1
50
3
-
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1796-1797 : Première mission en Italie, La commission des sciences et des arts
Prairial an IV - vendémiaire an VI
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Monge, Gaspard
Description
An account of the resource
135 lettres
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1796-05 - 1797-10]
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
135 lettres
Language
A language of the resource
Français
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Dupond, Marie (édition scientifique)
Walter, Richard (édition numérique)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fiche : Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Date calendrier révolutionnaire
24 thermidor an V
Contexte géographique
Lieu(x) de l'action décrite dans le contenu de l’œuvre
Venise
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
<p>Bibliothèque de l'Institut de France (Paris).</p>
Transcription
<div style="text-align: justify;">Venise, le 24 thermidor de l'an V de la République</div>
<div style="text-align: justify;"> </div>
<div style="text-align: justify;">Tu me reproches, ma chère amie, de ne plus avoir d'enthousiasme.<a name="ftn" href="#_ftn1">[1]</a> Hélas ! Nous en montrions lorsque, persuadés que la majorité de la nation voulait la République, nous pensions qu'il ne s'agissait que de lui faire sentir que tout l'Univers l'approuvait, pour lui faire admirer son ouvrage.<a name="ftn" href="#_ftn2">[2]</a> Lorsque, persuadés que la majorité des représentants, après avoir juré la liberté et l'égalité, étaient disposés à les défendre, nous présumions qu'il suffisait de lui faire bien sentir que la République ne pouvait trouver d'amis sincères dans les gouvernements monarchiques, et qu'elle ne pouvait compter d'une manière solide, au moins pour quelque temps, que sur les républiques constituées comme elles et qui lui seraient redevables de leur liberté ; lorsque, comptant encore sur quelque sentiment vertueux de la part des Français, nous présumions qu'ils ne fouleraient pas aux pieds les trophées de leurs braves armées, et qu'ils ne rendraient pas inutile tant de sang répandu. Mais quand on voit que la République est morte,<a name="ftn" href="#_ftn3">[3]</a> quand il paraît certain que les émigrés et les prêtres viendront à bout de corrompre l'esprit public ; quand on sent que les armées seront peut-être obligées de rentrer les armes à la main pour défendre le fruit de leurs victoires,<a name="ftn" href="#_ftn4">[4]</a> et que dans cette guerre malheureuse elles doivent finir par se dissoudre ; quand il paraît certain que nous allons rentrer plus avant que jamais sous le joug des préjugés abrutissants ; que dans toute l'étendue de la République, il n'y aura que des prêtres, c'est-à-dire les gens les plus ignorants et les plus fourbes qui puissent parler en public ; que le mot même de philosophie sera proscrit, etc. ; ma foi, ma chère amie, le zèle s'étonne et la gaîté s'envole avec l'espérance.<a name="ftn" href="#_ftn5">[5]</a> D'ailleurs, voilà une soixantaine de patriotes fusillés à Turin ; tous nos amis à Rome, tous ceux qui nous avaient donné des marques d'amitié dans notre dernier séjour, sont actuellement aux galères à Civitavecchia<strong>.</strong> Ce sont des personnages éclairés, courageux, à qui notre connaissance a été fatale, et qu'il nous sera peut-être impossible de soulager dans leur misère.<a name="ftn" href="#_ftn6">[6]</a> Rien de tout cela ne serait arrivé si ceux qui manient les destins d'une grande nation, pour son malheur et pour celui de l'univers, avaient eu l'âme assez grande pour concevoir la grandeur de ses destinées et avaient été assez sages pour ne rien faire de contraire. Mais des imprudents et des maladroits ont arraché des mains de l'artiste le beau vase de cristal de roche qu'il venait de tailler; il était déjà poli, il ne s'agissait plus que de l'embellir par de belles gravures et ils l'ont jeté à terre. Il est brisé pour jamais. Il est bien certain qu'ils seront l'opprobre de la postérité, que leurs noms seront à jamais maudits dans les siècles à venir ; mais le malheur de la France et celui de l'univers est produit sans ressource. L'occasion est manquée, et nos ennemis intérieurs et extérieurs, instruits par cette leçon qui les a fait trembler, en profiteront. Ils empêcheront l'occasion de renaître ; ils proscriront l'instruction du peuple ; ils éteindront les lumières ; ils s'opposeront au perfectionnement de l'espèce humaine,<a name="ftn" href="#_ftn7">[7]</a> et tant de peines, tant de travaux, tant de sang répandu, seront non seulement perdus, mais n'auront servi qu'à aggraver nos chaînes et à augmenter le malheur de l'espèce humaine.</div>
<div style="text-align: justify;">Je t'avais chargée, depuis Milan, de me mander si tu croyais que je pusse rentrer avec sûreté en France.<a name="ftn" href="#_ftn8">[8]</a> Je crois que je n'attendrai ici ta réponse qu'une dizaine de jours ; si elle n'arrive pas, je me mettrai en route pour Paris, en passant par Milan pour en demander l'agrément au général en chef.<a name="ftn" href="#_ftn9">[9]</a> Notre collègue Moitte doit être embarqué à Livourne avec tout le convoi de Rome<a name="ftn" href="#_ftn10">[10]</a> pour Marseille.<a name="ftn" href="#_ftn11">[11]</a> Thoüin doit partir de Livourne ou de Gênes pour se rendre à Naples auprès de son parent Trouvé<a name="ftn" href="#_ftn12">[12]</a> et de là en Sicile. Berthélemy<a name="ftn" href="#_ftn13">[13]</a> viendrait avec moi jusqu'à Lyon, pour de là descendre jusqu'à Arles au-devant du convoi. Berthollet resterait ici, du moins pendant quelque temps, pour représenter la Commission,<a name="ftn" href="#_ftn14">[14]</a> et moi je me rendrais avec Moineau<a name="ftn" href="#_ftn15">[15]</a> à Paris en passant par Nuits, où je resterai au moins un jour. Voilà du moins le château d'Espagne que je fais à Venise. Dieu veuille qu'il se réalise.</div>
<div style="text-align: justify;">Nous avons célébré hier le 10 août,<a name="ftn" href="#_ftn16">[16]</a> et nous avons assisté à un banquet auquel nous ont invité les patriotes vénitiens. On a trouvé convenable que ce fût moi qui chantasse l'hymne au Soleil que nous avons reçu de Paris, et qui renferme quelques-uns des articles du citoyen Dupuy.<a name="ftn" href="#_ftn17">[17]</a> J'ai obéi et toute l'assemblée a été contente de la pièce. J'aurais bien mieux joué un rôle de prêtre du Soleil si j'avais eu le cœur content ; mais la gaieté était sur mes lèvres et la mort était dans le cœur. D'ailleurs je suis triste quand je vois à quel état va être réduite cette pauvre Venise, à laquelle l'Empereur enlève aujourd'hui les possessions les plus importantes ; quand je vois que notre implacable ennemi va gagner plus par la paix qu'il n'a perdu par la guerre ; quand je vois qu'il va devenir le maître de l'Adriatique par les beaux ports dont il s'empare, par les beaux chantiers qu'il va élever, par la masse énorme de matelots qu'il va gagner. A quoi sert d'avoir conservé quelques-unes des îles grecques et d'avoir fait flotter le pavillon tricolore sur les débris de la cabane d'Ulysse ; il saura bien s'emparer par la suite de ce misérable pays et la France sera alors trop loin de lui, trop plate, trop vicieuse, trop ignorante pour lui inspirer quelques craintes.<a name="ftn" href="#_ftn18">[18]</a></div>
<div style="text-align: justify;">Au reste, ma chère amie, les hommes sont trop méchants; ils ne valent pas les tourments qu'un homme sensible et ami du beau se donne pour eux. Mon grand désir est de retourner auprès de toi, de m'occuper de ton bonheur, de celui de la famille, et de ne lire que des gazettes qui auront trois mois de date.<a name="ftn" href="#_ftn19">[19]</a></div>
<div style="text-align: justify;">Il pourrait bien se faire que je ne partisse pas aussi tôt que je te l'ai dit plus haut, mais je t'assure que ce sera le plus tôt que je pourrai.<a name="ftn" href="#_ftn20">[20]</a></div>
<div style="text-align: justify;">Adieu, embrasse bien pour moi tous nos amis, toute la maison, et compte sur les tendres sentiments de ton bon ami.<br />
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[1]</a> Voir la lettre n°110 et la réponse de Catherine du 14 thermidor an V [1er août 1797] en note.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[2]</a> Selon Monge c’est le moyen de provoquer l’enthousiasme national. Voir les lettres n°4 et 5.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[3]</a> En Avril 1797, les Royalistes gagnent les élections lors du renouvellement d’un tiers du conseil des Cinq-Cents. Ils sont alors en majorité au conseil des Cinq Cents. Monge n’en est pas tout de suite affecté, il compte sur les victoires de la république à l’extérieur de la France pour la renforcer à l’intérieur. Voir les lettres n°76, 89 et 90. Sur la montée es Royalistes et la réponse du Directoire avec le coup d’état du 18 fructidor, voir les lettres n° 110, 116, 118, 127, 131, 132 et 135.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[4]</a> Godechot utilise notamment cette lettre de Monge pour compléter ce qui est exprimé par les adresses aux Armées des généraux et traiter du recours aux armées dans la gestion de la crise de Fructidor. « Si le Directoire avait ainsi lâché la bride aux généraux et surtout à ceux des armées d’Italie et de Sambre-et-Meuse qui passaient pour le plus nettement républicains, c’est qu’en retour ils attendaient d’eux des services particulièrement importants.