Conchita de Ricardo Zandonai
Le corpus Conchita de Riccardo Zandonai
Outre les documents épars retrouvés dans les bibliothèques publiques de la péninsule, des « sources secondaires » (type travail critique sur l’œuvre de Riccardo Zandonai) et des « sources tertiaires » (composées à partir de compilation de sources type catalogue, bibliographie, base de données...), deux fonds principaux rassemblent une grande partie des «sources primaires » (dit encore « sources brut »), utiles à notre recherche, les archives Ricordi et le fonds de la bibliothèque Tartarotti de la ville de Rovereto.
1. Le fonds archivistique Riccardo Zandonai, Bibliothèque Tartarotti, Rovereto (Trentin, Italie)
Le fonds Zandonai comprend quatre ensembles : les manuscrits autographes et non autographes, les manuscrits et les ouvrages de littérature musicale de la bibliothèque de Rovereto, des matériaux divers et enfin les albums de photographies. L’assesseur à la culture de la bibliothèque, Franco Finotti, résume ainsi, en 1986, l’ensemble des matériaux du fonds zandonien : sept volumes de Zandonai / un volume comprenant la partition de Conchita / deux albums de signatures et de souvenirs / quatre albums de photographies personnelles / une caisse contenant des lettres et des articles de journaux (1907-1952) offerte au Musée par Tarquinia Tarquini, épouse de Riccardo Zandonai. Un « Inventaire de la salle Zandonai », avant 1950, signale une liste des partitions, propriété de Riccardo Zandonai, cent dix-huit photographies, des objets et du mobilier, différents souvenirs offerts par Tarquinia Tarquini ainsi que des partitions confiées dans un premier temps à Emilio Toldo, entre 1951 et 1952. D’autres documents témoignent de la dotation Nicola D’Atri, à ne pas rendre public, à sa demande, avant 1969 ; il n’en sera visible pendant des années qu’une simple liste limitée aux échanges épistolaires entre les deux artistes. Signalons, en conclusion de ce premier recueillement, un ensemble de partitions conservées au Musée de la ville de Rovereto.
Clemente Lunelli présente ces archives dans l’article, paru en 1983, Le raccolte « Zandonai » nella biblioteca civica di Rovereto. La grande diversité des archives et des supports, leur nombre exact, leur classement en différentes catégories sont décrits minutieusement dans cet ouvrage. On peut y lire également les premiers éléments de critique génétique, sans qu’il en soit fait pour autant un exposé précis et selon une méthode scientifique rigoureuse. Les souvenirs de Bonajuti Tarquini, fille adoptive de Riccardo Zandonai et de Tarquinia Tarquini, dans son ouvrage Riccardo Zandonai, nel ricordo dei suoi initimi, sur le processus de création du compositeur, en particulier celui de l’orchestration « quasi mécanique », sont ainsi confrontés aux manuscrits. L’archiviste et critique indique, pour sa part, que composition et orchestration ne sont jamais séparées et accompagnent l’écriture musicale, le choix des instruments se faisant au cours de la toute première phase d’écriture. Clemente Lunelli précise dans ce même article la phase préparatoire à la composition, l’étude systématique des époques historiques, les copies de mélodies de l’Antiquité grecque pour Melenis et des chants populaires suédois pour I Cavalieri di Ekebù. L’auteur signale aussi des éléments de contexte : les transcriptions manuscrites pour orchestre, en 1942, de La Suite bergamasque de Claude Debussy, des réductions pour piano de compositions orchestrales, les compositions de ses amis parmi lesquels le compositeur siennois Francesco Antonio Bonporti dans la transcription de Guglielmo Barblan dédicacée à son ami Riccardo Zandonai. Enfin, le critique liste les manuscrits et les textes dactylographiés du librettiste Arturo Rossato ; des documents « intéressants pour l’étude des modifications et des réélaborations des livrets au cours de la composition musicale »244. Il est par ailleurs signalé dans l’ouvrage la disparition de la bibliothèque personnelle du compositeur au cours des deux guerres mondiales.
