Lesuire

Auteurs : Lesuire, Robert-Martin (1736-[1815])

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LangueFrançais

Contributeur(s)

Obitz-Lumbroso, Bénédicte (responsable scientifique)
Walter, Richard (édition numérique)

ÉditeurBénédicte Obitz-Lumbroso, Équipe "Écritures des Lumières", Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Mentions légalesFiche : Bénédicte Obitz-Lumbroso, Équipe "Écritures des Lumières", Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution - Partage à l'identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR).

Transcriptions

Transcription modernisée

« Ces misérables, devait-elle dire, s’ils m’avaient laissé du moins dans ma voiture… » Mais je n’eus pas le temps de m’occuper de madame l’abbesse, j’étais assez embarrassée par mon propre compte.

Je vis passer un jeune Capucin qui paraissait ingambe et fort. Je criai et lui demandai du secours. « Vous avez donc confiance en moi », me dit-il. « Oui, mon brave », lui répondis-je. « Cela étant, halte là », et il arrête la voiture. Le monsieur lui tire un coup de pistolet qui le manque. Le Capucin n’ayant qu’un bâton pour toute arme, il saute sur la friperie du monsieur qu’il arrache de la voiture et jette dans la boue. Les ravisseurs lèvent leurs sabres pour l’écharper. Il donne un coup de son bâton sur le poignet du plus fort de la bande, il lui fait tomber son sabre de la main, il s’empare de cette arme, et manège si bien qu’il met en fuite les brigands. Le maître seul était resté tout brisé dans un fossé, d’où il ne pouvait se dépêtrer. Le Capucin vainqueur le laisse là, monte dans la voiture, s’y asseoit à côté de [moi] et dit au cocher : « Suis ce chemin à gauche, tu t’arrêteras quand je te le dirai. » Le cocher ne se pressait pas d’obéir. Le révérend père lui donne un grand coup du plat de son sabre, et lui dit : « Je te donnerai du tranchant si tu n’obéis, et si tu te fais tirer l’oreille, je te la tirerai. » Le phaëton obéit.

Je fais mes tendres remerciements, au Père séraphique. « Bon, ma chère enfant, me dit-il, je n’ai fait en vous secourant [que] ce que tout homme doit faire. » « Mais, mon bon ami, pourriez-vous me conduire au couvent ? » « Ma bonne amie, il faut que je vous fasse passer par le mien auparavant. » Je ne pouvais faire de cet homme ce que je voulais. Il était résolu. Il m’intimidait par sa physionomie effrontée. J’étais à sa merci. Nous faisons environ trois lieues ensemble. Là, il fait arrêter devant une assez jolie petite maison bourgeoise. Il me présente la main pour descendre de voiture. Je descends. Il dit au cocher : « Va au diable à présent si tu veux. » Ce garçon fouette et part comme un éclair.

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Lesuire, Robert-Martin (1736-[1815]).
Bénédicte Obitz-Lumbroso, Équipe "Écritures des Lumières", Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Consulté le 28/12/2025 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/Lesuire/files/show/4646

Fichier créé par Bénédicte Obitz-LumbrosoFichier créé le 18/01/2022 Dernière modification le 19/12/2025

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