Letter of Berthe Noufflard to Vernon Lee

Letter of Berthe Noufflard to Vernon Lee - 18 April 1927

Authors : Noufflard, Berthe

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LanguageFrench

SourceFonds de dotation André et Berthe Noufflard

General condition of the documentGood condition

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Noufflard, Berthe, Letter of Berthe Noufflard to Vernon Lee - 18 April 1927, 1927-04-18. Holographical-Lee, Sophie Geoffroy, University of La Réunion; programme EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle). Consulted on 2025/10/15 on the EMAN platform : https://eman-archives.org/HoL/items/show/1656

Text & Analysis

Analysisnegative criticism of Maeterlinck's Termites and positive criticism of Vernon Lee's Proteus

Transcription

61 rue de Varenne

Paris VII

18 avril 1927

Chère Miss Paget,

Avez-vous lu le vilain livre de Maeterlinck sur les Termites, un vilain livre, je trouve, mais très intéressant –parce que cela semble vrai – et qu’il est curieux de voir jusqu’où peut aller la civilisation chez certains insectes. Constatations qui semblent dures à l’auteur –lequel fait, à la fin du livre, des réflexions qui me semblent du reste absurdes.

Mais il est sûr que ces observations donnent à penser. Je suis frappée -assez péniblement – d’une chose – c’est que – en somme – ce qui est probablement le plus humain dans l’homme – le plus au-dessus des bêtes, c’est la clarté d’esprit qui s’accompagne de beaucoup de scepticisme – je crois qu’il y a longtemps que vous avez découvert cela, chère Miss Paget – mais il n’y a pas longtemps que je me suis fait à cette sagesse : que les dieux ont soif – hélas – tous les dieux – et aussi qu’ils aveuglent.

Mais, tout de même, quoi qu’en dise Maeterlinck : nous ne rampons pas tant que cela puisque nous avons la beauté, puisqu’il y a eu Michel-Ange, Beethoven, Rembrandt, Shakespeare – bien des gens pour les admirer – et même simplement ceux qui sont charmants ou seulement amusants – ce qui sort bien aussi de l’animalité.

Tout cela m’a ramenée à votre Proteus – j’y reviens souvent – une chose qui me désole en ce moment – C’est que je vois des gens – très bons — d’un genre qu’on appelle élevé – qui sont en train de faire tranquillement – (par incompréhension et dans leur sûreté de faire le bien) le malheur d’un de leurs enfants. Je n’y puis rien – mais cela m’obsède – et je me dis que c’est vous qui avez raison quand vous dites que seule est bienfaisante l’intelligence qui comprend < (le bien, cela peut être bête et malfaisant) > -- et qui sait douter devant les difficultés de comprendre – et que les gens se font du mal surtout par manque de compréhension – Enfin – enfin— on n’y peut rien.

Un autre curieux livre – encore plus affreux que les Termites – qu’Elie nous a prêté dernièrement, c’est : la Vierge Marie, de Coulanges. On dit que c’est un prêtre. On voit là-dedans comment un culte populaire se fait en dehors – et malgré les docteurs de la religion – et les efforts de ces docteurs pour chasser ce culte joli et poétique en lui-même) puis pour le faire entrer dans les dogmes – c’est une chose incroyable – horrible – et, mon Dieu, comique.

Chère Miss Paget, nous avons été contents d’avoir vos jolies cartes et de savoir que vous avez été dans un si bel endroit. Cela doit être magnifique. J’aimerais vous savoir, maintenant, tout à fait en bonne santé.

Nous partons demain pour Tôtes nous pensons passer 3 ou 4 jours dans la vieille auberge. J’ai des choses à prendre à Fresnay et je n’ai pas voulu arranger la maison pour si peu de jours. Puis nous reviendrons ici jusqu’à la fin de mai. Pourvu que mon insupportable jambe me permette de faire le voyage que nous projetons… La voilà de nouveau un peu enflée – « périphlébite » sans gravité, dit le médecin – mais cela m’ennuie bien parce que c’est la fin du travail debout – probablement la fin d’un portrait qui m’intéressait beaucoup. Enfin – tant pis. Il me reste ma petite boîte à ponce.

André rentre de chez Madame Duclaux et me dit que ces dames vont très bien.

Au-revoir, chère Miss Paget, nous vous envoyons, tous deux, nos bien respectueuses et affectueuses amitiés

Berthe Noufflard

Notespapier entête timbre à sec rue de Varenne

Contributor(s)

Geoffroy, Sophie (scientific edition)
Scot, Marie (inventaire)
Walter, Richard (digital edition)

Author (s) of the transcriptGeoffroy, Sophie (transcription)

Auteur transcriptionGeoffroy, Sophie (transcription)

Presentation

Date1927-04-18

LiTypeCorrespondence - Autograph Letter (Signed)

Rights

Document : Fonds de dotation André et Berthe Noufflard.
Record : Project EMAN, Holographical-Lee, Sophie Geoffroy, University of La Réunion & Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS. Licence Creative Commons Attribution – Share alike 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)

PublisherHolographical-Lee, Sophie Geoffroy, University of La Réunion; programme EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle)

PublicationInédit

Editorial informations

RecipientLee, Vernon

PersonMaeterlinck, Michel-Ange, Beethoven, Rembrandt, Shakespeare, Elie Halévy, Coulanges, André Noufflard, Mary Duclaux, Mabel Robinson

Coverage61 rue de Varenne, 75007 Paris, France

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Record created by Sophie Geoffroy Record created on 19/11/2018 Latest modification 16/06/2025