Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Collection : 1836 (21 janvier) - 1837 (30 juin) : De la Princesse au Ministre, les premiers contacts et échanges parisiens (La correspondance croisée entre François Guizot et Dorothée de Lieven : 1836-1856)

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Dimanche 18

Vous n’êtes plus seule... ah Monsieur ces paroles résument le reste de ma vie ; si elle devait finir aujourd’hui Je vous bénirai pour m’avoir accordé la douceur de les entendre car je vous crois. J’ai besoin de vous croire. Votre regard ne me trompe pas. Votre voix porte la conviction dans mon cœur. Si j’en ai la force, j’irai à l’église ce matin. Je veux remercier Dieu du bonheur qu’il m’envoie, avec quelle ferveur, je l’en ai déjà remercié hier soir, ce matin ! Adieu, monsieur voici une triste journée, mais je ne suis plus seule. J’ai une lettre de Londres ce matin.
Le Roi ne peut plus se faire comprendre. de faibles indices font que la reine pense appellerait le duc de Wellington.
Voici votre billet, je rouvre le mien. Fais-je bien de vous l’envoyer ? Je vous l’ai dit, je vous le répète. Il me semble que je vous dis toujours plus que je ne devrais vous dire.
Non, Monsieur, j’ai mal dormi ; mais je ne m’en plains pas. J’ai pensé et pour la première fois ce n’était pas des pensées de désespoir. à demain 1 heure

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Avez-vous mieux dormi, Madame ? Je regrette qu’il soit trop matin pour aller m’en informer moi-même, mais je veux le savoir avant de partir. Je pars à midi et demie si vous êtes souffrante, fatiguée, abattue, ayez recours à la Princesse de Schönberg. Il me semble qu’elle réussit à merveille à vous relever. Demain, je réclamerai pour moi-même... me permettez-vous de dire ce droit ?
Mille tendres respects Guizot Dimanche 17. 9 heures.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Vous ne m’avez pas laissé. le temps ou bien je n’ai pas su le prendre, de vous dire hier Monsieur combien, j’ai été touchée de votre visite. Je sais que vous allez peu ou point dans le monde Je n’ai pas besoin de vous répéter pourquoi votre société a pour moi plus de prix que toute autre ; mais je voudrais que vous vous en rappelassiez plus souvent. Je suis arrivée à une époque d’anniversaires affreux. Je cherche de la sympathie, je cherche aussi de la distraction. Vous êtes homme, vous êtes fort. Moi, je suis faible, bien faible. Pardonnez-moi d’oser ainsi vous entretenir de moi. Mais il me semble voir que je vous inspire un peu d’intérêt. Venez me le montrer plus souvent. Je sais bien peu me faire comprendre si vous ne vous êtes pas aperçu du plaisir que me donne votre présence.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot épistolier
Ce n'est que dans cet instant, monsieur, que j'apprends l'affreux malheur qui vous a frappé. Parmi tous les témoignages de sympathie que vous allez recevoir au milieu d'une si grande infortune, me pardonnez-vous la vanité de croire que mon souvenir sera quelque chose pour vous ? J'ai acheté chèrement le droit d'entrer plus qu'aucun autre dans vos douleurs. Je cherchais des malheureux quand le ciel m'a si cruellement frappée. Si votre cœur en cherche à son tour, arrêtez votre pensée sur moi plus malheureuse cent fois que vous, malheureuse au bout de deux ans comme je l'étais le premier jour, et, à qui Dieu a cependant envoyé la force de supporter ses terribles décrets. Monsieur, vous m'avez bien occupée pendant vos longues angoisses. Aujourd'hui je regrette de n'avoir pas le droit de vous offrir autrement que par écrit l'expression de ma plus vive, ma plus tendre compassion et, permettez-moi d'ajouter, de ma plus sincère amitié.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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à Monsieur le Ministre de l’Instruction publique

La Princesse de Lieven prie Monsieur le ministre de l’instruction publique d’agréer ses excuses et ses regrets de ce qu’elle n’a pas pu profiter hier de l’invitation qu’il a bien voulu lui adresser. Son deuil l’empêche d’aller dans le monde. Elle a été très sensible au souvenir de M. Guizot et lui offre l’assurance de ses sentiments distingués.

Jeudi 21 janvier 1836

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Votre billet, Monsieur, m’a bien vivement émue. Je redoute & désire un entretien avec vous. Mandez-moi le jour & l’heure, où vous pourrez venir chez moi j’aurai soin de m’y trouver et d’être seule. Disposez de ma matinée. Nos malheurs, Monsieur, me semblent former un lien bien puissant entre nous.
Apprenez-moi à trouver des forces dans mon propre [?] Quelle charité vous me ferez ! Toutes les paroles de votre billet sont entrées, gravées dans ma pensée. Elles m’ont fait du bien. Il y a donc quelqu’un qui conçoit mes douleurs ! Adieu, Monsieur, mille amitiés sincères.

