Lesuire

Auteurs : Lesuire, Robert-Martin (1736-[1815])

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LangueFrançais

Contributeur(s)

Obitz-Lumbroso, Bénédicte (responsable scientifique)
Walter, Richard (édition numérique)

ÉditeurBénédicte Obitz-Lumbroso, Équipe "Écritures des Lumières", Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Mentions légalesFiche : Bénédicte Obitz-Lumbroso, Équipe "Écritures des Lumières", Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution - Partage à l'identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR).

Transcriptions

Transcription modernisée

Mon oncle connaissait Mme de Montespan qui était alors la favorite du Roi. Il lui avait parlé de moi, et lui avait demandé la permission de me présenter à elle, ce qui lui avait été accordé fort gracieusement. Il me conduisit donc chez elle à Versailles, qui était déjà un fort beau séjour. Cette dame m’accueillit avec beaucoup de bonté. On s’inté[resse] toujours pour la jeunesse. « Votre neveu est fort bien, dit-elle à mon oncle. Il est grand, bien fait. Sa physionomie intéresse et son regard en impose. » De pareilles louanges me confondirent. « Madame, dit mon oncle à la dame, ne l’exaltez pas tant, vous allez le faire rougir comme une fille. Ce qui me fit rougir en effet. » « Ne le voyez-vous pas ?, [continua mon …], y a-t-il une nonne au couvent qui rougisse si aisément ? » « Il n’y a point encore de mal à cela, dit la dame. La rougeur lui va bien. Il est encore trop jeune pour qu’elle soit hors de saison chez lui. Eh bien, mon jeune abbé ! continua-t-elle, vous avez donc prêché [en] mission. L'on vante à tout rompre vos prédications. Elles ont produit des effets merveilleux et presque toutes les jeunes filles qui vous ont entendu sont restées fécondées, de sorte qu’elles vont donner au Roi des petits sujets et des petites sujettes qui augmenteront la population, avantage auquel il n’y a rien de comparable. Allons, cela nous fait bien augurer pour la suite. Vous allez en Languedoc nous convertir de jolis petits hérétiques, et elles ne se rendront pas moins utiles que les catholiques pour augmenter les bien heureuses populations. Le Roi y gagnera, pour la suite, de jolis petits soldats, et des petites vivandières encore plus jolies. » Je vis, par toutes ces louanges singulières, la manière cavalière dont mon oncle avait fait mon éloge et j’eus bien de la peine à recevoir un encens si profane, sans paraître […] un peu innocent et deconcerté.

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Lesuire, Robert-Martin (1736-[1815]).
Bénédicte Obitz-Lumbroso, Équipe "Écritures des Lumières", Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Consulté le 28/12/2025 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/Lesuire/files/show/4608

Fichier créé par Bénédicte Obitz-LumbrosoFichier créé le 18/01/2022 Dernière modification le 19/12/2025

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