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77. Monge au Conseil de l'École polytechnique
Auteurs : Monge, Gaspard
Transcription & Analyse
Transcription linéaire de tout le contenu
Rome, le 10 germinal de l'an V de la République française une et indivisible
Citoyens collègues[1]
Nous avons trouvé dans le Cabinet de physique du ci-devant gouverneur de Milan[2] une machine électrique anglaise qui n'avait pas encore été déballée et que nous avons cru pouvoir être utile à l'École polytechnique. Nous l'avons adressée au ministre des relations extérieures[3] pour l'École, sous le n° 2.
Indépendamment de cela, nous avons trouvé un support électrique, ou plutôt un grand cylindre de verre propre à former un beau support et, qui, ne pouvant entrer dans la caisse dont je viens de parler, a été placé dans une autre adressée au Muséum d'histoire naturelle sous le n° 26. Ce cylindre est aussi pour l'École polytechnique ; le Conseil du Muséum en est prévenu ; aussi quand vous recevrez la caisse n° 2, vous pourrez envoyer chercher au Muséum d'histoire naturelle ce dernier objet.
Nous venons d'apprendre que l'envoi dont ces caisses font partie est arrivé en bon état à Gênes. Le ministre Faipoult profitera de la première occasion sûre pour les envoyer à Marseille d'où il sera facile de les expédier pour Paris[4] ; il n'est pas probable que nous soyons instruits à temps des époques de ces deux expéditions subséquentes ; aussi nous ne pourrons pas vous en informer. Nous ne savons même pas encore si le premier envoi de tableaux conduit par le citoyen Escudier est parti de Toulon.[5]
Parmi quelques objets saisis par le général en chef sur les ennemis de la République, il s'est trouvé une petite caisse de précipité rouge que j'ai réclamée pour l'École polytechnique.[6] Elle est comprise dans une caisse adressée de même au Muséum d'histoire naturelle sous le n° 29. Cette caisse est encore ici ; elle partira demain avec le premier convoi de Rome. Il m'est impossible de vous prévenir de l'époque de l'arrivée de ce convoi.[7] Vous en serez vraisemblablement informés, et alors vous pourrez envoyer chercher au Jardin des plantes l'objet qui concerne l'École.
Une autre petite caisse de précipité rouge a été réservée pour l'École dans une autre circonstance ; elle est actuellement à Pesaro entre les mains de l'administrateur des revenus nationaux [8]; elle sera comprise dans un envoi qui partira de la Romagne et dont je vous informerai lorsqu'il sera expédié.[9]
Le Prince de Rome[10] ne pouvant payer en argent la totalité de la contribution imposée par le Traité de Tolentino, la République accepte des marchandises pour une petite partie de cette contribution.[11] Nous ferons comprendre dans ces marchandises trois collections des Œuvres de Piranesi comprenant principalement la description très bien gravée des antiquités romaines. Une de ces collections sera destinée pour l'École polytechnique ; lorsqu'elle sera expédiée, je vous informerai de même du numéro sous lequel vous pourrez le réclamez.[12]
Notre voyage se prolonge beaucoup plus que nous ne l'avions cru. Il nous tarde bien d'être réunis à nos collègues, de profiter de leurs lumières, et de contribuer avec eux de tout notre pouvoir à monter l'instruction de l'École au point où elle doit parvenir. Nous ferons tout ce qui dépend de nous pour en hâter le moment.[13]
Salut et fraternité.
Monge.
[1] Le conseil est constitué des professeurs, alors appelés instituteurs, de leurs adjoints, du directeur, des sous directeurs et d’un secrétaire.
[2] FERDINAND D’AUTRICHE-ESTE (1754-1806).
[3] Charles DELACROIX (1741-1805).
[4] Guillaume-Charles FAIPOULT DE MAISONCELLES (1752-1817). Voir la lettre n°78.
[5] Jean-François ESCUDIER (1759-1819). Sur le convoi des tableaux de Lombardie voir lettres n° 41, 42, 48, 81, 92, 98 et 109.
[6] Oxyde de mercure. Lavoisier dans la deuxième partie de son Traité élémentaire de Chimie publié en 1789 consacre une deuxième partie « à faire connaître les procédés les plus simples pour obtenir les différentes espèces d’acides connus. » ( LAVOISIER A.L. (1789), p. XXIX) ; c’est dans cette partie qu’il indique l’usage du précipité rouge. « L’exposition des substances simples à l’air, élevées à un certain degré de température, n’est pas le seul moyen de les oxygéner. Au lieu de leur présenter l’oxygène uni au calorique, on peut leur présenter cette substance unie à un métal avec lequel elle ait peu d’affinité. L’oxyde rouge de mercure est un des plus propres à remplir cet objet, surtout à l’égard des corps qui ne soint point attaqués par le mercure. L’oxygène dans cet oxyde tient très peu au métal, et même il n’y tient plus au degré de chaleur qui commence à faire rougir le verre. En conséquence on oxygène avec beaucoup de facilité tous les corps qui en sont susceptibles, en les mêlant avec de l’oxyde rouge de mercure, et en les élevant à un degré de chaleur médiocre. » (LAVOISIER A.L. (1789), pp. 205-206.)
