Fonds Senghor UCAD

Le président Senghor envisageait en février 1966 de « déposer, plus tard, à la bibliothèque de l’université de Dakar », ses manuscrits poétiques. Il le déclare au micro du journaliste de l’ORTF qui couvre cette année-là le Festival mondial des arts nègres. Nous savons qu’il ne l’a pas fait puisqu’en 1978 ses manuscrits se trouvaient encore en sa possession. Mais il en a l’intention dans ce milieu des années soixante qui est pour le Sénégal nouvellement indépendant un moment rare, non exempt de profondes incertitudes économiques mais habité par un optimisme et un enthousiasme manifestes. Senghor vient d’inaugurer en 1965 le bâtiment de la Bibliothèque centrale. L’université est encore sous tutelle de l’Académie de Bordeaux, depuis 1957, mais elle s’achemine vers la première nomination d’un recteur sénégalais ; ce sera chose faite en 1971 avec l’arrivée de Madani Sy.

Quelle présence aujourd’hui de Léopold Sédar Senghor dans les collections de cette bibliothèque, ce vaisseau amiral de l’université, « un des hauts lieux où souffle l’Esprit » selon la formule utilisée par Senghor lors de son inauguration ? Abdoulaye Touré, directeur jusqu'en 2025, souligne la position stratégique du bâtiment, qui se trouve à la croisée des chemins facultaires et délibérément orienté droit vers l’océan.

La direction des collection conserve plusieurs copies tapuscrites de discours du président, dont sous la cote L 13814 la copie d’un très intéressant « Message au peuple sénégalais / sur / le Festival mondial des arts nègres » du 20 février 1963, non repris dans Liberté 1, et une série de chemises entoilées portant la cote L ms (de 1à 9 au moins), qui contiennent des enveloppes vides, sans légende. Celle portant la cote L ms 3 contient une enveloppe (vide) sur laquelle est indiquée « Léopold Sédar Senghor /Poésie du royaume d’enfance/ 37 pages / res ». Une autre chemise de conservation – vide elle aussi – garde la trace sur son étiquette d’un document potentiellement très précieux : un manuscrit de l’article « Saint-John Perse ou poésie du royaume d’enfance », paru en 1964 dans Liberté 1, Négritude et humanisme. Le président aura sans doute offert à l’institution soit le manuscrit original soit une copie de son article d’hommage à Saint-John Perse. Il a fait le même geste en direction de la Fondation Saint-John Perse, dont les archives contiennent une copie du même manuscrit sous la cote 87.C du fond Critique.

Feu Amadou Samb, qui fut longtemps le responsable des expositions à la bibliothèque, conservait dans son bureau un ensemble de photocopies constituant un dossier de documentation très intéressant sur Senghor (photographies, coupures de presse essentiellement).

Dans les archives de la chercheuse belge Lilyan Kesteloot, qui fit une partie essentielle de sa carrière à l’UCAD et connaissait fort bien Senghor, sur lequel elle écrivit des essais et articles majeurs, se trouvent également quelques documents intéressants, sous la cote FP LI KE LSS 1-39 (39 pochettes), dont par exemple le tapuscrit d’un entretien inédit de Senghor avec le Pr. Magueye Kassé, sur son rapport à l‘Allemagne, et quelques photos.

Mentionnons également les archives d’un autre ami de Senghor, l’écrivain René Maran, dont la veuve offrit en témoignage d’amitié une part conséquente des manuscrits et de la bibliothèque de son défunt mari à la République du Sénégal. Ces documents sont depuis lors conservés eux aussi dans les réserves de la bibliothèque de l’UCAD. On y trouve notamment des ouvrages dédicacés de la matin de Senghor et le tapuscrit d’un essai de René Maran, « Léopold Sédar Senghor et l’humanisme noir », daté du 31 janvier 1949.

Le fonds du traducteur de Senghor vers l'anglais, Clive Wake, légué par l'Université de Bristol, est disponible à la consultation.

Les archives sonores (17 cassettes) léguées par la biographe de Senghor, Mme Janeth Vaillant, sont de tout premier intérêt. Il s'agit de copies numériques d'entretiens menés par la biographe avec des proches, des amis et des collègues de Senghor entre 1973 et 1989. Ces fichiers, dont les originaux sont conservés à l'université Harvard aux USA, sont consultables en salle de référence n°1 de la BU.

Mentionnons enfin la richesse considérable de la bibnum qui propose à la lecture de nombreux ouvrages édité ou inédits (mémoires, thèses) consacrés à Senghor.

• Céline Labrune-Badiane
• Claire Riffard
• Janeth Vaillant
• Ruth Bush

• Senghor, Léopold Sédar
• Université Cheikh Anta Diop

• Céline Labrune-Badiane
• Claire Riffard
• Janeth Vaillant
• Ruth Bush