Le dialogue qui se noue entre ces notes, dispersées dans les Cahiers successifs, et les autres lieux de genèse de Robinson - le cahier «Robinson» et la série de dactylographies notamment – n’est pas facile à définir. La plupart du temps, les notes confiées dans les Cahiers du matin sont très éloignées de l’orientation du « conte », tel qu’il se dessine dans les dactylographies ou dans le cahier « Robinson ». Il est certain que la présence du personnage (et parfois, en-deçà du personnage, du nom) de Robinson dans les Cahiers déborde très clairement le projet de conte : Robinson y représente très souvent un alter-ego de Valéry, comme l’illustre la première référence au personnage de Defoe dans un cahier de 1907 : « N’es-tu le Robinson intellectuel ? Jeté dans soi, refaisant dans son île voulue sa vérité et les instruments qu’elle demande. À la chasse ! À la pêche ! Même le perroquet n’est pas très loin. » Plus largement, Robinson est une figure où Valéry projette certains thèmes, préoccupations ou projets: ceux ayant trait à un projet ou à une nature insulaire. Il devient presque l’équivalent d’un des sigles qui émaillent les Cahiers, au même titre que Teste ou Faust: un nom-thème ou une situation-thème, un noyau conceptuel. Ainsi, bon nombre de notes qui convoquent Robinson ne présentent aucune relation immédiate avec la construction du conte – et plusieurs précèdent de beaucoup le projet même d’un conte. Les motifs narratifs (eux-mêmes très ténus) présents dans le cahier "Robinson" et dans les dactylographies (la conquête d'une indépendance après que le personnage a garanti les conditions de sa survie, et la possibilité d'une oisiveté problématique) laissent très peu de traces dans les notes des Cahiers. Ma manière dont celles-ci participent à l’écriture du conte à proprement parler et l'alimentent ne peut être qu'indirecte et souterraine.
Nous avons rassemblé ici toutes les notes des Cahiers où paraît, sous une forme ou une autre, la figure de Robinson. Dans l’immense majorité des cas, le passage s'accompagne de la mention explicite du nom de Robinson. Dans quelques cas, des références suffisamment explicites au scénario robinsonien - un être seul dans une île - justifie l'inclusion. La solitude peut receler l’éventuelle rencontre – rêvée, désirée, fantasmée, entrevue ou advenue – de l’Autre, femme ou homme, Lady Crusoe ou Vendredi. L’île, dans ces notes, peut s'avérer plus ou moins métaphorique. D’une certaine manière, cette dimension métaphorique imprègne toujours le motif insulaire, oscillant entre deux pôles : l’un accusant le métaphorisant et dessinant l’île à partir des caractéristiques topographiques, géographiques, visuelles, sensorielles ; l’autre accusant le métaphorisé et faisant de l’insularité un choix de l'esprit ou une qualité du caractère. Par là, le motif de Robinson a partie liée avec le projet de table rase, si important dans l’histoire de Valéry.
Les documents de la collection
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Fiche descriptive de la collection
- Johansson, Franz (édition scientifique)
- Walter, Richard (édition numérique)
- Fiche : équipe Paul Valéry, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
- Texte de Valéry publié avec l'aimable autorisation des ayants droit de Paul Valéry
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