[…­] [Le Directoire] prévoyait […] qu’il aurait besoin de leur intervention dans la politique pour lutter contre les modérés. […] Le gouvernement était dûment averti par l’opposition. Néanmoins, il lui apparaissait impossible de lutter contre les modérés par des moyens constitutionnels. L’abrogation des lois des 3 et 4 Brumaire an IV, qui avaient exclu des assemblées électorales un certain nombre de citoyens, émigrés, déportés, auteurs ou provocateurs « de mesures séditieuses » ; l’abrogation d’une grande partie de la législation électorale contre les émigrés et leurs parents, la proposition d’abroger les lois contre les prêtres réfractaires, indiquaient à tous et d’une manière suffisamment nette les intentions des modérés : eux-mêmes pour compléter leur victoire, songeaient à faire appel à l’armée, ils comptaient sur Moreau. Le Directoire répandit habilement ces nouvelles dans les armées qui passaient encore pour très républicaines, celles de Bonaparte et de Hoche. Elles répondirent en envoyant des adresses aux armées. Bonaparte donna l’exemple […] le 14 juillet 1797 : « Soldats, s’écrie-t-il, je sais que vous êtes profondément affectés des malheurs qui menacent la Patrie, mais la Patrie ne peut courir de dangers réels. Les mêmes hommes qui l’ont fait triompher de l’Europe coalisée sont là. Des montagnes nous séparent de la France, vous les franchiriez avec la rapidité de l’aigle pour maintenir la Constitution, défendre la liberté, protéger le gouvernement et les républicains[…­] ». Godechot complète en indiquant que les sentiments de l’armée d’Italie se manifestent aussi dans les correspondances privées en citant d’abord le général Dupuy et Monge, d’après DE LAUNAY L. (1933), p. 163. <em>In</em> GODECHOT J. (1941), pp. 660-662. Voir les lettres n°131, 132 et 135.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[5]</a> Voir les lettres n°116 et 118.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[6]</a> Monge se montre très attaché aux républicains de Rome. Voir la lettre n°113. Monge n’admet pas l’abandon des républicains italiens après les avoir utilisés au sein de stratégies diplomatiques, et il écrit à Bonaparte à ce sujet. La lettre ne figure pas dans le corpus mais Bonaparte en fait mention dans une lettre à son frère Joseph BONAPARTE (1768-1844) le 16 fructidor an V [2 septembre 1797] alors ambassadeur auprès de Pie VI « Vous trouverez ci-joint, citoyen ambassadeur, une lettre que m’avait écrite dans le temps le citoyen Monge ; je crois très essentiel pour la dignité de la République française, comme pour le bien de l’humanité que vous fassiez sentir à la cour de Rome la nécessité de ne pas sacrifier des hommes aussi universellement estimés que ceux dont il est question dans cette lettre. Il est indispensable ; je pense, que, tout en cherchant à maintenir une bonne amitié entre la République française et la cour de Rome ; vous deviez cependant freiner cette fureur, qui semble animer plusieurs ministres de cette cour, d’opprimer les hommes qui ont accueilli nos artistes ou servis nos ambassadeurs. » (1955, <em>CGNB</em>). Voir la lettre n°132.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[7]</a> Monge exprime clairement dans quel projet il s’inscrit et que vise son action publique : transmission et progrès des sciences, perfectionnement de l’espèce humaine c’est à dire de l’esprit. Sur l’idée de progrès, voir les lettres n°3, 4 et 5.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[8]</a> Voir la lettre n°113.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[9]</a> Napoléon BONAPARTE (1769-1821)</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[10]</a> Sur le rassemblement à Livourne de tous les objets remis par le Pape à la France selon le Traité de Tolentino du 1er ventôse an V [19 février 1797], voir les lettres n°81, 92, 94, 95, 98, 102, 109, 110, 114 et 115.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[11]</a> Jean-Guillaume MOITTE (1746-1810). Sur l’embarquement voir les lettres n°121 et 122.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[12]</a> Claude-Joseph TROUVÉ (1768-1860). Il est le gendre du commissaire André THOÜIN (1747-1824). Secrétaire de légation à la cour de Naples. <em> </em></p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[13]</a> Jean-Simon BERTHÉLÉMY (1743-1811).</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[14]</a> Claude-Louis BERTHOLLET (1748-1822) est le dernier membre de la commission à quitter l’Italie fin novembre 1797. Voir la lettre n°138.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[15]</a> MOINEAU ( ?- ?) domestique de Monge attaché à la commission.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[16]</a> Fête de l’abolition de la royauté et de la naissance de la République.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[17]</a> Charles-François DUPUIS (1742 -1809) auteur de l’ « hymne au soleil » et de <em>l’Origine des religions. </em>Voir les lettres n°39 et 104.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[18]</a> Les préliminaires de Leoben signés le 29 germinal an V [13 avril 1797], prévoient que l’Autriche cède la Belgique et récupère la Vénétie. Et en effet, Monge, ancien ministre et examinateur de la Marine (voir la lettre n°118 et 132), voit juste lorsqu’il craint que l’Autriche ne devienne ainsi une puissance maritime dangereuse. Monge qui n’envisage pas encore le projet d’une expédition en Égypte ne comprend pas l’enjeu de la prise des îles de Corfou, Zante et Céphalonie en juin 1797 (voir les lettres n°90 et 110) ni même pourquoi la Vénétie révolutionnée (voir les lettres n°76, 84, 90, 93, 96 et 99) a pu constituer une monnaie d’échange avec l’Empereur, François II (1768-1835). Monge se montre alors ici sincèrement solidaire des révolutions en Italie et ne perçoit pas comme Bonaparte le mouvement italien de démocratisions comme un moyen de pression et un instrument de persuasion utilisable dans la guerre avec l’Empereur. Dès le 7 prairial an V [26 mai 1797], Bonaparte exprime au Directoire sa volonté de se saisir des îles ioniennes : « J’envoie le général Gentili avec 1500 hommes, 5 ou 600 Vénitiens et une partie de nos flottilles, pour s’emparer de Corfou, Zante et de Céphalonie. Pour Corfou je crois que nous devons irrévocablement le garder. » (1580, <em>CGNB</em>) Le même jour au général Gentili, il indique comment la France doit avancer masquée dans cette affaire : « Vous trouverez à Venise cinq frégates commandées par le citoyen Bourdé, et vous vous embarquerez avec vos troupes sur ces frégates er sur quelques autres bâtiments de transport, s’il est nécessaire, et vous partirez le plus promptement et le plus secrètement possible, pour vous rendre à Corfou et vous emparez de tous les établissements vénitiens au Levant. Vous aurez soin de n’agir que comme auxiliaire de la République de Venise et de concert avec les commissaires que le nouveau gouvernement aurait envoyés ; enfin, de faire l’impossible pour nous captiver les peuples, ayant besoin de vous maintenir le maître, afin que, quel que soit le parti que vous preniez pour ces îles, nous soyons dans le cas de l’exécuter. » (1582, <em>CGNB</em>). Enfin, Bonaparte exprime clairement au Directoire son projet d’une campagne en Égypte de Milan cinq jours plus tard, le 29 thermidor an V [16 août 1797] : « L’empereur paraît diriger toutes ses forces vers l’Italie ; les nombreuses recrues qu’il fait, jointes aux prisonniers qu’on lui a rendus, et qu’il a le temps d’exercer, le mettront dans le cas de m’opposer une armée formidable. […] Les îles de Corfou, Zante et Céphalonie sont plus intéressantes pour nous que toute l’Italie ensemble. Je crois que si nous étions obligés d’opter il vaudrait mieux restituer l’Italie à l’Empereur et garder les quatre îles, qui sont une source de richesse et de prospérité pour notre commerce. L’empire des Turcs s’écroule tous les jours ; la possession de ces îles nous mettra à même de le soutenir autant que cela sera possible, ou d’en prendre notre part. Les temps ne sont pas si éloignés où nous sentirons, que pour détruire véritablement l’Angleterre, il faut nous emparer de l’Égypte. Le vaste empire ottoman qui périt tous les jours, nous met dans l’obligation de penser de bonne heure à prendre des moyens pour conserver notre commerce du Levant. » (1908, <em>CGNB</em>) Sur ce même sujet, voir aussi les lettres du même jour à TALLEYRAND (1910 et 1911, <em>CGNB</em>). Voir la lettre n°131. Sur les différents projets d’une expédition en Égypte de la diplomatie française voir la préface de Fourier. FOURIER J. [1809] (1821) « Préface historique », <em>Description de l’Égypte ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l’expédition française</em>, Paris, Pansckoucke, 1, i-clv. et HITZEL F. (1999) ; DUPOND M. (2014), “ The triangular relationship between science, politics and culture determined by the idea of progress and implemented through the Expedition to Egypt (1798-1799) ” in KATSIAMPOURA G. (2014), <em>Scientific cosmopolitalism and local cultures ; Religions, ideologies, societies, Proceedings of 5<sup>th</sup> International conférence of the European society for the History of science</em>, novembre 2012, Athens, N.H.R.F., pp. 409-417.</p>
<p> </p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[19]</a> La position de Monge est ici bien différente de celle défendue dans une lettre à Marey. Voir la lettre n°90.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[20]</a> Monge quitte l’Italie dans la nuit du 26 vendémiaire an V [17 octobre 1797].</p>
</div>
</div>
Auteur transcription
Auteur de la transcription si elle existe
Indiquer l'auteur suivi de la date de la transcription (format français & entre parenthèse).
Une entrée par auteur
Taton, René
Publication
Deux choix :
Inédit.
Nom, Prénom (de l’auteur), Titre de la publication, Lieu, Maison d’édition, Date.
Indiquer volume, tome ou collection si nécessaire….
