Espace Afrique-Caraïbe

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Ici commence ici


Auteur(s) : Sony Labou Tansi

Présentation de la collection

L’histoire du recueil Ici commence ici publié seulement en 2013 reste assez incertaine, en l’absence de toute mention de ce titre dans la correspondance et les entretiens de son auteur. Si l’on se fie, d’une part, à la « note de l’éditeur » intitulée « Un manuscrit resté inédit pendant près de quarante ans », le manuscrit aurait été déposé au plus tôt en 1973 ; mais si l’on se réfère, d’autre part, à la note de lecture reproduite en guise d’avant-propos, signée du professeur Albert Azeyeh et datée du 4 avril 1978, la date de dépôt recule de cinq années. Or, c’est au cours de ces années-là que furent écrites les deux versions de L’Acte de respirer, un recueil auquel Ici commence ici est sans conteste apparenté, au point de prendre place dans le même dossier génétique. Dès lors, la question est de savoir si le recueil en est un parent ascendant ou descendant. Daniel Delas a bien voulu tenter de répondre à la question :

 Comment classer chronologiquement les trois versions apparentées du recueil qui s’intitulera finalement l’Acte de respirer ?
La comparaison des Introductions qui précèdent chaque état fonde le classement des versions successives adopté ici :
V1 : Ici commence ici (éditions CLÉ),
V2 : dite version 1 de L’acte de respirer (éditions Revue noire)
V3 : dite version 2 de L’acte de respirer (éditions Revue noire)

Ce classement met en évidence l’élargissement progressif (26 lignes au début, 41 lignes ensuite et 53 lignes enfin) et la structuration concomitante des introductions — deux paragraphes d’abord, cinq ensuite (dont les quatre premiers sont une reformulation des deux de V1 tandis que le dernier annonce le nouveau titre), six pour finir, avec l’ajout d’un pétard stylistique final. Quelques corrections lexicales (comme linguistique V2 en linguiste V3 ou tiers-mondiste V1 en tiers-mondisant V2/V3) s’expliquent mieux avec ce classement.

Quant à une comparaison stylistique des poèmes eux-mêmes et des recueils qui les rassemblent, elle indique que V2 est sans doute une reprise inachevée ou abandonnée (elle est beaucoup plus courte que les deux autres) de V1 qu’elle commence par suivre (jusqu’à p. 18) pour s’en détacher à la recherche d’un second souffle, l’auteur se rendant compte qu’il lui fallait reprendre le tout et exploiter les ressources d’une spatialisation aérée.

 Cette analyse qui conclut à l’antériorité de Ici commence ici est corroborée par des indices tirés de l’observation de la 1ère de couverture dont le fac-similé nous a été transmis par le nouveau directeur des éditions CLÉ, Marcelin Vounda Etoa, dès la découverte du manuscrit en 2008. En effet, outre le dessin d’une sorte de frise qui encadre le titre, sa légende et le nom de l’auteur, tous réalisés au crayon bleu, on peut distinguer des inscriptions allographes au crayon de papier : « s/c Lopes / Le trou théâtre ». On peut ainsi supposer que Henri Lopes, alors Premier ministre et depuis peu protecteur du jeune auteur, aurait transmis sous son couvert le manuscrit de poèmes à l’éditeur, vraisemblablement avec des pièces de théâtre contemporaines, Le Trou (daté du 18 juillet 1976) et notamment Conscience de tracteur qui avait été primé lors du CTI en 1973. Cette pièce paraîtra aux éditions CLÉ en 1979, avec un « Envoi » de H. Lopes : « Voici donc que s’élève un prophète, un poète. Il n’a nul besoin de parrain. Seulement d’être introduit ».

Son recueil n’ayant pas été publié malgré cette prestigieuse introduction, Sony en reprendra bien plus tard la formule titulaire par trois fois : d’abord en janvier 1982 comme titre du chapitre 3 dans une première version de son roman Les Sept Solitudes de Lorsa Lopes publié en 1985, puis en 1988 comme incipit du poème 8 de son recueil Le Quatrième côté du triangle, et enfin dans le paratexte « Continuons ! » de sa dernière pièce de théâtre Monologues d’or et Noces d’argent pour douze personnages écrite en 1993 : « […] Ici commence ici, parce qu’aucun être humain n’est assez petit pour vivoter d’enfermement ». La clé de l’énigme du titre est sans doute à chercher ici même dans le recueil, notamment dans le « Poème quatorze » où elle se trouve disséminée et inscrite dans l’incipit : « Ici / Commence // Ici / s’énerve // Ici aboutit […] ».

Auteur de la présentationNicolas Martin-Granel

Fiche descriptive de la collection

AuteurSony Labou Tansi
Date(s)1973-1993
GenrePoésie (Recueil)
LangueFrançais

ÉditeurClaire Riffard, équipe francophone,​ Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Contributeur(s)Nicolas Martin-Granel

Citation de la page

Sony Labou Tansi, Ici commence ici, 1973-1993.
Claire Riffard, équipe francophone,​ Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Consulté le 22/12/2024 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/collections/show/210

Collection créée par Rym Khene Collection créée le 26/09/2016 Dernière modification le 01/09/2022