115. Monge au ministre des relations extérieures

Auteurs : Monge, Gaspard

Transcription & Analyse

Transcription linéaire de tout le contenu

Florence, le 29 messidor de l'an V de la République française une et indivisible

Monge, membre de la Commission des arts en Italie au ministre des relations extérieures

Citoyen ministre,[1]

Je ne suis parti de Rome qu'après avoir expédié pour Livourne tous les objets de sciences et arts, excepté les objets d'un poids trop grand pour être envoyés par terre.

Le citoyen Fréville[2] vient de m'apprendre que le troisième convoi des statues est heureusement rendu à Livourne.

Nous avons rencontré le quatrième au bas de Radicofani,[3] et par conséquent hors du territoire du Pape. Il était en bon état et n'avait éprouvé aucun accident.

Le convoi des cinq cents manuscrits et caractères de la Propagande était parti de Rome avant moi ; je l'ai rencontré à trois postes de Rome, il voyageait de nuit et tout était en bon état.[4]

Les buffles et les vaches, que nous étions chargés par le ministre de l'intérieur[5] d'envoyer en France pour procurer la race des premiers et améliorer celle des autres, sont de même en route.[6] Je les ai rencontrés à Sienne. Ils voyagent de nuit et passent à l'ombre et dans le repos les grandes chaleurs du jour.

Ainsi, citoyen ministre, tout ce que nous devions extraire des états du Pape est actuellement hors de son territoire, et arrivera incessamment à destination.

Je vais continuer ma route pour le quartier général[7] et de là vraisemblablement à Venise.

Salut et respect.

Monge

[1] Le 15 juillet 1797 lors du remaniement ministériel du Directoire, Charles DELACROIX est remplacé par Charles-Maurice de TALLEYRAND-PÉRIGORD (1754-1838). Dans les lettres et rapports de la commission au ministre des Relations extérieures le changement de personne n’apparaît pas. D’autre part deux jours après, même Bonaparte qui, adresse le même jour une lettre au ministre, n’est pas informé du changement. (Voir lettre n°1793, CGNB). C’est 9 jours plus tard, le 8 Thermidor an V [26 juillet 1797] que Bonaparte écrit à Talleyrand (Lettre n°1822, CGNB).

[2] WILLOT-FRÉVILLE ( ?- ? ), secrétaire de légation à Florence.

[3] Commune italienne de la province de Sienne à 183 km de Rome.

[4] Voir la lettre n°114.

[5] Pierre BÉNÉZECH (1749-1802) est remplacé par Nicolas FRANÇOIS DE NEUFCHÂTEAU (1750-1828) après le remaniement ministériel du 15 juillet 1797.

[6] Voir les lettres n°21, 24, 29, 48 et 111.

[7] À Milan. Voir la lettre n°116.