Une entrée par édition
Inédit.
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
<p>Huart, Catherine (1748-1847)</p>
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
119. Monge à sa femme Catherine Huart
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1797-08-11
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Monge, Gaspard
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Dupond, Marie (édition scientifique)
Walter, Richard (édition numérique)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Ms 2192, pp.128-130.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Venise (Italie)
Subject
The topic of the resource
Enthousiasme
République
Fêtes nationales
Perfectionnement de l'esprit
Progrès
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fiche : Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Enthousiasme
Fêtes nationales
Perfectionnement de l'esprit
Progrès
République
-
https://eman-archives.org/monge/files/original/631c820d58bce4c0931fab55bd1ec713.JPG
f056245bd58a2209f436382e776bf000
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fiche : Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
https://eman-archives.org/monge/files/original/16992bcba97f80ce03b897af5ca59dbc.JPG
0b7117c0467a773cdcfd0e2efef6d1e2
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fiche : Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
https://eman-archives.org/monge/files/original/5ea498acfc18bf1ad0d7be80b3d41cf6.JPG
59afb6cfb28e93d2dc72a3e781fe8cc1
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fiche : Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
https://eman-archives.org/monge/files/original/b9b69d8a91d98ab06bc4fd2942e8e7fc.JPG
0e9602c163b32162d0aa0b2dde1c149c
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fiche : Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1796-1797 : Première mission en Italie, La commission des sciences et des arts
Prairial an IV - vendémiaire an VI
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Monge, Gaspard
Description
An account of the resource
135 lettres
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1796-05 - 1797-10]
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
135 lettres
Language
A language of the resource
Français
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Dupond, Marie (édition scientifique)
Walter, Richard (édition numérique)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fiche : Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Date calendrier révolutionnaire
30 prairial an V
Contexte géographique
Lieu(x) de l'action décrite dans le contenu de l’œuvre
Naples
Naples (Italie)
Vésuve (Italie)
Herculanum (Italie)
Transcription
<div style="text-align: justify;">Naples, le 30 prairial de l'an V de la République française</div>
<div style="text-align: justify;"> </div>
<div style="text-align: justify;">C'est le 12 mai que nous nous sommes mis en route pour venir de Rome ici.<a name="ftn" href="#_ftn1">[1]</a> De même que la Révolution, nos amours ont des époques chéries, auxquelles il faut conserver leurs anciens noms. Tout le long du chemin je cherchais les fleurs jaunes du genêt, mais cette pauvre plante de nos terres argileuses des Ardennes ne vient pas dans cette extrémité de l'Italie. C'est le myrte à grandes feuilles en fleurs qui borde les chemins dans presque tout le Royaume de Naples. L'odeur de cet arbrisseau est plus suave, mais ses fleurs ont moins d'éclat et surtout moins de durée que celles du genêt, et si c'eût été dans nos sévères pays du Nord que la mythologie eut pris naissance, c'eût été le genêt qui eût été consacré à l'amour. Si par malheur, j'étais condamné à passer encore une année loin de toi et dans ces climats, je solliciterais auprès de toi pour le myrte un brevet de lieutenant du genêt. Mais j'espère bien que cette démarche sera inutile, et que désormais ce sera le titulaire qui remplira ses fonctions.<a name="ftn" href="#_ftn2">[2]</a></div>
<div style="text-align: justify;">C'est réellement une bien belle ville que Naples, située en amphithéâtre au fond d'un golfe très grand, que ses faubourgs embrassent presque dans toute sa circonférence. Sa situation lui permettrait de devenir une seconde Carthage ou une troisième Tyr, c'est-à-dire le centre du commerce des trois anciennes parties du monde, si ses institutions politiques, civiles et religieuses ne la réduisaient pas à un état de nullité complète, à celui de patrie des polichinelles. À Rome, c'est l'imposture qui gouverne ; ici c'est la tyrannie la plus éhontée qui ne se donne même pas la peine de déguiser ses chaînes et cette lettre qui sera décachetée et vraisemblablement lue par le monstre femelle que l'enfer a vomi sur le trône de Naples, te prouvera que toute communication est ici fermée avec les lumières.<a name="ftn" href="#_ftn3">[3]</a> Le mariage du fils du prince avec une autre autrichienne<a name="ftn" href="#_ftn4">[4]</a> annonce que de semblables mesures ne doivent pas cesser si promptement; et présage pour ce triste pays la barbarie la plus complète. Bientôt on ne saura pas ici s'il existe une France qu'on ne le sait à la Chine. Mais qui peut pénétrer les desseins de Dieu qui fait concourir et le faible et le méchant à l'opération de ses merveilles ?</div>
<div style="text-align: justify;">Nous sommes allés hier soir voir le Vésuve ; nous sommes montés au sommet, sur le bord du cratère. Depuis la dernière éruption qui a eu lieu il y a trois ans, le volcan ne jette plus rien au dehors ; le fond du cratère ne présente qu'une simple cavité en entonnoir, et tout dort du plus profond sommeil, du moins en apparence, dans l'antre de Vulcain. Il s'élève quelque fumée de la surface du terrain; elle provient de la combustion lente des parties sulfureuses qui s'y trouvent au contact avec l'air, et la chaleur qui a lieu dans quelques endroits est purement superficielle.<a name="ftn" href="#_ftn5">[5]</a> Mais le spectacle des masses énormes de lave qui à différentes époques, ont couvert ce beau pays et porté la désolation sur le territoire vous attriste ; c'est encore bien pis lorsque vous descendez dans les fouilles d'Herculanum.<a name="ftn" href="#_ftn6">[6]</a> On n'y a encore découvert qu'une partie du grand théâtre dont on a retiré quelques objets d'art. Ce théâtre tout en pierres, bien construit et presqu'encore tout neuf, s'est trouvé rempli entièrement et absolument couvert, ainsi que toute cette malheureuse ville, d'une lave compacte et dure, sur laquelle est bâtie actuellement la petite ville de Portici. Les constructions d'aujourd'hui paraissent faites de boue et de crachat en comparaison des bâtiments d'Herculanum ; et il semblerait que les hommes sont devenus des pygmées. Ma course au Vésuve m'a prouvé que je n'avais plus mes jambes de 25 ans avec lesquelles j'arpentais les Pyrénées.<a name="ftn" href="#_ftn7">[7]</a> Elle m'a bien fatigué ; mais je ne suis pas fâché d'avoir vu par moi-même le lieu de la scène de si grands phénomènes.<a name="ftn" href="#_ftn8">[8]</a></div>
<div style="text-align: justify;">La dernière éruption a produit un torrent de lave qui a coulé jusqu'à la mer et qui, dans son passage a couvert un village situé sur le rivage ; eh bien, dès que la lave a été refroidie, on s'est empressé de rebâtir dessus ; actuellement les fondations sont au-dessus du clocher de l'ancien village. Il est probable que, comme on le pense ici, cette position est plus sûre qu'une autre, et qu'une lave subséquente ne glissera pas sur la première, mais se versera dans des lieux plus bas qui sont à côté. D'ailleurs la surface d'une lave ne peut pas servir de lit à une autre ; car quand elle commence à se refroidir, c'est d'abord la surface qui se durcit ; puis le dessous, qui est encore fluide, coule peu à peu ; et la surface qui se trouve mal soutenue, se casse en gros morceaux que la partie qui coule encore entraîne dans le plus grand désordre ; et la masse, à la couleur près, ressemble assez bien pour l'irrégularité à une débâcle de glace arrêtée par un pont. <a name="ftn" href="#_ftn9">[9]</a></div>
<div style="text-align: justify;">Nous avons encore ici pour trois jours à voir et parcourir Naples et les environs<a name="ftn" href="#_ftn10">[10]</a> ; ensuite nous retournerons à Rome le plus vite que nous pourrons, à moins que le théâtre de St Charles ne doive s'ouvrir très promptement.<a name="ftn" href="#_ftn11">[11]</a> Il faut bien voir cet établissement qui jouit encore sur parole d'une si grande réputation en musique. Notre adjoint Kreutzer,<a name="ftn" href="#_ftn12">[12]</a> qui est un de nos premiers artistes de Paris, et qui par parenthèse est un bon patriote, et un jeune homme très sensible, attend aussi cette ouverture du théâtre dans l'espoir de trouver en Italie quelque chose de bon dans son genre. Il trouve cette pauvre Italie bien au dessous actuellement de sa renommée.</div>
<div style="text-align: justify;">Une chose assez drôle, c'est que le prince Borghèse<a name="ftn" href="#_ftn13">[13]</a> et d'autres Romains qui sont venus ici pour voir les fêtes que l'on doit donner à l'occasion du mariage du fils du tyran, sont fort mal vus, et qu'ils sont presque réduits à venir nous voir, pour voir quelqu'un. Quand sa mère nous rencontre, elle nous accable de saluts ; je crois, Dieu me pardonne, que tous ces pauvres Romains passent ici pour jacobins, et que, parce qu'ils ont communiqué avec nous à Rome, on leur fait faire la quarantaine.</div>
<div style="text-align: justify;">Adieu ma chère amie; pense quelquefois à moi, caresse pour moi la bonne Louise, l'espiègle Paméla, la grave Fillette.<a name="ftn" href="#_ftn14">[14]</a> Dis mille choses aimables de ma part au citoyen Baur<a name="ftn" href="#_ftn15">[15]</a>, ménage la sciatique de mon pauvre frère, ne m'oublie pas auprès de sa charmante moitié,<a name="ftn" href="#_ftn16">[16]</a> ni auprès de la citoyenne Berthollet<a name="ftn" href="#_ftn17">[17]</a> et compte sur les tendres sentiments de ton bon ami.</div>
