Jaffa (Israël)
[4] Le siège de Saint-Jean d’Acre commence neuf jours plus tard le 29 ventôse an VII [19 mars 1799] et se termine le 21 floréal an VII [10 mai 1799] sur l’échec de Bonaparte.
[5] AHMED DJEZZAR (1735 ?-1804) à la tête des armées ottomanes en décembre 1798 pour chasser les Français hors d’Égypte.
[6] Cette lettre est transcrite à partir d’une copie (Ms 2192 BIF) sur laquelle ne figure pas le dessin. Il n’a donc pas pu être reproduit.
[7] Cette pièce n’a pas pu être identifiée. Monge a déjà signalé un sarcophage et demandé son transport. Lors de la troisième séance de l'Institut, le 16 fructidor an VI [2 septembre 1798]. Monge signale l’existence, au lieu-dit « le Sazar », d’un sarcophage recouvert intérieurement et extérieurement de hiéroglyphes et, à la Citadelle, celle d’un seuil de porte formé d’un fragment d’obélisque en basalte. Il en demande le transport « dans le local de l’Institut puis en France, quand ce sera possible » (cité par Michel Dewachter, « Du Texte au Signe. La pierre de Rosette et les premières collections d’antiquités égyptiennes », Bull. de la Société française d’égyptologie, n° 146 (octobre 1999), 25-58: citation p. 46; Jean-Edouard Goby, « Premier Institut d'Égypte. Restitution des comptes rendus des séances », Mémoires de l'Académie des inscriptions des des belles-lettres, nouv. sér., t. VII (1987), n° 035). Renseignements communiqués par P. Bret.
[2] Du 24 décembre 1798 [4 nivôse an VII] au 7 janvier 1799 [18 nivôse an VII], accompagné par Monge, Berthollet, Bourrienne et Dufalga, Bonaparte effectue avec une excursion à Suez afin d’étudier la restauration du canal entre la mer Rouge et le Nil et de prémunir par des fortifications la route de Syrie.
[3] Louise épouse le 1er novembre 1797 Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824) (voir la lettre n°137), député très actif et productif notamment dans la rédaction de travaux parlementaires sur la colonisation (voir la lettre n°177).
[5] Monge fait référence à la défaite navale française sous le commandement de François Paul de BRUEYS D'AIGALLIERS (1753-1798) en rade d’Aboukir le 14 thermidor an VI [1er août 1798] contre la flotte britannique menée par l’amiral Nelson. Voir la lettre n°196. Monge cherche à montrer que cette défaite pouvait être évitée et qu’elle n’est pas le résultat de la mauvaise posture de la France ni même de sa faiblesse. Selon Monge, c’est une erreur de jugement personnel qui en est à l’origine.
[6] Après la cuisante défaite navale, Monge rappelle les talents militaires de Bonaparte. Il semble important pour Monge de rassurer Eschassériaux et par son intermédiaire les hommes politiques restés à Paris. Bonaparte est le même général victorieux qu’en Italie. Monge tient à ce que l’image du jeune général ne soit pas écornée.
[8] Monge détermine précisément les limites de diffusion de ses lettres, sachant qu’elles peuvent être publiées. Voir la lettre n°196.
[9] TIPOO SAHIB (1749-1799) sultan de Mysore, opposé aux Anglais et prêt à collaborer avec les Français.
Le Caire (Égypte)
[3] IBRAHIM BEY (1735-1817). Le 8 fructidor an VI [25 août 1798], Desaix commence la campagne en Haute-Égypte à la poursuite de Mourad-Bey après la bataille des Pyramides du 3 thermidor an VI [ 21 juillet 1798]. Desaix sort victorieux de son combat avec Mourad Bey à Sediman le 16 vendémiaire an VI [7 octobre 1798]. Voir les lettres n°192 et 193.
[7] Monge publie une « Observation de la fontaine de Moyse » dans la Décade égyptienne, t. 3. pp. 272-277.
[9] Leur fille aînée Émilie MONGE (1778-1867) et son mari Nicolas-Joseph MAREY (1760-1818) ; leur fille cadette Louise MONGE (1779-1874) et son mari Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824).
[10] Le frère de Gaspard Louis MONGE (1748-1827) et sa femme Marie-Adélaïde DESCHAMPS (1755-1827) ainsi que la sœur de Catherine, Anne Françoise HUART (1767-1852) et son mari Barthélémy BAUR (1752-1823).
Huart, Catherine (1748-1847)
[3] Voir les lettres n°192 et 195. Monge présente une position contraire à celle de Bonaparte sur la question du respect des usages et des mœurs des peuples conquis. Cette différence éclaire le rôle mineur que Bonaparte donne à la réforme des esprits et à l’enjeu des réformes culturelles et institutionnelles envisagées par les savants. De Passeriano, le 16 vendémiaire an VI [7 octobre 1797], le général écrit à Talleyrand, ministre des relations extérieures : « Je n’ai point eu, depuis que je suis en Italie, pour auxiliaire l’amour de la liberté des peuples et de l’égalité, ou du moins cela a été un auxiliaire très faible. Mais la bonne discipline de notre armée ; le grand respect que nous avons tous eu pour la religion, que nous avons porté jusqu’à la cajolerie pour ses ministres ; surtout une grande activité et promptitude à réprimer les malintentionnés et à punir ceux qui se déclaraient contre nous, tel a été le véritable auxiliaire de l’armée d’Italie. Voilà l’historique, tout ce qui est bon à dire dans des proclamations, des discours imprimés, sont des romans. » (2149, CGNB). Voir DUPOND M. (2014).
[5] Défaite navale française sous le commandement de François Paul de BRUEYS D'AIGALLIERS (1753-1798) en rade d’Aboukir le 14 thermidor an VI [1er août 1798] contre la flotte britannique menée par l’amiral Nelson. (Voir la lettre n°198.)Les Français débarquent près du port d’Alexandrie le 13 messidor an VI [1er juillet 1798]. Voir la lettre n°192.
[6] FERDINAND IV, roi de Naples et de Sicile (1751-1825). Sur la création de la République romaine et la mission de Monge, commissaire de la République à Rome en février 1798, voir les lettres n°145, 150, 152, 154, 155, 156, 157, 160 et 163.
[8] Joseph-Jérôme LEFRANÇOIS DE LALANDE (1732-1807). Astronome et membre de l’Institut, célèbre pour son goût de l’exhibition. Voir les lettres n°17 et 39.
[9] Du mariage de Louise MONGE (1779-1874) avec Joseph ESCHASSÉRIAUX (l‘aîné) (1753-1824) le 1er novembre 1797 naît Lucile-Eugénie ESCHASSÉRIAUX (1798-1867) à Paris le 1er août 1798. Voir la lettre n°198.
Le Caire (Égypte)
[8] Étienne Louis MALUS (1775-1812) et François BERGE (1779-1832) polytechniciens de la première promotion.
[11] Monge pense que les Français ont été trop respectueux des mœurs et des usages des Égyptiens. Voir la lettre n°196.
Bibliothèque centrale de l'École polytechnique / Centre de Ressources Historiques. (Palaiseau, France).
[1]Après la défaite navale d’Aboukir le 14 Thermidor an VI [1er août 1798], l’Angleterre reprend une position dominante en Méditerranée. Catherine reçoit cette lettre et la suivante du 29 vendémiaire (lettre n°193) en décembre 1798, elle y répond de Paris le 6 nivôse an VII [26 décembre 1798] : « Je viens enfin de recevoir de tes nouvelles, mon cher bon ami, des 28 et 29 vendémiaire dernier, je n’en ai pas eu une seule fois depuis ton arrivée en Égypte. ». Voir la lettre n°196.
[4] Jean-Simon CHAMPY (1778-1845) en 1800, il n’est plus seulement une connaissance ni un ami de la famille mais il en devient membre en épousant Marie-Élysabeth-Christine LEROY appelée Paméla, nièce de Catherine Huart (1783-1856). Nombreux sont les membres de la campagne et de l’expédition d’Égypte qui souffrent de problèmes ophtalmologiques. Cela fait d’ailleurs l’objet d’une « Notice sur l’Ophtalmie régnante », par le citoyen BRUANT, médecin ordinaire de l’Armée publiée en 1798 dans le premier volume de La Décade Égyptienne (pp. 58-63). Cette notice est tirée de la correspondance du médecin Bruant avec le médecin en chef de l’armée Desgenettes.
[5] La victoire du général Victor Emmanuel Leclerc (1772-1802) à El-Khanqah, près du Caire, le lendemain de la défaite d’Aboukir, le 15 thermidor an VI [2 août 1798] ; le 23 Thermidor [10 août 1798], un petit détachement français réussit une retraite héroïque à Mansourah (entre Le Caire et Damiette), face à plus de 3000 soldats
[8] Le 8 fructidor an VI [25 août 1798], Desaix commence la campagne en Haute-Égypte à la poursuite de Mourad-Bey après la bataille des Pyramides du 3 thermidor an VI [ 21 juillet 1798]. Desaix sort victorieux de son combat avec Mourad Bey à Sediman le 16 vendémiaire an VI [7 octobre 1798]. Voir les lettres n°193 et 197.
[9] IBRAHIM BEY (1735-1817) Mamelouk. L’arrivée impromptue des troupes napoléoniennes font fuir Ibrahim-Bey de la ville de Salahieh accompagné de son arrière-garde, composée d'environ mille mamelouks. Un escadron de cavalerie fonce sur les mamelouks qui se battent avec courage. Le 3e régiment de dragons venu en renfort force les mamelouks d'Ibrahim-Bey à s'enfoncer dans le désert. Ibrahim-Bey séjourne à Qatyeh puis Al-Arish pour arriver en Syrie.
[10] Le divan général tient sa première séance le 16 vendémiaire an VII [ 7 octobre 1798]. Monge a été chargé de rédiger une adresse au peuple d’Égypte. Cette adresse ne satisfait pas Bonaparte et fut remplacée par une autre que l’on fait voter le 18 octobre 1798. Bonaparte écrit à Monge et Berthollet en tant que commissaires près le divan général le 27 vendémiaire an VII [18 octobre 1798] : « J’ai reçu la réponse que m’a faite le divan aux différentes questions que je lui avais proposées. Remerciez le divan du zèle qu’il a mis dans ce travail. Dites au divan qu’il serait bon de faire un règlement pour déterminer, d’une manière invariable, les droits que les cadis et leurs subalternes doivent retirer des procès. Priez-le de nommer une commission pour proposer ce règlement. Faites-lui connaître que je désirerais qu’il fît une adresse aux habitants du pays, pour leur faire sentir combien il est essentiel qu’ils ne prêtent pas l’oreille à des propos vagues et semés à dessein par leurs ennemis sur l’arrivée des mamelouks ; cela ne sert qu’à irriter les Français et à causer la ruine des villages. Qu’il leur conseille de fermer l’oreille à ces bruits perfides et sans fondement ; qu’ils prêtent obéissance, vivent en bonne harmonie avec les Français, et réunissent tous leurs efforts aux leurs pour réprimer les Arabes voleurs et les empêcher de dévaster les campagnes et de vexer les malheureux Français. Qu’il leur dise aussi que nous sommes des gens justes ; que nous n’avons ne vue que le bien du pays et d’y mettre en vigueur le règne de la justice. Les deux secrétaires peuvent se charger de rédiger cette adresse et l’envoyer demain à l’assemblée ; si elle est adoptée, les membres du divan pourront retourner à leurs affaires. » (3488, CGNB).
