NOAILLES, Anna Brancova (comtesse Mathieu de -)
Auteur(s) : Garreau, Bernard-Marie
Dates1876-1933
Notice biographique
D'origine roumaine, Anna de Noailles est élevée en France. Dès l'âge de treize ans, elle s'exerce à la versification. en 1896, elle rencontre Barrès, dont elle subit l'influence (leur correspondance sera publiée en 1983). Le 1er février 1898, ses premiers poèmes (Litanies) paraissent dans La Revue de Paris, et, en 1901, son premier recueil de vers, Le Cœur innombrable, qui manifeste une veine lyrique et panthéiste où perce la hantise de la mort, reçoit un accueil enthousiaste. Elle se consacre ensuite au roman : La Nouvelle Espérance (1903), Le Visage émerveillé (1904) (qu'Alain‑Fournier apprécie particulièrement), La Domination (1905)… puis retourne à la poésie, publiant dans La Revue des Deux Mondes et de nouveau dans La Revue de Paris. Le Livre de ma vie, une autobiographie qui s'arrête à l'année 1896, paraît en 1932. Parmi d'autres distinctions dont elle fut l'objet, l'Académie française lui décerna le Grand Prix de Littérature.
Charles‑Louis Philippe lui écrit le 6 juillet 1909 pour la promotion de Marie‑Claire :
« Chère Madame,
Je voudrais vous envoyer le manuscrit d'un nouveau roman que je trouve de la plus grande beauté. L'auteur est une femme, une vieille amie à moi, qui est couturière et qui s'est mise à écrire comme cela un beau jour. Mais si ce roman vous intéresse, je vous donnerai sur elle des détails qui vous étonneront.
Je ne vois personne qui soit mieux désigné que vous pour juger cette chose‑là. J'ai pensé à vous tout de suite et je ne m'excuserai pas de vous imposer ce travail qui deviendra pour vous, j'en suis persuadé, un plaisir.
Je vous annonce d'avance des fantaisies d'orthographe terribles, mais la langue est claire, pure, musicale.
Je ne sais pas si vous êtes encore à Paris, c'est pourquoi je ne suis pas allé déposer le manuscrit chez vous. Voulez‑vous m'envoyer un mot pour me dire où je dois vous l'envoyer. [...] »
(Lettre offerte par Jean Schlumberger au Musée Charles‑Louis Philippe de Cérilly, et citée dans le Bulletin des amis de Charles‑Louis Philippe, n° 20, p. 480).
Anna de Noailles répondra à Charles‑Louis Philippe : « Je vous retourne cet étonnant manuscrit si beau de simple vérité et qui semble avoir été pris au coeur de l'auteur comme les feuilles sont arrachées à l'arbre par le vent. »
(Cité dans Bulletin des Amis de Charles‑Louis Philippe n° 46, p. 66).
Signalons enfin que le manuscrit de La Mère et l'Enfant, destiné initialement à Francis Jourdain, fut attribué, peut‑être un peu hâtivement, à la poétesse par André Gide.