225. Ainsi va le pays …

Auteur(s) : Sassine, Williams

Les folios

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Sassine, Williams, 225. Ainsi va le pays …, 1996/07/15.
Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Consulté le 26/04/2024 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/items/show/3568

Texte de l'article

Transcription

N°225, 15 juillet 1996 : « Ainsi va le pays …»

Il paraît que depuis que Fory Coco est revenu de chez les «jaunes » il ne parle que chinois en conseil des minustres. De toutes façons, eux, s’en foutent. L’essentiel est de garder son poste. On chen fout ! La « voix de son maître » nous traduira en esquimau dans ses circonférences de braise. Le monsieur vient de découvrir que la terre est ronde, même que quand on commence quelque chose dans le pays, on se retrouve très vite au point de départ. Prenez le cas de sa Sogekrash. Tous les cars sont couchés les pattes en l’air et le train ne sait plus où se trouve Kankan.

En attendant, les projets ronflent. Surtout il ne faut pas les réveiller. Sinon on nous parlera de millions de dollars qu’on ne verra jamais. Autant nos diamants qui ressemblent au serpent de mer. Il paraît que ça existe. Mais personne ne l’a vu.

Bon, le mois de l’enfant est fini. Il a 11 mois pour se faire botter le petit. Pourtant il est dit que « le royaume des cieux leur appartient ».

Un tout petit est l’héritier de Dieu, de par son innocence en effet. Alors pourquoi lui accorder seulement un mois par an ? Construisez-lui plutôt les lieux de loisirs, sinon, on en fera un nouveau Mathias plus intelligent. Tu m’entends La Gomme, notre pré-ministre d’occasion, au lieu d’emprisonner ou de faire expulser des journalistes. Je draguais une pépée, on est tombé sur le tarif syndical. « 2000 francs ». C’était dans mes possibilités. D’autant que c’était du franc glissant. On est partis dans son taudis. Pas de lit. Mais elle me confia :

- Je n’ai pas mangé depuis hier

- Mon bébé n’a pas de lait

- Mon père est à l’hôpital

- Je n’ai pas payé le loyer

- Ma mère doit être enterrée demain.

Je me suis retiré. Peut-être qu’une réfugiée fera mieux mon affaire. J’en connaissais une. Elle était borgne. Mais on chen fout !

Je me suis levé en promettant de revenir. Pour oublier ma déconvenue, je me suis tapé une bière Tévéhaa ! C’était difficile à avaler à cause du nouveau prix. Mais, il faut résister dans ce pays. Seulement sur ma chaise de travail, j’ai trouvé que ma poule a chié sur mon travail. Trop, c’est trop, vous en conviendrez.

J’ai pris l’oiseau par les pattes. Je l’ai fait tourner au moins cent fois, pour l’aplatir sur le mur. Ce n’est pas une poule qui va me chier dessus. En plus, la poule pondait par le bec. Probablement qu’elle était constipée. A la limite, nous n’avons pas besoin de gouvernement. Le chef de l’Etat nous suffit. Le Guinéen est un débrouillard né. Prenez l’exemple des journalistes du Lynx. On nous bastonne, on nous emprisonne. Mais nous sommes vivants. On ne se rend pas. On ne se « vend »pas. Incorruptibles à bloc. Un journal où on se marre, même quand vous tombez dans une mare, en cette saison de pluie. Pas d’égoûts. Pas de goût pour la propreté. A Fakoudou ! Le futur ex-gouverneur de la ville se tourne les pouces. Pas de poubelles. En attendant, les moustiques, la grippe, le choléra ricanent. Tout le monde connaît l’hyène, mais l’hyène ne connaît personne.

Notre Fini National va s’engager dans des compétitions internationales.

On se souvient qu’à Tunis 94, sur deux matchs, deux défaites. Le minus-tre de l’époque des scores, a simplement déclaré : Nous avons « été battus, mais pas humiliés ». Aujourd’hui encore, il est minustre. Il grossit lui au moins, plus vite que son « barrage ».

Quelqu’un racontait : « Je ne comprends rien. Alors plus rien. Ma femme m’a présenté une fille qu’elle dit être son amie. Depuis elle me refuse. L’autre jour dans un maquis de Taouyah, elles s’embrassaient. Wallahi ! Hé Kélà ! L’affaire des gouines-là, se développe à une vitesse inquiétante. Comment on va faire des enfants, hein ? A Fakoudou !

Billet 1

UN CHAT M'A CONTÉ

Pour prendre

- Les cars

- Le train

- Son salaire

- Son pot

- Une pute

- Une carte d’électeur

- Un document de voyage

Mieux vaut prendre ses pieds

Billet 2

Il y a le mois de l’enfant

Pourquoi pas le mois

- Des mendiants

-Des minustres

-Des élèves

-De l’opposition

-Des maquisards

-Des douanes

-Des palais obusés

-Du PÉouPé

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Par Williams Sassine

Description & analyse

Auteur de l'analyseDegon, Elisabeth

Contributeur(s)Degon, Elisabeth (collecte et saisie)

Éditeur(s) de la ficheDegon, Elisabeth

Auteur(s) de la transcriptionDegon, Elisabeth

Informations générales

LangueFrançais

CoteLe Lynx, n° 225

Présentation

Date1996/07/15

GenreDocumentation - Presse

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Fiche : Elisabeh Degon, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)

Éditeur de la ficheClaire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

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Notice créée par Elisabeth Degon Notice créée le 30/07/2019 Dernière modification le 01/09/2022

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