Présentation de la collectionPeu avant les années 1910, Valéry a entrepris des recopies manuscrites ou dactylographiées de certaines notes de ses Cahiers. En juin 1908, il décrit à André Lebey l'opération en ces termes : « [Ces feuillets de papier de dactylographe] sont là pour recevoir chacun un morceau copié dans mes registres de notes. Et je les distribue ensuite entre une dizaine de chemises rouges ou jaunes, garibaldiens et pontificaux, dont l’une s’appelle au crayon "Mémoire", l’autre "Attention", l’autre "Rêves", etc. [...] Ce qui m’amuse ici, c’est d’avoir des chemises » (Lettres à quelques-uns, Paris, Gallimard, 1952, p. 83).
Cette démarche lui tenait de toute évidence à cœur. Plus tard, à plusieurs reprises, il a essayé de la renouer en confiant la tâche de dactylographier certains cahiers à des amies (Lucienne Cain notamment) ou à des secrétaires.
Les dactylographies, produites en plusieurs exemplaires grâce aux copies carbonées, permettent de détacher la note de son lieu d’inscription premier – telle page dans tel cahier – et la dotent des avantages d’une mobilité lui permettant de circuler ailleurs, de s’introduire dans divers dossiers en dialoguant avec les feuillets et notes qui les composent. La note se voit ainsi dotée d’une ubiquité lui permettant de s’intégrer et d’agir dans plusieurs chantiers à la fois, parfois très éloignés les uns des autres.
Les neuf dactylographies des Cahiers reproduites ici sont celles qui figurent dans le dossier de la BnF. La plus ancienne date d’avril 1919, la plus tardive de juin 1940.Trois d’entre elles datent de 1927-28 et deux de l’année 1929. Il est fort probable que Valéry lui-même ait joint ces dactylographies aux autres feuillets et au cahier à l’intérieur de la chemise « Robinson ».
Des questions demeurent, auxquelles il n’est pas facile de répondre : pourquoi, parmi les nombreuses allusions à Robinson dans les Cahiers, ces notes-là et non d’autres ont donné lieu à une dactylographie ? Aucune des neuf recopies du dossier ne semble présenter un lien évident avec les motifs développés dans le noyau narratif constitué des séries de dactylographies et du cahier "Robinson". Il nous faut sans doute tenir compte de certaines contingences : les recopies dactylographiées ne sont pas le fruit d’un choix, note par note, à partir d’une relecture de l’intégralité des cahiers existants ; elles sont comprises dans des campagnes plus vastes et plus systématiques, dans lesquelles l’écrivain a dû proposer des pans entiers, prélevés dans certains cahiers pour donner lieu à leur recopie dactylographiée. De là découle une part importante d'arbitraire dans la présence ou l'absence de telle ou telle note.
Une autre question se pose : quelle utilisation Valéry comptait-il faire de ces notes ? De quelle manière songeait-il les intégrer à son œuvre ? Envisageait-il de les inclure telles quelles (comme l’a fait l’édition posthume des Histoires brisées)? Voulait-il leur emprunter tel passage, telle formulation, tel motif ? Cherchait-il à leur emprunter des éléments ponctuels en vue de produire un développement qui s'intégrerait aux passages rédigés? Comptait-il les leur faire jouer un rôle plus diffus, les faire participer au chantier dans une sorte de veille, dans l’espoir qu’elles alimenteraient le récit selon des voies indirectes, souterraines? Ces questions se posent pour bien d’autres genèses valéryennes ayant recours aux recopies dactylographiées des Cahiers. (Elle a été abordée notamment dans le volume Le laboratoire génétique: "feuilles volantes" et cahiers, Bulletin des études valéryennes n°98, Textes recueillis et présentés par Micheline Hontebeyrie et Françoise Haffner, Paris, L’Harmattan, avril 2005)
En l'absence d’éléments conclusifs, nous ne pouvons que constater la manière dont les notes des Cahiers innervent, selon des voies très diverses, l’écriture valéryenne dans sa totalité ou sa quasi-totalité.
