Livre XIV, Chapitre XVIII

Informations générales

Datecompilation entre 1303/1309 et 1317/1320

extrait situé sous le règne deYazdgird Ier

Languegrec

Type de contenuTexte historiographique

Informations éditoriales

Éditions

Éd. du texte grec:
Patrologia graeca 146, Paris, 1865, col. 1109, 1112, 1113.

Traduction latine:
Patrologia graeca 146, Paris, 1865, col. 1110, 1111, 1114.

Traduction allemande:
Gentz, G., Winkelmann, F., Die Kirchengeschichte des Nicephorus Callistus Xanthopulos (sic) und ihre Quellen, (Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur 98), Berlin, 1966.

Références bibliographiques

- Astruc, C., «Autour de l'édition princeps de l'histoire ecclésiastique de Nicéphore Calliste Xanthopoulos», Scriptorium 6/2, 1952, p. 252-259.
- Turtledove, H., «The Date of Composition of the Historia Syntomos of Patriarch Nikephoros», Byzantina kai Metabyzantina 4. Byzantine Studies in Honor of Milton Anastos, Malibu, 1985, p. 91-94.

Liens

Éd. J. P. Migne, PG 146: Nicéphore Calliste, Histoire ecclésiastique

Indexation

Noms propres‘Abdā (évêque d'Ohrmazd-Ardašīr), Kyrinos (évêque de Chalcédoine), Marūtha de Maypherqaṭ, Perses, Romains, Théodose II, Yazdgird Ier

ToponymesChalcédoine, Constantinople, Mésopotamie, Perse, Perses (pays des)

Sujetsambassade, châtiment, christianisme, complot, démon, dîme, église, évêque, feu, fils, frontière, mage, nature, odeur, père, pied, porte, prêtre, roi, ruse, tuteur

Traduction

Texte

Livre XIV, Chapitre 18

Comment le christianisme s'est propagé aussi chez les Perses grâce à l'évêque de Mésopotamie Marūtha et à l'évêque de Perse Abdas

