longtemps que je présume que ta faiblesse te fera acceptée cette mission, tu m’aurais fait grand plaisir de m’en parler ouvertement et en raisonner avec moi. Peu de jours après ton départ, j’ai su cette expédition et le projet de t’y admettre. Je t’avoue que j’ai toujours compté que nous l’emporterions avec d’autant plus de raison qu’aucun motif ne peut exiger que tu fis ce voyage. » Elle écrit la deuxième lettre après avoir obtenu des informations, elle y pointe les incohérences entre ce que Monge lui décrit dans ses lettres et les échos des activités des autres commissaires qu’elle obtient auprès de leurs proches : « Je sors de chez la c[itoyenne] Faypoult, mon cher bon ami, elle m’a dit qu’il partait demain un courrier pour Rome à tout hasard je vais en profiter, pour te dire que tu es nommé à la législature par plusieurs département et que la grande expédition est retardée. Si tu persistes à vouloir en être, reviens au moins nous dire adieu. Tu en auras encore le temps, le C.[itoyen] Faypoult a eu le courage de refuser, mais toi, je vois par tes lettres, que tu es perpétuellement en contradiction avec toi-même, ta correspondance n’a pas eu le moindre intérêt [pour] ce voyage ci, en recevant tes lettres je voyais au moins que tu existais, c’est le seul plaisir qu’elles m’aient procuré. Tu dis que tu as tant d’affaires que tu n’as pas le temps de m’écrire plus au long, les autres mandent qu’ils n’ont rien à faire et qu’ils vont voir les choses curieuses de ce pays là qu’ils attendent leur rappel pour quitter Rome ; quant à moi je ne sais où tu es depuis le temps qu’on me dit que tu as quitté Rome tu devrais déjà être au Kamchatka. » Monge ne lui a jamais rien dit de ses activités relatives à la préparation de l’embarquement de Civita-Vecchia. À plusieurs reprises, Catherine souligne dans ses lettres que l’expédition doit être bien préparée en semblant sous entendre qu’elle sait aussi que son mari y participe activement. Voir la lettre n°164.
À la réception de cette lettre Catherine lui répond plus calmement le 20 Prairial an VI [8 juin 1798] : « Ce 20 prairial, j’ai reçu il y a deux jours, mon cher bon ami ta lettre du 1er de Civitavecchia. Je ne me rappelle pas de t’avoir fait de reproches par ma lettre du 8 floréal, ils n’ont dû porter que sur le parti que je supposais que tu n’avais pas encore pris entièrement de t’embarquer. Je cherchais à employer (comme tu le dis toi même) toute mon éloquence pour te ramener au sein de ta famille. Je n’ai rien obtenu, maintenant que tu es parti, je ne peux que faire des vœux pour ton retour. Je ne peux même pas te suivre dans ta course, ni me transporter en idée dans les lieux où tu es puisque ce mystère est impénétrable […]. […] je me repends bien de ne pas avoir été avec toi à Rome, je suis persuadée que je t’aurais empêché d’être de cette expédition ; malgré moi j’en reviens toujours à [ ?], en commençant ma lettre je me croyais gaie, et par conséquent aimable […]. »
[3] Cela lui pose aussi des difficultés lors de sa mission auprès de la République de Saint-Marin. Voir la lettre n°58. Catherine lui répond de Paris le 20 Prairial an VI [8 juin 1798] : « Tu as toujours été mauvais écuyer, le cheval t’a fait mal toutes les fois que tu venais me voir à Rocroy, je me rappelle encore ces temps heureux avec délices, ils sont bien changés, ce ne sont pas des reproches, ce sont des souvenirs qui m’aident encore à supporter ton absence […] ».
[4] Catherine lui répond le 20 Prairial an VI [8 juin 1798] : « […] je te remercie de l’argent que tu m’envoies, tu le trouveras à ton retour si j’ai ce bonheur, il m’aura couté bien cher, tu aurais dû le garder, quelquefois avec beaucoup d’argent on se tire de grands dangers, je n’en ai nul besoin, ma dépense est ici peu considérable, ce n’est pas l’argent qui me rend heureuse. »
Bibliothèque centrale de l'École polytechnique / Centre de Ressources Historiques. (Palaiseau, France).
