Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


Collection Les correspondances de François Guizot : 1806-1874


164_Lettres de Louis Vitet : 1832-1867

*** Présentation de la collection :


Louis Vitet, héliogravure noir et blanc, gravée par Barry d'après une photographie de Pierre Petit, Archives municipales de Lyon.

Un des derniers écrits de François Guizot quelques mois avant sa mort en 1874, est une notice biographique consacrée à son ami Louis Vitet :

C’était une belle âme, naturellement belle, et dont les expériences et les mécomptes de la vie n’avaient point altéré la moralité et la droiture. Il avait l’esprit trés-libre, trés-juste, trés fin et toujours grand quand les événements publics ou les circonstances personnelles l’y provoquaient. Fidèle à ses amis, naturellement juste envers tous ces contemporains, même envers ses adversaires, sans illusion sur les hommes et les jugeant sans complaisance en même temps qu’il vivait avec eux sans rigueur : je n’ai point connu d’esprit plus charmant sans prétention, ni de caractère plus sûr sans promesse et plus digne avec une simplicité plus généreuse et plus spontanée. (p. LXXX)  

C’’est le patriotisme de l’homme de lettres que Guizot veut d'abord éclairer : 

Il y a quatre ans à peine, pendant quatre mois, du 15 octobre 1870 au 31 janvier 1871, la Revue des Deux Mondes a publié sept lettres adressant d’ardents appels au patriotisme parisien pour l’exhorter à supporter, à braver les périls et les souffrances du siège prussien. [....] 

Qui donnait ces énergiques conseils ? Qui les signait de son nom ? Etait-ce un guerrier vieilli dans les camps, ou un politique consommé et affermi dans les épreuves de la vie ? Non, c‘était un académicien, un ami passionné des lettres et des arts des oeuvres et des joies de la paix ; c’était M. Vitet, et M. Vitet à soixante-huit ans. 

Guizot et son ami Vitet ont dix-sept ans d’écart, et Guizot ne manque pas de rappeler dans quel monde intellectuel et politique, il commence à évoluer. 

Ce fut le spectacle qu’offrit la France après ses revers de 1814 et 1815. En même temps, un puissant mouvement intellectuel y éclatait ; les sciences politiques et économiques, en philosophie, dans l’histoire ancienne et moderne, dans la critique littéraire, dans la poésie, dans les arts, des idées nouvelles et fécondes fermentaient ; des hommes nouveaux et éminents les développaient et les appliquaient dans des oeuvres qui devenaient populaires. MM. Royer-Collard, Maine de Biran, Cousin, Jouffroy, relevaient puissamment le spiritualisme en face du sensualisme et du scepticisme du XVIIIe siècle. Lamartine, Victor Hugo, Alfred de Musset, ouvraient aux imaginations et aux âmes des régions bien autrement poétiques que celles où se promenaient avant eux Saint-Lambert et l’abbé Delille. [...]

Ce fut au milieu de ce grand mouvement intellectuel du XIXe siècle naissant que s’ouvrit et se forma l’esprit de M. Vitet. Il y trouvait à la fois des maîtres et des compagnons. C’est un fait plein de charme que l’élan spontané de la pensée jeune qui n’a encore connu ni les épreuves, ni les mécomptes de la vie pratique ; elle ne cherche que la vérité et la sympathie ; elle se tient pour satisfaite et elle en jouit avec confiance dès qu’elle les rencontre. M. Vitet était dans les plus favorables dispositions pour goûter sans troubler cette jouissance ; il entrait dans la vie sans y poursuivre aucun but déterminé et intéressé ; il ne se proposait d’être ni magistrat, ni administrateur, ni avocat, ni professeur savant, ni même acteur politique : en possession héréditaire d’une situation honorable et d’une fortune suffisante, il eût pu se livrer aux plaisirs frivoles et mondains ; il s’adonna librement à ses goûts intellectuels, à ses études favorites et ne s’inquiéta que de remplir, selon de nobles penchants, son âme et sa vie. Il se donna de bonne heure cette satisfaction ; en 1819, à dix-sept ans, tout en terminant son droit et en faisant de la prose juridique dans une étude d’avoué, il se complaisait à lire et à comprendre l’histoire de France ; ce fut alors qu’il eut la première idée de la mettre en scènes véridiques sous une forme dramatique, et qu’il commença d’écrire les Barricades de 1588 sous Henri III [...] il avait entrevu dès son premier coup d’oeil et entr’ouvert dès son premier pas une voie historique nouvelle qui convenait également à l’esprit de son temps et à son propre esprit. 

