Petite feuille à bord dentelé, détachée d’un bloc 13, 5 x 19, 4 cm.
L’édition de 1950 insère ce fragment parmi les recopies dactylographiées des Cahiers, or il s’agit d’une note à l’encre sur une feuille arrachée à un bloc, qui n’a aucun équivalent dans les Cahiers.
Ce document est un des plus riches et complexes de notre dossier. Il offre un très bel exemple d’un feuillet à teneur séminale. Sur la surface de la page s’écrivent, en des groupes très éclatés, un grand nombre d’amorces, essentiellement au crayon à mine noire, avec des ajouts à l’encre bleue ou à l’encre violette. Il s’agit aussi bien de mots-thèmes (« loisir », « mémoire », « ornement »), d’associations métaphoriques (« galettes grossières », « trésor de quiétude ») que de germes de phrases laissés en suspens (« reconstituer la science / l’art, etc. », « opérations dans l’esprit »), voire de de véritables essais de rédaction (« C’est dans le soir / qu’il trouve / sur le sable / un vestige/ de pied nu »). Ces amorces reparaîtront par la suite dans les états successifs (notamment dans les séries de dactylographies), parfois à travers des formues très proches de celles qui s’écrivent déjà ici (ainsi, les trois lignes rédigées du début de ce feuillet sont le premier jet de l’entame du conte telle qu’elle sera reprise par la suite), parfois à travers des développements à partir de cellules embryonnaires.
Le f. 42 est une feuille de récupération — un avant-programme radiophonique daté du « lundi 22 novembre » [1937] — que Valéry avait pliée en 2 pour former une chemise. Le titre « Robinson » s’y trouve inscrit en lettres autographes. Valéry a vraisemblablement placé à l’intéreur de cette chemise certains documents liées au chantier Robinson.