Archives Marguerite Audoux

Archives Marguerite Audoux


Lettre de Petiot à Marguerite Audoux

Auteur(s) : Petiot

Description
  • Henri Dejoulx - Ali Bert - Simone - Propos sur la santé
  • Sur "Petiot", voir la note 6 de la partie TRANSCRIPTION de la lettre 371 de Marguerite Audoux à Maurice Genevoix
Texte

Montargis 18 avril [19]35[1]

Marraine chère, j'ai pu avoir quelques renseignements bien pauvres sur Henri Dejoulx[2]. Celui-ci a mangé, paraît-il, une fortune avec les femmes. Il est mort chez une maîtresse. Fils de fermiers il était devenu meunier – au demeurant très bon garçon.
Voilà ce que je puis vous dire après tant de temps de recherches. C'est bien peu !!
Que faites-vous pour Pâques ? Ne pouvez-vous venir nous voir ? Si oui, envoyez télégramme. Il fait encore froid et douteux, mais le temps se raccommode.
Ces jours-ci Ali Bert m'a demandé de faire sa critique littéraire pour Sylvain bommariage qui devait le présenter dans un journal de libraire. Ali bert fut satisfait de mon étude, mais je ne sais encore si le demandeur initial sera content[3].
Mone[4] se repose – moi aussi – hum ! je crois plutôt que je change la fatigue ! J'ai lâché la couture ; j'étais abrutie et l'autre semaine, j'en pleurais dans mon assiette. Dehors, dehors, malgré le vent et le froid ! Malheureusement on ne peut s'allonger dans les champs ni dans les bois et je ne suis pas encore bien solide. Pourtant, si je n'ai pas de fatigue excessive, je peux dormir – quelques heures de sommeil, ça c'est bon !! Et je mange bien.
Et vous, Marraine chère, la santé ?? et autour de vous ?
Depuis longtemps je dois aller à Paris mais, il y a des mais !! j'ai mené Simone au Dr Desmoulins qui en est satisfait. Nous étions si lasses, si lasses que nous ne pouvions plus mettre un pied l'un devant l'autre, et nous n'avons pas eu le courage d'aller vous embrasser !!
Ma chère Marraine, aujourd'hui je vous prends par le cou, bien fort, et je vous câline bien tendrement. Voilà !!

Petiot

[1] Lettre envoyée le 19
[2] Le modèle d'Henri Deslois dans Marie‑Claire. La mystérieuse " Petiot " a visiblement mené, sur " l'amoureux de la colline ", des recherches qui complètent, un quart de siècle plus tard, celles menées par Alain-Fournier lors de son pèlerinage à Sainte-Montaine du 19 juillet 1911 (voir la lettre 135). Les descendants d'Henri Dejoulx habitant le Loiret et le Loir-et-Cher, cela n'a rien d'impossible. Il est à noter également que dans les deux années qui précèdent la présente lettre, la romancière retourne en Sologne (voir le Bulletin des Amis de Charles-Louis Philippe n° 22 de décembre 1964, p. 64). Ce retour aux sources a pu raviver sa curiosité à propos d'un passé vieux de plus d'un demi-siècle, et dont on retrouve la trace dans Douce Lumière, le dernier roman en chantier...
[3] Sylvain Beaumariage est un poète wallon né en 1887. Il publie en 1909 des Poèmes (Société française d'éditions). En 1911, il a déjà écrit une douzaine de livres. Par recoupement, il se pourrait fort bien qu'Ali Bert soit le poète carcassonnais Alibert, celui qui accompagna Gide dans son voyage en Andorre avec Yell... Mais il n'y a évidemment là aucune preuve absolue.
[4] Sa fille Simone
Lieu(x) évoqué(s)Montargis, Paris

Géolocalisation

Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 14/03/2025