Huart, Catherine (1748-1847)
Depuis le 3, ma chère amie, que la dernière demi-brigade qui doit faire partie de l'expédition est rendue au port,[1] nous n'étions jamais un quart d'heure sans faire le tour de l'horizon avec nos lunettes, pour observer si l'aviso qui devait nous apporter notre rendez-vous n'arrivait pas. Il y avait toujours un de nos jeunes gens perché au plus haut de la maison pour avertir de tout ce qui paraîtrait, et dès qu'il apercevait une voile, nos marins exercés s'empressaient de décider si c'était un bâtiment de guerre ou une embarcation marchande. C'était à peu près comme sur le vaisseau de l'amiral Anson où l'on ne rêvait que galion, nous ne parlions que de l'aviso.[2] A chaque instant, il y avait de petits paris ouverts, qui étaient jugés dès que l'on apprenait assez de la voilure du navire pour prononcer sur sa forme et sur sa destination. Enfin, hier soir, pendant le dîner, ayant toujours les yeux sur la route que devait suivre l'aviso, nous vîmes paraître les voiles du perroquet d'un bâtiment ! On ne pouvait pas encore juger ni sa direction, ni sa nature et il n'y eut qu'un cri : L'aviso ! A tout moment, nous quittions nos serviettes pour aller nous arracher la lunette les uns aux autres, et à mesure qu'on découvrait plus de la voilure, les paris se multipliaient. Mais le soleil se coucha bientôt et le crépuscule qui est plus court dans ce pays-là qu'il ne l'est à Paris ne permit pas d'être parfaitement assuré de notre bonheur. La joie ne fut pas complète. Ce bienheureux bâtiment que l'obscurité de la nuit nous avait fait perdre de vue était en effet l'aviso, qui est entré dans le port à minuit et qui nous a apporté le rendez-vous tant désiré. Nous allons donc mettre à la voile, ma chère amie, et celle-ci sera la dernière que je t'écrirai d'Europe. Tu ne te fais pas idée de l'effet de la multitude sur chaque individu. Dans le commencement, les officiers, les soldats n'étaient pas trop contents de se mettre en mer et cette destination ne les flattait pas infiniment. Mais peu à peu l'esprit se monte ; hier tout le monde jurait contre l'aviso qu'on ne voyait pas encore ; on l'attendait comme le Messie et aujourd'hui c'est une joie générale. Jusqu'au dernier soldat, tout le monde est content de quitter l'Italie que nous avons épuisée et d'aller moissonner d'autres champs de gloire, car le régime des armées françaises n'est pas comme celui de bien d'autres ; ce n'est pas tant que du pain, du vin, de la viande ; il leur faut encore de la gloire et dès que cette denrée manque, elles s'ennuient. Hier en feuilletant mon portefeuille, j'ai trouvé une petite commission qu'Alexandre m'avait donnée à faire à Rome pour la citoyenne Sinety.[3] Elle consistait en acquisition de quelques bijoux et je ne l'ai pas faite. J'ai écrit au citoyen Faipoult, je lui ai envoyé la note d'Alexandre, et je l'ai prié de faire la commission et de prendre l'argent sur les fonds que je lui ai laissés. La première fois que tu écriras à Huart[4] et à Alexandre, tu leur feras mes compliments et tu me recommanderas à leur souvenir.
On me fait à bord une petite chambre que je n'ai pas encore vue et où l'on dit que je serai très bien. Là je t'écrirai tous les jours, ne dut-ce être qu'une ligne par jour car les événements seront d'abord nuls, et dès qu'il se présentera une occasion pour la France, j'aurai toujours une lettre toute prête à en profiter.
Adieu, ma chère amie, compte sur le plus tendre attachement de ma part et sois sûre que tu seras toujours présente à mon esprit. Prête-toi à la dissipation ; porte-toi bien et rêve au plaisir que nous aurons de nous rejoindre.
[Monge]
[2] George ANSON (1697-1762), amiral anglais. Monge utilise déjà cette comparaison en Italie alors qu’ils attendent la reddition de Mantoue. Voir lettres n°45 et 48.
