Archives Marguerite Audoux

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Carte-lettre d'Alain‑Fournier à Marguerite Audoux

Auteur(s) : Alain-Fournier

DescriptionAu front - Demande de destruction d'une partie de ses lettres (évoquant Yvonne)
Texte

[Front de l'est, Hauts de Meuse, vers le 20 août 1914[1]]

Ma chère amie,

Je suis à la guerre, dans l'Est. Il peut m'arriver n'importe quoi un jour ou l'autre[2]. J'espère bien vous revoir au mois de novembre. Mais enfin pour plus de précaution j'ai voulu vous envoyer de la frontière[3] ce baiser comme à ma sœur.
Je veux vous demander aussi ce petit sacrifice : vous me tranquilliseriez[4] en détruisant les lettres que je vous ai envoyées au mois d'août dernier à propos de mon voyage à Rochefort[5]. Il ne faut plus qu'il soit question de cela maintenant.
Il y a quelqu'un que j'aime plus que tout au monde[6]. Il ne faut pas qu'un jour ces lettres puissent lui tomber dans les mains et lui faire croire qu'il[7] a pu y avoir partage ou restriction dans mon immense amour. Je compte sur vous d'une façon absolue pour faire brûler ces lettres. Je vous laisse toutes les autres, avec ma grande tendresse, ma parfaite amitié. Je vous embrasse longuement, étroitement, ma chère bonne amie.[8]

Votre H. A. Fournier


[1] Datation d'Alain Rivière (voir les références de son édition dans la partie PUBLICATION). Alain‑Fournier serait donc aux environs de Nixéville. Voir Denizot (Alain) et Louis (Jean), L'Énigme Alain‑Fournier 1914‑1991, Nouvelles éditions latines, 2000, p. 17 (« Déplacements de la 67e D.R. »)

[2] Contrairement à ce qui apparaît dans la lettre manuscrite, Isabelle Rivière clôt ici le premier paragraphe.

[3] « Cette lettre est donnée par Isabelle Rivière (Vie…, p. 391). La phrase «de la frontière» a été omise. » (Alain‑Fournier, Lettres à sa famille et à quelques autres, p. 706, note 1). En réalité, ce n'est pas « la phrase », mais la seule expression de la frontière qui a été omise par la sœur d'Alain‑Fournier.

[4] On trouve le futur simple tranquilliserez dans les deux éditions, citées en fin de lettre, d'Isabelle Rivière et d'Alain Rivière, leçon que nous avions suivie avant d'avoir accès au manuscrit.

[5] Il s'agit donc, contrairement aux allégations de Georges Reyer (Un Cœur pur : Marguerite Audoux, Grasset, 1942, p.168), d'un témoignage épistolaire, d'Alain‑Fournier à Marguerite Audoux, sur Yvonne, et non d'une correspondance avec cette dernière que l'auteur du Grand Meaulnes eût confiée à sa consœur et amie. Voir à ce propos la juste mise au point d'Isabelle Rivière (Op. cit. dans la partie PUBLICATION) p. 518, début de l'appendice 80.

[6] L'actrice et écrivaine Pauline Benda, dite Madame Simone (1877‑1985)

[7] Suit un y rayé.

[8] Toutes les éditions citées dans la patie PUBLICATION, hormis celle de La Sève et la Feuille (article de Michel Algrain), modifient la ponctuation des deux dernières phrases pour aboutir à la leçon suivante : « Je vous laisse toutes les autres. Avec ma grande tendresse, ma parfaite amitié, je vous embrasse… ».

Lieu(x) évoqué(s)Les Hauts de Meuse, Rochefort
État génétiqueVoir la note 7 de la partie TEXTE

Géolocalisation

Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 20/05/2022