[7] La route du convoi est entièrement déterminée par les conditions militaires et diplomatiques. Il traverse la Toscane en avril et arrive à Livourne fin mai. Les caisses parviennent à être embarquées de Livourne le 19 août et débarquées à Marseille le 15 août 1797. Et arrive à Paris fin 1798. Catherine écrit le 14 messidor an VI [21 juillet 1798] : « […] votre premier convoi de Rome n’est pas encore arrivé il est à Digoin [commune du Val de Loire] depuis 3 mois il n’y a pas d’eau dans le canal, on comptait sur ces trophées pour la fête du 14 juillet, il n’arrivera ici qu’à la fin de l’automne […] »Voir les lettres n°81, 92, 94, 98, 100, 102, 109, 110, 121, 122 et 140.
[8] Jean-Baptiste PATRAULT (1751-1817).
[9] Voir la lettre n°106.
[10] Pie VI, Giannangelo BRASCHI (1717-1799).
[11] Voir les lettres n°65, 66, 70, 71, 73, 75, 79, 81 et 93.
[12] Giovanni Battista PIRANESI, (1720-1778).Voir les lettres n°103 et 106.
[13] Monge a des échos de la crise que traverse l’École au cours de son absence. Dans leur lettre écrite de Paris le 28 nîvôse an IV [17 janvier 1797], Louise écrit « Amédée [Berthollet] nous a dit que tu étais fort regretté à l’École centrale et que l’on désire ardemment ton retour. Le citoyen Barruel [instituteur de physique] dit aussi qu’il est bien temps que tu reviennes et nous nous le sentons encore mieux. Dépêche toi donc vite car ce voyage devient bien long ! » ; Catherine ajoute : « Amédée est cependant un bon républicain […]. Il gémit du mauvais esprit des élèves de l’École, ils sont tous en querelles pour les opinions. Ces petits messieurs se permettent de jeter des boulettes à Ferry et à Hachette pendant les leçons, ils disent que ce sont des scélérats. Votre présence à tous deux serait bien nécessaire ici, pour cela je ne serai pas surprise de la voir tomber. Prieur ne s’en mêle plus, il ne va plus au conseil. Les réformes vont se faire par le ministre de l’Intérieur. On vous réduit à 300 mille francs… » En l’absence de Monge et Berthollet, c’est Prieur, Guyton de Morveau et Deshautschamps qui veillent sur l’École. Mais les trois hommes et le conseil de l’École sont confrontés aux violentes critiques qui viennent du Corps Législatif (voir la lettre n°43), du ministère de la guerre mais aussi de Laplace lui-même examinateur des élèves (voir la lettre n°17). GRISON E. (1991), « Les premières attaques contre l’École polytechnique (1796-1799), Bulletin de la Société des Amis de la Bibliothèque de l’École polytechnique, n°8. Voir aussi la lettre n°95.
AnalyseLettre autographe signée avec "Note manuscrite : "Enreg. le 2 floréal an 5 (21 avril 1797), n° 2. 416 E".
Relations entre les documents
Collection 1796-1797 : Première mission en Italie, La commission des sciences et des arts Prairial an IV - vendémiaire an VI
Ce document a pour thème CSA- Italie (Convois) comme :81. Monge à sa femme, Catherine Huart
92. Les Commissaires au ministre des relations extérieures
98. Les Commissaires au commandant et à l'ordonnateur de la marine de Toulon
109. Les Commissaires au Directoire
102. Les Commissaires aux administrateurs du Muséum des Arts
100. Les Commissaires au ministre des relations extérieures
110. Monge à sa femme Catherine Huart
121. Les Commissaires au ministre Faipoult à Gênes
122. Monge à sa femme Catherine Huart
140. Monge au ministre des relations extérieures
Collection 1796-1797 : Première mission en Italie, La commission des sciences et des arts Prairial an IV - vendémiaire an VI
41. Les commissaires au ministre des relations extérieures a pour thème CSA- Italie (Convois) comme ce document42. Monge à sa femme Catherine Huart a pour thème CSA- Italie (Convois) comme ce document
48. Monge à sa femme Catherine Huart a pour thème CSA- Italie (Convois) comme ce document
53. Monge à sa femme Catherine Huart a pour thème CSA- Italie (Convois) comme ce document
94. Les Commissaires au ministre des relations extérieures a pour thème CSA- Italie (Convois) comme ce document
95. Monge à sa femme Catherine Huart a pour thème CSA- Italie (Convois) comme ce document
117. Monge au ministre des relations extérieures a pour thème CSA- Italie (Convois) comme ce document
17. Monge à Prieur a pour thème CSA- Italie (Saisies) comme ce document
17. Monge à Prieur a pour thème Monge pédagogue comme ce document
43. Monge au directeur de l’École polytechnique a pour thème École polytechnique comme ce document
87. Monge au Conseil de l'École polytechnique a pour thème École polytechnique comme ce document
95. Monge à sa femme Catherine Huart a pour thème École polytechnique comme ce document
Collection 1798 : Seconde mission en Italie Institution de la République romaine et préparation de l’expédition d’Égypte Pluviôse – prairial an VI
167. Monge à sa femme Catherine Huarta pour thème École polytechnique comme ce document
168. Monge à sa femme Catherine Huart
a pour thème École polytechnique comme ce document
169. Monge à Guyton de Morveau a pour thème École polytechnique comme ce document
175. Monge à Guyton de Morveau a pour thème École polytechnique comme ce document