1555_Ma dame, vous n'estes point ignorante_[Épître VIII]

Auteurs : Pasquier, Étienne

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Informations sur la notice

ContributeurLagnena, Michela

Texte

Transcription diplomatique

HVICTIESME EPISTRE.

MA dame, vous n'eſtes point ignorãte qu'il y || à tantoſt trois ans, que fortune voulut gui¬||der en tel acces mes penſées, qu’oubliant mes an¬||ciennes façõs, ie me ſubmis du tout à voſtre mercy : || [f. E2v°]

Soubs esperance vrayemẽt d’arriuer quelque iour || au port ou tout nautonnier dreſſe ſes voiles & || vœuz, pẽdant vne longue tormẽte. Ce neantmoins || ie ne ſçay cõment auez touſiours tellement tenu le || gouuernail de ma volũté, que me ſinglãt vers vn || eſpoir, m'auez ancré en vne crainte : En maniere || que quelque choſe que i'euſſe progetté en moy auec || deliberation bien meure, ſoudain eſtoit effacée par || la preſence de voſtre maieſté. Ainſi me fermiez le || paſſage, me remettant deuant les yeux voſtre hõ¬||neur, et enſemble l’entretenemẽt de noſtre amitié, || & autres telles raiſons, non conſiderables en ſoy, || pour le regard de l’amour, & toutesfois conſidera||bles en mon endroit, cõme venants de voſtre part. || Car en quel point pourroy-ie cõtreuenir ou retifuer || à voſtre commandement ? Toutesfois ma dame, ſi || deuez vous eſtimer, que lors que ie meis ma puiſ¬||ſance entre vos mains, vous ayãt habandõné tout || le reſte, ce ſeul point demeure en moy : C’eſt la puiſ¬||ſance et liberté de reclamer voſtre aide. Vous ſeu¬||le entamates la playe, & vous ſeule la conſolide¬||rez. Eſtimeriez vous que l’amour feut ſi ennemy || à ſoy meſme, que contre l’ordre de ſa nature, il ne || dreſſa touſiours ſes voiles, vers ſon ſeul ſignal & || Pharos, dernier reſuge de ſes miſeres ? Ie ſçay biẽ || ma dame, que le grand diſtributeur de ſes graces, || vous en à fait ſi bõne part, que ſi l'auiez entrepris, || [f. E3r°]

pourriez tyranniſer ſus l'amour : Qui me donne || plus grand loiſir de repenſer en moy meſme, la te¬||merité que ce m'est, de vous adreſſer mes prieres. || Mais ne ſçauez vous pas außi, que les offrandes || des plus petits ſont außi agreables aux ſaints, com||me celles des plus grands princes ? C’est pourquoy || ie vous ſuply ma deeſſe, auoir eſgard, nõ à la qua-||lité, ains au coeur : & guidant vostre faueur & || bonté, ſelon la proportion de voſtre excellence, ne || deſdaignez à mercy celuy, qui ne vouldroit eſpar||gner ſa vie en voſtre ſeruice : Sa vie ? ains meſmes || ſon ame propre, laquelle ne trouuera oncques con¬||tentement, ſi non celuy qu'elle eſpere, & ſe promet || trouuer en voſtre paradis : Auquel ſi par lõgue & || cordiale deuotion y à quelque acheminemẽt, ie pen||ſe que la porte ne m'en ſera du tout cloſe. [f. E3v°]

Emplacement du texte

OuvrageRecueil des rymes et proses de E. P.

Date de publication du volume1555

Lieu de publication du volumeParis

Exemplaire consultéParis, Bibliothèque nationale de France, Rés. 8-BL-8826

Pagination, foliotation, signatureE2v°-E3v°

Pièce n°008

Description & Analyse du texte

GenreÉpistolaire

SujetsServitude amoureuse

Les mots clés

lettre

Les relations du document

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Notice créée par Michela Lagnena Notice créée le 18/07/2024 Dernière modification le 18/07/2024