- L’édition de la correspondance de Gaspard Monge en quelques dates
- Chronologie biographique de Gaspard Monge (1746-1818)
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Édition de correspondance et enjeux biographiques
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- Interroger ensemble l’engagement révolutionnaire et la pratique scientifique du géomètre
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94. Les Commissaires au ministre des relations extérieures
Auteurs : Monge, Gaspard ; Berthélémy, Jean-Simon (1743-1811) ; Moitte, Jean-Guillaume (1746-1810) ; Tinet, Jacques-Pierre (1753-1803)
Transcription & Analyse
Transcription linéaire de tout le contenu
Rome, le 23 floréal de l'an V de la République française
Citoyen ministre,[1]
Le second convoi des objets de Rome, dont nous vous parlions dans notre lettre du 16,[2] est parti hier matin de Rome ; il a passé la nuit à six milles d'ici. Il était aujourd'hui, avant midi, à la Storta ; il couchera ce soir à moitié chemin de la Storta à Baccano, et il sera surveillé dans toute sa marche par notre collègue Tinet,[3] qui s'est chargé de l'accompagner jusqu'à Pise. Il est composé de 13 chars, indépendamment de 4 autres qui portent les agrès nécessaires en cas d'accidents pendant la route.
Vous trouverez ci-joint l'état du chargement de ces treize chars ; vous y verrez que l'Apollon du Belvédère et le Laocoon y occupent chacun un char particulier.[4]
Pour le convoi, comme pour le précédent et pour tous ceux qui doivent suivre incessamment,[5] les objets de sculpture ont été renfermés sous nos yeux, chacun dans une caisse particulière, garnie de diaphragmes découpés suivant la forme des objets, et qui les saisissent dans leurs parties massives. Entre ces diaphragmes et la statue, on a placé un morceau double d'étoffe de laine qui, étant comprimée, augmente l'étendue du contact. Les caisses sont elles-mêmes emballées, empaillées et cordées. Chacune d'elles sur son char porte sur une suite de rouleaux formés avec des nattes de joncs qui font ressort et diminuent la violence des chocs. Enfin nous avons pris toutes les précautions que la prudence nous a suggérées pour mettre à l'abri de tout événement des objets aussi précieux, qui sont le prix des victoires de notre brave armée et qui sont exposés à un transport aussi long. Le commerce étant presque nul dans ce pays-ci, il n'y existait aucun char qui fut propre au transport d'objets aussi intéressants. Nous avons été obligés de les faire faire à dessein. Chacun est attelé d'abord d'une paire de bœufs au timon, puis de 4,5 ou 6 paires de buffles suivant le poids de la charge : l'Apollon et le Laocoon[6] sont l'un et l'autre dans ce dernier cas. Il fallait un attelage aussi considérable pour franchir les montagnes qui se trouvent d'ici à Sienne. Les chars seront embarqués avec les objets d'art; ils seront conduits à Marseille ou à Toulon, et ils suivront en France, si, comme nous le pensons, on est conduit à conduire les statues par terre, au moins de Chalon à Paris.
Tous nos convois sont dirigés vers Pise : 1° parce qu'il sera plus facile de trouver dans cette ville des hangars pour mettre ces chars tout chargés à l'abri des injures de l'air et des efforts des malveillants ; 2° parce que la garnison française, qui aurait pu protéger notre dépôt, doit incessamment abandonner Livourne, et que Pise, qui est à quatre lieues dans les terres, est plus que Livourne à l'abri d'un coup de main de la part des Anglais. Nous prévenons de cette détermination le général en chef, notre ministre à Florence et notre consul à Livourne[7] ; enfin nous chargeons le citoyen Thoüin, notre collègue, qui doit être actuellement à Bologne, de retour de sa mission dans la Romagne,[8] de se rendre à Pise pour recevoir les différents convois, les faire placer dans des lieux convenables et prendre tous les moyens que son zèle et sa prudence lui inspireront pour la conservation de ce précieux dépôt.