Huart, Catherine (1748-1847)
[2] Ce n’est finalement que le Le 21 prairial [9 juin 1798] au soir que le convoi de Civitavecchia rejoint la grande flotte de Bonaparte. (Voir infra.)
[4] Il ne doit pas s’agir de l’ami de Monge, le mathématicien Alexandre-Théophile (1735-1796) VANDERMONDE mais du médecin Charles-Augustin VANDERMONDE (1727-1762). Il est l’auteur d’un Dictionnaire de Médecine publié en 1760. C’est sans doute dans cet ouvrage que Monge a eu connaissance du remède contre le mal de mer.
[6] Auguste François Marie COLBERT DE CHABANAIS (1777-1809). Colbert est l’aide de camp du général Murat. Voir infra.
[9] Les conditions météoroligiques empêchent l’avancée rapide et groupée du convoi et cela dès le début de la traversée.
[11] Antoine-Marie CHAMANS DE LAVALETTE (1769-1830) n’est pas l’aide de camp de Murat mais de Bonaparte.
[12] La nuit du 12 au 13 prairial. (Voir supra.) La référence à Pénélope exprime clairement le sentiment d’avancée et de régression que Monge ne cesse d’avoir et qui traduit aussi son impatience. La référence biblique et celle à l’Odyssée montrent une fois encore l’enthousiasme de Monge à s’embarquer pour une longue traversée mais aussi la haute idée qu’il s’en fait.
[13] Alors que Monge est impatient à l’idée d’être en arrière par rapport à la flotte de Bonaparte, ils arriveront à Malte les premiers (voir infra « le 18-19 »)
[14] Monge exprime à plusieurs reprises le caractère ambulant de ses activités. Il apparaît ainsi comme un nouveau type de géomètre. Voir aussi la lettre n°164 dans laquelle il se compare à un marin.
[15] Catherine n’a pas été facile à séduire, ni à convaincre. Ce qui est rapporté par les biographies d’après le récit d’Arago n’est pas de l’ordre du conseil. Il est écrit que pour finir de la convaincre alors qu’elle s’inquiétait de lui imposer les ennuis causés par la liquidation compliquée de ses forges, Monge lui répond : « Ne vous arrêtez pas, Madame, à de pareilles vétilles ; j’ai résolu dans ma vie des problèmes bien autrement difficiles ; ne vous préoccupez pas non plus de mon peu de fortune ; veuillez m’en croire les sciences y pourvoiront. » ARAGO F. [1853] (1965), p. 34. Sur le début des amours entre Catherine et Gaspard, voir infra passage du « 25 prairial [13 juin 1798] ».
[16] François de CHASSELOUP-LAUBAT (1754-1833) général de brigade du Génie de l’Armée d’Italie. Il épouse en 1798 Anne-Julie FRESNEAU ( ? -1848). De Paris le 30 germinal an VI [19 avril 1798], Catherine ne manque pas de donner l’exemple de Chasseloup qui selon elle a refusé de partir à la demande de sa jeune femme. Catherine cherche aussi à combattre l’idée que Monge est indispensable à la réalisation et à la réussite d’un projet révolutionnaire : « […] tu m’aurais fait bien plus de plaisir mon cher ami de me parler franchement, que de me dire un mot dans tes deux dernières lettres, qui m’ont laissé voir toutes tes faiblesses ; on t’a surement dit que cela n’irait pas sans toi, eh bien n’en crois rien cela ira de même, quand il y a 150 individus, qui s’occuperons de la même chose un de plus ou de moins n’y fait pas grand chose, eut-il encore mille dois plus de mérite et d’activité que toi, le général Chasseloup qui devait être du voyage, s’en est retiré il y a huit jours à la sollicitation de sa petite femme qu’il aime, il a écrit au général pour se dégager voyant qu’on ne lui faisait pas de réponse il est allé la chercher, on l’a chambré, on lui a dit qu’il perdait tout le fruit de ses campagnes d’Italie, on l’a cru battu, deux jours après il a écrit de nouveau avec prière de ne plus lui en parler, il y est allé le lendemain avec sa femme, on ne lui a rien dit là-dessus, ni lui non plus, ils sont fort contents l’un et l’autre du parti qu’ils ont pris, il n’en est pas mort, il fera autre chose pour la république, on peut la servir sans aller courir les mers quand on n’a pas été élevé pour cela […]. »
[17] C’est le13 qu’ils sont à Malte. Voir infra passage du « 25 prairial [13 juin 1798] ». Le 12 juin est la date anniversaire de leur mariage et la fleur de genêt le leur rappelle. Voir les lettres n°8, 107 et 181.
