CORREZ

CORREZ - Édition des lettres internationales adressées à Émile Zola


lettre de Manoel de Castro à Émile Zola, du 11 aôut 1901

Correspondance

Auteur(s) : Castro, Manoel de

Transcription

Texte de la lettreMaitre
Il y a quelqu’un, dans ce petit coin de l’Europe qu’on appelle le Portugal, qui vous admire par le peu qu’il vous connait, mais qui juge, par ce petit peu, de l’immensité de votre œuvre qu’il desirerait bien connaitre complètement, si ses pauvres petits sous d’étudiant le lui permettaient.
Ainsi, après avoir lu et relu tous ce pages admirables et pleins d’un pantheisme tout naturel et tout humain de «La faute de l’abbé Mouret» ; après avoir connu tous les vices de «La Curée» parisienne et toutes les miseres des malheureux de «Germinal» sans parler de cette trilogie colossale que vous avez tout simplement appelé - «Lourdes» «Rome» «Paris» - ah ! ce «Paris» extraordinairement grand et humain – vous comprendrez bien, Maitre, l’envie que toutes ces merveilles ont fait naître à mon esprit de connaitre toute votre œuvre ! Et je ne peux aussi cacher la comprehension du haut sentiment d’humanité qui vous avez si hautainement revelé, prenant parti par l’innocence de cette victime des prêtres, qu’ils ont jetée à l’île du Diable, anneantissant un avenir, et - ce qui est bien plus dur –déchirant une âme !
Or, vous savez bien que l’argent d’un étudiant ne peut pas faire reunir [ ?] à son pauvre taudis tous ces raffinements d’un luxe spirituel ; et simplement parce que «point d’argent, point de suisse», je ne puis me resigner à perdre ce qu’un bourgeois quelconque pourrait bien reussir, s’il savait qu’il y a quelque chose de mieux qu’un bon dîner. Et puisque «vouloir c’est pouvoir» je dois encore employer tous les moyens pour rendre vrai le dicton. Voilà comment je me suis resolu de m’adresser à vous en vous priant de me permettre de lire votre œuvre toute, complète.
Maintenant en vous faisant mes excuses, et vous manifestant une fois de plus, ma veneration la plus profonde pour votre grande œuvre, et par votre âme plus grande encore, je suis le plus humble et le plus devoué de vous admirateurs inconnus
Manoel de Castro
Vila Nova de Gaya, Portugal
Le 11 aôut 1901.
Rua da Saude 64

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Notice créée par Richard Walter Notice créée le 15/10/2018 Dernière modification le 21/08/2020