Dans son brouillon, Monge décrit un projet égyptien déterminé par l’idée de progrès qui fait écho au projet présenté à son gendre Marey au début du Directoire. (Voir les lettres n°3, 4 et 5.) L’Égypte devient le terrain de mise en œuvre d’une politique de grands travaux d’irrigation qui visent à la fois le progrès des sciences et des arts et le bonheur du peuple égyptien (Sur les enjeux scientifiques des systèmes de canaux d’irrigation, voir la lettre n°17.) : « Peuples de l’Égypte, La terre que vous habitez à été le berceau des nations. L’univers est plein de la gloire de vos ancêtres. C’est à eux que l’Europe est redevable de sa civilisation, et de ses premières lois. Les arts, les sciences, la religion, tout jusqu’à l’écriture elle-même nous vient des sages de l’Égypte. Leurs vaisseaux couvraient la mer rouge et la Méditerranée, et la célèbre Memphis placée au milieu du canal par lequel communiquaient les deux mers, [arbitre du commerce du monde] distribuait aux sauvages du Nord les chefs d’œuvre de l’industrie de l’Inde, et rapportait aux nations civilisées des bords du Gange les métaux et les matières premières qu’elle avait reçues en échange. Devenus par leur industrie les maîtres du fleuve, [vos sages ancêtres] modéraient à leur gré [et rendaient utiles] les irrégularités même de ses crues [et en lui soumettant par d’[innombrables] canaux des terres nouvelles], ils avaient doublé leur territoire et quadruplé leur population. Trente siècles de barbarie n’ont pu entièrement détruire les merveilles dont leur terre était couverte et qui attestent encore aujourd’hui leur incroyable puissance. […] Tant d’éclat dut irriter l’ambition des conquérants du monde et la malheureuse Égypte [après avoir combattu longtemps pour son indépendance, ][devint] successivement l’esclave des Babyloniens, des Grecs, des Romains, des Arabes et des Mamelouks. Le commerce, enfant de la paix et de la liberté, s’exila de son pays natal, il [ ?] [fut forcé de se créer] des routes pénibles et incertaines. Les richesses qu’il avait amassées affermirent l’avarice des premiers conquérants et se renouvelèrent plus. Les arts et les sciences disparurent avec lui. Les établissements auxquels il avait dû sa prospérité [tombés] entre mains des maîtres avides et imprévoyants ont été détruits et effacés par le temps. [L’ignorance couvrit d’un voile épais les yeux des descendants des anciens sages]. Le désert menace cette belle terre d’une invasion rapide, et l’Égypte [pauvre et dépeuplée] est aujourd’hui le seul pays où l’on ne se souvient plus de son antique splendeur. Des plaies si profondes, des maux si invétérés ne sont cependant pas sans remède. Les Français en vous apportant la liberté, la paix et la sureté des propriétés, vont rappeler au milieu de vous le commerce qui après avoir successivement enrichi et rendu célèbre Persépolis, Palmyre, [et tant d’autres peuples] reprendra pour toujours sa route naturelle en rétablissant les canaux de Suez et d’Alexandrie, ils rendront au Caire les anciennes destinées de Memphis. L’Europe qui pendant le sommeil de l’Égypte est devenue consommatrice et industrieuse augmentera la prospérité du commerce en doublant son ancienne activité. […] Les arts et les sciences vont revenir en foule dans le pays qui leur donna naissance. Les irrigations vont se multiplier ; le désert va reculer devant vous et l’heureuse Égypte qui par sa position est le point de communication unique de l’ancien et du nouveau monde. Peuples de l’Égypte rendez-vous dignes de si belles destinées ; et n’essayez pas de rsuspendre un événement commandé par la nature des choses et que rien ne peut arrêter. […] Ce n’est pas la nature qui a produit les malheurs de l’Égypte ; le fleuve qui fertilisait autrefois cette belle vallée a encore aujourd’hui les mêmes crues et des eaux n’ont pas diminué de volume ; les deux mers qui donnaient des ailes à son commerce ne se sont pas éloignées, elles attendent encore ses vaisseaux ; ce sont les mauvais gouvernements auxquels elle a été successivement assujettie, [qui l’ont réduite à l’état de misère où elle est aujourd’hui] ; […] Les Français, après avoir terminé glorieusement une guerre atroce que leur faisait l’Europe entière, ont senti qu’il était digne de leur courage de détruire un gouvernement oppresseur ; ils ont vu qu’il était beau de ramener en Égypte la justice, le respect des propriétés, ses lumières et de rouvrir par là, pour un peuple digne d’intérêt les sources du bonheur. Ils ont cru qu’ils ajouteraient à leur gloire si en rétablissant la communication entre les deux mers ils devenaient encore les bienfaiteurs du monde. Députés des provinces, dites au peuple d’Égypte que ce sont des sentiments généreux qui ont amené les Français parmi vous ; [ dites lui qu’ils veulent être vos amis et vos protecteurs ; faites lui remarquez] que nulle conquête ne fut plus rapide, et ne s’opéra cependant pour des moyens plus doux. Demandez lui si l’armée s’est portée à quelque violence contre les habitants à moins qu’elle ne fut commandée par une légitime défense. Peignez lui le spectacle que vous présente aujourd’hui le Caire où la confiance commence à naître, où le numéraire circule avec une rapidité jusqu’alors inconnue où l’aisance se montre déjà d’une manière sensible dans les classes inférieures. Disposez le à un changement salutaire mais inévitable ; [ouvrez-lui les yeux sur ses propres intérêts, et faites sentir qu’] une lutte vaine et qui n’aurait d’autre effet que de retarder son bonheur.Députés des provinces, aucun de vous ne peut douter que la conquête ne soit faite et irrévocable. Le général en chef brûle du désir de mettre à fin ses vastes projets. Dès que la retraite du Nil le permettra les anciens canaux vont être couverts d’ouvriers occupés de les rétablir ; et dans peu l’eau repoussera le désert ; Alexandrie et Suez seront comme les portes d’une même ville, l’Éurope et l’Inde afflueront en Égypte et y apporteront l’activité et la richesse. Mais ce qu’il a le plus à cœur, c’est de faire le bonheur du peuple égyptien. Il veut en t lui donnant des lois protéger le pauvre contre les vexations du riche, et le riche contre les avarices d’un gouvernement arbitraire. Il veut que toutes les propriétés de l’Égypte soient entre les mains d’habitants dont les familles attachées au sol, aient intérêt à perfectionner la culture et à embellir leur séjour. Il veut qu’une sécurité parfaite, en permettant à tout le monde d’user à son gré de sa fortune, appelle l’industrie et augmente les jouissances. Il veut conquérir la reconnaissance du peuple égyptien et ne réserver pour lui que cette belle partie de sa conquête. En opérant d’aussi grands changements, il faut qu’il y a des usages qu’on doit respecter, et qu’il ne faut pas ôter au peuple toutes ses habitudes. C’est pour obtenir des lumières sur cet objet que de toutes les parties de l’Égypte il vous a appelés auprès de lui. Il vous interrogera, et vos réponses le mettront en état de choisir parmi toutes les manières dont il peut faire le bien celle qui convient le mieux aux circonstances. Vous vous pénétrerez de la dignité des fonctions auxquelles vous êtes appelés ; vous concourrez avec un zèle infatigable au bonheur de vos concitoyens, et vous mériterez aussi une part dans la reconnaissance nationale. » (Fonds Monge. É.P.) Le premier discours que Monge a effectué à la demande de Bonaparte au début de l’année 1797, lors de sa mission auprès de la République de Saint-Marin, ne contenait que deux discrètes références à l’idée de progrès. Il bénéficia d’une bien meilleure réception de la part du Général. Voir n°56.
[11] Comme à Rome, la religion est le plus puissant obstacle à l’accomplissement du projet déterminé par l’idée de progrès. Voir la lettre n°196. Bonaparte présente le même jugement au Directoire, il lui écrit du Caire le 16 vendémiaire an VII [7 octobre 1798] : « Les mœurs de ce pays sont si loin des nôtres, qu’il faudra bien du temps pour que ce peuple s’y accoutume ; cependant tous les jours il nous connaît davantage. » Sur l’évaluation des stratégies culturelles des Français en Égypte voir ORTEGA M.L. (1999), « La « régénération de l’Égypte : le discours confronté au terrain », in BRET P. (dir.) (1999), pp. 93-101 et RAYMOND A. (1999), « Les Égyptiens et les Lumières pendant l’expédition française », in BRET P. (dir.) (1999), pp. 103-118.
[12] Ce projet de colonisation ne figure pas dans les textes de Bonaparte. Par contre la même idée est développée par Eschassériaux. Voir les lettres n°177 et 196.
[13] Leur fille aînée Émilie MONGE (1778-1867), son mari Nicolas-Joseph MAREY (1760-1818) et leurs deux fils Guillaume-Stanislas MAREY-MONGE (1796-1863) et Gaspard-Louis MAREY-MONGE (1797-1821) et leur fille cadette Louise MONGE (1779-1874), son mari Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824) et leur fille dont Monge ne connaît pas encore l’existence, Lucile-Eugénie ESCHASSÉRIAUX (1798-1867). Voir la lettre n°196.
[2] Ce n’est finalement que le Le 21 prairial [9 juin 1798] au soir que le convoi de Civitavecchia rejoint la grande flotte de Bonaparte. (Voir infra.)
[4] Il ne doit pas s’agir de l’ami de Monge, le mathématicien Alexandre-Théophile (1735-1796) VANDERMONDE mais du médecin Charles-Augustin VANDERMONDE (1727-1762). Il est l’auteur d’un Dictionnaire de Médecine publié en 1760. C’est sans doute dans cet ouvrage que Monge a eu connaissance du remède contre le mal de mer.
[6] Auguste François Marie COLBERT DE CHABANAIS (1777-1809). Colbert est l’aide de camp du général Murat. Voir infra.
[9] Les conditions météoroligiques empêchent l’avancée rapide et groupée du convoi et cela dès le début de la traversée.
[11] Antoine-Marie CHAMANS DE LAVALETTE (1769-1830) n’est pas l’aide de camp de Murat mais de Bonaparte.
[12] La nuit du 12 au 13 prairial. (Voir supra.) La référence à Pénélope exprime clairement le sentiment d’avancée et de régression que Monge ne cesse d’avoir et qui traduit aussi son impatience. La référence biblique et celle à l’Odyssée montrent une fois encore l’enthousiasme de Monge à s’embarquer pour une longue traversée mais aussi la haute idée qu’il s’en fait.
[13] Alors que Monge est impatient à l’idée d’être en arrière par rapport à la flotte de Bonaparte, ils arriveront à Malte les premiers (voir infra « le 18-19 »)
[14] Monge exprime à plusieurs reprises le caractère ambulant de ses activités. Il apparaît ainsi comme un nouveau type de géomètre. Voir aussi la lettre n°164 dans laquelle il se compare à un marin.
[15] Catherine n’a pas été facile à séduire, ni à convaincre. Ce qui est rapporté par les biographies d’après le récit d’Arago n’est pas de l’ordre du conseil. Il est écrit que pour finir de la convaincre alors qu’elle s’inquiétait de lui imposer les ennuis causés par la liquidation compliquée de ses forges, Monge lui répond : « Ne vous arrêtez pas, Madame, à de pareilles vétilles ; j’ai résolu dans ma vie des problèmes bien autrement difficiles ; ne vous préoccupez pas non plus de mon peu de fortune ; veuillez m’en croire les sciences y pourvoiront. » ARAGO F. [1853] (1965), p. 34. Sur le début des amours entre Catherine et Gaspard, voir infra passage du « 25 prairial [13 juin 1798] ».
[16] François de CHASSELOUP-LAUBAT (1754-1833) général de brigade du Génie de l’Armée d’Italie. Il épouse en 1798 Anne-Julie FRESNEAU ( ? -1848). De Paris le 30 germinal an VI [19 avril 1798], Catherine ne manque pas de donner l’exemple de Chasseloup qui selon elle a refusé de partir à la demande de sa jeune femme. Catherine cherche aussi à combattre l’idée que Monge est indispensable à la réalisation et à la réussite d’un projet révolutionnaire : « […] tu m’aurais fait bien plus de plaisir mon cher ami de me parler franchement, que de me dire un mot dans tes deux dernières lettres, qui m’ont laissé voir toutes tes faiblesses ; on t’a surement dit que cela n’irait pas sans toi, eh bien n’en crois rien cela ira de même, quand il y a 150 individus, qui s’occuperons de la même chose un de plus ou de moins n’y fait pas grand chose, eut-il encore mille dois plus de mérite et d’activité que toi, le général Chasseloup qui devait être du voyage, s’en est retiré il y a huit jours à la sollicitation de sa petite femme qu’il aime, il a écrit au général pour se dégager voyant qu’on ne lui faisait pas de réponse il est allé la chercher, on l’a chambré, on lui a dit qu’il perdait tout le fruit de ses campagnes d’Italie, on l’a cru battu, deux jours après il a écrit de nouveau avec prière de ne plus lui en parler, il y est allé le lendemain avec sa femme, on ne lui a rien dit là-dessus, ni lui non plus, ils sont fort contents l’un et l’autre du parti qu’ils ont pris, il n’en est pas mort, il fera autre chose pour la république, on peut la servir sans aller courir les mers quand on n’a pas été élevé pour cela […]. »
[17] C’est le13 qu’ils sont à Malte. Voir infra passage du « 25 prairial [13 juin 1798] ». Le 12 juin est la date anniversaire de leur mariage et la fleur de genêt le leur rappelle. Voir les lettres n°8, 107 et 181.