<div style="text-align: justify;"> Monge</div>
<div style="text-align: justify;"><br />
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[1]</a> Monge accompagné de ses collègues Jean-Guillaume MOITTE (1746-1810) et Jean-Simon BERTHÉLÉMY (1748-1822). Berthollet est à Venise. Thoüin à Livourne. Voir la lettre n°103.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[2]</a> Monge commet ici une erreur de date assez curieuse: il s'agit en fait du 16 juin 1797 (28 prairial an V). [R.T.] Voir la lettre n°104. Monge fait référence à leur mariage dont la date anniversaire est le 12 juin et qui est symbolisé par la fleur de genêt. Voir les lettres n°8, 127, 181 et 187. Le 20 messidor an V [8 juillet 1797], Catherine lui répond de Paris en lui faisant remarquer son erreur « Tu t’es mis en route le 12 mai, mon cher bon ami, pour aller à Naples, et tu cherchais des genêts, moi qui suis plus sure des époques heureuses de ma vie, je t’ai écrit le 12 juin pour te rappeler celle-là. Si tu continues, tu seras obligé de solliciter ce brevet pour le myrte, mais je ne l’accorderai pas il me faut le titulaire, et cela le plus tôt possible. » Enfin, Monge admet son erreur mais indique encore qu’il s’est mis en route pour Naples le 12 juin 1797. Voir la lettre n°118. </p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[3]</a> MARIE-CAROLINE D’AUTRICHE (1752-1814), femme de FERDINAND IV, roi de Naples et de Sicile (1751-1825). Sœur de Marie-Antoinette et ennemie de la Révolution. De Paris, le 20 messidor an V [8 juillet 1797], Catherine commente avec la même énergie : « Puisque tu supposais qu’elle [le monstre femelle] devait lire ta lettre tu aurais dû être plus discret sur son compte, il faut se défier de ces espèces de monstres, ils sont trop difficiles à abattre. » </p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[4]</a> FRANÇOIS DE NAPLES, FRANÇOIS Ier DES DEUX-SICILES (1777-1830), fils de Marie-Caroline D’Autriche et FERDINAND IV. Il épouse MARIE-CLÉMENTINE D’AUTRICHE (1777-1801) le 8 messidor an V [26 juin 1797].</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[5]</a> Cette description pourrait répondre aux critères d’un compte-rendu d’expérience en chimie. Un terme tel que « combustion lente » constitue un premier indice. Les images convenues de l’ « antre de Vulcain » et du « sommeil » du volcan sont le seul trait qui pourrait évoquer un discours mondain sur la science. La spécificité de ces sites archéologiques est leur lien avec des questionnements scientifiques. Cela constitue un élément de plus qui montre la posture pédagogique que Monge adopte avec les membres de sa famille. Voir les lettres n°9, 13, 20, 48, 108, 118, 171 et 173.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[6]</a> Le site d’Herculanum découvert en 1709 est fouillé à partir de 1738. Voir la lettre n°108.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[7]</a> De juin à septembre 1774, Monge effectue un voyage dans les Pyrénées dont il gravit des sommets afin d’effectuer avec le jeune médecin d’Arcet des observations à l’aide d’un baromètre à mercure portatif pour obtenir des mesures précises de la hauteur des montagnes. Cela donne lieu non seulement à une publication : <em>Observations sur le baromètre, faites dans les Pyrénées conjointement avec le nivellement d’une montagne par MM. d’Arcet et Monge, au mois d’août 1774</em>. Elles sont jointes à la <em>Dissertation sur l’état actuel des montagnes dans les Pyrénées prononcée par d’Arcet, le 11 octobre 1775</em>. Le voyage dans les Pyrénées donne lieu à une première correspondance de voyage. Monge écrit à un ami de Mézières, M. Tisseron, directeur des Postes de Mézières et de Charleville. Une copie manuscrite de cette correspondance est disponible à la B.I.F. (man. 2.191) et dans la B.É. (TATON R. (1951), p. 20)</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[8]</a> Monge donne aux phénomènes naturels une importance déterminante pour le perfectionnement de l’esprit et le progrès des sciences. (Voir les lettres n°3 et 62). Dans ce domaine plus que dans les mathématiques, il semble qu’il est devenu chercheur pour ses besoins d’enseignant. C’est d’ailleurs la physique que Monge enseigne pour la première fois au collège des Oratoriens de Lyon en 1764. Ensuite il développe en même temps un enseignement de physique et de mathématiques à l’École du Génie de Mézières. Il justifie l’étude des phénomènes naturels au sein même de sa Géométrie descriptive en les mettant en rapport avec les arts mais aussi en leur attribuant une valeur pédagogique dans le cadre de la formation de l’esprit : « Il faut […] rendre populaire la connaissance d’un grand nombre de phénomènes naturels, indispensable aux progrès de l’industrie, et profiter pour l’avancement de l’instruction générale de la nation, de cette circonstance heureuse dans laquelle elle se trouve, d’avoir à sa disposition les principales ressources qui lui sont nécessaires. » MONGE G. [1795] (1827), p. xv. Il faut souligner que Monge n’envisage pas seulement une formation en mathématiques à l’usage de la physique comme cela est le plus fréquent dans l’enseignement scientifique à la deuxième moitié du XVIII<sup>e</sup> siècle, mais il envisage aussi l’usage de l’étude des phénomènes naturels au service de la formation de l’esprit dans des domaines plus théoriques tels que les mathématiques : « On contribuera donc à donner à l’éducation nationale une direction avantageuse en familiarisant nos jeunes artistes avec l’application de la Géométrie descriptive aux constructions graphiques […]. Il n’est pas moins avantageux de répandre la connaissance des phénomènes de la nature, qu’on peut tourner au profit des arts. Le charme qui les accompagne pourra vaincre la répugnance que les hommes ont en général pour la contention d’esprit, et leur faire trouver du plaisir dans l’exercice de leur intelligence, que presque tous regardent comme pénible et fastidieux. » MONGE G. [1795] (1827), p. xvii Monge attribue à l’étude des phénomènes naturels et à la géométrie descriptive la même valeur élémentaire sans hiérarchiser leur utilité pour la formation des esprits à l’exactitude et à l’évidence. MONGE G. [1795] (1827), p. 111. Il établit des liens réciproques entre les deux domaines scientifiques. Dupin ne manque de rappeler la part de l’étude des phénomènes naturels dans l’enseignement de Monge ni le charme qu’ils exerçaient aussi bien sur les élèves que sur le professeur : « Il aimait à conduire ses disciples partout où les phénomènes de la nature et les travaux de l’art pouvaient rendre sensibles et intéressantes ces applications. […] Monge étudiait avec une égale ardeur et les phénomènes de la nature et les phénomènes de l’industrie ; il acquérait des lumières pratiques […] et s’empressait d’en faire jouir la jeunesse studieuse. Dans ces excursions, faites aux jours de congé, par les plus beaux temps de l’année, au milieu des sites les plus pittoresques, l’imagination de Monge semblait s’agrandir comme les aspects offerts à ses regards par la nature ; il communiquait à ses disciples son ardeur et son enthousiasme, et changeait en plaisirs passionnés des observations, des recherches appliquées à des objets sensibles, qui faites dans l’enceinte d’une salle par des considérations abstraites, n’eussent paru qu’une pénible étude.» DUPIN Ch. (1819), pp. 16-18.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[9]</a> Catherine n’est pas séduite ni fascinée par la description du volcan effectuée par Monge, le 20 messidor an V [8 juillet 1797], elle écrit : « Tu es donc enchanté de Naples et de ses belles horreurs, cela ne me donne pas envie d’aller habiter si près de l’Enfer, notre belle France vaut mieux que tout cela […]. » </p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[10]</a> Voir la lettre n°108.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[11]</a> Théâtre San Carlo construit en 1737 sur les plans du Sicilien Giovanni Medrano, par l'architecte napolitain Angelo Carasale.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[12]</a> Rodolphe KREUTZER (1766-1831). Voir la lettre n°66.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[13]</a> Camille BORGUESE (1775-1832).</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[14]</a> Louise MONGE (1779-1874), Marie-Élisabeth Christine LEROY (1783-1856) appelée Paméla et Anne-Françoise HUART (1767-1852). Voir la lettre n°9. Monge a l’habitude de mentionner sa fille ainsi. Par contre ici il cherche à montrer son attention spécifique à « Paméla » et « Fillette ».</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[15]</a> Barthélémy BAUR (1752-1823) le mari de « fillette » Anne-Françoise HUART.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[16]</a> Louis MONGE (1748-1827) et sa femme Marie-Adélaïde <em>DESCHAMPS </em>(1755-1827). Le 17 floréal an V [6 mai 1797], Catherine donne des nouvelles de Louis de retour de sa tournée dans les ports en tant qu’examinateur de la Marine en remplacement de Monge: « Ton frère est de retour depuis longtemps, il a rapporté de son voyage une sciatique qui lui tient tout un côté du corps de sorte que quand il éprouve de l’humidité, il souffre, mais à cela près, il se porte bien ainsi que sa fe[mme], et nous aussi. » Monge a aussi souffert de sciatique en Italie. Voir la lettre n°118. </p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[17]</a> Marie-Marguerite BAUR (1745-1829).</p>
</div>
</div>
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe.
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
Papier
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Publication
Deux choix :
Inédit.
Nom, Prénom (de l’auteur), Titre de la publication, Lieu, Maison d’édition, Date.
Indiquer volume, tome ou collection si nécessaire….
