- L’édition de la correspondance de Gaspard Monge en quelques dates
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199. Monge à Joseph Fourier, secrétaire de l'Institut du Caire
Auteurs : Monge, Gaspard
Transcription & Analyse
Transcription linéaire de tout le contenu
Jaffa, le 20 ventôse de l'an VII de l'ère républicaine
Berthollet et Costaz,[2] mon cher collègue, écrivent au Caire et doivent vraisemblablement vous donner les détails de la prise incroyable de Jaffa.[3] Les batteries ont été démasquées le matin à 8 heures ; vers midi, la brèche était faite. Le général en chef a fait successivement deux sommations auxquelles on n'a répondu autrement qu'en coupant le col aux pauvres Syriens qu'on en avait faits porteurs ; et à 4 heures de l'après-midi, nous étions maîtres de la ville prise d'assaut et qui a essuyé le feu le plus complet. Nous y avons trouvé une artillerie superbe, et qui nous sera bien utile pour soumettre Saint-Jean d'Acre.[4] Mais Djezzar[5], qui ne sait pas encore que nous sommes maîtres de la ville, a soin de nous approvisionner par des bâtiments qu'il expédiait pour les assiégés et que nous avons grand soin d'accueillir. Nous avions trouvé peu de poudre dans la ville ; un bâtiment de Dzezzar vient de nous en apporter dix milliers.
Je crois qu'il est bon que l'Institut sache que dans la ville van, près du puits qui est dans le fort, se trouve un monument égyptien qui sert d'auge. Ce n'est pas un tombeau car il n'a que trois pieds de longueur. J'en dessine ici grossièrement la figure.[6] Il me paraît que c'était une espèce de niche pour placer une idole ; elle devait être dressée sur la base BCD. Le point A est le sommet d'une pyramide carrée très aplatie qui formait le dessus. Le monument est en granit noir et les quatre faces latérales, tant les deux inférieures que les deux extérieures sont couvertes de hiéroglyphes. Les autres faces sont nues. L'ouverture est garnie d'une feuillure qui paraît avoir été destinée à recevoir une clôture. Ce monument me paraît très bien conservé, malgré l'usage auquel il est employé depuis si longtemps. Mais mes collègues ne le trouvent pas digne d'être transporté au Caire. Si les moyens de transport étaient aussi faciles qu'en Europe, je désirerais qu'on l'emportât. Peut-être qu'en retournant en Égypte il sera facile de le placer sur un caisson. En attendant, je trouve qu'il est bon que l'Institut sache qu'il existe et je vous prie d'en tenir note sur le registre.[7]
Nous nous portons tous bien ; nous vous embrassons. Rappelez-nous au souvenir du citoyen Champy[8] et à celui de tous nos amis.
Monge
[4] Le siège de Saint-Jean d’Acre commence neuf jours plus tard le 29 ventôse an VII [19 mars 1799] et se termine le 21 floréal an VII [10 mai 1799] sur l’échec de Bonaparte.
[5] AHMED DJEZZAR (1735 ?-1804) à la tête des armées ottomanes en décembre 1798 pour chasser les Français hors d’Égypte.
[6] Cette lettre est transcrite à partir d’une copie (Ms 2192 BIF) sur laquelle ne figure pas le dessin. Il n’a donc pas pu être reproduit.
[7] Cette pièce n’a pas pu être identifiée. Monge a déjà signalé un sarcophage et demandé son transport. Lors de la troisième séance de l'Institut, le 16 fructidor an VI [2 septembre 1798]. Monge signale l’existence, au lieu-dit « le Sazar », d’un sarcophage recouvert intérieurement et extérieurement de hiéroglyphes et, à la Citadelle, celle d’un seuil de porte formé d’un fragment d’obélisque en basalte. Il en demande le transport « dans le local de l’Institut puis en France, quand ce sera possible » (cité par Michel Dewachter, « Du Texte au Signe. La pierre de Rosette et les premières collections d’antiquités égyptiennes », Bull. de la Société française d’égyptologie, n° 146 (octobre 1999), 25-58: citation p. 46; Jean-Edouard Goby, « Premier Institut d'Égypte. Restitution des comptes rendus des séances », Mémoires de l'Académie des inscriptions des des belles-lettres, nouv. sér., t. VII (1987), n° 035). Renseignements communiqués par P. Bret.
Relations entre les documents
Ce document n'a pas de relation indiquée avec un autre document du projet.