Cette démarche lui tenait de toute évidence à cœur. Plus tard, à plusieurs reprises, il a essayé de la renouer en confiant la tâche de dactylographier certains cahiers à des amies (Lucienne Cain notamment) ou à des secrétaires.
Les dactylographies, produites en plusieurs exemplaires grâce aux copies carbonées, permettent de détacher la note de son lieu d’inscription premier – telle page dans tel cahier – et la dotent des avantages d’une mobilité lui permettant de circuler ailleurs, de s’introduire dans divers dossiers en dialoguant avec les feuillets et notes qui les composent. La note se voit ainsi dotée d’une ubiquité lui permettant de s’intégrer et d’agir dans plusieurs chantiers à la fois, parfois très éloignés les uns des autres.
Les neuf dactylographies des Cahiers reproduites ici sont celles qui figurent dans le dossier de la BnF. La plus ancienne date d’avril 1919, la plus tardive de juin 1940.Trois d’entre elles datent de 1927-28 et deux de l’année 1929. Il est fort probable que Valéry lui-même ait joint ces dactylographies aux autres feuillets et au cahier à l’intérieur de la chemise « Robinson ».
Des questions demeurent, auxquelles il n’est pas facile de répondre : pourquoi, parmi les nombreuses allusions à Robinson dans les Cahiers, ces notes-là et non d’autres ont donné lieu à une dactylographie ? Aucune des neuf recopies du dossier ne semble présenter un lien évident avec les motifs développés dans le noyau narratif constitué des séries de dactylographies et du cahier "Robinson". Il nous faut sans doute tenir compte de certaines contingences : les recopies dactylographiées ne sont pas le fruit d’un choix, note par note, à partir d’une relecture de l’intégralité des cahiers existants ; elles sont comprises dans des campagnes plus vastes et plus systématiques, dans lesquelles l’écrivain a dû proposer des pans entiers, prélevés dans certains cahiers pour donner lieu à leur recopie dactylographiée. De là découle une part importante d'arbitraire dans la présence ou l'absence de telle ou telle note.
Une autre question se pose : quelle utilisation Valéry comptait-il faire de ces notes ? De quelle manière songeait-il les intégrer à son œuvre ? Envisageait-il de les inclure telles quelles (comme l’a fait l’édition posthume des Histoires brisées)? Voulait-il leur emprunter tel passage, telle formulation, tel motif ? Cherchait-il à leur emprunter des éléments ponctuels en vue de produire un développement qui s'intégrerait aux passages rédigés? Comptait-il les leur faire jouer un rôle plus diffus, les faire participer au chantier dans une sorte de veille, dans l’espoir qu’elles alimenteraient le récit selon des voies indirectes, souterraines? Ces questions se posent pour bien d’autres genèses valéryennes ayant recours aux recopies dactylographiées des Cahiers. (Elle a été abordée notamment dans le volume Le laboratoire génétique: "feuilles volantes" et cahiers, Bulletin des études valéryennes n°98, Textes recueillis et présentés par Micheline Hontebeyrie et Françoise Haffner, Paris, L’Harmattan, avril 2005)
En l'absence d’éléments conclusifs, nous ne pouvons que constater la manière dont les notes des Cahiers innervent, selon des voies très diverses, l’écriture valéryenne dans sa totalité ou sa quasi-totalité.
Les documents de la collection
9 notices dans cette collection
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Fiche descriptive de la collection
AuteurValéry, Paul
Date(s)1919-1940
LangueFrançais
SourceNaf 19083, f. 48-56
ÉditeurFranz Johansson, équipe Paul Valéry, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle)
Contributeur(s)
- Johansson, Franz (édition scientifique)
- Walter, Richard (édition numérique)
Mentions légales
- Fiche : équipe Paul Valéry, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
- Texte de Valéry publié avec l'aimable autorisation des ayants droit de Paul Valéry
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