Ces documents hétérogènes ont été divisés en trois ensembles. Le premier regroupe les archives léguées par Riccardo Zandonai, rassemblées en deux sous-ensembles : le premier, désigné sous le sigle « SZ » correspond aux documents catalogués par Clemente Lunelli entre 1983 et 1987, le second, indiqué sous le sigle « Ms », sont les manuscrits, catalogués par Pio Chiusole dans les années 60 et 70. Le deuxième ensemble mêle une documentation diverse acquise par la bibliothèque (opuscules, programmes, revues etc.) inscrite dans les sections L, SM, O, P, EO et F. Le troisième et dernier ensemble contient la dotation de l’Accademia degli Agiati sous le sigle AH et AI. Les articles tirés des journaux et revues sont catalogués dans plusieurs sections sous les sigles P, PO, BT et I ; un catalogue spécial est consacré au recueil des articles des journaux de la région de Rovereto et du Trentin. Les acquisitions les plus récentes telles que les partitions de musique, les esquisses originales, les copies microfilms, le matériel documentaire etc. sont encore en cours de traitement. La totalité est décrite avec grande précision dans deux catalogues, Il Catalogo tematico et Il fondo Riccardo Zandonai réalisés par Diego Cescotti en 2001.
2. Le portail des Archivi Ricordi - Le fonds Zandonai
Le fonds consacré à Riccardo Zandonai rassemble 709 lettres de 1907 à 1930, 60 partitions manuscrites et imprimées de 1928 à 1939 ainsi que 5 ébauches de décors (1932). Les échanges épistolaires sont principalement des lettres de Riccardo Zandonai (612 lettres) à différents acteurs de la création, depuis ses éditeurs (50 lettres sont adressées à l’un ou l’autre des membres de la famille Ricordi) aux parties prenantes à la création (librettistes, chanteurs, conseillers et amis). L’ensemble comprend ainsi :
- 258 lettres de Riccardo Zandonai à Ricordi
- 222 lettres à Carlo Clausetti
- 39 lettres aux gérants de la maison Ricordi
- 39 lettres à Tito II Ricordi
- 32 lettres à Renzo Valcarenghi
- 10 lettres à Giulio Ricordi
- 5 lettres à Gino Cantù
- 3 lettres à Alfredo Colombo
- 2 lettres à Guido Manneschi
- 1 lettre à Armando Morlacchi
- 1 lettre à Giuseppe Albinati
- 1 lettre à Nino Costa
Les 50 échanges que nous possédons de Ricordi sont tous destinés à Riccardo Zandonai. D’autres échanges épistolaires concernent Zandonai :
- 4 lettres Mascheroni à Carlo Clausetti et 4 lettres du même auteur à Renzo Valcarenghi
- 2 lettres d’Arturo Rossato à Ricordi, 1 lettre du même auteur à Carlo Clausetti, 1 lettre
du même auteur de Renzo Valcarenghi
- 1 lettre de Tito II Ricordi à Ricordi, 1 lettre du même auteur à George Maxwell, 1 lettre du même auteur à Luigi Illica, 1 lettre du même auteur à Riccardo Zandonai
- 2 lettres de Vincenzo Michetti à Ricordi, 2 lettres du même auteur à Carlo Clausetti
- 3 lettres de Vittorio Gui à à la maison Ricordi
- 1 lettre de Bernardino Molinari à Carlo Clausetti, 1 lettre du même auteur à Riccardo
Zandonai
- 1 lettre d’Emanuele Muzio à Eugenio Tornaghi, 1 lettre du même auteur à Giulio
Ricordi
- 2 lettres de Leopoldo Mugnone à Carlo Clausetti
- 2 lettres de Renzo Valcarenghi à Carlo Clausetti
- 1 lettre d’Agide Jacchia à Ricordi
- 1 lettre d’Alfredo Colombo à Carlo Clausetti
- 1 lettre de Cesare Paglia à Ricordi
- 1 lettre de Claudio Guastalla à Ricordi
- 1 lettre d’Ercole Luigi Morselli à Carlo Clausetti
- 1 lettre de Gabriele D’Annunzio à Tito II Ricordi
- 1 lettre de Gian Francesco Malipiero à Carlo Clausetti
- 1 lettre d’Italo Montemezzi à Renzo Valcarenghi
- 1 lettre de Tullio Serafin à Ricordi
Les partitions regroupées dans les archives Ricordi concernent l’ensemble de la production zandonienne. Elles sont principalement manuscrites ou imprimées. Sans recomposer de façon exhaustive le processus de production, les partitions manuscrites pointent le début de la création, celles imprimées, dont les réductions pour différents instruments, indiquent un état stabilisé et finalisé de la production. Les partitions concernent l’ensemble de la production opératique de Riccardo Zandonai :