Une entrée par édition
Inédit
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
<p>Bibliothèque centrale de l'École polytechnique / Centre de Ressources Historiques. (Palaiseau, France).</p>
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Huart, Catherine (1748-1847)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
107. Monge à sa femme Catherine Huart
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1797-06-18
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Monge, Gaspard
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Dupond, Marie (édition scientifique)
Walter, Richard (édition numérique)
Rights
Information about rights held in and over the resource
<p>Images : Collections École polytechnique (Palaiseau, France). Reproduction sur autorisation.</p>
Fiche : Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Source
A related resource from which the described resource is derived
IXGM 1.116
Description
An account of the resource
Lettre non signée mais datée de G. Monge à son épouse dans laquelle G. Monge fait le récit de son trajet de Rome à Naples et de sa découverte de Naples.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
1 double folio ; 242 x 170 mm
Language
A language of the resource
Français
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Naples (Italie)
Subject
The topic of the resource
Commission des sciences et des arts (Italie)
Physique
Perfectionnement de l'esprit
Couple Monge
Commission des sciences et des arts (Italie)
Couple Monge
Perfectionnement de l'esprit
Physique
-
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1796-1797 : Première mission en Italie, La commission des sciences et des arts
Prairial an IV - vendémiaire an VI
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Monge, Gaspard
Description
An account of the resource
135 lettres
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1796-05 - 1797-10]
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
135 lettres
Language
A language of the resource
Français
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Dupond, Marie (édition scientifique)
Walter, Richard (édition numérique)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fiche : Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Date calendrier révolutionnaire
14 floréal an V
Contexte géographique
Lieu(x) de l'action décrite dans le contenu de l’œuvre
Rome
Paris
Transcription
<div style="text-align: justify;">Rome, le 14 floréal de l'an V de la République </div>
<div style="text-align: justify;"> </div>
<div style="text-align: justify;">J'ai reçu, mon cher Marey, la lettre que vous et votre femme m'avez écrite en date du 25 germinal.<a name="ftn" href="#_ftn1">[1]</a> Elle m'a fait bien du plaisir, d'abord parce que depuis deux mois et demi que je suis à Rome, je n'en avais pas encore reçu de France, ou tout au plus une ; ensuite parce qu'elle m'annonce que vous vous portez bien tous deux, et que votre grand garçon de fils<a name="ftn" href="#_ftn2">[2]</a> vient à merveille et marche comme un homme ; enfin parce qu'elle m'apprend que vous en attendez un second pour le temps des vendanges.<a name="ftn" href="#_ftn3">[3]</a> Nous sommes bien heureux, mon cher Marey.<a name="ftn" href="#_ftn4">[4]</a> Notre patrie a le gouvernement que nous avons désiré ; la gloire de ses armes brille jusque dans le dernier coin de l'Univers ; il n'y a pas un homme sensé au dehors qui ne bénisse ses succès; pas un homme sensible qui ne tressaille à la lecture de gazettes qui ne disent plus rien d'intéressant pour personne si elles ne parlent des Français et de leurs miracles.<a name="ftn" href="#_ftn5">[5]</a> Dans votre intérieur, le bonheur vous environne ; car il me semble que vous êtes toujours content de votre femme; votre enfant vient à merveille, il annonce une intelligence que vous vous plaisez à cultiver de bonheur; à votre exemple, il deviendra bon, sensible et généreux; il aimera son pays, sa famille ; et il vous donnera sur vos vieux jours de grandes satisfactions. Que manque-t-il à tout cela ? d'être aimé du pays que l'on aime, et de la patrie à laquelle on est prêt à tout sacrifier ?<a name="ftn" href="#_ftn6">[6]</a></div>
<div style="text-align: justify;">Quand nous avons désiré la révolution, d'abord pour la gloire et le bonheur de la France, ensuite pour le perfectionnement de l'espèce humaine<a name="ftn" href="#_ftn7">[7]</a> ; quand vous et moi nous avons, chacun dans la position où nous nous sommes trouvés, contribué à ses succès,<a name="ftn" href="#_ftn8">[8]</a> nous savions bien que nous faisions le sacrifice de son attachement pour nous.<a name="ftn" href="#_ftn9">[9]</a> Une grande révolution comme la nôtre ne pouvait se faire sans que la masse générale de la nation n'éprouvât une agitation à laquelle elle n'était point accoutumée et qui devait être pénible.<a name="ftn" href="#_ftn10">[10]</a></div>
<div style="text-align: justify;">La France entière a même eu sur sa propre subsistance des inquiétudes bien longues, bien alarmantes et qu'on pouvait peut-être lui épargner, du moins en partie. Il était donc naturel de penser qu'après l'établissement de la République, ceux qui passeraient pour y avoir contribué d'une manière efficace seraient d'abord détestés de tous ceux qui auraient fait des pertes non compensées, soit réelles, soit d'opinion ; qu'ensuite ils seraient mal vus de toute cette masse qui maintiendra la république par répugnance pour une agitation nouvelle, et qui les regarde comme les auteurs des peines de tout genre qu'elle a éprouvées. Cela ne nous a pas arrêté: nous avons même mis en jeu notre propre vie.<a name="ftn" href="#_ftn11">[11]</a> Celle-ci est sauvée ; la république triomphe; une nouvelle carrière est ouverte à l'esprit humain; nous avons gagné. Nous aimerons notre pays sans qu'il nous aime ; nous jouirons de la gloire ; nous verrons et vous encore plus que moi les heureux effets de la liberté ; et nous la bénirons ensemble.<a name="ftn" href="#_ftn12">[12]</a></div>
<div style="text-align: justify;">Tous ceux qui ont fait de grandes révolutions ont été obligés de quitter leurs pays. Lycurgue<a name="ftn" href="#_ftn13">[13]</a> en est un grand exemple. Solon<a name="ftn" href="#_ftn14">[14]</a> qui ne fut que législateur sans faire de révolution a été forcé de se retirer à Soloë.<a name="ftn" href="#_ftn15">[15]</a> Si Brutus<a name="ftn" href="#_ftn16">[16]</a> resta à Rome après l'expulsion des Tarquins, c'est que la révolution était aristocratique, et que le Sénat, pour lequel elle était faite et qui avait un certain crédit, le soutint. Il ne faut pas conclure de là que nous quitterons notre cher pays ; nous serions obligés de le faire s'il n'était pas plus grand que Sparte ; mais il nous suffira de nous perdre dans la foule et de ne pas chercher des emplois qui donneraient de l'inquiétude si on les voyait entre nos mains.<a name="ftn" href="#_ftn17">[17]</a> À tout cela, il faut encore ajouter autre chose. La révolution qui a détruit le trône, la noblesse et le clergé n'aurait jamais eu lieu, ou n'aurait pas été conduite à sa fin, si ceux qui la conduisirent et si tous ceux qui poussèrent son char n'avaient pas eu une volonté ferme et ne l'avaient pas eue pendant 8 ans.<a name="ftn" href="#_ftn18">[18]</a> Ceux-ci en ont contracté l'habitude presque partout. Eh bien, ce caractère qui n'est pas naturel et qui est le produit des circonstances, déplaît à la masse moutonne qui aime mieux dormir sur un matelas que sur du marbre, quoique celui-ci ne soit pas susceptible de corruption, quoiqu'il ne contienne pas d'odeur, quoiqu'il n'entretienne pas de vermine. Je suis bien éloigné, mon cher Marey, de dire cela pour vous qui êtes la douceur même ; mais il suffit que cela soit vrai du plus grand nombre des patriotes, très estimables d'ailleurs, pour expliquer jusqu'à un certain point cette répugnance, même cette espèce de crainte qu'on a conçue d'eux, et le surnom de terroristes qu'on leur a donné.</div>
<div style="text-align: justify;">Enfin, il faut en convenir, les pauvres patriotes sont un peu ombrageux ; cela est bien naturel. Ils ont combattu, ils ont eu bien des alarmes ; ils ont souffert pour une cause belle, mais dont ils ont eu besoin d'envisager toujours la beauté pour soutenir leur courage dans une lutte aussi longue.<a name="ftn" href="#_ftn19">[19]</a> La moindre altération que la pratique apporte à leur ouvrage leur paraît une destruction totale et leur inspire de l'effroi ; et ils ne pensent pas qu'un bijou ne peut pas se porter sans se dépolir.<a name="ftn" href="#_ftn20">[20]</a> Mais ils ont de grands objets de consolation.</div>
