L’entreprise diariste des CB semble avoir été entamée dès 1924 ; le tome VI, pour nous le premier, s’ouvre sur la seconde moitié du nom sacré de « [Baude]-laire », à la date probable du 4 janvier 1933.
Ce journal à la fois intime et littéraire est un document historique de première main sur l’époque coloniale des années trente en même temps qu’un aperçu parfois vertigineux sur la psychologie d’un écrivain ambitieux et déchiré qui vit au plus vif les contradictions de sa situation quotidienne d’homme plein d’ardeur voire de fureur et d’intellectuel souhaitant penser sa situation de colonisé et tentant de la faire évoluer. L’écriture est remarquable par sa vigueur et sa précision, sa couleur également. C’est un texte vivant, riche et varié ; l’écrivain sait mettre les moindres événements de sa vie en écho avec ce qu’il sait de la vie de ses maîtres, des grands artistes qu’il admire, voire idolâtre. Tout comme il ne cesse de projeter ce qu’il voit, éprouve et vit dans des œuvres futures ! Vivre comme il le souhaite pleinement et multiplier ainsi ce qu’il est capable de ressentir comme de faire ressentir, c’est pour lui se tenir en correspondance permanente avec des traits empruntés à toutes les sources de la littérature mondiale, au risque de passer pour définitivement « pourri » de « Lettres » !
Fiche descriptive de la collection
Citation de la page
Rabearivelo, Jean-Joseph, Calepins bleus, .
Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Consulté le 27/09/2024 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/collections/show/103