D. Lieven
Lundi 20 février

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Princesse

Le guignon poursuit décidément notre promenade au Jardin du Roi. La discussion du budget de l’instruction publique, que j’attendais hier ne viendra que demain. Je ne puis me dispenser d’y être.
Il y a là un passé qui me regarde encore. Voulez-vous permettre et la princesse de Schomberg aussi, que nous remettions notre course à samedi ? Ce jour-là, jour des pétitions, je suis à peu près sûr d’être libre. Je suis désolé de ce nouveau dérangement. Mais il n’y a pas moyen. Vous avez vécu au milieu des servitudes du gouvernement représentatif. J’aurai l’honneur d’aller vous offrir, avant samedi, mes excuses et mes tendres respects.
Guizot
Mardi 6 Je m’aperçois que très étourdiment encore je vous propose samedi qui est le jour de la fête de Versailles. Mille et mille pardons. J’irai vous demander de fixer un autre jour. Décidément cette promenade devient une entreprise dont il faudra venir à bout, à force d’adresse, & d’énergie.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Monsieur Guizot Ministre de l’instruction publique
Si vous n’êtes point à Neuilly où Sir Robert Peel a l’honneur de dîner aujourd’hui, voulez-vous Monsieur lui procurer l’occasion de faire ce soir chez moi votre connaissance à laquelle il attache un très grand prix. Je ne serai chez moi qu’après 9 h 1/2 puisque je dîne chez le Conte Pahlen. Si vous avez un moment à perdre vous le dépenserez très bien avec un homme très digne d’être connu de vous.
Ayez l’assurance de mes sentiments les plus distingués. D. Lieven
Mercredi 5

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Je suis tout à fait désolée, Monsieur de ce que notre partie n’a pas lieu aujour je ne regrette pas d’hui le jardin des plantes, mais j’avais idée de passer quelque moments avec vous, il Ne m’en reste peu pourriez-vous pas passer chez moi, avant de vous rendre à la Chambre au jourd’hui ou demain dès 1 1/2 ma porte vous sera ouverte. Vous me pardonnez n’est-ce pas de vous traiter si familièrement. Mille amitiés sincères.
D. Lieven

[Monsieur Guizot]

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Voici la lettre de la Reine, de Hanôvre. Vous voulez lui répondre ce matin. Je l’ai lue avec intérêt, presque avec émotion. J’aime ceux qui vous aiment. On m’aurait bien étonné il y a un an si l’on m’avait dit que je ne penserais pas à la Duchesse de Cumberland sans un sentiment affectueux. Je voudrais que d’ici à un mois il vous arrivât de tous côtés, tous les jours, des lettres amicales, des impressions douces. Ce temps sombre, cette pluie me déplaisent plus qu’à l’ordinaire ; j’appelle le soleil, un beau ciel, un air suave, la verdure sous vos fenêtres, le printemps avec toutes ses distractions brillantes & pénétrantes.
Je me dis que l’un dernier à pareille époque, vous étiez bien plus triste. Vous étiez seule. Mais j’ai beau me dire cela. Je ne m’en contente pas. Je ne me contente de rien pour vous. Peu m’importe que votre fardeau ait été allégé ; tant qu’il pèse encore sur vous, tant que je vois, en vous abordant, en vous quittant une si profonde, tristesse établie dans vos yeux, il me semble que vous n’avez rien gagné, que je n’ai rien fait, que je pourrais que je devrais faire davantage, et votre peine devient presque pour moi un remords.
Je vous l’ai dit: sur un point un seul point, mon ambition est sans limites ; rien ne lui suffit, et tant que quelque chose me manque, tant que je n’ai pas que je ne fais pas tout ce que je voudrais, je ne sais pas me résigner, je suis mécontent et agité. Je l’étais hier je le suis aujourd’hui ; je le serai toutes les fois que je ne verrai pas l’impression douce dominer dans votre âme par dessus les impressions douloureuses, les envelopper, les calmer et sinon les guérir, ce qui ne se peut pas, ce qui ne se doit pas, du moins les couvrir d’un baume rafraîchissant. Vous le savez; j’ai toutes les prétentions du manteau de Raleigh. Mais il faudrait que le manteau de Raleigh fût toujours là, sous vos pieds, sur vos épaules.
C’est trop aussi de vouloir que l’absence fasse ce que la présence continuelle pourrait à peine espérer. Je le veux pourtant et je ne puis pas m’empêcher de le vouloir. Savez-vous pourquoi? c’est que je sens en moi tout ce qu’il faut pour réussir, oui, tout. Il manque beaucoup à ce que je fais mais il n’y manquerait rien, rien si je faisais tout ce que je puis tout ce que je sens. Adieu. Adieu. Samedi 24 10 heures

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Je vous demande, Monsieur, de me faire le grace de venir chez moi ce soir entre 9 & 10 h. Si cela vous est possible. Veuillez seulement me faire dire oui ou non par le porteur. Ne m’interrogez pas sur le motif qui me fait désirer plus particulièrement de vous voir aujourd’hui. Mais venez je vous en prie.

Vendredi 16 juin 1837

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Je serai chez vous à 2 heures plutôt avant qu’après, pour vous voir un moment avant de monter en voiture.
Adieu. Je devrais non seulement finir, mais commencer toujours par là. Vendredi 11 h. 1/2
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