[18] Monge exprime à plusieurs reprises de l’inquiétude dans le récit de la traversée et sa fille Louise y répond dans sa lettre de Paris, le 21 prairial [9 juin 1798] : « […] vous deviez être bien inquiets de ne pas voir paraître la flotte de Bonaparte mais heureusement tout s’est terminé à l’avantage de la république à votre satisfaction et à celle de tous ceux qui s’intéressent à vous. »
[21] Louis Marie Maximilien de CAFARELLI DU FALGA (1756-1799) général de brigade, commandant du Génie à l’armée d’Orient.
[22]Jean Honoré dit Horace SAY (1771-1799), officier du génie élève de Monge et professeur à l’École polytechnique commandant du génie et chef d’état major du général Cafarelli, il est mort des suites d’une blessure reçue au siège de St-Jean d’Acre. [note sur la copie de la B.I.F.]
[24] François BERGE (1779-1832) élève polytechnicien de la première promotion. Catherine écrit de Paris le 18 floréal an VI [7 mai 1798] : « Je profite encore mon cher ami de l’occasion de Berge pour t’engager à venir prendre ton poste au corps législatif, tu ne peux t’imaginer jusqu’à quel point je te saurais gré de ne pas faire ce voyage que surement je trouverais bien plus beau et bien plus utile quand tu n’en seras plus. Adieu mon ami je t’embrasse tant que [ce] fatal vaisseau ne sera pas parti je conserverai toujours l’espoir de te revoir.] » Catherine Monge écrit une série de lettres depuis mars 1798 afin de dissuader son mari de prendre part à l’Expédition. Elle exprime sans retenue son désaccord et son profond chagrin en le priant de s’en entretenir avec elle ouvertement.
[25] Louis MONGE (1748-1827) qui remplace son frère et effectue la tournée d’examinateur de la Marine.
[28] Louise écrit en réponse dans de Paris, le 21 prairial [9 juin 1798] : « Eschassériaux [député aux Cinq-Cents et mari de Louise] n’a pas encore lu tes lettres il a appris avec bien du plaisir la prise de Malte et a fait un petit discours au conseil pour demander qu’il décrète que l’armée a bien mérité de la patrie mais c’est toujours la même chose et c’est une bien petite récompense pour tous les services qu’elle nous rend. »
[29] Antoine Étienne TOUSARD (1751-1813) commandeur et servant d’armes. Ingénieur de l’Ordre de Malte. Il quitte Malte et s’embarque avec Bonaparte pour l’Égypte.
[31] Jean-Baptiste Pierre BOUDET (1748-1828), pharmacien en chef attaché à la commission des sciences et des arts.
[33] Jean-Marie-Joseph COUTELLE (1748-1835). Attaché à la commission comme officier d’aéronautique pour fabriquer des ballons.
[34] Louise MONGE (1779-1874), son mari Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824) et son frère René ESCHASSÉRIAUX (1754-1831).
[35] Anne Françoise HUART (1767-1852), jeune sœur de Catherine HUART et son mari Barthélémy BAUR (1752-1823) et leur fils Émile BAUR (1792- ?).
[36] Marie-Élisabeth Christine LEROY (1783-1856) appelée Paméla, nièce de Catherine HUART et Louis MONGE (1748-1827) et Marie-Adélaïde DESCHAMPS (1755-1827). Louis remplace son frère à son poste d’examinateur de la Marine. Monge démissionne en décembre 1799 en proposant son frère Louis qui l’a toujours remplacé lors de ses missions. Voir les lettres n°26, 177 et 204. Sur Monge examinateur de la Marine voir les lettres n°2, 9, 131 et 173.
[38] Monge insiste sur la nature grandiose de ce qui est entrepris avec l’expédition d’Égypte. Voir les lettres n°153, 163, 171, 174, 176 et 184.
[39] C’est en fait le 13 juin. Le 12 juin est la date anniversaire du mariage de Monge et Catherine. Le 12 juin 1795 Monge est à Aulnay chez Berthollet. Après les journées de Prairial, le 29 mai 1795 Monge est obligé de quitter Paris et de se cacher (voir la lettre n°1). Le 12 juin 1796 il est à Milan (voir la lettre n°8). Le 12 juin 1797 il est sur la route de Naples. Voir infra et la lettre n°107.
[40] Le début des amours entre Catherine Huart, la jeune veuve du maître de forges Horbon, et Monge, le professeur de l’École du génie, a occupé la petite société de Rocroi et de Mézières. Plusieurs anecdotes sont attachées au récit de leur rencontre. Il est d’abord raconté que dans un salon de Mézières un homme éconduit par la belle et farouche Catherine se vante de colporter des rumeurs afin de l’empêcher de pouvoir se marier avec un autre. Le sang de Monge ne fait qu’un tour, le géomètre s’élève contre tant d’injustice et défend la jeune femme, sans même la connaître, d’une « voix retentissante » (de Launay L. (1930), p. 20.) ou d’une « gifle retentissante » (Cartan E. (1947), p. 11.) Aubry diffère des autres biographes en indiquant que Monge connaît déjà Catherine lors de cet événement. Et cela va lui permettre de la conquérir définitivement. Ils se rencontrent la première fois chez Tisseron ami de Monge à Mézières. Monge commet la maladresse de l’embrasser comme toutes les autres personnes présentes. Mais à la différence de Monge, elle les connaissait déjà. Catherine le prend alors pour un « viveur » et un « libertin » (Aubry, P. V. (1954), p. 29.) Rassurée, elle accepte enfin une invitation de Monge, mais un de leurs amis fait alors une « farce douteuse : s’étant emparé des socques qui avaient protégé les fines chaussures de Mme Horbon, il les glissa sous le lit de Monge, en disant que c’était parce qu’on y trouverait un jour les pantoufles de la belle invitée. Celle-ci, apprenant la plaisanterie, jura que son hôte pourra attendre bien longtemps une telle éventualité. » (Aubry, P. V. (1954), p. 29.) C’est ainsi que lorsqu’elle apprend comment Monge a défendu son honneur, il obtient un mot d’introduction pour visiter les forges de Catherine. On imagine facilement quel enthousiasme animait Monge pour se rendre à un tel rendez-vous !
Lettre autographe non signée copiée en décembre 1877 au moment de la vente du cabinet du marquis de [Lojac Loyac] dont elle faisait partie.[R.T.]
La division s'est embarquée hier, ma chère amie, et le vent n'étant point favorable pour sortir, nous ne nous sommes embarqués que ce matin, nous ne sommes pas plus avancés. Le port a deux passes, mais il n'y en a qu'une seule praticable pour un gros bâtiment comme notre frégate[1] ; l'autre ne peut servir que pour les navires de commerce. Il se trouve que le vent, qui souffle actuellement et qui nous mènerait droit au rendez-vous, est de bout pour sortir de la passe et nous tient ici en prison ; ce qui nous désole, car le général en chef, qui voit que le vent est le plus favorable pour que nous allions le rejoindre, nous attend vraisemblablement dans ce moment-ci et va bien s'impatienter contre nous lorsqu'il ne nous verra pas arriver. On s'occupe néanmoins des moyens de sortir malgré le vent, et l'on espère en venir à bout vers la fin de la journée si le vent faiblit un peu. Si nous avions pu sortir hier soir, nous aurions été réunis aujourd'hui à la grande flotte, et cela aurait donné de la gaîté à nos volontaires. Quant à nos matelots, cela leur est à peu près indifférent. Nos bâtiments de transport sont de toutes les nations du monde. Nous avons des Turcs, des Algériens, des Grecs, des Suédois, des Hollandais, etc. Nous avons fait flèche de tout bois et il n'a pas été maladroit de faire cet embarquement, car quand nous avons reçu les premiers ordres, il n'y avait pas un bâtiment disponible dans le port. Nous avons mis embargo sur tous les vaisseaux marchands, à mesure qu'ils se sont présentés et peu à peu nous avons eu notre nombre.[2]
Une lettre que j'ai reçue aujourd'hui du citoyen Faipoult[3], m'annonce que d'après les bruits de Milan, c'est le citoyen François de Neufchâteau qui est sorti du Directoire.[4] On est étonné ici que cet événement s'accorde si bien avec le bruit qui court depuis deux mois que c'est lui qui doit sortir.
Comme il faut s'occuper un peu de ses arrangements à bord, attendu que les petites chambres que l'on fait pour le général Desaix et pour moi ne sont pas encore terminées,[5] je n'aurai pas le temps de te faire grand récit. Cependant, je ne cachèterai la présente que quand nous serons à la voile, et je la remettrai à ceux qui feront la reconduite à l'expédition. Ainsi, lorsque tu la recevras tu seras sûre qu'en te l'envoyant, nous étions déjà partis ; mais si nous sommes encore retardés, je pourrai bien l'allonger encore.
Adieu, ma chère amie.
Monge
Je reviens, ma chère amie, cacheter ma lettre et te dire adieu. On lève l'ancre et toutes les chaloupes des navires de l'expédition arrivent pour remorquer la frégate et la faire sortir. Nous espérons qu'elles seront plus fortes que le vent, et qu'enfin nous pourrons nous rendre à notre destination. Adieu, embrasse toute la maison et celle d'Eschassériaux.[6]
Adieu.[1] La frégate « La Courageuse » appartient au groupe des dix frégates qui constituent la classe Virginie et sont construites selon les plans de l’architecte naval français Jacques-Noël Sané (1740-1831). Ce sont des navires de guerre portant des canons de 18 livres et mesurant près de cinquante mètres de long et douze de large.
[2] Monge donne à Catherine des détails sur la préparation de l’expédition maintenant qu’il n’est plus tenu de garder le secret. Voir les lettres n°153, 154, 156, 157, 158, 163, 164, 171 et 177. Sans doute aussi parce qu’elle lui a exprimé clairement sa frustration face aux non dits de sa correspondance en lui pointant des contradictions entre ce qu’il lui décrit dans ses lettres et les échos des activités des autres commissaires qu’elle obtient auprès de leurs proches. Voir les lettres n°164, 181 et 182.
Bibliothèque de l'Institut de France (Paris).
Huart, Catherine (1748-1847)
[1] Le départ de l’expédition s’effectue à partir des ports de Marseille, Toulon, Gênes et Civitavecchia. Napoléon BONAPARTE (1769-1821) écrit deux lettres à Desaix avant de s’embarquer de Toulon. Huit jours plus tard, le 29 floréal an VI [18 mai 1798] Bonaparte écrit à Desaix : « Nous sommes, depuis le 22, sur une ancre, mon cher général, et prêts à appareiller ; mais un vent d’est extrêmement fort nous en a empêchés. Aujourd’hui il fait calme plat. J’espère donc pouvoir appareiller demain matin, à moins que les vents ne reprennent à l’est. Une fois à la voile, les vents peuvent nous pousser très rapidement ; vous devez donc toujours vous tenir prêts à appareiller à six heures. […] Je vous recommande de nous envoyer un aviso entre l’île d’Elbe et la Corse ; il aura soin d’interroger tous les bâtiments qui viendraient du Levant ou d’Espagne, pour connaître les mouvements de la Méditerranée. Bien des choses à Monge. » (2492, CGNB).
[2] Monge a d’abord montré une légère résistance avant d’exprimer pleinement son plaisir et son enthousiasme à s’embarquer pour l’Égypte. Voir la lettre n°153.