- 2 partitions manuscrites de Una Partita
- 2 partitions manuscrites de Conchita
- 2 partitions manuscrites de Giulietta e Romeo (dont 1 réduction)
- 1 partition manuscrite de I Cavalieri di Ekebù
- 1 partition manuscrite de Il Bacio
- 1 partition manuscrite de Il Grillo del Focolare
- 1 partition manuscrite de La Farsa amorosa (réduction)
- 1 partition manuscrite de La Gazza ladra
- 1 partition manuscrite de La Via della Finestra
- 1 partition manuscrite de Francesca da Rimini
- 1 partition manuscrite de Giuliano (réduction)
- 1 partition manuscrite de Melenis
Six documents administratifs complètent cet ensemble. Enfin, les quelques traces iconographiques, des ébauches de décor pour La Farsa amorosa, sont trop peu nombreuses pour être des indices probants du processus de création ; ces dernières ajoutées aux esquisses et aux autres éléments génétiques conservés à la Biblioteca civica de Rovereto permettent de retracer avec plus de précision l’élaboration des opéras.
Les lettres inédites sur l’opéra Conchita
Riche de notre expérience de transcription de l’épistolaire Riccardo Zandonai, et impliquée dans ce projet à la fois nouveau et consécutif à plusieurs étapes d’une même recherche globale, nous avons eu la nécessité et le désir de compléter les sources nécessaires à l’étude génétique du processus de création de l’opéra Conchita. Le site public des Editions Ricordi nous offre la possibilité de transcrire les lettres qui concernent la conception et la production de cet opéra. Il s’agit de quarante-cinq lettres manuscrites numérisées et publiées sur le site Ricordi et jamais transcrites. Nous proposons ici la transcription de ces lettres et leur indexation suivant les critères du site Ricordi. Ces transcriptions sont intégrées au projet des sources génétiques des opéras, en particulier dans la collection dédiée à l’opéra Conchita.
De façon plus générale, à partir de ces sept mille échanges épistolaires, nous pouvons reconstruire de façon assez exhaustive, d’après les dates portées sur les missives, les liens que le compositeur a tissés pendant sa carrière et jusqu’à sa mort avec plusieurs acteurs du monde musical italien ainsi que le processus de création de plusieurs opéras, depuis les ébauches jusqu’à la Première et représentations successives. C’est ce qu’il ressort des échanges en particulier entre Riccardo Zandonai, le poète et librettiste Arturo Rossato, l’ami et le conseiller Nicola D’Atri. L’intérêt de ces épistolaires réside également dans la qualité d’écriture, la nature du discours esthétique porté par chacun des interlocuteurs ainsi que les rapports entre créateurs au sein du processus de création. Un second bloc de lettres de Tancredi Pizzini, médecin du théâtre à la Scala de Milan et ami de la première heure du musicien, de Carlo Clausetti, chanteur dans ce même théâtre, de Carlo Valcarenghi, gestionnaire de la Maison d’édition Ricordi, intègre la création de notre compositeur dans un périmètre plus matériel et commercial. Un troisième ensemble regroupe des missives aux membres de la famille, à des intimes comme Oliviero Costa ou à l’avocat Pizzagalli, poète et avocat à Pesaro ou Giovannini, l’ami rovérétin. Le quatrième et dernier groupe de lettres rassemble des missives diverses avant et après la mort du compositeur notamment celles de Tarquinia Tarquini, l’épouse de Riccardo Zandonai.
Comment citer cette page
Emmanuelle Bousquet, "Conchita de Ricardo Zandonai"Site "Collections de sources génétiques d'opéras"
Consulté le 07/05/2025 sur la plateforme EMAN
https://eman-archives.org/genetiqueopera/conchita-ricardo-zandonai