Ambassade de Marūtha de Maypherqaṭ en Perse

Informations générales

DateXIIe siècle

extrait situé sous le règne deYazdgird Ier

Languesyriaque

Type de contenuTexte historiographique

Informations éditoriales

Éditions

Texte syriaque:
- Rahmani, I. E., Chronicon civile et ecclesiasticum anonymi auctoris quod ex unico codice Edesseno, Charfé, Monte Libano, 1904 (éd. incomplète).
- Chabot, J.-B., Chronicon anonymum ad annum Christi 1234 pertinens, I. Pramissum est Chronicon anonymum ad A.D. 819 pertinens curante Aphrem Barsaum, (CSCO 81, Script. syr. 36), Paris, 1920, p. 174-175.

Traduction latine:
Chabot, J.-B., Chronicon anonymum ad annum Christi 1234 pertinens, I. Pramissum est Chronicon anonymum ad A.D. 819 pertinens, (CSCO 109, Script. syr. 56), Paris, 1937, p. 137-138.

Références bibliographiques

- Brock, S. P., «Syriac Sources for Seventh-Century History», Byzantine and Modern Greek Studies 2, 1976, p. 22.
- Çiçek, J. Y., The Syriac World History: Secular and Ecclesiastical. Glane/Losser, 2004.

- Hilkens, A., The Anonymous Syriac Chronicle of 1234 and its Sources, (Bibliothèque de Byzantion 18), Leuven, 2018.

- Hilkens, A., «Before the Eastern Source: Theophanes and the Late Syriac Orthodox Chronicles, 4th-6th Centuries», Travaux et Memoires 19, 2015, p. 401-414.

- Hoyland, R. G., Theophilus of Edessa's Chronicle and the Circulation of Historical Knowledge in Late Antiquity and Early Islam, (Translated Texts for Historians 57), Liverpool, 2011.

- Mazzola, M., «A “Woven-Texture” Narration: On the Compilation Method of the Syriac Renaissance Chronicles (Twelfth-Thirteenth Centuries)», Sacris Erudiri 56, 2017, p. 445-463.

- Teule, H., «Chronicon ad annum 1234 pertinens», dans D. Thomas, A. Mallett (eds), Christian-Muslim Relations: A Bibliographical History. IV. 1200‒1350, (History of Christian-Muslim Relations 17), Leiden, 2012, p. 307-309. Voir bibliographie.

- Weltecke, D., «Les trois grandes chroniques syro-orthodoxes des XIIe et XIIIe siècles», dans M. Debié (éd.), L'historiographie syriaque, (Études syriaques 6), Paris, 2009, p. 107-135.

- Weltecke, D., «A Renaissance in Historiography? Patriarch Michael, the Anonymous Chronicle ad a. 1234, and Bar ‘Ebrōyō», dans Teule, H., Fotescu, C., ter Haar Romeny, R. B., van Ginkel, J. (eds), The Syriac Renaissance, (Eastern Christian Studies 9), Leuven, 2010, p. 95-111.

- Witakowski, W., «Syriac Historiographical Sources», dans Whitby, M. (ed), Byzantines and Crusaders in Non-Greek Sources, 1025-1204, (Proceedings of the British Academy 132), Oxford, 2007, p. 253-282.

- Vie arménienne de Marūtha, éd. Marcus, R., « The Armenian Life of Marutha of Maipherkat », The Harvard Theological Review 25, 1932, p. 61, p. 65.
- Vie syriaque de Marūtha, éd. d'un fragment sinaïtique par Brock, S., « A Fragment from a Syriac Life of Marutha of Martyropolis », Analecta Bollandiana 128/2, 2010, p. 306-311.

Pour la bibliographie voir aussi les sites:
syri.ac (Chronicon ad annum 1234)
A Comprehensive Bibliography on Syriac Christianity
Résumé de la recherche dans Debié, M., L'écriture de l'histoire en syriaque. Transmissions interculturelles et constructions identitaires entre hellénisme et islam, (Late Antique History and Religion 12), Louvain, 2015, p. 585-589.

Liens

- Texte syriaque éd. Chabot, Chronique jusqu'à l'année 1234, vol. I
- Traduction latine éd. Chabot, Chronique jusqu'à l'année 1234

Indexation

Noms propresArcadius, Marūtha de Maypherqaṭ, Perses, Romains, Théodose II, Wahrām V, Yazdgird Ier