[3] Monge exprime aussi clairement son enthousiasme à l’idée de s’embarquer pour l’expédition maritime et scientifique que la nature prestigieuse d’une telle entreprise. Sur la nature grandiose de l’expédition, voir les lettres n° 163, 171, 174 et 187. La perspective de Monge est déterminée par l’idée de progrès. C’est l’extension des domaines de la connaissance, extension à la fois géographique et intellectuelle qui devient le motif de la gloire nationale. Sur le caractère adéquat des sciences pour provoquer l’enthousiasme républicain, voir les lettres n° 4 et 5.
[4] Sur les convois des objets de Rome transportés à Livourne pour y être embarqués pour Marseille, voir les lettres n°92, 94, 98, 100, 102, 103, 109, 110, 111, 121 et 122.
[5] Les objets les plus lourds ne pouvaient pas être convoyés en France par terre. Voir les lettres n°102 et 110.
[6] « Athéna » dite la « Pallas de Velletri ». Le restaurateur Vincenzo Pacetti la découvre en 1797 dans les ruines d'une villa romaine située près de Velletri, une petite ville italienne. Cette statue est une œuvre romaine d’époque impériale (Ier siècle ap. J.-C.). Elle mesure plus de trois mètres et est en marbre de Paros. Elle est rachetée par les commissaires.
[7] L’ « Apollon du Belvédère » saisi au Vatican en 1797 par la commission des sciences et des arts.
[8] Monge accorde beaucoup d’importance à l’exposition immédiate des œuvres d’art saisies en Italie. Ainsi il ajoute que les objets sont encaissés de manière à veiller à leur protection, mais aussi de manière à les montrer sans délai. Voir la lettre n°48. Voir aussi LUBLINER-MATTATIA S. (2007), « Monge et les objets d’art d’Italie », Un savant en son temps : Gaspard Monge, Bulletin de la SABIX, 41, pp. 92-109.
Bibliothèque de l'Institut de France (Paris).
Bonaparte, Napoléon (1769-1821)
Depuis le 3, ma chère amie, que la dernière demi-brigade qui doit faire partie de l'expédition est rendue au port,[1] nous n'étions jamais un quart d'heure sans faire le tour de l'horizon avec nos lunettes, pour observer si l'aviso qui devait nous apporter notre rendez-vous n'arrivait pas. Il y avait toujours un de nos jeunes gens perché au plus haut de la maison pour avertir de tout ce qui paraîtrait, et dès qu'il apercevait une voile, nos marins exercés s'empressaient de décider si c'était un bâtiment de guerre ou une embarcation marchande. C'était à peu près comme sur le vaisseau de l'amiral Anson où l'on ne rêvait que galion, nous ne parlions que de l'aviso.[2] A chaque instant, il y avait de petits paris ouverts, qui étaient jugés dès que l'on apprenait assez de la voilure du navire pour prononcer sur sa forme et sur sa destination. Enfin, hier soir, pendant le dîner, ayant toujours les yeux sur la route que devait suivre l'aviso, nous vîmes paraître les voiles du perroquet d'un bâtiment ! On ne pouvait pas encore juger ni sa direction, ni sa nature et il n'y eut qu'un cri : L'aviso ! A tout moment, nous quittions nos serviettes pour aller nous arracher la lunette les uns aux autres, et à mesure qu'on découvrait plus de la voilure, les paris se multipliaient. Mais le soleil se coucha bientôt et le crépuscule qui est plus court dans ce pays-là qu'il ne l'est à Paris ne permit pas d'être parfaitement assuré de notre bonheur. La joie ne fut pas complète. Ce bienheureux bâtiment que l'obscurité de la nuit nous avait fait perdre de vue était en effet l'aviso, qui est entré dans le port à minuit et qui nous a apporté le rendez-vous tant désiré. Nous allons donc mettre à la voile, ma chère amie, et celle-ci sera la dernière que je t'écrirai d'Europe. Tu ne te fais pas idée de l'effet de la multitude sur chaque individu. Dans le commencement, les officiers, les soldats n'étaient pas trop contents de se mettre en mer et cette destination ne les flattait pas infiniment. Mais peu à peu l'esprit se monte ; hier tout le monde jurait contre l'aviso qu'on ne voyait pas encore ; on l'attendait comme le Messie et aujourd'hui c'est une joie générale. Jusqu'au dernier soldat, tout le monde est content de quitter l'Italie que nous avons épuisée et d'aller moissonner d'autres champs de gloire, car le régime des armées françaises n'est pas comme celui de bien d'autres ; ce n'est pas tant que du pain, du vin, de la viande ; il leur faut encore de la gloire et dès que cette denrée manque, elles s'ennuient. Hier en feuilletant mon portefeuille, j'ai trouvé une petite commission qu'Alexandre m'avait donnée à faire à Rome pour la citoyenne Sinety.[3] Elle consistait en acquisition de quelques bijoux et je ne l'ai pas faite. J'ai écrit au citoyen Faipoult, je lui ai envoyé la note d'Alexandre, et je l'ai prié de faire la commission et de prendre l'argent sur les fonds que je lui ai laissés. La première fois que tu écriras à Huart[4] et à Alexandre, tu leur feras mes compliments et tu me recommanderas à leur souvenir.
On me fait à bord une petite chambre que je n'ai pas encore vue et où l'on dit que je serai très bien. Là je t'écrirai tous les jours, ne dut-ce être qu'une ligne par jour car les événements seront d'abord nuls, et dès qu'il se présentera une occasion pour la France, j'aurai toujours une lettre toute prête à en profiter.
Adieu, ma chère amie, compte sur le plus tendre attachement de ma part et sois sûre que tu seras toujours présente à mon esprit. Prête-toi à la dissipation ; porte-toi bien et rêve au plaisir que nous aurons de nous rejoindre.
[Monge]
[2] George ANSON (1697-1762), amiral anglais. Monge utilise déjà cette comparaison en Italie alors qu’ils attendent la reddition de Mantoue. Voir lettres n°45 et 48.
Huart, Catherine (1748-1847)
[1] Monge donne la même explication à Marey en soulignant lui-même la différence entre ses lettres de la première mission en Italie et celles de la dernière mission. Voir les lettres n°156, 163 et 171.
[2] Catherine écrit deux brèves lettres à Monge le 8 floréal an VI [27 avril 1798]. Dans ces deux lettres elle exprime clairement sa frustration et sa colère face aux non-dits de sa correspondance. La première est un ajout à une lettre de la femme de Berthollet, Marie Marguerite Baur (voir la lettre n°171). En lui indiquant qu’elle a été informée du projet de l’expédition peu de temps après son départ, elle lui reproche de ne pas l’avoir consultée pour prendre sa décision: « Je viens de décacheter cette lettre mon cher bon [ami] pour te dire deux mots. On dit que l’Expédition est retardée à cause des événements de Vienne. J’ai toujours une lueur d’espérance de te voir revenir au sein de ta famille, et, que tu laisseras aller ceux qui ne sont pas appelés à la législature, tu es nommé par plusieurs [départements], reviens donc répondre aux vœux de tes concitoyens et aux miens. Tes lettres guindées et laconiques m’affligent celle que j’ai reçue hier du 27 [lettre n°167] est encore plus sèche que les autres. Il y a longtemps que je présume que ta faiblesse te fera acceptée cette mission, tu m’aurais fait grand plaisir de m’en parler ouvertement et en raisonner avec moi. Peu de jours après ton départ, j’ai su cette expédition et le projet de t’y admettre. Je t’avoue que j’ai toujours compté que nous l’emporterions avec d’autant plus de raison qu’aucun motif ne peut exiger que tu fis ce voyage. » Elle écrit la deuxième lettre après avoir obtenu des informations, elle y pointe les incohérences entre ce que Monge lui décrit dans ses lettres et les échos des activités des autres commissaires qu’elle obtient auprès de leurs proches : « Je sors de chez la c[itoyenne] Faypoult, mon cher bon ami, elle m’a dit qu’il partait demain un courrier pour Rome à tout hasard je vais en profiter, pour te dire que tu es nommé à la législature par plusieurs département et que la grande expédition est retardée. Si tu persistes à vouloir en être, reviens au moins nous dire adieu. Tu en auras encore le temps, le C.[itoyen] Faypoult a eu le courage de refuser, mais toi, je vois par tes lettres, que tu es perpétuellement en contradiction avec toi-même, ta correspondance n’a pas eu le moindre intérêt [pour] ce voyage ci, en recevant tes lettres je voyais au moins que tu existais, c’est le seul plaisir qu’elles m’aient procuré. Tu dis que tu as tant d’affaires que tu n’as pas le temps de m’écrire plus au long, les autres mandent qu’ils n’ont rien à faire et qu’ils vont voir les choses curieuses de ce pays là qu’ils attendent leur rappel pour quitter Rome ; quant à moi je ne sais où tu es depuis le temps qu’on me dit que tu as quitté Rome tu devrais déjà être au Kamchatka. » Monge ne lui a jamais rien dit de ses activités relatives à la préparation de l’embarquement de Civita-Vecchia. À plusieurs reprises, Catherine souligne dans ses lettres que l’expédition doit être bien préparée en semblant sous entendre qu’elle sait aussi que son mari y participe activement. Voir la lettre n°164.
À la réception de cette lettre Catherine lui répond plus calmement le 20 Prairial an VI [8 juin 1798] : « Ce 20 prairial, j’ai reçu il y a deux jours, mon cher bon ami ta lettre du 1er de Civitavecchia. Je ne me rappelle pas de t’avoir fait de reproches par ma lettre du 8 floréal, ils n’ont dû porter que sur le parti que je supposais que tu n’avais pas encore pris entièrement de t’embarquer. Je cherchais à employer (comme tu le dis toi même) toute mon éloquence pour te ramener au sein de ta famille. Je n’ai rien obtenu, maintenant que tu es parti, je ne peux que faire des vœux pour ton retour. Je ne peux même pas te suivre dans ta course, ni me transporter en idée dans les lieux où tu es puisque ce mystère est impénétrable […]. […] je me repends bien de ne pas avoir été avec toi à Rome, je suis persuadée que je t’aurais empêché d’être de cette expédition ; malgré moi j’en reviens toujours à [ ?], en commençant ma lettre je me croyais gaie, et par conséquent aimable […]. »
[3] Cela lui pose aussi des difficultés lors de sa mission auprès de la République de Saint-Marin. Voir la lettre n°58. Catherine lui répond de Paris le 20 Prairial an VI [8 juin 1798] : « Tu as toujours été mauvais écuyer, le cheval t’a fait mal toutes les fois que tu venais me voir à Rocroy, je me rappelle encore ces temps heureux avec délices, ils sont bien changés, ce ne sont pas des reproches, ce sont des souvenirs qui m’aident encore à supporter ton absence […] ».
[4] Catherine lui répond le 20 Prairial an VI [8 juin 1798] : « […] je te remercie de l’argent que tu m’envoies, tu le trouveras à ton retour si j’ai ce bonheur, il m’aura couté bien cher, tu aurais dû le garder, quelquefois avec beaucoup d’argent on se tire de grands dangers, je n’en ai nul besoin, ma dépense est ici peu considérable, ce n’est pas l’argent qui me rend heureuse. »
Bibliothèque centrale de l'École polytechnique / Centre de Ressources Historiques. (Palaiseau, France).
Huart, Catherine (1748-1847)
[1] Cette lettre est transcrite à partir de la copie Ms 2192 BIF. Le manuscrit ne figure pas dans le volume relié de la correspondance de Monge IX GM 1. Une note indique qu’une copie se trouve dans la B.E. T. III pp. 182-183.
