Vie d'Alexandre l'Acémète

Alexandre l'Acémète naquit vers 350 sur une île de la mer Égée et suivit une formation littéraire approfondie à Constantinople avant d'intégrer la suite du préfêt du Prétoire (gouverneur de la ville et de son hinterland) durant quatre années. Il se retira ensuite dans un monastère de Syrie, puis dans “au désert” au-delà de l'Euphrate, en Mésopotamie, pour mener une vie d'ascèse, d'abord en solitude érémitique, puis, lorsque des disciples se joignent à lui, en forme semi-cénobitique à Antioche, et à Constantinople où il fonda vers la fin de sa vie (m. 430) le monastère saint-Marcel. Pour eux, il rédigea une règle de vie dont l'une des caractéristiques était la célébration ininterrompue de l'office divin dans l'église commune – d'où leur nom d'acémètes, «ceux qui ne dorment pas» (de κοιμάω, «dormir», avec le préfixe privatif). Les frères étant d'origine très diverse, il organisa la communauté en quatre groupes de langues qui devaient se succéder à tour de rôle sept fois le jour et sept fois la nuit: grecs, romains, syriaques et égyptiens.
Pour E. de Stoop, confirmé par A. Vööbus, le milieu du Ve s. serait le terminus post quem de la rédaction. Selon Vööbus, le texte aurait été produit dans un milieu syrien. P.-L Gatier a repris le dossier et montré de façon convaincante que l'ensemble du texte a subi une réécriture. L'auteur de la Vie se présente comme un disciple de la première heure, témoin oculaire, qui connaît la zone du limes oriental des premières expériences monastiques de son maître. Selon Gatier, un moine osrhoénien, contemporain d'Alexandre, aura pu rédiger un récit en syriaque au couvent des Acémètes, à l'Irénaion près de Constantinople à la mort du fondateur; puis le texte a été traduit en grec, donnant une version moins précise, à un moment où le couvent de l'Irénaion était accusé de verser dans dyophysisme syro-oriental, au début de VIe s.