Vie grecque abrégée de Marūtha de Maypherqaṭ

Informations générales

Cotems Jérusalem, Patriarcat grec, 1, fol. 115^r-116^v, du Xe s.
BHG 2265

Datedeuxième moitié du Ve s.

extrait situé sous le règne deYazdgird Ier

Languegrec

Type de contenuTexte hagiographique

Informations éditoriales

Éditions

Texte grec et traduction française:

Noret, J., «La vie grecque ancienne de S.Marūtā de Mayferqaṭ», Analecta Bollandiana 91, 1973, p. 77-103. Histoire du manuscrit p. 78-79 et n. 5 p. 78.

Références bibliographiques

- Ehrhard, A., Überlieferung und Bestand der hagiographischen und homiletischen Literatur der griechischen Kirche, I, (Texte und Untersuschungen 50), Leipzig, 1937, p. 567-570.
- Papadopoulos-Kerameus, A., Ὶεροσολυμιτικὴ βιβλιοθήκη, I, Saint-Pétersbourg, 1891, p. 1-8.

Plus généralement sur Marūtha de Maypherqaṭ:
- Labourt, J., Le christianisme dans l'empire perse sous la dynastie sassanide (224–632), (Bibliothèque de l'enseignement de l'histoire ecclésiastique 11), Paris, 1904.
- McDonough, S., «A Second Constantine? The Sasanian King Yazdgard in Christian History and Historiography», Journal of Late Antiquity 1/1, 2008, p. 127-140.
- Stevenson, W., «John Chrysostom, Maruthas and Christian Evangelism in Sasanian Iran», Studia Patristica 47, 2010, p. 301-306.
- Sako, L. R., Le rôle de la hiérarchie syriaque orientale dans les rapports diplomatiques entre la Perse et Byzance aux Ve-VIIe siècles, (Textes et études sur l'Orient chrétien 2), Paris, 1986.
- Tisserant, E., «Marouta de Maypherqat (saint)», Dictionnaire de théologie catholique 10/1, Paris, 1928, col. 142-149.
- Vesa, V., «Church-Imperial Power Relationship in the Persian Empire of the 5th Century: The Role of Politics in the Reception of the First Ecumenical Council», Altarul Reîntregirii 2. Supplement, 2013, p. 261-276.

Liens
Pour la bibliographie sur Marūtha, voir le site de

A Comprehensive Bibliography on Syriac Christianity

Indexation

Noms propresBaṣiṣta, Christ, Constantin, Jacques (évêque de Nisibe), Mariam (grand-mère de Marūtha), Nazaréen, Pērōzgerd, Perses, Photius, Romains, Théodose II, Touba

ToponymesArménie, Cité des martyrs, Martyropolis, Maypherqaṭ, Orient, Perse, Sophène, Tarawn

Sujetsambassade, baptême, chasteté, conversion, démon, guérison, jeûne, mage, martyr, miracles, païen, pyrée, reliques

Traduction

Texte

Histoire des saints qui sont à Martyropolis et de saint Marūtha qui fit surgir la ville au nom des martyrs

1. Il existe un district rural appelé des Sophanéniens, situé vers l'Orient entre l'Arménie et la Perse; la foi chrétienne ne s'y rencontrait pas et la région se montrait hostile.
2. Au temps de Constantin le Grand, premier des empereurs romains à être passé au Christ, le saint évêque Jacques, celui de Nisibe (Nitzibée), ne pouvant prêcher (aux Sophanéniens) la parole de Dieu, suppliait Dieu, en une prière constante, que lui soit ouverte une porte par laquelle il les conduirait à la lumière de la connaissance de Dieu. Et voici comment se fit providentiellement leur conversion à Dieu.

3. Le gouverneur de la Sophanène n'était pas marié; il avait bien des fois voyagé en Arménie et arrivé dans la région des Tarawonais, il s'éprit de la fille du gouverneur de la ville; elle était belle et s'appelait Baṣiṣta. Étant chrétienne, elle avait changé son nom en celui de Mariam (Mariamnè).
4. Ses parents tenaient les Sophanéniens en horreur du fait de leur caractère dur et parce qu'ils n'étaient pas croyants. Or, il arriva que Jacques, le très saint évêque, arriva en ces régions; et les parents de la jeune fille lui confièrent toute l'affaire. Et, après avoir enquêté et accepté [ce mariage], il leur prédit que ce peuple se convertirait par l'intermédiaire de ce chef. Et ainsi Mariam fut emmenée, introduisant avec elle son mode de vie.
5. Et, le saint Carême, elle jeûnait et conservait sa pureté de corps; et comme son mari s'était approché pour dormir avec elle, il voit une vision terrifiante et entend une voix disant de ne pas la toucher; (cet) homme, persuadé du coup que la foi au Christ est quelque chose de grand, fut baptisé à Pâques de la même année; et après qu'il fut baptisé, Mariam s'unit à lui.
6. Et il leur naquit une petite fille appelée Touba, puis notre saint thaumaturge Marūtha (Marouthas). Celui-ci, pieusement élevé et formé aux choses divines, devenu évêque, illumina de la parole de Dieu non seulement le pays des Sophanéniens lui-même, mais aussi la Perse, grâce à ses nombreux miracles, conduisant de nombreuses foules à Dieu.