[2] Bonaparte écrit à Desaix le 21 floréal an VI [10 mai 1798] : « Je suis depuis hier à Toulon, mon cher général. La division du général Reynier est partie hier soir de Marseille ; je l’attends ici à chaque instant dans la rade de Toulon. Je partirai sur le champ pour aller à la rencontre du général Baraguey d’Hilliers [dirige le convoi de Gênes], et de là passer entre l’île d’Elbe et la Corse, faisant route entre la Sicile et la Sardaigne. Nous vous enverrons prévenir par un aviso, afin que vous veniez nous rejoindre. Il faut donc que vous soyez en rade embarqués, afin qu’en quatre heures vous puissiez mettre à la voile. Si vous avez des avisos à votre disposition, vous pouvez envoyer reconnaître. Si le temps est bon, il est probabale que le 28 ou 29 nous passerons à votre hauteur. Vous ne recevrez cette lettre que le 27 : ainsi vous n’avez guère que vingt-quatre heures pour vous préparer. Tout le monde est rendu ici, et notre colonie de savants est en très bonne disposition. Saluez, je vous prie, Monge de ma part. Je vous salue et vous aime. » (2461, CGNB). Louis-Charles-Antoine Desaix (1768-1800). Voir les lettres n°174, 178 et 179.
[3] Catherine tente de suivre son conseil. Mais n’y parvenant pas, elle lui répond de Paris le 20 Prairial an VI [8 juin 1798] : « […] ta lettre du 28 que [je] n’ai reçue qu’hier, m’avait mise en gaieté, je crois qu’Émilie arrive aujourd’hui, et ton frère qui n’est parti de Toulon que le 28 qui m’a dit tous les détails qu’il a pu recueillir [sur] cette expédition Enfin tout m’avait fait entreprendre de t’écrire, et je m’aperçois que c’est comme le premier jour. D’ailleurs peut-être ne recevras-tu jamais ma lettre, où il y aura longtemps qu’elle sera écrite autre chose t’occupera […]. »
[4] Sur le goût de Monge pour la mer et son enthousiasme à l’idée de participer non seulement à une campagne militaire, une expédition scientifique mais aussi une expédition maritime, voir les lettres n°38, 176, 177, 180, 184 et 187. Catherine lui répond le 20 Prairial an VI [8 juin 1798] : « J’accepte toutes tes prophéties sur l’Expédition, je ne peux guère compter sur le temps il est trop variable, quant à ton bonheur qui ne t’a jamais quitté, il est confondu avec celui de tant d’autres que tu auras de la peine à le faire prévaloir, il ne faut qu’un moment pour qu’il t’abandonne… »
[5] Voir la lettre n°184. En réponse le 20 Prairial an VI [8 juin 1798], Catherine lui fait part des informations qu’elle a apprises, elle lui écrit : « […] ton frère dit qu’à Marseille surtout l’enthousiasme était extrême tous les négociants ont contribué à l’armement, ils croient déjà voir tous les trésors de l’Inde dans leurs ports, maudit or ! Combien de sacrifice et de malheur tu coûtes au genre humain. Il ne m’a pas dit qu’un bataillon de volontaires de soit formé à Bordeaux, il est vrai que je ne l’ai encore vu qu’une fois, j’étais ainsi que lui plus occupé de toi que de la flotte. […] Tout le monde ici se perd en conjecture. Chacun fait des vœux pour la réussite du grand projet que tous admirent sans savoir ce que c’est, on vous voit déjà en Égypte former une colonie, y établir les arts et les sciences, d’autres assurent que vous êtes maintenant à Malte, d’autres à Livourne que vous avez battu le lord St Vincent qui doit être dans les parages. Enfin les géants de la fable n’allaient plus vite que vous, les Argonautes vos prédécesseurs n’étaient que des enfants près de vous, je suis bien de leur avis, ce projet a été conçu par des hommes qui méritent la confiance de tous, tout le monde en a la plus grande idée, on ne doute nullement de la réussite, quant à moi j’attends en tremblant les 1ères nouvelles officielles que personne ne saura avant les conseils. »
Bibliothèque de l'Institut de France (Paris)
Huart, Catherine (1748-1847)
[1] Nicolas-Joseph MAREY (1760-1818) mari de sa fille Émilie MONGE (1778-1867). Il écrit à Monge le 27 Germinal an VI [16 avril 1798] alors qu’il est à Dijon. Cette lettre n’est pas datée mais c’est Émilie qui en informe Monge. Voir la lettre n°173 et la lettre d’Émilie du 29 Germinal [an VI] [18 avril 1798]. Comme lors de sa précédente mission (voir les lettres n°85 et 90), Monge exprime le besoin d’être informé de l’esprit et de la vie publics par des proches. C’est aussi ce qu’il faisait lorsqu’il était à Paris et Marey à Nuits en Bourgogne. Voir la lettre n°3 et infra.
[2] ROYER ( ? - ? ) homme politique de la Côte-d’Or. En avril 1798, Monge est élu au Conseil des Anciens avec 361 voix sur 430.
[5] Le 13 avril 1798 des mouvements contre la légation française ont lieu à Vienne, alors qu’elle avait arboré un drapeau tricolore sur son hôtel. Voir infra. Bonaparte écrit à Cobenzl, plénipotentiaire de l’empereur à Rastadt le 6 floréal an VI [25 avril 1798] : « Lorsque le gouvernement a appris, monsieur, l’événement arrivé à Vienne le 24 germinal dernier, il n’a pas douté que l’intention du cabinet de Vienne ne fût d’avoir la guerre. […] Malgré mon éloignement, monsieur, pour la carrière et les discussions diplomatiques, j’ai saisi avec empressement cette circonstance pour convaincre l’Europe et Sa Majesté impériale du désir qu’a la France d’éviter les horreurs d’une guerre dont les maux, pour notre pauvre continent serait incalculables, et consolider, autant qu’il dépendra de moi, l’œuvre de paix que j’avais crue éternelle, puisque faisant abstraction des événements militaires, nous l’avions fondé sur l’intérêt réciproque des deux États. Cette paix doit, ce me semble, durer encore, puisque je n’entrevois rien dans les intérêts des deux nations qui doit la faire cesser. […] Je désire que vous lui fassiez connaître directement le calme que montre le Gouvernement français dans une circonstance aussi essentielle, et que vous le convainquiez du désir que nous avons de faire tout ce que vous feriez vous-même à notre place, pour maintenir la bonne intelligence établie à Campo-Formio. Il nous sera facile, en écartant toute les passions, de détruire tous les soupçons, de concilier tous les intérêts, de déjouer l’intrigue des puissances étrangères aux maux du continent, et qui ne cherchent en suscitant le trouble, qu’une occasion de faire leur paix. Mais si cette influence ou des intérêts individuels guidaient la chancellerie de Vienne, comme ils ont paru guider les opérations de la police dans la journée du 24 germinal, il ne resterait plus à la nation française qu’à se laisser effacer du nombre des puissances de l’Europe ou à en effacer elle-même la Maison d’Autriche ; lutte terrible qui peut présenter une vaste carrière militaire à parcourir, mais que l’homme qui connaît les maux que produirait une guerre de cette nature ne peut envisager qu’en vouant à l’exécration des peuples et de la postérité ceux qui l’auraient provoquée. » (2431, CGNB) Deux jours plus tôt, le 4 floréal an VI [23 avril 1798], Bonaparte écrit à Brune, commandant en chef de l’armée d’Italie : « Si jamais les affaires se brouillaient, je crois que les principaux efforts des Autrichiens seraient tournés de votre côté, et, dans ce cas, je sens bien que vous avez besoin de beaucoup de troupes, de beaucoup de moyens et surtout de beaucoup d’argent. » (2429, CGNB). Sur les préliminaires de Leoben et le traité de Campo-Formio voir les lettres n°84, 89, 90, 128, 129, 176 et 177.
[7] Sur les élections d’avril 1798 pour le renouvellement du tiers du corps législatif et la volonté de Monge d’être informé sur l’esprit public voir les lettres n°156, 160, 161, 163, 164, 167, 168 et 177.
[8] Monge répond à Marey en cherchant à le rassurer sur les hommes en poste à Paris. Marey ne fait pas que lui annoncer son élection, il cherche à le convaincre de l’importance de son action à cette place afin de le dissuader de s’embarquer pour l’Égypte en invoquant sa conscience et sa morale. Marey souligne qu’il est plus légitime d’obéir au choix du peuple qu’à une nomination du gouvernement. Il s’agit de faire retourner Monge en France au près de sa famille. Le 27 Germinal an VI [16 avril 1798], il écrit : « Tu es nommé au Conseil des Anciens par la véritable assemblée électorale ; l’assemblée scissionnaire est une superfétation suscitée par le gouvernement trompé, dans l’intention d’empêcher les choix exagérés. Le génie de la liberté fera encore tourner au profit de la bonne cause les intentions perverses, les choix seront bons et confirmés, à la honte des moteurs de cette scission. Dans cet état des choses, accepteras-tu ? Oui, car la chaise curule aux anciens est le [dernier] terme auquel le Républicain peut élever son ambition ; car le vœu du peuple ne peut être méprisé impunément ; car toute place dans le gouvernement est petite en comparaison, même celle de Directeur ; car l’homme proposé par le peuple pour surveiller le gouvernement trahirait son devoir, s’il préférait le service du gouvernement à celui du souverain : car la conscience de Monge lui reprocherait toute sa vie de s’être rendu complice [par son refus] de toutes les mauvaises loix ou mauvaises mesures prises pendant 3 ans et qu’il aurait pu empêcher par son influence aux anciens : car, enfin, la conquête des trois parties du monde n’équivaudrait pas, ne compenserait pas l’asservissement de la France, ou la Guerre civile ou les Banqueroutes multipliées dans les finances, tous les maux enfin dont la patrie est menacée, si les républicains purs, ses meilleurs soutiens sont envoyés en dehors, sous toutes sortes de couleurs honorables.[…] Encore un mot sur les affaires générales. Le gouvernement a influencé les élections par toutes sortes de moyens, on eut donc soupçonner qu’il a pour but d’avoir un corps législatif de son choix et sous ses ordres. Il a réussi presque généralement, et les nouveaux députés seront ou des ex-législateurs de son aveu, ou de ses connaissances qu’il regarde comme lui étant dévoués. Dans cette position, il arrivera ou que la ligne de démarcation des pouvoirs sera rompue par l’asservissement du corps législatif, et dans ce cas les purs amis de la liberté qui se trouveront aux Anciens auront à lutter contre la dictature. Il pourra arriver au contraire que le nouveau corps législatif fortifié par l’intime conviction de a bonté des choix veuille sortir enfin de l’état de dépendance auquel il est réduit, rentrer dans des droits et de les reconquérir sur le Directoire, il s’engagerait alors une lutte entre ces deux pouvoirs et dans ce cas, ce serait encore au Conseil des Anciens par sa sagesse et sa fermeté à pourvoir au salut public. Donc : loin de toi l’idée qu’une place aux Anciens est un Canonicat sans occasion de servir la Patrie. Je n’aurais pas craint que cette pensée te vint et je ne l’aurais pas combattu, si je ne l’avais ouïe de la bouche de personne d’ailleurs respectable. » En 1797, Marey souligne la spécificité de l’action publique de Monge lorsque Monge lui rappelle qu’ils se sont tous deux engagés dans l’action révolutionnaire mais chacun à leur manière. Voir la lettre n°90. Monge semble préférer menée une action publique en lien direct avec le pouvoir exécutif. Voir la lettre n°4.
[9] Monge commence à préparer son gendre à la nouvelle de son départ dès sa lettre précédente, un mois auparavant le 14 germinal an VI [3 avril 1798]. Il laisse paraitre ici son enthousiasme à l’idée de s’embarquer pour une expédition à la fois scientifique et maritime. Dans un imaginaire de géomètre de la fin du XVIIIe siècle, praticien du progrès, cela fait écho à l’ « idéal maritime des découvreurs » évoqué par le frontispice du Novum organum de Francis Bacon qui représente deux bateaux dont l’un franchit les colonnes d’Hercule avec la prophétie de Daniel: « Multi pertransibunt et augebitur scientia ». (HAMOU Ph. (2001), La mutation du visible : Microscopes et télescopes en Angleterre de Bacon à Hooke, Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion, vol. 2, p. 26.) Condorcet ne manque pas à son tour d’entamer son « Fragment sur l’Atlantide » par cette évocation : « Bacon avait conçu l’idée d’une société d’hommes uniquement dévoués à la recherche de la vérité. Son plan embrasse toutes les parties des connaissances humaines ; une foule d’observateurs parcourt sans cesse le globe pour connaître les animaux qui l’habitent, les végétaux qu’il nourrit, les substances répandues sur sa surface et celles qu’il renferme dans son sein, pour en étudier la forme extérieure et l’organisation. » CONDORCET [1804] (1988), p.299. Sur le plaisir et l’enthousiasme de Monge à s’embarquer voir les lettres n°177, 180, 181, 184 et 187.