Citoyen ministre, nous ne serons tranquilles sur un objet d'une aussi grande importance que quand nous saurons tous nos convois rendus sur le territoire de la République à Toulon et à Marseille. Nous savons que les Anglais croisent toujours devant le port de Livourne. Ne serait-il pas possible que quelques frégates, en nombre supérieur, se rendissent de Toulon et Marseille pour escorter les bâtiments qui porteraient nos statues ? Dans ce cas, il serait nécessaire que vous en prévinssiez notre consul à Livourne, afin qu'il eût le temps de fréter les bâtiments et de les faire charger avant l'arrivée de l'escorte. Les bâtiments pourraient aller jusqu'à Arles, où les objets seraient versés sur des bateaux de rivière pour remonter le Rhône et la Saône jusqu'à Chalon. Par là on éviterait les accidents qu'on aurait lieu de craindre sur les mauvais chemins des départements des Bouches-du-Rhône, de la Drôme et de Rhône-et-Loire. Alors il serait nécessaire d'en prévenir les commandants et l'ordonnateur de la marine à Toulon[9], afin qu'ils prissent les mesures convenables, tant pour assurer que pour accélérer le transport.
Nous vous prions de vouloir bien nous faire donner avis des déterminations que les circonstances vous auront permis de prendre sur cet objet.
Salut et respect.
Berthélemy Moitte Monge Tinet[10]
[1] Charles DELACROIX (1741-1805).
[2] La lettre n°92 du 16 Floréal an V [5 mai 1797].
[3] Jacques-Pierre TINET (1753-1803).
[4] Voir les lettres n°102 et 110.
[5] Sur les convois des objets saisis à Rome, voir les lettres n°77, 81, 92, 95, 98, 100, 102, 109, 110, 115, 121 et 122.
[6] Les statues l’ « Apollon du Belvédère » et le groupe du « Laocoön et ses fils ».
[7] Napoléon BONAPARTE (1769-1821), André-François MIOT (1762-1841) et Charles-Godefroy REDON DE BELLEVILLE (1748-1820).
[8] André THOÜIN (1747-1824). Voir la lettre n°81.
[9] Il s’agit du commandant de Toulon en mai 1797 avant la nomination de Jean Gaspard de VENCE après le 18 Fructidor an V [4 septembre 1797]. L’ordonnateur est Antoine GROIGNARD (1727-1799). Voir la lettre n°98.
[10] Jean-Simon BERTHÉLÉMY (1743-1811), Jean-Guillaume MOITTE (1746-1810) et Jacques-Pierre TINET (1753-1803), Berthollet est à Modène (voir la lettre n°93), Thoüin, à Bologne (voir la lettre n°95).
Relations entre les documents
Collection 1796-1797 : Première mission en Italie, La commission des sciences et des arts Prairial an IV - vendémiaire an VI
Ce document a pour thème CSA- Italie (Convois) comme :77. Monge au Conseil de l'École polytechnique
81. Monge à sa femme, Catherine Huart
95. Monge à sa femme Catherine Huart
98. Les Commissaires au commandant et à l'ordonnateur de la marine de Toulon
100. Les Commissaires au ministre des relations extérieures
102. Les Commissaires aux administrateurs du Muséum des Arts
109. Les Commissaires au Directoire
110. Monge à sa femme Catherine Huart
115. Monge au ministre des relations extérieures
121. Les Commissaires au ministre Faipoult à Gênes
122. Monge à sa femme Catherine Huart
Collection 1796-1797 : Première mission en Italie, La commission des sciences et des arts Prairial an IV - vendémiaire an VI
92. Les Commissaires au ministre des relations extérieures a pour thème CSA- Italie (Convois) comme ce document111. Les Commissaires au ministre des relations extérieures a pour thème CSA- Italie (Convois) comme ce document
Collection 1798 : Seconde mission en Italie Institution de la République romaine et préparation de l’expédition d’Égypte Pluviôse – prairial an VI
184. Monge à Bonaparte a pour thème CSA- Italie (Convois) comme ce documentCollection 1796-1797 : Première mission en Italie, La commission des sciences et des arts Prairial an IV - vendémiaire an VI
114. Les Commissaires au ministre des relations extérieures a pour thème CSA- Italie (Saisies) comme ce document123. Les Commissaires à Bonaparte a pour thème CSA- Italie (Saisies) comme ce document
110. Monge à sa femme Catherine Huart a pour thème Esprit public (Opinion publique) comme ce document