Archives Marguerite Audoux

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Lettre de Marguerite Audoux à Paul d’Aubuisson

Auteur(s) : Audoux, Marguerite

Description

- Paul d’Aubuisson (1906-1990) est l’aîné des trois petits‑neveux de Marguerite Audoux. C’est son fils adoptif préféré, celui qui jusqu’à sa mort veille sur la mémoire de la romancière, le flambeau ayant été repris par ses deux enfants, Geneviève et Philippe (à qui Bernard-Marie Garreau doit l’accès au fonds d’Aubuisson, qui se trouve chez lui), ainsi que par son neveu Roger. Une abondante correspondance entre Paul et sa mère adoptive s’inscrit dans le corpus des lettres familiales et familières (dont l’identifiant commence par le chiffre 0). B.-M. Garreau a rencontré paul d’Aubuisson en 1987, et réalisé plusieurs enregistrements de leurs entretiens.

- Stefan Esders (né le 6 juillet 1852 à Haren an der Ems, mort le 15 septembre 1920 à Vienne) et son frère Henri créent une grande usine de textiles à Bruxelles avec des succursales à Berlin, Paris, Saint-Pétersbourg, Rotterdam et Vienne.

- La mère de Paul est Yvonne d’Aubuisson (1882-1926)

- Vitali est une vieille voisine rue Léopold-Robert.

- Le petit Suédois travaille apparemment chez Fasquelle, où il s’occuperait des traductions en suédois. Le 2 décembre 1924, c’est-à-dire peu avant la présente lettre, Peul écrit à sa tante qu’il a vu cette personne, qui lui a emprunté Le Grand Meaulnes et Le Rêve de Zola. une carte postale que Marguerite Audoux envoie de L’Île-d’Yeu à Léon-Paul Fargue le 31 juillet 1922 (référencée lettre 294) nous donne d’autres précisions « Veux‑tu faire bon visage à Monsieur Rage Aurell, que j’appelle le petit Suédois, et qui voudrait te parler ? C’est un admirateur. De toi, bien sûr, animal ! De plus, il a réuni les œuvres de Philippe et il l’a fait connaître en Suède. » La relation entre Selma Lagerlöf et Marguerite Audoux peut être à la source de celle que cette dernière et son fils entretiennent avec le personnage en question.

- Roger est l’un des frères cadets de Paul.

- Maman Line est une voisine rue Léopold-Robert.

- Pierre Valin est un confrère, fidèle puisqu’il envoie régulièrement ses ouvrages dédicacés à la romancière (13 en tout).

- Les « Trott », désignés la plupart du temps par Paul et la romancière par ce diminutif, renvoient à madeleine et Lucien Trautmann (dit Tatu), ce dernier étant un vieil ami de Léon-Paul fargue et de Charles Chanvin, que l’on trouve dès 1912 à L’Île-d’Yeu avec ces quelques membres du Groupe de Carnetin. Voir la lettre 185 d’août 1912 de Marguerite Audoux à Antonin Dusserre et la lettre 247 adressée le 11 novembre à Antoine Lelièvre par la romancière.
Texte

5 Février 1925

 

Mon petit enfant,

Ne m'envoie pas l'échantillon choisi de ton costume. Ton goût sera le mien. Je trouve seulement le prix de 325 frs excessif pour un jeune homme de ton âge et surtout de ta taille. J'ai dans l'idée que chez Esders ou à la belle Jardinière, tu trouverais sens peine un costume de cadet, beau et bon pour 260 frs. Mais puisque c'est ta mère qui a trouvé le tailleur qui fait bien, et bon marché, elle doit s'y connaître, et je n'ai rien à dire de plus. Je veux seulement te mettre en garde contre les grosses dépenses inutiles. Car je m'y connais mieux que ta mère, en cela. Il peut t'arriver d'être sans travail, pour maladie ou chômage. Où prendras-tu de l'argent alors, si tu as tout mis dans ta toilette ? Ce n'est pas ta mère qui t'en donnera, ni d'autres, que je sache. Fais donc bien attention à tes dépenses. Et surtout ne compte que sur toi-même.

Dis à Vitali qu'elle mette la lampe dans ma chambre, afin que le petit suédois ne la voie pas s'il vient pendant mon absence. Je lui ai dit que j'en avais besoin ici. Je n'ai pas menti du reste, car elle m'a bien fait faute ces temps derniers.

Ça se voit sur la photo, que, t'étais mal fichu à la Noël. Quant au gros Roger, s'il continue il ressemblera au grand gros de Fromentine. - Tu sais bien, l'avocat, je ne me rappelle plus de son nom.

J'ai un gros rhumatisme de la hanche, qui m'oblige à prendre une canne, même pour marcher dans la maison Ça y a pas bon ! N'oublie pas de me donner des nouvelles de maman Line dans ta prochaine lettre !

J'ai encore une lettre de M. Valin. Il m'écrit beaucoup, M. Valin. Il t'envoie le bonjour. Parle-moi aussi des Trott, dans ta prochaine lettre. Et si tu les vois dis leur que je les aime toujours bien.

Demande à Vitali si elle ne s’ennuie pas trop de sa maison, dis-lui que je l'embrasse de tout cœur et Emma aussi.

Au revoir mon petit enfant, je t'embrasse très fort

M. Audoux
Lieu(x) évoqué(s)Saint-Cyr-sous-Dourdan - Paris
État génétiqueLes soulignements sont de Marguerite Audoux
Notice créée par Richard Walter Notice créée le 26/04/2024 Dernière modification le 14/03/2025