178_Lettres de John Croker : 1837-1857
Le corpus des 97 lettres de John Wilson Croker à François Guizot s'étend de 1837 à 1857. Les deux hommes partagent la double identité d'homme politique et d'homme de lettres. Croker suit sa formation au Trinity college de Dublin, avocat au barreau irlandais en 1802. Il est député à la Chambre des communes de 1807 à 1832, au service de différentes circonscriptions. Ses activités parlementaires et juridiques servent à financer ses activités d'écrivain et de critique. Il écrit des articles en littérature, sciences politiques et en histoire pour la Quarterly Review de 1809 à 1854. Lors de l'ambassade de Guizot à Londres , les deux hommes se rapprochent. Croker se plaît à distinguer l'homme d'état de l'homme de lettres. Lorsque Guizot devient ministre des Affaires étrangères après son ambassade à Londres, Croker lui écrit le 22 novembre 1840 qu'il ne lui écrira plus tant qu’il sera ministre :
J'aurais, peut-être, dû plutôt vous faire mes compliments sur votre avènement à la direction des affaires, mais franchement, je ne saurais vous féliciter. Les félicitations-si félicitations y a- sont pour la loi et la France et nullement pour vous personnellement car dans ces temps-ci, le ministre qui aura le courage de vouloir garder et affermir la paix générale, doit s'attendre à faire le sacrifice de la sienne-heureux encore s'il ne perd que cela.
Voilà un bien lugubre compliment qui a aussi, je crois, le plus grand défaut de n'être que trop vrai.
Gardez-moi un peu dans votre souvenir pour les jours qui vous rendront à la vie sociale. Je ne vous écrirai plus & je ne vous verrai jamais tant que vous serez ministre. Mais, pardonnez, je ne crois pas m'[?] pour une longue abstinence. Dieu veuille, pour le repos du monde et le bonheur de la France, que je me trompe.
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Pourtant, lorsque Guizot est en voyage diplomatique avec Louis-Philippe à Windsor, Croker lui écrit pour imaginer une rencontre entre tous les deux, le 13 octobre 1844. (Voir la collection 1844 (15 juin - 16 octobre) : Louis-Philippe et Guizot reçus par la Reine Victoria) En pleine franchise et intimité intellectuelle, il ne manque pas d’exprimer son étonnement face à la durée de son ministère.
I told you, some years ago, that I should never trouble you with a letter as long as you were Minister ; but at the time I made that promise, I did not anticipate that the interdiction on our correspondence, was to be so long as fortunately for your country, for ours, & for the world [...]
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Quelques semaines après la Révolution de février 1848, alors que Guizot est en exil à Brompton, Croker reprend comme convenu, il lui écrit le 6 mars 1848 :
My dear sir,
Five years ago, I told you that as long as you were a minister you should neither see nor hear from me. I did not then hope your ministry would last so long ; I see it now dissolved in a way that makes every honest man in Europe a hurty in your affliction much I wish to cultivate your private friendship & anxious as I am to see you "échappé d'un naufrage” & I should not have intended upon you so early, but that punches circumstances seem to me to render it desirable, & indeed important to the cause of good order & civilization in Europe, that I should see you as soon as it may be convenient to you.
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L'échange épistolaire s'intensifie à partir de 1848, lorsque Guizot reprend ses activités d’auteurs et d’historiens. En mars 1848, Guizot a pour projet de reprendre son Histoire de la civilisation française, et l’histoire d’Angleterre avec deux volumes sur Cromwell et la République. Les entreprises éditoriales sont bien reçues et Croker participe aux travaux de traduction et de relecture. (de Broglie (1990), pp. 371-372) Les échanges épistolaires entre les deux hommes sont essentiellement nourris par leur préoccupation historique et leur perspective politique, tant sur l'histoire d'Angleterre que sur l'histoire de France. La franchise de leurs rapports apparaît encore à l’occasion de la publication de la version anglaise de De la Démocratie en France. Croker souligne comment Guizot néglige dans son analyse les enjeux du suffrage universel et de la presse. Le 23 juin 1849, John Croker à François Guizot :
There are in your Essay on democracy two reserves which I have been forced to notice. You do not mention universal suffrage, nor the enormous power of the press. I account for that, by your personal position, wich naturally prevents your indisposing the two powers wich, after all, much save as ruin France. Universal suffrage has as get acted well, & it is not for the conservative in France to quarrel with it at present ; & therefore you have prudently said nothing about it. I however knew, & say, that in the long seen it must end in anarchy.
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*** Documents de la collection : Consulter
*** Titre : 178_Lettres de John Croker : 1837-1857
*** Auteur : Croker, John-Wilson (1780-1857)
*** Date : 1837-12-15, 1857-07-14
*** Type : Correspondance
*** Mots-Clés : France (1830-1848, Monarchie de Juillet), France (1848-1852, 2e République), France (1852-1870, Second Empire), Presse, Publication, Histoire (France), Histoire (Angleterre), Politique (France), Politique (Angleterre), Révolution
*** Langue : Anglais
*** Source : 42 AP 178
*** Éditeur de la collection : Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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