<div style="text-align: justify;">D'abord, qu'ils envisagent le bonheur presque miraculeux de la République. Ne semblerait-il pas que la main de dieu l'ait conduite et répande un esprit de vertige sur ses ennemis.<a name="ftn" href="#_ftn21">[21]</a> Si ceux-ci avaient voulu faire la paix sous le gouvernement pusillanime et incapable des Thermidoriens, ils auraient eu la Belgique. S'ils avaient voulu la faire en frimaire dernier, ils auraient eu la rive gauche du Rhin, et ils auraient conservé toute l'Italie.<a name="ftn" href="#_ftn22">[22]</a> Leur aveuglement et leur entêtement qui tient de la démence a forcé la nation malgré elle aux triomphes ; et voilà qu'enfin la République française a rassemblé en un seul corps tous les anciens enfants des Gaules qui s'aiment au fond du cœur malgré les petites querelles de familles et les mariages dans les maisons étrangères, et qui vont former un tout qui durera des siècles. Voilà qu'en Italie elle a engendré une belle république qui l'aimera parce qu'elle est encore elle-même composée d'anciens enfants des Gaules transplantés ; et voilà que cette jeune république amie est obligée de se former aux armes, pour donner à son tour la liberté aux Vénitiens, et pour acquérir un territoire qui lui est nécessaire<a name="ftn" href="#_ftn23">[23]</a> ; et voilà que par miracle le gouvernement de Venise qui n'avait que faire dans cette galère lui en donne la plus belle occasion<a name="ftn" href="#_ftn24">[24]</a> ; et voilà que la Lombardie sans être assez forte pour jamais porter ombrage à sa mère, le fera assez pour l'appuyer dans sa vieillesse, pour lui faire honneur, et peut-être même pour l'empêcher de faire des sottises<a name="ftn" href="#_ftn25">[25]</a> ; et voilà que les Anglais, nos seuls ennemis, perdent l'lnde et leur banque, et que la paix elle-même ne peut les sauver d'une révolution ; et voilà qu'ils sont punis tout juste où ils ont péché. Ensuite, si l'on jette un coup d'œil sur l'avenir, malgré la reculade fâcheuse qu'ont fait faire les écrevisses thermidoriennes, malgré la sotte direction que prend aujourd'hui le luxe d'ailleurs nécessaire<a name="ftn" href="#_ftn26">[26]</a>, malgré l'entière destruction de tous les moyens d'instruction en France, la liberté de la presse, dont les écrevisses ont tant abusé et abusent peut-être plus que jamais,<a name="ftn" href="#_ftn27">[27]</a> cette liberté qu'ils proclament aujourd'hui, qu'ils invoquent, qu'ils persécuteront certainement un jour ; cette liberté est née, il leur sera impossible de la détruire et avec cela tout se régénèrera surtout si le gouvernement répand, multiplie, et met à la portée de la masse nationale les moyens d'instruction publique ; car d'après cette instruction plus élevée et plus généralement répandue, le luxe prendra une direction salutaire; les sciences, les arts, et avec eux les moyens d'industrie et de commerce, feront de nouveaux pas ; et le genre humain recevra un degré de perfection auquel il ne pouvait atteindre par les anciennes institutions ; et ce sera aux Français que le monde sera redevable de ces progrès. Vous êtes encore jeune, mon cher Marey, vous et votre femme aurez cette jouissance; quant à moi, vieux grand-père, je ne la verrai que dans l'avenir, et je me presse, comme vous voyez, de l'y lire.<a name="ftn" href="#_ftn28">[28]</a></div>
<div style="text-align: justify;">Dans le moment, nous recevons une lettre de Venise du 10 floréal<a name="ftn" href="#_ftn29">[29]</a> qui nous annonce que toute la terre ferme est rendue et soumise à la Lombardie, et que le lendemain la révolution doit s'effectuer dans Venise même<a name="ftn" href="#_ftn30">[30]</a> ; enfin que Corfou et Céphalonie sont en insurrection.<a name="ftn" href="#_ftn31">[31]</a> Vous savez déjà ces nouvelles au moment où je vous écris; mais il faut bien que je mette ici un petit mot de la joie que nous ressentons.</div>
<div style="text-align: justify;">Adieu, mon cher Marey; continuez à m'écrire quelquefois. Quand même vos nouvelles devraient être tristes ; car on a toujours du plaisir à entendre parler de ce qu'on aime. Nous sommes tous ici comme des amants malheureux qui veulent toujours qu'on leur parle de leurs infidèles. J'embrasse bien tendrement votre femme, votre enfant, et vous prie de compter sur l'inviolable attachement de votre ami.</div>
<div style="text-align: justify;"> </div>
<div style="text-align: justify;"> Monge</div>
<div style="text-align: justify;"> </div>
<div style="text-align: justify;">Après les nouvelles des articles de paix avec l'Empereur<a name="ftn" href="#_ftn32">[32]</a>, nous avons illuminé deux jours de suite le beau palais de l'Académie de France,<a name="ftn" href="#_ftn33">[33]</a> ce qui était nouveau pour les pauvres Romains que depuis longtemps l'on tient dans la tristesse et qui, malgré une pluie à seaux, sont presque tous venus voir la fête sous leurs parapluies de toile cirée. Le dimanche suivant nous avons donné un beau concert où sont venus les ambassadeurs des puissances amies et neutres, et la plupart des grands personnages du pays, tels que le neveu et la nièce du pape<a name="ftn" href="#_ftn34">[34]</a>, la famille Doria,<a name="ftn" href="#_ftn35">[35]</a> et une foule de peuple. Notre collègue Kreutzer<a name="ftn" href="#_ftn36">[36]</a> qui est un des premiers violons du monde leur a fait exécuter une symphonie dans laquelle il avait arrangé la Marseillaise, le <em>Chant du Départ</em>, la <em>Carmagnol</em>e, le <em>ça-ira</em>. Il leur a fait avaler tout cela ; et la symphonie a été applaudie d'une manière extraordinaire. Les billets d'invitation avaient été doublés par la falsification, et s'étaient vendus sur la place ; en sorte qu'il y avait un peu de presse sans désordre, ce qui donnait un air de vie à la fête ; et puis, malgré nos attentions pour quelques personnages, le peuple y a introduit tout naturellement un petit air d'égalité dont il était fier, et qui ajoutait à la nouveauté de la chose.</div>
<div style="text-align: justify;">Adieu.</div>
<div style="text-align: justify;"><br />
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[1]</a> Lettre d’Émilie MONGE (1778-1867) et son mari Nicolas-Joseph MAREY (1760-1818) de Nuits, le 25 germinal an V [14 avril 1797] fonds Monge. Émilie annonce sa deuxième grossesse à son père :« […] maman ou (tatan) [Louise Monge] m’ont promis qu’elles viendraient vers ce temps pour assister à l’arrivée dans ce monde de ton second petit-fils, et il me serait bien agréable de vous posséder réunis pendant ce moment. […] On se trouve facilement heureux partout quand on a le bonheur de l’être dans son ménage, de ce côté tous mes souhaits sont remplis, mon mari est toujours le même à mon égard et par dessus tout cela, j’ai un enfant qui vient parfaitement qui court comme un petit homme voilà 3 semaines qu’il marche seul et il aura quatorze mois le 30 germinal. »</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[2]</a> Guillaume-Stanislas MAREY-MONGE (1796-1863).</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[3]</a> Voir la lettre n°93.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[4]</a> Monge répond surtout à Marey. Dans sa lettre de Nuits, le 25 germinal an V [14 avril 1797], Émilie prévient son père de la nature de la lettre qui va suivre la sienne : « Mon mari va faire avec toi un grand cours de politique. Ce sujet peut s’étendre très loin, voilà pourquoi il faut que je te quitte, mon cher papa […] ». En effet Marey entame sans préliminaires : « J’ai besoin de m’entretenir avec vous de la chose publique, dans quelle âme verserais-je mes peines et mes alarmes si ce n’est dans celle du patriote zélé qui consacre toute son existence à la gloire et à l’utilité de sa patrie. 3 choses m’affectent ainsi que tous les Républicains de mon Département, les élections, l’esprit public et la composition des tribunaux. » Monge partage les inquiétudes de Marey et ce dernier sans le savoir répond précisément à la demande exprimée par Monge à Rome, le 5 floréal an V [24 avril 1797]. Voir la lettre n°85. Le 15 germinal an V [4 avril 1797], les Royalistes sont les vainqueurs des élections pour le renouvellement d’un tiers du Conseil des Cinq-Cents. Sur la montée des Royalistes et la réponse du Directoire avec le coup d’état du 18 fructidor , voir les lettres n°89, 110, 116, 118, 119, 127, 131, 132 et 135.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[5]</a> Monge tient à rassurer d’emblée Marey alors qu’il émet des doutes sur la gloire de l’armée française en lui écrivant de Nuits, le 25 germinal an V [14 avril 1797] : « Mais nos pensées se reposaient du moins jusqu’à présent avec complaisance sur les armées. Fiers de leur gloire nous nous plaisions à vanter leurs exploits et surtout à louer leur républicanisme. Qu’avons nous vu au passage de la division de l’armée de Sambre et Meuse commandée par Bernadotte, des soldats sans contredit intrépides mais indisciplinés, battant, pillant les gens qui les logent, mettant à contribution les habitations écartées de la route, menaçant ceux qui les appellent citoyens, maudissant la république, préconisant la royauté ! Il y en avait de bons sans doute mais ce n’était pas le plus grand nombre. Je ne puis vous exprimer l’impression que cette disposition des esprits des soldats a fait sur les patriotes. Où est donc la République, se sont-ils dit, si elle n’est dans les armées ? Espérons que Buonaparte aura retrempé ces âmes inconstantes au foyer du civisme et de gloire qu’il entretient avec tant de zèle et d’habileté dans le sein de sa brave armée. » Voir la lettre n°89. Voir infra sur l’enjeu des victoires en Italie. </p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[6]</a> De Nuits, le 25 germinal an V [14 avril 1797] Marey lui a écrit : « L’esprit public : Je ne vois partout que des trembleurs, des girouettes, et des royalistes, le peu de patriotes qui osent se prononcer, fussent-ils courageux, est honni, calomnié, et livré au couteau de l’aristocratie. La composition des tribunaux : partout l’on absout des royalistes tandis qu’on déploie la plus grande sévérité contre les républicains. Le croirez-vous Brottier Dunan, Lavilleurnois, conspirateurs avérés, pris en flagrant délit nantis de pouvoirs du soit disant Louis XVIII, avouant eux-mêmes leur crime, viennent l’un d’être condamné à 10 ans, l’autre à 4 et le dernier à 1 an de détention bien que l’embauchage ait été constaté d’une manière péremptoire. Comparer actuellement cette indulgence avec l’extrême sévérité déployée contre les malheureuses victimes de la plaine de Grenelles et juger de l’avenir par le présent ! » Charles-Honorine Berthelot de la Villeurnois. Maître des requêtes arrêté avec Malo et Brottier. Il a développé un plan pour le retour de la royauté et est arrêté en possession de divers documents qui prouvent son attachement à la monarchie et à Louis XVI. <em>In</em> BUCHEZ et ROUX (1838), <em>Histoire parlementaire de la Révolution française</em>, Paris, Paulin, p. 192. Marey développe ce sujet dans sa réponse de Nuits, le 15 prairial an V [3 juin 1797]<strong> : « </strong>Brottier, Laville-Heurnois, Dunan sont pris en flagrant délit de pouvoir du soit disant Louis XVIII. Ils conviennent de leur correspondance avec 3000 agents contre-révolutionnaires disséminés dans la France une commission choisie par le gouvernement les absout à peu près. Les Républicains exaltés d’un autre côté répandent des écrits bien criminels [mais qui paraissent être plutôt l’effet d’une imagination exaspérée et délirante que d’une (?) réfléchie.] [Samson] et Clarke, ils sont condamnés à mort. Je suis loin de désirer l’affusion de sang de qui que ce soit mais il me parait que l’on devrait pardonner aux coupables des deux partis ou les punir également. »</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[7]</a> Lorsqu’il s’adresse à son gendre, Monge prend soin de placer la France avant le perfectionnement de l’esprit en déterminant les motifs de son action. Dans la correspondance à sa femme, le perfectionnement de l’esprit est déterminé comme le but premier de son action. Voir la lettre n°3.