En ce temps-là, il arriva que le christianisme battît son plein aussi dans le pays des Perses. Car lorsque Yazdgird (Isdigerd) devint le tuteur de Théodose, suivant l'ordre du père de ce dernier, il commença à être très favorablement disposé à l'égard des affaires des Romains; en effet, il trouvait souvent des raisons pour lesquelles il convenait d'organiser des ambassades entre les Romains et les Perses. À cause d'une affaire urgente, l'évêque de Mésopotamie Marūtha (Marouthas) fut envoyé en tant qu'ambassadeur; nous avons déjà parlé de lui il y a peu de temps, car c'est lui qui avait marché sur le pied de l'évêque de Chalcédoine Kyrinos. Lorsqu'il fut arrivé, le Perse le reçut publiquement en grande pompe, tel un homme ami de Dieu qui prétendait à une grande piété. Lorsque les mages eurent vu que l'évêque des Romains avait été accueilli avec tous les égards (car ces derniers étaient fort influents auprès de leur roi), après concertation, ils furent bouleversés: ils avaient peur que [le roi] ne n'embrassât la foi de [l'évêque des Romains] à cause de l'affection dont il faisait preuve envers lui. Car Isdigerd souffrait de maux de tête terribles depuis des années et Marouthas le soigna aussitôt par ses prières, en invoquant Dieu; les mages avaient désespéré de son cas, après avoir tout essayé. Or, [les mages] tentaient de mettre à l'épreuve le roi à travers une ruse. Comme les Perses vénéraient le feu comme un dieu et qualifiaient de mages ceux qui sacralisaient les éléments de la nature, il était d'usage que le roi vénérât le feu qui brûlait pour toujours; or, on enterra un homme sous la terre, à l'endroit où [le roi] avait l'habitude de se rendre à ce moment-là, et les mages prescrivirent [à cet homme] de prononcer les mots suivants: «Il faut que le roi soit amené hors des portes, car il a été jugé impie par les divinités pour avoir considéré le prêtre des chrétiens comme un homme pieux et pour lui avoir montré une affection particulière.» Lorsque le Perse eut entendu ces choses, il consulta Marouthas, car il était dans l'embarras et n'osait pas décider d'après son propre jugement. Or, Marouthas, grâce à son amour pour Dieu et à ses prières assidues, put aisément expliquer la ruse des Perses; il s'approcha de Isdigerd et lui dit: «Ne te laisse pas égarer ainsi, roi, mais entre dans ce lieu pour aller à la rencontre de la voix que tu entends et ordonne qu'on creuse sous terre; car il est facile de dévoiler une ruse. En effet, le feu ne peut point parler: comment [cela] serait-il possible, étant donné qu'il est sans souffle? Mais c'est l'art humain qui met cela en scène.» Isdigerd se laissa convaincre par ces paroles. Lorsqu'il fut entré à nouveau dans le petit édifice, où l'on gardait le feu qui ne s'éteignait jamais, et qu'il eut entendu à nouveau la même voix, il ordonna sur-le-champ de creuser à l'endroit en question; il put alors prouver que le dieu souterrain n'était qu'un simple homme qui répondait. Alors le Perse s'emporta de colère et exigea la dîme de la tribu des mages. Lorsque cela eut été accompli, il prescrivit à Marouthas de faire bâtir une église là où il le souhaiterait sur le territoire des Perses. À partir de ce moment-là, le christianisme se mit à se propager aussi à l'intérieur des frontières du royaume des Perses, jour après jour, pour ainsi dire. Quant à Marouthas, comme l'ambassade à l'occasion de laquelle il était venu arrivait à son terme, il retourna à Constantinople. Mais on lui demanda de revenir [en Perse] et on envoya de nouveau une ambassade. Aussitôt les mages se mirent à tramer pareils complots; ils prirent leurs dispositions pour que le roi ne l'accueillît pas avec tous les égards et usèrent d'artifices pour que [Marūtha] laissât une odeur insupportable sur son passage. Ils fabriquèrent cela de toutes pièces, recourant à toutes sortes de machinations: ils voulaient lui faire croire que [cette odeur] venait des chrétiens qui accompagnaient l'évêque. Mais le gouverneur soupçonnait que c'étaient les mages qui avaient machiné cela contre ceux qui étaient arrivés; il se hâta donc de mettre en place une enquête pour trouver les auteurs de cet acte. Comme ceux qui avaient inventé cette odeur terrible furent aussitôt dévoilés par les [enquêteurs au service du roi], ce dernier s'empressa d'infliger des châtiments à bon nombre de mages. Quant à Marouthas, il fut traité avec tous les égards. À partir de ce moment-là, [le roi] aima les Romains et fut lié d'une amitié très forte avec eux. C'est en raison de cette grande affection qu'il envisageait d'embrasser le christianisme, et en raison aussi d'un autre épisode avec Marouthas, qui était cette fois-ci accompagné de l'évêque de Perse, Abdas; [ce dernier] persévéra instamment dans ses prières et réussit à chasser définitivement le démon qui tourmentait le fils [du roi].

Traducteur(s)Anna Lampadaridi

Description

Analyse du passage

Sur les ambassades de Marūtha en Perse, voir Garsoïan, N., « Le rôle de la hiérarchie chrétienne dans les rapports diplomatiques entre Byzance et les Sassanides », Revue des Études Arméniennes NS 10, 1973-1974, p. 119-138; Fowden, E. K., The Barbarian Plain. Saint Sergius between Rome and Iran [The Transformation of the Classical Heritage 28], Berkeley, Los Angeles, 1999, p. 49-56; McDonough, S. J., A Second Constantine? The Sasanian King Yazdgard in Christian History and Historiography, in Journal of Late Antiquity, 1/1 (2008), p. 127-140; Sako, L., Le rôle de la hiérarchie syriaque orientale dans les rapports diplomatiques entre la Perse et Byzance aux V^ème-VII^ème siècles, Paris, doctorat de 3^e cycle, 1985; Tisserant, E., «Marouta de Maypherqat (saint)», Dictionnaire de théologie catholique 10/1, Paris, 1928, col. 142-149.

Parallèles sur la tutelle par Yazdgird également dans:
. Procope de Césarée, Guerres perses. Livre I, Chapitre I, 2, 1-10.
. Agathias le Scholastique, Histoires. Livre IV, 26, 5-7.
. Théophane le Confesseur, Chronographie. AM 5900.
. Chronique jusqu'à l'année 1234 (Yazdgird I^er tuteur de Théodose)

Édition numérique

Éditeur numériqueProjet ANR TransPerse (CeRMI, CNRS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle).

Mentions légalesFiche : Projet ANR TransPerse (CeRMI, CNRS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR).

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Notice créée par Christelle Jullien Notice créée le 29/12/2020 Dernière modification le 01/07/2022