Wahrām se rend dans l'Inde

Informations générales

extrait situé sous le règne deWahrām V

Type de contenuTexte historiographique

Informations éditoriales

Éditions

Traduction française:

Zotenberg, H., Histoire des rois de Perse (texte arabe et traduction française), Paris, 1900, p. 560-564; réimpr. Amsterdam: APA Oriental Press, 1979.

Références bibliographiques

- Al-Jādir, al-Tha‘ālibī nāqidan wa-adīban, Beyrouth, 1991, p. 58-132.

- Bosworth, C. E., «al-Tha‘ālibī, Abū Mansūr», Encyclopédie de l'Islam X, 2000, 2e ed., col. 456.

- Orfali, B., «The Works of Abū Manṣūr al-Tha‘ālibī (350-429/961-1039)», Journal of Arabic Literature 40, 2009, p. 273-318.

Liens

Voir le texte d'H. Zotenberg sur le site archive.org

Indexation

Noms propresIndiens, Schankalat, Wahrām V

ToponymesDaybūl, Ērānšahr, Inde, Makrān

Sujetschasse, cheval, éléphants, Faghfoûr, mariage, palais, richesse

Traduction

Texte

Wahrām se rend dans l'Inde

[ar. et trad. éd. Zotenberg p. 560] Wahrām (Bahrâm), ensuite, mettant à exécution un désir avec lequel il se portait, rendit sous un déguisement dans l'Inde. Il y donna de telles preuves de son courage et de sa force, en tuant des bêtes féroces et des éléphants qui ravageaient la contrée, que sa renommée [ar. et trad. éd. Zotenberg p. 561] inspira au roi Schankalat l'envie de le voir. Il le fit appeler et fut charmé de ses perfections. Il le questionna sur sa situation présente et sur son passé. Wahrām répondit: «Je fais partie de la cour du roi Wahrām. J'ai rempli dans son service une charge dans laquelle je n'ai pas su obtenir tout à fait son approbation et le contenter, ce qui me valut son déplaisir. Cette disgrâce me fit craindre pour ma vie et me força de m'expatrier, en attendant que sa colère contre ma pauvre personne soit apaisée.» Schankalat lui dit: «Voilà pour moi une occasion favorable pour faire de toi mon ami et pour profiter de ton éclatante fortune. Apprends donc que tu jouiras de ma faveur et que tu auras une haute situation. Traite-moi comme l'enfant traite ses parents.» Il en fit son compagnon de chasse. Les talents et les merveilleux exploits qu'il vit de lui le ravirent.
Il advint qu'un ennemi de Schankalat d'entre les rois de l'Inde prit les armes contre lui et arriva à ses frontières, résolu de lui livrer bataille et de lui enlever son royaume. Wahrām dit à Schankalat: [ar. et trad. éd. Zotenberg p. 562] «Veux-tu me charger de le combattre, afin que je te débarrasse de lui?» Schankalat répondit: «Si tu t'offres avec tant d'empressement et volontairement à me remplacer, je ne doute pas, étant donnée aussi ton heureuse fortune, de ton succès, et grande sera mon obligation envers toi.» Wahrām fit ses préparatifs et se mit en marche avec les troupes indiennes, tandis que le roi ennemi s'approcha, fier de sa puissance et plein de confiance en la force de ses armes. Quand les deux armées furent en présence l'une de l'autre, Wahrām dit à ses hommes: «Protégez mes derrières, et regardez les prouesses que j'accomplirai sur mes devants.» Les Indiens firent ce qu'il ordonnait. Alors Wahrām exécuta sur l'armée ennemie une charge qui ébranla, abattit, brisa et dispersa les troupes. Puis, se mettant à attaquer leurs guerriers, il tranchait la tête à un homme avec son sabre ou le fendait en deux, ou, l'enlevant de la selle, le jetait à terre, le faisait pétiner par son cheval et le tuait: contre un homme portant une cuirasse, il lançait une flèche qui trensperçait le corps de part en part et s'arrêtait dans le sol; saisissant deux hommes par leur tête, l'un de sa main droite et l'autre de sa main gauche, il frappait ces têtes [ar. et trad. éd. Zotenberg p. 563] l'une contre l'autre, de telle sorte que leurs cerveaux jaillissaient et se répandaient; attaquant un éléphant, il lui labourait la trompe avec le sabre et la tranchait, délogeait ceux qui le montaient et le faisait tomber a terre. Les troupes ennemies, se voyant près de périr, abandonnèrent la partie et s'enfuirent en proie à la panique, sans regarder en arrière. Les gens de Wahrām les poursuivirent, en tuèrent un grand nombre et les dépouillèrent.
Schankalat se tenait sur une hauteur, d'où il voyait ce que se passait. Quand Wahrām revint avec cette grande victoire et ce gros succès, le roi mit pied à terre devant lui, fit des vœux pour lui, le félicita, le remercia, mit à sa disposition son pouvoir et ses biens et le ramena avec lui en son palais; il but avec lui et le combla de gracieusités. Lorsque Wahrām fut sous l'influence du vin, il lui fit connaître son nom. Schankalat se leva, ne cessa de se prosterner, baisa la terre et se tint debout devant lui. Wahrām l'invita à s'asseoir, lui adressa de bonnes paroles et lui demanda en mariage une fille qui était née [ar. et trad. éd. Zotenberg p. 564] de la fille du Faghfoûr. Schankalat la lui donna pour femme, fit passer sous sa domination Daybul (Daïbol) et au Makrān (Mokrân) et les contrées adjacentes, s'engagea à lui payer tribut pour ses autres provinces, lui donna de l'or, de l'argent, des armes, des éléphants, des parfums, de l'ivoire et des peaux de panthères en quantités innombrables, et constitua à sa fille un équipage d'une richesse prodigieuse. Wahrām partit ensuite pour l'Ērānšahr (Eranshahr), puissant et généreux, joyeux et plein d'entrain. Schankalat, l'ayant accompagné aussi loin qu'on pouvait le faire, prit congé de lui et s'en retourna.

Traducteur(s)H. Zotenberg

Édition numérique

Éditeur numériqueProjet ANR TransPerse (CeRMI, CNRS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle).

Mentions légalesFiche : Projet ANR TransPerse (CeRMI, CNRS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR).

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Notice créée par Florence Jullien Notice créée le 24/02/2020 Dernière modification le 01/07/2022