Lettre de Marguerite Audoux à André Gide
Auteur(s) : Audoux, Marguerite
Description
« Le Lampadaire » est le surnom attribué par la romancière et ses amis du Groupe de Carnetin à Emma Mc Kenty (née Jeannelle,1857‑1930), qui fut l’une des maîtresses de Charles‑Louis Philippe. Elle se prétendait être « le petit lampadaire d’amour » de Philippe, et le cénacle facétieux ne fut que trop heureux de saisir l’occasion… David Roe, spécialiste du romancier, nous indique que la liaison en question remonte à 1902‑1903, donc avant que Philippe n’en entretienne une avec Milie, «la Bretonne». La correspondance entre l’auteur de Bubu et cette veuve désœuvrée et quelque peu hystérique (dont les relations avec Marguerite Audoux iront se dégradant) durera jusqu’en 1909. Méfions‑nous aussi de l’auteur de Marie‑Claire, qui, le 6 janvier 1910 (lettre 20), écrit à Gide : « Ne croyez pas que Mme Mac Kenty ne soit qu’une détraquée ; dans la vie ordinaire elle est pleine de bon sens. », la déprécie ensuite ostensiblement dans la lettre 24 à Mme Philippe du 10 février1910, puis se réconcilie apparemment, selon ce qu’elle écrit à Larbaud en juin (lettre 37), écrivant ensuite à Gide des propos mielleux et fielleux sur le sujet (lettres 40 et 50) Histoire bien compliquée où chacune tente de tirer la couverture à soi, et de s’approprier Philippe post mortem… Emma Mac Kenty a sans doute partie liée avec la famille Philippe quant aux rumeurs qui insinuent que l’écrivain aurait tenu la main à Marguerite Audoux pour la rédaction de Marie‑Claire. « Le Lampadaire » et Marguerite Audoux sont d’ailleurs renvoyées dos à dos par Gide, qui ne supporte pas bien ces querelles féminines. D’où la réaction d’un des membres du groupe, Marcel Ray, qui écrit à Larbaud le 12 avril 1910 : « Gide […] est accablé et découragé par les épîtres croisées de Mme Philippe, de Mme Tournayre et du Lampadaire. Il a envie de tout envoyer promener. J’ai essayé de le remonter – et lui ai reproché vivement de mettre dans le même panier Marguerite Audoux et les 3 harpies susnommées. Songez qu’il m’écrit qu’il ne veut pas prendre position dans cette querelle de femmes. Ah mais, tout de même, Gide, il faudrait faire connaissance avec Marguerite avant d’en parler ainsi. Je l’y engage vivement. » (Valery Larbaud – Marcel Ray, Correspondance, Gallimard, 1979-1980, tome deuxième, p. 29).
Emma Mc Kenty a signé un ouvrage : La Polarité dans l’Univers.
Voir aussi la lettre 17 d’Emma Mc Kenty à Marguerite Audoux.
Le « permis » dont il est question au début du quatrième paragraphe est un billet à tarif réduit.
Valery Larbaud et Marcel Ray sont deux membres du Groupe de Carnetin.
Texte
Cher Monsieur,
Marie‑Claire ne passera qu’en octobre, Mirbeau étant trop souffrant pour faire la préface en ce moment.
J’ai envoyé Dans la petite ville au Lampadaire qui m’écrasait de lettres chaque jour. Je vous envoie sa dernière lettre pour que vous voyiez son état d’esprit.
Je suis contente de quitter Paris pour échapper à ce débordement d’amitié, mais je lui écrirai et tâcherai de la faire rester tranquille le plus longtemps possible.
Michel a son permis et nous partons ces jours‑ci en Bretagne.
Valery Larbaud va bien mieux.
J’écris à Ray pour le mettre au courant de ce que vous faites pour les manuscrits de Philippe.
Je vous prie de me croire bien affectueusement votre
Marguerite Audoux
Lieu(x) évoqué(s)Paris - Bretagne
État génétiqueFin du troisième paragraphe : dans rayé entre voyiez et son
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