[...] En même temps qu’il créait ainsi un nouveau genre d’histoire et de drame, M. Vitet publiait dans les recueils périodiques du temps, œuvres collectives des hommes et de sa génération et de ses opinions, un grand nombre d’articles, modèles d’une critique originale et féconde. 

[...] Le genre et le nombre de ses essais, tous étrangers à la politique contemporaine, n’empêchaient pas que M. Vitet ne prit à ses incidents et à ses luttes un vif intérêt, moins par goût personnel que par sympathie et fidélité envers ses amis, le duc de Broglie, M. de Barante, M. Duchatel et moi-même tous plus attirés et plus engagés que lui dans cette voie. Il parlait et agissait comme nous avec une sincérité désintéressée. 

[...] Le rôle qu’il remplit toujours auprès de ses amis engagés dans le pouvoir fut celui d’un conseiller, d’un esprit admirablement juste, prévoyant, sagace : tel fut, après la Révolution de 1830, le caractère de son attitude et de son influence générale auprès du duc de Broglie, de M. Duchâtel et moi-même, ses amis personnels en même temps que ses compagnons politiques.
Vitet fut nommé en 1834 secrétaire général du ministère du commerce. Ce ministère était alors occupé par M. Duchâtel, avec qui M. Vitet était lié depuis sa jeunesse d’une amitié intime et jusqu’au bout inaltérable. [...] Conseiller d’Etat en 1836, M. Vitet fut, de 1846 à 1848, vice-président de la commission des finances ; il avait été élu, dès 1834, membre de la Chambre des députés, par le collège de Bolbec (Seine-Inférieure), et l’y représenta jusqu’en 1848. Il s'acquitta de ces fonctions diverses avec un soin scrupuleux, toujours attentif à bien faire même ce qu’il ne faisait pas par goût, et il y réussissait toujours ; mais il avait trouvé, dès les premiers jours du gouvernement de 1830, sa vocation naturelle, spéciale et efficace. Le 25 novembre 1830, M. le comte de Montalivet, alors ministre de l’Intérieur, le chargea d’aller parcourir, dans l’intérêt de l’étude et de la conservation des monuments historiques, les département de l’Oise, de la Marne, de l’Aisne, du Nord et du Pas-de-Calais, et le 10 août 1837, M. de Montalivet, redevenu ministre de l’Intérieur, confirma et compléta cette mission. 

[...] En même temps qu’il adressait à l’administration ces Rapports qu’elle provoquait, M. Vitet se livrait, pour son propre compte, à une série d'Études sur les principales époques de l’Histoire des arts, la vie, les œuvres et les divers caractères de leurs plus éminents acteurs. 
[...] Vitet fut élu le 8 mai 1845 à l’Académie française, en remplacement de M. Soumet et son discours de réception, prononcé le 26 mars 1846, surpassa l’attente publique. 
[...]
En 1849, M. Vitet fut élu par la Seine-Inférieure membre de l’Assemblée législative [...] Tant que dura l’empire, de 1851 à 1870, M. Vitet resta complètement étranger au gouvernement, point conspirateur et point adhérent. [...] Durant toute cette époque, M. Vitet reprit sa vie vouée et dévouée aux lettres et aux arts. 

Guizot (1875), "M. Vitet, sa vie son oeuvre", in Vitet (1875), Etudes philosophiques et littéraires, Michel Lévy frères, Paris, pp. I-LXXX.

Voir aussi la notice de Laurent Theis

*** Dossiers génétiques / Sous-collections

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    *** Fiche de descriptive la collection

    *** Titre : 164_Lettres de Louis Vitet : 1832-1867

    *** Auteur : Vitet, Louis, dit Ludovic (1802-1873)

    *** Date : 1833-06-30, 1867-04-26

    *** Type : Correspondance

    *** Mots-Clés : France (1830-1848, Monarchie de Juillet), France (1852-1870, Second Empire), Académie française, Académie (élections), Circulation épistolaire, Politique (France)

    *** Langue : Français

    *** Source : 42 AP 164-164 bis

    *** Éditeur de la collection : Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

    *** Mentions légales : Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.

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