[Lyon] Le 20 octobre 1834.

Mon frère, j’ai reçu ta lettre ; j’ai vu que tu t’y plaignais de ma paresse à t’écrire. Je t’écris aujourd’hui, mais c’est pour te dire des reproches à mon tour. Comment ! depuis trois mois pas un mot ! Qu’est-ce que je dis, depuis bien plus ! Mais taisez-vous, M. le Cadet, ce n’est pas à vous à réprimander l’aîné, quand ses torts seraient plus grands.
      Ainsi je vais bien t’engager à m’écrire, à me mettre au courant de ce que tu fais ; car tu as un fusil de chasse, toi, et par conséquent tu dois bien t’amuser ; depuis longtemps je tourmente maman pour m’en donner un. Elle me dit que c’est dangereux. J’ai celui que tu m’as donné, que j’entretiens avec soin, que je démonte et que je nettoie toutes les fois que je sors ; mais j’ai reconnu que, la crosse étant trop basse, il était très difficile de bien ajuster avec. J’espère avoir des prix l’année prochaine, et, malgré le prétendu danger, mon père n’aura pas le cœur de me le refuser. Ce n’a pas été assez pour obtenir un fusil cette année de
      1er accessit de version grecque 1er — d’anatomie 3e — de vers latins 5e — de version 5e — d’excellence.
      Peut-être que ce sera mieux l’année prochaine, et j’aurai le fusil. J’irai chasser avec toi. Car dans un an maman m’enverra faire ma seconde à Paris et y finir mes études. Ecris-moi souvent.
      Ton frère.

CHARLES.