[18] Monge exprime à plusieurs reprises de l’inquiétude dans le récit de la traversée et sa fille Louise y répond dans sa lettre de Paris, le 21 prairial [9 juin 1798] : « […] vous deviez être bien inquiets de ne pas voir paraître la flotte de Bonaparte mais heureusement tout s’est terminé à l’avantage de la république à votre satisfaction et à celle de tous ceux qui s’intéressent à vous. »
[21] Louis Marie Maximilien de CAFARELLI DU FALGA (1756-1799) général de brigade, commandant du Génie à l’armée d’Orient.
[22]Jean Honoré dit Horace SAY (1771-1799), officier du génie élève de Monge et professeur à l’École polytechnique commandant du génie et chef d’état major du général Cafarelli, il est mort des suites d’une blessure reçue au siège de St-Jean d’Acre. [note sur la copie de la B.I.F.]
[24] François BERGE (1779-1832) élève polytechnicien de la première promotion. Catherine écrit de Paris le 18 floréal an VI [7 mai 1798] : « Je profite encore mon cher ami de l’occasion de Berge pour t’engager à venir prendre ton poste au corps législatif, tu ne peux t’imaginer jusqu’à quel point je te saurais gré de ne pas faire ce voyage que surement je trouverais bien plus beau et bien plus utile quand tu n’en seras plus. Adieu mon ami je t’embrasse tant que [ce] fatal vaisseau ne sera pas parti je conserverai toujours l’espoir de te revoir.] » Catherine Monge écrit une série de lettres depuis mars 1798 afin de dissuader son mari de prendre part à l’Expédition. Elle exprime sans retenue son désaccord et son profond chagrin en le priant de s’en entretenir avec elle ouvertement.
[25] Louis MONGE (1748-1827) qui remplace son frère et effectue la tournée d’examinateur de la Marine.
[28] Louise écrit en réponse dans de Paris, le 21 prairial [9 juin 1798] : « Eschassériaux [député aux Cinq-Cents et mari de Louise] n’a pas encore lu tes lettres il a appris avec bien du plaisir la prise de Malte et a fait un petit discours au conseil pour demander qu’il décrète que l’armée a bien mérité de la patrie mais c’est toujours la même chose et c’est une bien petite récompense pour tous les services qu’elle nous rend. »
[29] Antoine Étienne TOUSARD (1751-1813) commandeur et servant d’armes. Ingénieur de l’Ordre de Malte. Il quitte Malte et s’embarque avec Bonaparte pour l’Égypte.
[31] Jean-Baptiste Pierre BOUDET (1748-1828), pharmacien en chef attaché à la commission des sciences et des arts.
[33] Jean-Marie-Joseph COUTELLE (1748-1835). Attaché à la commission comme officier d’aéronautique pour fabriquer des ballons.
[34] Louise MONGE (1779-1874), son mari Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824) et son frère René ESCHASSÉRIAUX (1754-1831).
[35] Anne Françoise HUART (1767-1852), jeune sœur de Catherine HUART et son mari Barthélémy BAUR (1752-1823) et leur fils Émile BAUR (1792- ?).
[36] Marie-Élisabeth Christine LEROY (1783-1856) appelée Paméla, nièce de Catherine HUART et Louis MONGE (1748-1827) et Marie-Adélaïde DESCHAMPS (1755-1827). Louis remplace son frère à son poste d’examinateur de la Marine. Monge démissionne en décembre 1799 en proposant son frère Louis qui l’a toujours remplacé lors de ses missions. Voir les lettres n°26, 177 et 204. Sur Monge examinateur de la Marine voir les lettres n°2, 9, 131 et 173.
[38] Monge insiste sur la nature grandiose de ce qui est entrepris avec l’expédition d’Égypte. Voir les lettres n°153, 163, 171, 174, 176 et 184.