7. L'empereur des Romains Théodose le grand, le croyant, envoya [Marūtha] à Yazdgird (Pirozgerd) roi des Perses pour une ambassade de paix; celui-ci partit et opéra nombre de prodiges en Perse; il guérit même la fille du roi, qui était possédée d'un démon.
8. De ce fait, aimé par le roi des Perses et ayant envers lui une grande liberté de parole, il conduisit profitablement toutes les affaires, ayant apporté aux Romains aussi bien qu'aux Perses le bénéfice de conclure la paix; et après ce bien qu'il avait réalisé, (le roi) lui obtint encore une faveur, à sa demande: il emmena en effet tous les corps des saints qui avaient été martyrisé en Perse pour le Christ; il fonda une ville, lui ayant donné le nom de Martyropolis, et les y déposa.
9. Les mages des Perses, jaloux de lui du fait de l'affection que lui portait Yazdgird, comme il pénétrait dans la ville … se faire par où il devait passer, ayant incriminé au saint cette...; n'étant parvenus à rien, ils dissimulent sous terre un homme dans le temple du feu de Yazdgird, et lorsque le roi pénétra pour prier selon la tradition des païens, le mage cria d'en-dessous, apparemment comme un dieu des païens, disant au roi: «Je ne t'agrée pas, parce qu'obéissant à Marūtha, tu adores le Nazaréen.»
10. Ayant entendu cela, saint Marūtha entra dans le temple du feu en même temps que le roi, et, ayant entendu la voix du mage réprouver le roi, il dit à Yazdgird: «Que prescrivent vos lois envers ceux qui blasphèment un dieu et injurient un roi?» Et le roi questionna les mages sur cela. Ceux-ci dirent que ceux qui font cela sont privés de cette vie, avec toutes leurs familles. Alors saint Marūtha ordonne de creuser l'endroit et il en fit sortir le mage, qui confessa d'ailleurs avoir fait cela par volonté des autres mages. Et comme le roi souhaitait que ceux-ci périssent tous sans exception,
11. le saint, par son intercession, fit qu'on les décima et en exécuta un sur dix.
12. De la sorte le saint, devenu, dit-on, quelqu'un de redoutable et un guide vers le salut, s'endormit en paix; le 17 février, il fut déposé avec les saints martyrs pour lesquels il avait fondé la ville. Par ses prières, ô notre Dieu, et par celles des saints martyrs, fortifie ton Église et prends pitié du monde, car tu es béni et glorifié avec ton Père éternel et avec l'Esprit très saint et vivifiant, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen!

Traducteur(s)d'après J. Noret

Description

Analyse du passage

J. Noret précise en note qu'A. Ehrhard avait estimé que le scribe pourrait avoir été un certain Photius, qui copia un autre texte du codex de Jérusalem. Son écriture étant assez négligée, l'orthographe défectueuse et des passages parfois difficilement compréhensibles, il en déduit que ce scribe ne devait pas être familier du grec. Voir son analyse de la langue dans son article cité ci-contre, p. 93-94. Sur les différentes strates d'écriture du texte, voir Sanspeur, C. L., «La préhistoire de la plus ancienne vie grecque de S. Marouthas», Orientalia Lovaniensia Periodica 9, 1978, p. 159-165.
Pour la teneur du récit, l'éditeur serait enclin à la dater de la seconde moitié du Ve siècle en raison de plusieurs facteurs: sobriété du récit dépourvu de merveilleux; choix fait par le scribe de restituer les traditions les plus anciennes semble-t-il; présence du nom Pērōzgerd au lieu de Yazdgerd qui laisse présager une rédaction sous le règne de Pērōz (459-484).
Les liens de dépendance entre la version abrégée et la Vie arménienne ont été établis par J. Noret (p. 96-97), qui déduit des longs développements de cette dernière, et de sa date assez récente, une antériorité de la Vie grecque qui a pu en être l'une des sources. L'auteur de la Vie arménienne se rattache explicitement à un original syriaque; les liens entre les deux textes, arménien et grec abrégé, laissent ainsi supposer que la Vie courte viendrait elle aussi du syriaque via peut-être un texte intermédiaire. La consonnance de certains patronymes (Touba, sœur de Marūtha, dérivant du syr. ṭwb', «bonne»; Basista, premier nom de Mariam[nè], du syr. bṣyṣt') contribuerait à confirmer cette hypothèse (p. 97).
Le texte opère deux rattachements prestigieux, l'un de la parenté de Marūtha avec l'évêque Jacques de Nisibe, l'autre de l'évangélisation de la région du Tarawn à ce même Jacques, contrairement aux traditions arméniennes qui évoquent plutôt la figure de Grégoire l'Illuminateur.
Sur l'affaire du pyrée, voir Socrate de Constantinople, Histoire ecclésiastique. Livre VII. Chapitre VIII, 7-13; Ṣaliba, éd. Gismondi, H., Maris, Amri et Slibae De patriarchis nestorianorum commentaria, Pars altera, Rome, 1897, p. 26.

Édition numérique

Éditeur numériqueProjet ANR TransPerse (CeRMI, CNRS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle).

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Notice créée par Christelle Jullien Notice créée le 29/01/2020 Dernière modification le 01/07/2022