[11] Monge offre ici sa perception de l’expédition et il semble bien l’envisager plus comme une expédition scientifique qu’une campagne militaire en lui conférant une dimension grandiose. Voir les lettres n°131, 153, 163, 171, 174, 184 et 187.
[13] Voir la lettre n°173. Après son mariage en novembre 1795, Émilie quitte sa famille en quittant Paris. Catherine exprime alors le manque que ce départ provoque. Voir la lettre n°3. Monge est inquiet au sujet de sa femme et de sa réaction à son départ pour l’Égypte. Voir les lettres n°151, 152, 153, 163, 167, 168, 173, 181 et 182.
[1] Lettre du Directoire du 26 germinal an VI [15 avril 1798]. Monge est invité à s’embarquer avec le général Louis-Charles-Antoine Desaix (1768-1800) pour l’expédition préparée à Civita-Vecchia (AF III 517, plaquette 3310, pièce 1, minute de Merlin de Douai, copie au registre du bureau particulier, AF III 18, pp. 146-147) (PV, t. IV, p. 45.) Voir la lettre n°178.
Bibliothèque de l'Institut de France (Paris).
[3] Émilie, comme sa mère, écrit à Monge en tentant de le dissuader de s’embarquer pour l’Égypte. Les arguments sont identiques : occuper son siège au Conseil des Anciens et ne pas faire souffrir sa famille. Le 29 Germinal [an VI] [18 avril 1798], elle lui écrit : « Ah mon cher papa combien ta dernière lettre m’a affectée ; je ne puis te rendre la peine qu’elle m’a faite, tu sembles croire que nous ne nous verrons plus, quel est donc ce fatal voyage ? ah mon cher papa conserve toi pour tes enfants et pour tous ceux qui t’aiment, n’entreprends rien qui puisse nous faire courir le risque de te perdre. Tu es nommé député à Dijon on dit même que tu l’es aussi à Paris. Tu vois que tes concitoyens te rappellent parmi eux d’ailleurs je viens de voir la liste des savants qui doivent partir avec toi un de plus ou de moins n’empêchera pas cette mission et puis tu seras bien plus utile dans ta patrie, on compte beaucoup sur toi pour organiser l’instruction publique. Ah j’espère que tu te rendras aux vœux de tes enfants et de tes concitoyens, que tu quitteras pour toujours cette maudite Italie et que pour toujours aussi tu seras dans le sein de ta famille. Je serai dans une bien grande inquiétude, jusqu’à ce que je sache ta décision. Ah si ton Émilie t’es chère, fais qu’elle soit en ta faveur, envisage mon cher papa quel plaisir nous aurions à nous revoir après avoir craint de ne plus jouir de ce bonheur ; lorsque j’ai reçu ta lettre je ne savais pas encore tu étais député, elle m’avait accablée, heureusement que j’ai reçu une heure après une lettre de mon mari qui me disait que ta nomination était sure. L’idée que tu accepteras m’a tranquillisée, mais, mon cher papa, qu’il me serait affreux d’apprendre le contraire. Mon mari n’a pas encore vu ta lettre il était à Dijon comme électeur et je l’attends aujourd’hui il m’a mandé qu’il t‘avait écrit il y a 2 jours pour t’apprendre cette nouvelle ; adieu mon cher papa réponds-moi sur le champ car je compterais tous les jours jusqu’à ce temps, mais surtout que tu rendes à ta famille et que tu lui ôtes l’inquiétude qu’une si longue absence lui donnerait. Adieu donc tes petits enfants et tes grands se portent bien et ils vivent dans l’espérance de te revoir bientôt. Ton Émilie. »
[4] Lors de ses tournées en tant qu’examinateur de la Marine, Monge avait pour habitude de se faire accompagner de ses filles Émilie et Louise MONGE (1779-1874). Sur l’attitude pédagogique de Monge envers ses enfants voir les lettres n°9, 48, 20, 131 et 171.
[1] Copie de la bibliothèque de l’Institut de France Ms 2192 sur laquelle est inscrit « Archives d’Alphonse Marey-Monge auquel Madame Monge l’a donnée. ». Une autre copie se trouve dans la B.E. T. III pp. 156-157.
[2] L’expédition d’Égypte est préparée dans le plus grand secret. C’est la première fois que Monge aborde le sujet avec sa femme alors que dès le 17 germinal an VI [6 avril 1798] . Voir infra et les lettres n° 131, 153, 154, 156, 157, 163, 164 et 177.
[3] Ce raisonnement de Monge donne beaucoup d’espoir à Catherine. Elle écrit de Paris le 16 floréal an VI [5 mai 1798] : « Que de plaisir ta lettre du 7 de ce mois, m’a fait mon cher bon ami. Je crois y entrevoir que tu reviendras près de nous quand tu sauras ta nomination au corps législatif, tu dois le savoir maintenant, tu as sûrement reçu ma lettre du 1er de ce mois, c’est un courrier extraordinaire qui te l’a portée il est parti la nuit du 1er au 2. Je te l’avais adressée à Rome, à tout hasard car je ne t’y croyais plus, mais comme ce courrier devait te voir quelque part que ce fut, j’espère que tu l’a eue, et que tu es en route pour revenir ; oh je ne te lâcherai plus j’ai frisé de trop près, une séparation qui pouvait être éternelle quelle situation ! aucun des voyageurs n’ont encore écrits, juge donc mon cher bon ami être des années sans savoir où tu serais ni ce que tu deviens quelle existence ! » Voir la lettre n°168.
[4] Claude-Louis BERTHOLLET (1748-1822). Voir la lettre n°174. Selon Catherine, Berthollet a plus de raison de s’embarquer pour l’Égypte que Monge. Sa participation à l’expédition semble plus déterminée par sa situation conjugale que par sa pratique scientifique. Elle écrit en réponse le 16 floréal an VI [5 mai 1798] : « […] tu n’as aucune raison de t’éloigner [de ta famille], si j’en juge d’après moi mon ami il me semble que tu ne dois pas être malheureux avec nous. » L’épouse du chimiste, Marie-Marguerite Baur, s’est confiée à Catherine et à Monge. Elle écrit à ce dernier le 30 germinal an VI [19 février 1798] : «J’ai sujet de croire, obligeant ami, d’après ce que vous avez bien voulu faire pour moi près de mon mari que vous ne serez point insensible à la nouvelle marque de confiance que je vous donne en vous faisant un récit succinct de notre existence respective. Il m’a quitté j’ai tout lieu de le croire plus occupé que jamais de l’adroite courtisane qui se fait donner de l’argent qu’elle doit toucher à volonté chez les [Donzonni] à Milan et autres galanteries à souhait que mon nigaud payera, je le crains, au dépend de dettes que nous venons de contracter de très bonne intelligence […], ayant emprunté à des personnes qui connaissent ses nouveaux goûts et qui s’apercevront que cela dérange l’ordre de mes finances si je ne rembourse pas promptement, ce qui sera infiniment humiliant pour tous deux, particulièrement pour moi ; il ne m’a laissé aucunement entrevoir que cela finirait, et j’ai bien sujet de craindre que cela ne nous mette pour la vie très mal à l’aise. Je n’ai point persisté dans le projet de séparation de bien, parce que je suis toujours première créancière, et que par là même je lui conserve ce qui nous reste, ce qui serait une faible ressource, mais un témoignage constant de l’attachement que je lui prouverai jusqu’à mon dernier moment. »
[5] Lors de sa première mission en Italie en tant que savant, menée au rythme des révolutions italiennes, des victoires et des stratégies diplomatiques du général Bonaparte. Les missions strictement politiques, administratives et institutionnelles ennuient Monge. Voir les lettres n°151, 160, 163, 168 et 182.
[6] Monge exprime à plusieurs reprises la différence entre ses lettres de la première mission en Italie et celles de cette dernière mission. Cela devient même un objet de la colère de Catherine dans ses deux lettres du 8 floréal an VI [27 avril 1798]. Voir les lettres n°163, 164 et 182.
[7] Monge emploie aussi le terme de « spectacle » lors du mouvement de révolutions stimulé dans les villes de la région de Modène. Voir la lettre n°35. Sur la nature grandiose de l’expédition voir les lettres n°131, 153, 163, 174, 176, 184 et 187.
[8] Le 16 floréal an VI [5 mai 1798], Catherine exprime en réponse une opinion bien différente sur l’expédition en utilisant la réflexion de Monge. Elle partage bien son avis selon lequel un tel projet s’adresse aux jeunes et cela lui permet de souligner que Monge n’a plus l’âge d’y participer. D’autre part elle semble aussi lui dire qu’elle a compris qu’il avait déjà participé à la conception et la préparation de ce projet et que cela devrait lui suffire : « […] je ne trouve rien de beau dans une chose que je ne connais pas, nous admirerons bien mieux ici ensemble les grandes et belles choses qui résulteront d’une expédition conçue par d’aussi grands génies, ce n’est pas à ton âge qu’on court tant de hasard surtout lorsque cela fait le malheur de sa famille […]. Voilà bientôt la 21e fois que les genets fleurissent depuis que j’ai le bonheur d’être avec toi il n’y a que tes absences qui m’ont paru longues le reste a passé comme un songe, viens finir le reste de notre carrière ensemble, nous ne nous apercevrons pas de la vieillesse qui arrive à grands pas… » Monge n’aime pas apprendre et découvrir seul et aime se faire accompagner d’un enfant lorsqu’il voyage. Cela apparaît à plusieurs reprises. Voir les lettres n°9, 20, 48 et 173. Il semble que pour « bien voir » Monge ait besoin de « faire voir ». L’acquisition et l’élaboration des connaissances sont étroitement liées à leur transmission. Après sa formation élémentaire en mathématiques chez les Oratoriens de Beaune et de Lyon, Monge poursuit son étude des mathématiques en même temps qu’il commence à les enseigner à Mézières à partir de 1766. Cette caractéristique de sa pratique de recherche permet de saisir la dynamique d’élaboration de son œuvre mathématique. C’est chez les Oratoriens de Lyon dès 1764 qu’il s’initie à cette pratique alors qu’encore élève il est chargé d’un enseignement de Physique. Elle est décrite clairement dans le « projet de Directoire à l’usage des jeunes régents » dont les copies ont été diffusées dans les collèges de 1720 à 1750 : « La congrégation de l’Oratoire emploie ordinairement ses élèves à étudier et enseigner les humanités [...] [parce qu’elle] est convaincue qu’en mêlant l’instruction à l’étude, on s’instruit mieux soi-même [...].» Cité dans COSTABEL P. (1986), « L’Oratoire de France et ses collèges », L’enseignement classique au XVIIIe siècle, Paris, Hermann, pp. 66-100, p. 72. (La copie citée appartient aux archives de l’Oratoire actuel à Montsoult (S.-etO.) Costabel indique en note qu’elle a appartenu à Michel Chasles et paraît dater de 1750.) On retrouve ce trait dès la fondation de l’École polytechnique en 1794 lorsque parmi les élèves les plus brillants sont choisis des « chefs de brigade » qui ont pour tâche de guider les autres élèves. TATON R. (1951), p. 39.
[9] Monge justifie son silence auprès de sa femme. Il n’en dit rien pour ne pas l’inquiéter mais c’est le contraire qui se produit : elle se montre particulièrement blessée par cette attitude. Voir les lettres n°163, 164 et 182.
