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Lorsque la réalité se fait compacte, pesante, étouffante, lorsque les forces qui pèsent sur le réel sont devenues trop puissantes pour être canalisées, alors l’écrivain peut choisir de devenir une bombe. Sony Labou Tansi ne propose pas de changer le monde mais de l’aérer, c’est-à-dire de lui donner une nouvelle respiration. Pour cela son écriture se fera atomique. La bombe vaut par le souffle de son explosion, mais aussi par le halètement de celui qui la manipule. Elle est l’œil ouvert de ce « poste de peur » que Sony veut inventer en « ce vaste monde qui fout le camp ».

 

Cet écrivain, qui a explicitement prophétisé les heures sombres du terrorisme de ressentiment dans lesquelles nous sommes aujourd’hui plongés, en appelait à un autre terrorisme, seul capable de répondre à l’insupportable bêtise des idéologies fondamentalistes. Son écriture, qui est une négociation constante entre la vie et la mort, vibre du souffle de celui qui voit la mort en face. L’acte de respirer est une inquiétude, il s’arc-boute sur une colonne d’air assez puissante pour vaporiser les institutions, déplacer les géographies imaginaires.

 

Xavier Garnier