Lesuire

Auteurs : Lesuire, Robert-Martin (1736-[1815])

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LangueFrançais

Contributeur(s)

Obitz-Lumbroso, Bénédicte (responsable scientifique)
Walter, Richard (édition numérique)

ÉditeurBénédicte Obitz-Lumbroso, Équipe "Écritures des Lumières", Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Mentions légalesFiche : Bénédicte Obitz-Lumbroso, Équipe "Écritures des Lumières", Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution - Partage à l'identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR).

Transcriptions

Transcription modernisée

Nous enlevames ce triste objet remuant et souffrant. Je le reconnus à sa main privée d’un doigt et à sa bague que, par hasard, on ne lui avait point volée. Nous le portâmes à l’hôpital ambulant. L’orifice de son œsophage était à découvert. Le chirurgien versa, dedans, quelques cuillers de bouillon. Ce canal le reçut avidement, en remuant d’une manière qui annonçait son avidité. Sa main paraissait chercher quelque chose. Je me doutai qu’il voulait écrire. Je lui mis une plume entre les doigts, et lui fournis ce qu’il lui fallait pour tracer quelques mots. Il en traça quelques-uns en effet ; j’eus peine à les déchiffrer. Les voici : « Je souffre des douleurs affreuses, tuez-moi vite." Les barbares chirurgiens n’y voulurent pas consentir, malgré mes prières. C’était, selon eux, un objet trop envieux, et trop capable de leur donner des lumières, ils voulurent au contraire lui conserver la vie le plus longtems possible pour le perfectionnement de l’art. Je me retirai le cœur saignant. L’infortuné vécut plus de douze heures, sans doute dans des tourments inouïs. Je brûlais de quitter une profession aussi glorieuse que l’on se plaisait à le dire, mais pour laquelle j’étais si peu fait. Mon oncle voulait que je finisse la campagne.

J’eus encore un désagrément. Un très mauvais sujet me prit en haine, et voulut absolument me faire mettre l’épée à la main, quoique je ne lui en eusse donné aucun sujet. Seulement, une jeune personne qu’il poursuivait pour la sacrifier à sa passion brutale vint se réfugier dans mes bras, me suppliant en grâce de la défendre et de sauver son honneur. Je me trouvais fort embarrassé. D’un côté je ne voulais pas me battre, d’un autre, je ne pouvais laisser sans protecteur une innocente beauté suppliante et en danger, dont je connaissais l’honnêteté. Je me jetai au devant du persécuteur. Je l’arrêtai et le retins,

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Lesuire, Robert-Martin (1736-[1815]).
Bénédicte Obitz-Lumbroso, Équipe "Écritures des Lumières", Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Consulté le 28/12/2025 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/Lesuire/files/show/4584

Fichier créé par Bénédicte Obitz-LumbrosoFichier créé le 18/01/2022 Dernière modification le 19/12/2025

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