Archives Marguerite Audoux

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Lettre de Marguerite Audoux à Valery Larbaud

Auteur(s) : Audoux, Marguerite

Description
Préparation du numéro spécial des Primaires consacré à la romancière - Paul d'Aubuisson - Projet d'un recueil de contes
Texte

30 mars 1922

Mon cher Valery,

J'ai accepté ce N° spécial des Primaires[1] comme tu me l'as conseillé. Je crois en effet que cela ne doit pas être mauvais pour la vente des bouquins[2]. Mais, tu sais, quelle barbe ! il en faut des ceci et des cela, et encore autre chose par‑dessus le marché.
J'ai un article de Gignoux. Je ne sais encore rien pour les autres. Mais j'en voudrais bien un de toi. Me le refuseras‑tu ? J'ai dans l'idée, comme ça, que tu pourrais parler de L'Atelier de M[arie]‑C[laire], à moins que tu ne préfères M[arie]‑C[laire]. Je n'ai pas eu d'articles d'amis sur L'Atelier, ainsi tu ne craindrais pas de te rencontrer avec quelqu'un d'autre sur ce sujet.
J'en voudrais un aussi de Fargue. Si tu es en correspondance avec lui, engage‑le vivement à faire ce que je lui demande[3].
J'essaie d'en avoir un de Romain Rolland ; je ne sais si je réussirai[4].
Voici à peu près comment je compte composer le N° :
Préface de Mirbeau.
Gignoux, sur la couturière et ses débuts en littérature.
Audoux et ses choses[5].
Romain Rolland : article sur l'enfance de l'auteur.
Larbaud sur L'Atelier.
Fargue, sur le caractère de la dame.
X sur M[arie]‑C[laire].
Guillaumin, sur Les Cahiers nivernais.
Dessins. Francis, Marquet[6], Naudin[7].
Qu'en penses‑tu ?[8]
La curiosité de Rome[9], que tu m'as envoyée, est bien épatante. Ce que tu peux être ressemblant, mon bon Valery ! Je te trouve seulement un peu trop sérieux et le regard un peu trop fixe. Entre nous, tu as dû avoir peur du petit oiseau qui était dans l'appareil. Tout de même, je suis bien contente de t'avoir, et je te regarde souvent. Mon Paul[10] t'a bien reconnu. À propos de mon Paul, tu sais qu'il est apprenti[11] orfèvre, qu'il adore son métier, et qu'il m'a déjà fait une timbale épatante, au marteau. Ce métier est presque une passion pour ce gosse. Nous en ferons quelque chose de ce garçon‑là.
Oui, je travaille, je travaille dur, même. Je voudrais publier, cet automne, un bouquin composé de « Valserine », et des contes du Chaland[12], mais il me faut y ajouter un conte d'une cinquantaine de pages, et c'est ce conte‑là que je travaille[13].
Au revoir, mon bon Valery.
Je t'embrasse affectueusement.

Marguerite

Si tu veux écrire aux Primaires pour les prévenir qu'ils peuvent compter sur toi pour un article, voici l'adresse :
N. Belliard, Faverolles par Ville‑en‑Tardenois
Marne.
[1] Les primaires, 3e série, n° 8, août 1922. On comprend que la direction des Primaires a chargé la romancière d'organiser elle‑même le numéro spécial qui lui est consacré.
[2] En particulier, L'Atelier de Marie‑Claire, paru en 1920, et qui connaîtra un tirage plus modeste que Marie‑Claire
[3] Démarches vaines…
[4] Comme l'indique Bernard Duchatelet , « ce numéro ne contient aucun article de Romain Rolland ».
[5] La formulation est quelque peu énigmatique.
[6] Albert Marquet (1875‑1947), ami de Jourdain et du groupe de Carnetin, ne participera cependant pas à ce numéro des Primaires. N. B. : Marquet, ami de Philippe et illustrateur de Bubu en 1904, a pu rencontrer Marguerite Audoux à cette époque.
[7] Bernard Naudin (qui, lui, participera). Voir la lettre 290
[8] Ce numéro des Primaires se réduira, en réalité à une première partie biographique et critique avec la collaboration de Régis Gignoux (L'Histoire d'un début), Émile Guillaumin (à propos du Chaland de la Reine), L. Emery (La Manière littéraire de Marguerite Audoux) et Valery Larbaud (L'Atelier de Marie‑Claire) ; et à une seconde partie comprenant des œuvres de la romancière (contes, et esquisse du troisième roman, De la ville au moulin, sous le titre éponyme que Marguerite Audoux projetait pour le livre, Annette Beaubois). Les illustrations sont d'Albert André, Francis Jourdain et Bernard Naudin.
Notons qu'à la sortie de L'Atelier de Marie‑Claire, deux ans plus tôt, Jacques Rivière avait par deux fois demandé à Larbaud un article sur ce deuxième roman pour le numéro de septembre 1920 de la NRF (lettres du 4 et du 26 juillet 1920. Voir leur correspondance éditée en 2006 par Françoise Lioure aux éditions Claire Paulhan, p. 139 et 140). C'est Benjamin Crémieux qui écrira cet article pour le numéro de novembre.
[9] Il s'agit apparemment d'une photo en situation.
[10] "Il s'agit du petit‑neveu de Marguerite Audoux, qu'elle avait élevé (M. Paul d'Aubuisson)." [Note de Th. Alajouanine, dans le Bulletin cité (voir à la partie PUBLICATION]
[11] apprenti surmonte le mot ouvrier rayé. [Note de Th. Alajouanine]
[12] Le Chaland de la Reine
[13] "Ce recueil de contes paraîtra sous le titre La Fiancée, et contient seize contes (mars 1932)." [Note de Th. Alajouanine]


État génétiqueVoir la note 11 de la partie TEXTE

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Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 14/03/2025