Correspondance Baudelaire

Édition électronique de la correspondance de Baudelaire


Lettre à Alphonse Baudelaire, 25 mars 1833

Auteur : Baudelaire, Charles

Texte de la lettre

Transcription diplomatique

[Lyon, 25 mars 1833].


Mon frère,
      Grande rumeur au collège. Un maître a frappé un élève jusqu’à lui donner des maux de poitrine. Il est extrêmement malade et ne peut se lever. Je te vais tout raconter. Cet élève, au bout d’une demi-heure d’étude ne comprenant pas son devoir, avait fait passer des billets pour le savoir ; le pion, l’ayant découvert, lui dit des sottises selon son ordinaire ; l’autre fit encore passer un billet pour lequel fut donnée une roulée à laquelle l’élève riposta quelques coups de pied. Le pion voulant terminer cette lutte, d’un seul coup lui donne un coup de pied dans les reins. Le tambour bat pour le souper ; l’élève se met à son rang ordinaire, le pion le fait passer à la queue en lui disant qu’il n’était pas digne d’aller avec les autres. En revenant du souper, il le met dans le charbonnier pour la même raison ; de temps en temps il venait le claquer ; l’élève avait les reins en déconfiture, il ne pouvait lui résister. On se couche. Deux jours après, sortie. Je rentre le soir et l’on m’apprend que cet élève est à l’infirmerie, ne pouvant plus se soutenir, et qu’il est tombé en défaillance dans les rangs. L’infirmière est résolue à tout faire pour qu’il r s’en aille, mais ce n’est pas encore sûr comme il est bien coco auprès du proviseur.
      Nous lui avons fait un tel charivari dans la cour que le proviseur l’a entendu de son appartement. Alors ce pion riait de ce qu’on faisait pour lui, mais il riait jaune. Je suis dans les mutins. Je ne veux pas être de ces lèche-culs qui craignent de déplaire aux pions.
      Vengeance sur ceux qui ont abusé de leurs droits, c’était une inscription des barricades de Paris. S’il ne s’en va pas, nous faisons mettre un article sur le Courrier de Lyon.
      Adieu. Bonsoir. Bien des choses de la part de papa, de maman, de moi pour tout le monde et pour toi particulièrement.
      Le mutin cadet.

 

CHARLES.

 


      Les lettres que tu m’as écrites étant chez maman, j’ai encore oublié ton numéro.

Informations sur la lettre

Date exacte25 mars 1833
DestinataireBaudelaire, Alphonse
LangueFrançais

Information sur l'édition

SourceCPl I, 16
Éditeur numériqueAurelia Cervoni ; Andrea Schellino, groupe Baudelaire, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS), EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Mentions légalesFiche : groupe Baudelaire, ITEM (CNRS-ENS), EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Contributeur(s)Romain Jalabert
Notice créée par Groupe Baudelaire Notice créée le 24/03/2020 Dernière modification le 18/01/2023