Acte de respirer (L')
Auteur(s) : Sony Labou Tansi
L’année d’écriture du recueil est à peu près certaine, grâce aux lettres que Sony écrit à Françoise Ligier dans les premiers mois de 1976. On y trouve en effet deux mentions de ce titre. Le 16 avril 1976, Sony écrit à propos de Senghor : « Je me propose de lui envoyer le dernier recueil que je viens d’achever : L’Acte de Respirer […]. Mon petit univers où il n’y a pas de microbes, où l’on vient justement pour poser sans équivoque l’acte de respirer »[1] ; à peine un mois plus tard, le 7 mai 1976 : « J’achève L’Acte de Respirer que je vais bientôt envoyer au sénégalais »[2]. Il se pourrait qu’entre ces dates, Sony ait pu « achever » les deux versions de son recueil.
À partir d’indices tirés de ces constatations matérielles, on peut inférer que la période d’écriture de la deuxième version suit d’assez près la première, laquelle semblait inachevée, comme abandonnée au milieu du gué, au poème II. Peut-être, à la perspective d’envoyer son recueil à Senghor, Sony sent-il le besoin de reprendre son recueil sur un support moins scolaire, certes plus digne de son auguste lecteur, mais aussi de cette nouvelle écriture poétique qui « perce » à ce moment, dont il paraît avoir inventé la formule dans une lettre écrite à « 3 heures du matin » le 29 octobre 1976 : « P.S. Le miracle c’est que j’arrive à percer le monde jusqu’à toi – Je vis ce que je dis – Je suis ce que je dis »[3]. On pourrait considérer ce post-scriptum lapidaire comme celui de L’Acte de respirer lui-même, un recueil achevé, une affaire classée déjà en mai de cette année. Un mois plus tard, Sony est passé à un autre titre, L’Acte de quitter la vie[5], et un an plus tard, à un autre encore : Naître plus loin[6].
Quant au « registre d’activités » qui occupe les deux dernières pages et où Sony a consigné les dates de ses rendez-vous et autres activités administratives de novembre 1979 à janvier 1980, époque où Sony Labou Tansi, le désormais célèbre auteur de La Vie et demie, était en poste à Brazzaville au ministère de la Culture, nul doute qu’il s’agisse d’une tout autre campagne d’écritures… Le « Poème 8 », titre sans texte que l’on voit inscrit en haut de la seconde page du « registre » (p. 87), vestige d’un Acte de respirer dont la page a été définitivement tournée, a été raturé.
Les deux versions de L’Acte de respirer ont été publiées en 2005 [7].
[1] Lettre à Françoise Ligier, Sony Labou Tansi, SLT. L’Atelier de Sony Labou Tansi, vol. I, p.195.
[2] Lettre à Françoise Ligier, 7 mai 1976, ibid., p. 186.
[3] Lettre à Françoise Ligier, 14 juin 1976, p. 187.
[4] Lettres à Françoise Ligier, [sans date] et 5 juin 1977, p. 203 et 206.
[5] Lettre à Françoise Ligier, 16 avril 1976, p. 184.
[6] Lettre à Françoise Ligier, 7 mai 1976, p. 186.
[7] Sony Labou Tansi, SLT. L’Atelier de Sony Labou Tansi, vol. II, pp. 17-49 et 50-107.
Fiche descriptive de la collection
Citation de la page
Sony Labou Tansi, Acte de respirer (L'), 1976.
Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Consulté le 22/12/2024 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/collections/show/195