[10] Les femmes des savants tout en connaissant les motifs qui déterminent l’action de leur mari expriment leur difficulté à se positionner comme eux dans ce temps accéléré et orienté vers le progrès et le bonheur futurs. Au sein de l’idée de progrès ce n’est pas le présent qui détermine le futur, mais le futur qui détermine le présent et le rythme. Les femmes revendiquent leur perception ancrée dans le présent qu’elles vivent. Elles en viennent même à penser que ce présent qu’elles subissent est déterminé par l’idée de progrès et les projets mis en œuvre pour les générations futures. Cela montre un décalage entre le temps de la science et le temps à dimension individuelle et personnelle. Marie-Marguerite Baur, la femme de Berthollet écrit à Monge le 30 germinal an VI (voir la lettre n°3) : « L’importance de l’expédition qui doit faire le bonheur de l’univers nous impose des sacrifices, et l’on dira je l’espère, que nous aussi nous avons bien mérité de la patrie. » Catherine à son tour de Paris le 20 brumaire an VII [10 novembre 1798], alors qu’elle ne reçoit pas de nouvelles de Monge, elle exprime son découragement en remettant en cause l’idée du bonheur collectif qui conduit à corrompre le bonheur individuel : « […] je ne sais si le bonheur que vous préparez à la génération future sera apprécié par elle ce qu’il aura couté de larmes et de chagrin à la présente, quant à moi et aux miens qui ne l’éprouverons jamais, je ne fais qu’un vœu c’est celui de te savoir heureux, il paraît qu’il ne sera pas exaucé et que je n’aurais jamais le bonheur de te revoir, encore si je recevais de tes nouvelles directes, je me trouverais heureuse mais je n’y compte plus. » Ainsi, Catherine refuse de partager l’enthousiasme de Monge pour un projet de conquête militaire et d’expédition scientifique Le 20 Prairial an VI [8 juin 1798], elle écrit : « Ces grandes choses sont au-dessus de ma sphère, les heureux résultats seront pour des gens qui ne sauront pas seulement si nous avons existé, ni combien ils auront coûté de larmes. » Elle tient tout de même à lui faire remarquer que c’est la première fois qu’elle est en désaccord avec son action en faisant valoir son bonheur personnel et qu’elle a non seulement soutenu son engagement révolutionnaire mais aussi partagé sa vision et son projet avant même 1789, elle écrit de Paris le 19 germinal an VI [8 avril 1798] « Jouissons du reste de vie que nous avons encore à parcourir, oublions ensemble tous les sacrifices que nous avons faits l’un et l’autre à notre patrie, que je suis prête à recommencer si les mêmes dangers existaient, car sur cela tu sais que nous n’eûmes jamais qu’un [avis], que mon amour pour la liberté a devancé la Révolution. Aujourd’hui que la République a triomphé de tous ces ennemis laisse à d’autres à agrandir ses ressources ne t’en mêle pas. ». Voir les lettres n°181 et 182.
[11] Louise MONGE (1779-1874) et son mari Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824) dit l’aîné afin de le différencier de son frère René ESCHASSÉRIAUX (1754-1831).
Bibliothèque de l'Institut de France (Paris).
Rome, le 23 germinal de l’an VI
Monge, commissaire du Directoire à Rome au général Bonaparte à Paris
Confirme l’assurance qu’on aura trois presses d’imprimerie avec des caractères arabes, syriaques, etc et des compositeurs.[1]
Les interprètes sont rares. On en trouvera au premier port. Ne peut quitter Rome pour suivre l’expédition sans un ordre du Directoire.
[1] Monge continue les préparatifs du départ pour l’Égypte, commencés dès Passeriano en septembre 1797. Voir les lettres n°119 et 131. Il se charge de l’imprimerie qui doit disposer de caractères orientaux, de trouver des interprètes et des cartes. Bonaparte lui recommande tout spécialement de s’occuper de l’imprimerie. Voir les lettres n°153, 155, 156, 157, 159 et 166.
Bibliothèque de l'Institut de France (Paris)
Bonaparte, Napoléon (1769-1821)
Rome, le 8 germinal de l'an VI de l'ère républicaine[1]
Mon cher général,
La nation des Maronites du Mont-Liban[2] possède à Rome un couvent près de San Pietro in Vincolo, où sept moines de cette nation vivent aujourd'hui du travail de leurs mains et sans être à charge au peuple de Rome.[3] C'est parmi eux que se trouve Antonio Janus d'Alep qui, parlant et écrivant l'arabe, peut en Europe servir d'interprète pour les langues orientales.[4]
Ces religieux viennent de nous présenter la pétition ci-jointe, à laquelle ils ont réuni les copies d'actes de protection accordés à leur nation par les rois de France à deux époques différentes.[5] Nous venons de prendre un arrêté portant que ces moines ne seront point inquiétés tant qu'ils ne diront, ne feront et n'écriront rien de contraire aux lois de la République romaine.
Vous verrez, citoyen général, jusqu'à quel point il peut être utile aux intérêts de la République française de se ménager des amis dans le Mont-Liban, et s'il convient que le Directoire fasse pour eux plus que nous n'avons cru devoir nous permettre.[6]
Salut et respect.
Monge
[1] Archives du dépôt de la guerre expédition d’Égypte. Copie Ms 2192 BIF.
[2] Les Maronites s’établissent au Ve siècle dans le Mont-Liban, non loin du tombeau de l’ermite Maron, dans les environs d’un couvent établi sur la rive droite de l’Oronte dans la région du Mont-Liban en Syrie. (HERZSTEIN R. (2009), « Les pères jésuites et les Maronites du Mont Liban : l’Université Saint-Joseph de Beyrouth », Histoire, monde et cultures religieuses 2009/1 (n°9), pp. 149-175, p. 151.)
[3] Le couvent Saint-Antoine se trouve sur l’Oppius, en face de la Basilique San Pietro in Vincoli (Saint-Pierre-auxLiens) L’autonomie financière des moines est un élément déterminant qui permet à Monge de trancher sans délai sur l’attitude à avoir envers ces religieux.
[4] Les Maronites formés au Collège de Rome sont des orientalistes érudits. Un des plus célèbres est Joseph-Simonius ASSEMANI (1687-1768), nommé à la bibliothèque vaticane. Monge participe à la préparation de l’expédition d’Égypte. Il est d’abord chargé par Bonaparte de l’imprimerie qui doit disposer de caractères orientaux, de trouver des interprètes et des cartes. Il rencontre des difficultés sur les deux derniers points. Voir les lettres n°153, 155, 156, 157 et 159.
[5] « À cette lettre sont jointes la pétition et la copie de deux actes de protection accordés par Louis XIV le 28 avril 1649 et par Louis XV le 12 avril 1737 » Note sur la copie BIF. Mais le premier roi de France à accorder sa protection aux Chrétiens maronites est Saint-Louis en 1250 à Saint-Jean d’Acre .
[6] Monge prend en compte le contexte diplomatique avec l’Empire ottoman. Le regroupement de toute la communauté maronite sous la protection spirituelle de l’Église catholique romaine et de la France conduit à l’élaboration d’une stratégie de survie unique dans la région, basée presque unitéralement sur l’aide et les soutiens extérieurs. Ainsi la région du Mont-Liban va se transfomer à la deuxième moitié du XIXe siècle en une enclave étrangère au monde musulman qui les entoure. (HERZSTEIN R. (2009), p. 156. )
Bibliothèque de l'Institut de France (Paris)
Bonaparte, Napoléon (1769-1821)
[1] Jacques-Pierre ORILLARD comte de VILLEMANZY (1751-1830) commissaire ordonnateur en chef de l’armée d’Italie, chargé des questions financières de la campagne. Archives du dépôt de la Guerre expédition d’Égypte. La lettre de Villemanzy qui était jointe à celle de Monge est transcrite dans la B.É.. Voir la lettre n°157.
[3] Bonaparte à Desaix Paris le 20 Germinal an VI [9 avril 1798] « Je n’ai point reçu de vos nouvelles mais les dernières lettres que j’ai reçues de Monge du 8 germinal, étaient assez satisfaisantes. » (2376, CGNB). Voir la lettre n°157.
[4] Laurent DE GOUVION SAINT-CYR (1764-1830). Il remplace officiellement Masséna à la tête de l’armée de Rome qui avait déjà laissé son commandement au général D’Allemagne à la suite de l’insurrection des officiers. Voir la lettre n°155. Sur les événements qu’a provoqués le remplacement de Berthier par Masséna à la tête de l’armée de Rome voir les lettres n°150, 151, 152, 153, 160, 161, 162 et 163.
[5] Monge est en collaboration étroite avec les militaires pour la préparation de l’expédition. Les instructions relatives à la préparation de l’expédition ont d’abord été donnés à Berthier, puis transmis à Messéna, et à D’Allemagne. Voir la lettre n°153.
[6] L’embarquement pour l’Égypte s’effectue à partir de deux ports français Toulon et Marseille et de deux ports italiens Gênes et Civitavecchia. Voir les lettres n°155 et 157. L’expédition d’Égypte est préparée dans le plus grand secret. Voir les lettres n° 131, 153, 154, 156, 157, 163, 164, 171 et 177.
Bonaparte, Napoléon (1769-1821)
Rome, le 7 germinal de l'an VI de l'ère républicaine[1]
Le courrier d'aujourd'hui portera au Directoire le traité que nous avons conclu hier soir avec le Consulat de la République romaine[3]. Si ce traité peut s'exécuter seulement aux trois quarts, les finances de l'armée d'Italie seront en bon état.[4]
Haller et le commissaire ordonnateur Villemanzy sont tranquilles sur l'opération de Civitavecchia. Des 6000 ou 7000 tonneaux, on en a déjà trouvé 4500 à Civitavecchia même. Le reste se trouvera à Livourne et Haller m'a expressément invité à vous assurer qu'il répondrait de tout.[5]
Cette opération est encore peu connue dans ce pays-ci, et l'on n'en parle presque pas ; mais celle de Gênes fait faire des conjectures auxquelles on en joindra d'autres lorsque celle-ci sera publique par le mouvement des troupes.[6]
Il sera nécessaire de faire sur les lieux quelques opérations de nivellement. Je pense que vous feriez bien de faire faire l'emplette de deux ou trois bons niveaux à lunette, afin de niveler rapidement. Le citoyen Prony[7] peut vous aider beaucoup dans le choix et l'acquisition de ces instruments.
Je crois qu'il serait bien d'avoir aussi quelques jeunes gens habitués à l'usage de ces instruments. Un jeune officier d'artillerie, nommé Berge, pourrait vous être très utile[8] ; le citoyen Berthollet connaît en partie ses talents et pourrait vous donner des renseignements sur l'utilité que vous pourriez en retirer.[9] Je ne trouve ici ni cartes, ni documents d'aucun genre ; ainsi il faut tirer tout cela de Paris et en grand nombre d'exemplaires.[10]
C'est la langue arabe qui sera le plus nécessaire. J'espère trouver ici quatre hommes pour cet objet ; je les accaparerai ; mais les uns savent l'arabe littéral, d'autres savent le vulgaire, et entre eux tous, je les regarde comme un seul bon interprète. Au reste, je n'ai fait que les sonder ; je ne traiterai avec eux qu'au moment de l'embarquement.[11]
Salut et respect.
Monge
[1] « Archives du dépôt de la guerre, Expédition d’Égypte », copie Ms 2192 BIF.
[2] Napoléon BONAPARTE (1769-1821).
[3] Les procès verbaux du Directoire indiquent que lors de la séance du 7 germinal an VI [27 mars 1798] les directeurs adressent leurs « félicitations aux commissaires du Gouvernement à Rome pour l’achèvement de la République romaine, avec laquelle ils sont chargés de négocier un traité d’alliance et d’amitié […]. » (PV, t. V, p. 18.)
[4] L’entretien de l’armée d’Italie mais aussi la préparation de l’expédition en Égypte représentent un coût très important. La question des finances est un objet de préoccupation qui apparaît à plusieurs reprises. Voir les lettres n°154, 155 et 156.
[5] Emmanuel HALLER (1745-1816) administrateur et trésorier-général de l’armée d’Italie et Jacques-Pierre ORILLARD comte de VILLEMANZY (1751-1830) commissaire ordonnateur en chef de l’armée d’Italie, chargés tous deux des questions financières de la campagne, seul l’ordonnateur dispose de pouvoir de décision financière. Voir la lettre n°158.