[39] C’est en fait le 13 juin. Le 12 juin est la date anniversaire du mariage de Monge et Catherine. Le 12 juin 1795 Monge est à Aulnay chez Berthollet. Après les journées de Prairial, le 29 mai 1795 Monge est obligé de quitter Paris et de se cacher (voir la lettre n°1). Le 12 juin 1796 il est à Milan (voir la lettre n°8). Le 12 juin 1797 il est sur la route de Naples. Voir infra et la lettre n°107.
[40] Le début des amours entre Catherine Huart, la jeune veuve du maître de forges Horbon, et Monge, le professeur de l’École du génie, a occupé la petite société de Rocroi et de Mézières. Plusieurs anecdotes sont attachées au récit de leur rencontre. Il est d’abord raconté que dans un salon de Mézières un homme éconduit par la belle et farouche Catherine se vante de colporter des rumeurs afin de l’empêcher de pouvoir se marier avec un autre. Le sang de Monge ne fait qu’un tour, le géomètre s’élève contre tant d’injustice et défend la jeune femme, sans même la connaître, d’une « voix retentissante » (de Launay L. (1930), p. 20.) ou d’une « gifle retentissante » (Cartan E. (1947), p. 11.) Aubry diffère des autres biographes en indiquant que Monge connaît déjà Catherine lors de cet événement. Et cela va lui permettre de la conquérir définitivement. Ils se rencontrent la première fois chez Tisseron ami de Monge à Mézières. Monge commet la maladresse de l’embrasser comme toutes les autres personnes présentes. Mais à la différence de Monge, elle les connaissait déjà. Catherine le prend alors pour un « viveur » et un « libertin » (Aubry, P. V. (1954), p. 29.) Rassurée, elle accepte enfin une invitation de Monge, mais un de leurs amis fait alors une « farce douteuse : s’étant emparé des socques qui avaient protégé les fines chaussures de Mme Horbon, il les glissa sous le lit de Monge, en disant que c’était parce qu’on y trouverait un jour les pantoufles de la belle invitée. Celle-ci, apprenant la plaisanterie, jura que son hôte pourra attendre bien longtemps une telle éventualité. » (Aubry, P. V. (1954), p. 29.) C’est ainsi que lorsqu’elle apprend comment Monge a défendu son honneur, il obtient un mot d’introduction pour visiter les forges de Catherine. On imagine facilement quel enthousiasme animait Monge pour se rendre à un tel rendez-vous !
[2] Du 24 décembre 1798 [4 nivôse an VII] au 7 janvier 1799 [18 nivôse an VII], accompagné par Monge, Berthollet, Bourrienne et Dufalga, Bonaparte effectue avec une excursion à Suez afin d’étudier la restauration du canal entre la mer Rouge et le Nil et de prémunir par des fortifications la route de Syrie.
[3] Louise épouse le 1er novembre 1797 Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824) (voir la lettre n°137), député très actif et productif notamment dans la rédaction de travaux parlementaires sur la colonisation (voir la lettre n°177).
[5] Monge fait référence à la défaite navale française sous le commandement de François Paul de BRUEYS D'AIGALLIERS (1753-1798) en rade d’Aboukir le 14 thermidor an VI [1er août 1798] contre la flotte britannique menée par l’amiral Nelson. Voir la lettre n°196. Monge cherche à montrer que cette défaite pouvait être évitée et qu’elle n’est pas le résultat de la mauvaise posture de la France ni même de sa faiblesse. Selon Monge, c’est une erreur de jugement personnel qui en est à l’origine.
[6] Après la cuisante défaite navale, Monge rappelle les talents militaires de Bonaparte. Il semble important pour Monge de rassurer Eschassériaux et par son intermédiaire les hommes politiques restés à Paris. Bonaparte est le même général victorieux qu’en Italie. Monge tient à ce que l’image du jeune général ne soit pas écornée.
[8] Monge détermine précisément les limites de diffusion de ses lettres, sachant qu’elles peuvent être publiées. Voir la lettre n°196.
[9] TIPOO SAHIB (1749-1799) sultan de Mysore, opposé aux Anglais et prêt à collaborer avec les Français.