Demesvar Delorme (1831-1901)
Vie
Demesvar Delorme est né au Cap-Haïtien le 10 février 1831. Son père y est instituteur et spéculateur sur les denrées. À sa mort, son épouse Catherine Lagroue se remarie et confie l'éducation du petit Demesvar à son frère Justinien. Alors qu'il a onze ans, un terrible tremblement de terre détruit sa ville natale, obligeant la famille à s'installer à La Grande-Rivière du Nord, dont le commandant d'arrondissement est un grand-oncle de Demesvar, le général Mouscardy. En 1844, est fondé au Cap-Haïtien le lycée Philippe-Guerrier. Demesvar Delorme va y entreprendre des études classiques.
Ses études terminées, Demesvar Delorme devient pour quelques mois instituteur à l'école primaire des garçons, puis professeur au collège Adélina, établissement en lieu et place de l'ancien lycée. Il tient également un salon littéraire fréquenté, entre autres, par Oswald Durand. Après un voyage aux États-Unis, il fonde en 1859 le journal L'Avenir. Convaincu que le gouvernement Geffrard instaurera enfin un régime républicain exemplaire, il publie dans son journal des articles dans lesquels il expose ses idées libérales. Appelé au bureau de l'arrondissement, il reçoit à sa surprise l'ordre de fermer L'Avenir. En 1862, Delorme est élu député du Cap. À la Chambre, il restera fidèle aux principes de L'Avenir et luttera dans l'opposition libérale. Le Pouvoir en prendra ombrage et la Chambre sera dissoute en 1863. Lors du soulèvement du Cap, il se met aux côtés de Salnave et rédige les bulletins de la résistance. Après cinq mois de lutte, l'insurrection est brisée. Salnave doit s'exiler, Delorme également. Ce dernier finira par gagner la Belgique. Il rentrera au pays à la chute de Geffrard en 1867. Salnave l'y a précédé et a été élu président de la République. Delorme est nommé ministre des Relations extérieures, puis de l'Instruction publique et des Cultes. Mais bientôt le général Salnave devient impopulaire. Il passera des années à lutter contre les Cacos et les Piquets pour se maintenir au pouvoir.
Delorme deviendra suspect aux yeux du président qui l'expédiera à Londres en tant que ministre résident. Avant même d'arriver en Angleterre, Delorme apprend qu'il a été révoqué et va vivre près de dix ans à Paris. C'est durant cet exil qu'il publie la plupart de ses ouvrages et qu'il tissera de grandes amitiés littéraires : Alexandre Dumas, Victor Hugo, Lamartine surtout, qu'il ira visiter à Saint-Point et avec qui il entretiendra une précieuse correspondance.
Rentré à Port-au-Prince en 1878, il est nommé de nouveau député du Cap. À la Chambre, il se pose en leader du parti national, face à Bazelais. Il collabore également au Ralliement, le journal du Parti. Cependant, à l'arrivée de Salomon à la présidence, il est jeté en prison. Ce n'est que grâce à l'intervention généreuse d'une nièce du président, Argentine Bellegarde Foureau, qu'il échappe à la mort.
En 1884, Delorme est nommé malgré lui directeur du journal Le Moniteur, à la mort de Fénelon Faubert.
Le gouvernement de Florvil Hippolyte le chargera de missions diplomatiques à Berlin et auprès du Vatican (de 1891 à 1893). De 1893 à 1901, Delorme voyagera à travers l'Europe. Il ne reverra Haïti que pendant quelques mois, en 1901, et il repartira de nouveau pour la France, où il mourra la même année.
Œuvres en prose
- L'Indépendance d'Haïti et la France, essai, 1861
- Études sur l'Amérique. La Démocratie et le préjugé de couleur aux États-Unis d'Amérique. Les Nationalités américaines et le système Monroë, essai, 1866
- La reconnaissance du général Salnave, pamphlet, 1868
- Les Théoriciens au Pouvoir, essai, 1870
- Francesca, roman, 1872
- La Misère au sein des richesses. Réflexions diverses sur Haïti, essai, 1873
- Les Paisibles, pamphlet, 1874
- Le Damné, roman, 1877
- L'Albanaise, roman publié en feuilleton dans Le Moniteur, 1884