PetruSantuLeca

Poèmes corses de l'écrivain Petru Santu Leca


Objectifs du projet

Publication du corpus en langue corse du poète cyrnéiste Petru Santu Leca

Présentation

              Au détour de l'une des pages de L'Annu corsu paru en 1934[1], parmi le chapitre habituel de la « chronique de l'année régionaliste et littéraire », il s'esquisse avec une émotion retenue, le souvenir d'adolescence d'un ancien élève du lycée de Nice. Pierre Leca était alors son professeur de Lettres, cher à des générations entières. Il était aussi et surtout un Poète, « terme vague à l'énoncé duquel se mêlaient pour [lui] comme pour ses camarades un respect et à la fois un attrait mystérieux ». De la mémoire de l'adolescent ressurgit le visage d'un « homme souriant et discret, à la fois énergique et bon ». L'époque révolue des bancs d'école reprend tant et si bien vie par l'entremise de l'écriture, que semblent résonner à nouveau, à l'âge où se forge l'esprit, les paroles du professeur au gré desquelles s'éveille insensiblement une pensée sans doute encore hésitante. Des paroles où l'éducation se donne avec patience et avec passion, où se liment et où se frottent les cervelles, où la formation intellectuelle doit aussi à la générosité et à l'humilité de celui dont on demeure à jamais et malgré son absence, à la fois reconnaissant, respectueux et indéfectiblement proche. Les lignes du portrait consacré à Pierre Leca, et l'amour qu'il porte à son maître, cet ancien lycéen en esquisse l'écriture poignante et criante de sincérité. Autant il est possible que l'on puisse faire ressentir dans ce dernier terme l'idée d'un discours sine cera, c'est-à-dire où l'effet d'une cire, un quelconque style ampoulé, les artifices inutiles d'une mystification, viendraient maladroitement recouvrir et dénaturer le propos. De ce lycéen et malgré les recherches, on ne connaît malheureusement que le sobriquet de « Petit Bob », qu'il utilisait déjà dans son article de la Galerie du Petit Niçois paru le 2 février 1933.

Pierre Leca avait le projet de réunir ses créations poétiques dans un recueil bilingue qu'il aurait intitulé Les Parcs dans sa version française, et pour sa version corse Fiori di Machja[2], sans doute en écho au Fiori di Cirnu qu'écrivit son oncle, le poète, écrivain et polémiste fameux Santu Casanova. Le temps manqua. Le carnet de poésies et de vers qu'il tient à partir de 1895, où se mêlent corse, italien et français, accompagné d'un autre carnet de notes personnelles, auraient très vraisemblablement jeté les fondements d'une telle publication. Voici aujourd'hui réunis l'ensemble de ses poèmes en langue corse.

Sans doute faut-il voir au fil des lignes qui suivent, la volonté de faire un sort à une œuvre poétique et prosaïque profuse, sans parvenir toutefois à excepter des lacunes. Car l'œuvre de Pierre Leca, ainsi que nous l'affirme Béatrice Elliott, « semble s'être dispersée avec un malin plaisir »[3]. De quelques-uns de ses écrits, dont on connaît l'existence du fait qu'ils ne soient pas restés sans écho dans la presse et dans les revues qui lui sont contemporaines, on voit les traces s'effilocher après la Grande Guerre, et au cours de changements de domicile successifs.