[6] L’expédition d’Égypte est préparée en secret. Voir les lettres n°131, 153, 154.156 157 158 163 164 171 et 177. Le départ pour l’expédition s’effectue à partir des ports de Marseille, Toulon, Gênes et Civitavecchia. Voir la lettre n°155.
[7] Gaspard-Clair-François-Marie RICHE baron de PRONY (1755-1839).
[8] François BERGE (1779-1832) élève polytechnicien de la première promotion de l’École polytechnique.
[9] Bonaparte répond à Monge le 16 germinal an VI [5 avril 1798] : « Nous aurons avec nous un tiers de l’Institut et des instruments de toute espèce.
Bibliothèque de l'Institut de France (Paris)
Bonaparte, Napoléon (1769-1821)
[2] Nomination de la commission pour l’armement de côtes de la Méditerranée lors de la séance du 15 ventôse an VI [5 mars 1798]. Cela n’est pas cité au procès-verbal. Veiller à la bonne organisation de l’embarquement de Civitavecchia est une tâche qui est confié non seulement à Monge mais aussi à ces deux collègues commissaires de la République à Rome. Sur l’embarquement de Civitavecchia voir les lettres n°155, 157, 158, 160, 166.
[3] Comme il en rend compte dans la suite de la lettre, Monge continue les préparatifs du départ pour l’Égypte, commencés dès Passeriano en septembre 1797 (voir infra). Il se charge de l’imprimerie qui doit disposer de caractères orientaux, de trouver des interprètes et des cartes. Voir les lettres n° 155, 156, 157, 159, 165 et 166.
[4] Monge sait très bien ce qui est disponible en Italie afin de constituer une imprimerie. Il a cherché tout spécialement les meilleurs poinçons des caractères orientaux lors de sa première mission en Italie. Voir les lettres n°86, 88, 109, 114, 133 et 134.
[5] L’expédition d’Égypte est préparée dans le plus grand secret. Ainsi Monge ne dit pas un mot à sa femme de sa mission relative à l’expédition. Voir les lettres n°154, 156, 157, 163, 164, 171 et 177.
[6] Bonaparte suit donc le conseille de Monge. Il écrit à Talleyrand, le 6 germinal an VI [26 mars 1798] afin que le ministre des relations extérieures donne l’ordre aux orientalistes Raige et Belleteste ainsi qu’aux trois meilleurs élèves de l’école des langues orientales Jaubert, Chézy et Laporte de se rendre à Toulon pour attendre des ordres ultérieurs. (2347, CGNB). Sur la difficulté de trouver des interprètes voir les lettres n°155, 157, 159.
[7] À partir de la fin août 1797, lors des négociations qui aboutissent au traité de Campo Formio, Monge et Berthollet rejoignent Bonaparte au quartier général de Passériano. Ensemble ils commencent à élaborer le projet d’une expédition en Égypte. Voir les lettres n°119 et131. Le 15 ventôse an V [5 Mars1798], le projet est adopté par le Directoire.
[10] L’idée d’une expédition militaire en Angleterre menée par Bonaparte sert de couverture à l’expédition d’Égypte.
[12] André MASSÉNA (1758-1817) remplace Berthier au commandement de Rome après que ce dernier soit entré dans la ville le 22 pluviôse an VI [10 février 1798]. Cela provoque une insurrection de l’armée de Rome. Voir les lettres n°150, 151, 152, 155, 161, 162 et 163. Masséna a dû recevoir comme Monge la lettre que Bonaparte lui a adressée le 15 ventôse an VI [5 mars 1798] : « Vous trouverez ci-joint, mon cher général, un arrêté que le Directoire exécutif me charge de vous faire passer. Comme il attache beaucoup d’intérêt à son exécution qui tient à l’ensemble de la grande expédition, il ne doute point que vous mettrez à l’exécuter. Il voudrait surtout que vous gardiez le plus grand secret tant sur les lieux où les troupes doivent ce rendre que sur le détail de l’embarquement. » (2324, CGNB). Voir la lettre n°155. Monge a déjà collaboré avec Berthier au cours de sa première mission en Italie. En octobre 1797, Monge et Berthier rentrent ensemble d’Italie. Ils sont chargés par Bonaparte de porter au Directoire le traité de paix de Campo Formio. Bonaparte a aussi un jugement favorable sur Berthier. Dans une lettre du 27 Thermidor an IV [14 août 1796], il le décrit au Directoire « Talents activité, courage, caractère ; tout pour lui. » (856, CGNB). De Paris le 25 pluviôse an 6 [13 février 1798], Catherine évoque la préférence de Monge pour Berthier : « Le général Masséna, est parti d’ici il y a 4 jours pour aller prendre le commandement de l’armée à Rome ; il faudra faire connaissance avec le nouveau venu, avant de pouvoir s’apprécier l’un l’autre il faut se connaître ; il eut été plus agréable pour toi d’avoir celui que tu connais. »
[13] Les arguments que Monge expose à Bonaparte sont précisément ceux que Catherine lui donne pour le dissuader de s’embarquer : son âge, la nature aventureuse du projet, la défense de l’École polytechnique et sa famille. Voir les lettres n°164, 176, 177 et 182. Catherine lui fait plus tard le reproche de ne pas avoir été assez convainquant sans cesser de souligner « le faible » de Monge pour ce projet. Elle écrit une lettre dont elle envoie quatre versions du 17 au 30 germinal an VI [ du 6 au 19 avril 1798]. La lettre du 17 germinal n’est pas conservée dans le fonds Monge et n’a pas été retrouvée : « Je reprends la plume, mon cher bon ami, pour te parler sérieusement du grand voyage auquel ont veut t’admettre malgré les deux lettres que tu as écrites pour t’en dispenser, apparemment que tu laisses entrevoir un peu de faible, d’après lequel on suppose qu’il sera facile de réduire tes raisons à zéro, car, on dit toujours que tu en seras. Je ne sais celles qui pourraient te déterminer à être de cette expédition, qui, je suis persuadée sera brillante parce que je la suppose bien combinée, d’après la confiance que j’ai dans la sagesse de ceux qui l’ont conçue ; je vais tacher de les détruire, d’abord sous le rapport politique, après cela j’entrerais dans celui de tes affections et les nôtres, si tu ne te rends pas. Je n’aurais au moins rien à me reprocher sur le chagrin et les malheurs que tu me causeras ainsi qu’à tes enfants qui sont absolument de mon avis, tes gendres méritent bien que tu prennes en considération leurs observations, tu leur dois ces égards. L’amitié et l’estime que tu as pour eux t’en font un devoir, malgré moi j’allais m’étendre sur les raisons particulières, qui ont toujours eu sur toi tout l’empire qu’on doit en attendre d’une âme comme la tienne, mais qui n’ont eu aucun effet tant que ton pays a été en danger, j’espère qu’elles en auront aujourd’hui que ces dangers n’existent plus, et que tu peux sans crainte te livrer à tes affections particulières, avec d’autant plus de raison que tu as contribué pour ton compte à consolider le bonheur et la gloire de ton pays […]. [ …] examinons à présent ton intérêt particulier ta réputation est faite, elle est même brillante, tu n’as pas de fils à pourvoir, tes deux filles sont mariées suivant leur cœur et nos désirs, tu as 50 ans, il te reste encore ainsi qu’à moi quelques années à passer toujours en attendant les infirmités. Crois-moi ne va pas les chercher si loin. » De Paris le 30 germinal elle envoie en plus du quatrième exemplaire, une nouvelle lettre dans laquelle elle insiste sur l’envie irrésistible et le plaisir de Monge de suivre le jeune général dans une telle expédition : « Je passe ma vie à t’écrire, mon cher bon ami, depuis que je sais que tu dois être du grand voyage, encore si je pouvais t’engager à revenir, et te prouver qu’il y a plus de faible dans ta conduite à cet égard que de désir non pas d’être utile parce que tu l’as toujours mais au moins tu sais bien que quand tu n’irais pas à cette expédition elle ne réussirait pas moins bien ; reviens donc tu as assez fait pour ton compte pour la république, les dangers sont passés ; […] le C.[itoyen] Fourrier [instituteur de l’École] te dira combien tu me causes de chagrin, et combien ta présence est nécessaire ici, comment as tu pu te décider à quitter peut être pour toujours ta famille. Je ne te parle pas de moi particulièrement, je sais qu’à mon âge on [n’] inspire plus grand intérêt, malheureusement, mes affections pour toi n’ont pas vieilli avec ma personne, mais tes enfants, tes gendres que tu aimes, tes parents à qui tu es cher, tu fais tous ces sacrifices à un individu qui est jeune, qui est fait pour faire de grande chose, qui réussira parce qu’il le veut. Toi qui as 52 ans, qui a une réputation brillante, une existence que je croyais heureuse, parce que tu me le disais, tu vas courir tous les hasards ensemble, cela est bon pour des jeunes gens qui débutent dans la carrière, récapitule tout ce que tu as fait depuis 89. Quel oubli total de toi même de ta famille, quelle existence malheureuse pour elle te voyant exposé à tant de dangers, je me flattais que quand la république serait hors de danger tu reprendrais tes occupations douces, tes habitudes charmantes qui faisaient notre bonheur, point du tout, voilà un nouveau levier qui vous fait mouvoir sans que vous vous en doutiez auquel vous sacrifiez tous. Je suis convaincue que le fond de votre âme n’est pas sans reproche, même sur votre faiblesse, il faut être ferme dans ces volontés, et ne pas se laisser diriger comme cela ; voilà de beaux philosophes ! » Voir la lettre n°177.
[14] Monge exprime à de nombreuses reprises la nature grandiose et prestigieuse de l’expédition en faisant transparaître son enthousiasme et cela dès Passeriano. Voir les lettres n°131, 163, 171, 174, 176, 184 et 187.
[15] Monge a quitté la direction de l’École polytechnique (voir les lettres n°127, 145 et 146) pour accomplir sa double mission à Rome : la fondation de la République romaine et la préparation de l’expédition d’Égypte. Déjà lors de sa précédente mission en Italie en 1796 et 1797, l’École a dû faire face à de puissantes attaques (voir les lettres n°17, 43, 77 et 95.) Monge ne cesse jamais de se préoccuper activement de l’École voir les lettres n°3, 15, 84, 87, 103, 95, 132, 153, 156, 167, 168, 169, 170, 172, 175 et 185.
[16] Lors de cette deuxième mission, Monge est très préoccupé par sa femme Catherine HUART (1748-1847). Voir les lettres n°151, 163, 173, 176, 181 et 182. Elle exprime dès le début de la mission de Monge de l’anxiété et de la tristesse. Voir la lettre n°152. Le départ possible de Monge pour une expédition lointaine intensifie ses sentiments. Voir la lettre n°182. Bonaparte ne néglige pas la préoccupation de Monge à ce sujet. Voir les lettres n°167 et 168.
[1] La lettre n°192.
[2] Cette deuxième lettre est une sorte de résumé de la précédente (n°192). Les éléments qui les composent sont identiques mais ne sont pas développés dans la seconde.
[3] Louis-Charles-Antoine Desaix (1768-1800) et MOURAD BEY (1750-1801). Voir les lettres n°192 et 197.
[4] Leur fille aînée Émilie MONGE (1778-1867), son mari Nicolas-Joseph MAREY (1760-1818) et leurs deux fils Guillaume-Stanislas MAREY-MONGE (1796-1863) et Gaspard-Louis MAREY-MONGE (1797-1821) et leur fille cadette Louise MONGE (1779-1874), son mari Joseph ESCHASSÉRIAUX (1753-1824) et leur fille dont Monge ne connaît pas encore l’existence, Lucile-Eugénie ESCHASSÉRIAUX (1798-1867). Voir la lettre n°196.
[5] Le frère de Gaspard Louis MONGE (1748-1827) et sa femme Marie-Adélaïde DESCHAMPS (1755-1827) ainsi que la sœur de Catherine, Anne Françoise HUART (1767-1852) et son mari Barthélémy BAUR (1752-1823).
Bibliothèque centrale de l'École polytechnique / Centre de Ressources Historiques. (Palaiseau, France).