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[8]</a> Monge effectue une distinction entre son action révolutionnaire et celle de son gendre parlementaire. (Sur la grande différence entre le politique et le savant dans l’action publique voir infra.) Dans sa réponse de Nuits le 15 prairial an V [3 juin 1797] Marey souligne à son tour la spécificité de l’action de Monge déterminée à la fois par ses compétences et connaissances et par ses « principes », c’est-à-dire les principes sur lesquels l’idée de progrès est fondée que Monge lui a déjà longuement exposés (voir les lettres n°3, 4 et 5) : « Vous êtes appelés par vos talents, vos principes bien connus, et vos vertus à occuper quelques postes éminents d’où vous ferez jaillir quelques étincelles qui ranimeront peut-être un feu couvert d’une cendre bien épaisse. » Monge entame son action révolutionnaire par le ministère de la Marine (voir les lettres n°118, 127 et 132) et déjà les axes de son engagement dans la révolution sont les mêmes que ceux qui dirigent sa pratique scientifique et cela depuis plus de vingt ans. De la même façon, c’est l’objet et les résultats des recherches ainsi que la nature de la pratique des membres de la nouvelle communauté scientifique qui a permis la réalisation des grands ouvrages de l’œuvre révolutionnaire. L’organisation de la production de l’armement en 1794 a été possible grâce aux travaux menés par les savants autour de Lavoisier dès la fin des années 1770. (Voir les lettres n°3, 5, 46 et 108.) Catherine le souligne dans sa lettre du 19 germinal an VI [8 avril 1798] : « […] c’est alors que tes talents et ton activité ont été employés avec succès dans la plus profonde obscurité, il en est résulté des moyens de repousser nos ennemis qui nous cernaient de près […]. » La <em>Géométrie descriptive</em> de l’École normale et les <em>Feuilles d’Analyse</em> <em>appliquée à la Géométrie</em> de l’École polytechnique sont aussi des exemples d’élaboration qui précède la Révolution, publiée en 1795 leur élaboration a débuté dès 1765 à l’École du génie de Mézières. Voir la lettre n°1. Ces œuvres ne sont pas alors des « produits » de la Révolution, ni de ses conditions sociales, politiques, culturelles et institutionnelles. Les conditions spécifiques de la Révolution, notamment celles de la première phase, celles de la table rase ont été l’opportunité d’exposer dans le domaine public, de mettre en pratique et de réaliser les projets de réforme de la pratique scientifique et des institutions scientifiques en déterminant leurs nouveaux rapports avec les institutions de pouvoir. (Voir la lettre n°4.)</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[9]</a> Cela est même un principe de l’action publique de Monge, Catherine le cite dans sa lettre du 19 germinal an VI [8 avril 1798] : « Voilà pour l’intérêt général et pour te rassurer sur tes principes qu’il faut faire à son pays tout le bien dont on est capable sans s’attendre à la reconnaissance. »</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[10]</a> Marey répond à cette lettre de Nuits le 15 prairial an V [3 juin 1797]<strong> : « </strong>Vous avez la bonté obligeante de chercher à me consoler. C’est un soin superflu. Ce n’est pas moi qui ai besoin d’être rassuré. Familiarisé avec les calomnies, les peines, les dangers, les amertumes de toute espèce, je compte la vie pour peu de chose et la fortune pour rien. Il n’est aucun événement auquel je ne sois préparé de longue main. Quand mes ennemis m’ont déchiré comme ce vertueux romain, j’ai rendu grâce aux Dieux de ce qu’ils étaient obligés d’avoir recours au mensonge pour dire du mal de moi. Quand la fortune me tournera le dos, mes ressources sont assurées, je me surviendrai également à la fatigue du corps et à celle de l’esprit, Quand les lâches détracteurs des amis de la liberté m’attaqueront en face, je leur répondrai de la plume ou de l’épée, mon parti est pris là-dessus, peut-être même mes ennemis ont-ils acquis sur cela quelques notions positives, car j’entends à peine leurs vils bourdonnements et n’ai pas encore trouvé quelqu’un qui ait osé me faire le moindre reproche ouvert. Mais c’est, cher citoyen, les patriotes que je vois tous les jours qui me donnent de l’inquiétude autant sur leur sort futur que sur l’effet que pourrait produire un changement d’opinion amené par une habituelle persécution non réprimée par le gouvernement. Quand au bonheur domestique j’en jouis complètement. Personne n’est mieux partagé que moi. Tous les jours je me félicite de mon choix, et mon enfant sain, bien constitué et qui annonce d’heureuses dispositions vient encore ajouter à ma satisfaction tout ce que le sentiment de paternité pouvait lui prêter de charmes.»</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[11]</a> De son ministère jusqu’au sein même du Club des Jacobins, Monge a été inquiété et de tous les bords. La réaction thermidorienne comme les journées de Prairial (Voir la lettre n°1) ont été dangereuses pour Monge. DE LAUNAY L. (1933) p. 99 ; 124 ;135-136). Catherine évoque cette époque dans sa lettre de Paris le 19 germinal an VI [8 avril 1798] : « Les grandes crises sont arrivées, […] la mort planait sur toi, rappelle-toi l’intérieur de ton ménage pendant ces temps malheureux, […], ta persécution dans la réaction […]. »</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[12]</a> En restant sur sa position Marey répond à son tour de Nuits, le 15 prairial an V [3 juin 1797] : « […] un cœur sensible et vraiment attaché à sa patrie et à la liberté ne peut comprimer ses sentiments d’indignation et de pitié qui s’élèvent dans son âme à la vue de tant de vengeances exercées envers les fondateurs de la république sans que le gouvernement daigne opposer une digue aux projets homicides et contre-révolutionnaires des ennemis de la liberté. […] Lyon, Avignon sont des théâtres horribles de proscription tous les jours la terre est abreuvée du sang des patriotes, à tant d’atrocités le gouvernement n’oppose qu’un système d’inertie. De l’inertie grands dieux quand le sang coule ! Pour qu’elle occasion réserve-t-il donc son énergie ? Un bras de fer s’appesantit sur les patriotes à la moindre pécadille tandis que l’on promulgue l’indulgence plénière pour les crimes royalistes. […] Pardon cher citoyen de l’ennui que je vous donne par cette digression elle est amenée par la nouvelle que je viens d’apprendre de la condamnation à mort de Babeuf et Darthé qui tous deux sous les yeux de leurs juges se sont poignardés sans réussir à s’ôter la vie. Ils viennent d’être exécutés. Le jugement opposé à celui de Dunan Lavilleurnois etc. m’a fait naître des réflexions que je n’ai pas pu comprimer, il dit encore plus que je n’ai exprimé. Vous apprendrez avec plaisir que les Députés impliqués dans cette affaire et notamment Lindet sont déclarés innocents.»</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[13]</a> LYCURGUE (IX<sup>e</sup> siècle av. J.-C.), législateur de Spartes.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[14]</a> SOLON (640 – 558 av. J.-C.) réformateur du système politique, fiscal et social athénien. Il s’exile sous la tyrannie de Pisistrate.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[15]</a> En Chypre.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[16]</a> Lucius Iunius BRUTUS (IV<sup>e</sup> siècle) neveu de Tarquin le Superbe, fondateur mythique de la République romaine.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[17]</a> Monge n’envisage jamais de quitter son pays. Voir la lettre n°96. Et il prend soin après son ministère de mener son action publique au sein de commissions ; cela donne à son action une dimension collective, un objectif déterminé. Ainsi sans occuper un poste de pouvoir au sein de l’exécutif et tout en y étant directement relié afin d’assurer l’efficacité de son action et la réalisation rapide des projets. Marey répond à cela de Nuits le15 prairial an V [3 juin 1797]<strong> : « </strong>Lycurgue dîtes-vous fut obligé de quitter son pays. Il le fit volontairement et pour engager ses concitoyens à respecter ses lois ayant eu soin d’exiger d’eux qu’ils les observeraient jusqu’à son retour. Solon eut le chagrin de voir la tyrannie de Pisistrate s’établir sous ses yeux. [Zalicius] fut obligé de s’arracher un oeil, Charondas se donna la mort pour avoir violé involontairement la loi qu’il avait rendue. Romulus fut tué par ordre des Sénateurs. Chers malheureux bienfaiteurs de l’humanité tel est donc votre sort tandis que tant de tyrans et de despotes coquins meurent dans leur lit ? Je savais tout cela citoyen, et soyez sûr que je n’ai jamais compté en mon particulier que sur l’ingratitude toutes les fois que j’ai eu l’occasion de faire quelque bien. Il est cruel de le penser mais il n’est malheureusement que trop vrai que l’ingratitude est un vice nécessaire à une république. C’est la reconnaissance qui créa la tyrannie. Un général victorieux est chéri adoré, on le proclame