Outre les créations manifestes et abondantes, les principales fort heureusement, que l'on retrouve dans L'Annu Corsu, revue pour laquelle il assume le rôle de secrétaire général en 1925 et de directeur en 1931, et aussi dans la revue méditerranéenne L'Aloès parue pour la première fois en mai 1914, où il endosse à la fois la double responsabilité de fondateur et de rédacteur en chef, il est difficile de savoir ce que sont advenus les autres fragments d'écriture. Correspondances épistolaires, poèmes en langue corse, italienne ou française, rubriques littéraires, chroniques artistiques, articles de journaux qu'il écrit dès 1912, tout s'est essaimé voire perdu, comme c'est le cas pour sa collaboration avec la Revue sauvage, tels articles de La Provence Universitaire ou bien tels autres, publiés dans Le Feu. On se résigne, parmi des états de collection aujourd'hui disparates[4], à n'avoir pu empêcher que s'égrènent aussi les chroniques qu'il donne en première page du Phare du littoral méditerranéen. Et d'autres textes qui l'avaient fait connaître et reconnaître parmi ses pairs comme l'une des plus belles plumes corses, l'un des représentants les plus brillants et les plus prometteurs pour son époque.

Ces écrits sont-ils parmi les rayons de la bibliothèque personnelle d'un féru d'archives ? Ont-ils définitivement disparu ? Dans la coutumière section intitulée l'Annu Littterariu Corsu de la revue L'Annu Corsu parue en 1923 et dont on dira plus loin, deux mots, on apprend que Pierre Leca écrit dans les numéros 2 et 3 d'A lingua Corsa, parus à Bastia pour Noël et pour Pâques. Toujours dans L'Annu Corsu, dans la chronique de l'année régionaliste et littéraire de 1927, sont mentionnés les liens qui existent avec la revue U Laricciu que dirige Carulu Giovoni, où l'on peut notamment lire des poésies de Pierre Leca[5]. Le 20 février 1927, l'association Salvadore Viale de Bastia, « centre d'études qui permet à une élite de mieux connaître les œuvres de nos écrivains locaux »[6], fait paraître un numéro spécial sur Santu Casanova où son neveu, Pierre Leca, fait reproduire deux de ses poèmes, Matinata corsa et Loghi fatati, inspirés des paysages de la région d'Arbori où son oncle passa ses années de jeunesse. Le 30 mars 1930, la chronique de l'année régionaliste et littéraire de L'Annu Corsu signale une nouvelle fois au lecteur, que le groupe de la vallée du Taravo [7] a donné à Marseille, au salon Massilia, sa première fête annuelle. A cette occasion sont lues des chansons corses d'Antoine Bonifacio, Maistrale, Charles Giovoni, Simonu d'Auddè et aussi Pierre Leca. L'inventaire pourrait être long.

[1] Le portrait de Pierre Leca, à nouveau publié dans L'Annu corsu (1934, p. 157), est extrait de la « Galerie du Petit Niçois », paru le 2 février 1933.

[2] La transcription en langue corse tout au long des passages qui sont reproduits ici, respecte les choix orthographiques de l'auteur.

[3] Béatrice Elliott, « Triptyque corse. Jean-Wallis Padovani, J.-A. Mattei Pierre Leca » in Les Cahiers du cyrnéisme, n°5, Marseille-Nice, Les éditions de l'Annu Corsu, 1935, p. 35.

[4] La Provence universitaire est le bulletin mensuel de l'Association générale des étudiants d'Aix, paru de 1900 à 1913. L'état de collection qui figure dans la bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence, une des rares encore disponible avec celle du musée Arbaud, est très incomplet. Nombreux sont les articles dépourvus de signataires, ou publiés sous pseudonyme. Il en est de même du Phare du littoral Méditerranéen, paru de 1865 à 1938. Quelques numéros à peine, sont consultables aux archives municipales à Marseille et à Nice.

[5] L'Annu Corsu, 1927, p. 181.

[6] L'Annu Corsu, 1928, p. 181.

[7] L'Annu Corsu, 1930, p. 124.

Comment citer cette page

Christophe Luzi, "Objectifs du projet"
Site "Poèmes corses de l'écrivain Petru Santu Leca"
Consulté le 29/03/2024 sur la plateforme EMAN
https://eman-archives.org/PetruSantuLeca/objectifs-projet
Page créée par Christophe Luzi le 04/12/2021
Page modifiée par Christophe Luzi le 15/04/2022