ToponymesConstantinople, Perse

Sujetsambassade, chrétiens, feu, mage, pyrée, soleil

Traduction

Texte

Au sujet de l'ambassade du métropolite Marūtha chez les Perses

[syr. p. 174.8] Puisque les Romains et les Perses s'envoyaient constamment les ambassadeurs pour des raisons diverses, il fut nécessaire en ce temps-là d'envoyer le métropolite Marūtha, celui que nous avons mentionné plus haut, de la part de l'empereur des Romains auprès du roi des Perses. Puisqu'il trouvait dans le métropolite une grande modération, il était saisi par [sa] dignité. Et il le considéra comme l'ami de Dieu. À cause de cela, les mages s'excitèrent grandement et craignirent qu'il ne fasse du roi Yazdgird un chrétien. Or, souvent, le roi des Perses avait mal à la tête. On n'avait pas trouvé de remèdes pour le soigner. Ce Marūtha le guérit par la prière. À cause de cela, les mages imaginèrent de tromper le roi. Parce que les Perses adoraient le feu, il était coutumier que le roi [l']adorât dans une maison où le feu brûlait constamment. Les mages avaient caché un homme sous le sol: lorsque le roi entra prier comme d'habitude, cet homme parla. Ils lui firent dire qu'il fallait que le roi se fie au feu, car il l'irritait en ce qu'il donnait à croire que ce qui concernait le prêtre des chrétiens était vrai. Parce qu'il le craignait beaucoup, le roi Yazdgird, après avoir entendu ces choses, pensa laisser partir Marutha. Mais le métropolite, parce que c'était un saint homme, lui révéla la ruse des mages et dit au roi: «Ne crains pas [syr. p. 175] ô roi, mais retourne de nouveau et va au temple du feu. Lorsque tu entendras la voix, creuse et tu trouveras la ruse. En effet, le feu ne parle pas, mais un complot des hommes fait cela.» Alors le roi fit confiance au métropolite Mār Marūtha et vint de nouveau au temple où se trouve le feu qui ne s'éteint pas. Il entendit encore la même voix. Alors, le roi ordonna que cet endroit soit creusé. Lorsqu'il fut creusé, celui qui avait été placé là et prétendait parler de la part du dieu fut confondu. Alors, le roi se mit en colère et ordonna au sujet des mages que, de tout leur clan, il en soit tué un sur dix. Il tenait le métropolite en grand honneur. À cause de cela, le christianisme prospéra au pays des Perses. Et Marūtha rentra à Constantinople avec honneur. Après le décès de l'empereur Arcadius, aux jours de Théodose, Yazdgird roi des Perses décéda aussi, et son fils Wahrām (hrn) régna, lui qui, en ses jours, abolit la paix entre les Romains et les Perses.

Traducteur(s)Christelle Jullien, Florence Jullien, Chiemi Nakano

Description

Analyse du passage

Le développement de la légation de Marūtha chez les Perses reprend Socrate, Histoire ecclésiastique, VII, 8. Sur l'ambassade de Marūtha, voir Brock, S. P., «Marutha of Maypherqaṭ», in Sebastian P. Brock et al. (eds.), The Gorgias Encyclopedic Dictionary of the Syriac Heritage, Piscataway, NJ: Gorgias Press, 2011, p. 273. McDonough, S., «A Second Constantine? The Sasanian King Yazdgard in Christian History and Historiography», Journal of Late Antiquity 1/1, 2008, p. 127-140.
Sur les ambassades de Marūtha en Perse, ses compétences médicales, son intervention pour un renouveau de l'Église en Perse et sa médiation en faveur des communautés locales, voir Garsoïan, N., « Le rôle de la hiérarchie chrétienne dans les rapports diplomatiques entre Byzance et les Sassanides », Revue des Études Arméniennes NS 10, 1973-1974, p. 119-138; Fowden, E. K., The Barbarian Plain. Saint Sergius between Rome and Iran [The Transformation of the Classical Heritage 28], Berkeley, Los Angeles, 1999, p. 49-56; McDonough, S. J., A Second Constantine? The Sasanian King Yazdgard in Christian History and Historiography, in Journal of Late Antiquity, 1/1 (2008), p. 127-140; Sako, L., Le rôle de la hiérarchie syriaque orientale dans les rapports diplomatiques entre la Perse et Byzance aux V^ème-VII^ème siècles, Paris, doctorat de 3^e cycle, 1985; Tisserant, E., «Marouta de Maypherqat (saint)», Dictionnaire de théologie catholique 10/1, Paris, 1928, col. 142-149.
Discussion sur la datation des ambassades Labourt, J., Le christianisme dans l'empire perse, Paris, 1904, p. 88 n. 5; Westphal, G., Untersuchungen über die Quellen und die Glaubwürdigkeit der Patriarchenchroniken I, Strasbourg, 1901, p. 127-130.

Le motif du “stratagème du pyrée parlant”, fruit d'une ruse des mages pour tromper Yazdgird favorable aux chrétiens, provient directement de la Vie syriaque de Marūtha. Celle-ci est perdue; mais la version arménienne, qui fut traduite d'un texte syriaque, a conservé cette histoire (éd. Marcus, 1932, p. 64-65), de même que la Vie grecque ancienne et le ménologe impérial de Michel IV qui en dépend (éd. Noret 1973, p. 89-91, BHG 2265 et 2266). Une fin identique est réservée aux mages dans la Vie grecque, exterminés à raison de un sur dix après l'intervention clémente de Marūtha, tandis qu'ils sont tous exécutés dans la version arménienne. La présence de ce récit dans la chronique jusqu'en l'année 1234 témoigne d'une diffusion de ce texte en milieu syriaque encore au XIIIe siècle, même si la plupart des grandes historiographies ne l'ont pas consigné (Bar ʿEbrōyō, Histoire syro-orientale de Séert).
Le ton polémique du passage est également soutenu par des références implicites à des passages bibliques. Ainsi le «temple où se trouve le feu qui ne s'éteint pas» fait discrètement allusion à la Géhenne («là où le feu ne s'éteint pas», Mc 9, 43 et 48), lieu préparé pour ceux qui portent de mauvais fruits (Mt 3, 12).

Édition numérique

Éditeur numériqueProjet ANR TransPerse (CeRMI, CNRS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle).

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Notice créée par Christelle Jullien Notice créée le 14/02/2020 Dernière modification le 01/07/2022