roi. Bientôt il devient despote et tyran. Voilà les hommes. »</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[18]</a> Dans une lettre à Catherine, il les nomme « les vieux patrons de la Révolution ». (Voir la lettre n°127.) Monge insiste sur la nécessité d’un engagement durable. Voir supra. Marey au contraire après un mandat parlementaire, se désengage rapidement de l’action révolutionnaire. Après l’exécution de Louis XVI en 1793, il se retire en Bourgogne. (Voir la lettre n°3) De Nuits dans sa réponse, de Nuits le 15 prairial an V [3 juin 1797], Marey justifie l’éloignement des patriotes : « Cher citoyen, je ne puis me le dissimuler, une conséquence nécessaire de l’indulgence pour les royalistes est la sévérité la plus rigoureuse pour les patriotes ; une autre conséquence non moins juste de ce système sera l’audace des uns et le découragement total des autres. » </p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[19]</a> De Nuits, le 25 germinal an V [14 avril 1797] Marey lui a écrit : « Quant à moi cher citoyen quelques soient les événements je veux suivre les destinés de la république, trop heureux de me sacrifier pour une si belle cause. Le soin que j’ai [ ?] d’éviter la vie molle et oisive me rend propre à figurer dans quelles circonstances il plaira à la providence de me placer. Par goût, je préfère la vie champêtre, et les occupations paisibles mais s’il faut défendre le palladium de la liberté, je me sens la force et le courage de le faire. Adieu cher citoyen. J’ai l’âme trop déchirée de tout ce que je vois pour pouvoir m’entretenir avec vous d’objets d’art et d’histoire. » </p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[20]</a> La grande différence entre le politique et le savant dans l’action publique est la familiarité avec une pratique particulière : l’« application » des principes. Se confronter à la difficulté et la complexité que pose l’application d’un principe, c’est-à-dire sa mise en usage hors de son domaine d’origine et son perfectionnement n’est pas une situation inédite pour un savant de la deuxième moitié du XVIII<sup>e</sup> siècle. Tout au contraire, c’est précisément dans ces conditions qu’il travaille. De même, c’est au moment les plus difficiles que Monge sort de la « spéculation » et s’engage dans l’action révolutionnaire alors que certains s’en détournent déjà. Catherine le lui rappelle dans sa lettre de Paris le 19 germinal an VI [8 avril 1798] : « Je parcours ta vie politique depuis 89. Les premières années de la révolution qui ont été les plus brillantes, se sont passées pour toi en spéculation sur le bonheur général et futur. Il y avait dans ces temps là trop d’hommes avides de gloire, pour que ta modestie et le soin de cacher tes talents mais non ton amour de la liberté te permissent de te mettre en avant, les grands dangers étant au comble, la plupart de ces hommes ont cessé de prendre part aux affaires, alors on t’a arraché de ton obscurité et à moi le bonheur dont nous jouissions si paisiblement depuis que nous avions celui d’être ensemble […]. »</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[21]</a> Il s’agit ici des Autrichiens et de l’Empereur François II.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[22]</a> Selon les préliminaires de Leoben signé le 28 germinal an V [18 avril 1797­], l’Autriche cède la Belgique et récupère la Vénétie( sauf Venise) en échange de la Lombardie. Voir les lettres n°119, 176 et 177.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[23]</a> Voir la lettre n°84.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[24]</a> Bonaparte écrit au Directoire de Triste le 11 floréal an V [30 avril 1797] : « Les Vénitiens se conduisent de plus en plus mal ; la guerre est ici déclarée de fait ; le massacre qu’ils viennent de faire du citoyen Laugier, commandant l’aviso le Libérateur de l’Italie est la chose la plus atroce du siècle. Le citoyen Laugier sortait de Trieste ; il fut rencontré par la flottille de l’Empereur […] ; il se battit une partie de la journée avec eux, après quoi il chercha à se réfugier sous le canon de Venise. Il y fut reçu par la mitraille du fort. Il ordonna à son équipage de se mettre à fond de cale, et lui, avec sa trompe demanda pourquoi on le traitait en ennemi ; mais, au même instant, il reçoit une balle qui le jette sur le tillac raide mort. […] Cet évènement n’est qu’un échantillon de ce qui se passe tous les jours dans la Terre ferme. Lorsque vous lirez cette lettre la terre ferme sera à nous. » (1521, <em>CGNB</em>) La mort de Laugier est un prétexte qui permet à la France d’attaquer Venise alors que quelques semaines auparavant les Français ne pouvaient pas ouvertement attaquer un état neutre et préféraient tenter d’obtenir la domination des territoires de l’État vénitien par la stratégie diplomatique. Voir la lettre n°76.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[25]</a> Monge compte sur les nouvelles républiques italiennes pour renforcer la République en France.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[26]</a> Selon Condorcet le luxe est « l’aiguillon de l’industrie ». CONDORCET [1795] (1988), p. 113.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[27]</a> Tallien dans le Prospectus qui introduit le premier volume de la <em>Décade égyptienne</em> décrit d’une manière semblable l’usage de la presse par les acteurs politiques au cours de la Révolution : « Le règne de la liberté a multiplié en France le nombre des feuilles périodiques. La suite non interrompue des événements les plus extraordinaires, la discussion des plus grands intérêts, des questions les plus importantes durent nécessairement fixer l’attention, non seulement de la France, mais de l’Europe entière. Chacun voulait connaître jusqu’aux plus petits détails de cette révolution étonnante […]. Dans les premiers moments tous les papiers nouvelles étaient lus avec avidité : ensuite les factions, les partis s’emparèrent de ce puissant levier de l’opinion publique ; les journaux devinrent les échos de la calomnie, et n’offrirent bientôt plus qu’une arène où chacun se déchirait avec acharnement. », TALLIEN (1798), « Prospectus », <em>La décade égyptienne</em>, p. 5.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[28]</a> Monge fonde son action révolutionnaire sur l’idée de progrès, idée qui détermine sa pratique scientifique depuis les années 1770. (Voir les lettres n°3, 4, 5.) Dans sa réponse de Nuits le 15 prairial an V [3 juin 1797], Marey donne un indice de l’engagement durable et inaltérable de Monge : « Si votre lettre m’était parvenue sans date je l’aurais crue écrite en 90. Elle respire ce saint enthousiasme qui animait alors les Français. Soyez respectable citoyen, la vestale de la révolution ! Conservez, conservez précieusement le feu sacré de la liberté. L’homme âgé embrasé de sa vive chaleur me représente l’Etna ce grand alambic de la nature rendant tous les éléments volcaniques sous les neiges éternelles qui couvrent sa cime. » Pourtant Monge à son tour perd un moment son enthousiasme avec la montée des royalistes en France. Voir la lettre n°119.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[29]</a> 29 avril 1797.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[30]</a> Voir supra. Sur les rapports entre Venise et la France voir les lettres n°40, 45, 84 ,93, 96 et 99.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[31]</a> Ces deux îles ioniennes sont sous la domination de Venise. Bonaparte n’est pas autant attaché que Monge à la liberté que les peuples tentent d’obtenir. Voir la lettre n°119. </p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[32]</a> François II (1768-1835). Le 29 germinal an V [18 avril 1797] signature des préliminaires de Loeben. Voir la lettre n°89.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[33]</a> Voir la lettre n°66.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[34]</a> Luigi <em>BRASCHI ONESTI</em> (1745-1816), neveu du Pape Pie VI, Giannangelo BRASCHI (1717-1799) et sa femme issue de la famille FALCONIERI.</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[35]</a> Famille du secrétaire d’état à Rome Giuseppe Maria DORIA PAMPHILI (1751-1816).</p>
</div>
<div>
<p><a name="ftn" href="#ftn">[36]</a> Rodolphe KREUTZER (1766-1831). Il fait partie des adjoints de la commission nommés après le Traité de Tolentino signé le 1<sup>er</sup> ventôse an V [19 février 1797].</p>
</div>
</div>
Publication
Deux choix :
Inédit.
Nom, Prénom (de l’auteur), Titre de la publication, Lieu, Maison d’édition, Date.
Indiquer volume, tome ou collection si nécessaire….
Une entrée par édition
Inédit.
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Marey, Nicolas-Joseph (1760-1818)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
90. Monge à son gendre Nicolas-Joseph Marey
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1797-05-03
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Monge, Gaspard
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Dupond, Marie (édition scientifique)
Walter, Richard (édition numérique)
Language
A language of the resource
Français
Description
An account of the resource
Transcription établie par René Taton à partir de l'autographe du fonds Marey-Monge.
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Relation
A related resource
Sur l’idée de progrès, voir les lettres n°3, 4, 5.
Sur les rapports entre Venise et la France voir les lettres n°40, 45, 84 ,93, 96 et 99.
Sur les préliminaires de Leoben, voir la lettre n°89.
Voir la lettre n°119.
Voir la lettre n°66.
Subject
The topic of the resource
Progrès
Première campagne d'Italie
Vie familiale
République
Perfectionnement de l'esprit
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fiche : Marie Dupond (UDPN/USPC); projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Perfectionnement de l'esprit
Première campagne d'Italie
Progrès
République
Vie familiale