Lesuire

Auteurs : Lesuire, Robert-Martin (1736-[1815])

Informations sur cette page

LangueFrançais

Contributeur(s)

Obitz-Lumbroso, Bénédicte (responsable scientifique)
Walter, Richard (édition numérique)

ÉditeurBénédicte Obitz-Lumbroso, Équipe "Écritures des Lumières", Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Mentions légalesFiche : Bénédicte Obitz-Lumbroso, Équipe "Écritures des Lumières", Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution - Partage à l'identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR).

Transcriptions

Transcription modernisée

Quelque tems avant la visite de mon élève, j’en fis une dans quelques couvents de filles de Cambrai. J’avais appris qu’il y existait quelques abus que je voulais réformer. Le duc de Malborough entre autres m’avait dénoncé, par la bouche d’un seigneur anglais qu’il m’avait envoyé, un trait de noirceur bien criant. Il était question d’une jeune religieuse enterrée dans le fond d’un souterrain pour quelque faute inconnue. Comment le général ennemi, parmi les soins d’une guerre qu’il conduisait si glorieusement pour sa nation et pour lui, avait-il pu découvrir une iniquité secrète qui existait dans un de mes couvents et que j’ignorais ? Au reste il ne put me faire spécifier quel était le couvent. Je me hâtai de les visiter tous.

Je vis, dans l’un de ces monastères, une abesse dont la physionomie m’annonça une âme cruelle. Je l’examinai attentivement. Elle s’en aperçut. Elle rougit et pâlit. Je sentis que, si je lui demandais : « Est-ce vous qui avez enseveli vivante une jeune infortunée ? », elle n’en conviendrait pas. J’aperçus dans le fond d’une salle une jeune professe qui se cachait derrière ses compagnes, et qui m’adressa un regard touchant, et me montra un petit billet qu’elle paraissait vouloir me faire parvenir. J’approchai d’elle, sans paraître faire attention à elle. Je me trouvai bientôt immédiatement devant elle. Je mis sans dessein apparent ma main derrière moi. Je sentis qu’elle y insinua son billet. Je le reçus sans qu’on s’en aperçût. Je le mis dans mon chapeau. Je l’ouvris secrètement, et me penchant sur une fenêtre, je le lus à la dérobée : « Monsieur, m’y disait-on, la jeune mère sainte Ursule est enfermée sous nos pieds avec des circonstances cruelles. » « Madame, dis-je à l’abbesse, en quittant la fenêtre sans qu’elle m’eût vu lire le billet, j’ai appris par une voie très singulière qu’on a puni dans ce couvent d’une manière très cruelle une jeune religieuse pour je ne sais quelle faute. Elle est, dit-on, enterrée tout vive. » L’abbesse pâlit encore. « Ah, monseigneur, s’écria-t-elle, qui a pu vous faire une telle dénonciation ? »

Informations sur le fichier

Nom original : MANUSCRIT45_INV32018_Page_137.jpg
Lien vers le fichier
Extension : image/jpeg
Poids : 0.71 Mo
Dimensions : 1408 x 2152 px

Export de la fiche

atom, dcmes-xml, json, omeka-xml

Exporter en PDF les métadonnnées

Comment citer cette page

Lesuire, Robert-Martin (1736-[1815]).
Bénédicte Obitz-Lumbroso, Équipe "Écritures des Lumières", Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Consulté le 28/12/2025 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/Lesuire/files/show/4635

Fichier créé par Bénédicte Obitz-LumbrosoFichier créé le 18/01/2022 Dernière modification le 19/12/2025

Informations sur cette page

Autres fichiers de la notice