Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Val-Richer, Dimanche 3 oct. 1852

Je suis impatient de la lettre d'aujourd’hui qu’est-ce que ce malaise qui vous est survenu subitement ? J’ai été moi-même assez mal à mon aise ces jours-ci, nous vivons au milieu des ouragans et des orages. J'en ai ressenti l'influence.
Je vois dans les feuilles d'Havas que Hatzfeldt a demandé sa retraite à cause de sa santé. Je ne suppose pas qu’il y ait rien de vrai. Il était au contraire, ce me semble, allé à Berlin pour faire voir qu’il se portait bien.
M. Hébert est même hier passé la journée avec moi. Il dit que l'Empire sera décidément bien vu à Rouen, et dans tout le département de la Seine inférieure. Les affaires y vont très bien ; les manufacturiers gagnent beaucoup d’argent ; les ouvriers ont de bons salaires ; les uns et les autres ne demandent que de la durée, et ils espèrent que l'Empire leur en donnera.
La paix et la durée, ils ne pensent pas à autre chose.
L’Angleterre sera couverte de statues du duc de Wellington, aristocratiques ou populaires ; en voilà une à Manchester, au milieu des ouvriers. Du reste, c’est juste.
Il est vrai que les 2 500 000 fr. donnés pour la Cathédrale de Marseille sont singuliers. Le Président peut dire que c’est une simple promesse dont il demandera la ratification au corps législatif. Ce sera à ce corps à voir ce qu’il aura à faire, et de bonne ou de mauvaise humeur, je ne pense pas qu’il refuse de ratifier.
Le lac français est une parole plus étourdie que les deux millions. Est-ce par cette raison qu’on n’a pas publié le discours ? C’est une nécessaire mais fâcheuse sagesse. Quest-ce qu’une vanterie qu’on cache ?
Montalembert reste donc à Paris. Je croyais qu’il devait aller rejoindre en Flandres son beau-frère Mérode. Je suis bien aise qu’il vous reste plus longtemps.
Ste Aulaire vient-il vous voir quelquefois le jeudi, après l’Académie ?
Je trouve la conversation du Moniteur et de l'Indépendance belge au moins aussi aigre que le fait même. Quelle nécessité à cette discussion prolongée qui ne fera qu'embarrasser la négociation prochaine ? Quelques lignes d'explication suffiraient.
Croit-on à la formation d’un cabinet catholique et à la dissolution de Chambres Belges, ce ne serait guère dans les procédés habituels du Roi Léopold.
Avez-vous lu, dans les deux derniers N° de la Revue contemporaine, les fragments des Mémoires du comte Beugnot sur les derniers temps de l'Empire. Quoiqu'un peu bavards et longs, ils vous amuseraient. Je l’ai beaucoup connu, c'était un homme d’esprit et d’expérience, très douteux et très gouailleur, ce qui m’est antipathique. J’aime les gens qui veulent quelque chose et qui ne se moquent pas de tout.

Onze heures
Je remercie bien Aggy. Si je n'avais rien eu du tout, j’aurais été inquiet, triste et fâché, très mauvais états d’âme. Je suis fort aise que vous ayez vu. Andral et qu’il vous prescrive de vous bien nourrir. Adieu, Adieu. G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Val Richer. Vendredi 8 oct. 1852

Fould annonce la politique qu’il prêche. Je ne doute pas qu’il ne donne de bons conseils, et je souhaite qu’il les fasse prévaloir. Je ne suppose pas que Heeckeren conseille la mauvaise politique ; mais probablement, il la prévoit, et il prend ses mesures pour y être prêt. Je vois que, pendant que le voyage suit son cours, les pétitions pour l'Empire vont leur train. On en annonce 521 dans le seul département du Pas de Calais, 51 000 signatures, dans celui de la Marne & Commencez-vous à y croire ?
Je comprends que M. Hogier donne sa démission du poste de Paris ; après les dernières publications de l'Indépendance belge, il lui est difficile de vivre en bons rapports avec M. Drouyn de Lhuys, et les deux partis ne sont pas assez également fortes pour rester l’une devant l'autre en mauvais rapportss comme nous étions, lord Normanby et moi. Je penche à croire que cette mauvaise humeur officiellement affichée sont le commencement de quelque chose de pire.
Avez-vous des nouvelles d’Ellice et compte-t-il toujours venir à Paris à Noël ? Il aura, je suppose, un peu plus d’embarras à être toujours de l’avis de son petit ami, car Ellice est très pacifique et ne se soucie pas de se faire de mauvaises affaires.
J’avais ici hier un petit anglais fort obscur et assez intelligent, traducteur de mes ouvrages en Anglais, qui m’a dit que l'opinion publique en Angleterre était toujours très malveillante, et que le Times, la suivait bien plus qu’il ne la poussait.
J’ai eu avant hier à dîner les gros bonnes négociants et manufacturiers de Lisieux, tous contents et présidentiels, acceptant l'Empire sans le désirer. Les agriculteurs eux-mêmes commencent à être un peu contents ; leurs denrées se vendent mieux.
Je suis vraiment très fâché pour vous du départ de Kisseleff. Je suis moi-même bien plus tranquille sur vous quand il est là. La petite Princesse va donc mieux puisqu’elle sort. Adieu, Adieu.
J’espère que l'ouragan a cessé à Paris, comme ici. C’est un temps qui ne vous vaut rien. G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Val Richer, Jeudi 14 oct. 1852

Qu'est ce qu’une petite Princesse de quinze ans, fille du Prince Charles de Hohenzollern Sigmaringen petite fille aussi de la grande Duchesse Stéphanie, et que le Président pourrait épouser à la place de la Princesse Wasa ?
Ce serait bien jeune et bien petit. Il se mariera mieux, l'Empire une fois établi, surtout s’il se tient au bon paragraphe du discours de Bordeaux.
L'effet de ce discours est réel parmi les gens auxquels il est spécialement adressé, les manufacturiers, les négociants, les gros et riches bourgeois. Ils sont comme l'Europe pour eux, l'Empire et la guerre vont ensemble. Le discours a répondu à leurs préoccupations. Il se demandent si la réponse sera bien solide ; mais en attendant l’épreuve, elle leur plaît, et l'impression est favorable.
J’ai diné hier à Lisieux, avec beaucoup de monde. Ce que je vous dis là était général de plus le blé, et les bestiaux se vendent mieux. Là est le thermomètre.

Onze heures
N'avoir pas de lettre m’a beaucoup déplu au premier moment. Mais on me donne de vos nouvelles, soignez vos yeux. Aggy peut toujours bien me dire comment vous êtes. Adieu, adieu. G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Val Richer, Lundi 25 oct. 1852

Je ne crois pas à la démission de Montalembert. Je ne la comprendrais guère. Parmi les hommes engagés dans le régime actuel, il n’y a que les républicains qui aient sujet de donner leur démission à propos de l'Empire. Ils ont perdu depuis longtemps la réalité de ce qu’ils appellent. la République, quand le nom même leur ait enlevé, s'ils restent, c’est qu’ils abdiquent, et se font impériaux. Presque tous le feront. Ils ont de grands exemples. Est-ce que la représentation de Cinna est une annonce de l’amnistie ?

Onze heures
Moi aussi, j’ai été interrompu par des campagnards qui se sont arrêtés chez moi en allant à Lisieux. Je n’ai rien à vous dire qu'adieu. Sinon que je compte être à Paris le 13 Nov. Je partirai d’ici le 12 au soir. Adieu, Adieu. G.

Je fais comme vous j'économise le papier, quoiqu’il ne soit pas vert.
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