Archives Marguerite Audoux

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Lettre de Marguerite Audoux à Antoine Lelièvre

Auteur(s) : Audoux, Marguerite

Description
Questions de santé - Dingo - Mirbeau - Werth - Tirage de Marie-Claire - Dusserre - Parution de Jean et Louise - Difficultés à travailler

Texte


[Paris,] Jeudi soir [8 mai1913[1]]

Mon cher ami,

Voilà bien des jours déjà où je me dis : « Il faut écrire à ceux du Grand Logis, et toujours un empêchement, ou la bonne paresse survenait, et je n'en faisais rien. J'espérais aussi un peu sur votre venue à Paris, mais vous n'avez pas l'air de bouger beaucoup de votre Mayenne. Il est vrai que votre pays doit être merveilleux en ce moment, et si vous pouvez vous dispenser de le quitter, vous faites bien d'y rester, à entendre chanter le rossignol.
Savez‑vous, cher ami, que j'ai cruellement souffert tout cet hiver d'un affreux rhumatisme articulaire, qui m'a tenu au lit longtemps, et dont je ne suis pas encore guérie. Je vais mieux cependant mais de temps en temps je le sens encore, tantôt aux épaules, tantôt dans les hanches, toujours dans la profondeur des os, comme si on me les broyait avec un pilon. Quand je vous le dis, qu'on ne peut jamais être tranquille !
J'espère que l'accident dû au flirt appendiculaire[2] est tout à fait guéri, et que la gentille Lette trotte et profite du gai printemps.
Dingo a fait son apparition la semaine dernière. Il en est au 7e mille[3]. Mirbeau a des hauts et des bas comme santé[4] [sic]. Il s'installe tout à fait à Cheverchemont[5] mais comme il voit peu de monde, il s'ennuie parfois.
Werth n'a encore rien publié. Il est au Gil Blas[6], et il y fait de la bonne besogne.
Marie‑Claire se repose. Les derniers 10 mille traînent en longueur, et je ne crois pas que Fasquelle fera un autre tirage. Cette petite fille se reposera sans doute encore[7] longtemps sur ses 80 mille.
Mon protégé aveugle[8] est venu passer quelque temps ici, et il est reparti dans son Carbonat de pays. C'est la Librairie universelle qui prendra son livre, probablement[9], et le publiera à l'automne. Raphaël[10] l'a déjà traduit en anglais et il compte qu'il se vendra beaucoup en Angleterre. J'avais[11] porté le manuscrit à Fasquelle, qui l'a refusé. Naturellement !
Avec toutes mes maladies, mon livre n'avance pas vite. Je n'ai guère de courage, et si je veux me forcer, je récolte de grands maux de tête et pas du tout de bonnes idées.
Au revoir, cher ami, ne me laissez pas trop longtemps sans nouvelles et croyez à ma grande affection pour vous deux Lette [sic].

Marguerite Audoux

[1] Lettre postée le vendredi 9 et reçue le samedi 10

[2] L'appendicite de l'épouse de Lelièvre

[3] Voir la note 3 de la lettre 176

[4] comme santé est ajouté dans l'interligne supérieur.

[5] Sa villégiature de Seine‑&‑Oise

[6] Sur les activités de journaliste de Werth, et en particulier au Gil Blas, voir la note 13 de la lettre 29

[7] Un pour est rayé avant encore.

[8] Antonin Dusserre

[9] Jean et Louise paraîtra, après la traduction anglaise, dans le Supplément de L'Illustration (La Petite Illustration, Romans, avec des illustrations de L. Sabattier) des 8 et 22 novembre et du 13 décembre 1913. Voir les notes 1 et 7 des lettres 193 et 194 ; la note 2 de la lettre 195 ; et la lettre 205.

[10] Voir supra, p. 219, la note 144 de la lettre 117

[11] J'avais est précédé d'un Je l'avais.

Lieu(x) évoqué(s)Paris
État génétiqueVoir les notes 4, 7 et 11 de la TRANSCRIPTION

Géolocalisation

Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 20/05/2022